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INTRODUCTION

Objet et objectifs du cours


L’opinion publique est fortement liée aux systèmes politiques qui régissent les sociétés
modernes. L’opinion publique et surtout son expression libre sont considérées comme des
indicateurs du bon fonctionnement des démocraties actuelles. Sur le plan idéologique, les
acteurs sociaux essaient d’imposer leur point de vue dans les débats politiques. Ils visent à
conquérir le pouvoir, le garder ou l’influencer. On se sert de l’opinion publique pour justifier
une action ou faire valoir un point de vue. Sur le plan scientifique, à travers l’opinion
publique on cherche à connaitre ce qu’un groupe d’individus pense à propos d’un
phénomène. Ce sont les méthodes et les techniques d’enquêtes qui donnent un caractère
scientifique pour que l’opinion publique soit ainsi traitée comme un objet de savoir.
Ce cours se propose de mettre à la disposition des étudiants des matériaux nécessaires pour
qu’ils soient en mesure de connaitre la place de l’opinion publique et le rôle qu’elle peut
jouer au sein de la communauté tant nationale qu’internationale.
Au terme de cet enseignement, l’apprenant doit être capable de :
- Connaitre l’importance de l’opinion publique dans les relations entre les Etats.
- Etre capable de développer l’esprit critique par rapport aux médias qui construisent
et manipulent l’opinion publique internationale.
- Evaluer les avantages et les limites des sondages comme instrument de mesure de
l’opinion publique.
- Différencier l’information de la rumeur.
- Questionner le rôle des conversations dans l’évolution de l’opinion publique.
- Saisir les enjeux des médias comme vecteurs de l’opinion publique.
La pratique diplomatique étant aujourd’hui médiatisée, il existe des tendances dans
l’opinion publique qui influencent la politique extérieure d’un Etat. Les opinions varient
rapidement dans le temps et les gouvernements doivent regarder plus loin et ne pas être
pris en otage par cette opinion.

A l’issue de ce cours l’apprenant doit connaitre comment se construit l’opinion publique, les
opinions publiques étant multiples, l’idée d’une opinion publique mondiale est actuellement
à assimiler à une opinion de l’occident.
Le savoir des hommes étant la somme de toutes les informations, vraies, incomplètes ou
fausses qui leur parviennent par les médias et la rumeur, leur opinion dépend de la qualité
de ce savoir.

Méthodologie et Evaluation

L’enseignement combine les exposés entrecoupés des échanges et des témoignages des faits
vécus. Le recours aux exercices réalisés en atelier sous forme des travaux pratiques donne

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un enrichissement et un ancrage de l’enseignement dans le vécu quotidien des apprenants.
Les supports audiovisuels sont également mis à contribution pour donner une idée réelle sur
les principales thématiques mises en exergue dans cet enseignement.
Les étudiants seront soumis à un travail pratique, une interrogation et un examen oral ou
écrit selon le contexte.

Contenu de l’enseignement
Cet enseignement prend en charge les généralités sur les notions de l’information et de
l’opinion publique. Un accent est mis sur la genèse du concept opinion publique, les canaux
de sa transmission, les médias comme acteurs de construction de l’opinion publique et le
sondage. Ce dernier est considéré comme un indicateur ou mieux un instrument de mesure
de l’opinion publique.

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CHAPITRE 1 : L’INFORMATION

Pour mieux saisir la portée du concept information et la place qu’elle occupe au


sein des Etats modernes et en démocratie, il est impérieux de circonscrire son rôle, les
agents qui interviennent dans le circuit de production et de sa diffusion. La connaissance des
éléments évoqués ci-haut permet de comprendre ce que représente cette denrée semblable
à un couteau à deux tranchants.

SECTION1. LA SIGNIFICATION DE L’INFORMATION

Au sens large du terme, l’information est synonyme de la nouvelle (news en anglais)


ou du message (en français). Shannon a donné à ce terme un sens précis en exprimant
mathématiquement la quantité d’information transmise par le message. En latin,
information, vient du verbe informare qui signifie mettre en forme. Le message est ce qui
permet de construire une forme pour le récepteur sur l’assemblage de signes qui lui sont
fournis.

Pour Paul Guselin, informer, c’est porter quelque chose à la connaissance de


quelqu’un. Ce quelque chose peut être un fait connu, un fait tenu pour vrai, pour vrai
semblable ou une opinion. Selon lui, l’information est un fait, une nouvelle que l’on fait
connaitre à quelqu’un, au public, au moyen des mots, des sons ou d’images. L’information
constitue un élément particulier de connaissance ou du jugement indépendamment de sa
forme ou de son degré d’intelligibilité pour un public déterminé. N’importe qui peut
informer sur n’importe quoi. Cependant, l’information de qualité, ne peut se faire par
n’importe qui, c’est justement ce que les journalistes de profession doivent démontrer en
faisant bien leur métier.

Une information bien faite, est une information efficace dans le sens qu’elle permet
à celui qui la reçoit de comprendre le monde où il est. L’information est ce qui donne au
cerveau humain la possibilité de capter les faits et les idées aux quelles il n’a pas directement
et personnellement accès. L’information journalistique tend à rendre compte de la réalité.
C’est sa raison d’être.

Au sens journalistique, l’information est un compte rendu honnête, impartial et


complet d’un événement qui intéresse et préoccupe la société. C’est dans ce sens que, les
milliers de messages diffusés par les médias locaux et internationaux sous forme d’annonce,
de bulletin d’information, de reportage, de magazine, de musique, constituent une source
importante qui alimente les conversations des citoyens dans des lieux publics et forment
leur jugement.

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Grâce à l’information, l’homme peut paraitre omniprésent. Il peut nourrir sa
connaissance des choses, des gens, des idées. L’information permet à la plupart des
gouvernants et des gouvernés de connaitre ce qui se passe dans leur environnement
immédiat. Informer, c’est aussi exercer une certaine influence sur les esprits, c’est donc bien
un pouvoir. La parole, l’écrit comme l’image peuvent convaincre quelqu’un de poser des
actes matériels.

L’information peut encourager ou décourager, quelqu’un à combattre l’agressivité


individuelle ou collective, conduire des masses des gens à développer ou à cacher leur
humanité. C’est le journaliste qui informe, il est médiateur, témoin, animateur, enquêteur. Il
est aussi technicien (artisan, artiste) qui travaille sur le fait constituant sa matière première.
Le journaliste recherche le fait, le trie (sélectionne) et le traite pour le rendre signifiant,
assimilable et attrayant.

En définitive, l’information c’est l’ensemble des activités qui ont pour objet la
collecte, le traitement et la diffusion des nouvelles auprès du public. Dans le cas d’espèce,
c’est l’ensemble des connaissances réunies sur un sujet déterminé. Elle a un caractère
nouveau, factuel et public. C’est pour cette raison que nombre de spécialistes et des
praticiens intervenant dans le secteur informatif pensent qu’une information doit être :
proche du citoyen, utile pour lui et l’ensemble de la communauté, porter sur une nouveauté
(quelque chose de nouveau) et intéresser (avoir un intérêt), la communauté à laquelle elle
est destinée.

Dans ce transfert d’idées du contenu entre émetteur et récepteur, l’information


s’oriente à une seule et unique direction (d’un point à l’autre), ce qui (explique) soutient le
paradigme de la linéarité de Lasswell. Deux points (personnes) ne peuvent être en même
moment sources d’information de peur que des bruits (Entropie) annulent et brouillent le
message. Cette conception se résume par le schéma ci- dessous :

Information contenu Récepteur


Destinateur canal Destinataire
A B
Figure 1. Schéma de la communication1.

Outre, l’intérêt, la nouveauté, l’utilité, l’information doit aussi être comme évoqué
ci-haut, être proche. C’est le critère de la proximité.

a) La loi de la proximité
La proximité pour une information peut être :
- Géographique ;
- Affective ;
- Psychologique ;
1
P. ALBOU, Problèmes humains de l’entreprise, Dunod, Paris, 1975, p.69

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- Temporelle ;
- Culturelle, sociologique ou politique ;
- Existentielle ;
- Pratique.

1°) La proximité géographique

Cet aspect est connu par les faits – divers sous l’appellation de « loi du mort –
kilomètre ». Plus l’événement est géographiquement proche, plus il prend d’importance. Un
mort dans son domicile, même a infiniment plus d’impact que deux morts dans sa rue, trois
morts dans la commune avoisinante, cinq dans la capitale, dix dans un pays voisin, cinquante
sur un autre continent.

Un tremblement de terre de faible intensité survenu dans notre province nous


bouleversera plus qu’un séisme majeur à l’autre bout du monde. La diversification et la
rapidité croissantes des moyens d’information tendent à atténuer cet état de choses. Les
campagnes les plus reculées, qu’elles le veuillent ou non, s’ouvrent sur le monde.
L’universalisation des nouvelles rend l’homme moderne plus solidaire (même malgré lui) de
ses semblables.

2°) La proximité affective

Les individus sont beaucoup plus affectés par un drame survenu dans leur famille ou
chez des amis que par le même drame touchant des inconnus, même voisins. Et là, la
distance géographique ne joue pas.

C’est pourquoi, par exemple, les messages (communiqués) les plus suivis dans les
médias locaux sont ceux concernant les naissances, les mariages, les décès. La rubrique
nécrologique est souvent la première information recherchée par les personnes âgées, pour
y repérer celle de leurs connaissances qui partent avant elles. … C’est une des raisons aussi
du succès des magazines ou des journaux qui s’adressent à un public avide de détails
pouvant alimenter leur affection pour telle ou telle célébrité (star). Enfin, les longs portraits
réalisés par de nombreuses publications, et dont les magazines féminins sont
particulièrement friands (amateurs), témoignent de ce besoin de communier de façon plus
sensible avec d’autres êtres.

3°) La proximité psychologique

Lorsqu’une nouvelle touche les grandes passions humaines, les peurs et les désirs
instincts – le sexe, l’argent, la violence ou la mort, elle provoque l’intérêt des personnes à
qui elle est destinée. C’est ainsi que les attaques des chrétiens par la secte Boko Haram la

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veille de Noël 2011 au Nigéria par exemple avaient intéressées les chrétiens du monde
entier.

4°) La proximité culturelle, sociologique ou politique

Qui se ressemble s’assemble. Une information sur le salaire des fonctionnaires et


agents de l’Etat et le budget alloué à l’organisation des défilés, aux loisirs des ministres,
députés et sénateurs peut facilement trouver d’écho favorable chez les enseignants
congolais. Elle intéressera moins les employées du secteur privé.

5°) La proximité existentielle

Les grandes questions humaines passionnent toujours, à la condition d’être traitées


de façon très concrète. La naissance, la vie, la raison d’être de l’homme, la politique, la
santé, Dieu, la souffrance, la liberté, autant de thèmes qui assurent une accroche par eux –
mêmes. Les enfants ‘’sorciers’’, l’euthanasie, les cadavres momifiés par le froid en attente
d’une éventuelle possibilité de résurrection, les Eglises et les sectes, les partis politiques, les
guérisseurs, la vie après la mort, la drogue, etc. La liste est longue. La proximité existentielle
évolue en fonction de l’actualité (après le cancer, le sida, après le sida, la grippe aviaire, etc.),
des découvertes scientifiques (l’informatique, la génétique, …), de l’action de tel ou tel
groupe (agriculteurs, infirmières en colère …) ou individu.

Aujourd’hui, les faits et les situations comptent plus que les idéologies. Même s’il
faut garder à l’esprit qu’il n’y a pas de fait sans observateur et donc sans grille de lecture …
et donc sans idéologie.

6°) La proximité pratique

Toutes les dispositions pratiques qui peuvent avoir des répercussions (positives ou
négatives) sur la vie de tous les jours sont très recherchées. Un nouvel outil domestique, la
taxe parcellaire, l’ouverture d’une maison de transfert d’argent à l’intérieur du pays, des
adresses des bailleurs de fonds... Tout ce qui a trait à l’argent fait inévitablement recette :
salaires, retraite, impôts, épargne…

SECTION 2. ROLE ET SPECIFICITE DE L’INFORMATION

2.1. Le rôle de l’information


L’information dont il est question ici est celle diffusée par les médias, car le
journaliste informe pour plusieurs raisons ci-après:
1. fournir à son concitoyen les moyens de comprendre le monde et d’agir efficacement.
N’ayant pas le temps, ni le moyen de s’informer eux – mêmes, les citoyens ont besoin

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de l’information du journaliste pour comprendre le monde qui les entoure et se faire
une opinion. La construction d’une information, n’est pas une opération simple
comme d’aucuns peuvent le penser. Construire une information, c’est mettre en jeu
des techniques et des hommes avec tout ce que cela peut comporter comme intérêt
et limite. L’information joue un rôle d’un élément stratégique. Elle donne du pouvoir.
Celui qui détient l’information détient le pouvoir. Voila pourquoi, les structures
chargées d’informer sont toujours au centre d’une compétition très dure entre les
acteurs politiques et économiques qui cherchent à les contrôler, les posséder, les
censurer et les museler. L’information permet de préparer et d’orienter les actions
des citoyens. C’est pourquoi, elle doit être la plus complète possible. Si elle est
partiale ou tronquée, les jugements, les comportements, les attitudes des citoyens
seront fausses. L’information ne doit pas servir les intérêts particuliers au détriment
de l’intérêt général.

2. L’information a aussi le rôle d’alerter, éveiller les consciences, sensibiliser, mobiliser


et provoquer le débat public. En informant, on attire l’attention des citoyens sur les
situations injustes ou scandaleuses vécues par certains d’entre eux. Ces situations
peuvent être des discriminations, la pauvreté, les abus de l’administration, le
comportement des acteurs politiques qui laisse à désirer, les dérives du pouvoir, les
réalisations du pouvoir ou de l’opposition, etc.

3. Le journaliste informe encore pour divertir. Au double sens du terme : égayer et


détourner. Egayer, c'est-à-dire illustrer la « comédie humaine » en mettant en scène
ses multiples expressions, qu’elles soient dramatiques ou comiques. Détourner, c'est-
à-dire distraire de préoccupations profondes.

2.2. LES AGENTS DE L’INFORMATION (LES MEDIAS, LES JOURNALISTES)

Il y a les agents physiques (les journalistes) et les agents moraux (les médias). Ces
agents, nous permettent de nous informer et de forger notre jugement sur les événements
que connait la société tout en portant une attention sur la qualité du message diffusé pour
mieux faire une lecture de la question à la une de l’actualité.

Parmi les agents de l’information, nous retenons les médias et les journalistes.

a) Le média
Le mot ‘’média’’ vient de la forme plurielle du latin medium qui signifie centre,
intermédiaire, qui se trouve au milieu, moyen. Pour les sciences occultes, le mot
« medium » signifie une personne possédant le pouvoir de communiquer avec les esprits. Le
sens moderne du mot média dérive de l’abréviation mass media, qui signifie les moyens de
communication des masses.

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L’expression "mass media" est apparue aux Etats-Unis vers 1923, formée avec le
mot français « presse ». Ce mot est aujourd’hui utilisé par les sociologues et les publicitaires
pour désigner l’ensemble des techniques et des supports de diffusion massive de
l’information et de la culture.

Un média, est une technique ou un ensemble de techniques permettant aux


hommes de communiquer l’expression de leur pensée quelles que soient la forme et la
finalité de cette expression. Dans cette appréhension, les principaux médias de masse sont :
les journaux (presse écrite quotidienne, magazine), la radio, la télévision, les nouveaux
médias (Internet). Parmi la catégorie des autres médias figurent le cinéma, l’affichage, le
livre, le disque compact audio, la cassette audio, la casette vidéo, le téléphone.

Eu égard à ce qui précède, nous considérons les médias comme les véhicules de
messages, des moyens de communication placés entre un émetteur et un récepteur. Aussi,
nous utilisons le mot média dans cette étude pour designer l’organe ou l’entreprise de
presse.

Selon la législation congolaise, une entreprise de presse est toute entité


économique et commerciale créée dans le but d’exploiter comme activité principale, la
collecte, le traitement, la production et la diffusion de l‘information ou des programmes, en
utilisant un ou plusieurs supports graphiques ou audiovisuels 2. L’aspect économique ici
correspond au fait que l’information est une denrée produite et destinée à être consommée
par un public. D’où l’importance, de réfléchir sur son circuit de production et de
consommation. Le terme média est employé également comme synonyme de la presse dans
le sens le plus large.

La presse

Historiquement, la presse est d’abord et avant tout écrite. C’est aujourd’hui


encore le sens principal du mot. Depuis l’avènement d’autres médias comme la radio, la
télévision ou Internet, le mot « presse » prend parfois le sens d’« information ». C’est
pourquoi on entend dire aujourd’hui, « presse audio-visuelle » ou « presse télévisée » ou
même « presse Internet ».

Le mot « presse » tire son origine de l’utilisation d’une presse d’imprimerie sur
laquelle étaient pressées les feuilles de papier pour être imprimées. Parler de la presse, c’est
faire allusion aux médias du secteur écrit, audiovisuel, électronique… qui ont pour objectif
de diffuser l’information vers le public. Lorsque nous parlons de la presse écrite, nous
voulons faire allusion, aux journaux. La presse audio – visuelle, quant à elle, renvoie à la
radio et à la télévision. Autrement dit, la presse est utilisée pour désigner le média et vice-
versa.

2
Lire la Loi 006 du 22juin 1996, relative aux modalités de l’exercice de la liberté de presse au Zaïre
(RDC).

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La mission des médias

Les médias de communication de masse généralistes ou thématiques, notamment


les stations de radiodiffusion, de télévision, les journaux, publics, privés, associatifs ou
communautaires ont globalement, pour mission première, d’informer, de former ou
éduquer et de divertir leurs usagers :

- Informer : veut signifier le fait de livrer au jour le jour, heure après heure, des
informations ou des nouvelles des faits importants intéressant la vie sociale.
- Former ou éduquer : c’est cultiver l’esprit et l’initier à la connaissance et à la
compréhension des mystères de la nature et de l’existence de l’homme, afin que ce
dernier ne se sente, en aucun moment, dépaysé dans son milieu de vie et qu’il soit
maître de son environnement et de son destin.
- Divertir : consiste à offrir des programmes et activités récréatives qui permettent aux
individus de s’évader de la routine quotidienne, de briser l’ennui et les soucis de
l’existence, de reposer leurs esprits pour reprendre après relaxation les efforts en vue
d’améliorer les conditions de leur existence.

Si nous parlons de médias comme agents de l’information, c’est puisque ces


derniers servent donc de canal ou de relais entre les gouvernants et les gouvernés. Ces
médias ou les médias dans leur fonctionnement sont classés selon les tendances sociales et
politiques qui caractérisent la communauté au sein de laquelle, ils évoluent. C’est ainsi qu’on
trouve des médias d’obédience du pouvoir, de l’opposition, des médias confessionnels,
associatifs, etc.

Donc, les informations qui sont livrées par les médias et qui aident les citoyens à
forger leur raisonnement pour réagir aux événements se produisant dans l’environnement
national et supra- national, ne sont pas nécessairement neutres. Il faut savoir choisir et
discerner.

b) Les journalistes

On les appelle aussi les professionnels de médias, c'est-à-dire les gens qui tirent
l’essentiel de leur revenu de l’exercice du métier du journalisme. Ce métier consiste à
collecter, à traiter et à diffuser les informations. Si nous nous intéressons aux journalistes,
c’est puisqu’ils sont les producteurs des informations qui sont commentées par les citoyens,
les chefs d’Etats, les blogueurs, etc.

En République Démocratique du Congo, « par professionnel des médias, il faut


entendre toute personne œuvrant au sein des catégories de métier et se vouant d’une
manière régulière à la collecte, au traitement, à la production, à la diffusion de l’information
et des programmes à travers un organe de presse et qui tire l’essentiel de ses revenus de

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cette profession. Sont aussi concernés les caricaturistes, les traducteurs – rédacteurs, le
reporter – photographe, l’opérateur de prise de son et l’opérateur de prise de vue
d’actualité œuvrant pour le compte d’une ou de plusieurs entreprises de presse.

Pour l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), le statut du journaliste ou


du professionnel des médias est reconnu dans les conditions ci-après :

- pour ceux qui ont fait l’école du Journalisme, il faut passer un stage de douze mois au
sein d’une entreprise de média,
- tandis qu’une période de stage de 24 mois est exigée à ceux qui sont entrés dans la
profession sans avoir fait l’école du journalisme3.

Le journaliste est : « Cet homme qui a les oreilles, les yeux et la connaissance,
toujours à l’affût (aux aguets), pour informer, éduquer et distraire le public. C’est celui qui
est toujours à la quête de l’information. C’est celui qui s’informe le mieux pour l’information
des autres».

Pour Michel Nguala, généralement, on devient journaliste en RDC sur le « tas ».


Ceci dit, il suffit d’avoir cette vocation et de faire preuve d’une ouverture suffisante d’esprit
et d’une dose de curiosité intellectuelle pour s’engager dans le métier. C’est la plus
répandue des écoles.

 Origine de la profession du journaliste

La profession du journaliste remonte de plusieurs années avant l’ère chrétienne.


En Egypte, les scribes rédigeaient déjà au VIIIe siècle avant notre ère des papyrus
d’information. Ces papyrus étaient diffusés dans les lieux publics. Nous pouvons dire que ce
sont les Romains qui ont véritablement pratiqué le premier métier de journaliste. A Rome
Antique, le journaliste était appelé « diurnaire » (diurnarium). En d’autres termes qu’il était
chaque jour. Le code justinien rédigé en 534 après Jésus – Christ comporte même un statut
des journalistes. Les médias à cette époque déjà - surtout le journal- rendaient compte des
activités et des événements qui se produisaient dans la cité : les cérémonies de mariage, les
naissances, les décès, les incendies. Les personnages comme Salluste étaient classés parmi
les premiers journalistes. Son œuvre « Rerum novarum », les commentaires sur les choses
nouvelles publiées chaque semaine était recopiée par les scribes et atteignait des milliers
d’exemplaires vendus.

Notons aussi que les journalistes ont des tendances politiques, religieuses, sociales
… qui influent sur la production qui sert à former notre raisonnement. Si nous voulons nous
appuyer sur des productions médiatiques, nous devons connaitre leurs tendances. Si les
tendances sont connues, nous devons confronter (recouper) les sources qui nous livrent les
informations.
3
Ces précisions sont reprises dans les Actes du Congrès de refondation de la presse congolaise
tenu du 02 au 6 mars 2004 à Kinshasa.

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c) Le portrait du journaliste idéal

 Les fonctions d’un journaliste idéal

Les journalistes ont une fonction de surveillance : c’est la fonction la plus


importante. Les journalistes observent et surveillent l’environnement et préviennent le
public des dangers éventuels. Ils ne décident pas seuls. L’information qu’ils transmettent est
le produit de processus sociaux s’opérant au travers d’organisations complexes de médias
insérés dans le système social.
Le journaliste est davantage un agent de liaison entre ceux qui veulent prendre la parole
dans la société et le public qu’il souhaite informer.

Le journaliste est un gate keeper : un portier. Il sélectionne les nouvelles en


autorisant le passage de certaines et en fermant la barrière à d’autres. Il détient un véritable
pouvoir sur le contenu de l’information. La nature de l’information, les connaissances dont le
public dispose, dépendent de la sélection opérée par le journaliste.

Les qualités d’un journaliste idéal

Un journaliste idéal, pour offrir à ses lecteurs une information fiable, fonderait son travail sur
les principes suivants, suggérés ici les uns après les autres sans hiérarchie particulière :
- Se connaitre soi – même ;
- Se méfier des évidences ;
- Travailler sur ses propres représentations, présupposées, croyances, illusions, etc.
- Connaitre concrètement les milieux étudiés ;
- S’en tenir aux faits au moins, séparer la description du fait de son commentaire, de
son intégralité ;
- Etre impartial, citer l’ensemble des faits en dissimuler certains au profit d’autres
(intégralité) ;
- Rechercher le bien commun ;
- Surtout (à l’image du serment d’Hippocrate pour les médecins) ne pas nuire (ni à la
société, ni à l’individu) ;
- Savoir synthétiser sans trahir ;
- Définir, rendre compte du contexte (il est facile, en sortant une information de son
environnement, de la logique des faits qui l’ont motivée, de dénaturer totalement,
voire d’inverser sa signification) ;
- Multiplier les témoignages (ne jamais s’en tenir à une seule source d’information) ;
- Donner toutes les explications possibles ;
- Aller chercher l’information à sa source (ne pas contenter des rumeurs ou des
informations de seconde main) ;

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- N’avoir ni une confiance aveugle ni une méfiance systématique dans les institutions,
les spécialistes ou les experts ;
- Toujours prendre aussi l’avis d’une personne ou d’un groupe mis en cause ;
- Rechercher le plus possible les contre – expertises complémentaires ;
- Avoir une attitude d’ouverture permanente à l’égard des hommes et des faits ;
- Garder l’esprit critique (ce qui ne veut pas dire être désabusé, indifférent ou
nihiliste) ;
- Traduire dans un langage simple, accessible au plus grand nombre (effort
pédagogique) ;
- Donner aux autres les moyens de se faire une idée plutôt que vouloir à tout prix
donné son idée aux autres. Refuser à jamais d’avoir une opinion a priori ;
- Prendre le temps de tester, de vérifier ce qu’on dit (recouper les sources) ;
- Présenter les informations incertaines au conditionnel ;
- Ne pas se laisser acheter par des faveurs ou des cadeaux ;
- Oser dire la vérité, si possible sans blesser ;
- Etre soi – même le plus indépendant possible pour se mettre à l’abri des pressions de
toutes sortes ;
- Tenir autant compte de l’intérêt général que des intérêts particuliers ;
- Savoir ne pas se limiter à une seule spécialité ;
- Rester ouvert (ne pas juger) même devant l’incompréhensible, etc.

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CHAPITRE 2 : LE CONCEPT OPINION PUBLIQUE

Chaque citoyen dans un Etat, a une opinion, mais l’opinion publique n’est pas la
somme des opinions individuelles. L’opinion publique est un vieux concept ayant connu une
évolution à travers différentes étapes.

SECTION 1. DEFINITION DE L’OPINION PUBLIQUE

L’opinion, selon Tarde, se forge dans la conversation. La conversation est le


« creuset » de l’opinion réfléchie. La conversation abonde en surprises : chacun s’entend
énoncer des opinions qu’il n’avait pas conscience de professer.
L’opinion est un groupe momentané et plus ou moins logique des jugements, qui
répondant à des problèmes actuellement posés, se trouvent reproduits en nombreux
exemplaires dans des personnes du même pays, de la même société.

L’opinion est donc pour Tarde une opinion sociale, un ensemble d’idées relatives
à des problèmes d’actualité exprimées en public. Il faut que la personne ait conscience d’une
similitude entre son opinion et celle des autres, sinon elle se croira isolée.

Lorsqu’on cherche à définir l’opinion publique, on se heurte immédiatement à l’ambivalence


de cette notion. En effet, l’opinion désigne à la fois un jugement personnel, pas forcement
rationnel et un avis autorisé, que l’on requiert sur la situation.

Il existe plusieurs définitions de l’opinion publique. Nous retenons trois


significations de ce terme. D’abord, l’opinion est la manière de penser, de juger, une attitude
de l’esprit qui tient pour vraie une assertion que l’esprit accepte ou rejette. Elle est aussi un
jugement de valeur porté sur une personne, un acte, une qualité.

Enfin, l’opinion signifie, l’ensemble des opinions d’un groupe social sur des
problèmes politiques, moraux, philosophiques, religieux, etc.

Sur le plan philosophique, l’opinion c’est l’état d’esprit qui consiste à penser qu’une
idée est vraie mais en admettant qu’on se trompe peut être en la jugeant comme telle.
L’opinion est le jugement collectif porté sur un fait ou sur une croyance par une société
donnée.

En d’autres termes, sur le plan philosophique, l’opinion est un jugement, c'est-à-


dire une croyance sans être certain. L’opinion est publique si le jugement est partagé par
l’ensemble ou une partie d’une société, si le contenu de l’opinion porte sur un problème
d’intérêt général, si elle n’est pas secrète et si on peut l’exprimer et la diffuser.

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Donc, pour qu’une opinion soit publique, cette opinion doit concerner le problème
d’intérêt général et cela doit être exprimé en public.

Pour que l’on puisse parler de l’opinion publique, il est nécessaire d’ajouter 3
conditions ci – après :
1. Elle doit être proclamée en public, devant une assistance ;
2. L’opinion doit être collective, c'est-à-dire concerner une pluralité d’individu ;
3. Elle doit traiter d’un fait public qui touche à l’intérêt général.

Selon Anne–Marie Gingras, quatre éléments concourent à la définition de l’opinion


publique :
1. L’opinion publique est (ou devrait être) une opinion consciente et informée.
2. L’opinion publique est (en devrait être) une opinion concertée ceci dit, l’opinion
publique ne peut jamais se réduire à la simple addition d’opinions individuelles.
L’opinion publique constituant un processus collectif et évolutif qui se forme (ou
devrait se former) dans l’interaction des volontés à l’issue d’une délibération et d’une
discussion entre membre, d’une même communauté. Elle doit (l’opinion publique)
doit être l’émanation d’un échange, d’une confrontation publique des opinions
individuelles. Puisque la société est essentiellement un champ de forces et de
tensions entre des groupes organisées plus ou moins influents, toutes les opinions ne
se valent pas et certaines ont plus de forces réelles que d’autres. Dans ces conditions,
le recensement des opinions selon le principe « un homme – une opinion » constitue
une absurdité sociologique et les catégories sociales ou démographiques utilisées
dans leurs tableaux par les instituts de sondage sont autant de populations fictives,
sans équivalent dans le réel.
3. L’opinion publique est une opinion organisée.
4. L’opinion publique est une opinion spontanée des individus et non une opinion
réactive sollicitée d’en haut par les instituts de sondage. Elle peut s’exprimer sous
forme des manifestations.

SECTION 2. NAISSANCE ET EVOLUTION DE L’OPINION PUBLIQUE


a) Les différentes conceptions selon les époques

Les termes « opinion publique » font partie du vocabulaire familier, de la culture


politique des sociétés démocratiques modernes. Souvent évoquée, l’opinion publique
semble être au cœur des préoccupations des principaux acteurs de ces démocraties : en
témoignent le recours intensif aux sondages par les politiciens, et par les médias. Le sens
qu’on prête à la notion d’opinion publique ne va pas de soi. Il a d’ailleurs beaucoup évolué
dans le temps. Diverses conceptions de l’opinion publique se sont périodiquement imposées
à travers l’histoire.

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Ces conceptions ont varié selon les époques, les milieux, les cultures et les outils
de mesure à disposition, comme l’ont soulevé Habermas et Herbst entre autres. Depuis des
décennies maintenant, la notion d’opinion publique renvoie généralement à la somme des
opinions individuelles de l’ensemble des citoyens, ou encore à l’opinion de la majorité. C’est
le plus souvent une opinion publique quantifiée, statistique, chiffrée, très liée au sondage
d’opinion. Cet outil de mesure a pris une telle place, dans la vie politique et dans les médias,
qu’il a contribué à définir la réalité qu’il doit mesurer. Il n’est d’ailleurs pas rare aujourd’hui
que citoyens, journalistes ou politiciens amalgament littéralement les notions d’opinion
publique et de résultats de sondage.

Longtemps, l’opinion publique est décrite comme une force sociale abstraite.
Pour les penseurs de la démocratie, à partir de l’Antiquité, ces termes renvoient à une
notion « d’intérêt public » ou de « volonté du peuple ». C’est aussi de cette façon que les
philosophes Locke et Rousseau, notamment, abordent cette notion, rappelle Althaus.

Le premier courant est développé en Angleterre au 17e ou en France au 18e


siècle, où les affaires de l’État étaient l’apanage d’une élite, « opinion publique » évoque
plutôt l’opinion de cette élite, et non celle de l’ensemble de la population. En fait, elle
renvoie à la délibération qui a lieu au sein de cette élite — dans les salons de l’Ancien
Régime, par exemple. C’est dans ces débats, d’ailleurs, que les gouvernants de l’époque
cherchaient à connaître « l’opinion publique ».

Le deuxième courant, plus moderne a connu son heure de gloire de la seconde


moitié du 19e siècle au début du 20e siècle. L’opinion publique, selon ses tenants, est un
phénomène sociologique ou discursif qui se situe dans la délibération, le discours et l’action
de groupes qui se disputent pouvoir et influence au sein de la société.

Dans la troisième ère, une conception quantitative de l’opinion publique a le


dessus sur les autres — au point d’en « homogénéiser » la définition « partout dans le
monde ». Selon cette conception, l’opinion publique est l’agrégation des attitudes
individuelles de tous les citoyens, attitudes qu’on peut évaluer assez précisément en sondant
un échantillon représentatif de l’ensemble de la population. Herbst note que cette
conception statistique de l’opinion publique s’est imposée dans les démocraties modernes
(jusqu’à mobiliser l’essentiel de l’attention des chercheurs, des politiciens, des médias et des
citoyens), suivant l’apparition de modes quantitatifs d’expression et de mesure de l’opinion :
le suffrage universel et le sondage. L’intérêt des médias pour cet outil a encore renforcé sa
domination, poursuit-elle, si bien qu’aujourd’hui, les résultats de sondages sont souvent
synonymes d’opinion publique, éclipsant d’autres référents. L’opinion publique est
synonyme des résultats des sondages.

L’accession de cette conception à l’état de paradigme dominant s’est amorcée


en 1936, quand les sondages du statisticien George Gallup ont assis leur crédibilité en

15
annonçant la victoire inattendue de Franklin D. Roosevelt à l’élection présidentielle
américaine. Pour Converse, au-delà d’une nouvelle façon de mesurer l’opinion publique,
c’est une nouvelle façon de la définir que le sondage impose.

La recherche sur l’opinion publique ne date pas d’aujourd’hui. Dans l’antiquité, il y


avait déjà des réflexions sur l’opinion publique (concept opinion publique). Parmi les
pionniers de la vision de l’opinion publique, nous pouvons citer Voltaire et Rousseau.

b) Les étapes de la vision de l’opinion publique

L’opinion est née il y a longtemps lorsque les gens voulaient instaurer la démocratie
dans leur société (Rome antique). Cette opinion a évolué avec le temps pour devenir une
opinion publique où les gens ont commencé à s’exprimer librement sur les questions
d’intérêt général.

La notion de l’opinion publique est pluri-sémantique. La définition de ce terme n’a


pas cessé d’évoluer depuis sa création par Rousseau parce que dans le monde
contemporain, les penseurs ne sont pas tous d’accord quant au sens à lui donner.

Le terme opinion publique est employé par les hommes politiques, les sondeurs, les
sociologiques, etc. Le sens pris par le mot opinion peut donc être très différent selon le
métier ou la fonction de la personne qui l’emploie.

On peut donc imaginer que cette pluralité sémantique pose problème dans un
contexte où le recours à la notion d’opinion et plus particulièrement d’opinion publique se
développe.

De manière générale, quand on évoque aujourd’hui la notion d’opinion publique,


on pense ou sondage. Pourtant, l’opinion publique ne saurait se réduire à cette mesure de
sondage. Nous pouvons distinguer 3 étapes historiques de la vision de l’opinion publique :

Milieu du 18ème siècle : Rousseau et Voltaire inventent le terme. Les hommes de


lettres s’accordaient sur le fait que l’Opinion Publique triompherait. Les sages, les hommes
éclairés, tous ceux qui faisaient de la réflexion leur mode de vie en parlent.
Rousseau est le père fondateur du terme Opinion Publique. Le terme désigne alors les idées
et sentiments partagés par un peuple ou une communauté. Elle se rattache à la rumeur et à
la morale.

Fin du 18ème siècle : l’Opinion Publique devient une sorte de tribunal présidé par
la Raison triomphante. Elle émane de la catégorie sociale des intellectuels et de la
bourgeoisie éclairée. Ils se rencontrent dans les cafés et salons. Avec la consécration de la
démocratie et de la raison arrive l’irruption des nations et des peuples. On veut changer son

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destin et s’exprimer sous des formes actives et moins pacifiques : manifestations, émeutes,
pétitions, courrier des lecteurs… Des partis politiques et syndicats sont créés. C’est l’âge de
l’expression populaire et du mouvement social. La connaissance de l’Opinion Publique, la
recherche de son soutien et la faculté de parler en son nom deviennent un enjeu permanent
de la vie politique. Les sondages vont donner un visage et une présence à l’Opinion Publique.

A la fin du 18ème la Révolution française a érigé la Raison au rang de nouveau


Dieu. L’Opinion Publique devint la référence de l’action politique. On a constitué de
nouveaux espaces de discussion : académies, salons, cafés : la sphère publique est née. C’est
l’ère de l’opinion éclairée : C’est une vision qui s’exprime au nom de la raison. Les
intellectuels ont un rôle clé dans cette vision : ils correspondent à une élite éduquée et
s’exprimant par la plume contre l’intolérance et l’injustice.

19ème siècle : Les démocraties sont naissantes et en pleine évolution. Epoque des
Révolutions Industrielles et des luttes sociales. C’est l’émancipation sociale, la naissance des
peuples et des nations. Les peuples sont appelés à prendre leur destin en main. C’est
l’époque de l’expression populaire, des mouvements sociaux, des partis populaires, des
syndicats. Ils s’expriment parfois dans la violence. C’est l’époque de l’opinion
criée caractérisée par les manifestations, courrier des lecteurs. L’opinion s’exprime dans un
milieu qui s’urbanise et se prolétarise. La majorité silencieuse est négligée, seule compte la
voix de ceux qui protestent et se font entendre.

20ème siècle : C’est l’époque de l’opinion sondée : l’homme dans son isolat individuel ou
familial. C’est l’opinion du plus grand nombre, le point de vue supposé du citoyen. C’est une
vision universaliste et démocratique (toutes les opinions se valent), elle permet d’agir au
nom du peuple.
L’opinion publique devient une réalité concrète que les gouvernants se doivent
d’appréhender, comprendre et canaliser. Les techniques de sondage mises au point par
Gallup et Lazarsfeld vont se développer de façon spectaculaire. Les sondages font irruption à
l’occasion d’un coup d’éclat : la prévision de la victoire de Roosevelt aux élections
américaine de 1936, contre tous les pronostics.

Durant tout le 20ème siècle, la technique du sondage et les moyens d’en exploiter
les résultats se sont modernisés et le phénomène n’a fait que s’amplifier, grâce à 4 facteurs :
une plus grande médiatisation, un projet scientifique, une demande des industriels, une
utilisation politique.

Philippe Braud propose une définition de l’opinion publique en ce terme « elle est
une représentation socialement construite » (par la presse, le sondage) de ce qu’est censé
penser l’ensemble de la population.

17
Ainsi, au fur et à mesure que les sciences sociales progressent l’opinion publique
devient un véritable objet d’étude.

c) Les caractéristiques de l’opinion publique.

L’opinion publique présente quelques caractéristiques fondamentales ci – après :


- Elle concerne des comportements verbalement exprimés d’un grand nombre
d’individus.
- Elle renvoie à un objet connu par tous et possède un caractère important pour tous.
- Elle est souvent accomplie avec une conscience du partage.
- Ces comportements partagés sont suffisamment intenses pour qu’en découle une
efficacité probable à atteindre le but.
- L’opinion publique est exprimée par le moyen de divers canaux sociaux.
- Elle est une construction de la société.
L’opinion publique est un processus complexe où des idées diverses sont exprimées
et ajustées dans une expression collective. Le processus de l’opinion publique est le fait
social où les idées sont d’abord destinées aux autres. Les individus développent leurs idées
dans de conversations. Il s’agit d’un échange réciproque entre les acteurs politiques à la
recherche de reconnaissance et d’une légitimité publique et des membres du public qui
essaient de comprendre des questions et choisissent les priorités. Les deux catégories
communiquent essentiellement à travers les médias.

d) A propos de l'opinion publique internationale

L'expression "opinion publique mondiale" ou ses variantes ("opinion publique


internationale", "opinion publique transnationale") est de plus en plus citée par les
gouvernements, les institutions internationales, les ONG, les médias et les chercheurs. Elle
est invoquée par tous ces acteurs des relations internationales sans que ne soient analysés
les effets produits par son emploi. De plus, ces discours tendent à en faire une entité
uniforme et consensuelle, alors qu'une opinion publique est toujours traversée par des
divergences, des oppositions et des lignes de fracture.

De même que le concept de nation a été construit pour lutter contre les dynasties
et pour promouvoir la création d'Etats, la notion d'opinion publique mondiale est une
construction élaborée par divers acteurs, afin de lui faire produire différents effets. Ainsi
Aérodote et Thucydide faisaient de l'opinion, avant la lettre, l'un des mécanismes
garantissant la légitimité d'un régime. Keith Michael Baker montre bien comment l'opinion
publique fut une entité construite au XVIIIème siècle, à la fois par la monarchie et par les
parlements qui lui étaient opposés, car chacune des parties cherchait le soutien de l'opinion
publique afin de légitimer ses options politiques face à l'autre partie.

18
Sur le plan international, des Etats ont évidemment intérêt à construire l'idée
d'une opinion publique mondiale quand celle-ci permet, par exemple, de justifier une
intervention humanitaire ou militaire souhaitée par ces Etats. En réalité, derrière les discours
sur l'opinion publique mondiale, il faudrait en fait comprendre une référence aux opinions
publiques nationales des pays occidentaux.

Certaines organisations internationales émanant des Nations Unies, mais peu


influentes sur le système politico-économique international, peuvent aussi avoir intérêt à se
réclamer de l'opinion publique mondiale pour affirmer leur légitimité à l'égard d'autres
organisations internationales. Les Nations Unies peuvent aussi chercher à invoquer l'opinion
publique mondiale afin de s'appuyer sur celle-ci pour contourner la volonté de certains
Etats.

Pour les ONG, l'opinion publique mondiale est un acteur du système


international dont elles veulent se prévaloir pour faire pression sur les Etats, les
organisations internationales et les multinationales. Dans le discours des ONG, la force
symbolique et politique de la notion d'opinion publique mondiale suffit à la faire exister et
constitue un atout majeur dans les campagnes internationales que coordonnent les ONG.

En effet, les médias parlent d'opinion publique mondiale dès qu'il y a un


événement international très médiatisé. Pour les médias, l'opinion publique mondiale existe
comme une évidence, dont ils seraient les révélateurs, puisque selon eux, tous les humains
sont au courant du même fait grâce à eux. Ce phénomène est à relier avec la réflexion de
Louis Sébastien Mercier, car celui-ci révèle l'utopie toujours existante, selon laquelle les
médias permettraient à tous les habitants de la planète d'être informés, de se forger une
opinion et ainsi de constituer une opinion publique mondiale face aux gouvernants.

Les internationalistes opposés à la vision stato - centrée des relations


internationales, emploient également l'expression " opinion publique mondiale " sans la
définir. Il semble en fait que, pour ces chercheurs et universitaires, l'opinion publique
mondiale soit un argument destiné à soutenir le point de vue de leur courant scientifique qui
défend l'idée que la souveraineté des Etats est largement entamée par d'autres acteurs des
relations internationales. En lisant leurs écrits, on ne parvient pas à comprendre ce qu'ils
qualifient d'opinion publique mondiale. Est-ce les médias, les pétitions, les manifestations,
les internautes, les ONG, ou plusieurs de ces catégories ?
Somme toute, Il apparaît que l'opinion publique mondiale est en fait une construction
artificielle qui provoque pourtant des effets réels.

SECTION 3. LES CRITIQUES DE L’OPINION PUBLIQUE

19
Procédant à une analyse rigoureuse du fonctionnement et des fonctions du
sondage, Bourdieu suppose qu’il y a lieu de remettre en question les trois postulats qu'ils
engagent implicitement.

L'enquête d'opinion traite l'opinion publique comme une simple somme d'opinions
individuelles, recueillies dans une situation qui est au fond celle de l'isoloir, où l'individu va
furtivement exprimer dans l'isolement une opinion isolée. Dans les situations réelles, les
opinions sont des forces et les rapports d'opinions sont des conflits de force entre des
groupes.

On a d'autant plus d'opinions sur un problème que l'on est plus intéressé par ce
problème, c'est-à-dire que l'on a plus intérêt à ce problème. Par exemple sur le système
d'enseignement, le taux de réponses est très intimement lié au degré de proximité par
rapport au système d'enseignement, et la probabilité d'avoir une opinion varie en fonction
de la probabilité d'avoir du pouvoir sur ce à propos de quoi on opine. L'opinion qui s'affirme
comme telle, spontanément, c'est l'opinion des gens dont l'opinion a du poids, comme on
dit. Si un ministre de l'Éducation nationale agissait en fonction d'un sondage d'opinion (ou au
moins à partir d'une lecture superficielle du sondage), il ne ferait pas ce qu'il fait lorsqu'il agit
réellement comme un homme politique, c'est-à-dire à partir des coups de téléphone qu'il
reçoit, de la visite de tel responsable syndical, de tel chef d’établissement, etc. En fait, il agit
en fonction de ces forces d'opinion réellement constituées qui n'affleurent à sa perception
que dans la mesure où elles ont de la force et où elles ont de la force parce qu'elles sont
mobilisées.

Les questions posées dans une enquête d'opinion ne sont pas des questions qui
se posent réellement à toutes les personnes interrogées et que les réponses ne sont pas
interprétées en fonction de la problématique par rapport à laquelle les différentes
catégories de répondants ont effectivement répondu.

Malgré son caractère dominant actuel, cette conception de l’opinion publique


n’est pas sans soulever d’importantes questions. Outre les limites méthodologiques du
sondage, les limites de l’opinion publique ainsi considérée créent un certain malaise. Il se
pose un doute sur la valeur d’une opinion publique composée des opinions des citoyens
souvent incohérents, peu informés et peu intéressés à la politique. Aussi, l’idée d’une
opinion publique selon laquelle une personne, une voix telle qu’elle est mesurée par
sondage n’a pas de sens.

La conception statistique de l’opinion publique est aujourd’hui dominante, certes,


mais elle trouve ses détracteurs — surtout chez les tenants de la « conception sociologique
». Pour Bumer, « l’opinion publique » que les sondeurs prétendent étudier, définie comme
l’agrégation d’opinions individuelles où l’opinion de chacun a le même poids, est un non-

20
sens. Une société n’est pas un ensemble d’individus isolés, mais un ensemble de groupes
aux intérêts divergents, inégaux en pouvoir et en influence. Pour lui, l’opinion publique est ce
qui émane de l’interaction de ces groupes; cela ne peut en aucun cas être les opinions
soutirées d’individus hors de leur contexte social, comme le proposent les sondeurs.

CHAPITRE 3 : MEDIAS, FORUMS PARALLELES ET OPINION PUBLIQUE

Dans ce chapitre, il est question de voir comment se constitue l’Opinion Publique à


travers les médias et d’autres canaux tels que les forums parallèles. Il est question aussi
d’analyser le canal principal de constitution de l’Opinion Publique par rapport à la réalité. En
d’autres termes vérifier si les informations que diffusent les médias prouvent une certaine
vérité ou encore si toutes ces informations sont réelles. En observant, on constate que tout
ce que disent les médias n’est pas vrai. Les médias jouent un rôle positif en nous diffusant les
informations pour être à la une de tout ce qui se passe dans le monde mais le côté négatif,
est l’immortalité que les médias diffusent, les messages de la haine, la violence, la
propagande.

La valeur du jugement dépend du niveau de la connaissance dont dispose les


citoyens sur un sujet donné. Le rôle des médias devrait donc être de fournir aux citoyens des
informations fiables et diversifiées pour que ceux – ci (les citoyens) puissent formuler un
jugement, raisonner et argumenter. Dans le cas contraire, en l’absence d’information,
l’opinion sera déterminée par l’émotion, la rumeur et pourra être facilement manipulée. Les
médias influent sur la façon de penser des citoyens en présentant les informations selon une
orientation qui vise souvent à démontrer quelque chose.

Les journalistes ne sont pas toujours indépendants, ils peuvent être souvent
influencés par l’appât de l’argent ou bien subir les pressions de leurs entreprises, des partis
politiques, du pouvoir établi. En Europe par exemple, les médias sont le plus souvent
devenus la propriété de grands groupes financiers ou industriels. En République
Démocratique du Congo, la plus part des médias puissants sont des propriétés privées des
hommes politiques au pouvoir. Nous pouvons citer à titre d’exemple, Digital Congo, la Radio
Télévision du Groupe l’Avenir, Télé 50, RTVS1, Nyota TV, le potentiel, l’avenir, l’observateur.

SECTION 1. LES CANAUX CONSTITUTIFS DE L’OPINION PUBLIQUE

Dans les sociétés modernes, l’information et la connaissance sont véhiculées


essentiellement par les médias. C’est la principale source d’information des individus.
Cependant, on ne peut pas limiter le discours public au seul discours des médias.

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Les opinions ne sont pas le simple reflet des avis véhiculés par les médias. Le
discours public est d’avantage un ensemble de discours qui sont en interaction constate :
discours légitime, discours oral, discours de défis.
- Le discours légitime : c’est le discours des spécialistes et des experts. On les retrouve
dans les presses spécialisées. Exemple le sport, l’environnement, la santé
- Le discours oral : il est prononcé par les autorités gouvernementales et directement
impliqué dans les décisions
- Le discours de défis : c’est le discours moralisateur. C’est le discours des médias.

Comme nous l’avons dit, le discours des médias ne constitue donc qu’une partie de
discours public même s’il est le forum principal.

a) LE CANAL PRINCIPAL : LES MEDIAS

La formation de l’opinion nait de la rencontre d’opinions qui sont d’abord


individuelles. L’avis d’un citoyen résulte d’une multitude des facteurs : la personnalité, le
milieu social, l’expérience, etc.

L’opinion du citoyen évolue au fur et en mesure d’un enchaînement d’interactions :


discussion entre amis et collègues, information recueillie dans les médias, etc. Au niveau de
la société, l’opinion publique est le résultat d’un jeu d’échange entre les acteurs de nature
diverse (famille, campagne, école).

Les médias et les journalistes occupent une place prépondérante dans ce dispositif.
Ils ont une fonction de mise en scène de l’événement et de la réalité mais, ils sont aussi
censés être un miroir de l’opinion.

En cherchant à comprendre comment les idées se propagent dans la société, les


théoriciens en sciences de l’information et de la communication, ont démontré que l’opinion
publique est liée à l’émergence des publics qu’ils dissocient clairement des foules. Les foules
étant considérées comme des agrégats violents.

Selon Lazarfield et Gallup, l’influence des médias s’opère suivant un processus à 2


niveaux :
- Le premier niveau est constitué des groupes des préférences comme la famille, le
travail, etc.
- Le deuxième groupe est composé de leaders d’opinion c'est-à-dire, des personnes
qui par leur comportement ont une emprise sur leur entourage et filtrent
l’information.
Les médias ont la capacité à focaliser l’attention du public sur tel événement en
choisissant et en hiérarchisant les sujets qui feront l’actualité. En déterminant l’agenda
politique, les médias ne disent pas aux gens ce qu’il faut penser mais ceux à quoi il faut

22
penser. On sait aujourd’hui que les informations précises ne s’impriment pas telle qu’elles
dans notre cerveau et que le traitement que nous leur faisons subir n’est pas le même pour
chacun. Tout dépend de plusieurs facteurs : le contexte de réception de l’information, la
possibilité d’en discuter, en suite ou pas, les filtres culturels, l’impact émotionnel propre à
l’histoire de chacun, l’usage que l’on fait des médias.

Comme point de départ, il y a un évènement initial, un fait (la guerre, rupture


des relations diplomatiques, expulsion des immigrés clandestins, crise financière, par ex.).
Les journalistes font de ce fait un évènement. Ils représentent l’évènement de manière
médiatique et le mettent en forme. Cette information arrive ensuite dans le public. On en
parle et ça alimente les conversations. Puisque cela alimente les conversations, il y a une
opinion qui se dégage (les Opinions Publiques se forgent et se créent au niveau des
conversations). Cependant, pour connaitre l’opinion du public, il faut les sondages. Ces
sondages sont commandités soit par les acteurs politiques (en relation étroite avec les
médias), soit par les journalistes et les médias. Ces sondages, c’est la manière pour les
journalistes, de connaitre l’état de l’Opinion Publique. Il y a donc une représentation
médiatisée des réponses du public entre les acteurs politiques, les journalistes et les
sondages. L’opinion se forme par les moyens massifs de diffusion autour des formules qui
donnent lieu à une assimilation massive.

Les journalistes ne décident que du choix de ce qu’il faut diffuser et de l’importance


à accorder a chaque sujet. Leur rôle est avant tout technique car, il parait claire que les
publics continuent à exercer leur esprit critique sur les sujets suggérés par les médias. Les
médias de masse ne reflètent pas la totalité des opinions présentes dans le public, mais
seulement les opinions majoritaires et légitimes.

Face à ce phénomène, les opinions qui sont minoritaires préfèrent se taire. Il en


découle : le renforcement de l’opinion majoritaire.

b) LES FORUMS PARALLELES

Les forums parallèles sont des canaux de transmission non formelle dont la rumeur
est l’exemple classique. La plupart des rumeurs sont une production sociale, spontanée, sans
stratégie, etc. Dès la moindre rumeur, les gens sont plongés dans l’univers du complot de la
manipulation, de la déformation. La rumeur est alors un crime par personne interposée,
crime parfait, car sans traces, sans armes et sans preuves.

Naissance de la rumeur

Les rimeurs naissent souvent d’une défaillance dans l’interprétation d’un message,
le malentendu faisant référence à un témoignage de témoignage et à une différence entre
ce qui a été émis et ce qui fut décodé et dans la mesure où le nouveau message reste flou, il
autorise l’interprétation personnelle de l’auditeur suivant.

23
Si les gens croient aux rumeurs, c’est parce qu’elle s’accompagne d’un cortège des
preuves qui lui confèrent une indéniable crédibilité. Elle satisfait les besoins d’ordre des gens
dans la compréhension des phénomènes qui les entourent. La rumeur séduit car, elle fournit
l’occasion de mieux comprendre le monde en le simplifiant et en y trouvant un ordre caché.

La rumeur est une information que nous souhaitons croire, le désir de croire est
telle qu’il bouscule les critères habituels de réalisme et de la plausibilité. Si l’information ne
satisfait à aucun désir, ne répond à aucune préoccupation latente, il n’y aura pas de rumeur.
En conclusion, la rumeur n’est pas nécessairement fausse, ni officielle, elle conteste
la réalité officielle en proposant une autre réalité. C’est pourquoi, les médias ne l’ont pas
supprimée. Elle est une sorte d’information non contrôlée.

SECTION 2. LA REALITE ET LES MEDIAS

Les idées, les concepts à partir desquels les individus construisent leurs pensées et
opinion sur la réalité sociale, sont alimentés en grande partie par les médias. Ainsi, les
conceptions des citoyens des événements ne résultent pas des expériences réelles mais, des
informations venant des autres ou des médias.

Dans cette section on voudrait attirer notre attention sur le fait qu’il y a des choses
que les médias nous présentent qui ne cadrent pas avec la réalité du fait dans les
diffusions qu’ils nous proposent. En d’autres termes, les faits ne se présentent toujours pas
tels que les médias les diffusent. Les médias peuvent choisir un fait banal, l’habiller et en
faire un grand problème de société.

Quant on sait que les individus désignent les médias comme la source principale de
leur information, le critère de vérité devait être l’une des caractéristiques parmi les plus
importantes qu’un média doit satisfaire. Souvent, ce souci contraste avec la réalité dans le
fonctionnement des médias locaux ou internationaux.

L’authenticité des nouvelles est à mettre en rapport avec deux autres critères : la
fiabilité et la crédibilité (exemple : les critères pour qu’une nouvelle diffusée soit jugée
comme étant vraie par les récepteurs). Une source des médias est réputé crédible quand les
messages sont considérés comme véridique par les récepteurs.

Il est clair que les médias aujourd’hui sont en crise parce que, la masse
d’information reçue des médias aujourd’hui peut provoquer des effets indésirables
notamment la saturation, la méfiance, l’hostilité.

24
Tout cela par manque de la nouveauté. On ne montre que la même chose à la
télévision. La radio et les journaux reviennent sur le même style de couverture des
événements, les mêmes intervenants qualifiés d’experts, etc.

L’information qui nous est livrée par les médias ne représente que la perception
de la réalité que ces médias ont de la réalité, ou encore, la perception de la réalité que ces
médias voudraient bien que nous fassions nôtre. L’histoire a démontré que les médias
peuvent servir des desseins qui ne vont pas forcément dans le sens de la vérité. La
propagande et la publicité en sont de belles illustrations.

La propagande est une action qui consiste à chercher à convaincre par le recours
à la manipulation. C’est le désir de rallier les partisans à une cause en provoquant un
comportement spécifique. La propagande recourt aux techniques de persuasion quelque soit
l’objectif. Elle s’appuie largement sur les médias. Dans la propagande on utilise les symboles
pour conditionner les gens, car le symbole frappe et suggère sans informer. Le symbole fait
appel à l’émotivité.
Exemple : la Révolution française avait recouru au symbole visuel que représentait le
drapeau tricolore, le symbole vocal et auditif qui était la Marseillaise. La révolution
soviétique utilisait le symbole de la faucille (hache) et du marteau, porteur de l’idéologie
communiste. Les nazis avaient choisi la croix gammée comme emblème.

Donc, la propagande cherche à modifier le comportement humain. Pour


généraliser les moyens de persuasion (inculcation), les propagandistes font efficacement
usage des médias.
Par la publicité, on cherche à exercer une action psychologique à des fins
commerciales. La publicité a pour ambition de faire connaitre un produit au public, mais
aussi d’inciter ce dernier à l’acquérir.

La publicité met à profit plusieurs : théories comportementalistes, théories psychologiques,


théories sociales.

– Les théories comportementalistes consistent à procéder au matraquage (plusieurs


répétitions) à la fois à la radio, à la télévision, dans les journaux, pour tenter de
conditionner les consommateurs. Les théories comportementalistes s’appuient sur la
figure du consommateur conditionné.
– Les théories psychologiques insistent sur la figure moi consommateur. Ici le
consommateur est mû par des forces inconscientes qui expliquent son
comportement. Au lieu de s’adresser à l’aspect rationnel de l’individu, la publicité
cherche donc à jouer sur les sentiments et les pulsions du consommateur. C’est une
publicité souvent très esthétique et très créatrice.
– Les théories sociales s’appuient sur la figure du consommateur conforme. Ici
l’individu fait partie de plusieurs groupes sociaux qui imposent un modèle de vie en

25
société : imitation, statut, style de vie. La publicité cherche à donner à la marque et
au produit les signes d’un groupe valorisant.

Un autre argument auquel on recourt dans la publicité pour convaincre le


consommateur, c’est la marque. D’où l’importance attachée à l’image dans la campagne.
Entretenir le nom d’une marque et sa notoriété auprès du grand public. Inciter par le prix,
valeur des biens : matériels (quantité), qualité photos affiches, poster, caravanes, tapages…

L’opinion se constitue par l’intermédiaire des moyens de communication de


masse qui sont de plus en plus centralisés et de plus en plus dépendants soit de l’Etat, soit
des grandes compagnies qui en réalité, font et défont l’opinion.

Il y a des auteurs qui ont réfléchi sur le rapport entre les médias et la réalité. Parmi
eux, nous citons Chomsky. Ce dernier, a tenté d’expliquer ce qui empêche les spectateurs,
les auditeurs, les lecteurs de percevoir la réalité dans ce que les médias diffusent.

Il a résumé son explication en 5 facteurs : la ligne éditoriale, la dépendance, les


relations publiques, les têtes dirigeants du monde et l’hostilité envers toute tentative de
changement de l’ordre établir.

1) La ligne éditoriale

Le média reflète toujours la pensée ou la volonté de son propriétaire. C’est celui qui
détient le capital de la presse, qui détermine la pensée et la ligne éditoriale. C’est celui qui
finance, qui détermine la ligne éditoriale du média.

Lorsque nous observons et analysons les lignes éditoriales de la plupart des médias en
République Démocratique du Congo, nous arrivons à la conclusion ci – après :
a) Les médias d’Etat ou les médias publics, ont comme ligne éditoriale, la bouche du
pouvoir (ce sont les médias oui monsieur, le président, le ministre, oui le Maire, le
Gouverneur, …). Bref des médias « oui monsieur ».
b) Les médias privés ont comme ligne éditoriale : on ne crache pas sur la main qui
donne ou encore, on ne scie pas l’arbre sur lequel, on est assis ou enfin, la bouche
qui mange ne parle pas.

2) La dépendance envers les grandes sources des revenus publicitaires.

La presse est devenue un vrai produit économique. Donc parce qu’il y a des recettes
publicitaires, les lignes éditoriales sont influencées par les grands annonceurs. C’est le cas
des sociétés de téléphonie mobile en République Démocratique du Congo, Cas de Vodacom
sur Digital Congo (Emissions par la superstar, Kata danse, ...).

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En signant des accords, des alliances avec les fournisseurs d’information, les
rédactions des médias deviennent dépendantes des agences de presse qui leurs fournissent
des informations qui ne sont pas assez vérifiées ou pas du tout.
Exemple : Le cas des correspondants, on diffuse directement l’information sans pour autant
vérifier sa provenance ; on fait tout simplement confiance à 100%au correspondant.

3) Les relations publiques

Elles ne sont pas du tout objectives. Elles sont chargées de fabriquer le


consentement du peuple. Les agences de relations publiques jouent un rôle dans la diffusion
de l’information. Bien souvent, des journalistes par manque de temps reprennent des
communiqués de presse comme s’ils ont suivi un processus journalistique normal. Les
journalistes prennent des communiqués, de presse et en font leurs articles. Ainsi, cette
communication devient une information. En réalité, c’est n’est pas le cas. Pour les messages
des relations publiques, il n’y a pas la collecte, le traitement avant la diffusion).

Exemple : Le cas de chargés de presse, attachés de presse, conseillers en communication,


dans une association ou dans un office. Lorsqu’ils diffusent les informations de leurs chefs,
les journalistes, sautent dessus sans pour autant descendre sur le terrain et procéder au
recoupement des sources. Ce sont très souvent de pareilles nouvelles que les médias font
consommer aux publics qui attendent des vraies informations pour former leur jugement sur
la marche de leur société.

4) Les têtes dirigeantes

Ce sont les intellectuels, hommes d’affaires, hommes politiques. Ces personnes


induisent les médias en erreur parce qu’elles leur donnent un statut de source fiable, (c’est-
à-dire les médias considèrent comme vrai, tout ce que ces gens disent). Leurs propos sortent
de l’ordinaire, de l’ordre de l’opinion et sont présentés comme des faits (la réalité).

Ce qu’un intellectuel affirme devient une information qui ne sera pas créditée car,
elle vient de quelqu’un qui a un statut particulier. Cette opinion devient majoritaire et il n’y a
plus de critique journalistique. Les propos deviennent information.

5) Une certaine hostilité

On remarque une certaine hostilité des médias envers tout groupe, mouvement ou
toute personne qui souhaitent bousculer l’ordre établi. La presse et les journalistes aiment le
pouvoir, ils aiment le côtoyer. Delà, ils participent à un jeu intéressant et dangereux de
connivence avec le milieu qui détient le pouvoir.
En conclusion, les médias reflètent sans doute le monde mais de manière superficielle et
fragmentaire.

27
Pour bien comprendre le rôle des médias, il faut les situer dans leur environnement
de tout le jour. Ce faisant, on comprendrait que les médias ont une fonction de surveillance
et c’est la fonction la plus importante. Les journalistes observent et surveillent
l’environnement et préviennent les publics de dangereux éventuels. Ils jouent le rôle de
stabilisateur de la société. Le journaliste est d’avantage un agent de liaison entre ceux qui
veulent prendre la parole dans la société et les publics qu’il souhaite informer.
Il est considéré comme un portier, il sélectionne les nouvelles et autorise le passage
de certaines nouvelles tout en fermant la barrière à d’autres, c’est pourquoi, on l’appelle le
chien de garde de la société.

Les médias sont devenus des outils d’information et de divertissement permanents.


Ils sont devenus la première source d’information des individus. Si les gens se créent des
idées sur le monde à partir des relations individuelles, elles le sont aussi par les informations
obtenues par les médias.

Dans le processus de l’Opinion Publique, les médias remplissent deux fonctions


fondamentales et complémentaires:
- La fonction de reportage : Représentations médiatisées des événements et actions
politiques ;
- La fonction de sondeur d’opinion : Permettant d’être au courant de « l’ambiance
générale » ressentie par le public. Elle peut s’exercer de manière formelle (sondage)
ou informelle (micro-trottoir).

SECTION 3. LE DANGER DES JOURNALISTES ET DES MEDIAS COMME VECTEURS DE


L’OPINION PUBLIQUE

Par nature, les médias constituent un relais entre les acteurs et surtout entre les
acteurs et le public. Ils parlent de leurs faits et gestes, servent de tribune en interrogeant, en
les accueillant pour s’exprimer.
Les médias sont influents — ils exercent même une mauvaise influence sur les citoyens.
C’est en tout cas ce que de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer, accusant les
médias de favoriser le cynisme des citoyens par leur façon de couvrir la politique. Il faut dire
que, pendant qu’on constate un déclin important de la confiance des citoyens envers les
politiciens et les institutions politiques, on observe parallèlement que la couverture politique
est de plus en plus négative et superficielle.

On reproche aux médias de recourir presque exclusivement, en couvrant la


politique, à un « cadrage stratégique » et orienté sur le conflit, ramenant tout à la course
entre les acteurs (ou qui gagne, qui perd), à leurs stratégies pour gagner et à leurs intérêts —

28
au détriment des enjeux. Ce faisant, ils pousseraient les citoyens au cynisme et au
désengagement.

On reproche aussi aux journalistes d’avoir troqué le « sain scepticisme » contre le «


cynisme corrosif » (dangereux). Par exemple, après que la presse américaine eût pratiqué
dans les années 1960 un journalisme « de vigilance », se faisant le chien de garde de la
démocratie (watchdog journalism), elle est passée aujourd’hui à un journalisme « de
confrontation » évoquant plutôt un chien enragé (junkyarddog journalism).

D’autres traits du journalisme politique actuel renforceraient le cynisme.


Mentionnons un prétendu penchant pour les mauvaises nouvelles et la dramatisation, qui
fausseraient les perceptions des citoyens. Notons aussi une tendance au mimétisme et à
l’homogénéité des journalistes et le recours à un même bassin limité de commentateurs,
réduisant la diversité des points de vue.

On reproche aux médias, enfin, d’influencer indûment le public en proposant une


couverture biaisée de l’actualité. D’une part, un courant conservateur accuse les journalistes
d’être généralement plutôt à gauche et de laisser ce penchant transpirer dans leur travail ; à
l’inverse, un courant opposé accuse les médias de favoriser la droite et le maintien de l’ordre
établi.

Lorsque les journalistes ou les médias se compromettent en faisant consommer au


public de fausses nouvelles, ils deviennent un danger pour la société. Il existe aussi des
médias qui exposent leurs journalistes au danger de manipulation, de désinformation, de
falsification des faits.

Les médias sont considérés comme jouant un rôle négatif dans le processus de
formation de l’opinion publique lorsqu’ils mettent de côté leur déontologie et piétinent
l’éthique. En temps de conflit par exemple, les publics entendent que les médias présentent
les analyses et des opinions non partisanes c'est-à-dire, les médias sont censés offrir
l’occasion aux citoyens de former un jugement sur l’évolution de leur société.

Si au lieu d’informer, les médias intoxiquent, ils ne donnent pas l’occasion aux
citoyens de construire un jugement raisonné. C’est ce que font certains médias pendant les
élections : les médias des candidats, les journalistes militants, les journalistes politiciens et
les militants des partis qui deviennent des journalistes. C’est ce que font aussi les médias
agitateurs. Ces derniers attisent les conflits. Ils perdent la neutralité et se rangent derrière
les courants ethno- politiques.

29
Les journalistes œuvrant dans ces genres des médias, manquent de rigueur
professionnelle, se versent facilement dans l’injure, la diffamation, l’incitation à la violence
et la publication des fausses nouvelles.

De tels journalistes au regard de leur méthode de travail, sont assimilés aux agents
de propagande chargés de relayer les messages de haine, les messages xénophobes. Ils
déforment la réalité.

Au regard de cette réflexion, plusieurs médias congolais n’échappent pas à ce


risque. Certains s’efforcent à donner à la population une information susceptible de
construire un raisonnement cohérent sur la conduite des affaires publiques et de porter un
jugement raisonné sur des questions qui se posent au sein de leur environnement immédiat.
Ces genres des médias constituent donc une source d’information fiable pour les
populations congolaises.

A l’opposé, il existe des médias tribalisées, politisées moins compétitifs et moins


professionnels, ces médias et leurs journalistes servent de caisse de résonance de leurs
propriétaires et de leurs pourvoyeurs. Ils sont susceptibles de maintenir la population dans
l’ignorance qui ne permet pas l’émergence d’une opinion publique dans le pays.

L’enjeu politique en RDC a fait que certains médias représentent un danger pour
le public. Ce danger découle de la politisation excessive de médias. En période électorale
par exemple, trois situations se présentent : la présence des candidats- clients des médias,
les journalistes – candidats et les médias des candidats.

a) Les candidats- clients

La recherche du profit, une règle d’or pour les entreprises publiques ou privées,
pousse certains médias à développer l’autocensure commerciale. Ceci dit, les journalistes
mis au service de l’entreprise recherchent explicitement le profit économique. Ils choisissent
les sujets qui génèrent l’argent ou mieux qui payent. En conséquence, ils refusent
d’observer les directives des instances de régulation (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et
de la Communication) et d’auto- régulation (Union Nationale de la Presse du Congo,
l’Observatoire des Médias Congolais).

En période électorale, il est difficile en RDC en suivant les médias de se faire une
opinion éclairée sur les candidats. Ces derniers étant devenus les nouveaux annonceurs.
Leurs clips, meetings, messages de propagande sont diffusés en dehors des normes. En
conséquence, les candidats ayant les gros moyens matériels et financiers sont très visibles
dans les médias. Ceux qui n’ont pas des ressources consistantes passent presque inaperçus.
Ici, l’indépendance des médias vis-à-vis des candidats obéit aux règles d’indépendance d’une

30
firme vis-à-vis de ses clients. Le candidat est considéré comme un client qu’on doit protéger
à tout prix.

En devenant les véritables entreprises soumises à la loi du profit, les médias


cessent d’être neutres. Le poids de leurs journalistes a tendance à s’amenuiser et les
injonctions de l’administration à leur égard, à devenir plus pressantes. Ainsi, le parti pris de
certains médias congolais est dicté par l’impératif de la compétitivité dans un monde où
l’information est devenue simple marchandise.

Dans un contexte où les informations sont monnayées, il est difficile pour les
médias de contribuer à la formation d’une opinion publique devant favoriser la démocratie.

b) Les journalistes – candidats

C’est une des catégories d’acteurs qui a entraîné les médias dans la dérive au
cours des élections de 2006 et de 2011en RDC. Pour la plupart, les journalistes – candidats
ont postulé aux législatives nationales. Pour battre campagne, ils ont utilisé les médias au
sein desquels ils travaillent. Certains ont mobilisé leurs équipes de rédaction, d’autres les ont
convertis en « état major de campagne ». Parmi ces médias figurent le journal Uhuru, la
RTGA, la RTNC ; Radio Liberté, Radio Télévision Kintuadi, Radio Télévision Pêcheur d’hommes,
Radio Maendeleo…

Aux législatives de 2006 par exemple, sur 123 candidatures provenant du secteur
de communication et médias, il y a eu 6 élus, soit 1,2% . Parmi les élus se sont retrouvés les
éditeurs- responsables des journaux Uhuru et L’Avenir, le responsable de la RTGA, le patron
du Journal Le Potentiel a été élu sénateur.

Apparemment, le nombre de 123 professionnels de médias candidats sur 9709


pour l’ensemble du pays aux élections de 2006 par exemple, peut à première vue apparaître
très petit, mais si l’on considère que ce sont 123 organes de presse qui avaient des
journalistes- candidats ce serait significatif au regard du nombre des médias recensés dans le
pays. Leur impact dans la campagne a été considérable, car 6 journalistes ont été élus, un
seul retraité sur 104 candidatures et aucun sans emploi sur 213. Ce résultat témoigne qu’ils
ont battu sérieusement campagne. Il n’est pas exclu que les journalistes – candidats aient
bénéficié des avantages de campagne à travers les médias par le fait qu’ils sont membres
des médias. Lors de la campagne électorale de 2018, la corporation des journalistes
congolais( Union Nationale de la Presse du Congo, UNPC), n’avait pas trouver
d’inconvénients pour les journalistes candidats de continuer à prester normalement.

31
c)Les médias des candidats
Il s’agit des médias créés par les candidats, leurs proches ou encore les médias
d’obédience des candidats par leur statut hiérarchique. Ces médias ont servi de fer de lance
à la campagne électorale au profit de leurs propriétaires ou leurs financiers. Ils étaient plus
au service des candidats aux élections présidentielles. Parmi les actifs, on a noté la RTGA,
Digital Congo, RTNC et l’Avenir au service du candidat Joseph Kabila, CCTV, Canal Kin et
Radio Liberté, Télé 50, RLTV, STV1.
Pendant la campagne électorale et avant la publication des résultats, les médias
des candidats se sont livrés à diffuser des messages qui dénigrent l’adversaire au mépris des
directives de l’organe de régulation et même des lois de la République.
Avant la publication des résultats, les médias des candidats qui du reste, étaient
suivis dans les chefs – lieux des provinces, dans plusieurs villes et centres urbains, ont
préparé la population au refus de la victoire du camp adverse. De faux résultats donnant
chaque fois vainqueur l’un des deux principaux candidats selon leur obédience. L’annonce
de faux résultats a plongé pendant longtemps la population dans la confusion et a ravivé la
tension dans le pays. Donc, les médias des candidats aux postes électifs ne constituent pas
des canaux pouvant faciliter la constitution de l’opinion publique en période post - électorale
en RDC.

32
CHAPITRE 4 : MESURE DE L’OPINION PUBLIQUE : SONDAGE ET CONVERSATIONS

Un sondage d’opinion est une investigation sociologique destinée à recueillir des


informations au sujet d’un groupe d’individu représentatif d’une population qualifiée dont
les résultats sont extrapolés en suite sur l’ensemble de la population en vue d’estimer
quelles sont les caractéristiques, attitudes, préférences de cette population face aux
événements et aux questions d’intérêt général.

Un sondage d’opinion consiste à estimer la distribution d’une variable statistique


dans une population en extrapolant le résultat obtenu sur un échantillon extrait de cette
population. Pour être pertinent, l’échantillon doit représenter fidèlement la population dont
il est extrait en fonction de sexe, âge, de l’activité socioprofessionnelle du statut social, etc.

Le sondage comme mesure d’attitude publique s’est développé après les années
1930. Les sondages d’opinion menés avant cette époque, n’étaient pas scientifiques parce
qu’ils traitaient les échantillons non représentatifs, et ne permettaient pas de faire ressortir
clairement l’opinion de la population sur une question donnée. Les participants à ce sondage
étaient des volontaires.

Le sondage dans son usage actuel a été développé par Georges Horace Gallup. Dans
ses travaux, il a commencé à développer les méthodes permettant une sélection plus ou
moins impartiale des personnes interrogées et un recueil d’information d’un large
échantillon de sondage ont perfectionné leur méthode après les erreurs de prédiction
commises lors des élections présidentielles aux Etats – Unis.

La première erreur était commise par le Literary Digest en 1936. Cette institution de
sondage avait annoncé à tord la victoire du candidat républicain Alf Lindon face au candidat
Roosevelt. L’institution de sondage avait commis une erreur de la représentativité de
l’échantillon.
Parmi les personnes sondées, il y avait une forte représentativité des riches.

La deuxième erreur commise par les institutions de sondage, a eu lieu en 1948


toujours aux Etats – Unis. Le sondage avait prédit à tord la victoire du républicain Thomas
Dewey sur le démocrate Harry Truman. L’erreur était due à la sous représentation des
couches modestes et la négligence du changement des attitudes des électeurs à la dernière
minute avant le vote.

Face à ces échecs, les méthodes ont été améliorées. Il fallait :


1. Mettre l’accent sur la sélection impartiale des personnes à interroger ;
2. Améliorer la qualité des questions à poser ;
3. Former les enquêteurs compétents et efficaces.

33
SECTION 1. LES TECHNIQUES DE SONDAGE DE L’OPINION PUBLIQUE

Le sondage d’opinion implique l’usage de certaines méthodes dans la détermination


de l’échantillon représentatif de la population étudiée.

Par exemple, si on étudie l’attitude des jeunes face à une maladie comme le SIDA,
on doit déterminer l’échantillon par quotas, on doit s’efforcer de constituer une petite
société composée des jeunes ayant la même répartition par âge, catégorie
socioprofessionnelle, sexe et lieu d’habitation, etc. que la population jeune.

Le critère d’excellence d’un échantillon, reste la représentativité et non la taille (la


composition de ces personnes c'est-à-dire le nombre de ces personnes). Il faut élaborer avec
soin le questionnaire et le plan d’enquête, faire un pré-test des questions avant de les poser
sur le terrain, il faut composer des questions concises, claires, directes et facilement
compréhensives. Savoir qu’un mot ou une expression donnée peut avoir plusieurs
significations selon la population interrogée.

Une question formulée de manière assez simple pour être comprise par tout le
monde, peut être trop simplifié pour quelqu’un de trop cultivé. L’ordre des questions peut
influencer les réponses. Les questions fermées peuvent être trop restrictives et les questions
ouvertes trop floues. C’est toujours bon de consulter les psychologues ou les linguistes pour
la rédaction des questions lorsqu’on cherche à faire ressortir les opinions majoritaires.

Il faut classer et analyser les résultats grâce aux techniques statistiques pour
dégager les tendances. Comparer les réactions d’un groupe de la population face à une
question, comparer le résultat d’enquête, les tendances d’opinion et comparer les réponses
aux différentes questions.
N.B. : Pour l’analyse comparative, il faut diviser la population en groupes de petite taille. Par
exemple les femmes universitaires membres actives des partis politiques comparées aux
hommes universitaires membres actifs des partis politiques.

SECTION 2. LA FIABILITE DE SONDAGE


a)La force du sondage

Dès l’origine, les sondages se présentent comme un miroir fidèle de l’opinion,


capable de réussir ce que personne jusque là n’avait réussi à faire : refléter au jour le jour les
états changeant de l’opinion publique. Les sondages peuvent s’analyser comme un dispositif
d’objectivation réussi de l’opinion. Leur résultat s’est imposé comme la nouvelle réalité de
l’opinion publique. Sans le sondage, la croyance socialement fondée qu’il existe une opinion
publique n’aurait peut être jamais reçu des contours précis et un statut politique stable.

34
Le succès des sondages repose en premier lieu sur un intérêt pratique. Ils sont un
formidable outil de pacifique ; ils évacuent la question difficile de la définition de l’opinion
publique et donnent corps à une croyance.

Les sondages se présentent d’abord comme une technique objective qui tire à eux
le prestige associé à la science mathématique. Ils ont su se ranger très tôt du côté de la
démocratie et se définir comme la voix du peuple.

Les sondages ont réussi aussi à prédire le résultat des élections et donner gage de
leur efficacité sociale. Une première force de sondage c’est d’être spontanément rattaché à
la science, la mathématique, la statistique, cela s’est manifesté à partir de 1936 aux Etats –
Unis avec la mise en place d’un ensemble de relation entre les instituts de sondage et les
universités.
La technique de sondage se rattache aux universités pour deux raisons :
- Elle produit tous les éléments de la démarche expérimentale, elle est une technique
standardisée, donc objective
- L’objectivité des résultats repose sur la quantification des énoncées.

Le succès de sondage a obtenu un énorme retentissement et la légende construite


progressivement jusqu’à effacer certaines erreurs commises.

b) Les modalités de diffusion des sondages

La publication et la diffusion d’un sondage en matière électorale par exemple


doivent s’accompagner de certaines indications établies sous la responsabilité de
l’organisme qui l’a réalisé:
- Le nom de l’organisme ayant réalisé le sondage ;
- Le nom et la qualité de l’acheteur du sondage ;
- Le nombre des personnes interrogées ;
- La ou les dates auxquelles il a été procédé aux interrogations.

Il doit être également mentionné le droit de toute personne à consulter la notice qui est
déposée auprès de la commission des sondages avant la publication ou la diffusion d’un
sondage. Cette notice doit préciser :

- L’objet du sondage ;
- La méthode selon laquelle les personnes interrogées ont été choisies, le choix et la
composition de l’échantillon ;
- Les conditions dans lesquelles il est procédé aux interrogations ;
- Le texte intégral des questions posées ;
- La proportion des personnes n’ayant pas répondu à chacune des questions ;
- Les limites d’interprétation des résultats publiés ;

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- S’il y a lieu la méthode utilisée pour en déduire les résultats de caractère indirect qui
seront publiés.

Par ailleurs, le texte intégral des questions doit désormais accompagner les données
diffusées et relatives aux réponses des personnes interrogées.

En France par exemple, il y a une commission de sondage chargée d’étudier et


de proposer des règles tendant à assurer dans le domaine de la prévision électorale,
l’objectivité et la qualité des sondages publiés ou diffusés.

La commission des sondages est composée de membres désignés par décret en


conseil des ministres, en nombre égal et impair, parmi les membres du Conseil d’Etat, de la
Cour de cassation et de la Cour des comptes. Elle comprend en outre deux personnalités
qualifiées en matière de sondages et qui n’ont pas exercé depuis au moins trois ans dans un
organisme réalisant des sondages.
La commission a tout pouvoir pour vérifier que les sondages sont réalisés et vendus
conformément à la loi. Elle peut également obliger les sociétés nationales de radiodiffusion
et de télévision à diffuser les mises au point en cas de diffusion de sondages d’opinion non
conformes à la loi.

Désormais les sondages ne peuvent plus être diffusés à compter de la veille de


chaque tour de scrutin ainsi que le jour de celui-ci.
Cette interdiction est également applicable aux sondages ayant déjà fait l’objet d’une
publication, d’une diffusion ou d’un commentaire avant la veille de chaque tour de scrutin.
Elle ne fait pas obstacle toutefois à la poursuite de la diffusion des publications parues ou
des données mises en ligne avant cette date. Enfin cette interdiction ne s’applique pas aux
estimations relatives aux résultats et qui sont données dès la fermeture du dernier bureau
de vote avant la proclamation des résultats.

SECTION 3. LES LIMITES DE SONDAGE

Dans cette section, nous voudrions présenter les limites ou les faiblesses des
sondages. Plusieurs critiques ont été formulées à l’endroit de la technique de sondage.
Parmi ces critiques, il y a celles qui remettent en question l’échantillon. Les tenants de cette
critique refusent d’accepter la généralisation du point de vue d’un petit membre.
 Le sondage est parfois le résultat des analyses erronées, superficielles et moins
rigoureuses
 En politique, le sondage favorise certains candidats, on peut voter ou refuser de
voter pour un candidat qui arrive en tête des sondages.

Pour Bourdieu, le sondage est un instrument contesté pour 5 raisons ci – après :

36
1ère raison

Le sondage interroge des personnes sur des sujets auxquels ils n’ont que très
rarement et véritablement réfléchi. Le sujet est donc imposé par la personne qui sonde
l’opinion.
2ème raison

L’enquête menée est une injonction à formuler un avis à propos d’un sujet donné et
ce même si on a aucun avis concernant le sujet de sondage. Ainsi, la personne interrogée est
obligée de donner une réponse au lieu d’avouer son ignorance.

3ème raison

Les réponses données sont d’autant plus artificielles qu’elles sont données sans
enjeux réels car, la personne interrogée sait que sa réponse n’aura pas de poids définitif.

4ème raison

L’opinion est l’expression collective des groupes, des rapports sociaux alors que le
sondage, qui exclut les mécanismes de formation de l’opinion, ne sont qu’une simple
addition des réponses individuelles.

5ème raison

L’agrégation statistique de jugements individuels revient à considérer que toutes les


opinions se valent. Cela revient à omettre que certaines personnes ont une opinion dûment
fondée alors que d’autres ignorent le sujet de l’enquête. Bourdieu pense donc que, le
sondage crée de toute pièce une opinion qui n’est que trompeuse.
Les principales critiques adressées aux sondages d’opinion portent moins sur leurs
défaillances techniques sur leur inaptitude à mesurer ce qu’ils prétendent mesurer, à savoir
l’opinion publique.
- Les sondages d’opinion agrègent sans distinction des opinions aux contenus en
information très hétérogènes. Selon Lindsay Rodgers, il est absurde d’interroger des
gens sur des questions à propos des quelles ils ne se sont pas interrogés, faute de
temps ou d’intérêts.
- La généralisation des sondages conduit à l’affaiblissement du poids des groupes
organisés dans la vie publique et l’opinion publique des sondages n’existe guère au
regard du pouvoir politique dans la mesure où l’opinion qui compte (auprès des
gouvernants) n’est pas forcement celle que comptent les instituts de sondage.
- Les sondages s’inscrivent dans le cadre des techniques de pouvoir auxquelles
recourent certaines autorités pour maintenir « un ordre démocratique. Pour
d’autres, les sondages permettent » le contrôle des citoyens.

37
C’est pourquoi Bourdieu insiste pour dire que l’opinion publique (des sondeurs)
n’existe pas. On peut dire que l’opinion publique (des sondeurs) n’existe que sur un plan
métaphysique (abstrait). Un sondeur à qui l’on demande d’identifier l’opinion publique sur
une question particulière peut faire deux choses. Il peut déclarer vaguement que l’opinion
existe quelque part soit il peut montrer ses tableaux de résultats. A l’aide de ses machines,
de son réseau d’enquêteurs, de ses calculs et de ses matrices, il réussit à convaincre la
société de l’existence de l’opinion dans son laboratoire.

Les sept propositions qui suivent le montrent, nous semble – t – il, assez
clairement :
a) Le sondage ne récence que des opinions privées, lesquelles sans lui avaient peu de
chances d’être exprimées sur la place publique ;
b) Le sondage recueille une opinion provoquée, réactive et non spontanée ;
c) Le sondage réunit des opinions atomisées, individuelles, et non organisées ;
d) Le sondage ne reconnait que des opinions verbalisées et ne prend pas en compte les
expressions symboliques ou violentes de l’opinion ;
e) Le sondage ne différencie pas les opinions selon leur degré d’intensité ou
d’engagement et admet que toutes les opinions sont de force égale ;
f) Le sondage ne différencie pas les opinions selon leur degré d’information ou de
compétence et postule que chacun possède une opinion sur tous les sujets ;
g) Le sondage n’attend pas forcément qu’une discussion ou une délibération ait lieu au
sein du public pour sonder l’opinion.

Face à ces critiques, l’important est de savoir si les techniques de sondage


apportent oui ou non une connaissance sur la société. Les sondages poussent les gens à
s’interroger sur les questions qu’ils n’auraient pas abordées. Ils sont un moyen d’expression
parmi tant d’autres pour les individus d’intervenir et de prendre part au débat public.

Pour autant qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas encore des outils de mesure des
pensées, des jugements collectifs exprimés publiquement par les citoyens du monde en
remplacement du travail que les sondages tentent tant bien que mal à entreprendre, cet
outil vaut son pesant d’or. Reste à l’améliorer, le perfectionner pour minimiser les critiques
et les inquiétudes du reste fondées sur leur rigueur et niveau d’impartialité.

SECTION 4. CONVERSATIONS ET MESURE DE L’OPINION PUBLIQUE

Il faut des éléments quantitatifs et qualitatifs pour mesurer l’opinion publique.


C’est dans les conversations qu’on puise les éléments qualitatifs que les sondages ne livrent
pas. Cette quête de dimensions qualitatives de l’opinion publique confirme l’intérêt pour
l’opinion publique latente : chercher à obtenir des explications, des raisons, à mesurer le
potentiel d’évolution des opinions, leur intensité, à hiérarchiser les valeurs. La politique, en

38
effet, est souvent un jeu de compromis : il importe donc de connaître l’importance relative
des préférences des citoyens (ce qu’un sondage permet rarement).

Les conversations où l’on puise cette information sont de deux ordres : les
conversations qu’on a avec des connaissances (proches, collègues) ou des inconnus, qu’elles
soient suscitées ou spontanées; les commentaires des citoyens envoyés aux médias :
courriels, lettres aux journaux, participation aux tribunes téléphoniques, aux forums et aux
blogues sur internet. Les conversations permettent de dépasser les capacités explicatives
limitées des sondages pour comprendre l’opinion publique. Le sondage étant un instrument
utile, mais incomplet. Les conversations qu’on a avec les gens à travers les groupes de
discussion dans un café, restaurant, rue, ajoutées au sondage, permettent d’appréhender
l’opinion publique. Les sondages étant incomplets, les conversations le complètent.

Les conversations sont un indicateur pour comprendre l’opinion publique. Elles


révèlent en fait une vision de la nature de l’opinion publique et du débat public. Juger les
conversations essentielles et la compréhension des opinions, c’est affirmer que l’opinion ne
peut être dissociée de son contexte social, de l’interaction entre individus. Bref, l’opinion
publique est une construction sociale. On peut bien être convaincu par son ami qu’il e passe
quelque chose au marché que par le ministre intervenant dans une conférence de presse.
Les conversations permettent aux gens de modifier et de faire évoluer leur opinion après les
discussions avec leurs collègues.

Par exemple, lorsqu’on fait un sondage, et ensuite on rappelle un certain nombre


de personnes sondées pour mieux comprendre leur opinion, on se réalise à quel point ces
personnes avaient donné des opinions aux sondeurs de façon très rapide, sans trop y penser.
Cependant, quand on leur repose la question plus longuement, on se rend compte que
quand elles se mettent à réfléchir, leur opinion se modifie un peu, puis quand elles parlent à
leurs amis ça va changer un peu. Donc le sondage est une radiographie qui manque
beaucoup de choses.

Il y a une délibération perpétuelle dans la société. La délibération est sur les lieux
de travail, dans les cafés, restaurants, services publics, auditoires, marchés… Chaque fois
qu’il y a des interactions, qu’on est dans des situations de prendre des décisions collectives à
petite ou grande échelle, il y a une délibération perpétuelle. A un moment donné, les idées
finissent par circuler, par prendre forme.

Le contenu des conversations est un complément essentiel aux résultats de


sondages, pour connaître l’opinion publique. Cependant, il faut prendre conscience des
limites de la représentativité des conversations: les conversations qu’on a avec les gens, plus
les sondages, donnent à un moment donné une idée de l’opinion publique… mais ça reste
assez vague. Les conversations sont un outil imparfait, mais il s’agit du seul outil pouvant

39
éclairer, fût-ce vaguement, certaines dimensions de l’opinion publique (et notamment de
l’opinion publique latente). La tentation de minimiser les limites à la représentativité est
donc grande. Par exemple, « si huit personnes sur 10 parlent, plusieurs personnes dans
plusieurs villages, quartiers, communes parlent (de la même chose), il y’a quelque chose qui
se passe. On est un peu dans l’impressionnisme, mais on ne pense pas facilement qu’on se
trompe.

NB. Les sondages ne suffisent pas à connaître l’opinion publique. Les conversations leur
permettent d’en apprécier certaines dimensions qualitatives, mais ils reconnaissent que
cette idée demeure vague, imprécise. Ces conversations ne sont pas récoltées de façon
systématique, et les journalistes comprennent qu’elles ne sont, conséquemment, pas
véritablement représentatives de l’ensemble de la population (quoique plusieurs
démontrent aussi une certaine tendance à minimiser l’importance de cette limite). Aucune
technique ne permet donc de connaître tout à fait l’opinion publique. Chacune ajoute
cependant des briques à l’édifice de leur public imaginaire, ou à ce qu’on appelle le « sens de
l’opinion publique ».

40
CONCLUSION

L’information et l’opinion publique sont deux notions intimement liées. Ces deux
notons sont en interaction. Elles mettent en scène ceux qui produisent les informations et
ceux qui les consomment.

L’influence des médias sur le comportement des individus ou des citoyens a fait
l’objet de plusieurs recherches en sciences sociales.

Parmi ces recherches, il y a celles qui considèrent que les publics sont intoxiqués par
les messages véhiculés par les médias. Cette école connue sous l’appellation seringue
hypodermique assimilent les médias aux agents qui bourrent le cerveau des citoyens par des
messages de la haine, des messages moins instructifs, moins intéressants, des propagandes,
etc. Cette vision est remise en cause par Paul Lazarfeld. Pour lui, les messages déversées par
les médias passent à travers un filtre culturel qui dépend des groupes d’appartenance des
individus (communauté ethnique, groupes religieux, syndicat, etc.). Il s’oppose donc à la
conception selon laquelle, les médias est un instrument d’intoxication. Pour lui, les médias
assument une fonction sociale, la fonction de régulation de la société. Le message transmis
par les médias est réinterprété par l’individu récepteur. Les médias permettent donc aux
individus de se faire une idée de la société et de former une opinion.

En ce qui concerne le sondage, considérer comme un moyen de mesurer l’opinion


publique, ils sont indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie. En effet, le
sondage permet aux dirigeants politiques de prendre la température de l’opinion publique
au cours de leur mandat. C’est pourquoi, certains dirigents au cours de mandat réorientent
leur projet en fonction de l’opinion majoritaire, se faisant, la démocratie se trouve
renforcée. Par contre, ceux qui critiquent les sondages pensent que ceux – ci (les sondages)
ne servent qu’à manipuler les personnes interrogées qui n’ont pas forcement les
compétences pour répondre aux questions. Les sondages amplifient le phénomène de rejet
car, le public autant que l’analyste manquent de recul pour juger de la validité des sujets
abordés. Le climat politique devient ainsi dépendant de sondage, de même que les actions
et les déclarations des dirigeants politiques.

Le sondage et les médias occultent certains sujets et placent d’autres en première


position. Quoi qu’il en soit, il convient de noter que les médias demeurent jusqu’à ce jours
des moyens privilégies de formation de l’opinion publique au regard de la masse et de la
qualité de l’information qu’ils mettent à la disposition des citoyens pour se faire un jugement
sur la conduite des affaires publiques. Aussi, les opinions exprimées par les citoyens sur les
questions liées à la gestion de leurs Etats, constituent des matières premières pour la
production des l’information. Les médias se ressourcent auprès des citoyens qui nuit et jour

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expriment publiquement leurs pensées sur la vie de leur cité. Donc, il y a une interaction
entre l’opinion publique et l’information.

Cette interaction est une ressource nécessaire dans la promotion de la démocratie


surtout en ce qui concerne le volet liberté d’expression, d’opinion et de pensée.

42
BIBLIOGRAPHIE

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43
44
Annexe

Charte de la qualité de l’information

Cette charte adoptée à Paris en 2008 est destiné à la profession journalistique et au


grand public.

Principe

Le droit à l’information est une liberté fondamentale de tout être humain, comme
le droit à la critique et à la libre expression affirmé par la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen, il est aujourd’hui garanti par la Constitution française et par la convention
européenne des droits de l’home.

Il n’est pas d’exercice de la démocratie sans une information honnête, rigoureuse,


fiable, pluraliste et responsable. Le droit du public à une information de qualité fonde la
légitimité du travail des journalistes telle qu’elle est reconnue par la loi du 29 mars 1935.
Une information de qualité détermine la confiance du public et qualifie la valeur des médias
qui les éditent.

La présente charte de la qualité de l’information s’inscrit dans le droit fil des chartes
qui ont structuré le débat sur les exigences d’une information libre et indépendante. Celle de
1918 et celle ratifiée par les syndicats européens de journalistes en 1971. Les éditeurs et les
journalistes signataires en portent aujourd’hui les valeurs.

L’éditeur désigne toute personne physique ou morale qui édite une publication de
presse, quel que soit son support. Le terme employé ici associe par nature l’ensemble des
entreprises de communication audiovisuelle ainsi que les agences de presse.

Le journaliste est celui dont le métier de rechercher des informations, les vérifier,
les sélectionner, les situer dans leur contexte, les hiérarchiser, les mettre en forme et
éventuellement les commenter. Il le fait au travers d’un média imprimé, radiodiffusé,
télévisé ou numérique, au moyen de textes, de sons, d’images ou animées.

Le média est le produit que fabriquent ensemble éditeurs et journalistes pour


diffuser des informations à destination d’un public. L ne peut y avoir de médias
d’information sans journalistes professionnels regroupés au sein d’une rédaction et sans
éditeurs.

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La mission essentielle que partagent les journalistes et les éditeurs est en toute
indépendance – de permettre à leurs concitoyens de mieux comprendre le monde dans
lequel ils vivent pour y agir e connaissance de cause.

L’éditeur et la collectivité des journalistes définissent en concertation les objectifs


éditoriaux auxquels ils souscrivent ainsi que les moyens de les mettre en œuvre. Ce « contrat
éditorial » fonde la relation de confiance entre eux et avec le public.

Les valeurs fondamentales de la vie démocratique fondent la présente charte de la qualité


de l’information :
4. L’honnête ;
5. Le souci de la vérité des faits ;
6. Le respect des personnes ;
7. Le respect de la diversité des opinions ;
8. Le refus de la manipulation des consciences ;
9. Le refus de la corruption ;
10. Le devoir de publier ce qui est d’intérêt public ;
11. Et, en toutes circonstances, la culture du doute.

Les équipes rédactionnelles et les éditeurs s’engagent à respecter ces principes et à


les faire prévaloir dans les médias où ils exercent.

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Recherche et traitement de l’information

Une information de qualité doit être exacte. La rechercher, la vérifier e la mettre en


forme nécessitent du temps et des moyens. L’approximation, la déformation doivent être
bannies, tout comme le mensonge, l’invention, la rumeur. Editeurs et journalistes s’obligent
à rectifier les erreurs qui ont pu être commises.

L’origine des informations doit être connue du public. Lorsque l’anonymat s’avère
nécessaire, éditeurs et journalistes en prennent la responsabilité.

La recherche des faits est conduite sans a priori, dans un souci d’équité et de neutralité. Ils
sont rapportés avec exactitude. Le résumé ou la synthèse ne peut justifier l’approximation.

Indépendance

L’indépendance est la condition principale d’une information de qualité. Une


indépendance à l’égard de tous les pouvoirs. Editeurs et journalistes s’obligent à prendre
recul et distance avec toutes les sources d’information, qu’elles soient institutionnelles,
associatives ou privées.

Les journalistes comme les éditeurs s’interdisent toute pratique pouvant conduire à
un « conflit d’intérêts » dans l’exercice de leurs fonctions ils refusent les avantages,
financiers ou autres, dans l’exercice de leur métier. Ils n’acceptent aucune consigne, directe
ou indirecte, des annonceurs publicitaires, comme des lobbies et des services de presse ou
de communication.

L’information de qualité ne s’épanouit que dans la liberté. Editeurs et journalistes


refusent toute censure. Face aux modes, aux affirmations péremptoires et aux idées reçues,
ils s’imposent de toujours cultiver le doute.

Respect des personnes et du public

Une information de qualité ne peut transiger avec le respect de la personne. Les


journalistes et éditeurs s’obligent à respecter la vie privée. Ils ne diffusent une information
dans ces domaines que si elle apparait nécessaire à la compréhension d’événements ou de
situations de la vie publique.

Les journalistes et les éditeurs ne sont ni des policiers. Ils respectent


scrupuleusement la présomption d’innocence. Ils ne forment pas un pouvoir mais un contre
– pouvoir. C’est dans le strict cadre de leurs fonctions qu’ils concourent à la recherche de la

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vérité. Le droit du public à connaitre cette vérité indépendamment de toutes pressions est
leur justification.

Les journalistes et les éditeurs affirment qu’il ne peut y avoir d’information de qualité sans
une relation de confiance avec le public qui la reçoit. Ils mettent en œuvre tous les moyens
qui permettent au citoyen de contribuer à la qualité de cette information :
12. Organisation d’un dialogue transparent sur la qualité éditoriale : courrier des
lecteurs, forum, médiateur, etc.
13. Garantie d’obtenir rectification publique quand la relation des faits est altérée ;
14. Capacité d’obtenir des précisions sur la façon dont a été mené le travail éditorial,
dans la seule limite de la confidentialité des sources et du secret professionnel.

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