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Grégory DERVILLE (2017), Le pouvoir des

médias
4e édition, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, Coll. « Politique en plus »
Imen Ben Youssef
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Grégory DERVILLE (2017), Le pouvoir des médias, 4e édition, Grenoble, Presses


universitaires de Grenoble, Coll. « Politique en plus »

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1Dans son ouvrage, Grégory Derville s’intéresse au pouvoir des médias ainsi
qu’aux rapports entre le champ politique et les médias. Les sociétés occidentales
ont connu au cours des dernières décennies la montée en puissance des médias.
Celle-ci se manifeste par l’engouement des ménages pour l’acquisition de
nouveaux appareils de communication, par la forte consommation des programmes
télévisés ainsi que par la hausse de fréquentation des sites Web et des réseaux
numériques. Ces bouleversements ont touché également le champ politique, qui a
dû adopter des techniques et des modes de fonctionnement particuliers dictés
souvent par les médias, les instituts de sondage et les conseillers en
communication.

2Dans la première partie du livre, l’auteur dresse un bilan des travaux réalisés sur le
pouvoir des médias dans le courant de la sociologie des médias. Derville ne s’est
pas limité à une simple énumération chronologique des différents courants
théoriques, il a également mis en évidence les points de convergence et les ruptures
entre eux. Il explique que la sociologie des médias s’est développée pour mesurer la
portée des effets des moyens de communication sur le public.

3Les premières études sur les effets des médias réalisées dans les années 1940 et
1950 ont accordé aux médias un pouvoir quasiment illimité pour modeler les
consciences et générer des émotions chez les récepteurs (Tchakhotine, 1939 ;
Packhard, 1958). Ces auteurs ont souligné l’influence directe, massive et immédiate
exercée par les médias sur les gens qui se rapproche du shéma stimulus-réponse de
Pavlov. Ces analyses ont été regroupées sous le paradigme des effets puissants.
Selon ce courant théorique, l’émetteur est le seul agent actif de tout schéma de
communication et le récepteur ne fait qu’absorber passivement ce qu’il reçoit. C’est
ce que postule Harold Lasswell dans sa célèbre question-programme formulée en
1948 : « Qui dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel effet ? »
4Les premières recherches empiriques réalisées par Paul Lazarsfeld et ses collègues
en 1944 introduisent une rupture importante par rapport au paradigme des effets
puissants en affirmant que les effets des médias sont variables et limités. En effet,
certains mécanismes peuvent limiter la portée de ces effets, à savoir les préférences,
les opinions des récepteurs, les groupes primaires qu’ils fréquentent et les statuts
qu’ils y occupent. C’est ainsi qu’on a vu naître le paradigme des effets
limités, largement reconnu durant des décennies. Dans l’enquête américaine
réalisée en 1944 lors d’une campagne électorale, Lazarsfeld constate que le choix
des électeurs dépend de celui du groupe primaire auquel il appartient. De ce fait,
l’expérience de vote apparaît comme « une expérience de groupe. Les gens qui
travaillent ou vivent ou se distraient ensemble sont enclins à voter our les mêmes
candidats » (Lazarsfeld et al., 1944 : 137). Les groupes d’appartenance exercent une
pression à la conformité, ce qui amène les électeurs à ignorer les messages déviants
par rapport aux opinions du groupe d’appartenance et à retenir seulement ceux qui
renforcent leur homogénéité. Les médias semblent alors impuissants à générer de
vastes effets de conversion dans le choix de vote, mais ils exercent toutefois une
forte influence sur le renforcement des opinions et des comportements des
électeurs.

5Dans les années 1940-1970, un nouveau courant de recherche fait son apparition :
l’école des uses and gratifications. Les auteurs qui s’inscrivent dans ce courant ont
analysé les usages que font les gens des médias ainsi que les attentes et
satisfactions recherchées — de manière consciente ou inconsciente — par
l’exposition aux messages médiatiques. Ce courant a permis de relativiser
l’influence des médias sur le public qui semble moins massive et indifférenciée que
le supposait les premiers courants. En effet, ce sont les caractéristiques
psychologiques, sociales et culturelles internes aux individus qui orientent leurs
choix de s’exposer certains messages plutôt que d’autres dépendamment des
attentes et des satisfactions recherchées suite à cette exposition (distraction,
évasion, sociabilité).

6D’autres travaux sont venus renforcer l’idée de l’influence relative des médias au
courant des années 1980-1990 : les études de réception. Les auteurs s’inscrivant
dans ce courant de recherche considèrent qu’un message est fondamentalement
polysémique et qu’il peut, de ce fait, se prêter à différentes formes d’interprétation.
Pour décoder les messages médiatiques, les individus mobilisent des ressources
interprétatives qui varient en fonction des milieux socioculturels auxquels ils
appartiennent.

7Le processus de décodage répond à plusieurs critères sociaux et culturels.

8Il va sans dire que l’histoire de la sociologie des médias remet en cause le
paradigme des effets puissants et de l’omnipotence des médias. Les travaux de
Lazarsfeld, les expériences de psychosociologie et enfin les études de réception ont
pu démontrer que l’influence des médias dépend de l’insertion des individus dans
des groupes sociaux, de leurs prédispositions psychologiques, de leurs attentes et
satisfactions ainsi que des codes culturels à partir desquels ils interprètent les
messages reçus.

9Dans le chapitre 2 de la première partie, l’auteur explique que l’effet des médias
sur le public ne doit pas être analysé de manière restrictive en assimilant l’influence
à l’efficacité, car il existe en réalité plusieurs formes d’influence politique
possibles. Les médias d’information contribuent à augmenter le niveau
d’information du public, ils peuvent modifier leur stock de connaissances, ils
peuvent influencer leurs visions du monde, leurs raisonnements. Toutefois, ces
mêmes médias sont capables d’orienter l’attention du public sur certains enjeux
précis et exercent de ce fait une hiérarchisation des priorités ; il s’agit du concept
d’agenda-setting proposé par Maxwell McCombs et Donald Shaw en 1972. En
s’exposant aux médias d’information, les individus sont « moins susceptibles de
mettre en marche les mécanismes de défense décrits par le paradigme des effets
limités » (Katz, 1989 : 80). Ils considèrent ces médias comme des producteurs et
diffuseurs d’information et non pas comme des vecteurs de propagande. Les
messages médiatiques véhiculés sont donc plus influents, car ils touchent l’aspect
cognitif et peuvent même exercer une influence sur le plan évaluatif, voire conatif.

10La théorie de l’agenda-setting a le mérite de rappeler que l’influence des médias


dépasse leur fonction de transmetteur d’information, mais réside dans leur capacité
à structurer les préoccupations et les connaissances du public. À défaut de dire aux
gens ce qu’il faut penser, les médias sont en mesure de dire au public « à quoi il
faut penser » en médiatisant certains problèmes plutôt que d’autres. Bien que
séduisante, l’hypothèse de l’agenda-setting n’a pas eu de confirmation empirique très
claire (Pasquier, 1994 : 67-69). Les résultats empiriques réalisés à partir de ce
paradigme ont montré les limites de cette théorie, comme en témoigne l’enquête
réalisée par Ray Funkhouser aux États-Unis en 1960 sur les rapports entre les
médias, l’opinion publique et les événements réels Funkhouser a pu démontrer
qu’il existe bien une relation entre le degré de préoccupation du public exprimé à
propos de certains thèmes et la quantité d’information consacrée par les médias à
ces mêmes sujets. Cependant, le sens de la causalité n’a pas été vérifié. Est-ce que
ce sont les médias qui attirent l’attention du public sur certains sujets et qui sont à
l’origine de l’évolution de l’opinion publique face à ces sujets ? Ou est-ce qu’au
contraire, les médias ne font que retranscrire les préoccupations des gens ? Certes,
la problématique de l’agenda-setting a le mérite de rappeler que l’influence des
médias réside non seulement dans la transmission des informations dans une
perspective persuasive, mais aussi dans leur capacité à hiérarchiser les
préoccupations et les connaissances du public. Les résultats empiriques paraissent
toutefois plus décevants et ne permettent pas de généraliser les résultats avancés en
1972 sur la capacité des médias à structurer l’opinion publique.

11En 1991, l’ouvrage de Shanto Iyengar pose une nouvelle problématique qui
complète le concept d’agenda-setting ; il s’agit du concept de cadrage, qui consiste à
présenter d’une manière particulière chacun des sujets abordés dans les médias. Le
choix des mots, des métaphores et des images par les journalistes contribue à
façonner l’opinion du public sur certains problèmes sociaux et politiques et favorise
par là même certains courants idéologiques et politiques. À travers l’effet de
cadrage, les médias tentent d’orienter le jugement du public sur un thème sans lui
enjoindre de manière explicite d’adopter un certain comportement ou une certaine
opinion. Ce phénomène de cadrage façonne nos catégories de perception et
contribue à la construction de la réalité qui nous entoure. « Les médias contribuent
à populariser, à amplifier et à cristalliser les stéréotypes sociaux qui circulent dans
le corps social à propos de certaines catégories de personnes, et en particulier, les
stéréotypes négatifs » (p. 66). Selon Peter Berger et Thomas Luckmann, le
décodage du monde se fait selon des « typifications » (1986 : 47-48) qui consistent
en des représentations simplifiées de certaines catégories d’individus (les
politiciens, les ouvriers, les jeunes, les Arabes, etc.) qui permettent de les
appréhender de manière rapide et systématique. Les médias font un tri dans les
événements qui surviennent dans le monde et sélectionnent ceux qui leur semblent
dignes d’être médiatisés en fonction de certains critères professionnels et
techniques, mais également en fonction d’intérêts idéologiques en lien plus ou
moins étroit avec des intérêts économiques ou sociaux. Au final, Derville note que
« nous ne sommes pas en contact, par l’intermédiaire des médias, avec le monde,
mais seulement avec certains fragments du monde, qui plus est abordés sous un
angle bien particulier » (p. 69). Ainsi, en attirant l’attention sur certains faits et
discours, les médias transmettent une image particulière de la réalité qui peut
favoriser certains groupes plutôt que d’autres en véhiculant et en légitimant leurs
idées et leurs actions.

12Après l’effet d’agenda-setting et l’effet de cadrage, un autre mécanisme mis en


évidence par Shanto Iyengar et Donald R. Kinder (1987) démontre l’influence des
médias sur le jugement du public ; il s’agit de l’effet d’amorçage qui consiste à
évaluer les partis et les acteurs politiques à partir de la position qu’ils prennent par
rapport au thème en question.

13Derville expose dans la suite du chapitre 2 les principales recherches effectuées


sur l’effet des médias et sur la manière dont ils structurent nos rapports au monde
qui nous entoure et nos relations avec les autres. Parmi ces recherches, le
paradigme technologique ou « médiologique » développé par Marshall McLuhan
en 1960 constitue une révolution dans le domaine de la sociologie des médias. En
effet, longtemps les chercheurs ont considéré les médias comme des conducteurs
neutres et se sont intéressés aux messages qu’ils véhiculent, alors que McLuhan
explique avec sa célèbre formule « Le message, c’est le médium lui-même » que le
pouvoir magique des médias réside dans le fait qu’ils constituent « des
prolongements de nos organes physiques et de notre système nerveux, destinés à en
accroître la force et la rapidité » (p. 114). En effet, les médias modifient nos
valeurs, nos perceptions, nos relations interpersonnelles, notre relation au temps et
à l’espace ainsi que notre vision du monde.
14Cependant, Derville souligne le pouvoir des médias à accentuer les disparités
entre les groupes sociaux et culturels, comme l’ont si bien formulé Philip Tichenor,
George Donohue et Clarice Olien à travers le concept de knowledge gap en 1970. En
effet, les personnes plus favorisées sur le plan socioculturel ont tendance à être
mieux équipées en technologies de communication, elles sont mieux informées,
elles sont plus attentives aux informations qu’elles reçoivent, plus critiques à
l’égard des médias que le sont les membres des catégories défavorisées. Les
nouvelles technologies de l’information et de la communication, et en particulier
Internet, semblent accentuer davantage le phénomène de knowledge gap, dans la
mesure où les utilisateurs d’Internet ont un profil particulier : ils sont généralement
plus jeunes, plutôt masculins et ils ont un capital culturel et scolaire élevé. Derville
explique que les raisons de cette fracture sociale sont d’abord d’ordre économique.
En effet, le matériel informatique et l’accès illimité à Internet représentent des frais
élevés pour certains, notamment pour les personnes vivant en zones rurales.
Toutefois, d’autres facteurs favorisent cette fracture numérique ; il s’agit des
facteurs socioculturels. L’utilisation d’Internet et des nouvelles technologies
recquiert la maîtrise de certaines compétences en informatique, en anglais, en
rédaction et en écriture, mais surtout des compétences en termes de gestion et de
traitement de l’information. Le flux continu d’informations diffusées sur
Internet peut embrouiller les individus dans leur quête d’informations fiables et
pertinentes et peut « provoquer l’inhibition du citoyen ou le mettre dans
l’impossibilité de se décider » (Vedel, 2003a : 209).

15Dans les années 1940, un nouveau courant d’analyse apparaît en sociologie des
médias : les cultural studies. Les représentants de l’école de Francfort, en particulier
Theodor W. Adorno et Max Horkheimer, se sont attachés à poser un regard critique
sur la culture de masse et sur la façon dont les médias et les industries culturelles
façonnent la société moderne. Les défenseurs de ce courant critique estiment que
les médias exercent un effet idéologique très puissant qui se révèle dans la
massification de la société, l’uniformisation des individus, la standardisation de
leurs idées et de leurs comportements, la diffusion de stéréotypes, etc.

16Le début des années 1970 a été marqué par un retour en force des études
critiques. Les défenseurs de ce courant adressent plusieurs reproches au paradigme
dominant des effets limités, « d’abord en raison de la conception trop restrictive de
l’influence qu’il adopte, mais aussi et surtout en raison de son conservatisme sur
plan social et politique » (p.73). Selon ce courant critique, non seulement les
individus sont inscrits dans des groupes primaires, mais également ils appartiennent
à de vastes groupes sociaux (classes sociales) qui façonnent en grande partie leurs
attentes à l’égard des médias et leurs réactions aux messages qu’ils reçoivent. Or,
ces groupes sociaux ne sont pas représentés de la même manière dans les médias.
Certains en sont exclus ou marginalisés, alors que d’autres groupes ayant des
ressources politiques, économiques, culturelles et symboliques plus grandes
dominent et arrivent à imposer leurs idées et leur vision du monde.
17Contrairement aux courants de recherche antérieurs qui considèrent seulement
les effets des contenus politiques, le courant des cultural studies estime que la
domination culturelle peut s’exercer par l’intermédiaire de contenus médiatiques
qui semblent relever du seul divertissement comme les variétés, les feuilletons, la
publicité ou les retransmissions sportives. Ce genre de programme diffuse des
grilles d’interprétation de la réalité, des modèles de pensée et d’interprétation qui
peuvent influencer certains segments du public. Dans le contexte médiatique actuel
où l’information se mêle au divertissement et où le débat se transforme en
spectacle, l’apport des cultural studies semble encore plus pertinent, notamment avec
l’explosion d’Internet.

18D’autres chercheurs (Curran, 1982 ; Cardon, 1995) ont étudié la contribution des
médias à la formation et à la transformation des identités individuelles et
collectives. À travers les programmes divertissants, certains modèles de pensée et
d’action valorisés socialement sont proposés aux individus et peuvent contribuer à
construire, à renforcer ou à faire évoluer leurs identités individuelles.

19Certaines recherches contemporaines se sont penchées sur la contribution des


médias au lien social différents niveaux d’analyse. Au sein de la famille, l’écoute
de la télévision constitue un moment pendant lequel les membres de la famille
échangent, discutent, confrontent leurs centres d’intérêt et leurs désirs. Sur le plan
amical et professionnel, la télévision constitue un objet privilégié de discussion
(Boullier, 1991). D’autres auteurs estiment qu’avec l’affaiblissement des grandes
institutions socialisatrices dans les sociétés modernes, la télévision crée un espace
de communauté invisible et impalpable. La réflexion sur la création de lien social
par l’intermédiaire des médias ne cesse de s’accentuer, notamment à la suite de
l’apparition dans les années 2000 des réseaux sociaux numériques qui permettent
aux usagers de partager des contenus, d’interagir et d’échanger avec d’autres
internautes.

20Dans la deuxième partie du livre, Derville s’est intéressé à l’influence des médias
sur l’organisation et le fonctionnement du monde politique. Dans cette partie,
l’auteur présente les nouvelles pratiques et les principaux acteurs du paysage
politique actuel en se basant sur des exemples concrets et des études empiriques. Il
souligne qu’il ne faut pas appréhender le rapport entre communication et politique
comme un rapport d’extériorité ; au contraire, la communication fait partie
intégrante de la politique.

21En effet, la médiatisation exerce une influence sur la vie politique sur plusieurs
plans, d’abord sur la sélection du personnel politique. Auparavant, l’exercice d’une
activité politique nationale exigeait d’avoir un certain nombre de ressources
partisanes et parlementaires. Avec la médiatisation, cette condition n’est plus
suffisante pour être un bon acteur politique. Il faut désormais savoir séduire un
public plus vaste, plus hétérogène, principalement formé par des individus peu ou
pas politisés. Cela suppose de maîtriser des qualités spécifiques, des savoir-faire et
des savoir-être. Il ne suffit plus d’être intègre, compétent et honnête, il faut surtout
savoir se mettre en scène et surligner ces qualités.

22De plus en plus de professionnels du conseil en communication politique


défendent l’idée qu’une carrière politique brillante requiert la maîtrise de l’art de
communiquer et une bonne gestion des apparences médiatiques. Cette compétence
exerce un effet direct sur le processus de recrutement du personnel politique par les
médias. Seules les personnes les mieux acclimatées à cette donne sont donc
avantagées. De plus, les acteurs de la médiatisation, aussi bien les conseillers en
communication que les journalistes et les sondeurs, concurrencent les partis et les
électeurs dans le choix des élites politiques, ils font le tri entre ceux qui sont
capables de mener une grande carrière politique et ceux qui ne le sont pas. Derville
note que les experts en médiatisation « se voient de plus en plus octroyer le droit de
décerner, du haut d’une sorte de magistère médiatique, les bons et les mauvais
points de communicateurs » (Georgakakis, 1995 : 90). Si une prestation médiatique
ne séduit pas les acteurs médiatiques, la femme ou l’homme politique aura plus de
difficulté à trouver le soutien des électeurs.

23Le poids des médias dans le processus de sélection du personnel politique est
également lié à leur capacité à modifier les cursus politiques. En France, sous la
Troisième et la Quatrième République, seuls les dirigeants politiques ayant suivi un
cursus politique classique (basé sur la reconnaissance des militants de base,
l’investiture pour les élections locales puis nationales, la consécration par les élites
du parti) pouvaient prétendre au pouvoir. Avec la Cinquième République, il y a eu
un changement de la donne : ne peuvent plus accéder au sommet de l’État que les
acteurs politiques ayant suivi un cursus moderne, c’est-à-dire ayant une expertise
acquise au cours d’un passage dans une des grandes écoles françaises. Les acteurs
politiques ayant suivi ce parcours universitaire sont avantagés par les journalistes
dans les médias audiovisuels, car leur formation leur permet de développer des
compétences et des savoir-faire pour s’exprimer facilement en public, convaincre et
séduire.

24Toutefois, Derville note que certains acteurs politiques n’ayant ni une forte
expérience militante ni un cursus universitaire brillant arrivent à occuper des postes
au sommet de l’État en s’appuyant sur une popularité acquise dans le monde du
sport ou les affaires (Bernard Tapis en France, Donald Trump aux États-Unis,
Silvio Berlusconi en Italie) et consacrée par les sondages. À ce titre, Derville parle
d’un renouvellement de la classe politique basé sur une sélection d’acteurs
légitimés par l’opinion publique et ayant des habiletés médiatiques.

25Par ailleurs, la pression de la médiatisation sur les professionnels de la politique


apparaît de manière flagrante une fois que ces derniers sont parvenus à des postes
de décision, notamment dans les situations de crise. Les acteurs politiques doivent
impérativement faire preuve de réactivité et savoir communiquer pour gérer les
problèmes suscités par les médias.
La médiatisation tend ainsi à susciter chez les acteurs politiques une forte
focalisation sur le court terme. Les médias exercent un impact important sur
l’activité interne du champ politique, et en particulier sur l’activité
gouvernementale, car ils font émerger des dossiers brûlants tout en appelant une
réaction rapide. Bref, ils influencent ou mieux encore bousculent l’agenda
politique, et surtout l’agenda gouvernemental (p. 109).

26L’apparition des sondages d’opinion sur les acteurs politiques, sur les projets
gouvernementaux ainsi que sur les sujets économiques et sociaux peut modifier les
rapports et les équilibres internes au champ politique. En effet, une fois que
l’opinion publique est mesurée puis relayée par la presse, les acteurs politiques
doivent convaincre leurs électeurs du bien-fondé de leurs décisions. Les résultats de
sondage peuvent fragiliser la position d’un acteur politique ainsi que son avenir
politique comme ils peuvent devenir une ressource et une force lui permettant de
s’imposer par rapport à ses concurrents. La légitimité politique octroyée par le
suffrage universel doit être alors continuellement confirmée et entretenue tout au
long du mandat politique, d’où la nécessité de maîtriser l’art de communiquer pour
démontrer son efficacité.

27Derville estime donc que pour faire face à la pression exercée par les médias et
les sondages d’opinion, tout acteur politique doit rendre visible son action dans les
médias. Les personnalités politiques doivent ainsi en permanence mettre en scène le
fruit de leur travail pour qu’il soit visible pour les journalistes et les citoyens.
« Tous essayent à longueur d’année, par leurs déclarations comme par leurs
décisions, d’occuper l’espace médiatique, en régissant au plus vite au moindre
événement sur lequel il est possible de rebondir, en s’engouffrant dans la moindre
fenêtre médiatique » (p. 114). De plus en plus, à l’ère des médias et des nouvelles
technologies de la communication, l’action politique est structurée selon un
impératif de visibilisation et de spectacularisation en vue de capter l’approbation
des médias et de l’opinion publique.

28Par ailleurs, tout professionnel de la politique doit prendre en considération les


opinions de l’électorat mesurées par les sondages. En effet, aujourd’hui, les études
d’opinion sont prises en considération dans le cercle politico-médiatique, elles sont
considérées comme fiables parce qu’elles sont effectuées selon des normes
scientifiques. Une fois rendues publiques et relayées par les médias, les opinions
des citoyens ne peuvent pas être négligées par les leaders politiques ; bien au
contraire, ces opinions doivent être intégrées à leurs programmes d’action et à leurs
déclarations médiatiques.

29L’influence des sondages d’opinion se révèle de manière flagrante en contexte de


campagne électorale. Ils constituent une sorte de tableau de bord permettant de
définir la stratégie et l’argumentaire électoral. Les sondages d’intentions de vote
permettent aux partis et aux candidats de connaître l’état des rapports de force
électoraux et leur évolution. Ils peuvent remettre en question la légitimité de la
candidature d’un acteur politique ayant de mauvais chiffres d’intentions de vote et
le pousser à se retirer de la course électorale en faveur d’un autre candidat.
L’influence des sondages en contexte électoral se fait également sentir sur les
thèmes de campagne ; ces sondages forment des outils de planification du
programme et déterminent les lignes d’action stratégiques.

30Devant l’influence exercée par les sondages d’opinion et les médias sur le jeu
politique, de nombreux acteurs en communication et plusieurs journalistes ont
dénoncé les « dérives » et les risques liés à la médiatisation. Les professionnels de
la politique semblent de plus obsédés par le souci de plaire par tous les moyens et
d’avoir la sympathie de l’opinion publique. Cela les incite à s’aligner de façon
servile sur les attentes et les préoccupations du public, à ne défendre que les
opinions ayant l’assentiment de la majorité. Ce caractère démagogique ressort dans
certains discours et certaines décisions des acteurs politiques ; il est dans certains
cas revendiqué ouvertement.

31Par ailleurs, cette course vers la popularité amène certains gouvernants à


consacrer de plus en plus de leur temps à intervenir dans les médias et à faire passer
la gestion politique des problèmes au second plan par rapport à la communication.
D’un autre côté, la pression exercée par les médias sur les acteurs politiques les
incite à gouverner au jour le jour plutôt qu’à proposer des mesures plus efficaces
sur la longue durée. Certains dirigeants politiques sont souvent « tentés de
repousser les mesures et les projets impopulaires après les élections, quand ils
auront le temps nécessaire pour le mettre en place, voire quand ce sera au
successeur d’en endosser la responsabilité » (p. 144). Derville admet toutefois que
la démagogie est à l’évidence plus répandue en période de campagne électorale et
que certaines décisions sont prises par les dirigeants politiques en dépit de
l’opposition d’une très large majorité de la population.

32Le processus de médiatisation de la politique a également entraîné des


transformations dans le discours des professionnels de la politique. En effet, le
développement des médias de masse a poussé les acteurs politiques à remplacer le
modèle de discours classique de type magistral par des formes de discours plus
souples, plus fluides et plus concrètes. Une telle évolution tient à plusieurs facteurs,
d’abord d’ordre technologique : la radio et la télévision constituent des supports de
communication différents de la presse écrite puisque le locuteur peut être vu et
entendu. Dans un contexte de prolifération des sources d’information et de
distraction, il devient de plus en plus difficile de capter l’attention du public. Les
professionnels de la politique doivent, en permanence, développer des discours
avec un contenu extralinguistique riche en théâtralisant leur exposition médiatique
par la posture du corps, les gestes, les mimiques, les regards, etc.

33Ils doivent aussi simplifier le discours de manière à ce qu’il soit compris par un
public fortement hétérogène sur le plan sociologique et sur le plan politique. « Pour
les experts en marketing politique, simplifier le discours politique consiste aussi à
provoquer des émotions dans l’esprit du public, à l’impressionner, à lui plaire, à le
séduire » (p. 166). Cet impératif de simplification s’illustre notamment dans les
slogans de campagne. Lors des campagnes présidentielles françaises au cours des
années 1950 et 1960, les affiches comportaient des slogans assez longs, riches de
sens sur le plan idéologique, alors qu’aujourd’hui, les candidats privilégient
l’image et un slogan simplificateur à l’extrême qui met l’accent sur des émotions
primaires comme la peur, l’espoir ou l’impatience.

34Au final, une croyance semble faire l’unanimité auprès des différents
intervenants dans le processus de médiatisation : la télévision oblige les utilisateurs
à faire court et simple et limite fortement les marges de manœuvre. Elle fait l’objet
de critique par rapport à l’appauvrissement du discours politique comparativement
à une ancienne époque où l’éloquence était considérée comme une qualité sine qua
non de tout leader politique.

35Dans le dernier chapitre de l’ouvrage, l’auteur analyse les transformations


structurelles du système politique qui sont entraînées par le processus de la
médiatisation de la politique. L’une des transformations majeures est la forte
personnalisation du jeu politique. Derville souligne qu’il s’agit d’un phénomène
nécessaire, qui existe depuis toujours, mais qui est toutefois souvent réducteur. Les
spécificités de la télévision impliquent des manières de faire particulières dans la
couverture de la vie politique. Contrairement à la presse écrite qui permet des
analyses plus détaillées des programmes politiques et des projets de lois, le modus
operandi de la télévision l’amène à se focaliser sur un faible nombre d’acteurs
politiques ayant une forte notoriété et une plus grande visibilité et à occulter
l’immense majorité des acteurs qui font le quotidien de la vie politique.

36Les enjeux et les débats politiques sont présentés non pas comme des
affrontements entre des intérêts, des idéologies ou des groupes, mais comme des
rivalités entre des personnes. « En se focalisant sur un faible nombre d’acteurs
politiques qui se caractérisent par leur notoriété et leur visibilité, le couple
médias/sondages fonctionne comme une loupe qui laisse dans l’ombre l’immense
majorité de ceux qui font le quotidien de la vie politique » (p. 176).

37D’un autre côté, la médiatisation politique semble accélérer le phénomène


d’affaiblissement du réseau militant. En effet, les médias ont contribué à
délégitimer et à fragiliser le rôle des militants dans la communication descendante ;
à travers les médias audiovisuels, les leaders politiques s’expriment et parlent au
peuple « les yeux dans les yeux » (Debray, 1991 : 324) sans avoir besoin
d’intermédiaire. Lors des campagnes électorales, le rôle le plus éminent est joué par
les conseillers en marketing politique, par les experts en sondage et les
publicitaires, tandis que les militants de base sont clairement mis à l’écart.

38En sens inverse, la remontée des informations entre les gouvernés et les
gouvernants n’est plus assurée par le réseau militant, mais par les sondages
d’opinion. Cela amène les militants partisans à remettre en question leur utilité au
sein des partis et même parfois à les déserter.

39Par ailleurs, la montée en puissance des médias et d’Internet a entraîné des


mutations autant sur le degré que sur les formes de participation politique des
citoyens. En ce qui concerne le degré de participation, les politistes sont mitigés.
Certains émettent l’hypothèse que la médiatisation réduit la participation politique
des citoyens. En effet, lors des campagnes électorales, les sondages d’intentions de
vote dissuadent les électeurs les moins motivés à aller voter puisqu’ils estiment que
les jeux sont déjà faits. Roland Cayrol (1993 : 435) croit que les médias de masse
ont tendance à détourner les individus de l’engagement militant, en les
convainquant de leur impuissance quant à la marche du monde. D’autres politistes
émettent l’hypothèse inverse, considérant que la médiatisation entraîne un
élargissement de la participation politique. Selon eux, les sondages offrent un
nouveau débouché pour l’expression d’une participation politique minimale des
citoyens peu politisés et peu actifs politiquement.

40Les médias de masse et les technologies de l’information et de la communication


ont transformé les formes de la participation politique des citoyens, comme l’a
décrit Jacques Ion dans La fin des militants :

Le modèle classique de l’engagement inconditionnel, chronophage et inscrit dans la


longue durée, dans lequel le militant est dévoué corps et âme à la cause qu’il a
épousée, est en très net déclin. En revanche, on voit se développer des formes
d’engagement plus individualistes, plus souples, largement émancipées par rapport
aux partis politiques, plus éphémères et marqués par le souci d’obtenir des résultats
concrets en faveur d’une cause bien précise (Ion, 1997 : 104)

41Les technologies de l’information et de la communication, en particulier Internet,


tendent à accroître la diffusion de ces formes de participation ponctuelles et
limitées au détriment des formes plus traditionnelles. Internet propose des
modalités de participation (cybermanifestations, pétitions en ligne, participation à
un réseau social de parti politique) moins contraignantes avec un coût d’entrée et de
sortie limité et un gain de temps. Petit à petit, le Web s’est imposé comme un
espace virtuel de mobilisation. Toutefois, Derville émet des réserves sur la portée
de ce type de participation politique. Selon l’auteur,

les cybermanifestations ne semblent guère susceptibles, pour l’heure en tout cas, de


déboucher sur des mouvements collectifs de grande ampleur et de produire des
effets de réalité en termes d’action publique, notamment parce qu’elles souffrent
d’un déficit de légitimité aux yeux des dirigeants politiques (p. 185).

42En outre, la montée en puissance des médias de masse a influencé les processus
de mobilisation collective. D’une part, les médias sont de plus en plus
instrumentalisés par les groupes en lutte pour mobiliser les sympathisants, pour
transmettre les informations et les mots d’ordre entre les militants et pour structurer
leur organisation (à l’interne). D’autre part, les médias sont utilisés comme
ressource stratégique et comme vecteur de visibilité pour récolter des dons et pour
inscrire les revendications à l’ordre du jour politique (communication externe).
Cependant, les médias peuvent prendre part aux luttes sociales en choisissant de
mettre en avant certains événements plutôt que d’autres.

43Aujourd’hui, les multiples potentialités permises par les médias et par Internet
débouchent sur une remise en question du principe même de démocratie
représentative et rendent possible la mise en place d’une démocratie directe où tous
les citoyens pourraient juger, sanctionner les décisions des gouvernants, et où ils
peuvent directement gouverner à travers un engagement politique quotidien.
Certains essayistes technophiles tracent même les contours d’une future démocratie
électronique. Derville estime que cette vision ambitieuse et enthousiaste se heurte à
des limites très importantes. En réalité, les internautes sont très peu actifs
politiquement, comme en témoignent les expériences de vote en ligne qui ont
donné des taux de participation aussi modestes que les élections classiques. Par
ailleurs, les internautes qui participent à la politique par l’intermédiaire d’Internet
sont peu représentatifs de l’ensemble de la population. D’un autre côté, les forums
de discussion sur Internet ne correspondent pas au modèle d’un débat démocratique
où priment le respect des points de vue ainsi que la recherche de la vérité et du bien
commun.

44Cet ouvrage a le mérite d’apporter des éclairages percutants sur les différents
courants théoriques ayant étudié l’influence des médias en sociologie. Derville ne
s’y limite pas à dresser un panorama chronologique des évolutions de la recherche
sur ce thème, il s’applique également à dégager les points de convergence et les
ruptures entre les principaux courants. Dans la deuxième partie, il analyse les
dynamiques entre les médias et le monde de la politique en se basant sur des
travaux empiriques ainsi que sur des exemples issus de l’actualité politique récente.

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Bibliographie
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Pour citer cet article


Référence électronique

Imen Ben Youssef, « Grégory DERVILLE (2017), Le pouvoir des


médias », Communication [En ligne], vol. 35/1 | 2018, mis en ligne le 26 février 2018,
consulté le 06 mars 2019. URL :
http://journals.openedition.org/communication/7473

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Auteur
Imen Ben Youssef

Imen Ben Youssef est docteure en Communication à l’Institut de Presse et des


Sciences de l’Information (Université de Tunis) et membre du LabCMO à
l’UQAM. Courriel : ibenyoussefkhroufl@gmail.com

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