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https://www.researchgate.net/publication/286745582_Image_Bite_Politics_News_and_the_Visual_Fr
aming_of_Elections
4 Brunet François, « Théorie et politique des images : W. J. T. Mitchell et les études de visual culture
», Études anglaises, 2005/1 (Tome 58), p. 82-93. DOI : 10.3917/etan.581.93. URL :
https://www.cairn.info/revue-etudes-anglaises-2005-1-page-82.htm
publié, or à notre époque,il est désormais techniquement possible pour les photographes
amateurs de créer du matériel photo/vidéo compatible avec les médias (l'exemple de la vidéo
de l'assassinat de l’américain George Floyd filmé par un téléphone portable et diffusée par
tous les médias). Ces développements ont conduit à un changement fondamental de l'état de
la communication visuelle dans la deuxième moitié du siècle dernier, ce changement a été
caractérisé par Mitchell dans ses travaux ‘d’un virage visuel’ dans la communication
politique, c'est-à-dire un virage vers le pictural au détriment du textuel.
Un autre argument qu’on trouve dans la littérature et qui sert à expliquer cette domination
accrue de l’image dans la communication politique est lié à la neurologie et au cerveau
humain, ainsi des travaux réalisées par Marie-Laure Gavard-Perret5 ont montré que l’image,
comme un instrument de communication, est supérieure au verbale et au textuel. Les
destinataires se souviennent mieux et plus longtemps des images et se sentent
émotionnellement beaucoup plus impliqués par les représentations imagée que les
informations textuelles. De plus, les images jouissent de plus de crédibilité, selon Baggaley et
Duck6, les gens tendent de faire plus de confiance au visuel par rapport au textuel.
En outre, La communication politique visuelle peut, non seulement, être plus efficace
émotionnellement et mémorisable que l'information textuelle /verbale, mais elle permet
également "une compréhension plus complète et sans erreur de l'information". En fait, Doris
A. Graber a montré dans ses recherches que les acteurs et les sujets politiques traités par des
émissions télévisées sont mieux compris et mémorisés par le public que les autres acteurs ou
sujets politiques faisant l’objets d’une autre forme de représentation.7
L'effet de supériorité d'image est particulièrement important lorsque les images et les mots
constituent un ensemble cohérent, car, comme le montre une étude réalisée par Gibson et
Zillmann8 , les destinataires sont plus susceptibles de se souvenir des messages contenus dans
les images. Dans ce contexte, il est intéressant de noter les techniques utilisés par les médias
5
Gavard-Perret, Helme-guizon, L'imagerie mentale: Un concept à (re)découvrir pour ses apports en
marketing, Recherche et Applications en Marketing, 2003.
https://www.researchgate.net/publication/275425280_L'imagerie_mentale_Un_concept_a_redecouvrir
_pour_ses_apports_en_marketing
6 Duck, S. W., & Baggaley, J. (1975). Audience Reaction and Its Effect On Perceived Expertise.
Communication Research, 2(1), 79–85. https://doi.org/10.1177/009365027500200105
7 https://www.researchgate.net/publication/258125316_Say_It_with_Pictures
8 Gibson Rhonda, Zillmann Dolf, Reading between the Photographs: The Influence of Incidental
Pictorial Information on Issue Perception, Journalism & Mass Communication Quarterly -
JOURNALISM MASS COMMUN, VOL 77
https://www.researchgate.net/publication/254120249_Reading_between_the_Photographs_The_Influ
ence_of_Incidental_Pictorial_Information_on_Issue_Perception/
afin d’associer image et message verbale/textuel dans leur couverture politique, ainsi des
chercheurs, notamment F.Esser dans son article Dimensions of Political News Cultures:
Sound Bite and Image Bite News9, compare la proportion de ‘piqûres sonores’ , c'est-à-dire
les citations ou déclarations verbales courtes et concises des politiciens, et les soi-disant
‘piqûres d'images’ , c'est-à-dire des représentations visuelles ainsi que de courts clips vidéo
de candidats politiques. Les piqûres d'images montrent généralement les politiciens sur
l'image sans qu'ils parlent, tandis que d'autres matériels auditifs sont diffusés; par exemple,
des explications par un commentateur ( une technique utilisée massivement par les médias
américains). Depuis les années 2000, il y a eu une diminution constante de la durée des
piqûres sonores et une augmentation des piqûres d'images. Par exemple, dans une étude
réalisée par Bucy et Grabe sur la couverture médiatique de quatre élections présidentielles
américaines10, les deux chercheurs ont pu montrer que la part des piqûres d'images
augmentait continuellement et constituait également la plus grande part des reportages. Les
médias favorisent de plus en plus l’usage des morsures d'image au détriment des déclarations
verbales des politiciens qui ne cesse de diminuer. L’exemple frappant est la couverture de la
chaîne américaine FOX News de la campagne électorale de 2016 durant laquelle une image
d’une Hillary Clinton souffrante a été utilisée comme un arrière plan pendant que des
intervenants s’interroge, sans aucune preuve tangible, sur son état de santé. Dans ce genre de
couverture l’image servait de preuve. Cette hégémonie de l’image a poussé plusieurs
chercheurs à essayer de construire des modèles pour analyser et expliquer ses effets sur
l’objet politique.
L’image en politique, un objet de recherche
La recherche en communication politique s’intéresse, généralement, à la manière dont les
sujets politiques sont présentés et comment cette représentation affecte le destinataire, le
citoyen. Pour un simple téléspectateur toutes les couvertures politiques se rassemblent, mais
les chercheurs sont armés par des approches théoriques et des modèles d’analyse servant à
analyser et à décortiquer la représentation de l’objet politique. Dans la littérature nous
trouvons des dizaines de théories et approches: le cadrage, l'agenda de second niveau ou la
perspective des effets, et de la recherche d'amorçage…
9
https://www.researchgate.net/publication/50916596_Dimensions_of_Political_News_Cultures_Sound
_Bite_and_Image_Bite_News_in_France_Germany_Great_Britain_and_the_United_States
10
https://www.researchgate.net/publication/286745582_Image_Bite_Politics_News_and_the_Visual_Fr
aming_of_Elections
Le bref aperçu suivant de ces approches se concentre sur la représentation des politiciens et
des sujets politiques du point de vue de la recherche en communication politique visuelle.
Une grande partie des études en sciences de la communication consacrées à l'analyse du
contenu en termes de médias visuels sont affectées à la recherche sur le cadrage, notamment
les travaux de Marcel Burger dans le cadrage de la communication dans les médias11. En
général, les cadres peuvent être compris comme des modèles d'interprétation. Selon l'une des
définitions du cadrage les plus citées: les cadres se composent de quatre éléments, selon
Entman, le cadrage signifie la sélection et la mise en évidence de certains aspects de la réalité
qui sert à définir un problème spécifique , attribuer ses causes à une partie, évaluer son poids
moral et suggérer des actions pour le réparer. Le cadrage s’intéresse également à la
représentation visuelle des politiciens. Ici, il est non seulement examiné quels acteurs
apparaissent dans le reportage et à quelle fréquence, mais aussi si les catégories d'intérêt au
niveau de la présentation (telles que les aspects affectifs, par exemple l'expression faciale, les
gestes) sont positives, négatives ou neutres. À cet égard, non seulement le contenu et le
discours politique qui est pris en compte , mais aussi la saillance du politicien. Et c’est ce qui
a poussé plusieurs auteurs, comme Barrett et Barrington dans leur article Bias in Photograph
Selection12, à parler d’un biais de couverture imagée et visuelle vu que les médias peuvent
influencer l’image et la saillance de l’intervenant comme ils peuvent éliminer certains aspects
du problème/des reportages de leur couverture.
La perspective des effets examine, essentiellement, les influences résultant des cadres visuels
ou des attributs visuels sur les destinataires. En ce qui concerne les représentations
personnelles, il est principalement analysé comment les attributs visuels de l'agenda
médiatique (ou le biais du message visuel ) affectent l'évaluation des traits de personnalité et
de caractère et / ou des impressions et émotions du destinataire. Une distinction claire entre
les deux approches n'est pas possible. Les deux traitent de la façon dont les coupures de
réalité mises en évidence par les médias, c'est-à-dire les cadres ou les attributs, sont
transférées à la conscience du destinataire13. Une hypothèse est que la consommation
d'images positives (ou négatives) de politiciens, l'importance des informations favorables (ou
défavorables) augmentent la sensibilité de destinataire et influence largement ses attitudes et
ces perceptions vis-à-vis des politiciens ou des affaires politiques particulières.
11 https://journals.openedition.org/communication/3064
12 https://www.jstor.org/stable/3595646?seq=1
13 Jean Charron,LES MÉDIAS ET LES SOURCES:Les limites du modèle de Y agenda-setting,
Université Laval, Québec,
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/15209/HERMES_1995_17-18_73.pdf
La recherche sur l'amorçage, à son tour, concerné, par exemple, la manière dont la saillance
et la posture des politiciens, mises en avant par les médias, influence le choix des citoyens.
Sur la base de leur analyse documentaire, Olivola et Todorov parviennent à la conclusion
suivante: "En effet, la littérature fournit des preuves solides qu'un... vote semble être motivé,
au moins en partie, par les images qui projet de politiciens (même involontairement). "14
Du coup nous pouvons conclure que l’instrumentalisation de l’image dans la communication
politique influence et les attitudes et les comportements des citoyens, ces effets ont conduit
plusieurs chercheurs à questionner le rapport entre image, politique et démocratie.
Image, politique et démocratie
Généralement parlant, la communication a pour objectif de transmettre un message, or, ce
que nous constatons en étudiant la littérature c’est que la communication politique, surtout
celle assurée par les médias, dépasse cette mission traditionnelle - la transmission de
l’information- en créant une nouvelle. Armés par des techniques comme le cadrage et
l’amorçage..., les médias manipulent l’information brute pour désinformer, orienter, ou pour
simplement capturer l’attention du destinataire. De ce fait, il est légitime de questionner les
effets de cette médiatisation et visualisation accrue de la communication politique sur les
processus politiques et surtout sur la démocratie.
Une fois l’ordre démocratique a été établi; pour le légitimer, le pouvoir doit être exercé par
ceux que la société considère, librement, comme les plus adaptés et qualifiés à l’exercer.
Dans ce contexte, l’image politique est importante, car elle est le résultat d’un processus de
promotion et de diffusion permettant à un politicien de se présenter à la société et de lui
fournir les informations dont elle a besoin pour s’assurer qu'il est le mieu apte pour exercer ce
pouvoir. Idéalement parlant, l'image doit servir à promouvoir des femmes et des hommes qui
savent remplir les fonctions de représentation et de leadership politique dans une société.
Ce jugement de la société est basée sur cette image manifestée par le politicien, truquée
l’image et le message c’est truquée la volonté et refusée à la société son libre choix.
WL Bennett, RM Entman, dans leur livre Mediated politics: Communication in the future of
democracy15, nous explique comment la couverture médiatique biaisée et l’utilisation massive
des images et des matériels visuels sont l’une des causes de la crise de la démocratie libérale:
14
https://www.researchgate.net/publication/223886882_Fooled_by_First_Impressions_Reexamining_th
e_Diagnostic_Value_of_Appearance-Based_Inferences
15
https://www.researchgate.net/publication/275300030_Mediated_Politics_Communication_in_the_Futu
re_of_Democracy_Edited_by_W_Lance_Bennett_Robert_M_Entman_Cambridge_UK_Cambridge_U
niversity_Press_2001_xxvii_489_pp_7495_hard_2995_soft
la détérioration des institutions politiques, le manque de crédibilité et de confiance dans les
politiciens, le discrédit du gouvernement et le manque d'autorité morale des responsables
politiques, sont le résultat de la mauvaise perception que les citoyens ont de la politique et en
particulier des partis et des acteurs politiques. Une mauvaise perception qui trouve son
origine dans la manière dont les acteurs et les affaires politiques sont représentés par les
médias.
De plus, lorsqu'un candidat est identifié comme corrompu sans preuve, lorsque sa vie privée
est exposée publiquement, lorsque la vérité fait défaut, lorsque des agissements mineures sont
qualifiée de scandales majeures par les médias; la détérioration dépasse la réputation et
l’image de ce politicien pour entacher le prestige des institutions politiques qu'il représente.
D'où l'importance d'une image optimale de la politique et donc l'importance de transmettre, à
travers cette image, confiance, certitude et crédibilité aux citoyens.
Georges balandier, dans son article la politique à l’épreuve de l’image16, nous explique
comment cette détérioration de l’objet politique est également la responsabilité des
politiciens. Ces derniers, conscients du poids de l’image dans la politique, ont compris
comment jouer le jeu et profiter des médias pour réaliser leurs fins, pensez aux élections
américaines où des milliards sont dépensés dans des événements médiatiques et des
publicités, où chaque candidats est entouré par des dizaines de conseillers médiatiques, tous
oeuvrant pour créer un show susceptible de convaincre d’audience et faire élire leurs
candidats, en le présentant comme un modèle ou comme une star ou en discréditant ses
adversaires. Du coup, le citoyen se trouve perdu, et résiste mal aux drames politiques, cette
confusion crée une méfiance qui se traduit souvent par un éloignement de l’objet politique.
Conclusion
L’image et le visuel en communication politique dominent de plus en plus. De nos jours, la
politique s’exerce à travers les images, ces dernières constituent un instrument permettant aux
médias et aux politiciens de s’adresser aisément au public. Tellement ce lien entre
communication politique et image est devenu banal que beaucoup d’entre nous trouverons
beaucoup de difficulté à imaginer une vie politique hors des images, des vidéos et des
médias. Or, et comme nous l’avons déjà signalé, les images et la communication politique
visuelle peuvent avoir des effets considérables. À ce stade, beaucoup de recherche ont montré