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De la sorte, les éléments de l’environnement sont l’air, l’eau, le sol, les ressources
naturelles, la faune et la flore, sans oublier les paysages. Cette conception rejoint d’ailleurs
celle du Droit International Public.
des additifs alimentaires, par la dioxine, par des farines animales, sans oublier l’exposition
de travailleurs et de populations à des substances dangereuses (drame de l’amiante).
Les premiers hommes, peu nombreux et dépourvus de moyens techniques, ont vécu
pendant longtemps en harmonie avec leur milieu, comme les autres animaux.
Aujourd'hui, il y a plus de six milliards d'hommes sur Terre, et certaines régions sont
surpeuplées. Les besoins en terres cultivables, en matières premières et en sources
d'énergie croissent constamment et les moyens techniques permettant de modifier ou même
de détruire le milieu ont une puissance considérable. En outre, les hommes se concentrent
dans des villes dont l'air est de plus en plus pollué et ils perdent le contact avec la nature.
1.Effet de serre :
L'utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) libère dans
l'atmosphèreune partie du carbone qui était stocké dans le sous-sol sous la forme de
carbone fossile. La teneur de l'atmosphère en gaz carbonique était, semble-t-il, resté stable
pendant des siècles et était de l'ordre de 290 parties par million (ppm). Elle a augmenté,
depuis 1850 environ, et est aujourd'hui de 350 ppm. Ce changement important provoque
déjà des modifications de l'état général de la biosphère, et entraîne en particulier une
amplification de l'effet de serre. Depuis 1850, la température moyenne de la surface du globe
a ainsi augmenté de près de 1 °C. Les spécialistes prévoient que, si l'augmentation de la
teneur de l'atmosphère en gaz carbonique continue à ce rythme, l'élévation de température
sera dans un siècle comprise entre 2 °C et 6 °C.
Si rien n'est fait pour enrayer ces rejets de gaz carbonique, la fonte d'une partie des
glaces polaires entraînera une élévation du niveau des mers (estimée à 80 mètres en
l'an 2100), ce qui submergera des régions littorales, dont certaines sont très peuplées.
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Le gaz carbonique n'est pas le seul gaz capable d'augmenter l'effet de serre. Le
méthane, dont les émissions ont pour origine la décomposition organique anaérobie
(rizières, sols, décharges) et la fermentation microbienne de nourriture dans l’appareil
digestif des animaux d’élevage, ainsi que les chlorofluorocarbones (CFC) ont le même effet
et sont, eux aussi, libérés dans l'atmosphère en quantités croissantes.
L’augmentation de ces gaz à effet de serre est à relier d’une part à l’augmentation
de la population mondiale, et d’autre part au développement des techniques industrielles et
aux besoins qu’elles impliquent.
2. Couche d'ozone :
Il existe dans la stratosphère, vers 40 km d'altitude, une couche d’ozone (O3) qui
est formée par des réactions photochimiques : combinaison d’oxygène moléculaire (O2) et
d’oxygène atomique (O) libéré par le rayonnement solaire. Cette couche d'ozone arrête une
grande partie des rayons ultraviolets solaires et sans elle aucune vie ne serait possible sur
Terre. Une diminution inquiétante de la quantité d'ozone au-dessus de l'Antarctique a été
détectée entre 1970 et 1980. Cette destruction de l'ozone est liée à l'utilisation dans diverses
industries (climatisation, réfrigération, solvants, aérosols) de composés à base de fluor et de
chlore (le plus connu étant le Fréon) que l’on appelle communément les
chlorofluorocarbones (CFC). Les CFC, dont la durée de vie est de 60 à 120 ans, s’élèvent
jusqu’à la stratosphère, où les rayons solaires les dissocient, libérant leur chlore très réactif
qui brise les molécules d’ozone. Chaque molécule de chlore peut détruire jusqu’à
100 000 molécules d’ozone sans disparaître pour autant.
3.Pluies acides :
Les pluies acides sont, comme l'effet de serre, une conséquence de l'utilisation des
combustibles fossiles. Elles sont provoquées par les rejets de dioxyde de soufre (ou gaz
sulfureux) et d'oxyde d'azote dans l'atmosphère lors de la combustion qui a lieu dans les
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centrales thermiques, les chaudières de chauffage central ou les véhicules à moteur. Ces
produits, en présence des rayons ultraviolets solaires, réagissent avec la vapeur d'eau
atmosphérique et avec des oxydants comme l'ozone, se transformant en acide sulfurique et
en acide nitrique qui sont entraînés loin de leur lieu de production par les courants
atmosphériques. Ces particules acides se déposent et s’accumulent sur les feuilles des
arbres, puis sont lessivées par la pluie ou la neige. Ce lessivage entraîne alors une
augmentation de l’acidité dans le sol.
L'acidité se mesure en déterminant le pH, qui est d'autant plus bas que l'acidité est
plus forte. Les pluies normales ont un pH moyen de 5,6. Par définition, les pluies acides sont
celles dont le pH est inférieur à 5,6. Dans le nord-ouest de l'Europe, le p H moyen des pluies
est aujourd'hui de 4,3 et on a enregistré aux États-Unis un pH record de 2,3, égal à celui du
vinaigre.
1.Pollution atmosphérique :
Un phénomène voisin des pluies acides est celui de la pollution de l'air des villes par
le dioxyde de soufre provenant de la combustion de combustibles fossiles dans les
chaudières de chauffage et par les oxydes d'azote rejetés avec les gaz d'échappement des
véhicules à moteur. L'air pollué des villes contient de l'ozone, des oxydes d'azote et de
l'acide sulfurique. Dans certaines agglomérations, comme Los Angeles ou Athènes, situées
dans des régions ensoleillées, il se forme fréquemment une couverture grisâtre - renfermant
des gaz toxiques - due aux réactions photochimiques activées par les rayons solaires. Ce
brouillard toxique est connu sous le nom de « smog ».
Les pesticides sont des produits destinés à lutter contre les insectes nuisibles
(insecticides), les mauvaises herbes (herbicides) ou les champignons nuisibles (fongicides).
La mise au point après 1945 d'insecticides de synthèse appartenant au groupe des
hydrocarbures chlorés (dont le plus connu est le DDT) et leur utilisation massive dans la lutte
contre les insectes ravageurs des cultures et nuisibles à l'homme, ont eu des effets
catastrophiques. Ces insecticides sont très stables et ils résistent pendant des années à la
dégradation.
3.Pollution nucléaire :
Même si les essais des armes nucléaires dans l'atmosphère ont été arrêtés par la
plupart des pays, éliminant une source importante de pollution radioactive, celle-ci demeure
cependant un sujet inquiétant. Les centrales nucléaires ne dégagent que des quantités
limitées de déchets radioactifs dans l'air et dans l'eau, mais les risques d'accidents
subsistent et les problèmes liés au stockage des déchets sont loin d’être résolus. L'accident
en 1986 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, située alors en URSS et aujourd'hui en
Ukraine, doit inciter à la plus grande prudence.
4. Pollution de l'eau :
L'approvisionnement en eau potable, déjà mal réparti, est devenu difficile dans
beaucoup de pays. En effet 1 p. 100 seulement de l'eau présente sur Terre peut être capté
dans la nappe aquifère ou dans les rivières tandis que 97 p. 100 de cette eau se trouvent
dans les océans, ce qui la rend inutilisable (sauf si l'on emploie une méthode coûteuse, le
dessalement de l'eau de mer).
De plus en plus rare et infectée par le fait de la pollution, l’eau devient insalubre
dans plusieurs régions du monde où son utilisation cause des maladies qui tuent dix millions
de personnes chaque année.
L'homme gagne progressivement du terrain sur des régions restées intactes -ou
presque- et inhabitées, s'étendant jusqu'aux contrées autrefois considérées comme
inaccessibles. Des besoins en énergie sans cesse croissants conduisent à l'exploitation
pétrolière des régions arctiques, mettant en péril le fragile équilibre des écosystèmes qui
constituent la toundra. Une catastrophe comme celle du naufrage sur les côtes de l'Alaska
du pétrolier Exxon Valdez, en 1989, a provoqué des dégâts considérables dans la riche
faune marine de cette région (voir hydrocarbures, pollution par les).
6.Déforestation :
L'érosion des sols s'accélère sur tous les continents et elle concerne entre un
cinquième et un tiers des terres cultivées. Elle représente une menace considérable pour
l'approvisionnement en nourriture.
8.Accroissement démographique :
l'impossibilité pour beaucoup de pays de subvenir aux besoins alimentaires de leur population
malgré la recherche de nouvelles terres cultivables, de plus en plus rares (aujourd’hui, un
homme sur cinq est mal nourri) ;
La nouvelle répartition mondiale met en présence des pays industrialisés divisés sur
la question de l’environnement. Ainsi, à Rio, George Bush affirme qu’il privilégiera l’économie
sur l’écologie ; il ne signe pas en conséquence la convention sur la biodiversité, qui aurait pu
heurter le monde des affaires. Le Japon, lui aussi, reste en retrait, ne voulant pas donner
l’impression de profiter de l’isolement des Etats-Unis.
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Il est le seul grand Etat à ne pas avoir envoyé son Premier ministre, et refuse de
porter son aide à 0,7%, il signe en revanche les conventions relatives au climat et la
biodiversité. La CEE, relativement homogène, est handicapée par son manque de moyens.
Mais les pays scandinaves, la France et l’Allemagne s’engagent à consacrer 0,7% de leur
PNB à l’aide publique et au développement. Les pays du sud sont eux aussi divisés, l’OPEP
se démarque en s’opposant violemment à la taxation des combustibles fossiles.
Enfin, ne pouvant aider le tiers monde, mais ne pouvant pas non plus prétendre à
l’aide financière de l’ONU au tiers monde, les pays de transition, les pays de l’est
notamment, sont confrontés au coûteux désastre écologique révélé par la faillite de l’empire
soviétique.
Le nouvel ordre écologique est donc calqué sur le nouvel ordre mondial, et risque
de renforcer la domination des membres du G7 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie,
Etats-Unis, Canada et Japon). Il est révélateur que les négociations aient achoppé sur des
orientations décisives concernant les multinationales ou la recherche ; de même, des sujets
aussi importants que l’impact de la dette et les négociations au sein du Gatt (General
Agreement on Trade and Tariffs) ont été exclus.
3. Absence d’unanimité :
La conférence de Rio, comme toutes les autres conférences internationales, n’a pas
suscité l’adhésion, ni de l’ensemble des nations, ni de la totalité de la communauté
scientifique ; la controverse scientifique, déjà largement évoquée dans la première partie, a
été flagrante à Rio, elle évoquait la responsabilité des chercheurs face aux menaces pesant
sur le milieu naturel, en particulier lorsque ces dernières sont liées aux contraintes du
développement.
Le débat a été lancé par une déclaration signée à Heidelberg par environ 200
scientifiques et intellectuels du monde entier, dont une soixantaine de prix Nobel, déclaration
présentée au début de la conférence de Rio par un académicien brésilien.
La controverse existe donc plus que jamais, elle pose désormais le problème de la
science en termes politiques, dans ses rapports avec les pouvoirs publics d’une part, avec
l’industrie de l’autre.
Si la fin des années 1980 marque la prise de conscience planétaire des risques
environnementaux et de la nécessité d'assurer la protection de l'environnement, il n'en
demeure pas moins que cette protection s'avère difficile à mettre en place en ce que
l'écosystème présente également un enjeu économique.
Alors que, depuis le milieu des années 1960, les scientifiques lançaient des cris
d'alarme quant à la détérioration de l'environnement du fait des activités humaines
polluantes et que des catastrophes écologiques marquaient les opinions publiques (Torrey
Canyon, 1967 ; Seveso, 1976 ; Amoco Cadiz, 1978, Bhopal, 1984, Tchernobyl, 1986, Exxon
Valdez, 1988, …), la communauté internationale n'a commencé à véritablement réagir qu'à
la fin des années 1980 (la première conférence des Nations Unies sur l'environnement s'est
tenue en 1972, mais elle a été sans retombées immédiates sur le plan juridique, bien qu'elle
ait posé des principes qui sont toujours pertinents). Pourquoi un si tardif prise de
conscience ? D'une part, parce que les mouvements écologistes ne jouaient pas un rôle
déterminant dans les années 1970−1980 ; d'autre part, en raison de la multiplication des
catastrophes technologiques au cours de la décennie 1980. Le mouvement s'est très
rapidement accéléré à partir de 1987.
L'appel était lancé pour l'élaboration d'un véritable droit de l'environnement et non
plus la simple adoption de mesures sectorielles et fragmentées. On va ainsi évoluer d'un
droit « à» l'environnement à un droit « de» l'environnement. La distinction est importante. Le
droit « à» l'environnement - le droit à un environnement sain - a tout d'abord été affirmé en
tant que droit de l'homme. Il appartient aux droits de l'homme qualifiés de « troisième
génération», parmi lesquels se trouve le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le droit
à la paix, le droit au développement... Il s'agit de droits à la fois individuels et collectifs, en ce
sens que, s'ils concernent directement l'être humain, ilsne peuvent être mis en œuvre que
par le biais d'une concertation internationale. L'existence de ce nouveau droit « à
l'environnement » et, surtout, l'importance qu'il revêt au sein des droits de l'homme sont
clairement consacrées par la Déclaration de La Haye du II mars 1989 sur la protection de
l'atmosphère, dont le premier paragraphe dispose: « Le droit de vivre est à la base de tous
les autres. Sa garantie est un devoir absolu pour les responsables de tous les États du
monde. Les conditions même de la vie sur notre planète sont aujourd'hui menacées par les
atteintes graves dont l'atmosphère est l'objet. » De cette obligation d'assurer le respect du
droit à un environnement sain découle tout naturellement l'émergence d'un droit «de»
l'environnement, ayant pour objet d'assurer la protection de la biosphère.
nécessitant d'adopter une approche transversale de tous les domaines, qu'ils soient
économiques, techniques. Ainsi, les objectifs du millénaire pour le développement, établis en
2000 par les Nations Unies se fixent notamment pour but d' « inverser la tendance actuelle à
la déperdition des ressources environnementale » (cible 9 de l'objectif 7) et de « réduire de
moitié d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un
approvisionnement en eau potable » (cible 10 de l'objectif 7), (cf. annexe 3).
Au plan régional, des mesures sont également adoptées. Ainsi, l'article 174 du
Traité instituant une communauté européenne dispose : « 1. La politique de la Communauté
dans le domaine de l'environnement contribue à la poursuite des objectifs suivants: la
préservation, la protection et l'amélioration de la qualité de l'environnement, la protection de
la santé des personnes, l'utilisation prudente et rationnelle des ressources naturelles, la
promotion, sur le plan international, de mesures destinées à faire face aux problèmes
régionaux ou planétaires de l'environnement. 2. La politique de la Communauté dans le
domaine de l'environnement vise un niveau de protection élevé, en tenant compte de la
diversité des situations dans les différentes régions de la Communauté. Elle est fondée sur
les principes de précaution et d'action préventive, sur le principe de la correction, par priorité
à la source, des atteintes à l'environnement et sur le principe du pollueur-payeur. »
Cette idée, déjà ancienne: a été affirmée, bien que l'expression n'ait pas été
employée, pour la première fois à l'égard de l'espace extra-atmosphérique (article 1erdu traité
sur les principes régissant les activités des États en matière d'exploration et d'utilisation de
l'espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, 27 janv. 1967 :
«l'exploration et l'utilisation de l'espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres
corps célestes, doivent se faire pour le bien et dans l'intérêt de tous les pays, quel que soit le
stade de leur développement économique ou scientifique; elles sont l'apanage de l'humanité
toute entière »). Par la suite, la notion a été étendue aux valeurs artistiques et culturelles
(Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, 23 nov. 1972, dont
l'article 6 dispose que le patrimoine culturel et naturel «constitue un patrimoine universel
pour la protection duquel la communauté internationale tout entière a le devoir de coopérer
»), à la science (mais pas à la technologie), a la Zone des grands fonds marins et à leur
sous-sol (Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982), aux ressources
génétiques végétales (qualifiées de patrimoine commun de l'humanité par la FAO en 1989 et
2001). Toutefois, on assiste, depuis quelques années, à une appropriation et à une
marchandisation de ces ressources.
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Le monde est divisé en 211 États, chacun est souverain sur son territoire, ce qui
implique qu'en principe chacun dispose d'un titre exclusif sur les ressources de son territoire
et est compétent pour développer des politiques et des législations régissant l'accès et
l'exploitation de ces ressources (cf supra chapitre 6). En outre, les États disposent de droits
souverains et d'une compétence limitée sur la zone économique exclusive. Cela laisse un
certain nombre d'espaces sur lesquels aucun État ne dispose d'un titre ou d'une compétence
exclusive: la haute mer, ainsi que ses fonds et sous-sol,l'espace extra-atmosphérique et
l'Antarctique. Enfin il faut noter qu'aujourd'hui un certain nombre de ressources sont
considérées comme partagées. Bien qu'il n'y ait pas de définition internationalement établie
des « ressources naturelles partagées», on s'accorde néanmoins sur leur contenu: les
systèmes hydrographiques internationaux, certaines masses d'air et les espèces
migratrices(telles que les thons et les tortues).
Considérations générales
L'appropriation des ressources naturelles est considérée comme une extension des
droits étatiques souverains. En outre, la protection des droits de propriété privée se reflète
de manière croissante dans les instruments internationaux visant à protéger les
investissements étrangers. En résumé, ce que ces développements semblent mettre en
évidence, c'est une extension des droits de propriété étatique aux dépens de la propriété
commune (propriété commune qu'implique la notion de « patrimoine commun de l'humanité
») et un rôle croissant du secteur privé, encouragé par la protection juridique des intérêts
privés.
Ces deux domaines d'évolution sont influencés par deux facteurs, l'un politique,
l'autre technologique. Le facteur politique tient à la transformation profonde de la pensée
politique et économique au niveau national. Les idées de Mme Thatcher ou de M. Reagan
dans les années 1980, de MM. Bush, Blair et Chirac dans les années 2000, visant à « faire
reculer les frontières de l'État », à redéfinir les relations entre l'État et les particuliers, ont
conduit à mettre en œuvre une économie de marché radicale dans presque tous les champs
d'activités. Cela a mené à une privatisation de pans entiers de l'économie nationale, allant de
l'eau aux ondes hertziennes en passant par les transports et l'électricité. Quoique l'on pense
de cette idéologie et de ses conséquences, son caractère désormais dominant dans la
pensée politique actuelle ne fait pas de doute, ce qui n'est pas resté sans conséquences sur
les relations internationales et le droit international public.
La Zone
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L'objet de ces changements est d'introduire le concept d' « économie de marché» dans
les champs d'activités internationales. Ce concept vise à encourager la maximisation des
profits privés et des activités du secteur privé. La fonction rédistributive de l'Autorité et de
l'Entreprise, telle qu'elle devait résulter du nouvel ordre économique international, est
remplacée par le principe du marché.
Cet exemple est intéressant en ce que l'on note une transformation des droits
d'accès et d'utilisation des ressources génétiques, vers une sorte de « privatisation»
internationale (au sens d'étatisation).
étaient réunies pour que les propriétaires potentiels les États revendiquent leurs droits et
s'approprient des ressources qui, en réalité, étaient celles de la communauté internationale
dans son ensemble.
Les premiers pas en ce sens ont été faits dès 1991: une résolution de la FAO
réinterprète la notion de « patrimoine commun de l'humanité» en affirmant que ce concept
était « sujet à la souveraineté des États sur leurs ressources génétiques végétales ». Il y a là
une nette contradiction entre les droits de la communauté internationale d'une part, et les
droits des États d'autre part. La tendance à l'étatisation de ces ressources s'est confirmée
l'année suivante avec l'adoption de la convention de 1992 sur la biodiversité. Elle établit un
régime Juridique étrange: l'accès aux ressources génétiques végétales doit se faire dans
des conditions ayant fait l'objet d'un accord mutuel entre l'État et l'entreprise intéressée; les
États parties doivent légiférer « pour assurer un partage juste et équitable des résultats de la
recherche et de la mise en valeur ainsi que des avantages résultant de l'utilisation
commerciale et autre des ressources génétiques avec la Partie contractante qui fournit ces
ressources» (art. 15-7). Cela implique, par exemple, que si une entreprise pharmaceutique
obtient des ressources génétiques à Madagascar, une partie des bénéfices doit être
rapatriée en fonction de ce qui a été convenu dans l'accord - à Madagascar. Ainsi, ce que
vise la convention de 1992, ce sont les conditions de la « marchandisation » des ressources
génétiques végétales couplée avec une « dés−internationalisation », une « étatisation» des
droits sur ces ressources au bénéfice, entre autres, des pays hôtes (en général des pays en
développement).
Allant dans le même sens, le 3 novembre 2001 un accord international sur les
ressources génétiques agricoles et alimentaires a été signé. Le texte règle l'accès aux
ressources génétiques agricoles et établit un système multilatéral de partage des
bénéficiées liés à leur exploitation. Le traité ne contient plus de référence au patrimoine
commun de l'humanité.
Dès la fin du XIX siècle, le chimiste suédois Arrhenius prédisait une augmentation
de la température de la terre, en raison de l'utilisation de combustibles fossiles par
l'industrie. Cependant, à cette époque, on n'envisageait pas ce réchauffement comme
susceptible d'entraîner des conséquences dangereuses pour l'écosystème, telles l'élévation
du niveau des mers, la dégradation des sols, la multiplication des catastrophes climatiques
(tornades, ouragans ...). En 1988, le Programme des Nations Unies pour l'environnement
(PNUE) et l'Organisation météorologique mondialeont institué un Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (Intergovernmental panel on climate change).
Sa mission est d'évaluer, de façon méthodique, claire et objective, les meilleures
informations d'ordre scientifique, technique et socio-économique à ce sujet dont on peut
disposer à l'échelle du globe. Son premier rapport d'évaluation, publié en 1990, a confirmé
les informations scientifiques sur lesquelles étaient fondées les préoccupations relatives à
l'évolution du climat. Il a amené l'Assemblée générale des Nations Unies à élaborer une
Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée en 1992 et entrée
en vigueur en mars 1994. Que prévoit cette Convention? Globalement, elle engage les États
développés à ramener leurs émissions de gaz à effet de serre à leurs niveaux de 1990(à cet
égard, il est intéressant de noter que l'article 3 de la Convention met en œuvre le principe de
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Cette convention, outre l'engagement des États à réduire leurs émissions, prévoit,
en s'inspirant du modèle du Protocole de Montréal de 1987 sur les substances qui
appauvrissent la couche d'ozone, un accord global basé sur la marchandisation du dioxyde
de carbone et d'autres émissions dans l'atmosphère.Ce système est largement influencé par
les États-Unis, qui ont mis en place un système de commerce des émissions de dioxyde de
soufre en droit interne.
En 1995, ont été déterminées, dans le cadre de la conférence de Berlin, des lignes
directrices sur la « mise en œuvre conjointe» ; de plus, la conférence a engagé les États
parties à la Convention à adopter, avant la fin 1997, un protocole définissant des objectifs de
réduction et un calendrier plus détaillés et prêts à être exécutés par les pays en
développement, tout cela dans un contexte scientifique de plus en plus alarmant. Ainsi, en
décembre 1997, les États parties à la convention de 1992 ont souscrit au protocole de Kyoto:
il établit des objectifs et un calendrier de réduction spécifiques pour les pays industrialisés:
réduction de 8%pour l'Union européenne, 7% pour les États-Unis, 6 % pour le Japon et des
augmentations autorisées de 10%pour l'Australie et l'Islande (annexe B).Ces objectifs
doivent être atteints pour la période 2008-2012 (art. 3, § 1); toutefois, une certaine marge de
flexibilité est envisagée dans leur réalisation.Ce protocole ne prévoit en revanche aucun
calendrier ni objectif pour les pays en développement.
Donc, si une entreprise française investit dans une nouvelle centrale électrique en
Inde, centrale, par exemple nucléaire, qui aurait pour effet de réduire les émissions de
dioxyde de carbone en Inde de 1 00 tonnes par an, alors une partie de cette réduction serait
créditée en retour sur les obligations de la France.On notera à cet égard que le 13 octobre
2003, la Communauté européenne a adopté une directive mettant en place, au niveau
intracommunautaire, un système d'échange de quotas d'émissions de gaz à effet de serre,
Vingt ans après Stockholm, la Conférence des Nations unies sur l'environnement et
le développement (également appelée Sommet de la Terre), qui s'est tenue en juin 1992 à
Rio de Janeiro, a introduit une nouvelle dynamique en donnant notamment naissance à de
nouvelles conventions multilatérales sur l'environnement: la convention-cadre des Nations
unies sur le changement climatique, la convention sur la diversité biologique et la convention
sur la désertification.
Pour la première fois, un grand nombre d'États (171) se sont réunis pour débattre
de l'avenir de la planète et ont adopté un plan en faveur du développement durable (Action
21).
Enfin, le deuxième Sommet de la Terre qui a été jugé décevant, s'est tenu à Johannesburg
en 2002. Le Sommet mondial sur le développement durable a permis de mesurer le chemin qui reste
à parcourir. Avancés d'entre eux» ainsi que les « situations dans lesquelles l'élimination ou la
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réduction des restrictions et des distorsions des échanges serait bénéfique pour le
commerce, l'environnement et le développement»,
- 1982: La convention de Montego Bay sur le droit de la mer qui comporte des
dispositions relatives à la protection et à la préservation du milieu marin. Cette convention
des Nations unies sur le droit de' la mer a été adoptée le 10 décembre 1982.
À Kyoto, les pays dits «de l'annexe 1» (les États membres de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE), les pays d'Europe de l'Est, l'Ukraine
et la Russie) se sont engagés à limiter de 5 % en 2012 leurs émissions de gaz à effet de
serre par rapport au niveau de 1990. Trois mécanismes sont définis par le protocole de
Kyoto :
Entré en vigueur en février 2005, le protocole de Kyoto a été ratifié par plus de 160
États. Parmi les pays riches, l'Australie et les États-Unis sont les seuls États à ne pas l'avoir
ratifié.
1994 : La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification adoptée
à Paris le 17 juin 1994.
Six pays de la zone Asie-Pacifique (États-Unis, Chine, Australie, Inde, Japon, Corée
du Sud) ont dévoilé, le 28 juillet 2005, un plan environnemental parallèle au protocole de
Kyoto visant à réduire les effets de serre.
Les six pays signataires, qui représentent à eux seuls presque la moitié des
émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, ont décrit leur initiative comme un
complément au protocole de Kyoto. Cet accord non contraignant doit conduire les États à
réduire leurs émissions de GES en privilégiant des échanges de technologie.
Le 12 janvier 2006, les États-Unis ont conclu avec .la Chine, l'Australie, l'Inde, le Japon et la
Corée du Sud un partenariat prévoyant en particulier des échanges technologiesc.
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1°/ Définition
C'est une action politique violente, un moyen de pression à laquelle recourent les
individus ou de minorités organisées contre des personnes, des biens ou des institutions
pour exprimer une revendication. Il se distingue, selon Patrice GUENIFFEY, des autres
formes de violence politique par sa nature délibérée. Il est, selon l'auteur précité, une «
stratégie qui vise à terroriser un sujet afin de le contraindre ou de le soumettre en annihilant
en lui toute faculté d'action ou de résistance, et cela, non par la souffrance ou la mort, mais
par le spectacle de la souffrance et de la mort infligées préalablement à un certain nombre
de victimes éventuellement choisies selon le principe du hasard»1 .
Pour cet auteur, il existe un rapport étroit entre violence et terrorisme au point qu'il
n'est pas permis d'opérer une confusion quant à leur utilisation. En effet, « tous les actes
terroristes sont violents» alors que « tous les actes de violence ne sont pas terroristes» ; si
bien que « dans le terrorisme, la violence est un moyen », alors que « dans la violence, la
terreur est un effet»2. La violence terroriste, note-il, « est déterminée par un calcul et vise à
produire certains effets en vue d'une fin déterminée. Peu importe que cette fin soit ou ne soit
pas rationnelle; peu importe que le terrorisme ne permette quasiment jamais d'atteindre le
but recherché. Le terrorisme est rationnel indépendamment de ses effets réels; il est
rationnel en ceci que le terroriste choisit délibérément ce moyen en fonction d'un calcul
même erroné, sur le coût respectif des moyens disponibles, rapporté à la fin qui est la sienne
»3. « La violence (lynchage, massacre ou assassinat), poursuit l'auteur, met en scène deux
acteurs, le tueur (...) et sa victime (...) ; le terrorisme exige toujours au moins trois acteurs: le
terroriste, la victime qu'il frappe, enfin la cible qu'il s'agit d'atteindre ... Il y a toujours trois
protagonistes, et c'est l'existence du troisième, autrement dit la distinction entre la victime et
la cible, qui fonde la rationalité de cette stratégie» 4. Le terrorisme a pour autre particularité
«d'être une stratégie de la communication: la violence y est toujours un message adressé à
la cible visée, même si une partie du public, à commencer par les victimes, peuvent ne
jamais en connaître la teneur»5.
Les types d'actions auxquelles recourent les terroristes sont la guérilla urbaine
marxiste-léniniste dans les pays industriels, la guérilla rurale dans les pays en
1
GUENIFFEY Patrice, « Généalogie du terrorisme contemporain », in Le Débat, n0126, 2003, p. 158
2
Ibidem
3
Ibidem
4
GUENIFFEY Patrice, art.cit., pp.158-159
5
Idem, p.159
~ 23 ~
Les objectifs du terrorisme peuvent être très variés: obtenir de l'argent (C'est le cas
de différentes actions qui ont permis à l'OLP de gagner de l'argent. C'est aussi le cas de la
prise d'otages, de différentes primes versées par les compagnies aériennes pour éviter les
détournements d'avions, des versements des pays pétroliers qui réglaient toutes les
livraisons d'armes soviétiques et qui alimentaient le budget de l'OLP, ...), tuer des
personnalités qui risquent de gêner leur action (Les premières victimes seront les modérés
de l'OLP partisans d'un dialogue avec Israël. On se rappelle aussi des attentats contre de
nombreux diplomates de plusieurs pays et ceux contre Ronald REAGAN et le Pape Jean
Paul Il), tuer pour tuer, faire peur aux populations des pays occidentaux et conduire les
gouvernements à composer avec les terroristes (attentats dans la rue, dans les trains, dans
les magasins, dans les bateaux, détournement des avions), obtenir l'autonomie, renverser le
régime établi, lutter contre certains aspects de la politique économique d'un Etat, provoquer
le durcissement de l'appareil étatique afin d'en affaiblir les bases et la légitimité
démocratique, ...7
Les motifs qui conduisent au choix du terrorisme comme moyen d'action sont variés.
Il s'agit surtout de déstabiliser les sociétés civiles et les gouvernants par la peur, de pousser
les appareils étatiques à prendre des mesures répressives impopulaires, d'éliminer les
personnalités gênantes, de faire pression sur l'opinion publique et parfois, de camoufler
l'action d'un Etat derrière les terroristes. Le terrorisme peut aller jusqu'à la remise en
question de l'ordre politique social existant ou jusqu'à déclencher la révolution. Nous disons
tout de même que le terrorisme pourrait être une arme des lâches dont les auteurs préfèrent
opérer dans la clandestinité plus obscure au point de faire périr les innocents.
Les Etats démocratiques et libéraux, dont la culture dominante accorde une grande
valeur à la vie humaine, à la propriété des biens et à la paix sociale offrent un terrain très
favorable aux actions terroristes. La relative liberté d'action et de circulation, l'urbanisation
rendent plus difficiles les réponses policières au terrorisme. Ce sont aussi des sociétés très
médiatisées, au sein desquelles la terreur est amplement diffusée par les medias, qui
peuvent ainsi servir indirectement la cause terroriste.
6
Lire, à cet effet, DIUR Katond, Introduction aux relations internationales, Université de Kinshasa, 2004, pp.185-191
7
DIUR Katond, op.cit, p. 95 ; Lire aussi GOUNELLE Max, Les relations internationales, Paris, 3éme éd. Dalloz, 1996, p. 127
8
GOUNELLE Max, Idem, p. 128
~ 24 ~
Avant de clore ce point, notons que la guerre et le terrorisme sont deux formes
de violence figurant à l'agenda de la « grammaire des relations internationales ». Ils sont
tous deux l'expression d'une lésion. Le terrorisme s'entoure souvent de l'anonymat pour
poser ses actes surprises et des fois suicidaires afin d'infléchir la position de celui vers qui
l'action est destinée tandis que le guerrier est mieux identifié car appartenant à une armée
régulière bien connue. Par contre, le conflit et la crise servent de thermomètre pour évaluer
la température dans l'appréciation d'une guerre qui pointe à l'horizon pour l'une ou l'autre
raison. Ceci nous amène naturellement à examiner les causes de la guerre.
Le terrorisme s'en prend à toutes les valeurs, notamment celles défendues par les
Nations Unies: respect des droits de l'homme, primauté du droit, protection des civils,
tolérance entre les peuples et les nations, et règlement pacifique des conflits ... Cette
menace n'a cessé de grandir ces dernières années. Les réseaux transnationaux de groupes
terroristes opèrent sur toute la planète. Cette nouvelle forme de terrorisme, ayant des
~ 25 ~
Les terroristes doivent nécessairement s'appuyer sur des structures fortes pour
mener leurs actions. Lorsqu'ils occupent et maîtrisent un espace territorial conséquent, et se
transforment en guérilleros, ils ont un accès à des ressources capitales: en Angola, en
République démocratique du Congo, en Afrique occidentale, les diamants et les ressources
minières alimentent de façon quasi inépuisable leur « trésor de guerre », En effet, le trafic de
ces matières n'est pas difficile, ce qui permet aux mouvements de recueillir des sommes
élevées. Le trafic de stupéfiantspermet également de mobiliser de fortes sommes d'argent;
qu'il s'agisse de la culture de l'opiumen Afghanistan et en Birmanie, de la cocaen Colombie
... tous ces trafics, très lucratifs, entretiennent par le biais des consommateurs européens et
américains notamment - les mouvements terroristes. Dans certains cas, des individus
disposant d'une imposante fortune, tels Oussama ben Laden, assurent la logistique.
Les attentats ayant frappé les États-Unis le II septembre 2001 sont des actions qui,
bien que particulièrement meurtrières et médiatiques, n'en ont pas moins usé de techniques
anciennes. Ainsi, des avions ont déjà été détournés à l'aide d'armes blanches(cf,dans les
années 1970, les actions commises par l'Armée rouge japonaise, groupe d'inspiration
marxiste-léniniste radical) ; les attentats-suicides sont des pratiques relativement courantes
(Tigres tamouls au Sri Lanka, Ramas ou Djihad islamique en Palestine ...).
Cependant, ce qui suscite les plus vives inquiétudes est l'éventuelle acquisition par
lesorganisations terroristes d'armes de destruction massive. De telles armes sont, pour ainsi
~ 26 ~
dire, en vente libre sur le marché: missiles balistiques, missiles de croisière, produits
cyanurés, virus, toxines ... Ces craintes sont justifiées. En effet, les vagues d'arrestations au
sein de la mouvance djihadiste en 2002 ont mis en évidence des tentatives d'attentat au
cyanure. Toutefois, l'une des armes biologiques les plus dangereuses est la ricine (6000 fois
plus toxique que le cyanure et pour laquelle il n'y a pas d'antidote connu) : de très faibles
quantités sont suffisantes, ce qui rend sa détection difficile.
Depuis les attentats du II septembre 2001, on ne parle plus de terrorisme, mais d' «
hyper-terrorisme ». notion permettant d'évoquer l'organisation en réseaux qu'est Al-Qaida,
utilisant les moyens technologiques et financiers modernes pour relier des individus et des
groupes terroristes indépendamment de toute base territoriale fixe. Certes, il est toujours
possible d'identifieret de localiser quelques camps d'entraînement et des infrastructures,
abrités par des États plus ou moins complices, mais l'immatérialité de l'organisation favorise
son adaptabilité. Dans ces conditions, comment lutter efficacement contre ces nébuleuses?
Deux modalités d'action sont envisageables: soit unilatéralement (cf.l'intervention des États-
Unis immédiatement après le 11 septembre 2001 contre les talibans afghans, puis en Irak),
mais les faits montrent que cette technique n'est pas efficacecontre le terrorisme; soit par le
biais d'actions multilatérales. Dans cette seconde hypothèse, trois actions doivent être
impérativement menées en parallèle: d'une part, établir une définition juridique du
terrorisme, d'autre part, criminaliser son financement, enfin, globaliser la répression pénale.
définir et de justifier les moyens choisis pour le contrer. Cependant, un constat s'impose
immédiatement: il n'existe pas encore de définition conventionnellement admise du
terrorisme en droit international. Il est intéressant de noter à cet égard que ni la Convention
du 15 décembre 1997 sur la répression des attentats terroristes à l'explosif ni la Convention
du 9 décembre 1999 pour la répression du financement du terrorisme ne contiennent de
définition !
Voir p. 13 de ce document.
Ces divergences de vue apparaissent très nettement dans les travaux du comité
spécial chargé d'élaborer une convention générale sur te terrorisme international; ce comité
a été instauré en 1996 et n'est toujours pas parvenu à adopter une définition du terrorisme;
la-raison en est qu'un certain nombre de délégations considèrent que doivent être excluesde
la définition les méthodes employées par les mouvements de libération nationale. Toutefois,
ainsi que le souligne le Secrétaire général des Nations Unies: « Le droit de résister à
l'occupation doit être entendu dans son sens véritable. Il ne peut s'étendre au droit de tuer
ou de blesser intentionnellement des civils.» (« Dans une liberté plus grande:
développement, sécurité et respect des droits de l'homme pour tous», 24 mars 2005,
A/59/2005, p. 31.)
~ 28 ~
L'on soulignera à cet égard que le Code pénal français adopte une définition du
terrorisme très proche, reprenant tous les éléments nécessaires à la définition d'une
infraction pénale: l'élément matériel- actes de violence -, l'élément intentionnel- entreprise
tendant à la perpétration de ces actes -, et le mobile- créer la terreur ou troubler gravement
l'ordre public - (art. 421-1 : «Constituent des actes de terrorisme, lorsqu'elles sont
intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but
de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur, les infractions suivantes :
1° Les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l'intégrité de la personne,
l'enlèvement et la séquestration ainsi que le détournement d'aéronef, de navire ou de tout
autre moyen de transport [ ... ] 2° Les vols, les extorsions, les destructions, dégradations et
détériorations, ainsi que les infractions en matière informatique [ ... ] 3° Les infractions en
matière de groupes de combat et de mouvements dissous [ ... ] 4° Les infractions en matière
d'armes, de produits explosifs ou de matières nucléaires» ; art 421-2: «Constitue également
un acte de terrorisme, lorsqu'il est intentionnellement en relation avec une entreprise
individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation
ou la terreur, le fait d'introduire dans l'atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol, dans les
aliments ou les composants alimentaires ou dans les eaux, y compris celles de la mer
territoriale, une substance de nature à mettre en péril la santé de l'homme ou des animaux
ou le milieu naturel»).
geler « sans attendre les fonds et autres avoirs financiers ou ressources économiques des
personnes qui commettent, ou 'tentent de commettre, des actes de terrorisme» (point 1, a et
b). Les États sont ainsi appelés à criminaliser le financement du terrorisme en considérant ce
financement comme une infraction « en amont» et à part entière.
Dès octobre 2001, le Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux
(GAFI, organisme intergouvernemental) a étendu sa mission au financement du terrorisme; il
a ainsi adopté, en 2003, quarante recommandations à l'intention des institutions financières,
notamment concernant les opérations financières suspectes. Les réactions nationales ne se
sont guère faites attendre. Ainsi, la France a-t-elle, dès le 15 novembre 2001, adopté une loi
inscrivant dans le Code pénal l'infraction de financement du terrorisme (art. 421 – 2 – 2 :
« Constitue également un acte de terrorisme le fait de financer une entreprise terroriste en
fournissant, en réunissant ou en gérant des fonds, des valeurs ou des biens quelconques ou
en donnant des conseils à cette fin, dans l'intention de voir ces fonds, valeurs ou bines
utilisés ou en sachant qu'ils sont destinés à être utilisés, en tout ou partie, en vue de
commettre l'un quelconque des actes de terrorisme prévus au présent chapitre,
indépendamment de la survenance éventuelle d'un tel acte »).
Aussi, les conventions de lutte contre le terrorisme ont tenté de pallier cette double
difficulté en obligeant les Etats à intégrer dans leur législation nationale des infractions
définies en termes identiques, et en énumérant les infractions qui ne peuvent plus être
qualifiées d'infractions politiques. La volonté est nettement de « dépolitiser » le terrorisme,
~ 30 ~
La Seconde Guerre mondiale a pris fin dans le Pacifique de façon pour le moins
terrible et brutale avec le lancement, les 6 et 9 août 1945, de l'arme atomique contre
Hiroshima et Nagasaki. La stupeur une fois passée, le monde entier a pris conscience, outre
de l'hypothèse de la disparition de l'humanité en tant qu'espèce, de la suprématie
américaine dans le domaine du nucléaire militaire. Ce monopole ne dura cependant que peu
de temps, le « duopole nucléaire», établissant en ce domaine l'équilibre de la terreur.
Toutefois, cette politique de dissuasion nucléaire n'a pu être durablement tenue et,
rapidement, s'est fait jour la nécessité de ralentir la course aux armements nucléaires.
Cependant, à deux reprises, lors des crises de Berlin en 1961 et de Cuba en 1962,
~ 32 ~
nous frôlerons la guerre nucléaire. La crise des missiles de Cuba marque, à cet égard, un
tournant dans l'histoire des relations internationales: la fin de la guerre froide. Depuis ce 22
octobre 1962, le monde n'a pas connu d'autre crise impliquant l'éventualité d'une escalade
nucléaire,toutefois, des menaces localisées existent, notamment celle de la Corée du Nord
et le problème du conflit inde-pakistanais. En outre, cette crise marque le début du dialogue
Est-Ouest en matière de maîtrise de l'armement nucléaire.
Aux côtés de ces cinq puissances nucléaires, sont apparus, plus récemment, l'Inde,
le
Pakistan, Israëlet la Corée du Nord(État qui, bien que signataire du Traité de non-
prolifération nucléaire de 1968, n'en a pas moins acquis l'arme nucléaire, donc en violation
de ses engagements internationaux). Outre ces Étatsdisposant de l'arme atomique, d'autres
pays mettent en œuvre un programme nucléaire, à des fins officiellement civiles, mais que la
communauté internationale soupçonne d'être militaires. Tel est le cas de l'Iran, du Brésil, de
l'Arabie Saoudite, de l'Algérie, de la Syrie. Cette prolifération de l'armement atomique ne
laisse pas d'inquiéter les différentes instances internationales (AIEA, ONU) et soulève la
question de la nécessaire maîtrise de l'armement nucléaire.
La prolifération de ces armes, qui suscitent la peur, constitue une menace pour la
paix et la sécurité internationales.
À. partir des années 1970, toute une série de traités, d'accords et d'arrangements
ont été élaboré pour faire face à la prolifération de ces armes dites aussi non
conventionnelles.
Mais le système de traités et de règlements mis en place durant les années 1970 à
1990 n’est pas parvenu à enrayer la prolifération des ADM.
Le sommet qui réunit chaque année les dirigeants des États-Unis et ceux de l'Union
européenne a été l'occasion de publier à Washington, le 25 juin 2003, une déclaration
commune « sur la prolifération des ADM ».
9
Ces armes utilisant l’énergie nucléaire sont des armes de dissuasion. On distingue notamment la bombe atomique (bombe A), la bombe à
hydrogène (bombe H) et la bombe à neutron (bombe N). L’arme nucléaire a été utilisée le 6 août 1945 (Hiroshima) et le 9 août 1945
(Nagasaki).
10
On distingue trois grandes catégories d’armes chimiques : les suffocants comme le chlore ou le phosgène qui agissent sur les poumons ;
les vésicants comme le gaz moutarde qui attaquent la peau ; les neurotoxiques comme le VX ou le sarin qui agissent sur le système nerveux.
11
Les armes biologiques ou bactériologiques sont des armes utilisant des virus, des microbes et autres substances infectieuses (le ricin, le
bacille de charbon…).
~ 34 ~
Selon cette théorie, chacune des deux grandes puissances, qui laisse son territoire
sous la menace permanente des missiles de l'autre supergrand, hésiterait à déclencher le
feu nucléaire car elle sait qu'en retour elle se verrait infliger des dommages irréparables. En
juin 2000, les États-Unis ont fait connaître leur intention de se doter d'un bouclier stratégique,
c'est-à-dire d'une batterie de missiles antimissiles.
§1. Les grandes étapes de la lutte internationale contre la prolifération des armes de
destruction massive
− 1925: Signature du protocole de Genève «concernant la prohibition d'emploi à la
guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques ».
12
~ 35 ~
Ce protocole adopté le 17 juin 1925 à Genève, qui proscrit l'utilisation des armes
chimiques et bactériologiques ainsi que des gaz asphyxiants, interdit l'usage en temps de
guerre de ces armes intervient au lendemain du premier conflit mondial au cours duquel les
armes chimiques sont apparues. .
Toutefois, le protocole de Genève, qui n'a pas été d'une efficacité absolue, présente
de nombreuses lacunes. Il ne prévoit aucune procédure de vérification. Il n'interdit pas la
possession des armes chimiques et biologiques.
La fabrication de ces armes reste autorisée par ce texte qui a été ratifié par plus de
cent vingt-cinq Etats.
− 1959 : Le traité de l'Antarctique. Le traité de Washington du 1er décembre. 1959 a
prévu la démilitarisation de l'Antarctique13. L’article 8 y interdit les activités
nucléaires,
− 1963 : Le traité de Moscou d'interdiction partielle des essais nucléaires. Ce traité
signé le 5 août 1963 sous l'égide des États-Unis, de l'URSS et du Royaume-Uni
interdit les essais nucléaires dans l'atmosphère, l'espace extra-atmosphérique et
sous l'eau. Il n'autorise que les seules explosions souterraines.
− 1967: Le Traité sur les principes régissant les activités des États en
matière d'exploration et d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique, y compris la
lune et les autres corps célestes. Les États parties au traité du 27 janvier 1967 :
s'engagent à ne mettre sur orbite autour de la terre aucun objet porteur d'arme
nucléaire ou de tout autre type d'armes de destruction massive, à ne pas installer de
telles armes sur des corps célestes et à ne pas placer de telles armes de toute autre
manière dans l'extra-atmosphérique (article IV).
13
~ 36 ~
Le TNP, qui a joué un véritable rôle de garde-fou, repose sur la garantie donnée aux
pays qui acceptent de prendre l'engagement de ne pas se doter de l'arme nucléaire qu'ils ne
seront jamais la cible d'une attaque de ce type de la part des Etats disposant de la force de
frappe.
Mais plusieurs Etats non signataires du Traité ont élaboré et, parfois même testé
des bombes atomiques, Le Pakistan, Israël ou l'Inde qui n'ont pas signé le Traité, possèdent
l'arme atomique. La communauté internationale a décidé, le 11 mai 1995, de rendre
permanent le Traité de non-prolifération nucléaire, Celle décision a été prise sans vote par
une «majorité» des 175. Etals représentés il la conférence organisée par les Nations unies à
New York.
Cela étant précisé, le Traité de non-prolifération, qui n'a donc pas empêché certains
pays d'accéder à la bombe, apparaît bien fragile. 'Pour François Godement, chercheur à
l'institut français des relations internationales, il fait aujourd'hui «eau de toute part » : a: on Ile
sait plus tracer la frontière entre les États qui « ont le droit» et ceux qui « n'ont pas le droit »,
Du jour où les programmes pakistanais, indiens, israéliens n'ont pas attiré de réelles
sanctions, le TNP a perdu toute efficacité. La riposte juridique, qui prône le tout (possession
légale d'arsenaux par certains) ou le rien (interdiction totale de tels arsenaux pour d'autres),
ne peut plus répondre à la diversité des situations géopolitiques. » (Entretien au Monde du
18 mars 2003),
Le prix Nobel de la paix a été attribué le 7 octobre 2005 à cette agence spécialisée,
liée à l'ONU, qui regroupe 139 États membres, et à son directeur. Mohammed el-Baradei.
Les relations entre l'AlEA et l'ONU sont définies par un accord approuvé par
l'Assemblée générale des Nations unies, le 14 novembre 1957. Chaque année, l'Agence
internationale de l'énergie atomique doit remettre un rapport à l'Assemblée générale de
l'ONU. L'ALEA peut aussi être amenée à adresser un rapport au Conseil de sécurité de
l'ONU.
Le 19 septembre 2005, une déclaration conjointe entre les Six en vue de la « paix et
de la stabilisation dans la péninsule coréenne» a été signée. Dans ce document, Pyongyang
se déclare prêt à « renoncer à ses programmes nucléaires existants » et à rejoindre le TNP.
15
~ 38 ~
22 août 2006, Téhéran a refusé une suspension immédiate de son enrichissement d'uranium
tout en proposant des « négociations sérieuses » sur le sujet.
16
~ 39 ~
1985 : Le traité de Rarontonga. Ce traité, qui est entré en vigueur le 1er décembre
1996, instaure une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud, C'est un nouvel accord
international établissant une zone exempte d'armes nucléaires.
- 1992: Définition par le Groupe des fournisseurs nucléaires (NSG) d'une liste de 60
technologies duales interdite à l'exportation.
Elle est chargée de vérifier les activités des industries chimiques. La Convention
dispose d'un système d'inspection dans les pays adhérents (inspections régulières et
inspections surprises ou « inspections par défi »). Tout État partie au traité peul demander à
l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques de procéder à une
inspection avec un préavis de douze heures dans n'importe quel site.
17
~ 40 ~
18
19
20
21
~ 41 ~
Nations unies, lorsque cette survie est en cause » (Avis consultatif de la CIJ sur
la licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires).
§2. La stratégie des Etats-Unis face à la prolifération des armes de destruction massive
« Le plus grand danger qui menace (les Etats Unis) se situe à la croisée du
radicalisme (c'est à dire de l'extrémisme) et de la technologie »23.
Annoncée par le président Bush dans son discours de West Point du 1 er juin 200224,
la National security Strategy (NSS) présente le concept de frappe préventive 25 comme
relevant du droit de légitime défense. La nouvelle « Stratégie de sécurité nationale»
américaine publiée le 16 mars 2006 par la Maison-Blanche continue de faire de l'action
militaire préventive l'un des pivots de la protection des États-Unis
Signé le 26 mai 1972 et révisé en 1974. Ce Traité ABM (Anti Ballistic Missile) limitait
strictement le nombre de site antimissiles et ne concernait que les États-Unis et la Russie
22
23
Document sur la stratégie de sécurité nationale des Etats Unis, 17 septembre 2002
24
25
26
~ 42 ~
Les États-Unis ont pris la décision, en décembre 2001, de se retirer de ce traité, qui
organisa donc pendant trente ans l'équilibre nucléaire entre Moscou et Washington, afin de
lever tout obstacle au développement d'une défense antimissile de leur territoire.
Par ailleurs, après le tir par la Chine d'un missile antisatellite en janvier 2007, la
rivalité stratégique sino-américaine a été relancée
Enfin, pour terminer sur ce thème, on notera que le Secrétaire général de l'ONU a
vivement regretté l'échec de la Conférence d'examen du Traité.de non-prolifération nucléaire
(TNP) qui s'est terminée le 27 mai 2005 sans accord. Le 27 juillet 2005, Kofi Arman a salué
l'initiative sur la non-prolifération nucléaire et le désarmement lancée par les ministres des
Affaires étrangères de l'Australie, du Chili, de l'Indonésie, de la Norvège, de la Roumanie, de
l'Afrique du Sud et du Royaume-Uni.
~ 43 ~
1. Non-dissémination et non-prolifération
Bien qu'on les confonde souvent, ces deux concepts recouvrent des réalités
différentes. La non-dissémination implique l'interdiction de livraison d'armes nucléaires par
des pays producteurs à des pays qui ne sont pas producteurs; la non-prolifération implique
la non-augmentation des pays producteurs. Plusieurs conventions ont été adoptées, qui
poursuivaient ces objectifs:
− le traité de Moscou du 5 août 1963, conclu à l'initiative des deux Grands, interdit
aux États parties les essais nucléaires dans l'atmosphère, dans l'espace extra-
atmosphérique, sous l'eau et « dans tout autre milieu si une telle explosion
provoque la chute de déchets radioactifs en dehors des limites territoriales de l'État
sous la juridiction ou le contrôle duquel a été effectuée l'explosion». Toutefois, ce
traité comporte une clause qui en limite considérablement la portée; en effet, tout
État partie peut, après un préavis de trois mois seulement, le dénoncer s'il estime
que certains événements : pour l'interprétation desquels il dispose d'un pouvoir
discrétionnaire exigent qu'ii reprenne sa liberté afin de sauvegarder ses intérêts
suprêmes. Cet accord a été complété par plusieurs autres accords: l'accord du 5
avril 1974 sur la limitation des explosions nucléaires souterraines; l'accord du 28
mai 1976 sur les expérimentations nucléaires à des fins pacifiques; le traité de New
York du 10 septembre 1996sur l'interdiction complète des essais nucléaires,
− le traité de ricin-prolifération nucléaire (TNP) est signé par Moscou, Londres et
Washington le 1erjuillet 1968. Ce traité a été conclu sous l'impulsion de l'Assemblée
générale des Nations Unies qui, dès 1966, adoptait une résolution priant les États
membres d'adopter un tel traité de non -prolifération et de s'abstenir de toute action
pouvant contribuer à cette prolifération (rés. AG, 2149 (XXI), portant renonciation
des États à toute action pouvant faire obstacle à la conclusion d'un accord sur la
non-prolifération des armes nucléaires). Dans ce traité, les États dotés de l'arme
nucléaire s'engagent à ne pas transférer à d'autres États de telles armes ni d'autres
« dispositifs nucléaires» et à ne pas les aider à en acquérir (art. 1: «Tout État doté
d'armes nucléaires qui est Partie au Traité s'engage à ne transférer à qui que ce
soit, ni directement ni indirectement, des armes nucléaires ou autres dispositifs
nucléaires explosifs, ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs; et
à n'aider, n'encourager ni inciter d'aucune façon un État non doté d'armes
nucléaires, quel qu'il soit, à fabriquer ou acquérir de quelque autre manière des
armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs, ou le contrôle de telles
armes ou de tels dispositifs explosifs.»). Les États non dotés d'armes nucléaires
renoncent pour leur part à en acquérir (art. Il: «Tout État non doté d'armes nucléaires
qui est Partie au Traité s'engage à n'accepter de qui que ce soit, ni directement ni
indirectement, le transfert d'armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires ou du contrôle
~ 44 ~
août 1985, par quatorze États du Pacifique, établit une zone dénucléarisée qui s'étend de
l'Équateur à l'Antarctique. Plus récemment, le 2 août 1995, les États du continent africain ont
conclu un accord instituant l'Afrique en zone exempte d'armes nucléaires (Traité de
Pelindaba). Répondant à la même logique, le 15 décembre 1995, fut instituée, par le Traité
de Bangkok, une zone dénucléarisée en Asie du Sud-est, couvrant les territoires du Brunei,
du Cambodge, de l'Indonésie, du Laos, de la Malaisie, du Myanmar, des Philippines, de
Singapour, de la Thaïlande et du Viêtnam, ainsi que leur plateau continental respectif et leur
zone économique exclusive respective (art. 1). Ces instruments couvrent plus de la moitié
des pays du monde et tous les territoires de l'hémisphère Sud.
Bien que le monde soit fractionné en entités étatiques, ces dernières ne sont
néanmoins pas isolées les unes des autres. La liberté de circulation reconnue aux individus
est tout à la fois facteur de développement économique, social et culturel, et l‘acteur
d'instabilité et de risques, se traduisant tant à travers la question terroriste, que dans le
domaine environnemental.
Sous le titre Global Trends 2015 : a dialogue about the future with nongovernment
experts, la CIA a rendu public, au début de 2001, un document de 56 pages dans lequel est
présenté ce que pourrait être le monde en 2015. C'est là un exercice auquel elle se livre à
intervalles réguliers. C'est là aussi un exercice délicat, car, le moment venu, on ne se privera
pas, si on se reporte à ce texte, de relever toutes les erreurs qu'il contenait. Et il en
contiendra. Il ne peut en aller autrement. Ce rapport a, d'ailleurs, l'honnêteté de relever,
sinon les bévues grossières, du moins les erreurs d'inflexion déjà apparues entre les
prévisions exposées dans son précédent rapport sur l'horizon 2010 et certaines évolutions
qui se sont dessinées au cours des cinq premières années de la période couverte. Sans
doute le prochain rapport fera-t-il, de la même manière, amende honorable pour certains
points mal appréciés ou insuffisamment évalués. Mais, après tout, là n'est pas le plus
important. La CIA n'est pas une pythie infaillible et n'a pas la prétention de l'être. Ce texte est
important à un autre titre. A n'en point douter, il va compter parmi les textes qui nourriront la
réflexion des responsables américains et pourront aller jusqu'à inspirer leurs options en
matière diplomatique et stratégique.
s'est étendue sur quinze mois. Il s'agit donc d'une étude qui, dans les limites du genre,
présente toutes les garanties requises de sérieux.
Le rapport commence par distinguer les sept facteurs dominants qui devraient
façonner le visage de la planète au cours des quinze prochaines années : la démographie -
les ressources naturelles et l'environnement - les sciences et la technologie - l'économie
globale et la globalisation - la " gouvernance " nationale et internationale - les futurs conflits -
le rôle des Etats-Unis. Aucun de ces facteurs n'exercera une influence dominante. De
surcroît, leur impact ne sera pas uniforme, il variera, au contraire d'un pays ou d'une zone à
l'autre. Autre point capital, ces facteurs ne se renforceront pas nécessairement, dans bien
des cas, leur action se contredira. Après avoir posé cette liste, les auteurs du rapport
s'empressent encore de souligner que, si les prévisions sur certains de ces facteurs
(démographie et ressources naturelles) comportent de faibles risques d'erreurs, il n'en va
pas de même pour les autres où la somme de variables est beaucoup plus élevée. A partir
de là, il devient souvent nécessaire de concevoir une diversité de scénarios. On le voit bien
dans le cas de l'avenir de la Chine qui préoccupe fortement nos analystes. Ils n'imaginent et
ne discutent pas moins de trois scénarios fort différents les uns des autres.
Démographie
Les calculs permettent de prévoir que la population mondiale passera entre 2000 et
2015 de 6, 1 milliards d'habitants à 7, 2 milliards. Le taux de croissance continuera toutefois
à diminuer, passant de 1,7% en 1985 à 1% en 2015. Ces valeurs globales continueront,
cependant, de cacher de forts contrastes. La croissance démographique concernera pour
l'essentiel des pays en voie de développement et les zones urbaines. L'Inde verra sa
population passer de 900 millions d'habitants à 1, 2 milliards ; à l'inverse, de nombreux pays
africains, frappés de plein fouet par le SIDA, perdront des habitants. Ainsi la population de
l'Afrique du Sud devrait tomber de 43,4 millions à 38,7 millions. De son côté, la Russie, sous
le coup d'une mortalité élevée et d'une faible natalité, connaîtra un sensible recul
démographique, passant de 146 millions d'habitants à 135 au mieux et 130 au pis.
~ 47 ~
Mais les problèmes les plus graves viendront de la pénurie d'eau qui devrait toucher
en 2015 près de la moitié de la population mondiale, notamment en Afrique, au Moyen-
Orient, dans l' Asie méridionale et dans le nord de la Chine. Le problème n'est pas nouveau,
mais il risque de prendre des proportions encore inconnues et de provoquer des conflits
entre Etats riverains d'un même fleuve. Ainsi l'aménagement du Tigre et de l'Euphrate par la
Turquie affectera directement la Syrie et l'Irak et pourrait conduire à de sérieuses tensions
dans la région.
Sciences et Technologie
Les Etats continueront d'être les acteurs principaux de la scène internationale. Mais
ils seront confrontés de plus en plus aux défis auxquels la globalisation les soumet. Ils auront
de plus en plus de mal à contrôler les flux, licites ou non, d'informations, de technologies, de
transactions financières, sans compter les pressions migratoires, les transports d'armes, les
épidémies qui ignorent les frontières étatiques.
Ces défis contraindront, en tout cas, les Etats à revoir leurs structures
gouvernementales, faute de quoi ils se condamneront rapidement à l'inefficacité. Leur
efficacité dépendra aussi de leur aptitude à coopérer avec des acteurs non-étatiques, un
processus notamment lié à la libéralisation des échanges et des marchés. Mais ces acteurs
seront également de plus en plus présents dans des secteurs non tournés vers le profit.
~ 49 ~
L'un des plus grands défis auxquels les Etats seront tenus de répondre sera celui
de la lutte contre le crime organisé dont les réseaux sont appelés à grandir et à se diversifier.
Il faut en outre prévoir que ceux-ci étendent leurs champs d'action. Le risque est grand qu'ils
interviennent jusque dans le secteur des armes nucléaires, biologiques et chimiques.
La capacité à répondre à ces défis établira un nouveau partage entre les Etats. Les
analystes de la CIA prévoient que les Etats occidentaux y parviendront. Un autre groupe de
pays, parmi lesquels la Turquie, la Corée du Sud, l'Inde, le Chili et le Brésil, se rapprochera
de cet objectif. Un peu plus loin, on devrait trouver Singapore, Taiwan, peut-être la Chine, et
quelques Etats moyen-orientaux et latino-américains. La plupart des autres Etats, faute
d'équipes dirigeantes adéquates et de moyens, devraient faillir dans cette tâche.
Futurs Conflits
Le rapport distingue entre deux types de conflits : conflits internes et conflits entre
Etats. Les premiers, trouvant leur origine dans des querelles ethniques, religieuses,
économiques et politiques, continueront de faire rage. Ils mineront notamment la stabilité et
l'unité d'Etats déchirés par des divisions. Les Nations-Unies continueront de s'impliquer dans
ces crises dans l'espoir d'y trouver des solutions. Les grands Etats, en revanche, tendront à
se désengager de ces opérations.
On se rassurera en apprenant que les experts de la CIA tiennent pour acquis que
les Etats-Unis resteront la puissance dominante à l'échelle du monde. Aucun Etat ne sera en
~ 50 ~
Il faut d'autre part s'attendre à ce que les Etats-Unis soient rapidement la cible
d'attaques informatiques qui livreront le combat jusqu'au cœur du système américain. Ces
agressions auxquelles il faut ajouter des actions terroristes viseront le sanctuaire de la
puissance américaine qui, face à ses adversaires, pourrait démontrer sa vulnérabilité.
Il ne sera pas non plus sans importance que les Etats-Unis auront de plus en plus
de mal à mobiliser le secteur privé américain au service d'une politique extérieure
ambitieuse.
Régions et Espaces
Il est à prévoir que des tensions pèseront sur l'unité de la Chine. Alors que l'ouest
de la Chine connaîtra un faible niveau de développement qui le rapprochera d'Etats pauvres
comme le Cambodge, le Laos et le Vietnam, le sud du pays intensifiera ses liens avec
Taiwan, Hong-Kong et s'intégrera de plus en plus à l'économie mondiale.
Il est à prévoir que le Japon et d'autres Etats chercheront à maintenir une présence
américaine significative comme contrepoids à l'influence croissante de la Chine. Des liens
économiques se tisseront entre la Chine et le Japon sans suffire, toutefois, à éliminer entre
les deux Etats les tensions liées aussi bien au passé qu'à des différends d'ordre stratégique.
La Chine s'emploiera à développer ses liens économiques avec les Etats-Unis, mais, dans le
même temps, sera attentive à maintenir des relations étroites avec la Russie dans le but de
s'assurer une marge de manœuvre face aux pressions américaines et de peser sur le
soutien des Etats-Unis à Taiwan.
~ 51 ~
***
Les auteurs du rapport misent sur un déclin de la Russie. Celle-ci s'emploiera sans
doute à maintenir son influence sur les Etats de l'ancienne Union Soviétique. Dans une
perspective américaine aura des résultats négatifs.Il se mettra en travers de la volonté de
l'Ukraine de se rapprocher de l'Occident et freinera le développement des Etats du Caucase
et d'Asie centrale vers des formes stables et ouvertes d'organisation politique. Cette
réaffirmation de la volonté de puissance russe se trouvera néanmoins en contradiction de
plus en plus évidente avec la difficulté du pays à s'intégrer au système financier et
commercial mondial. En 2015, l'économie russe devrait représenter tout au plus un
cinquième de l'économie américaine, un constat qui fixe naturellement ses limites au pouvoir
d'influence de la Russie. Celle-ci cherchera sans doute à développer ses liens en Europe et
en Asie pour s'imposer comme un partenaire incontournable des Etats-Unis dans le
traitement des affaires mondiales. Mais il est clair que ces efforts n'impressionnent pas les
auteurs du rapport.
***
~ 52 ~
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***
***
~ 53 ~
Encore une fois, ce rapport ne doit pas se lire comme parole d'évangile. Ses
auteurs savent fort bien que trop de variables interviennent pour qu'il soit raisonnable de se
montrer péremptoire. Au reste, en guise de conclusion, ils examinent quatre scénarios
possibles à l'échelle mondiale. Mais le plus intéressant n'est peut-être pas là. Ce texte nous
en apprend finalement autant sur les Etats-Unis eux-mêmes que sur l'état du monde à
l'horizon de 2015. Il nous découvre où leurs principaux centres d'intérêt ont déjà commencé
de se tourner et se tourneront de plus en plus. Sa lecture nous montre ainsi que l'Europe est
appelée à occuper une place déclinante dans leurs préoccupations dans le même temps où
leur attention devrait tendre de plus en plus à privilégier l'Asie, et tout particulièrement la
Chine.
L'emploi de la force armée est, d'un point de vue légal, proscrit des relations
internationales. Les différentes réserves que l'on peut opposer à l'effectivité de ce principe
conduisent à reconnaître que la guerre demeure néanmoins l'un des modes de relations
entre États. Aussi, les États cherchent-ils à assurer leur sécurité, tantôt individuellement- par
le biais d'un renforcement de leur puissance militaire -; tantôt en prenant conscience des
intérêts communs qui les unissent, par le biais d'alliances, mais aussi de garantie de sécurité
mutuelle dans le cadre d'une action collective, dont les Nations Unies constituent
actuellement l'aboutissement. Toutefois, il est un type de recours à la force que la Charte
des Nations Unies n'avait pas envisagé, celui établi sur la menace ou l'emploi de
l'armenucléaire. En outre, au XXI°siècle, les menaces pour la paix et la sécurité ne sont pas
seulement la guerreet les conflits internationaux, mais aussi la violence civile, la criminalité
organisée, le terrorisme et les armes de destruction massive. Il faut compter aussi avec la
pauvreté, les épidémies mortelles et la dégradation de l'environnement, tout aussi lourdes de
conséquences. Tous ces phénomènes sont meurtriers ou peuvent compromettre la survie.
Ils peuvent tous saper les fondements de l'État en tant qu'élément de base du système
international. Le développement de ces dangers transfrontières conduit nécessairement à
rechercher une diversification des moyens de lutte.
La sécurité collective
Ainsi qu'il le souligne, la sécurité collective implique que les États souscrivent « des
garanties réciproques d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme
aux grands États» (quatorzième point). Cette idée sera reprise par le Pacte de la Société
des Nations, dont l'article 16 dispose que dans l'hypothèse où un État commettrait un acte
d'agression armée contre un autre État, il devait être « ipso facto considéré comme ayant
commis un acte de guerre contre tous les autres ».
~ 54 ~
Toutefois, pour être efficient, le mécanisme de sécurité collective doit répondre à trois
conditions: 1) que les États aient la même conception, non seulement de ce qu'est une
agression, mais aussi de ce qu'est un ordre juridique international juste et équitable; 2) que
les États s'engagent à assurer, militairement et financièrement, les risques d'une action
commune 'contre tout État agresseur; 3) que soit instituée une organisation internationale
ayant compétence pour identifier une agression et mettre en œuvre toutes les actions
nécessaires.
Le système onusien complété par l'action des organisations régionales vise à répondre
à ces conditions.
La SDN était envisagée par le président Wilson comme devant organiser une paix
juste et durable, la Grande Guerre étant censée être la « der des ders ». Aussi l'article 16
posait-il le principe selon lequel lorsqu'un membre de la SDN recourait à la guerre, en
violation de ses engagements, les autres États se trouvaient dans l'obligation de « rompre
immédiatement avec lui toutes relations commerciales ou financières, d'interdire tous
rapports entre leurs nationaux et ceux de l'État en rupture de Pacte », D'autre part, le
Conseil de la SDN devait faire des recommandations (devant être adoptées à l'unanimité,
mais sans que l'État auteur de l'agression ait le droit de vote) aux États afin qu'ils fournissent
des contingents militaires visant à assurer le respect des engagements de la Société.
D'autre part, la' sécurité collective implique que la règle du non-recours à la force
armée soit appliquée et sanctionnée uniformément. Ce qui ne fut pas le cas au cours des
années 1930. Ainsi, lorsqu'en septembre 1931, le Japon envahit la province chinoise de
Mandchourie, la Chine saisit le Conseil de la SDN, mais cela ne suscita toutefois pour ainsi
dire aucune réaction. De même, lorsqu'en octobre 1935, l'Italie envahit l'Ethiopie en violation
caractérisée du droit international. La France et le Royaume-Uni paralysèrent l'action de la
SDN, en excluant toute sanction militaire contre un État qu'ils considéraient comme un allié
face à l'Allemagne hitlérienne'; de même, le pétrole, matière première stratégique sur le
planmilitaire, fut clairement exclu de l'embargo contre l'Italie, laquelle, en outre, demeura
membre de la Société. Enfin, bien que l'invasion de la Finlande par l'URSS en novembre
1939 ait conduit à l'exclusion de celle-ci de la SDN, ce fut là une action dérisoire qui ne visait
qu'à masquer la faillite du système de sécurité collective, consacrée par l'éclatement de la
Seconde Guerre mondiale; la France et le Royaume- Uni se vengeaient ainsi de la trahison
que constituait la conclusion du pacte germano-soviétique du 23 août 1939.
Les fondateurs des Nations Unies ont envisagé que celles-ci pourraient intervenir
selon deux modalités différentes, suivant la nature du danger qu'un différend ferait courir à la
paix et à la sécurité internationales: soit l'ONU mènerait une simple action d'interposition
entre les protagonistes, soit elle interviendrait directement auprès des parties.
des parties « recommander tels termes de règlement qu'il juge approprié» (art. 37, § 2),
proposantainsi une solution sur le fond, solution nullement obligatoire cependant (en
revanche, aux termes de l'art. 37, § 1, la saisine du Conseil par les parties au différend est
obligatoire: «Si les parties à un différend de la nature mentionnée à l'Article 33 ne
réussissent pas à le régler par les moyens indiqués audit Article, elles le soumettent au
Conseil de sécurité. »). Le rôle du Conseil est donc, dans ces deux hypothèses, relativement
effacé, étant donné que la menace à la paix et à la sécurité internationales demeure encore
potentielle. Le mécanisme du chapitre VI est donc envisagé comme jouant de façon
préventive.
alors que dans le cadre de la Société des Nations, les troupes étaient envoyées par les
États, dans le cadre de l'ONU, c'est ellequi envoie les contingents militaires. Il s'agit donc,
sur le plan organique, d'une opération des Nations Unies. Ces troupes doivent, aux termes
de l'article 43, être mises à la disposition du Conseil par les États, en application d'accords
spéciaux devant être conclus entre l'organisation et chaque État. Ces accords doivent fixer
le volume et la nature des forces; en outre, les contingents doivent être mobilisables en tout
tempspar le Conseil. Une fois affectés à une force des Nations Unies, les militaires passent
sous le contrôle de l'organisation et la direction d'un Comité d'état-major (composé des chefs
d'état-major des membres permanents du Conseil de sécurité).
Ensuite, des observations quant aux pouvoirs de l'Assemblée générale: ils diffèrent
fortement de ceux du Conseil de sécurité; l'Assemblée ne peut en effet qu'émettre des «
recommandations », qui n'ont, on le sait, pas de caractère obligatoire.
Le Conseil de sécurité n'étant pas parvenu à mettre en place des actions militaires
coercitives, une pratique a été instaurée, sur le fondement, non pas du chapitre VII
de la Charte, mais du chapitre VI: les opérations de maintien de la paix (les « casques
bleus »). Généralement, elles n'ont pas de caractère obligatoire et ne constituent pas
des mesures coercitives, seulement des mesures conservatoires; il s'agit néanmoins
de l'envoi de contingents militaires sur les lieux d'un conflit opposant plusieurs États.
condition d'être remplacés par une force internationale. Cette proposition fut entérinée et
l'Assemblée créa la Force d'urgence des Nations Unies (FUNU), stationnée en Égypte et
chargée de surveiller le respect du cessez-le-feu (rés. AG, 1000 (ES-1), 5 nov. 1956).
Ces opérations de maintien de la paix présentent un point commun avec les actions
de sécurité collective telles qu'envisagées par la Charte: ce sont des actions collectives des
Nations Unies et non des initiatives des États membres: elles sont décidées par l'ONU, les
contingents sont soumis à un état-major onusien et agissent sous le contrôle de
l'organisation. Ces opérations ont le statut juridique d'organe subsidiaire du Conseil.
Le tabou du chapitre VII est levé en 1990, lors de la première guerre du Golfe (donc
avant la chute du bloc soviétique). Après l'invasion du Koweït par l'Irak le 2 août 1990, le
Conseil de sécurité se réunit immédiatement et adopte le jour même, sur le fondement du
chapitre VII, la résolution 660 (1990) par laquelle il constate une rupture de la paix,
condamne l'invasion et exige le retrait des troupes irakiennes. L'Irak n'obtempérant pas, le
Conseil décide d'instaurer un embargosur les produits de base et les marchandises à
destination ou en provenance de cet État (rés. CS, 665 (1990), 25 août 1990). Faute de
résultat, le Conseil franchit une étape supplémentaire et adopte, le 29 novembre 1990, la
résolution 678 (1990), autorisant les États membres de l'ONU à « user de tous les moyens
nécessaires dans l'hypothèse où l'Irak ne se serait pas retirer du Koweït le 15 janvier 1991.
Ce qui est visé ici, par l'expression « tous les moyens nécessaires» est bien évidemment le
recours à la force armée. Celle-ci sera menée par une coalition dirigée par les États-Unis.
légitime défense collective », ayant été « couverte» par le feu vert donné par le Conseil de
sécurité. Le Secrétaire général de l'ONU, M. Javier Perez de Cuellar, a donné corps à cette
thèse en déclarant que la guerre du Golfe n'était certainement pas une « guerre des Nations
Unies »,mais plutôt une guerre faite « au nom»des Nations Unies.
Depuis le début des années 1990, le Conseil de sécurité a étendu ses pouvoirs,
principalement dans trois directions: d'une part en élargissant la notion de « menace contre
la paix », d'autre part en créant des organes de suivi des sanctions qu'il imposait, enfin en
s'érigeant en «législateur international».
s'est très longtemps gardé d'utiliser les termes « agression» ou « rupture de la paix », même
lorsque les faits semblaient naturellement mériter cette qualification, par exemple dans la
guerre Iran-Irak. Au mieux, il a utilisé l'expression « actes agressifs» ; mais le plus souvent, il
employait l'euphémisme de «menace contre la paix». Un premier pas fut réalisé en 1990
lors de l'invasion du Koweït par l'Irak, le Conseil qualifiant explicitement cet acte de « rupture
de la paix ». Toutefois, le trait significatif de l'évolution du rôle du Conseil de sécurité est
moins l'emploi d'une terminologie précise que l'extension de la notion de « menace contre la
paix et la sécurité internationales» à des conflits internes.Tel a ainsi été, le cas avec la
résolution 688 (1991) condamnant la répression menée par l'Irakcontre les Kurdes après la
guerre du Golfe, ou encore dans les résolutions concernant la situation en Somalie. La
résolution 841 (1993) du 16 juin 1993, relative à Haïti, semble franchir un pas
supplémentaire: le Conseil qualifie en effet de menace contre la paix et la sécurité
internationales non plus une situation de conflit interne, mais un problème de légitimité
gouvernementale; ainsi le Conseil souligne-t-il que « ... malgré les efforts de la communauté
internationale, le gouvernement légitime du président Jean-Bertrand Aristide n'ait pas été
rétabli » et se dit « préoccupé par le fait que la persistance de cette situation contribue à
entretenir un climat de peur, de la persécution et de désorganisation économique, lequel
pourrait accroître le nombre de Haïtiens cherchant refuge dans des États membres voisins,
et convaincu que cette situation doit être inversée pour qu'elle n'ait pas d'effet nocif dans la
région ... ». De même, lors du coup d'État militaire en Sierra Leone en mai 1997, le Conseil
de sécurité a instauré, sur le fondement du chapitre VII, un embargo économique à
l'encontre du pays, après avoir constaté une menace contre la paix et la sécurité
internationales (rés. CS, 1132 (1997), 8 oct. 1997). L'adoption de telles résolutions semble
manifester l'existence d'un nouveau principe, celui de « légitimité démocratique », qui
conduirait les Nations Unies à intervenir, au nom du maintien de la paix et de la sécurité
internationales, dans les affaires intérieures des États pour soutenir les gouvernements
démocratiquement élus. Il est à noter toutefois que le Conseil de sécurité prend soin, dans
chaque hypothèse, de rattacher l'affaire à un élément d'internationalisation (problème des
réfugiés, risque de déstabilisation de la région ...). En outre, les nouvelles missions que
s'attribue le Conseil sont conformes à l'esprit de l'article 2, § 7 de la Charte des Nations
Unies; en effet, bien que cet article pose le principe de non-intervention de l'ONU dans les
affaires intérieures des États, il précise que « ce principe ne porte pas atteinte à l'application
des mesures de coercition prévues au chapitre VII ».Quoi qu'il en soit, il est incontestable
que, dans un monde de plus en plus interdépendant, la frontière entre les problèmes
purement internes et les problèmes internationaux s'estompe très fortement.
Qaida, les Talibans et les individus associés (rés. CS, 1267 (1999), 15 oct. 1999), la
situation entre l'Éthiopieet l'Érythrée (rés. CS, 1298 (2000), 17 mai 2000), le Soudan (rés.
CS, 1591 (2005), 29 mars 2005). Certains de ces comités - dont la durée esten principe la
même que celle des sanctions dont ils assurent la mise en œuvre ont exercé une grande
influence sur la vie économique des États concernés.
La Charte de San Francisco organise les relations des Nations Unies avec les
organisations internationales, et plus précisément avec les organismes régionaux, dans le
cadre du chapitre VIII, à savoir les articles 52 à 54. L'article 52 dispose, en substance, qu'il
n'y a pas d'opposition de principe des Nations Unies à l'existence d'accords et d'organismes
régionaux, pour autant que leurs activités soient compatibles avec laCharte; il poursuit en
faisant obligation aux États membres de ces organismes de connaître en premier lieu des
différends d'ordre local et de les régler par des moyens pacifiques. L'article 53 quant à lui
dispose que le Conseil de sécurité peut utiliser ces organismes régionaux pour mener des
~ 64 ~
actions coercitives et que toute action coercitive envisagée par une organisation
internationale doit nécessairement obtenir l'autorisation du Conseil, lequel doit, en outre, en
vertu de l'article 54, être tenu informé de toute action entreprise ou envisagée par ces
organismes pour le maintien de la paix. Il ressort donc de ces dispositions que seules les
actions coercitives susceptibles d'être menées par les organisations régionales nécessitent
une autorisation préalable de la part du Conseil de sécurité. Toutefois, en matière de
délégation de pouvoirs du Conseil aux organisations internationales, un constat s'impose: le
système de délégation instauré par la pratique ne correspond pas ou très peu au schéma
constitutionnel du chapitre VIII. En effet, on constate de très fortes résistances de la part
des principaux acteurs à faire jouer le mécanisme de l'article 53.
1. L'action des organismes régionaux hors du cadre de la Charte des Nations Unies
Bien évidemment, ces réflexions ne doivent pas laisser entendre que toutes les
interventions de maintien de la paix menées par des organisations régionales seraient en fait
des actions coercitives déguisées et mises en œuvre en violation de la Charte. L'intervention
de l'Union africaine au Dal-foJr ne semble pas pouvoir souffrir d'une telle critique, malgré les
fortes pressions diplomatiques exercées sur le gouvernement soudanais. L'Union africaine
a, dans un premier temps, envoyé des observateurs; de fait,l'opération n'entrait pas dans le
cadre du chapitre VITI, ni même du chapitre VII. Puis, avec l'accord du gouvernement
soudanais, et sur le fondement de la résolution 1564 (2004) du 18 septembre 2004, furent
envoyés des militaires.
constitue une menace pour la paix et la sécurité dans la région». Les paragraphes 16 et 17
de cette résolution sont les plus intéressants. Le Conseil y déclare, en effet,qu'en cas de
non-respect des mises en garde qui ont été adressées aux autorités de Belgrade, il
examinera la possibilité d'une action ultérieure. Là encore, le fondement juridique invoqué
est plus que contestable. En effet, cette résolution n'autorise pas explicitement le recours à
la force par les États. Elle constitue cependant la seule référence sur laquelle les États
membres de l'OTAN ont pu s'appuyer pour justifier leur action de coercition à l'égard de la
République fédérale de Yougoslavie, dans la mesure où aucune autre résolution n'a
examiné la possibilité de mesures additionnelles, et ce en raison de l'hostilité affichée de
certains membres du Conseil, la Chine et la Russie notamment.
Ces différentes opérations militaires menées hors du cadre de l'article 53, sur la
base de fondements juridiques plus que discutables, mettent le Conseil de sécurité devant le
fait accompli. Il ne semble donc avoir d'autre choix que soit régulariser l'intervention de
l'organisation, soit la condamner ouvertement, il est à noter toutefois que le Conseil n'a
jamais condamné, mais il n'a jamais régularisé pour autant, il a en effet opté pour un moyen
détourné, traduisant nettement la mise en œuvre de ses pouvoirs discrétionnaires. Et ce en
consacrant le caractère d'opération de maintien de la paix aux interventions de la CEDEAO
et la CEI ce qui permettait d'affirmer, même de façon fictive, leur caractère pacifique; et ainsi
de maintenir, artificiellement, l'action militaire hors du cadre du chapitre VIII. Ainsi a-t-il. à
dessein, adopté une version des faits qui ne remet pas en cause le droit existant.
Remarquons cependant que le Conseil de sécurité, dans ses résolutions ultérieures, tout en
« remerciant» les organisations régionales de leur participation au règlement pacifique des
différends, mentionne à plusieurs reprises, dans les visas de la résolution, le chapitre VIII (cf.
par ex. rés. CS, 788 (1992),19 nov. 1992 concernant la situation au Libéria) ; peut-être peut-
on voir dans cette référence un certain rappel à l'ordre adressé aux organisations? En ce qui
concerne la guerre du Kosovo, le Conseil n'a jamais validé rétroactivement l'intervention de
l'OTAN. Tout au plus a-t-il dû prendre acte du résultat de l'opération dans la résolution 1244
(1999) du 10 juin 1999. Quant à savoir si le rejet du projet de résolution déposé par la
Russie, la Biélorussie et l'Inde, visant à faire condamner cette intervention en tant qu'elle
constituait, selon les termes du projet de texte, une violation flagrante de la Charte, peut être
interprété comme une approbation implicite, cela serait aller trop loin et risquerait de
conduire à des dérives dangereuses, permettant d'interpréter la non-condamnation par le
Conseil de sécurité comme une validation rétroactive d'une intervention militaire conduite en
marge de la Charte.
la CEDEAO, la seule mention du chapitre VIII ne pouvait donc suffire. Cependant, lorsque le
Conseil vise le chapitre VIII, il ne s'adresse pas directement et en tant qu'organisation
régionale à la CEDEAO, mais aux « États membres participant à la force de la CEDEAO ».
Quelle est la logique d'une telle rédaction? N'y a-t-il pas un paradoxe, si ce n'est une
incohérence, à allier le chapitre VIII à la référence aux États? Soit le Conseil, en vertu du
chapitre VIII, s'adresse directement à l'organisation, en tant que personne morale distincte
de ses États membres, soit, en vertu du chapitre VII cette fois, il s'adresse aux seuls États
membres de l'organisation. Dans les rares autres hypothèses dans lesquelles le chapitre VIII
est cité, il y est fait référence de façon générale sans que soit désigné une organisation en
particulier (rés. CS, 787 (1992),16 nov. 1992 concernant la Bosnie-Herzégovine; rés. CS,
794 (1992),3 déco 1992, concernant la Somalie) ; parfois, le chapitre VIII n'est évoqué que
dans les visas (rés. CS, 788 (1992),19 nov. 1992 et rés. CS, 813 (1993), 25 mars 1993,
relatives au Libéria; rés. CS, 816 (1993), 31 mars 1993 et rés. CS, 820 (1993),13 avr. 1993,
concernant la Bosnie-Herzégovine; rés. CS, 751 (1992) du 24 avr. 1992, relative à la
Somalie).
Dans toutes les autres circonstances dans lesquelles une organisation régionale est
intervenue militairement, les résolutions du Conseil de sécurité ne font référence qu'au seul
chapitre VII. L'habilitation est, de fait, conférée, non pas à l'organisation, mais aux États
agissant «à titre national ou dans le cadre d'organisations ou d'arrangements régionaux».
Quelques exemples, parmi les plus symptomatiques, peuvent toutefois être mentionnés.
Ainsi en fut-il de l'opération Artémis, menée en République démocratique du Congo en 2003,
par l'UEO, en vertu de la résolution 1484 (2003) du 30 mai 2003, aux termes de laquelle le
Conseil de sécurité, sur le fondement du chapitre VII, autorise, sans autre précision, le
déploiement d'une force multinationale intérimaire d'urgence. Néanmoins, l'exemple le plus
intéressant est probablement celui de la Bosnie-Herzégovine. En effet, dans les résolutions
1031 (1995) du 15 décembre 1995 et 1088 (1996) du 12 décembre 1996, le Conseil de
sécurité adopte une obscure périphrase au moyen de laquelle il tente de ne pas désigner
l'OTAN: «Le Conseil de sécurité [ ... ) agissant en vertu du chapitre VII [ ... ) autorise les
États Membres agissant par l'intermédiaire de l'organisation visée à l'annexe l-A de l'Accord
de paix [à savoir l'OTAN) ou en coopération avec elle à créer une Force multinationale de
mise en œuvre.de.la paix (IFOR).» Cet emploi du chapitre VII n'est, bien évidemment, en
aucun cas en contradiction avec la Charte; on peut en effet considérer qu'il ne s'agit là que
d'une interprétation de l'article 48, §1, aux termes duquel le Conseil peut faire appel à tous
les États membres des Nations Unies ou à certains d'entre eux seulement. Le fait que le
Conseil fasse appel aux États pris individuellement ou en tant qu'ils participent à une
organisation régionale s'inscrit dans la logique de ses pouvoirs discrétionnaires. Toutefois,
cette pratique est d'autant plus surprenante que la lettre du chapitre VII ne prévoit pas la
possibilité pour le Conseil d'habiliter les États à intervenir en son nom; alors que le chapitre
VIII envisage explicitement de telles habilitations à l'adresse des organisations régionales.
Ainsi, le Conseil va-t-il créer un outil dont il ne dispose pas dans le cadre du chapitre VII, et
ne pas utiliser un outil dont il dispose dans le cadre du chapitre VIII. Cela conduit à
s'interroger sur la logique de la procédure et sur l'intérêt que présente encore le chapitre VIII.
En réalité, cette référence prépondérante au chapitre VII permet au Conseil d'éviter de
soulever un certain nombre de questions dont la réponse n'est pas évidente, mais qui,
néanmoins, sur le strict plan juridique, ne présentent pas, ou plus, de véritables difficultés.
La première question esquivée est celle de la nature juridique de l'organisme intervenant. Le
problème posé fut de savoir s'il fallait que cela soit une organisation régionale, ce qui, au
~ 67 ~
Si le chapitre VIII, et plus particulièrement l'article 53, tel qu'inscrit dans la Charte, a
fait l'objet d'une telle défiance, cela tient au fait qu'il traduit une subordination des
organismes régionaux au Conseil de sécurité, semblant consacrer une hiérarchie entre
organisations. Cette idée de subordination, que traduit le terme « utilise» [« Le Conseil de
sécurité utilise, s'il y a lieu, les accords ou organismes régionaux ... ») est confirmée par
certaines prises de positions lors de la conférence de San Francisco. Ainsi, le gouvernement
néerlandais, semblant en cela exprimer une position majoritairement soutenue en Europe,
affirmait-il que « [r)ien ne semble plus dangereux pour la paix mondiale que des groupements
régionaux qui, si bonnes soient les intentions qui les ont suscités, pourraient à tout moment
se dresser l'un contre l'autre ou contre un État donné, faute d'une coordination appropriée»
(Conférence des Nations Unies sur les organisations internationales, avril-juin 1945, Doc. 2
(Fr) G/7 (j), p. 461). Or, une telle logique ne correspond plus ni à la structure actuelle de la
société internationale, ni à l'évolution qu'a connue la pratique dans le cadre du chapitre VII.
Néanmoins, le principe posé par ces dispositions, à savoir la nécessaire autorisation du
Conseil aux actions coercitives des organisations internationales, garde, quant à lui, tout son
intérêt. En effet, la logique de la subordination diffusée par les dispositions en cause doit
inévitablement, aujourd'hui, s'effacer devant la logique de coopération.
~ 68 ~
Cette idée est renforcée par les nouveaux instruments d'intervention instaurés par
certaines organisations régionales. Deux mécanismes peuvent être mentionnés et
rapidement présentés: le mécanisme pour la prévention des conflits de la CEDEAO
(Protocol relating to the mechanism for conflict prevention, management, resolution, peace-
keeping and security, 10 décembre 1999) et le Conseil de paix et de sécurité de l'Union
africaine (Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine,
9 juillet 2002). Ces deux instruments ont été élaborés en coopération avec le Secrétariat
général des Nations Unies, et ont pour objet, entre autres, d'assurer la gestion des conflits et
le maintien de la paix dans leurs zones d'intervention géographique respectives, qu'il
s'agisse de conflits d'ordre interne ou interétatique. À cet égard, il est à noter que les statuts
de ces deux instruments font explicitement référence au chapitre VIII de la Charte. Ainsi,
l'article 17 du statut du Conseil de paix dispose-t-il que « [d)ans l'exercice du mandat qui est
le sien dans la promotion et le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique,
le Conseil de paix et de sécurité coopère et travaille en étroite collaboration avec le Conseil
de sécurité des Nations unies, qui assume la responsabilité principale du maintien de la paix
et de la sécurité internationales. À chaque fois que nécessaire, recours sera fait aux Nations
unies [...]conformément aux dispositions du chapitre VIII de la Charte des Nations unies
relatives au rôle des organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité
internationales ». Le statut du mécanisme de la CEDEAO est plus intéressant en ce qu'il
prend clairement acte de l'évolution qu'a connu le pouvoir d'autorisation donné par le Conseil
de sécurité aux organisations régionales. En effet, l'article 52, § 3 dispose, en substance,
que la CEDEAO, conformément aux chapitres Vil et vm de la Charte, informera le Conseil de
toute intervention militaire entreprise. On note néanmoins une curieuse interprétation de la
Charte, en ce sens qu'en principe, l'organisation ne doit pas seulement informer le Conseil,
elle doit également, et principalement, obtenir son autorisation.
Il semble toutefois que l'on revienne à une interprétation plus stricte de la Charte et
de son chapitre Vlll. Cela ressort de la réflexion menée par le « groupe de personnalités de
haut niveau sur les menaces, les défis et le changement », groupe de seize personnalités
nommées par le Secrétaire général-des Nations Unies en novembre 2003 et dont la mission
était de réfléchir aux reformes possibles de l'ONU. Le rapport rendu le décembre 2004 est,
au regard des relations entre le Conseil et les organisations régionales, des plus
intéressants. En effet, le groupe de personnalités envisage que « l'autorisation de lancer une
opération régionale de maintien de la paix [soit] demandée au Conseil de sécurité dans tous
les cas» ; il poursuit en ajoutant que « les organisations régionales dotées de moyens de
prévention des conflits ou de maintien de la paix devraient les inscrire dans le cadre du
Système de personnels et moyens en attente des Nations Unies» [« Un monde plus sûr:
notre affaire à tous», rapport du «groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces,
les défis et le changement », A/59/565, § 86, p. 99). Cette idée d'un renforcement de la
coopération entre les Nations Unies et les différentes organisations régionales agissant dans
le domaine du maintien de la paix apparaît également dans le rapport du Secrétaire général
« Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l'homme
pour tous », du 24 mars 2005. Ainsi, cherche-t-on à dessiner un nouveau paysage -
correspondant, en quelque sorte, à la mise en œuvre du principe de subsidiarité -, les
principales organisations régionales se dotant d'une capacité d'intervention militaire rapide
en cas de conflit, la coopération avec les Nations Unies assurant la légitimité de ces
opérations.
~ 69 ~
Nous nous interrogerons sur la prolifération des armes de destruction massive qui
apparaît comme un défi stratégique majeur. Nous évoquerons également le défi du
terrorisme. Nous analyserons l'action de l'Organisation des Nations unies en matière de
maintien de la paix et de développement.
28
29
~ 70 ~
En dehors des actes concrets expressément visés par les différentes conventions
internationales, la Convention sur le financement du terrorisme du 10 janvier- 2000 -définit -
l'acte terroriste comme «tout autre acte destiné à causer la mort ou des dommages corporels
graves à toute personne civile, ou à toute autre personne qui ne participe pas directement
aux hostilités dans une situation de conflit armé, lorsque, 'par sa nature ou son contexte, cet
acte est destiné à intimider une population ou à contraindre un gouvernement ou une
organisation internationale à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un acte quelconque, »
Avec les attentats meurtriers du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center
et le Pentagone qualifiés « d'actes de guerre » par le président G.W Bush30, le monde a
basculé dans « l'hyperterrorisme »31 qui, selon les experts, est un danger permanent au XXI°
siècle.
Ainsi, l'arme nucléaire, fort utile dans le cadre d'une politique de dissuasion Etat
contre Etat, est inopérante en cas d'opération de destruction de masse réalisée par une
organisation non étatique. La riposte conventionnelle est également inadaptée car par
définition le groupe terroriste ne dispose pas d'une assise territoriale.
« Le principal atout de ces organisations non étatiques est qu'elles n'ont pas de
revendications de territoire ni de pouvoirs »34.
30
31
32
33
34
~ 72 ~
convention prévoit également que les États parties doivent envisager d'adopter des
mesures interdisant « l'ouverture de comptes dont le titulaire ou le 'bénéficiaire n'est
pas identifié ni identifiable (comptes à numéro) et des réglementations imposant aux
institutions financières « l'obligation de signaler promptement aux autorités
compétentes toutes les opérations complexes, inhabituelles, importantes [...]». Elle
prévoit aussi un contrôle plus strict de l'identité des personnes morales. Elle incite les
États parties à instituer des mécanismes en vue de l'affectation des sommes
provenant de la confiscation des fonds utilisés ou destinés à être utilisés pour la
commission des infractions à l'indemnisation des victimes d'attentats terroristes ou de
leur famille (article 8 de la Convention). Elle reprend des dispositions tirées des 40
recommandations du CAF! pour lutter contre le blanchiment d'argent qui s'appliquent
aussi à la lutte contre le financement du terrorisme. Le Croupe d'action financière
internationale sur le blanchiment des capitaux (CAF!) a été créé en juillet 1989 au
sommet de l'Arche à Paris. Il a pour objectif d'élaborer et de promouvoir des
stratégies de lutte contre le blanchiment des capitaux. Il établit régulièrement une
liste des Pays et territoires non coopératifs (PTNC) en matière de blanchiment. Les
40 recommandations du CAFI qui ont été conçues pour une application universelle,
constituent le fondement des efforts de lutte contre le blanchiment des capitaux. En
2003, le GAFI a publié une version révisée de ses 40 recommandations destinées à
lutter contre le blanchiment des capitaux et a décidé d'élargir aux professions non
financières (professions juridiques indépendantes, avocats, comptables, directeurs
de casinos) la liste des organismes qui ont l'obligation de déclarer tout mouvement de
fonds suspect.
Il décide également que les États doivent interdire à leurs nationaux où à toute
personne ou entité se trouvant sur leur territoire de mettre des fonds, avoirs financiers ou
ressources économiques ou services financiers Du autres services connexes à la
disposition, directement ou indirectement, de personnes qui commettent ou tentent de
commettre des actes de terrorisme […].
~ 74 ~
Un Comité contre le terrorisme (CCT) a été créé en octobre 2001. Il est notamment
chargé de veiller au respect de la résolution 1373 du Conseil de sécurité qui a prévu que les
États membres de l'ONU fassent rapport au CCT sur les mesures qu'ils ont adopté pour
combattre à leur niveau le terrorisme
La création d'un mandat d'arrêt européen a été présentée comme l'un des
instruments les plus efficaces de la coopération des 27 pays membres de l'Union
européenne dans la lutte contre le terrorisme.
En vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies (« Action en cas de menace
contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression »), le Conseil de sécurité se voit
conférer une fonction de «police international~ ». Le Conseil de sécurité est compétent non
seulement pour adopter des recommandations, mais également pour prendre des mesures
coercitives. «L'interruption complète ou partielle des relations économiques et des
communications ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques,
radioélectriques et des autres moyens de communication, ainsi que la rupture des relations
diplomatiques» sont selon l'article 41 de la Charte, les mesures non militaires pouvant être
décidées par le Conseil de sécurité. Mais, si ce dernier juge que les sanctions économiques
ou politiques définies à l'article 41 de la Charte sont « inadéquates », il a alors la possibilité
d'entreprendre « au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu'il juge
nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationale »
conformément à l'article 42 de la Charte.
Dans son article 46, celle-ci charge le Conseil de sécurité d'élaborer les «plans pour
l'emploi de la force armée» avec l'aide du Comité d'état-major. L'utilisation des pouvoirs
dévolus au Conseil doit être rendue possible par la mise à sa disposition de contingents
~ 75 ~
nationaux fournis par tous les membres des Nations unies. Ces derniers peuvent accorder
un droit de passage aux forces terrestres, navales, ariennes constituées de contingents
nationaux.
Notons que les mesures coercinves n'impliquant pas l'envoi de la force armée,
instaurées par le chapitre VII· de la Charte de l'ONU, ont jusqu'à présent fait l'objet d'une
utilisation limitée.
Tout d'abord, plusieurs résolutions ont été votées par le Conseil de sécurité à partir
de décembre 1966 et jusqu'en 1979 en vue d'infliger à la Rhodésie une asphyxie
économique. Mais l'efficacité de ces sanctions est discutable. Ensuite, en 1977, le Conseil
de sécurité a adopté la résolution 418 imposant un embargo sur les livraisons d'armes et
de matériel miliaire à destination cette fois-ci d'un État membre de l'ONU, la République
Sud-Africaine. Ces sanctions n'ont disparu qu'en 1994 avec le démantèlement de
l'apartheid.
Un véritable blocus a été décrété en 1990 à l'encontre de l'Irak suite à son invasion
du Koweït. Cet embargo 'imposé par l'ONU devait à la fois sanctionner le régime de
Saddam Hussein et dissuader l'Irak de se lancer à nouveau dans une aventure militaire
contre son voisin du sud. Le 14 avril 1995, l'ONU adoptera la fameuse résolution 986, dite
«pétrole contre nourriture »,autorisant l'Irak à procéder à des ventes limitées de pétrole; les
sommes obtenues par Bagdad devant permettre de satisfaire les besoins essentiels de la
population irakienne en nourriture et médicaments'. En 1996, l'Irak signera avec l'ONU un
mémorandum d'accord définissant les modalités d'application de la résolution 986.
Cette résolution stipule notamment que tous les États doivent « empêcher la
livraison, la vente ou le transfert directs ou indirects à l'Iran de tout matériel, équipement,
bien et technologiequi puisse contribuer» aux activités de l'Iran dans les domaines
nucléaire et balistique sensibles. Le 24 mars 2007. le Conseil de sécurité a renforcé les
sanctions prises contre l'Iran (résolution 1747).
1. La guerre de Corée
Dans cette affaire de Corée, c'est par voie de recommandation que le Conseil de
sécurité est intervenu. Le système prévu par la Charte a été complètement occulté.
L'adoption de la résolution de 1950 a été possible grâce à l'absence de l'URSS, qui
pratiquait alors la politique de la « chaise vide» pour contester la non-représentation de la
Chine populaire à l'ONU. Ainsi, l'URSS n'était pas en mesure d'opposer son veto à cette
intervention armée de l'ONU dont la légalité fut contestée.
Cette résolution 377, dont la constitutionnalité par rapport à la Charte a été vivement
critiquée, permet à l'Assemblée de se substituer au Conseil de sécurité sur la demande de
la majorité de ses membres ou sur celle de 9 membres du Conseil. Mais, à l'inverse du
Conseil, l'Assemblée ne disposera que de son pouvoir de recommandation et ne pourra,' là
non plus, prendre des mesures coercitives.
Utilisations de la résolution 377
Affaire de Corée 1950
Affaires de Hongrie et de Suez 1956
Affaires du Liban 1958
Affaire du Congo 1960
Conflit Inde-Pakistan 1971
Affaires de la Namibie 1981
Affaire du plateau du Golan 1982
L'ONU a créé « les opérations de maintien de la paix» qui sont confiées à des
contingents militaires internationaux appelés « casques bleus ».
Placés sous l'autorité du Secrétaire général de l'ONU, les «casques bleus» ont pour
objectif d'intervenir sur les lieux des conflits armés afin de s'interposer entre les belligérants.
En vue de désamorcer les conflits, les forces d'urgence des Nations unies vont établir une «
zone tampon» ou encore un « cordon sanitaire» entre les parties. L'intervention des
casques bleus, dont la constitution dépend des États membres de l'ONU, extérieurs au
conflit est décidée soit à l'initiative du Conseil de sécurité, soit à l'initiative de l'Assemblée
générale.
Dans son avis consultatif de 1962 (« certaines dépenses des Nations unies »), la
Cour internationale de justice a reconnu de façon implicite, que l'Assemblée générale était
compétente pour mettre en œuvre des opérations de maintien de la paix. Celles-ci sont des
opérations pacifiques et non coercitives et doivent nécessairement reposer sur le
consentement permanent des Etats concernés dans la mesure où elles émanent d'une
simple recommandation, Ces opérations de police onusienne, nées de la défaillance du
pouvoir de coercition du Conseil de sécurité, sont temporaires35.
35
Les forces d'urgence des Nations unies ne peuvent recourir à la force armée qu'en cas de légitime défense. Ces opérations
de maintien de la paix peuvent aussi consister en des missions d'observation confiées à un groupe d'observateurs militaires ou
civils. D'une manière générale, ces actions de maintien de la paix visent à affirmer la présence symbolique de l'ONU sur le
leu d'un conflit.
~ 78 ~
dont certaines furent adoptées à l'unanimité. Mais la majorité de ces résolutions a été prise
avec le vote négatif ou l'abstention de Cuba et du Yémen. Le 2 août 1990, le Conseil de
sécurité a obtenu l'accord des cinq grandes puissances (Etats-Unis, URSS, Chine, France
et Royaume-Uni) afin d'adopter la résolution 660 qui condamne l'agression de l'Irak contre
le Koweït, en se fondant sur les articles 39 et 40 de la Charte.
Force est de reconnaître que la réaction de l'ONU à la violation flagrante par l'Irak
de sa Charte constitutive a constitué, incontestablement, un moment historique dans
l'histoire de l'organisation mondiale et plus largement dans celle de la société internationale.
Cependant, tous les mécanismes prévus par le chapitre 7 de la Charte n'ont pas été utilisés.
Si les puissances alliées ont été habilitées par le Conseil à utiliser la force contre l'Irak, les
opérations militaires n'ont pas été conduites par le Comité d'état-major de l'article 47 de la
Charte; comité formé des chefs d'état-major des membres permanents du Conseil de
sécurité qui est, aux termes de la Charte, le «responsable de la direction stratégique de
toute force armée mise à la disposition du Conseil ». Ce comité, conçu pour coordonner les
actions armées internationales, n'a jamais fonctionné en raison notamment de la guerre
froide.
De plus, le drapeau de l'ONU n'a pas été attribué à la force multinationale qui fut
constituée. C'est la raison pour laquelle certains ont pu voir dans la guerre du Golfe une
intervention militaire des alliés conduite par les Etats-Unis au titre de la légitime défense
collective de l'article 51 de la Charte.
Au lendemain de la guerre du Golfe, les Nations unies ont été confrontées à une
sérieuse crise de crédibilité en raison de leur incapacité à régler des conflits comme ceux du
Rwanda ou de l'ex Yougoslavie.
En effet, il faut noter que la grande majorité des conflits recensés par les Nations
~ 79 ~
unies sont intervenus à l'intérieur des frontières d'un seul Etat. Depuis le début des années
1990, la paix est beaucoup moins menacée par une guerre mondiale de type traditionnel
que par la multiplication des conflits interethniques, c'est-à-dire des guerres civiles que ce
soit par exemple dans les Balkans ou dans les républiques nées de l'ancienne URSS. Or,
l'ONU, dont la charte est fondée sur le principe du respect de la souveraineté des Etats
membres, n'a pas vocation à intervenir dans les affaires intérieures des Etats.
Comme l'a écrit son ancien Secrétaire général, Boutros Boutros Ghali, l'ONU doit
aujourd'hui faire face à des sécessions, à des partitions, à des affrontements ethniques, à
des rivalités tribales. Nous avons affaire non plus à des armées régulières mais, dans la
plupart des cas, à des milices, à des bandes armées, ou même à de simples individus en
armes. Dans ces nouveaux conflits, ce sont les civils qui sont les premières victimes et
parfois même la première cible des affrontements36.
Les déboires de l'ONU en Yougoslavie ou encore en Somalie ont bien montré que
l'Organisation était peu faite pour s'interposer dans des guerres essentiellement civiles. Le
Rwanda a illustré l'incapacité de l'Organisation à empêcher un véritable génocide. C'est la
raison pour laquelle certains ont suggéré de modifier la Charte des Nations unies afin d'y
introduire une sorte de droit d'ingérence humanitaire. Ainsi, une situation de génocide ou
d'atteinte aux droits des minorités pourrait légitimement justifier une ingérence humanitaire.
Il faut noter en ce sens que la Commission Carlsson a, en 1995, proposé que la charte
élaborée en 1945 soit modifiée pour autoriser le Conseil de sécurité à intervenir dans des
crises intergouvernementales en cas de « violation massive de la sécurité des gens ».
D'autres vont jusqu'à affirmer que l'ONU devrait abandonner son ambition initiale
d'imposer la paix à travers le monde pour se consacrer désormais exclusivement à des
opérations d'assistance humanitaire.
D'autre part, force est de constater, comme l'a lui-même reconnu Boutros Boutros
Ghali, que l'Organisation n'a plus les moyens à sa disposition pour entreprendre les
opérations de rétablissement de la paix prévues au chapitre 7 de sa Charte. C'est ce qui
explique que l'O’U ait été amenée à accepter la sous-traitance d'opérations importantes de
maintien de la paix par de grandes puissances régionales et leurs armées nationales : Les
Etats Unis sont intervenus en Haïti, la France au Rwanda ou encore la Russie en
Géorgie et cela avec la bénédiction de l'Organisation.
En Bosnie, les Nations unies ont sous-traité à l'OTAN. Boutros Boutros Ghali n'était
pas favorable à une politique de « sous−traitance » des opérations de maintien de la paix à
certains pays car, selon lui, « cela affaiblit l'image des Nations unies ». Mais le Secrétaire
général de l'Organisation faisait remarquer qu'il avait « une responsabilité morale » : « Si je
n'arrive pas à obtenir une intervention collective de la part des nations unies, je suis obligé
de penser à la sous−traitance »37.
37
~ 80 ~
Boutros Boutros Ghali, qui a jugé « peu réaliste »l'idée de doter l'Organisation
mondiale d'une armée internationale permanente, a affirmé qui'il s'était efforcé de
« convaincre les Etats de créer des stand by forces (forces en attente) spécialement
entraînées pour le maintien de la paix et disponibles dans un délai très fref »
Enfin, on doit souligner que les dépenses de l'ONU occasionnées par les opérations
de maintien de la paix qui se sont multipliées depuis la chute du mur de Berlin et la fin de la
guerre froide ont spectaculairement augmenté et cela alors que l'Organisation internationale
a connu une grave crise financière.
Le 23 août 2000, un groupe d'experts, présidé par l'ancien ministre algérien des
Affaires étrangères Lakhdar Brahimi, a rendu un rapport sur les opérations de paix des
Nations unies.
Ce rapport est extrêmement critique sur les opérations de paix des nations unies. Il
recommande une série de réformes importantes pour un coût de 100 millions de dollars. Les
Etats Unis ont rendu hommage à ce rapport qui propose des réformes destinées à renforcer
les moyens et les missions de paix des « casques bleus ». Le rapport met l'accent sur la
nécessité de mandats « robustes » pour permettre aux soldats de la paix de se défendre et
de défendre leur mandat : « les règles d'engagement devraient non seulement permettre
aux soldats de riposter au coup par coup mais les autoriser à lancer des contrattaques
vigoureuses pour faire taire les tirs meurtriers contre des personnes qu'ils sont chargés de
protéger ». Le rapport préconise le maintien à la disposition des Nations unies de « forces
cohérentes et multinationales de la taille d'une brigade », mobilisables dans un délai de 30
jours.
économique et social. En effet, dans son préambule, la Charte des Nations unies assigne à
l'Organisation aussi bien de maintenir la paix et la sécurité internationale que de « favoriser
le progrès économique et social de tous les peuples ». Boutros Boutros-Ghali a eu raison de
rappeler que « 70 % de l'activité des Nations unies sont consacrés aux questions de
développement 1 » : ce que l'opinion publique a tendance à ignorer.
De plus, le progrès social inscrit dans la Charte de 1945 n'est pas uniquement un
principe généreux. C'est un principe générateur de paix. Effectivement, il existe une
évidente complémentarité entre le maintien de la paix et la promotion du développement.
Les facteurs économiques et sociaux pèsent d'un poids important dans la plupart des
conflits actuels. De surcroît, les situations de guerre aggravent considérablement le sous-
développement des États: Il ne peut donc y avoir de paix efficace sans développement,' ni
de développement durable sans la paix
L'ONU a notamment pour mandat «le relèvement des niveaux de vie, le plein emploi
et des conditions de progrès et de développement dans l'ordre économique et social»
(article 55 de la Charte des Nations unies).
Ce « nouvel ordre économique» vise à corriger les inégalités entre les pays en voie
de développement et les pays développés.
Les résolutions 3201 et 3202 de l'Assemblée générale de l'ONU du 1er mai 1974
portant déclaration et programme d'action concernant l'établissement d'un Nouvel ordre
économique international (NOE!) ont défini ce NOEI comme devant être «fondé sur l'équité,
l'égalité souveraine, l'interdépendance, l'intérêt et la coopération entre tous les États,
indépendamment de leur système économique et social, (un NOEI) qui corrigera les
inégalités et rectifiera les injustices actuelles, permettra d'éliminer le fossé croissant avec les
pays développés. »
Les revendications des États du' Tiers-Monde seront complétées par la « Charte
des droits et des devoirs économiques des États» (résolution 3281 de l'Assemblée générale
des Nations unies, 12 décembre 1974).
Lors du sommet de Cancun, qui a marqué l'histoire du dialogue Nord-Sud, Une plus
juste répartition des richesses a été réclamée par les pays du Sud. Mais ce sommet, qui
rassembla en octobre 1981 vingt-deux chefs d'État et de gouvernement, n'a eu aucune
suite.
C'est aussi en 1981 que les Nations unies ont lancé leur première conférence sur
les PMA (pays les moins avancés) 1 en se donnant rendez-vous tous les dix ans. La
deuxième conférence des Nations unies sur les PMA qui a eu lieu comme la première à
Paris, en 1990, a constaté que la situation des PMA s'était dégradée.
En vingt ans, le nombre des « pays les moins avancés» est passé de 31 à 49 États.
Ces pays, qui se situent notamment en Afrique subsaharienne (Rwanda, Éthiopie ...)et en
Asie (Bangladesh,' Afghanistan ...), ne disposent que de 1 % de la richesse mondiale. Ils
cumulent en fait tous les handicaps (explosion démographique, extrême pauvreté,
agriculture archaïque ...). La catégorie des « PMA2 » a été introduite à l'initiative du
Groupe des 77, lequel a été créé en 1963 et a pour ambition de défendre la conception que
peut avoir le Tiers-Monde des relations économiques à l'échelle mondiale. Dans son rapport
2006 sur les PMA, la CNUCED, qui doute de l'amélioration de la situation des pays les plus
pauvres, préconise le développement des capacités de production des PMA afin d'accroître
leur autonomie et de lutter de manière efficace contre la pauvreté.
par la mondialisation, ont pris l'engagement de traiter le développement social comme une
priorité essentielle des politiques nationales et internationales.
§2. Les objectifs de la déclaration du Millénaire adoptée par les Nations unies en septembre 2000
Donner à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d'achever un cycle complet
d'études primaires.
". Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estime' que les
pays les plus pauvres ne seront pas en mesure d'atteindre les objectifs fixés par la
déclaration du Millénaire si les pays riches n'organisent pas un partenariat mondial pour le
développement.
Le 11 juin 2005, les ministres des Finances des pays riches du G8 ont décidé
l'effacement de 40 milliards de dollars de la dette multilatérale de 18 pays pauvres.
Dans le document final du sommet mondial 2005, les États membres ont réaffirmé
les «Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », Dans un article paru en juin
2007, Ban Ki-Moon a évoqué le nouveau consensus concernant la réalisation des OMD («
Comment l'ONU aretrouvé le pouvoir de convaincre », Le Figaro, l" juin 2007).
Dans les pays du Sud, la croissance démographique est de nature à créer des
difficultés pour satisfaire notamment les besoins alimentaires. C'est la raison pour laquelle la
maîtrise démographique est souvent présentée comme un facteur conditionnant le
développement.
L'Organisation mondiale a mis en place en 1969 le Fonds des Nations unies pour la
population (FNUAP) qui est chargé d'aider les pays en développement à trouver des
solutions à leurs problèmes démographiques et a organisé plusieurs conférences sur la
population qui ont mis en évidence les relations existantes entre la démographie et les
questions sociales
La population mondiale, qui a plus que doublé depuis 1950, a dépassé en octobre
1999 les six milliards d'habitants.
D'après les prévisions du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), qui
est chargé d'assister les pays du Tiers-Monde, la démographie de la planète sera
caractérisée au XXI° siècle par un ralentissement et un vieillissement prononcés.
L'humanité devrait atteindre les neuf milliards d'êtres humains en 2050. Les États de
l'Afrique subsaharienne seront les seuls à voir leur population doubler entre 2000 et 2050,
passant de 600 millions à 1,2 milliard d'habitants.
« Les trois milliards d'êtres humains supplémentaires prévus d'ici à 2050 iront, pour
une part, grossir la population des pays pauvres et fortement peuplés. Et d'abord leurs
villes, car la population du XXI" siècle sera, pour la première fois, majoritairement urbaine ».
La conférence de Bucarest de 1974 est à l'origine d'un plan mondial d'action destiné
à permettre une adéquation entre la croissance démographique et le développement
économique. Lors de cette première conférence des Nations unies sur la population, les
pays du Nord ont milité en faveur d'une démographie contrôlée. La conférence de Mexicode
1984 a vu les pays du Tiers-Monde admettre l'idée d'une régulation démographique.
La conférence du Caire, qui a réuni 182 des 191 États invités par l'ONU, a réaffirmé
~ 86 ~
«la prérogative des nations d'agir individuellement dans le cadre de leur législation et de leur
culture ».
En 1994, 179 pays ont adopté un ambitieux programme d'action échelonné sur 20
ans qui a fixé des objectifs tels quel affranchissement de la femme Ou la réduction de la
pauvreté. Mais en septembre 2004, le FNUAP a constaté que l’insuffisance des fonds
provenant des pays donateurs vient menacer les efforts menés pour notamment réduire la
mortalité maternelle et prévenir le virus du sida.
Le système des Nations unies a été instauré dans un monde qui n'a guère de
rapports avec celui dans lequel nous vivons. Il n'a guère évolue depuis 1945.
Comme on l'a souligné, les structures des Nations unies ne sont pas adaptées aux
problèmes posés par la mondialisation ; elles doivent être profondément transformées, afin
de permettre à la communauté internationale d’affronter effectivement les défis de la
mondialisation'.
Les décisions du Conseil de sécurité sont perçues comme celles d'un nombre trop
limité d'États puisque finalement 15 pays sont censés représenter les 192 Etats membres
de l'organisation mondiale. C'est la raison pour laquelle le principal changement proposé est
l'élargissement du Conseil de sécurité.
Cela étant précisé, réformer l'Organisation des Nations unies n'est pas une tâche
aisée.
En effet, toute réforme exige notamment l'approbation d'une majorité qualifiée des
deux tiers des membres de l'Assemblée générale de l'ONU.
~ 87 ~
Pour Kofi Annan, l'actuel Conseil ne reflète plus « les réalités géopolitiques du XXle
siècle ».
Les États-Unis se sont déclarés favorables à ce que ces deux États; qui sont
aujourd'hui les principaux contributeurs au budget des Nations unies, puisent obtenu: un
siège de membre permanent au Conseil.
Cela étant admis, force est de reconnaître que l'entrée au Conseil de sécurité des
deux États (ex-)ennemis selon la Charte, permettrait d'adapter le Conseil aux nouvelles
réalités de la société internationale. Dans sa forme actuelle, ce dernier demeure pour tous
les États membres de l'organisation universelle un anachronisme. Le 10 décembre 1993, un
groupe de travail chargé d'examiner cette question de l'élargissement du Conseil de sécurité
a été constituée par l'Assemblée générale. Celui-ci a notamment suggéré d'instaurer des
membres dits « semi-permanents » qui seraient amenés à se succéder à la fin de leur
mandat de deux ans. Ainsi, des puissances d'audience régionale comme l'Inde, le Nigeria,
le Brésil ou encore l'Égypte, pourraient venir compenser l'entrée de l'Allemagne et du Japon
dans le « fameux club» des permanents. Mais l'idée de créer des membres dits « semi-
pennanents » a été critiquée.
D'autre part, il faut signaler que la Commission Carlsson a rendu public, en janvier
1995, son rapport sur la réforme des institutions mondiales et des Nations unies. Cette
commission internationale, crée à l’initiative de Willy Brandt, et coprésidée par le suédois
Ingvar Carlsson et le juriste Shridath Rarnphal, a proposé une réforme du Conseil de
sécurité en deux étapes (Our Global Neighbourhood ; Oxford University Press).
~ 88 ~
Par ailleurs, dans leur rapport très attendu sur la réforme de l'Organisation
mondiale, le groupe des « 16 sages" nommé en 2003 par Kofi Annan propose que le
Conseil de sécurité passe de 15 à 24 membres, avec deux modèles possibles pour la
répartition des sièges.
Mais le projet des «quatre» a suscité des oppositions. Certains pays redoutent une
modification des grands équilibres actuels. Ainsi, par exemple, l'Italie s'est déclarée
publiquement contre la candidature de l'Allemagne. La candidature de l'Inde, quant à elle,
inquiète son voisin, le Pakistan et celle de Tokyo n'est pas du goût de Pékin.
Les spécialistes insistent sur le fait qu'un tel organisme pourrait prendre en compte
la dimension économique et sociale des conflits.
Les conflits ouverts se caractérisent par des antagonismes et des oppositions entre
agents collectifs pouvant aller jusqu’à la lutte armée. Ils peuvent prendre une forme armée et
conduire à des violences militaires extrêmes (deadly conflict). Les conflits internes, entre les
citoyens d’une même nation (guerres civiles, rébellion), se distinguent traditionnellement des
conflits externes (guerres internationales). La guerre, selon Karl von Clausewitz 40, est « un
acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » ; il s’agit d’un
conflit armé entre des nations, des États, des groupes humains. Les conflits infra-étatiques
actuels sont régionalisés ou mondialisés, avec une forte érosion de la distinction entre le
public et le privé, le militaire et le civil, l’interne et l’externe41.
Alors que les conflits armés ont pris le devant de la scène, ils sont relativement peu
étudiés par les économistes. Plusieurs questions préalables se posent, en effet, concernant
la légitimité pour un économiste d’aborder les conflits et la spécificité ou non des conflits
africains.
Les conflits et les guerres sont au cœur des sciences politiques, des
comportements de pouvoir et de volonté de puissance. Ils s’expliquent également par les
enjeux économiques, le sous-développement économique, par des économies de rentes et
de prédation et par la montée en puissance d’une économie mondiale criminelle et mafieuse.
Il y a toutefois risque à rationaliser l’irrationnel, et réduire l’homo bellicus à un homo
oeconomicus, ou l’explication des guerres au capitalisme mondialisé 42. La seconde question
concerne la spécificité africaine des conflits armés. Aux conflits de la période de la guerre
38
Philippe Hugon, « l’économie des conflits en Afrique », in Revue internationale et stratégique, 2001/3, n°43
ou http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RIS&ID_NUMPUBLIE=RIS_043&ID_ARTICLE=RIS_043_0152
39
Lire Pascal Boniface (sous la dir.), L’Année stratégique 2001, Paris, IRIS, Éditions Michalon, 2000. Voir également SIPRI
Yearbook 2000, « Armaments, Disarmament and International Security », Stockholm, 2000.
40
Karl von Clausewitz, De la guerre, Paris, Éditions de Minuit, 1955, p. 51.
41
Mary Kaldor, New and Old Wars, Oxford, Polity Press, 1999.
~ 92 ~
froide, caractérisés par des oppositions idéologiques et des soutiens des grands blocs, ont
fait place des guérillas multiformes, davantage intra-africaines, avec retrait des grandes
puissances43. Ces guerres mobilisent de petits effectifs ; elles utilisent des armes « labor
intensive ». Elles sont financées par des diasporas, la mobilisation forcée et par les grandes
entreprises. Elles sont également liées à la mondialisation en cours. Elles se rapprochent
enfin, selon certains symptômes, des guerres du Moyen Âge, même s’il y a danger à croire
que l’histoire se répète.
Nous rappellerons tout d’abord certains facteurs explicatifs des conflits, puis
traiterons des analyses économiques des conflits, avant d’étudier leurs conséquences
économiques et de proposer, enfin, certaines orientations permettant une meilleure
prévention des conflits.
Il serait dangereux d’avoir une lecture matérialiste des guerres, et les expliquer
pardes jeux d’intérêts des oligopoles ou par des rationalités économiques des agents. Onne
peut, inversement, les réduire à l’expression de puissances étatiques cherchant àexercer
leur pouvoir et à étendre leur territoire. Le génocide ou l’extermination del’autre a pour
unique logique la destruction. Il y a enchevêtrement de facteurs qu’ilimporte de hiérarchiser.
44
Jean-Christophe Ruffin, « L’économie des guérillas et les trafics », La revue internationale et stratégique, IRIS, décembre
1995.
45
Samuel P. Huntington, Le choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 2000.
~ 93 ~
On observe une prolifération des armements peu coûteux à diffusion rapide, allant
de la kalachnikov à la machette46. Les armées régulières et les forces de maintien del’ordre
sont souvent en déshérence ; ainsi se développe le mercenariat. On observedans un
contexte « moyenâgeux » une montée en puissance des allégeances auprèsdes seigneurs
de la guerre jouant un rôle de protecteur. Les guerres sont d’autantplus aisées que le trafic
des armes légères s’est développé : recyclage, vente des surplus des pays de l’Est. Le coût
des armes a fortement chuté ; dans certains pays africains un AK-47 coûte 6 livres sterling.
La stabilité hégémonique assurée par les deux grands blocs conduisait à une
production de la sécurité, bien collectif pris en charge par un hégémon. La fin de laguerre
froide et de la bipolarité s’est traduite par un retrait des puissances hégémoniques, par une
apparition de conflits désinternationalisés et par des dynamiques defractionnement et de
fragmentation territoriale. La guerre peut avoir ainsi une finalité politique : accéder au pouvoir
par la force. Il existe de nouveaux enjeux hégémoniques. Le Zimbabwe est ainsi impliqué
dans la guerre de la RDC (République démocratique du Congo) pour s’opposer au
leadership de l’Afrique du Sud. Certainsconflits concernent le contrôle de territoires, comme
l’accès à la mer pour l’Éthiopieen Érythrée. On observe des liens entre la privatisation de la
société et de l’État, lamise en place d’organisations paramilitaires ou de juridictions privées
et la montée dela violence. On peut parler de faillite des organisations pyramidales
centralisées ayantpour objet le maintien de l’ordre dans un espace territorial47.
- local : concurrence pour les facteurs rares tels les terres (comme au Rwanda
et au Burundi) ou l’eau ;
- national : conflits pour le partage ou l’accaparement de rentes ;
- régional : accaparement de richesses par des pays limitrophes ou des
puissances régionales, reconfiguration des conglomérats ;
- international : liens avec les circuits internationaux plus ou moins mafieux.
46
Lora Lumpe, Running Guns, The Global Black Market in Small Arms, Londres, ZED books, 2000.
47
Achille Mbembe, De la postcolonie, Paris, Karthala, 2000
~ 94 ~
Les conflits trouvent leurs racines dans les défaillances économiques. Si toutes
lesguerres n’ont pas une explication économique, toutes ont besoin de financement.
Laquasi-totalité des guerres en Afrique est liée au contrôle des richesses (diamant,pétrole,
narcodollars), au pillage ou à la recherche de protection contre rémunération.Elles s’appuient
sur la pauvreté et le chômage pour le recrutement des milices. Le coûtd’opportunité de la
guerre est d’autant plus faible que les populations jeunes sont chômeuses et sans
ressources. Collier et Hoeffler48 estiment, à partir de tests économétriques, que quatre
déterminants majeurs accroissent les probabilités d’apparition et dedurée des conflits
africains : le bas niveau de revenu, qui peut être assimilé à un coûtd’opportunité moins élevé
de la rébellion ; les ressources naturelles, qui ne jouent pasde manière monotone et
accroissent les risques de conflits jusqu’à un certain seuil (enaugmentant les gains potentiels
des rebelles), puis les réduisent (peut-être parce qu’ellesaugmentent les capacités des États
d’assurer l’ordre) ; le volume de la population, quiaccroît les risques en rendant possibles les
sécessions ; et enfin, le fractionnementethnolinguistique, qui ne joue pas non plus de
manière monotone.
Les effets des différences ethniques ne sont pas sans incidences ; ils accroissent
lesrisques de conflits si le nombre d’ethnies est limité, et si les droits et la démocratiesont
faibles.
48
P. Collier, A. Hoeffer, « On Economic Causes of Civil Wars », Oxford Economic Papers, vol. 50, 2000, p. 563-573.
49
P. Collier, A. Hoeffer, ibid.
50
H. L. Grossman, « A General Equilibrium Model of Insurrections », American Economic Review, no 81, 1991, p. 912-929.
~ 95 ~
d’être renversé. Les gouvernements et les rebelles ont chacun leur fonctiond’utilité, des
coûts d’intervention, des probabilités de réussite.
L’appartenance à la zone franc a un effet négatif que l’on peut interpréter par
lesvariables macro-économiques (maîtrise de l’inflation, stabilité...) ou comme indiced’un
soutien français.
§2. L’économie politique des conflits ou le jeu des intérêts économiques et de pouvoir
Dans les modèles précédents, dont l’intérêt réside dans la grande cohérence,
lesconflits sont posés en termes statiques de deux agents représentatifs rationnels,
ensituation d’asymétrie d’information, dans un contexte institutionnel défaillant. Cesmodèles
éclairent certaines facettes d’une réalité complexe, mais ne peuvent interpréter le processus
de conflits armés résultant de l’enchevêtrement de plusieurs facteurset conduisant à des
effets plurivoques.
Les conflits africains sont liés à la fois à des histoires propres de constitutiond’États-
nations, au contexte de sous-développement, à une fragmentation de l’espacenational non
contrôlé par un État fort et à des modes spécifiques d’insertion despostcolonies dans
51
Addison, Le Billon, Mushed, « On the Economic Motivation Conflict in Africa », Conference ABCDE, World Bank/CAE,
Paris, 2000.
52
Jean-Paul Azam, Jean-Claude Berthelemy, S. Calipel, « Risques politiques et croissance en Afrique », Revue économique,
no 47, 1996, p. 819-829.
53
Jean-Paul Azam, « The Redistribution State and Conflicts in Africa », Journal of Peace Research, 2000.
~ 96 ~
l’économie mondiale, avec un poids particulier des mafias internationales, des diasporas,
des conglomérats et des puissances régionales, et des jeuxd’alliance ou d’allégeance.
Si une autorité intervient pour faire respecter le contrat et sanctionner celui qui nele
respecte pas, il y aura un coût réduisant les dividendes de la paix, mais les solutions de paix
seront préférables aux solutions de guerre.
Les conflits armés africains peuvent être lus comme des défaillances de contrat,de
serment ou de réputation permettant des jeux coopératifs. Plusieurs explicationspeuvent être
54
Philippe Hugon, L’économie de l’Afrique, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2001.
55
Pierre Dockes, Pouvoir et autorité en économie, Paris, Economica, 1999.
~ 97 ~
données de la rupture du contrat social. L’État ou l’autorité n’est nicrédible ni neutre vis-à-vis
des acteurs ; il est souvent opportuniste (Locke). Leséquilibres de pouvoir nécessaires pour
que l’autorité soit bienveillante (Montesquieu) sont limités. Dans un jeu à plus de deux, des
stratégies de « free rider »oude tricherie sont possibles. Il y a retrait des médiateurs
institutionnels extérieurs etabsence de médiateurs internes nécessaires pour assurer la
confiance. Les rétributions des joueurs pouvant les inciter à respecter les contrats sans
nécessitéd’autorités supérieures, disparaissent notamment du fait de la libéralisation et de
laprivatisation. En l’absence d’éducation civique, les joueurs ne peuvent intérioriserdes
normes morales (« tu ne tueras point ») ou des conventions « common know-ledge ». Dans
les sociétés africaines, la construction nationale demeure en cours, etla citoyenneté est
embryonnaire. L’État africain postcolonial se caractérise par safaiblesse menant au quasi-
effondrement d’institutions telles l’armée ; lui-même estfaiblement connecté à une société
civile apathique. La faillite du modèle étatiquepostcolonial, l’échec de l’État importé, auquel
s’est ajoutée la dévalorisation del’État par l’idéologie libérale, ont conduit à des
fractionnements territoriaux et àune montée en puissance de factions s’appuyant sur des
identités claniques, communautaires, ethniques ou religieuses.
56
R. Snyder, Ballantyne, « Nationalism in the Market Place of Ideas », International Security, 1996.
57
Claude Serfati, op. cit.
~ 98 ~
58
Pour la criminalisation de l’État en Afrique, se reporter à Jean-François Bayart, Béatrice Hibou, Stephen Ellis, La
criminalisation des États en Afrique, Paris, Éditions Complexe, 1997. Pour le cas du diamant, lire François Misser, Olivier
Vallé, Gemnocratie, l’économie politique du diamant en Afrique, Bruxelles, Desclée de Brouwer, 1997.
~ 99 ~
Les conflits armés sont des processus résultant d’interactions non linéaires
etconduisant à un chaos entropique. D’où la nécessité d’introduire de l’incertitude,
del’indéterminisme ou de l’aléatoire dans des systèmes non linéaires déterministes. Onpeut,
dans une vision systémique, considérer la guerre comme un chaos résultantd’un
enchevêtrement non maîtrisé de processus qui s’enchaînent, avec rupture desmodes de
régulation. L’incertitude systémique se définit comme une éventualité nonprobabilisable
59
Il existe des filières diamantifères allant des lieux de production, avec une multitude de petits producteurs, jusqu’aux
tailleurs d’Anvers, qui contrôlent 80 % des pierres brutes. On estime que les « diamants de guerre » correspondent à 4 % de
la production mondiale et de 10 à 15 % de la production de qualité. 60 % des diamants viennent d’Afrique. La De Beers a
longtemps exercé une position monopolistique. Elle représente les deux tiers du commerce pour un chiffre d’affaires de 5,2
milliards de dollars, possède 18 mines, notamment en Afrique australe, et emploie 20 000 mineurs. Elle a perdu une partie de
son rôle du fait de l’arrivée des sociétés russes et israéliennes (Lev Leviev). L’économie de pillage est assurée par un
consortium d’hommes d’affaires, de mercenaires, de vendeurs d’armes et d’entreprises de sécurité, face à la défaillance des
États. On note en RDC deux entreprises d’État sous la coupe zimbabwéenne. Le consortium diamantifère ORYX Natural
Resource (îles Caïmans) a signé un accord avec les entreprises zimbabwéennes, dont Operation Sovereign Legitimacy
(OSLEG), branche économique de l’armée zimbabwéenne. COSLEG est une joint venture entre le groupe OSLEG et la
COMEX, liée à Kabila. On note une fusion entre ORYX et la Petra Diamonds.
60
Jean de Maillard, Un monde sans loi, Paris, Stock, 1998.
~ 100 ~
d’apparition d’états dans lesquels les réponses des acteurs aux risquesperçus conduisent à
accroître le phénomène au niveau collectif.
En jouant sur les croyances, les pouvoirs peuvent contribuer par des manipulationsà
renforcer ces représentations. Les conflits armés apparaissent lorsque les intérêts
setransforment en passions, et que la pluralité des référents des agents se transforme enune
~ 101 ~
1. Le coût de la guerre
estimé à 200 milliards de dollars le coût pour la communauté internationale des sept
principales guerres menées dans les années 90, sanscompter le conflit du Kosovo. Ce qui
représente quatre fois le montant annuel del’aide au développement.
Certains travaux économétriques, tels ceux de Easterly et Levine 63, ont introduitles
fractionnements et les conflits ethniques comme une variable déterminante dela faible
croissance africaine. Ils reposent toutefois sur des méthodes discutables,en faisant du
nombre d’ethnies un facteur de crise possible. Ainsi, le Burundi oule Rwanda, bi-ethniques,
sont traités comme homogènes et stables. Les travaux deCollier et Hoeffler 64 ont montré, au
contraire, que les conflits étaient d’autant plus probables que le nombre d’ethnies était limité
et interdisait des jeuxd’alliances.
61
Philippe Hugon, op. cit.
62
D. Bloom, J. Sachs, « Geography, Demography and Economic Growth in Africa », Brookings Paperin
Economic Activity, September 1998.
63
W. Easterly, R. Levine, « Africa’s Growth Tragedy : Policies and Ethnic Divisions », Quarterly Jour-
nal of Economics, no114, 1997, p. 1203-1250.
64
P. Collier, A. Hoeffer, op. cit.
65
Alberto Alesina, R. Perotti, « The Political Economy of Growth : A Critical Survey of the
RecentLiterature », World Bank Economic Review,no8, 1994, p. 351-371.
66
Jean-Paul Azam, Jean-Claude Berthelemy, S. Calipel, « Risques politiques et croissance enAfrique
», Revue économique,no47, 1996, p. 819-829.
~ 103 ~
On peut, au contraire, considérer que les guerres africaines sont des facteurs
essentiels de décomposition des États et de sous-développement économique, non
seulement en raison des destructions des hommes et des biens qu’elles entraînent,
maisaussi du fait de l’insécurité dans laquelle se trouvent les agents économiques.
Ellesconduisent à généraliser les migrations et les réfugiés. Elles participent de la
prolifération des maladies telles le sida, et conduisent à une insécurité des droits de
propriétéou d’accès aux biens premiers. Les pillages se multiplient. Aujourd’hui, les guerres
sesont internationalisées par leur armement, dans leurs alliances et leurs enjeux. Dansun
univers mondialisé, on ne peut prendre pour hypothèse que le retrait desanciennes
puissances impériales laisse le champ libre à une histoire africaine hors dutemps mondial,
effaçant la parenthèse de la colonisation et l’artificialité des frontières. Les guerres sont aussi
un signe de l’affairisme, du clientélisme et du néopatrimonialisme liant les politiques internes
à l’Afrique avec des relations extérieures plus oumoins mafieuses.
Les travaux sur le risque pays introduisent les risques politiques comme
déterminant des exportateurs et des investisseurs et comme constituant du climat
desaffaires, à côté des risques financiers et de l’environnement des affaires (voir CreditRisk
International).
Les risques anticipés par les opérateurs sont ceux des coups d’États,
descatastrophes naturelles, des risques sanitaires. Les fausses représentations,
traduisantun afro-pessimisme, conduisent à des anticipations pessimistes sans rapport avec
lesrisques réels. Il en résulte des comportements « court termistes » qui sont desobstacles à
la croissance et au développement économique. Dans un contextede risque, les agents
préfèrent des solutions réversibles (valeur d’option), ont uneforte préférence pour la liquidité,
choisissent des solution d’ « exit » (des personnesou des capitaux) et recherchent un taux
de retour rapide du capital. L’incertitudeest source d’absence d’apprentissage et de
capitalisation. L’insécurité et les risquesde guerre sont une explication importante du faible
investissement étranger enAfrique (1 % des investissements directs mondiaux), alors que les
taux de retour ducapital y sont les plus élevés du monde (29 % pour les filiales des
firmesaméricaines).
67
Jean-François Bayart, Béatrice Hibou, Stephen Ellis, op. cit
~ 104 ~
Les famines sont nombreuses en Afrique, même s’il existe aujourd’hui des
surplusalimentaires mondiaux. Les famines antecoloniales (Empires du Ghana,
Mali,Songhaï) et coloniales ont existé (Éthiopie, 1888-1892, 2000). Les famines récentesont
concerné l’Éthiopie (1972-1974, 1984-1985), le Sahel (1973-1974), Madagascar(1986) le
Soudan (1998), le Lesotho (1983-1985), le Mozambique, le Nigeria, le Niger,l’Angola, le
Zaïre, l’Ouganda, la Somalie (1992) et le Liberia68.
68
Philippe Hugon, « L’économie des famines : innefficience des marchés, inéquité des droits
ou risque systémique », Revue économique, no 58, 1996.
~ 105 ~
La sécurité ne peut évidemment pas être le fruit des seules mesures de sécuritéqui
s’en prennent aux manifestations et non aux causes de la violence et des conflits. Les
solutions envisageables diffèrent selon le niveau auquel on se situe : conflits internationaux,
déficit des États de droit ou risque systémique dans un secteurdonné.
Le second niveau concerne la régulation d’un « monde sans loi ». Les mesures
supposent des négociations sur les biens publics internationaux et des systèmes de
~ 106 ~
respectdes normes et des règles. Les domaines vont du contrôle des places financières
offshore, aux trafics de produits illicites (drogues) ou de produits licites contrôlés pardes
mafias, en passant par le commerce des armes. Une coopération internationales’impose
notamment pour limiter le trafic des armes, réguler le commerce des produits finançant la
guerre (diamants, pétrole, drogues), et contrôler les centres offshore liés aux économies
mafieuses. Ces accords peuvent être conçus sur le modèle dumoratoire sur l’importation,
l’exportation et la fabrication des armes légères, signépar 8 pays du Sahel-Soudan, au mois
de mars 1997, sur celui des accords signés ausein de la SADC (Communauté de
développement de l’Afrique australe) ou sur le programme d’échange armes contre
développement, au sein de la CEDEAO (Communautééconomique des États de l’Afrique de
l’Ouest). Les pays exportateurs d’armes pourraient, par exemple, interdire la vente à des
pays endettés bénéficiant des mesuresPPTE (Pays pauvres très endettés).
Dans un monde où le poids des grands groupes privés l’emporte sur celui desÉtats,
les négociations doivent concerner également les codes de conduite des firmespétrolières,
diamantaires, financières ou productrices d’armes. Un avant-projet deconvention
internationale sur l’interdiction des « diamants de la guerre » est encours. Une conférence a
regroupé, au mois de mars 2001, 26 pays producteurs degemmes, des ONG (Organisation
non gouvernementales) et des pays occidentauxsous l’égide des Nations unies. Bien
entendu, la mise en œuvre de la transparenceest rendue particulièrement délicate du fait de
la collusion d’intérêts entre des Étatset des circuits mafieux et criminels, et du fait des
difficultés propres à la traçabilitédes diamants.
Créer des projets communs, des institutions régionales, faciliter les flux régionauxde
commerce, de travail et de capitaux, et donc des interdépendances économiques,est une
manière de faciliter le dialogue et de contourner les antagonismes politiques.Les travaux de
Palachek69, repris par Winters et Schiff 70, ont montré que l’intégrationrégionale réduisait les
risques de conflits. Elle peut ainsi constituer un « first best »par rapport au libre échange en
créant une sécurité favorable à la croissance. Ainsi,en Asie de l’Est, le jeu des intérêts
69
S. W. Palachek, « Conflict and Trade : An Economic Approach to Political Interactions », in W. Isard, Ch. H. Anderson
(ed.), Economic of Arms Reduction and the Peace Process, Amsterdam, North Holland, 1992.
70
M. Shiff, L. A. Winters, « Dynamic and Politics in Regional Integration Arrangements : An Intro- duction », The World
Bank Economic Review, no 12, 1998, p. 177-195.
~ 107 ~
croisés autour du régionalisme réticulaire, peu institutionnalisé et ouvert, est une manière de
dépasser les conflits latents, très élevésdans une zone en voie de surarmement. Les
puissances régionales exercent des effetsde polarisation, constituent des puissances
hégémoniques et sont devenues les principales bénéficiaires de ces intégrations régionales.
Elles ont, en contrepartie, des obligations à l’égard des nations périphériques. Et si ces
puissances (Côte-d’Ivoire au seinde l’UEMOA ou Afrique du Sud au sein de la SADC)
exercent bien leurs obligationsvis-à-vis des pays membres des unions régionales, encore
faut-il rappeler qu’il y a desprivilégiés et des laissés-pour-compte, qu’il est nécessaire de
mettre en place desmécanismes de compensation, et qu’en cas de non-intégration nationale,
la contrepartie est rendue très difficile.
La mise en évidence des facteurs explicatifs des conflits peut reposer sur destests
économétriques de type analyse des composantes principales, modèles derégression
logistique ou modèles non linéaires estimés selon la méthode du maximum de
vraisemblance. Les tests montrent que les possibilités de conflits armésafricains sont liés à :
- les pays en guerre sont caractérisés par des défaillances des systèmes
d’information et par un poids élevé des flux non enregistrés ;
- les conflits sont décentralisés et transnationaux, alors que les statistiques
sontnationales (voir les conflits localisés : Touareg au Sahel, Casamance
auSénégal, etc.) ;
- on observe une forte fluidité des situations, et la guerre comme
processuspeut difficilement être appréhendée par des comparaisons de
statistiquesannuelles ;
- il y a souvent ambivalence des indicateurs retenus. Les dépenses
militairespeuvent être interprétées comme un facteur répressif dissuadant les
conflits oucomme un indice de militarisation conduisant à la guerre. Les taux
de scolarisation a priori réducteurs de conflits peuvent également les
expliquer si lesgroupes s’opposent aux élites, comme c’est le cas au
Rwanda et au Burundi ;
- les liens constatés sont souvent tautologiques. Ainsi, les indicateurs de
crédibilité peuvent être des facteurs explicatifs des conflits ou des
résultantes deceux-ci.
~ 109 ~
In http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9chauffement_climatique
Courbes des températures des deux derniers millénaires, selon diverses études
Cycles climatiques
Les variations du climat sont corrélées avec celles de l'insolation, des paramètres de
Milanković, de l'albédo, des cycles solaires et des concentrations dans l'atmosphère des
gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone et des aérosols.
Au cours du quaternaire, l'amplitude thermique a été de l'ordre de 10 °C, mais avec des
hausses de température n'ayant jamais dépassé de plus de 4 °C la température
moyenne annuelle de la fin du XXe siècle.
En revanche pour les cycles plus anciens, comme durant le Permien, la température
moyenne globale a atteint 22 °C soit 8 °C de plus par rapport à la moyenne actuelle,
comme on peut le voir sur le graphique ci-contre. Durant ces périodes chaudes qui ont
duré plusieurs dizaines de millions d'années, la Terre était dépourvue de calottes
polaires.
Temps historiques
6 2006 +0,42 °C
7 2001 +0,41 °C
8 2007 +0,40 °C
9 1997 +0,35 °C
10 2008 +0,32 °C
Les mesures terrestres de température réalisées au cours du XXe siècle montrent une
élévation de la température moyenne. Ce réchauffement se serait déroulé en deux
phases, la première de 1910 à 1945, la seconde de 1976 à aujourd'hui. Ces deux
phases sont séparées par une période de léger refroidissement. Ce réchauffement
planétaire semble de plus corrélé avec une forte augmentation dans l'atmosphère de la
concentration de plusieurs gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone, le méthane
et le protoxyde d'azote.
La température moyenne planétaire de 2001 à 2007 est de 14,44°C soit 0,21°C de plus
de 1991 à 2000[13]. À ce rythme l'augmentation est de 2,5°C en 100 ans.
Plusieurs changements ont été observés dans le monde qui semblent cohérents avec
l'existence d'un réchauffement climatique planétaire. Cependant, le lien entre ce
réchauffement et les observations faites n’est pas toujours établi de façon sûre. En
France c'est l'ONERC qui coordonne les observations.
En 2005 et 2007 ont été atteints les records de minimum de l'étendue de la banquise
arctique.
Le climat
La fonte de la banquise
~ 112 ~
Plusieurs études indiquent que les banquises sont en train de se réduire. Le satellite
spécialisé CryoSat-2[15], qui sera mis en orbite en 2009 après l'échec du premier satellite
CryoSat en 2005, fournira des informations plus précises sur les quantités de glace
polaire.
En Arctique
Des observations par satellite montrent que ces banquises perdent de la superficie dans
l'océan Arctique[16]. Par ailleurs, un amincissement de ces banquises, en particulier
autour du pôle nord, a été observé[17]. L'âge moyen des glaces sur la période 1988-2005,
est passé de plus de six ans à moins de trois ans [18]. La réduction de l'étendue moyenne
de la banquise arctique depuis 1978 est de l'ordre de 2,7 % par décennie (plus ou moins
0,6 %), son étendue minimale en fin d'été diminuant de 7,4 % par décennie (plus ou
moins 2,4 %)[12]. Le réchauffement dans cette région est de l'ordre de 2,5 °C[19] (au lieu
de 0,7 °C en moyenne sur la planète), et l'épaisseur moyenne des glaces a perdu 40 %
de sa valeur entre les périodes 1958-1976 et 1993-1997[20]. 2007 marque un minimum de
la banquise en été[21]. Cette année-là, les observations satellitaires constatent une
accélération de la fonte de la banquise arctique, avec une perte de 20 % de la surface
de la banquise d'été en un an [22]. Les observations menées pendant l'expédition Tara
dirigée sous l'égide du programme européen Damoclès (Developping Arctic Modelling
and Observing Capabillities for Long-term Environmental Studies)[23] de septembre 2006
à décembre 2007 indiquent que les modifications entamées dans l'océan Arctique sont
profondes et irréversibles[24]. Par ailleurs, le Groenland a vu ses glaciers se réduire de
230 à 80 milliards de tonnes par an de 2003 à 2005, ce qui contribuerait à 10 % de
l'élévation du niveau des mers[25].
En Antarctique
En Antarctique, les mesures par satellites, faites depuis 1979 ne montrent pas
actuellement de diminution de surface, contrairement à la banquise Arctique [26].
Cependant, on observe un certain nombre de phénomènes exceptionnels. Ainsi,
3 500 km2 de la banquise Larsen B, (l'équivalent en surface des deux tiers d'un
département français), se sont fragmentés en mars 2002, les premières crevasses étant
apparues en 1987. Cette banquise était considérée comme stable depuis 10 000 ans[27].
Au mois d'avril 2009, la plaque Wilkins, dont la superficie était naguère de 16 000 km2
s'est également détachée[28].
Glace à Chamonix découvre des vestiges humains du Moyen Âge[32], preuve que le
glacier a déjà reculé davantage que de nos jours à une période historiquement proche.
Il faut bien être conscient que l'affirmation selon laquelle les glaciers disparaissent
à cause d'un hypothétique réchauffement global occulte dans certains cas les
véritables processus qui en sont responsables. Ainsi, le réchauffement climatique
explique fort mal le retrait des glaciers du massif africain du Kilimandjaro, et celui
d'autres glaciers tropicaux.[34] En effet, la dynamique des glaciers est autrement plus
complexe que celle qui régit la fonte d'un simple glaçon au fond d'un verre d'eau, par
exemple. De nombreux paramêtres plus influents que la température moyenne globale
ont été récemment mis en évidence. D'autre part, on sait qu'il existe aussi un
mouvement inverse de progression de certains glaciers dans le monde, tels le
Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe situé en Islande, dont la surface a été
multipliée par 10 depuis le 11ème siècle.
Le climat, et en particulier les températures, ont un effet sur la date des récoltes
agricoles. Dans de nombreux cas, les dates de vendanges sont régulièrement avancées,
comme en Bourgogne[35],[36],[37]. De plus ces phénomènes peuvent être décrits sur
plusieurs décennies car ces dates de vendanges ont été consignées dans le passé et
archivées. De tels documents sont utilisés pour déterminer les températures à des
périodes où les thermomètres n'existaient pas ou manquaient de précision. Un
réchauffement climatique depuis le XXe siècle est clairement établi par l'étude de ces
archives (ainsi, la date de début des vendanges à Châteauneuf-du-Pape a avancé d'un
mois en cinquante ans[38]).
Faune et flore
Chorologie
Une étude menée conjointement par le Centre français de recherche pour l'ingénierie de
l'agriculture et de l'environnement (Cemagref) et par l'Institut Leibniz pour les sciences
marines de Kiel, rendue publique le 20 juillet 2009 dans les Comptes-rendus de
l'Académie américaine des Sciences, a conclu que la masse corporelle de certains
poissons d'eau douce des fleuves et rivières européens (truites, barbeaux...), ainsi que
certaines populations de la mer Baltique et de la mer du Nord, a diminué en moyenne de
~ 114 ~
Cyclones tropicaux
Le consensus scientifique dans le dernier rapport AR4 du GIEC est que l'intensité des
cyclones tropicaux va probablement augmenter (avec une probabilité supérieure à 66%).
Une étude publiée en 2005, remise en question depuis par une seconde étude, indique
une augmentation globale de l'intensité des cyclones entre 1970 et 2004, le nombre total
de cyclones étant en diminution pendant la même période[41],[42],[43]. Selon cette étude, il
est possible que cette augmentation d'intensité soit liée au réchauffement climatique,
mais la période d'observation est trop courte et le rôle des cyclones dans les flux
atmosphériques et océaniques n'est pas suffisamment connu pour que cette relation
puisse être établie avec certitude. La seconde étude publiée un an plus tard ne montre
pas d'augmentation significative de l'intensité des cyclones depuis 1986 [44],[45]. Ryan
Maue, de l'université de Floride, dans un article intitulé "Northern Hemisphere tropical
cyclone activity", observe pour sa part une baisse marquée de l'activité cyclonique
depuis 2006 dans l'hémisphère nord par rapport aux trente dernières années [46]. Il ajoute
que la baisse est probablement plus marquée, les mesures datant de trente ans ne
détectant pas les activités les plus faibles, ce que permettent les mesures d'aujourd'hui.
Pour Maue, c'est possiblement un plus bas depuis cinquante ans que l'on observe en
termes d'activité cyclonique.
Par ailleurs, les simulations informatiques ne permettent pas dans l'état actuel des
connaissances de prévoir d'évolution significative du nombre de cyclones lié à un
réchauffement climatique[47].
Dans le cadre du "système ARGO", 3000 balises automatiques ont été réparties dans
tous les océans en 2007 et permettront de suivre la température et la salinité des océans
jusqu'à 2000 mètres de profondeur. En Atlantique Nord, des chercheurs de l'Ifremer
Brest ont confirmé les tendances au réchauffement dans les couches de surface[52].
Causes
~ 115 ~
Origine humaine
Des experts du GIEC ont confirmé le 2 février 2007 que la probabilité que le
réchauffement climatique soit dû à l’activité humaine est supérieure à 90 %[3]. Leurs
conclusions sont tirées des résultats d’expériences avec des modèles numériques. En
particulier, l’augmentation de la température moyenne mondiale depuis 2001 est en
accord avec les prévisions faites par le GIEC depuis 1990 sur le réchauffement induit par
les gaz à effets de serre. Enfin, un réchauffement uniquement dû à l’activité solaire
n’expliquerait pas pourquoi la troposphère verrait sa température augmenter et pas celle
de la stratosphère[12].
GIEC 2007
49 milliards de tonnes équivalent CO2 sont émises annuellement par les activités
humaines
La part due au secteur énergétique est de 25.9%
suivie par l'industrie à 19.4%
le secteur forestier à 17.4%
La part due à l'agriculture est de 13.5%
et les transports 13.1%
L’effet de serre est un phénomène naturel : une partie du rayonnement infrarouge émis
par la Terre vers l’atmosphère terrestre reste piégée par les gaz dits « à effet de serre »,
qui augmentent ainsi la température de la basse atmosphère (troposphère). Ces gaz
sont essentiellement de la vapeur d'eau, et une infime partie est d’origine humaine. Sans
cet effet, la température de surface de la Terre serait en moyenne de -18 °C !
Actuellement ce phénomène naturel se renforce car la quantité de gaz à effet de serre a
augmenté ces dernières années, en particulier le CO2, naturellement en très faible
concentration dans l’atmosphère par rapport à la vapeur d’eau ou au diazote (N2), ce qui
~ 116 ~
déséquilibre le bilan radiatif de la Terre. Il a été prouvé par l’étude isotopique du carbone
dans l’air que cette augmentation des quantités de gaz à effet de serre est due à la
combustion de matière carbonée fossile.
Selon les conclusions du rapport de 2001 des scientifiques du GIEC, la cause la plus
probable de ce réchauffement dans la seconde moitié du XXe siècle serait le « forçage
anthropique », c’est-à-dire l’augmentation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre
résultant de l’activité humaine[59]. Selon les prévisions actuelles, le réchauffement
planétaire se poursuivrait au cours du XXIe siècle mais son amplitude est débattue :
selon les hypothèses retenues et les modèles employés, les prévisions pour les 50
années à venir vont de 1,8 à 3,4 °C.
Hypothèses
Les modèles numériques ont été utilisés pour estimer l’importance relative des divers
facteurs naturels et humains au travers de simulations menées sur des
supercalculateurs, pour identifier le ou les facteurs à l’origine de la brutale hausse de
température. Plusieurs hypothèses ont été testées :
Résultats
Les simulations climatiques montrent que le réchauffement observé de 1910 à 1945 peut
être expliqué par les seules variations du rayonnement solaire (voir changement
climatique)[réf. nécessaire]. En revanche pour obtenir le réchauffement observé de 1976 à
2006 (voir graphique), on constate qu’il faut prendre en compte les émissions de gaz à
effet de serre d’origine humaine. Les modélisations effectuées depuis 2001 estiment que
le forçage radiatif anthropique est dix fois supérieur au forçage radiatif dû à des
variations de l’activité solaire, bien que le forçage dû aux aérosols soit négatif. Le point
essentiel est que le forçage radiatif net est positif[12].
Consensus scientifique
~ 117 ~
Dans son rapport de 2001, le GIEC conclut que les gaz à effet de serre
anthropogéniques « jouent un rôle important dans le réchauffement global »[61].
En 2003, l'American Geophysical Union affirme que « les influences naturelles ne
permettent pas d’expliquer la hausse rapide des températures à la surface du
globe »[62].
Le 7 juin 2005, les académies des sciences des pays du G8[63] et celles des trois
plus gros pays en voie de développement consommateurs de pétrole [64] ont signé
une déclaration commune à Londres, affirmant que le doute entretenu par
certains à l'endroit des changements climatiques ne justifie plus l'inaction et qu'au
contraire, il faut « enclencher immédiatement » un plan d'action planétaire pour
contrecarrer cette menace globale[65].
Enfin, en 2007, le 4e rapport du GIEC, annonce que la probabilité que le
réchauffement climatique soit dû aux activités humaines est supérieure à 90 %[3].
De nombreux scientifiques estiment même que ce rapport n'est pas assez clair et qu'il
faudrait dès maintenant un programme international pour réduire drastiquement les deux
sources principales de gaz à effet de serre, le transport routier et les centrales à
charbon[66].
Bien qu'il existe un fort consensus dans la communauté scientifique sur le rôle
prédominant des activités humaines dans le réchauffement climatique du dernier demi-
siècle, sa probabilité étant estimée à plus de 90 %[3] par le dernier rapport du GIEC en
2007, des personnalités contestent tout ou partie de cette thèse et attribuent le
réchauffement à des causes naturelles[67], liées à l'activité du Soleil. Par ailleurs, des
critiques et controverses portent également sur les conséquences du réchauffement (voir
le paragraphe Poursuite du réchauffement climatique plus bas) et les actions à mener
pour lutter contre (voir la section Réponse des États plus bas).
Prévisions
Modèles climatiques
La prévision par les scientifiques de l’évolution future du climat est possible par
l'utilisation de modèles mathématiques traités informatiquement sur des
superordinateurs[68]. Ces modèles, dits de circulation générale, reposent sur les lois
générales de la thermodynamique et simulent les déplacements et les températures des
masses atmosphériques et océaniques. Les plus récents prennent aussi en
considération d'autres phénomènes, comme le cycle du carbone.
Ces modèles sont considérés comme valides par la communauté scientifique lorsqu'ils
sont capables de simuler des variations connues du climat, comme les variations
saisonnières, le phénomène El Niño, ou l'oscillation nord-atlantique. Les modèles les
~ 118 ~
Les modèles informatiques simulant le climat sont alors utilisés par les scientifiques pour
prévoir l'évolution future du climat, mais aussi pour cerner les causes du réchauffement
climatique actuel, en comparant les changements climatiques observés avec les
changements induits dans ces modèles par différentes causes, naturelles ou humaines.
De façon plus générale, ces modèles sont limités d'une part par les capacités de calcul
des ordinateurs actuels, et le savoir de leurs concepteurs d'autre part, la climatologie et
les phénomènes à modéliser étant d’une grande complexité. L'importance des
investissements budgétaires nécessaires sont aussi un aspect non négligeable de la
recherche dans le domaine du réchauffement climatique. Malgré ces limitations, le GIEC
considère les modèles climatiques comme des outils pertinents pour fournir des
prévisions utiles du climat.
Afin de prendre en compte ce dernier paramètre dans leurs prévisions, les climatologues
du GIEC ont utilisé une famille de 40 scénarios d'émission de gaz à effet de serre
détaillés dans le rapport SRES[71]. Dans certains scénarios, la croissance de la
population humaine et le développement économique sont forts, tandis que les sources
d’énergie utilisées sont principalement fossiles. Dans d’autres scénarios, un ou plusieurs
de ces paramètres sont modifiés, entrainant une consommation des énergies fossiles et
une production de gaz à effet de serre moindres. Les scénarios utilisés comme
hypothèse de travail pour l’élaboration du troisième rapport du GIEC (2001) ne prennent
pas en compte l’éventualité d’une modification intentionnelle des émissions de gaz à
effet de serre à l’échelle mondiale.
~ 119 ~
Les incertitudes liées au fonctionnement des modèles sont mesurées en comparant les
résultats de plusieurs modèles pour un même scénario, et en comparant les effets de
petites modifications des scénarios d’émission dans chaque modèle.
Les variations observées dans les simulations climatiques sont à l'origine d'un
éparpillement des prévisions de l'ordre de 1,3 à 2,4 °C, pour un scénario
(démographique, de croissance, de « mix énergétique mondial », etc.) donné. Le type de
scénario envisagé a un effet de l’ordre de 2,6 °C sur le réchauffement climatique simulé
par ces modèles et explique une bonne partie de la marge d’incertitude existant quant à
l’ampleur du réchauffement à venir.
Les prévisions d'augmentation de température pour l'horizon 2100 données par le GIEC
(SPM du AR4 2007) s'échelonnent de 1,1 à 6,3 °C. Les experts du GIEC affinent leurs
prévisions en donnant des valeurs considérées comme « les meilleures estimations », ce
qui permet de réduire la fourchette de 1,8 à 4,0 °C. Et en éliminant le scénario A1F1,
considéré comme irréaliste, l'augmentation de température serait comprise entre 1,8 et
3,4 °C.
Les quatre familles de
scénario[72],[73],[74] du
quatrième rapport et les
prévisions des hausses
de températures globales
moyennes en 2 100
Sourc Objectifs Objectifs
e: plus éco plus envir
GIEC[ nomique onnemen
70]
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2,0 —
5,4 °C
~ 120 ~
Les scientifiques du GIEC considèrent que ces prédictions sont les meilleures
prédictions actuellement possibles, mais qu'elles sont toujours sujettes à des
réajustements ou à des remises en cause au fur et à mesure des avancées scientifiques.
Ils considèrent qu'il est nécessaire d'obtenir des modèles plus réalistes et une meilleure
compréhension des phénomènes climatiques, ainsi que des incertitudes associées.
Les derniers articles scientifiques montrent que l'année 1998 [75] a été la plus chaude de
toute l'histoire de la météorologie, que le réchauffement s'accélère — 0,8 °C en un
siècle, dont 0,6 °C sur les trente dernières années —, mais aussi d'après l'analyse de
sédiments marins, que la chaleur actuelle se situe dans le haut de l'échelle des
températures depuis le début de l'holocène, c’est-à-dire 12 000 ans[76].
Les modèles utilisés pour prédire le réchauffement planétaire futur peuvent aussi être
utilisés pour simuler les conséquences de ce réchauffement sur les autres paramètres
physiques de la Terre, comme les calottes de glace, les précipitations ou le niveau des
mers. Dans ce domaine, un certain nombre de conséquences du réchauffement
climatique sont l'objet d'un consensus parmi les climatologues.
Selon le troisième rapport du GIEC, le niveau de la mer s'est élevé de 0,1 à 0,2 m au
XXe siècle. La montée du niveau des eaux est due principalement au réchauffement des
eaux océaniques et à leur dilatation thermique. L'effet de la fonte des glaciers ne se
ferait sentir qu'à beaucoup plus long terme, et celle des calottes polaires à l'échelle de
plusieurs siècles ou millénaires[77]. De même que pour les températures, les incertitudes
concernant le niveau de la mer sont liées aux modèles, d'une part, et aux émissions
futures de gaz à effet de serre, d'autre part.
L'élévation entre 1993 et 2003 est estimée à 3,1 mm par an (plus ou moins 0,7 mm)[12].
L’élévation prévue du niveau de la mer en 2100 est de 18 à 59 cm, selon le 4e rapport du
GIEC[78]. Elle pourrait être de 2 mètres en 2300.
~ 121 ~
Une montée des eaux de quelques centimètres n'a pas d'impact très visible sur les côtes
rocheuses, mais peut avoir des effets très importants sur la dynamique sédimentaire des
côtes plates : dans ces régions, qui sont en équilibre dynamique, la montée des eaux
renforce les capacités érosives de la mer, et déplace donc globalement l'équilibre vers
une reprise de l'érosion qui fait reculer les côtes. La montée du niveau moyen de la mer
a ainsi des effets beaucoup plus importants que la simple translation de la ligne de côte
jusqu'aux courbes de niveau correspondantes.
Les précipitations
Selon le dernier rapport du GIEC, une augmentation des précipitations aux latitudes
élevées est très probable tandis que dans les régions subtropicales on s'attend à une
diminution, poursuivant une tendance déjà constatée[79], de sorte qu'à l'horizon 2025, un
tiers de la population mondiale pourrait se trouver en état de stress hydrique[80].
La circulation thermohaline
La circulation thermohaline désigne les mouvements d'eau froide et salée vers les fonds
océaniques qui prennent place aux hautes latitudes de l’hémisphère nord. Ce
phénomène serait, avec d'autres, responsable du renouvellement des eaux profondes
océaniques et de la relative douceur du climat européen.
En cas de réchauffement climatique, le moteur qui anime les courants marins serait
menacé. En effet, les courants acquièrent leur énergie cinétique lors de la plongée des
eaux froides et salées, et donc denses, dans les profondeurs de l'océan Arctique. Or,
l'augmentation de la température devrait accroître l'évaporation dans les régions
tropicales et les précipitations dans les régions de plus haute latitude. L'océan
Atlantique, en se réchauffant, recevrait alors plus de pluies, et en parallèle la calotte
glaciaire pourrait partiellement fondre (voir Événement de Heinrich)[81]. Dans de telles
circonstances, une des conséquences directes serait un apport massif d’eau douce aux
abords des pôles, entraînant une diminution de la salinité marine et donc de la densité
des eaux de surface. Cela peut empêcher leur plongée dans les abysses océaniques.
Ainsi, les courants tels que le Gulf Stream pourraient ralentir ou s'arrêter, et ne plus
assurer les échanges thermiques actuels entre l'équateur et zones tempérées. Pour le
XXIe siècle, le GIEC considérait dans son rapport 2007 comme très probable un
ralentissement de la circulation thermohaline dans l'Atlantique, mais comme très
improbable un changement brusque de cette circulation[82].
Les scientifiques du GIEC prévoient, pour le XXIe siècle une diminution de la couverture
neigeuse, et un retrait des banquises. Les glaciers et calottes glaciaires de l'hémisphère
nord devraient aussi continuer à reculer, les glaciers situés à moins de 3 400 m d'altitude
pouvant être amenés à disparaître[90].
Une équipe de chercheurs a récemment mis en évidence un lien entre l'activité humaine
et l'effondrement de plates-formes de glace dans l'Antarctique [91]. Les réchauffements
locaux seraient dus à un changement de direction des vents dominants, cette
modification étant elle-même due à l'augmentation de la concentration de l'air en gaz à
effet de serre et la dégradation de la couche d'ozone en Antarctique à cause des CFC
d'origine humaine[92].
La majorité des climatologues pensent que les phénomènes induits par l'émission des
gaz à effet de serre vont se poursuivre et s'amplifier. Le troisième rapport du GIEC
insiste en particulier sur les points suivants :
certains gaz à effet de serre, ont une espérance de vie longue, et influent donc
sur l'effet de serre longtemps après leur émission (durée supérieure à 1 000 ans
pour le CO2 selon le quatrième rapport) ;
de par l'inertie du système climatique, le réchauffement planétaire se poursuivra
après la stabilisation de la concentration des gaz à effet de serre. Ce
réchauffement devrait cependant être plus lent ;
l'inertie, plus grande encore, de la masse océanique fait que l'élévation du niveau
des mers se poursuivra même après la stabilisation de la température moyenne
du globe. La fonte de calottes glaciaires, comme celle du Groenland, sont des
phénomènes se déroulant sur des centaines voire des milliers d'années[77].
Les récentes observations dans la zone arctique menées sous l'égide du programme
européen Damoclès (Developping Arctic Modelling and Observing Capabillities for Long-
term Environmental Studies) ont créé une véritable surprise dans le monde scientifique.
En effet, celles-ci montrent une différence importante avec les prévisions issues des
~ 124 ~
différents modèles et sur lesquelles sont basées les conclusions du GIEC : ceci se
traduit par une nette accélération des effets dus à l'augmentation des gaz à effet de
serre en Arctique (fonte totale de la banquise en été d'ici 2020) [100],[101].
Rétroactions
Les scientifiques nomment ainsi des emballements du système climatique lorsqu'un seuil
est dépassé. On parle aussi de bombe à carbone. De telles rétroactions ont déjà été
observées lors de précédents réchauffements climatiques, à la fin d'une ère glaciaire ; le
climat peut ainsi, en quelques années, se réchauffer de plusieurs degrés. Un exemple
concerne les hydrates de méthane. Le méthane (CH4, qui n'est autre que le gaz naturel,
à quelques « impuretés » près), est un gaz à effet de serre 23 fois plus réchauffant que
le CO2. Il se forme lorsque la décomposition de la matière organique s'effectue avec un
manque d'oxygène, et sous l'action de bactéries, un processus nommé méthanisation.
Les sols humides (marais) sont très propices à cette création de méthane, qui est alors
libéré dans l'atmosphère (cela peut donner lieu à des inflammations spontanées et l'on
peut observer des feux follets). Si le sol est gelé, le méthane reste piégé dans la glace
sous la forme d'hydrates de méthane. Le sol de Sibérie est ainsi un immense réservoir
de méthane (sans doute trop diffus pour être exploité industriellement) : le département
des études géologiques des États-Unis a évalué que ce réservoir pouvait être de la
même ampleur que tout le gaz, le pétrole et le charbon réunis. Cependant, le magazine
Science & Vie d'avril 2006 donnait plutôt comme valeur 1 400 Gt, comparativement à
5 000 Gt pour l'ensemble des combustibles fossiles. Si le sol se réchauffe, la glace fond
et libère le méthane déjà présent initialement, ce qui a pour conséquence un effet de
serre plus marqué, et par suite un emballement du réchauffement climatique, qui fait
fondre la glace encore plus vite… D'où le nom de rétroaction.
Les moteurs de la circulation océanique sont de deux types : l'eau en se rapprochant des
pôles se refroidit et devient donc plus dense. De plus, l'eau de mer qui gèle rejette son
sel dans l'eau liquide (la glace est constituée d'eau douce), devenant au voisinage des
calottes glaciaires encore plus dense. Cette eau plonge donc et alimente la pompe :
l'eau plus chaude de la surface est aspirée. L'eau du fond (froide) remonte dans les
zones des tropiques et / ou équatoriales et se réchauffe, ceci en un cycle de plus de
1 000 ans.
Si les calottes de glace fondent, la pompe se bloque : en effet, l'eau qui plonge provient
de la calotte et non plus de l'eau refroidie en provenance des tropiques. Un effet similaire
est observé si les précipitations augmentent aux hautes latitudes (ce qui est prévu par
les modèles) : l'eau qui plongera sera l'eau douce de pluie. À terme, une forte
perturbation du Gulf Stream est envisageable.
Au niveau biologique et écologique, un consensus scientifique a été atteint sur les points
suivants :
Le GIEC prévoit des conséquences négatives majeures pour l'humanité au XXIe siècle :
une baisse des rendements agricoles potentiels dans la plupart des zones
tropicales et subtropicales ;
une diminution des ressources en eau dans la plupart des régions sèches
tropicales et subtropicales ;
une diminution du débit des sources d'eau issues de la fonte des glaces et des
neiges, suite à la disparition de ces glaces et de ces neiges.
~ 126 ~
une plus faible mortalité hivernale aux moyennes et hautes latitudes (par
opposition à une mortalité estivale plus élevée, comme par exemple la canicule
de 2003) ;
une augmentation éventuelle des ressources en eau dans certaines régions
sèches tropicales et subtropicales mais une diminution des ressources dans les
régions tempérées (notamment dans les régions de climat méditerranéen) ;
une hausse des rendements agricoles potentiels dans certaines régions aux
latitudes moyennes (dans l'hypothèse d'un réchauffement faible) ;
l'ouverture de nouvelles voies maritimes dans l’arctique canadien suite à la fonte
des glaces dans le passage du Nord-Ouest[110].
Les précipitations seraient plus importantes en hiver, mais moindres en été. Les régions
connaissant des durées de plus de 25 jours consécutifs sans pluie, actuellement limitées
au sud-est de la France, s'étendraient à la moitié ouest du territoire[114].
Les cultures du midi méditerranéen, telles que celle de l'olivier, pourraient s'implanter
dans la vallée du Rhône. On peut désormais trouver des oliviers en tant qu'arbres
~ 127 ~
Submersion
Mais cette montée des eaux apparemment minime menace également les 20 % de la
population mondiale vivant sur les littoraux.
Agriculture et pêcheries
En zone tempérée (hors des zones arides qui pourraient le devenir encore plus) et
circumpolaire, dans un premier temps, la conjonction du réchauffement et de
l'augmentation du taux de CO2 dans l'air et les pluies pourrait accroître la productivité
des écosystèmes. L'agriculture du Nord des États-Unis, du Canada, de la Russie et des
~ 128 ~
De graves incendies pourraient massivement détruire les cultures (en 2007, le feu a
détruit en Grèce de vastes zones agricoles dont des oliveraies). Même sans incendies,
l'augmentation de l'évapotranspiration en été, liée à une productivité dopée par le CO2,
pourrait augmenter la sensibilité d'un milieu aux sécheresses et aggraver de ce fait le
risque d'incendies de forêts et de stress et maladies des arbres et des plantes cultivées.
Le Comité économique et social européen dans son avis[123] du 3 février 2009 note que
des études comparatives concluent à un bilan de l'agriculture bio en moyenne meilleur
(au regard de la consommation de matières premières et d'énergie et au regard du
carbone stocké ou des émissions de gaz à effet de serre) que celui de l'agriculture dite
conventionnelle[124], même si l'on tient compte des rendements moindres de l'agriculture
bio, ce qui a justifié que le gouvernement allemand, l'intègre parmi les moyens de lutter
contre le changement climatique[125]). LE CESRE rappelle aussi qu'une agriculture
réorientée et adaptée pourrait selon divers spécialistes et ONG aussi contribuer à
tamponner ou freiner les effets du réchauffement (Cool farming)[126]). Le comité ne cite
pas les agrocarburants comme une solution, citant le climatologue Paul Crutzen selon
qui les émissions de protoxyde d'azote induites par la culture et production de biodiesel,
suffisent, dans certaines conditions à faire que le méthylester de colza puisse avoir des
effets climatiques pires que ceux du diesel fait avec du pétrole fossile[127]. Le comité[128],
pose aussi la question des fumures traditionnelles et se demande « si l'utilisation
intégrale des plantes, telle qu'elle est prévue dans le cadre des biocarburants de la
deuxième génération, ne risque pas de porter atteinte aux objectifs fixés en matière de
développement de la couche d'humus », c'est-à-dire de contribuer à encore épuiser la
~ 129 ~
matière organique des sols. Le comité repose la question de l'écobilan des biocarburants
en citant une étude comparative, de l'Empa[129] qui a conclu qu'une Volkswagen Golf
nécessitait 5 265 m2 de colza pour parcourir 10 000 km avec du biodiesel, alors que
37 m2 de panneaux solaires (1/140ème de la parcelle de colza précédente) suffirait à
produire assez d'électricité pour parcourir la même distance.
Forêt et sylviculture
En France, selon les prévision de l'INRA, plusieurs essences ne survivront pas dans la
moitié sud de la France et plusieurs ravageurs des arbres pourraient continuer remonter
vers le nord.
Une diminution des glaces polaires arctiques a ouvert de nouvelles routes commerciales
pour les navires[131], et rendrait accessibles des ressources sous-marines de pétrole ou
de matières premières, mais avec des conséquences néfastes sur nombre d'espèces,
comme le plancton ou les poissons à haute valeur commerciale.
L'accès à ces matières premières en des zones désormais accessibles risque d'être
source de conflit entre pays côtiers de l'océan Arctique [132]. Ainsi, les États-Unis et le
Canada ont-ils protesté lorsque, le 2 août 2007, la Russie planta son drapeau au fond de
l'océan sous le pôle Nord.
Économie
Un rapport de 700 pages de sir Nicholas Stern, économiste anglais, estime que le
réchauffement climatique entrainerait un coût économique de 5 500 milliards d'euros[133]
en tenant compte de l'ensemble des générations (présente et futures) ayant à en subir
les conséquences.
~ 130 ~
En 2007, pour la première fois, le World monuments fund (WMF, Fonds mondial pour les
monuments) a introduit les modifications climatiques dans la liste des menaces pour 100
sites, monuments et chefs-d’œuvre de l’architecture menacés, les autres menaces
principales étant les guerres et conflits politiques, et le développement industriel et
urbain anarchique.
Santé
Des conséquences des phénomènes climatiques sont redoutées, non seulement sur
l'économie, mais également sur la santé publique : le quatrième rapport du GIEC met en
avant certains effets sur la santé humaine, tels que « la mortalité associée à la chaleur
en Europe, les vecteurs de maladies infectieuses dans diverses régions et les allergies
aux pollens aux latitudes moyennes et élevées de l’hémisphère Nord »[134].
Face au problème, trois approches se complètent : lutte contre les émissions de GES,
puits de carbone, et adaptation.
L'effort international a d'abord visé à réduire le CO2 (gaz à longue durée de vie), alors
qu'une action urgente sur les polluants à courte durée (dont le méthane, l'ozone
troposphérique et le « carbone noir ») pourrait mieux réduire le réchauffement de
~ 131 ~
l'Arctique[141]. La réduction du CO2 est aussi importante, mais ses effets se feront sentir à
plus long terme (après 2100).
Les rapports du GIEC sont la principale base d'information et discussions, dont dans le
cadre du protocole de Kyoto et de ses suites (Bali, décembre 2007, etc.). L'augmentation
prévue de 1,5 à 7 °C pour le siècle à venir, pourrait être moindre si des mesures
environnementales sévères étaient prises ou qu'un réel compétiteur aux énergies
fossiles émergeait. En dépit des succès dans le secteur des énergies renouvelables, du
nucléaire et surtout d'un changement de mode de vie et de consommation, la recherche
n'a pas encore offert d'alternative à court terme aux carburants fossiles. Énergie
éolienne, énergie hydroélectrique, énergie géothermique, énergie solaire, méthanisation,
énergie hydrolienne, pile à combustible, énergie nucléaire, stockage géologique du
dioxyde de carbone sont néanmoins en rapide développement. Le gisement
d'économies d'énergie — les négawatts — est encore considérable.
La société civile propose aussi des réponses, notamment via les campagnes et
actions de lobbying des ONG et associations locales.
Par conséquent, afin de contrer les effets et les menaces du réchauffement climatique
les mesures à prendre devront concerner :
la réduction des gaz à effets de serre par les gouvernements, les industriels, et
les citoyens (réduction ou substitution de l'emploi des sources de carbone) ;
la réduction de la pression sur les écosystèmes dont la survie de l'homme dépend
car il se trouve au sommet de la chaîne alimentaire (pression due aux impacts
spectaculaires & aux actions plus discrètes mais multipliées par un très grand
nombre d'individus). Des mesures peuvent être prises en vertu du principe de
précaution mais sont rendues difficiles à cause de l'action des groupes de
pression et des différentes controverses sur le réchauffement climatique. On peut
~ 132 ~
Le Protocole de Kyoto
La Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques a été signée
en 1992 lors du sommet de la terre à Rio de Janeiro. Elle est entrée en vigueur le 21
mars 1994. Elle a été ratifiée à ce jour par 192 États. Les parties à la convention cadre
sur les changements climatiques se sont fixés comme objectif de stabiliser la
concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à « un niveau qui empêche
toute perturbation anthropique dangereuse du climat ». Les pays développés ont comme
objectif de ramener leurs émissions de gaz à effet de serre en 2010 au niveau de 1990,
cet objectif n'est pas légalement contraignant.
En 1997, les parties à la Convention cadre sur les changements climatiques des Nations
unies (UNFCCC) ont adopté le protocole de Kyoto, dont la nouveauté consiste à établir
des engagements de réduction contraignants pour les pays dits de l'annexe B (pays
industrialisés et en transition) et à mettre en place des mécanismes dit « de flexibilité »
(marché de permis, mise en œuvre conjointe et mécanisme de développement propre)
pour remplir cet engagement. Le protocole de Kyoto est entré en vigueur le 16 février
2005 suite à sa ratification par la Fédération de Russie.
En juillet 2006[145], le protocole de Kyoto a été ratifié par 156 États. Les États-Unis et
l'Australie (voir infra) ne sont pas signataires. Les États-Unis sont pourtant le deuxième
émetteur[146] (20 % des émissions de gaz à effet de serre). Les pays de l'annexe B se
sont engagés à réduire leurs émissions de six gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, SF6,
HFC, PFC) de 5,2 % en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990. Cet objectif
représente en réalité une diminution d'environ 20 % par rapport au niveau d'émissions
anticipé pour 2010 si aucune mesure de contrôle n'avait été adoptée. Les objectifs de
réduction par pays vont d'une réduction de 8 % pour l'Union européenne à une
possibilité d'augmentation de 10 % pour l'Islande.
C'est pourquoi un des enjeux majeurs pour la période après Kyōto est de définir des
modalités d'association de ces pays à l’effort commun de réduction.
L'Union européenne reste le 3e pollueur mondial après la Chine et les États-Unis, mais
dispose d'atouts pour lutter contre le réchauffement.
L'UE encourage aussi tous les acteurs à préparer leur adaptation au changement
climatique[155].
De nombreux États des États-Unis ont néanmoins pris des mesures de restriction sur les
gaz à effet de serre.
Depuis 2001, les États du Texas, de la Californie, du New Hampshire, ont instauré un
dispositif de contrôle des émissions de gaz pour différents secteurs industriels et
énergétiques. Le dispositif adopté par la Californie, qui s'appliquera à partir de 2009,
prévoit réduire les émissions de gaz polluants de 22 % en moyenne d'ici 2012 et de
30 % d'ici 2016.
En outre, le principe des marchés des permis d’émission consiste à accorder aux
industriels « pollueurs » gratuitement, à prix fixe ou aux enchères, des quotas
d'émissions de CO2, que ceux-ci peuvent ensuite s'échanger. Chaque émetteur de CO2
doit alors vérifier qu’il détient autant de permis d'émission que ce qu'il va émettre. Dans
le cas contraire, il se trouve contraint ou bien de diminuer ses émissions, ou bien
d’acheter des permis. Inversement, si ses efforts de maitrise des émissions lui
permettent de posséder un excédent de permis, il peut les vendre.
De tels procédés ont été réalisés pour réduire les pluies acides aux États-Unis et ont
connu des succès (programme « Acid rain »). Ce système des marchés de permis
d’émission fait partie du dispositif du Protocole de Kyoto qui à la date de juillet 2006[13]
n'est toujours pas ratifié par les États-Unis.
Les États-Unis financent avec la Chine, le Japon, la Russie et l'UE, le projet ITER
(International Thermonuclear Experimental Reactor), projet de recherche sur la fusion
nucléaire contrôlée, mené à Cadarache (Sud de la France). Toutefois la production nette
d'énergie par fusion nucléaire chaude reste à l'état d'espoir lointain : les prévisions les
plus optimistes des partisans du projet parlent de plusieurs dizaines d'années. Certains
voient plus d'espoir dans la production d'énergie par réactions nucléaires en matière
condensée.
Le 8 juillet 2008, George Bush signe un texte engageant les États-Unis à réduire de
moitié des émissions des GES d'ici à 2050, à Toyako (Japon), dans le cadre d'une
réunion du G8.
Éoliennes en Californie.
~ 135 ~
Les décisions pour réduire les émissions de CO2 sont prises par les états fédérés : en
2005, 18 de ces états obligeaient les producteurs d’électricité à utiliser en partie des
sources d’énergie renouvelables[157].
En 2005, les maires de 136 villes américaines, ont pris l'engagement d'appliquer les
normes du protocole de Kyoto et à réduire d'ici 2012 leurs émissions de gaz à effet de
serre de 7 % par rapport à 1990[158].
En outre, à l'initiative du maire de Seattle, 166 grandes villes américaines, dont New-
York et Boston, se sont engagées solennellement à respecter le protocole de Kyoto en
mars 2005.
Californie
La Californie s'est aussi engagée à respecter des règles plus strictes sur la
consommation et les pots d'échappement de véhicules neufs ; cette politique est imitée
par deux autres États de l'Ouest : Washington et Oregon[163]. Le 20 septembre 2006, Bill
Lockyer le ministre de la Justice de Californie, lance des poursuites judiciaires contre
trois constructeurs automobiles américains et trois japonais, et leur demande des
dommages et intérêts pour la pollution qu'ils engendrent [164]. Selon lui, les véhicules
automobiles représentent 30 % des émissions de dioxyde de carbone de l'État.
Le code d'éducation de la Californie (chapitre IV, sections 8700 à 8784) insiste pour que
les élèves soient sensibilisés aux problèmes de l'environnement[165].
Grâce à son bon ensoleillement, la Californie développe l’énergie solaire : l’État abrite
des collecteurs cylindro-paraboliques dont la puissance atteint 80 MW, la plus grande
centrale à tour comme Solar one puis Solar 2 ne dépasse pas 10 MW.
~ 136 ~
La Californie a adopté une loi qui contraint les grands groupes automobiles à vendre des
véhicules respectant des normes strictes de rejets de CO2.
La Californie est l’État où l’énergie éolienne est la plus développée avec une capacité de
production de plus de 2 040 MW installés en 2004, loin devant le Texas (1 293 MW)[166].
La principale région de production se trouve au nord de l'État, à l'est de San Francisco.
Un point de débat est à quel degré les nouveaux pays industrialisés tel que l'Inde et la
Chine devraient restreindre leurs émissions de CO2. Les émissions de CO2 de la Chine
ont dépassé celles des États-Unis en 2007[167],[168] alors qu'elle ne produit que 5,4 fois
moins de richesses que l'UE ou les États-Unis [169], et elle n'aurait dû, en théorie, atteindre
ce niveau qu'aux alentours de 2020. En 2007, la Chine est le premier producteur et
consommateur de charbon, sa première source d'énergie, qui est extrêmement
polluante. De plus, l'augmentation du niveau de vie accroît la demande de produits
« énergivores » tels que les automobiles ou les climatisations.
La Chine a répondu qu'elle avait moins d'obligations à réduire [[Liste des pays par
émissions de dioxyde de carbone par habitant|ses émissions de CO2 par habitant]]
puisqu'elles représentent un sixième de celle des États-Unis [170]. L'Inde, également l'un
des plus gros pollueur de la planète a présenté les mêmes affirmations, ses émissions
de CO2 par habitants étant près de vingt fois inférieures à celle des États-Unis [171].
Cependant les États-Unis ont répliqués que s'ils devaient supporter le coût des
réductions de CO2, la Chine devrait faire de même[172]
des personnalités ont esquissé les gestes quotidiens à mettre en œuvre, dès aujourd'hui,
pour limiter le réchauffement climatique comme Jean-Marc Jancovici[174] ou Al Gore[175].
Voir aussi
Notes et références
1. ↑ Calque de l'anglais global warming, littéralement « réchauffement du globe »
2. ↑(en)The IPCC 4th Assessment Report is coming out A picture of climate change the
current state of understanding [archive], 2007, GIEC (IPCC en anglais). Consulté le
2008-07-30[pdf]
3. ↑ a , b , c et d Le rapport 2007 du GIEC [archive] utilise le terme « très probable ». cf
p.49 : « L’essentiel de l’élévation de la température moyenne du globe observée
depuis le milieu du XXe siècle est très probablement attribuable à la hausse des
concentrations de GES anthropiques. Cette constatation marque un progrès par
rapport à la conclusion du troisième Rapport d’évaluation, selon laquelle
l’essentiel du réchauffement observé au cours des 50 dernières années est
probablement dû à l’accroissement de la concentration de GES ». Le même texte,
p.37, précise les termes utilisés pour indiquer la probabilité estimée, selon les
experts, d’une donnée ou d’un résultat : « pratiquement certain (probabilité
supérieure à 99 %) ; extrêmement probable (probabilité supérieure à 95 %) ; très
probable (probabilité supérieure à 90 %) ; probable (probabilité supérieure à
66 %) ; plus probable qu’improbable (probabilité supérieure à 50 %) ; à peu près
aussi probable qu’improbable (probabilité de 33 % à 66 %) ; improbable
(probabilité inférieure à 33 %) ; très improbable (probabilité inférieure à 10 %) ;
extrêmement improbable (probabilité inférieure à 5 %) ; exceptionnellement
improbable (probabilité inférieure à 1 %). ». Ainsi, l’estimation du rôle probable de
l’homme dans le changement climatique a augmenté entre 2001 et 2007, puisque
dans le rapport de 2001, ce rôle n’était qualifié que de probable (likely). cf
[1] [archive]
4. ↑The Science Of Climate Change [archive]
5. ↑Joint science academies' statement: Global response to climate change [archive]
6. ↑(en)Holli Riebeek et Robert Simmon, « Paléoclimatologie : enregistrement des
données provenant de l'étude des carottes glaciaires. [archive] », 19 décembre
2005, Observatoire de la Terre, NASA. Consulté le 30 juillet 2008
7. ↑EPICA fait parler les carottes glaciaires de l'Antarctique [archive], 13/03/2008
8. ↑ M. Garnier, « Les hivers de 1400 -> 1800 [archive] », 1967, Mémorial de la
météorologie nationale, AlerteMétéo.com. Consulté le 2008-07-30. « Le lundi
7 janvier 1709, lit-on dans une chronique de l'époque, commença une gelée qui
fut ce jour-là la plus rude et la plus difficile à souffrir : elle dura jusqu'au 3 ou 4
février. Pendant ce temps là, il vint de la neige d'environ un demi-pied de haut :
cette neige était fort fine et se fondait difficilement. Quelques jours après qu'elle
fut tombée, il fit un vent fort froid d'entre bise et galerne (c'est-à-dire d'entre N et
NW) qui la ramassa sur les lieux bas, ils découvrirent les blés qui gelèrent
presque tous. »
9. ↑Constraints on the magnitude and patterns of ocean cooling at the Last Glacial
Maximum [archive] ; MARGO Project Members ; Nature Geosciences ; Février
2009
10. ↑(en)Welcome to Global Warming Art [archive], 18 juillet 2007, globalwarmingart.
Consulté le 2008-07-30
11. ↑(en)metoffice [archive]. Consulté le 2009-01-20
12. ↑ a , b , c , d , e , f , g , h et i W. Collins, R. Colman, J. Haywood, M. Manning et Ph. Mote,
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no 360, octobre 2007, p. 68-75 [texte intégral [archive] (page consultée le 30 juillet
2008)].
141
13. ↑http://dieuetcreation.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/01/06/l-annee-2009-
pourrait-etre-une-des-plus-chaudes-de-notre-his.html [archive]
14. ↑(en)Joseph D’Aleo, M.Sc., Madhav Khandekar, Ph.D., William Kininmonth,
M.Sc., M.Admin., Christopher Essex, Ph.D., Wibjörn Karlén, Ph.D., Olavi Kärner,
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« Independent Summary for Policymakers, IPCC Fourth Assessment
Report [archive] », 2007, Institut Fraser. Consulté le 2008-07-30. « There is no
globally-consistent pattern in long-term precipitation trends, snow-covered area,
or snow depth. Many places have observed a slight increase in rain and/or snow
cover. There is insufficient data to draw conclusions about increases in extreme
temperature and precipitation. », p. 7
15. ↑(en)Cryosat-2 [archive], 6, ESA. Consulté le 2008-07-30
16. ↑(en)Goddard Space Flight Center, « Arctic Sea Ice Continues to Decline, Arctic
Temperatures Continue to Rise In 2005 [archive] », 28, NASA. Consulté le 2008-
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17. ↑(en) D.A. Rothrock, Y. Yu et G.A. Maykut, « Thinning of the Arctic Sea-Ice
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18. ↑(en)GRID-Arendal, « Change in the age of ice on the Arctic Ocean, comparing
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glaces polaires) [archive] », 2008, Maps and Graphics library, Programme des
Nations unies pour l'environnement. Consulté le 2008-07-30
19. ↑(en)GRID-Arendal, « Arctic temperature anomaly patterns (Anomalie de
température en Arctique) [archive] », 2008, Maps and Graphics library,
Programme des Nations unies pour l'environnement. Consulté le 2008-07-30
20. ↑(en)GRID-Arendal, « Thinning of the Arctic sea-ice (Diminution de l'épaisseur de
la banquise arctique) [archive] », 2008, Maps and Graphics library, Programme
des Nations unies pour l'environnement. Consulté le 2008-07-30
21. ↑ Voir [2] [archive], site de l'équipe de recherche sur l'arctique de l'université de
l'Illinois, et en particulier [3] [archive]
22. ↑(en)National Snow and Ice Data Center, « Vidéo en QuickTime de la fonte de la
banquise d'été, 2007 [archive] », NASA et NOAA. Consulté le 2008-07-30
23. ↑ [[4] [archive] Damocles], 01, Damocles. Consulté le 2009-01-04
24. ↑ Selon Tara, la fonte totale de la banquise en été interviendrait entre 2015 et
2020. Voir CONFERENCE DE PRESSE TARA DAMOCLES 30 OCTOBRE
2007 [archive], 30, Tara expéditions. Consulté le 2009-01-04 . Certains
observateurs, compte tenu de ces nouveaux résultats, envisagent une disparition
totale de la banquise d'été aux alentours de 2013. Voir (en)The big melt: lessons
from the Arctic summer of 2007 (Accélération de la fonte de la banquise en
2007) [archive], 8, CarbonEquity.info. Consulté le 2008-07-30
25. ↑ « Le Groenland perd 100 milliards de tonnes de glace par an », Le Monde
édition du 21 octobre 2006.
26. ↑ voir [5] [archive], site de l'équipe de recherche sur l'arctique de l'université de
l'Illinois, et en particulier [6] [archive]
27. ↑ a et b Robin Bell, « L'eau, une menace pour les calottes polaires », dans Pour la
Science, no 367, mai 2008, p. 60-66.
28. ↑http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/oceanographie-1/d/en-images-la-
plaque-wilkins-sest-separee-de-la-peninsule-antarctique_18859/ [archive]
29. ↑ Le « Perito Moreno » en Argentine, par exemple, est un des rares glaciers en
avancée. Les glaciers de Scandinavie et de Nouvelle-Zélande, soumis à
d'importantes précipitations neigeuses hivernales, sont également en expansion.
cf. Christian Vincent et Delphine Six, Les glaciers de montagne sont-ils menacés,
Dossier Pour la Science, Climat, comment arrêter la surchauffe ?, 2007, p.28-29
142
30. ↑ par exemple dans les Alpes [7] [archive] ou dans les Pyrénées [8] [archive]
31. ↑ Frédéric Denhez, Atlas du réchauffement climatique, Autrement, 40-41 p.
32. ↑ Louis Reynaud et Christian Vincent, « Histoire des fluctuations des glaciers en
remontant le Petit Age de Glace [archive] », Variations climatiques et hydrologie,
Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement (Grenoble).
Consulté le 2008-07-30[pdf]
33. ↑article HindustanTimes.com [archive]
34. ↑(fr) Philip Mote - Georg Kasser - "Pour la Science n°362", décembre 2007, "Les
glaces du Kilimandjaro : Pourquoi elles ont régressé"
35. ↑Le réchauffement climatique récent en France : impact et conséquence sur la
culture des arbres fruitiers et de la vigne [archive], La recherche française sur le
climat, CNRS. Consulté le 2008-07-30
36. ↑Les dates de vendanges : un indicateur du climat du passé [archive], 18
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37. ↑(en)CNRS, « Grape ripening as a past climate indicator », dans Nature, Brief
communicationsre série, vol. 432, 18 novembre 2004 [[pdf]texte intégral [archive]
(page consultée le 30 juillet 2008)].
38. ↑ Service technique Inter Rhône, « Évolution de la date de vendange à
Châteauneuf-du-Pape de 1945 à 2003. [archive] », Climat, CNRS. Consulté le
2008-07-30
39. ↑ Service Presse, « La chenille processionnaire du pin remonte vers le nord à la
vitesse moyenne de 55,6 km par décade [archive] », 2005, INRA. Consulté le
20080-07-30
40. ↑Le Monde, daté du mardi 28 juillet 2009, page 4
41. ↑(en) P.J. Webster, G.J. Holland, J.A. Curry et H.R. Chang, « Changes in Tropical
Cyclone Number, Duration, and Intensity in a Warming Environment », dans
Science, vol. 309, no 5742, septembre 2005 [texte intégral [archive] (page
consultée le 30 juillet 2008)]
42. ↑(en)Helen Briggs, « 'Warming link' to big hurricanes [archive] », 15, BBC News,
BBC. Consulté le 2008-07-30. « The debate is likely to continue, however, as
some scientists argue that the present hurricane surge is part of a 60 to 70-year
cycle linked to natural effects. They believe climate change due to human activity
will not significantly affect hurricanes and that damage caused by increased
development along coastlines is a bigger factor. »
43. ↑(en)Joseph D’Aleo, M.Sc., Madhav Khandekar, Ph.D., William Kininmonth,
M.Sc., M.Admin., Christopher Essex, Ph.D., Wibjörn Karlén, Ph.D., Olavi Kärner,
Ph.D., Ian Clark, Ph.D., Tad Murty, Ph.D. et James J. O’Brien, Ph.D.,
« Independent Summary for Policymakers, IPCC Fourth Assessment
Report [archive] », 2007, Institut Fraser. Consulté le 2008-07-30. « In the tropics,
there is evidence of increased cyclone intensity but a decrease in total tropical
storms, and no clear global pattern since 1970 », p. 7
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global tropical cyclone activity over the past twenty years (1986–2005) », dans
Geophysical Research Letters, Université d'État du Colorado, vol. 33, 20 mai
2006 [texte intégral [archive] lien DOI [archive] (pages consultées le 30 juillet
2008)][pdf]
45. ↑(fr)Orwell au pays des cyclones [archive], climat-sceptique.com. Consulté le
2008-07-30.
46. ↑(en)Global and Northern Hemisphere Tropical Cyclone Activity [still [archive]
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143
60. ↑(en)Climate Change 2007: Synthesis Report (Rapport 2007 du GIEC) [archive],
2007, GIEC, p. 17. Consulté le 2008-07-30[pdf]
61. ↑rapport de 2001 [archive]
62. ↑ Elizabeth Kolbert, « L’Arctique en plein dégel », dans Courrier international,
no 766, 7 juillet 2005 [résumé [archive] (page consultée le 31 juillet 2008)].
63. ↑ l'Allemagne - Deutsche Akademie der Naturforscher Leopoldina, le Canada -
Société royale du Canada, les États-Unis d'Amérique - National Academy of
Sciences, la France - Académie des sciences, l'Italie - Accademia dei Lincei, le
Japon - Science Council of Japan, le Royaume-Uni - Royal Society, la Russie -
Académie des sciences de Russie
64. ↑ la Chine - Chinese Academy of Sciences, l'Inde - Indian National Science
Academy, le Brésil - Academia Brasileira de Ciencias
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évolution [archive] », 1er septembre 1998, École polytechnique fédérale de
Lausanne. Consulté le 2008-07-31
69. ↑ Le GIEC, (pour Groupement intergouvernemental sur l'évolution du climat), a
été créé en 1988 par le G7. Il est désormais un organisme de l'ONU et rassemble
plus de 3000 chercheurs agréés par plus de 140 États. Ce n'est pas un
laboratoire de recherche. Il réalise à intervalle régulier des rapports synthétisant
toutes les données sur le réchauffement planétaire. L'avant-dernier rapport
complet publié par le GIEC est paru en 2001. Un nouveau rapport, le quatrième,
est sorti en 2007. Son résumé destiné aux décideurs est disponible sur le site du
GIEC : Changements Climatiques 2007 Rapport de synthèse [archive]
70. ↑ a et b Site du GIEC [archive], GIEC. Consulté le 2008-08-01
71. ↑(en)Nebojsa Nakicenovic, et al., « Special report on Emission
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Consulté le 2008-08-01
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Consulté le 2008-08-01
73. ↑(en)Nebojsa Nakicenovic, et al., « IPCC Special Report on Emissions Scenarios,
Chapter 4: An Overview of Scenarios / 4.2. SRES Scenario Taxonomy / Table 4-
2: Overview of SRES scenario quantifications. [archive] », Programme des
Nations unies pour l'environnement. Consulté le 2008-08-01
74. ↑(en)Nebojsa Nakicenovic, et al., « Figure 2.11: Schematic illustration of SRES
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l'environnement. Consulté le 2008-08-01
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Monde du 28 septembre 2006.
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technologiques. Consulté le 2008-08-04
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