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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Union-Discipline-Travail

Institut International Polytechnique


Des Elites d’Abidjan

INTRODUCTION
AUX THEORIES
DE LA
COMMUNICATION
(LICENCE 1)

Chargé de Cours
Dr SOUMAHORO Sainghot
2

PLAN DE PROGRESSION

CHAPITRE I : ETYMOLOGIE ET DEFINITION DE LA COMMUNICATION


1. Etymologie
2. Définition

CHAPITRE II : PRINCIPAUX DOMAINES DE LA COMMUNICATION


1. Communication interpersonnelle
2. Communication de groupe
3. Communication de masse

CHAPITRE III : LES SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION


1. La distinction entre l’information et la communication
2. La distinction entre communication verbale et communication non verbale
3. Les contextes de communication

CHAPITRE IV : MODELES DE COMMUNICATION


1. Modèle de Shannon et Weaver
2. Modèle de Lasswell
3. Modèle de Jakobson
4. Modèle de Gerbner
5. Modèle de Newcomb
6. Modèle de Matilda et John Riley
7. Modèle de Westley et Mac Lean
8. Modèle sociométrique
9. Modèle transactionnel (eric berne, psychiatre)
10. Modèle de l’orchestre (y.winkin)
11. L’approche constructiviste (Brower, Piaget, Morin, Delorme)
12. Modèle de l’hypertexte
13. Modèle situationnel

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

INTRO AUX THEORIE DE LA COM. DR SOUMAHORO SAINGHOT


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CHAPITRE I :
ETYMOLOGIE ET DEFINITION DE LA COMMUNICATION

I. ÉTYMOLOGIE
En français (Oresme en 1361[2]), le terme signifie d’abord « mettre en commun », puis
« être en relation avec ». Communication provient de la même racine latine qui a
donné « commun » (communis), « communiquer » (communicare, au sens d’être en
relation avec, s’associer, partager), et « communication » communicatio (le fait d’être
en relation avec).

La communication est l’action de communiquer, d’établir une relation avec autrui, de


transmettre quelque chose à quelqu’un. Elle peut aussi désigner :

- l’ensemble des moyens et techniques permettant la diffusion d’un


message auprès d’une audience plus ou moins vaste et hétérogène,
- ou l’action pour quelqu’un ou une organisation d’informer et de
promouvoir son activité auprès d’autrui, d’entretenir son image, par tout
procédé médiatique.

Elle concerne aussi bien l’être humain (communication interpersonnelle, groupale…),


l’animal, la plante (communication intra- ou inter- espèces) ou la machine
(télécommunications, nouvelles technologies…), ainsi que leurs hybrides : homme-
animal ; hommes-technologies… C’est en fait, une science partagée par plusieurs
disciplines qui ne répond pas à une définition unique. Comme le constate Daniel
Bougnoux « Nulle part ni pour personne n’existe la communication. Ce terme recouvre
trop de pratiques, nécessairement disparates, indéfiniment ouvertes et non
dénombrables[1]. »

II. GENERALITES
1. Définitions
La théorie de la communication est apparue dans les années 1945-1950, en
même temps que la théorie de l’information. (L’expression « théorie de la
communication » est parfois employée pour désigner le concept de théorie de
l’information). Elle avait alors pour objectif de formaliser et de modéliser la relation
homme-machine entre les ordinateurs naissants et leurs utilisateurs, en théorisant et
en conceptualisant la communication afin de l’« inculquer » aux ordinateurs.
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C’est une base de la cybernétique qui, pour faire ressortir cet élément de
communication, utilise le concept de boîte noire, ce qui permet de le dissocier de
l’élément émetteur ou récepteur.

Et si tout le monde s’accorde pour la définir à minima comme un processus, les points
de vue divergent lorsqu’il s’agit de la qualifier.

i. Les « Sciences de l’information et de la communication »,


proposent une approche de la communication centrée sur la
transmission d’informations. Dans ce cadre, la communication
étudie aussi bien à l’interaction homme-machine que les
processus psychiques de transmission de connaissances (avec
l’appui des sciences cognitives).

ii. La psychosociologie s’intéresse essentiellement à la


communication interpersonnelle (duelle, triadique ou groupale).
La communication vue comme un système complexe, concerne
tout ce qui se passe lorsque des individus entrent en interaction.
Les processus cognitifs, affectifs et inconscients sont pris en
compte. Dans cette optique, les informations transmises sont
toujours multiples, la transmission d’informations n’est qu’une partie du
processus de communication et différents niveaux de sens circulent
simultanément.

iii. La psychanalyse traite de la communication intra-psychique.

2. Quelques principes de base de la communication


- On ne peut pas ne pas communiquer,
- Toute communication comporte deux aspects : le contenu et la relation (la relation
englobe le contenu et devient une métacommunication),
- La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de la
communication,
- Deux modes de communication : digitale (signes et paroles) et analogique (gestes et
postures),
- Deux types d’interaction : symétrique (égalité culturelle des partenaires) et
complémentaires (différence de connaissances des partenaires).

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CHAPITRE II :
PRINCIPAUX DOMAINES DE LA COMMUNICATION

Entre humains, la pratique de la communication est indissociable de la vie en société.


La science de la communication – en tant qu’étude de cette pratique- englobe un
champ très vaste que l’on peut diviser en plusieurs niveaux :

I. LA COMMUNICATION INTERPERSONNELLE

Communication du type émetteur – message – receveur.

La communication interpersonnelle est fondée sur l’échange de personne à personne,


chacune étant à tour de rôle l’émetteur et/ou le récepteur dans une relation de face à
face: la rétroaction est censée être facilitée sinon quasi-systématique.

On dit parfois que la communication est « holistique » – c’est-à-dire qu’elle fait


intervenir le tout de l’homme (communication verbale et non verbale) ; l’environnement
(possibilité d’interférences environnementales dans la communication).

Pour l’école de Palo Alto, « on ne peut pas ne pas communiquer ». Que l’on se taise
ou que l’on parle, tout est communication. Nos gestes, notre posture, nos mimiques,
notre façon d’être, notre façon de dire, notre façon de ne pas dire, toutes ces choses
« parlent » à notre récepteur. La communication est aussi une forme de manipulation.
En effet, nous communiquons souvent pour manipuler, modifier l’environnement ou le
comportement d’autrui.

Elle n’a été formalisée qu’aux cours des deux derniers siècles.

II. LA COMMUNICATION DE GROUPE

La communication de groupe part de plus d’un émetteur s’adressant à une catégorie


d’individus bien définis, par un message (communication) ciblé sur leur compréhension
et leur culture propre.

C’est celle qui est apparue avec les formes modernes de culture, souvent axées sur
la culture de masse (société de consommation), dont la publicité ciblée est la plus
récente et la plus manifeste.

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Les effets de la communication de groupe se situent entre ceux de la communication


interpersonnelle et ceux de la communication de masse.

La communication de groupe est aussi complexe et multiple car elle est liée à la taille
du groupe, à la fonction du groupe, et à la personnalité des membres qui le compose.

On peut également intégrer cette notion dans la communication interne à une entité
(entreprise). Les groupes peuvent alors être des catégories de personnels, des
individus au sein d’un même service, etc.

On peut aussi intégrer cette notion à une communication externe ciblée vers certains
partenaires ou parties prenantes de l’entité.

III. LA COMMUNICATION DE MASSE

Dans la communication de masse, un émetteur (ou un ensemble d’émetteurs liés entre


eux) s’adresse à un ensemble de récepteurs disponibles plus ou moins bien ciblés.
Là, la compréhension est considérée comme la moins bonne, car le bruit est fort, mais
les récepteurs bien plus nombreux. Elle dispose rarement d’une rétroaction, ou alors
très lente (on a vu des campagnes jugées agaçantes par des consommateurs,
couches pour bébé par exemple, conduire à des baisses de ventes du produit vanté).

Ce type de communication émerge avec :

a. la « massification » des sociétés : production, consommation, distribution


dites « de masse »,

b. la hausse du pouvoir d’achat,

c. la généralisation de la vente en libre-service,

d. l’intrusion entre le producteur et le consommateur de professionnels et


d’enseignes de distribution,

e. les médias de masse ou « MassMedia » dont la radio et la télévision.


L’absence de réponse possible en fait un outil idéal de la propagande.

Aujourd’hui, les NTIC et en particulier Internet réduisent à un niveau sans précédent


le coût de communication et au surplus rendent la rétroaction possible.
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CHAPITRE III :
LES SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

I. HISTORIQUE
Les sciences de l'information et de la communication (SIC) forment un champ de
recherches universitaires, connues sous ce nom en France, Belgique, Suisse, Algérie,
Maroc… Au Québec, on se réfère aux études en « Communication » ou « Science de
l'information ».

Les SIC empruntent largement aux sciences humaines sans ignorer pour autant
les sciences de l'ingénieur : l'informatique, la cybernétique, les théories du signal
(etc.), trouvent un écho dans les recherches relatives à l'information ; les recherche
sur la communication organisationnelle (institution, organisation, entreprise...)
recoupent en partie les recherches en gestion ;les sciences de la documentation
(documentation, bibliologie, bibliothéconomie…) et des métiers du livre se
rapprochent de l'information et des sciences de l'éducation ; les sciences de la
communication font appel à la sociologie, à la psychologie, à l'anthropologie, à
l'histoire, à la sémiologie, à la philosophie (etc.) et donnent lieu à de nouvelles
recherches spécifique aux SIC.

Le champ de connaissance des SIC a émergé après la Seconde Guerre. L'histoire


des sciences de l'information s'enracine dans l'évolution des techniques
documentaires et le développement de l'informatique.

Durant les années 1980, S.H. Chaffee et C.R. Berger proposèrent une définition
généraliste qui reste de nos jours une base connue des sciences de la
communication : « La science de la communication cherche à comprendre la
production, le traitement et les effets des symboles et des systèmes de signes par des
théories analysables, contenant des généralisations légitimes permettant d’expliquer
les phénomènes associés à la production, aux traitements et aux effets. »

II. LA DISTINCTION ENTRE L’INFORMATION ET LA COMMUNICATION


La communication est différente de l’information : la communication est une
interaction active tandis que l’information est une action isolée.

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a. Dans le cas de l’information :


- c’est la transmission du message, d’un expéditeur à un destinataire ; le contenu
du message fait référence à des faits « objectifs » et il est codifié indépendamment
de la relation humaine entre l’informateur et l’informé.

- l’ensemble du message est codifié par un système conventionnel de règles de


signe et de composition.
- le message est envoyé intentionnellement par l’expéditeur qui attend des résultats
réalisables.

b. Dans le cas de la communication :


i.il s’agit d’une séquence bidirectionnelle de transmission de
messages dont les contreparties sont à la fois « expéditeurs et
destinataires » ;

ii.la signification de ces messages ne peut être comprise que dans


le contexte de l’interaction réelle des communicateurs.

iii.outre le message codifié à travers un langage « conventionnel »,


les acteurs communicants envoient également une série de
messages codifiés « naturellement » (par exemple le langage
corporel) qui clarifient le contenu relationnel de la relation
humaine entre les contreparties : à savoir le ton de la voix, le
rythme de la phrase, les postures physiques, etc. constituent des
amas d’informations qui anorganisent les messages linguistiques
et proposent une modalité d’interprétation de la relation.

iv.tous les messages ne sont pas transmis consciemment (le corps


peut parler différemment de ce que nous attendons);

v.les résultats de la communication peuvent être planifiés à


l’avance par les acteurs avant que la communication ne soit
entreprise, car les résultats dépendent des choix de l’autre ; (p.
ex., la voix peut révéler de l’anxiété et peut provoquer des
résultats inattendus d’hostilité, etc.)

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Pour le chercheur Dominique Wolton, spécialiste de la communication[3], la «


Croissance de l’information et sa multiplication, comme l’hétérogénéité des récepteurs
rendent finalement visible cette dissociation entre information et communication ».
Pendant des siècles la rareté de l’information, et la difficulté de sa transmission étaient
telles « que l’on croyait de bonne foi que l’information créait de la communication »,
explique-t-il. Inversement, dans un message reliant deux êtres humains, l’information
n’est qu’une toute petite partie de la communication, d’où la fréquence des

malentendus[4], selon Irène Lautier.

Finalement, malgré son développement, « non seulement la communication ne


rapproche pas forcément des points de vue, mais elle peut même amplifier
l’incommunication », observe Dominique Wolton, selon qui le mot « information » fut
« D’abord lié à une revendication politique : la liberté d’information comme condition
de la démocratie et le complément de la liberté de conscience » puis « le symbole de
la presse » et du « droit de savoir ce qu’il se passe », avant d’être repris dans
l’informatique, pour parler de « système d’information »[5] d’une entreprise. Le
développement d’Internet a encore modifié la donne, avec l’explosion des
communications sous forme de blogs et de mailing, où la part d’information vérifiée et
codifiée fut dès le départ très modeste et beaucoup plus faible que dans les «
systèmes d’information » des entreprises.

III. LA DISTINCTION ENTRE COMMUNICATION VERBALE ET COMMUNICATION


NON VERBALE

a. Une communication verbale est faite de signes linguistiques


Ces signes confèrent un corpus appelé langue, ou plus généralement
langage, mais les linguistes viennent à distinguer langue et langage L’écriture, la
langue des signes, la voix sont des médias, des moyens de communiquer… L’art de
conceptualiser ce message dans un langage afin de minimiser les interférences est
appelé la rhétorique. Aristote et Cicéron étaient des théoriciens de la rhétorique.

b. Est dite « non verbale » une communication basée sur la


compréhension implicite de signes non exprimés par un langage
L’art, la musique, la kinesthésie, les couleurs, voire les vêtements ou les
odeurs. Ces signes, leur assemblage et leur compréhension ou leur interprétation sont
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dans leur grande majorité dépendants de la culture. Mais on définit en premier lieu la
communication non verbale à travers le corps, la posture, les gestes ou encore les
différentes expressions du visage. Cette distinction verbale / non verbale n’est pas
toujours aisée à faire.

Le mot verbal peut également être compris comme exprimé de vive voix (Petit
Larousse). On parlera alors de communication orale, par opposition à la
communication écrite. Mais la communication n’est pas qu’orale. Elle est aussi non
verbale.

La communication passe donc aussi par le corps. Ainsi elle sera non verbale ou plutôt
non verbalisée. La communication non verbale peut être para-verbale, c’est-à-dire qui
accompagne la vocalisation. Ainsi lorsque le locuteur explique qu’il faut aller à droite
et qu’il bouge sa main dans cette direction, c’est un cas de communication para
verbale. Croiser les bras dans un signe de protection est aussi une communication
non verbale. Mimiques et posture font partie de la communication. Des gestes risquent
de faire passer un message comme plus fort, plus prononcé que ce que l’on dit. Le ton
d’un message est aussi une forme de non-verbal.

IV. LES CONTEXTES DE COMMUNICATION


Une communication est gravée dans un contexte. Elle peut avoir lieu à un instant
donné, dans un lieu donné, et vis-à-vis d’une situation, d’un évènement donné. Tout
cet environnement, qui ne fait pas partie de la communication à proprement parler,
mais qui accompagne cette communication, est appelé contexte. L’environnement
peut générer du bruit, ou être source d’interférences.

Le contexte intervient dans les enjeux tels : culture, changement de médias, langue,
souveraineté, identité, dynamisme des territoires, mise en réseau.

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CHAPITRE IV :
MODELES DE COMMUNICATION

De nombreux théoriciens de la communication ont cherché à conceptualiser « le


processus de communication ». La liste présentée ci-après ne peut prétendre être
exhaustive, tant les modèles sont nombreux et complémentaires. L’objectif est de
fournir un aperçu de l’évolution générale en explicitant les modèles les plus connus
ainsi que leurs apports.

I- MODELE DE SHANNON ET WEAVER

Le modèle de Claude Shannon et Weaver désigne un modèle linéaire simple de la


communication : cette dernière y est réduite à sa plus simple expression, la
transmission d’un message. On peut résumer ce modèle en :

« Un émetteur, grâce à un codage, envoie un message à un récepteur qui effectue le


décodage dans un contexte perturbé de bruit. »

Le modèle de communication de Shannon et Weaver a été appelé « la mère de tous


les modèles ».

Le modèle dit de Shannon et Weaver n’a en effet de prétention qu’illustrative. Mais il


a souvent été pris au pied de la lettre, révélant alors la forte influence béhavioriste du
modèle de Pavlov (stimulus-réponse).
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Ce modèle, malgré son immense popularité (on le trouve cité souvent comme « le
modèle canonique de la communication »), ne s’applique pas à toutes les situations
de communication et présente de très nombreux défauts :

• et s’il y a plusieurs récepteurs ?


• et si le message prend du temps pour leur parvenir ?
• et si la réalité décrite n’existe pas ailleurs que chez le premier locuteur ?
• et s’il y a plusieurs messages (au besoin contradictoires) qui sont prononcés en
même temps?

• et s’il y a un lapsus ?
• et si sont mis en jeu des moyens de séduction, de menace ou de coercition ?
• et si le message comporte des symboles nouveaux ou des jeux de mots ?

En sus de sa linéarité, le modèle de Shannon et Weaver considère que le récepteur


est passif : toutes les recherches en Sciences de l’information et de la communication
montrent que cela est simpliste.

II- MODELE DE LASSWELL

Harold Dwight Lasswell, politologue et psychiatre américain, s’est fait un nom en


modélisant la communication de masse à travers les questions : « Qui, dit quoi, par
quel canal, à qui et avec quel effet ? ».

Ce modèle conçoit la communication comme étant un processus d’influence et de


persuasion, très proche de la publicité. Ce modèle dépasse la simple transmission du
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message (même s’il y reste centré) et envisage notamment les notions d’étapes de
communication, la capacité de pluralité des émetteurs et des récepteurs et de finalité
d’une communication (ses enjeux).

Pourtant il est critiquable, sur la même base que les critiques émises contre le modèle
de Claude Shannon et Weaver. En effet, il envisage la communication comme une
relation d’autorité et de persuasion. Et il néglige le message de rétroaction, ainsi que
les notions de psychologie et de sociologie de part et d’autre de la relation de
communication. Le récepteur est toujours considéré comme passif, ce qui est encore
inexact, car il existe en général interaction entre l’émetteur et le récepteur, ce qui n’est
pas pris en compte dans ce modèle.

III- MODELE DE JAKOBSON

Cet autre modèle, fondé sur la linguistique, est proposé par Roman Jakobson (1896–
1982). Ce linguiste russe développe un point de vue centré non plus sur la
transmission d’un message, mais sur le message lui-même.

Il est composé de six facteurs. À chacun de ces facteurs est liée une fonction du
message, explicitée par Jakobson.

1. Le destinateur, lié à la fonction expressive du message,


2. Le message, lié à la fonction poétique du message,
3. Le destinataire, lié à la fonction conative du message,
4. Le contexte, l’ensemble des conditions (économiques, sociales et

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environnementales principalement) extérieures aux messages et qui influence


sa compréhension, lié à la fonction référentielle du message,
5. Le code, symbolisme utilisé pour la transmission du message, lié à la fonction
métalinguistique du message,
6. Le contact, liaison physique, psychologique et sociologique entre émetteur et
récepteur, lié à la fonction phatique du message.

On notera l’apparition ou la réapparition des trois dernières notions (contexte, code,


contact) qui complètent énormément la vision d’ensemble sur ce qu’est une
communication.

Ces travaux sont à lier à l’impulsion linguistique de Ferdinand de Saussure, l’impulsion


conceptuelle de Shannon et Weaver, et l’impulsion philosophique de John L. Austin.

IV-MODELE DE GERBNER

George Gerbner, sociologue des années 1950, avait l’ambition de formuler un modèle
général de la communication. Il présente en 1956 un modèle beaucoup plus complexe
que les précédents. Son modèle s’articule autour de deux propositions essentielles :

- Il lie le message au contexte, ainsi il permet de le renseigner sur la


signification du message.
- Il décrit le processus de communication comme un ensemble à deux
dimensions : une perceptive et une autre dimension pour le contrôle.

Le trait particulier de ce modèle est qu’on peut l’appliquer aux différentes formes de
communication en fonction du contexte. Il convient à un acte de communication
interpersonnelle entre deux personnes mais aussi au processus plus complexe de la
communication de masse.

V-MODELE DE NEWCOMB

Theodore Newcomb, 1953, présente le modèle ABX triangulaire et devient le premier


à introduire le rôle de communication dans la relation sociale.

Newcomb relève dans les relations sociales deux dimensions. L’attitude, qui est la
qualité du lien affectif, et l’union qui est la spécificité du lien. À travers ces deux grilles

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d’analyse, il va s’intéresser à l’équilibre ou le déséquilibre d’une relation sociale. Une


relation est dite équilibrée lorsque les attitudes ont la même orientation. Son hypothèse
est que nous sommes tous à la recherche d’un équilibre dans la situation de
communication. S’il n’est pas atteint, nous souhaiterons alors soit réduire ce
déséquilibre, soit rompre la relation. Newcomb s’intéresse donc à la notion de
similarité, à leur possession, leur association ou à leur contraire.

Le modèle de Newcomb soulève donc des faits essentiels selon quoi toute situation
de communication met en présence des individus caractérisés par des attitudes, des
motivations et que toute situation de communication peut être un moyen de faire
évoluer une relation. La communication est donc ici appréhendée comme un
phénomène dynamique et complexe et non mécanique.

VI-MODELE DE MATILDA ET JOHN RILEY

Dans ce modèle, est considérée en premier lieu l’appartenance des individus humains
à des groupes. L’émetteur rebaptisé communicateur, et le récepteur sont donc
distribués dans des groupes primaires (familles, communauté, petits groupes…)
sociologiques.

Ces groupes influeraient la façon de voir, de penser et de juger de leurs membres. Et


ces groupes évoluent dans un contexte social dont ils dépendent.

Ce modèle de Matilda White Riley et de John White Riley introduit de nouvelles


notions, notamment celle de contexte et d’appartenance à un groupe, liées à la
sociologie. De plus ce modèle est le premier à prendre en compte la notion d’une
boucle de rétroaction, entre l’émetteur et le récepteur. Cela montre qu’il y a réciprocité
et inter-influence entre les individus.

Ce modèle est à l’origine des travaux sur la communication de groupe.

VII- MODELE SOCIOMETRIQUE

Ce modèle présente graphiquement le réseau dessiné par les relations informelles


dans un groupe, on fait apparaître les affinités entre individus, les relations socio-
affectives du groupe apparaissent.

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Ce modèle part du postulat que plus les relations sont riches en affinités, meilleurs
sont les modes de circulation de l’information. Il s’agit de rendre visible les relations
entre individus dans un groupe, dans l’optique d’analyser la structure de la
communication. C’est une tentative pour normer, quantifier le lien entre système de
relations et système communicationnel.

VIII : MODELE TRANSACTIONNEL (ERIC BERNE, PSYCHIATRE)

Avec l’analyse transactionnelle on ne s’occupe plus du contenu du message, mais de


sa forme générale.

C’est dans les contacts avec autrui que se révèlent les problèmes d’une personne et
c’est en changeant le mode de communication de cette personne que l’on commence
à lui permettre de les surmonter.

Ici, la communication est une transaction, les deux parties gagnent quelque chose,
c’est aussi une relation de dominance, communiquer à l’autre c’est renforcer son
pouvoir sur l’autre. L’analyse transactionnelle est un outil d’analyse et de contrôle de
la communication.

Modèle interactionniste et systémique (Ecole de Palo Alto)

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C’est une nouvelle définition de la communication comme étant : la participation d’un


individu à un système d’interactions qui le relie aux autres. C’est un système
d’échanges et de communication paradoxale obéissant à des règles du jeu, comme
aux échecs (« L’analyse du jeu bureaucratique à la française » Michel Crozier).

IX- MODELE DE L’ORCHESTRE (Y.WINKIN)


Ici, la communication est définie comme la production collective d’un groupe qui
travaille sous la conduite d’un leader.

On étudie ainsi la manière dont l’articulation des jeux individuels aboutit à une
production collective en s’interrogeant notamment sur : la conduite des acteurs, le code
régulateur et la prestation de chacun. Dans ce modèle, le public fait partie du système,
l’orchestre est en interaction avec eux, la communication est donc une production
collective.

X- L’APPROCHE CONSTRUCTIVISTE (BROWER, PIAGET, MORIN, DELORME)

Dans l’approche constructiviste, le monde qui nous entoure est construit à partir de
nos représentations personnelles et sociales, le sujet connaît le monde en le
concevant, toute science est donc une modélisation.

La démarche constructiviste tente de comprendre plutôt que d’expliquer, en partant du


principe que : aucune réalité n’est objective ; le chercheur n’a pas une grille de lecture
neutre ; il existe plusieurs réalités construites par situations ; tout phénomène est lié à
d’autres ; il existe un ensemble de causalités circulaires, complexes et multiples.

XI- MODELE DE L’HYPERTEXTE

On considère ici la communication comme un débat latent, « caché », qui a lieu entre
des acteurs liés dans une structure sociale. On tente de faire émerger le débat implicite
de l’ensemble des commentaires et de comprendre comment chacun interprète et
retraduit le message initial.

XII- MODELE SITUATIONNEL

La communication est envisagée en termes de processus. Cette approche consiste à


faire apparaître les différents contextes dans lesquels toute communication fonctionne

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nécessairement. Pour que l’échange ait du sens, il faut qu’il soit mis en relation avec
les contextes dans lesquels il se déroule :

- contexte des intentionnalités,


- contexte des contraintes situationnelles,
- contexte des positionnements relatifs,
- contexte temporel…

Le sens final de la communication en question est une synthèse des différentes


significations apparues à travers les mises en contexte. Mais, le contexte aide aussi à
construire le sens de l’échange, et le sens et le contexte se construisent à travers
l’échange.

CONCLUSION

Finalement, la communication est un domaine complexe qui nécessite bien plus de


recherches et d’organisation que de créativité pure. Elle s’établit progressivement, en
se basant sur des objectifs réalistes.

Elle invite à jouer avec les symboles et les moyens technologiques pour s’adresser de
manière précise à un public précis. Alors on trouve des solutions pour déjouer chaque
obstacle en restant toujours fidèle à soi.

Et parce que l’on ne néglige aucun détail, on soignera sa communication. Une stratégie
efficace ne pourra jamais se mettre en place sans la parfaite compréhension de
chaque acteur du processus communicationnel.

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BIBLIOGRAPHIE

• L’utopie de la communication. Le mythe du village planétaire. Philippe Breton.


La découverte. 1992, 1995, 1997.
• Les lettres perçantes Michel Nekourouh. Ed.Katamaran. 2009.
• Le culte de l’internet. Une menace pour le lien social ? Philippe Breton. La
découverte. 2000.
• Télécommunications et philosophie des réseaux. Pierre Musso. 1998.
• Les Professions de la communication – Fonctions et Métiers. Jean-Luc Michel.
Ellipses. 1999, 2004, 2009.
• Sociologie de la Communication et des Médias. Éric Maigret. Armand Colin.
2003.
• La communication non verbale, comprendre les gestes et leur signification. Guy
Barrier. ESF éditeur. 2006.
• Relations et communications interpersonnelles, Edmond Marc & Dominique
Picard. Dunod (Les Topos). 2000
• Dictionnaire critique de la communication, 2 volumes dirigés par Lucien Sfez,
PUF, 1993.
• Contre la communication, Mario Perniola, Lignes/Manifeste, 2004.

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