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UNIVERSITE PELEFORO GON COULIBALY

(UPGC) de KORHOGO

UFR : DES LETTRES ET DES ARTS

Département
SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

SYLLABUS

ANTHROPOLOGIE DE LA COMMUNICATION

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2021 / 2022


1-Cours

Intitulé : Anthropologie de Communication


Année : 2021-2022
Niveau/Spécialité : Licence 3 Communication/ Com Dev
Volume Horaire : CM/14 H TD/22 H

2- Enseignant

Nom et prénoms : KADJO Arsène


Grade : Maître de Conférences
Courriel : kadjo2013@gmail.com ; arsene.kadjo@upgc.edu.ci
Téléphone : 00 (225) 07 08 45 31 60

3-Plan du cours
INTRODUCTION
1.1 Anthropologie
1.2 La Communication
1.3 Anthropologie de la communication
2. La Communication du point de vue anthropologique ; « une interaction » entre

« cultures »

2.1 Une lecture microsociale


2.2 Une lecture macrosociale de la communication
2.2.1 Considérations méthodologiques de l’anthropologie de la communication
2.2.2 Objet particulier modernisé de l’anthropologie de la communication
2.2.3 Le processus de transformation communicationnelle par les NTIC, « un grand système »

CONCLUSION

4- Résumé du cours
La communication quoi que l’on puisse dire est un fait de société. Elle porte en elle les indicateurs
de l’histoire même des groupes sociaux dans leur élan interactionniste. Sous ce rapport, le fait de
communication intéresse l’anthropologue qui y voit un objet d’étude. Aussi importe-t-il d’y appliquer
la méthodologie qui sied. Ainsi, il peut aborder à travers l’ethnographie pour saisir en fin de compte
les processus d’interaction qui produisent des systèmes culturels d’échanges. Au-delà de cette
démarche, c’est toute l’historicité des transformations communicationnelles qui ici mise en
évidence.

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5- Objectifs du cours (objectif général, objectifs spécifiques)
Objectif Général : Etudier l'évolution des systèmes de communication dans les interactions qu'ils
établissent avec les structures sociétales et les types de "construction" culturelle qui les
privilégient en même temps qu'ils les génèrent

Objectifs spécifiques : A la fin de ce cours, l’étudiant doit être capable de :


Os 1 : Définir les terminologies d’Anthropologie, de communication et d’anthropologie de la
communication
Os 2 : Etablir l’interaction entre cultures à partir du point de vue anthropologique sur la
communication

Os 3 Comprendre et maîtriser la démarche de l'anthropologie de la communication, ses objectifs


ainsi que ses principaux outils d'analyse

Os 4 : Développer le sens de l'observation dans une démarche ethnographique portant sur le


processus de transformation communicationnelle

6- Prérequis
Communication, Communication numérique, Techniques traditionnelles de communication
7- Méthodologie (Cours magistraux, séminaires…)
Cours magistral
8- Lectures conseillées ou ouvrages de référence (par ordre d’importance)

Augé Marc, 2001. Pour une anthropologie des mondes contemporains, Ed. Champs Flammarion, p
178,.

Perriault Jacques, 1989. La logique de l’usage, essai sur les machines à communiquer, Flammarion.
Lohisse Jean, 1984. Les systèmes de communication : approche socio-anthropologique, Éditions
Armand et Colin

9-Contenu du cours segmenté en séances (5 ou 6)

Lectures : Lectures obligatoires et conseillées pour la séance


(Ainsi de suite pour les autres séances)

10-Bibliographie
Augé Marc, 2001. Pour une anthropologie des mondes contemporains, Ed. Champs Flammarion, p
178,.

Balandier Georges, 2001. Le grand système, Fayard, , p. 51 52,. p. 230

Braudel Fernand, 1990. L'identité de la France, Espace et Histoire, tomes I II et III, Paris, Ed.
Champs Flammarion, t.1 p. 12
Cohen Elie, Mondialisation et diversité culturelle, 2000 in Rapport mondial sur la culture, Ed.
UNSECO,p. 81.
Colin, 1984. Communication, Éd. Seuil

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Debray Régis, 2001. Dieu, un itinéraire, Éditions Odile Jacob, p. 23.

Levi-Strauss Claude, 1958. Anthropologie structurale, Presses pocket, 1990 (1ère édition chez
Plon), p. 411

Lohisse Jean, 1984. Les systèmes de communication : approche socio-anthropologique, Éditions


Armand et Colin
Maffesoli Michel, 1991. Le temps des tribus, Ed. Le livre de poches.
Maffesoli Michel, 2002. Tribalisme postmoderne, in : Rasse Paul, Midol Nancy, Triki Fathi (Sous la
direction de), Unité diversité, Les Identités dans le jeu de la Mondialisation, Ed. L’harmattan
Morin Edgar, Kerne Brigitte, 1996. Terre patrie, Ed. du seuil

Perriault Jacques, 1989. La logique de l’usage, essai sur les machines à communiquer, Flammarion.
Rasse Paul, 1988. Identités culturelles et communication en Europe, Le paradigme de la dynamique
du capitalisme, Paris, Ed. Champs Flammarion.
Rasse Paul, Midol Nancy, Triki Fathi, 2002. (Sous la direction de), Unité diversité, Les Identités
dans le jeu de la Mondialisation, Ed. L’harmattan.
Scardigli Victor, 1992, Le sens de technique, PUF.

Winkin Yves, 1996. Anthropologie de la communication, De Boeck University, ; La nouvelle


Wolton Dominique, 2000. Internet et après, Flammarion, p. 205.

Mode d’évaluation
Travaux de groupe et travaux individuels

Introduction

Au croisement des disciplines, les Sciences de l’information et de la communication peuvent attirer

l’attention des anthropologues sur l’importance historique des processus de communication, et

inversement, utiliser l’Anthropologie comme discipline constituée et constituante, à fin prendre du

recul sur les phénomènes de communication qu’elles étudient. Car l’un des enjeux forts de la période

actuelle est de penser la mondialisation culturelle qu’engendre l’explosion de la communication en

conjuguant une vision globale du phénomène, avec l’étude de processus historiques marquants et de

situations concrètes exemplaires. Notre propos donc dans ce cours consistera dans un premier

temps à aborder une approche définitionnelle des termes d’anthropologie, de communication et

d’anthropologie de la communication. Dans le second, les grandes lignes de l’approche de

l’anthropologie de la communication seront abordées tout en éclairant sur la démarche

méthodologique qui sied. De cette démarche enfin, l’on parviendra à l’actualité, voir la modernité de

la communication à travers les NTIC.

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I. QUELQUES DEFINITIONS SUCCINCTES

I.1 Anthropologie

Le mot anthropologie est d’origine grecque. Il est constitué comme suit : « anthrôpos » = être

humain et « logos » = parole, discours (textuel ou parlé).

Dans son assertion la plus simple, l’anthropologie est « la science de l’homme », la science qui étudie

l’homme dans toute sa diversité (économique, culturelle, social, politique etc..). Elle a donc pour

objet d’étude l’homme et les groupes humains sur leurs dimensions (réflexive, comportementale,

biologique, communicative et historique), autrement dit, les différents aspects de vie d’une

communauté, d’une société humaine partant de l’économie, la culture, le social, la politique sont

objets d’étude de l’anthropologie. Afin d’analyser les phénomènes humains, les anthropologues

utilisent des techniques variées, qui définissent les quatre sous-disciplines classiques : ces

domaines - l'anthropologie biologique, l'archéologie, l'ethnologie (ou anthropologie sociale et

culturelle), et l’anthropologie linguistique – utilisent des outils d’enquête qui leur sont propres. Dans

un sens, l’anthropologie a un seul sujet – l’humain et sa culture.

I.2 La Communication

D’une manière générale, la communication se définit comme étant le processus par lequel se fait le
transfert des informations. C’est aussi un processus d’échange d’idées, d’informations, de
comportements en vue d’atteindre un objectif. La communication est donc pour un projet de
développement l’ensemble des techniques et mécanismes permettant de collecter et de
transmettre des informations, des données à véhiculer et partager. La communication est donc le
fait d’établir une relation ou une liaison avec autrui et de leur transférer, partager et diffuser des
informations à travers la linguistique. Elle est également l’émission d’un message vers un récepteur
(SEKOU, 2007). Enfin, la communication est le processus d’échange de messages, d’informations et
de connaissances. Elle présente plusieurs formes :

I.2.1 La Communication interpersonnelle

C’est la communication du type émetteur - message – receveur. Cette forme de communication n'a
été formalisée qu'aux cours des deux derniers siècles. La communication interpersonnelle est
fondée sur l'échange de personne à personne, chacune étant à tour de rôle l'émetteur et/ou le
récepteur dans une relation de face à face. La rétroaction est censée être facilitée sinon quasi
systématique. On dit parfois que la communication est « holistique », c'est-à-dire qu'elle fait
intervenir le tout de l'homme (communication verbale et non verbale), ainsi que l'environnement
(possibilité d'interférences environnementales dans la communication).

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I.2.2 La Communication de groupe

La communication de groupe part de plus d'un émetteur s'adressant à une catégorie d'individus
bien définis, par un message ciblé sur leur compréhension et leur culture propre. C'est celle qui est
apparue avec les formes modernes de culture, souvent axées sur la culture de masse (société de
consommation), dont la publicité ciblée est la plus récente et la plus manifeste. Les effets de la
communication de groupe se situent entre ceux de la communication interpersonnelle et ceux de la
communication de masse.

La communication de groupe est aussi complexe et multiple car elle est liée à la taille du groupe, à la
fonction du groupe et à la personnalité des membres qui le composent. On peut également intégrer
cette notion dans la communication interne à une entité. Les groupes peuvent alors être des
catégories de personnels, des individus au sein d'un même service, etc. On peut aussi intégrer
cette notion à une communication externe ciblée vers certains partenaires ou parties prenantes de
l'entité (Wikipedia).

I.2.3 La Communication de masse

Dans la communication de masse, un émetteur (ou un ensemble d'émetteurs liés entre eux)
s'adresse à un ensemble de récepteurs disponibles plus ou moins ciblés. Là, la compréhension est
considérée comme la moins bonne, car le bruit est fort, mais les récepteurs bien plus nombreux.
Elle dispose rarement d'une rétroaction, ou alors très lente (on a vu des campagnes jugées
agaçantes par des consommateurs, couches pour bébé par exemple, conduire à des baisses de
ventes du produit vanté). Ce type de communication émerge avec la « massification » des sociétés
(production, consommation, distribution dites « de masse »), la hausse du pouvoir d'achat, la
généralisation de la vente en libre-service, l'intrusion entre le producteur et le consommateur de
professionnels et d'enseignes de distribution, les médias de masse ou « Mass-Médias » dont la
radio et la télévision. L'absence de réponse possible en fait un outil idéal de la propagande, ce que
souligne à plusieurs reprises Georges Bernanos.

Aujourd'hui, les NTIC et en particulier Internet abaissent à un niveau sans précédent le coût de
communication et de plus rendent la rétroaction possible.

I.2.4 La communication interne

La communication interne regroupe l’ensemble des actions de communication au sein d’une


entreprise ou organisation à destination de ses salariés.

I.2.5 La communication externe

La communication externe regroupe l’ensemble des actions de communication entreprises à


destination des publics externes à l’entreprise ou à l’organisation considérée. Les publics visés par
la communication externe sont en général les consommateurs (clients et prospects), les décideurs,
les partenaires, les fournisseurs, les investisseurs potentiels, l’environnement local. La majeure

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partie des actions de communication externe est constituée d’actions de communication
commerciale.

I. 3 Anthropologie de la communication

Depuis les origines de l’humanité, les humains ont senti la nécessité de communiquer entre eux. Pour

ce faire, on peut affirmer que l’histoire de la communication remonte à l’histoire de l’humanité. Le

besoin de communiquer a conduit l’homme à mettre au point plusieurs stratagèmes notamment des

codes, des alphabets et le langage. Plusieurs techniques ont été utilisées. On peut citer les tam-

tams, la parole, les gestes de la main, les signaux de fumée, les documents écrits. Mais, avec

l’évolution du temps, de la technologie et surtout avec les migrations humaines, il est apparu urgent

d’inventer des systèmes de communication plus performants pour améliorer la portée de

l’information. Partant de ce principe, l'anthropologie de la communication est l'étude comparative

des structures d'interaction et de communication au sein des communautés humaines. Elle implique

une méthode (la méthode ethnographique au sens large) et des objets. Ceux-ci sont extrêmement

variés, depuis la structure des événements de communication dans une classe jusqu'aux usages de

formes spécifiques de langage.

II. LA COMMUNICATION DU POINT DE VUE ANTHROPOLOGIQUE ; « UNE

INTERACTION » ENTRE « CULTURES »

Cette approche sinon ce courant dit « anthropologie de la communication », se développe dans les

années 1950 aux Etats Unis, en particulier autour de Gregory Bateson et de l’école de Palo Alto, qui

prend en compte aussi bien la communication non verbale que la communication verbale entre

individus. L’analyse permet de lire deux aspects comme développés ci-après.

II.1 Une lecture microsociale

Certains chercheurs dont Goffman et bien d’autres ont entrepris une ethnologie méticuleuse des

relations interpersonnelles, exotiques ou endogènes, au sein des sociétés humaines (tribus

primitives, bandes de jeunes, salles communes d’un hôpital ou d’un institut gériatrique…). Ils se

proposaient d’étudier la communication dans les paroles, les gestes, les regards de la vie

quotidienne, afin de reconstituer peu à peu “ le code secret et compliqué écrit nulle part mais

compris de tous ”. Ils s’efforçaient de saisir la façon dont s’organisent les relations entre les

individus de ces communautés, et d’abord l’échange de messages, ces “ chapelets de mots qui

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circulent d’un esprit à l’autre par l’intermédiaire de la bouche, des oreilles, ou de la main et des

yeux ”.

Ils s’intéressaient encore aux attitudes non verbales et aux bruits qui confirment, contredisent ou

brouillent les messages, puis encore aux matrices culturelles qui font sens, donnent leur

signification aux messages, formatent les processus d’échange, prédéfinissent les canaux de

circulation de l’information. On le voit, ces études se situent sur un plan micro social, celui de la

description ethnographique de groupes restreints, de l’observation des comportements des

individus qui les composent, des interactions entre eux, éventuellement aussi, de la comparaison

ethnologique des communautés et des matrices culturelles qui structurent le fonctionnement

interne du clan.

II.2 Une lecture macrosociale de la communication

II.2.1 Considérations méthodologiques de l’anthropologie de la communication

La communication n’est pas conçue comme une relation d’émetteur à récepteur, mais comme un

modèle orchestral, autrement dit comme résultant d’un ensemble d’individus réunis pour jouer

ensemble et se trouvant en situation d’interaction durable. Tous participent solidairement, mais

chacun à sa manière, à l’exécution d’une partition invisible. La partition, c’est-à-dire la culture,

n’existe que par le jeu interactif des individus. Tout l’effort des anthropologues de la

communication consiste à analyser les processus d’interaction qui produisent des systèmes

culturels d’échange. Il ne suffit pas cependant de décrire ces interactions et leurs effets. Il faut

aussi tenir compte du « contexte » des interactions. Chaque contexte impose ses règles et ses

conventions, suppose des attentes particulières chez les individus. La pluralité des contextes

d’interaction explique le caractère pluriel et instable de toute culture et aussi les comportements

apparemment contradictoires d’un individu, qui n’est pas nécessairement en contradiction

(psychologique) avec lui-même pour autant. Par cette approche, il devient possible de penser

l’hétérogénéité d’une culture au lieu de s’évertuer à trouver une homogénéité illusoire.

Elle prend en considération les cultures des mondes passés et présents pour étudier le mouvement

des civilisations et nourrir un autre regard sur la société. La communication entre les peuples

occupe une place forte au sein de ces dispositifs, elle en est le moteur, et la démarche

anthropologique s’efforce de dire en quoi elle contribue à l’histoire de l’humanité.

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Nous nous contenterons ici d’esquisser les grandes lignes de cette approche, puis de voir en quoi

elles ouvrent un vaste champ de recherche auquel pourraient contribuer les sciences de

l’Information et de la Communication, en se donnant pour objectif, d’une part de dégager de

l’ensemble des travaux ceux qui concernent le fait de communication, et d’autre part de poser un

regard anthropologique sur le rôle des NTIC dans les mondes contemporains, de façon à mieux

cerner les mutations culturelles qu’elles imposent progressivement à toute l’humanité à travers

le projet anthropologique. La démarche donc s’articule ainsi en trois étapes :

La première étape ethnographique est celle de l’étude des sociétés, sur le terrain, au plus près

des habitants, des modes de vie et des relations que les hommes et les clans tissent, des croyances

qu’ils partagent, des manifestations culturelles qui les réunissent. La taille de la société,

recommande Lévy Strauss, “ doit être suffisamment réduite pour que l’auteur (le chercheur) puisse

rassembler la majeure partie de son information grâce à une expérience personnelle ”. La méthode

est celle de l’observation participante, de l’empathie, de l’imprégnation lente et continue des

groupes humains minuscules avec lesquels le chercheur entretient un rapport personnel. Son travail

est pour l’essentiel descriptif.

Le second niveau, celui de l’Ethnologie, a une visée plus synthétique qui peut s’opérer dans trois

directions : “ géographique si l’on veut intégrer des connaissances relatives à des groupes voisins ;

historique si l’on vise à reconstituer le passé d’une ou plusieurs populations ; systématique enfin, si

l’on isole, pour lui donner une attention particulière, tel type de technique, de coutume ou

d’institution ”. Là déjà, le chercheur devra renoncer à produire lui-même toutes les données

nécessaires à ses analyses et utiliser, en seconde main, des matériaux ethnographiques produits par

d’autres.

Le troisième niveau, celui de l’Anthropologie, tend à “ une connaissance globale de l’homme,

embrassant son sujet dans toute son extension historique et géographique ; aspirant à une

connaissance applicable à l’ensemble du développement humain depuis, disons, les hominidés

jusqu’aux races modernes ; et tendant à des conclusions positives ou négatives, mais valables pour

toutes les sociétés humaines. Là se dessine une anthropologie culturelle, géopolitique, macro

économique de l’humanité, qui s’attache aux civilisations grandes et petites dans leur diversité et

leurs mouvements au contact les unes des autres. “ Usant du comparatisme et visant à la

généralisation ajoute Françoise Heritier, elle à pour objet une réflexion sur les principes qui

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régissent l’agencement des groupes et la vie en société sous toutes ses formes ”. C’est à ce niveau

que nous situons le projet d’une anthropologie de la communication.

II.2.2 Objet particulier modernisé de l’anthropologie de la communication

Si l’Anthropologie s’intéresse aux sociétés primitives, c’est moins pour leur économie interne,

domaine de l’Ethnographie, ou pour leur propre histoire et les relations qu’elles entretiennent avec

leurs voisins, que pour ce qu’elles nous enseignent sur l’histoire de l’humanité tout entière et sur

le mouvement des civilisations ; depuis les premiers chasseurs cueilleurs, vivants en clan isolés les

uns des autres par le désert, la mer, la jungle ou la forêt amazonienne et par la guerre perpétuelle

qu’ils se livrent entre eux, jusqu’à notre civilisation mondiale, pétrie par l’essor des moyens de

communication, brassant les hommes et les cultures comme jamais auparavant. Car si, à un bout, on

trouve les mondes contemporains, l’Anthropologie postule qu’à l’autre, l’étude des sociétés

primitives nous renseignent sur la jeunesse de l’humanité.

L’un des grands intérêts de l’anthropologie est de rassembler et d’exploiter un matériel inestimable

sur les cultures qui nous ont précédées, pour mettre en perspective et en discussion notre monde

actuel. Et Lévi-Strauss d’ajouter plus loin : “ les autres sociétés ne sont peut-être pas meilleures

que la nôtre à mieux les connaître nous gagnons pourtant le moyen de nous détacher de la nôtre,

non pas qu’elle soit absolument ou seule mauvaise, mais parce que c’est la seule dont nous devons

nous affranchir.

L’anthropologie constitue un formidable “ panoptique du savoir pour décrire les dispositifs

matériels. Pour ce faire, la démarche anthropologique, doit s’efforcer de s’appuyer sur des travaux

antérieurs, en insérant la réflexion du chercheur dans un ensemble de connaissances plus vastes.

Il lui faut circonscrire des objets, des territoires physiques ou virtuels, réels ou imaginaires,

des pratiques sociales anciennes ou nouvelles. Il doit les investir, les étudier de l’intérieur, et

adopter une démarche ethnographique pour ne pas en rester à des banalités trop générales, mais

en même temps s’efforcer de saisir comment des forces extérieures plus puissantes les font et les

défont sous l’emprise des NTIC. Il s’agit de montrer comment les civilisations se sont nouées

entre-elles, pour rejoindre, puis se mêler à l’ensemble qu’elles forment actuellement. Et cette

dynamique devrait aussi valoir pour les autres cultures du monde, car elles sont toutes là,

maintenant, aux prises avec le mouvement de la globalisation, tout arrivées au même point avec

des histoires, et par des routes différentes qu’il conviendrait de refaire en marche arrière, de

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façon à mieux comprendre comment elles se sont constituées, comment elle se sont éparpillées

en une myriade de territoires, comment elles se sont enrichies les unes des autres, comment

elles ont résisté, un temps, à la domination des unes sur les autres, et comment au bout du

compte, elles ont abouti à ce grand patchwork des cultures du monde en train de se refonder dans

un melting-pot planétaire.

Les SIC (Sciences de l’Information et de la Communication) ont là un rôle primordial à jouer, d’une

part, en attirant l’attention des anthropologues sur l’importance historique des processus de

communication, et d’autre part, en utilisant l’Anthropologie comme discipline structurée, constituée

de longue date, pour prendre du recul sur les phénomènes de communication qu’elle étudie qui en a

point douter constituent « le grand système ».

II.2.3 Le processus de transformation communicationnelle par les NTIC, « un grand

système »

Pour Balandier, la mondialisation, qu’il appelle “ le grand système ”, tend d’une part “ à produire une

érosion des différences, des configurations d’altérité par lesquelles se manifeste la diversité des

cultures, et grâce auxquelles se forment les identités ”. En même temps, “ il tend à devenir pour

tous les hommes l’unique générateur d’une altérité absolument inédite… celle d’une altérité à soi, en

soi… Comme si l’immense accroissement de ses capacités l’empêchait de parvenir à une relation

intelligible de ce qu’il devient sur le flux du changement continu ”. La différence se lit de moins en

moins dans le monde, et de plus en plus dans l’histoire des technologies qui le modèlent, et le

transforment de façon accélérée ; quelques années parfois suffisent pour que le paysage de nos

existences change radicalement.

D’autres formes de reconfiguration de la différence se jouent grâce aux nouveaux moyens de

communication qui permettent à des groupes virtuels de militants, de collectionneurs, de sportifs,

de festifs, de se “ brancher ” les uns avec les autres, de former des communautés virtuelles

dont les membres cultivent les mêmes passions, inventent des rituels, échangent des savoirs,

partagent les mêmes goûts, se distinguent des autres par des tenues vestimentaires et des

attitudes corporelles qui les caractérisent. Et ces nouvelles tribus actualisent leur existence, la

matérialisent au travers de rencontres physiques d’amis sporadiques ; le temps d’une

manifestation politique, d’un festival ou d’une soirée, d’une aventure, d’une expédition au bout du

monde, d’un colloque, d’une convention ou d’un séminaire ordonnés par quelques grands maîtres ;

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avant de se disperser à nouveau de sorte que l’identité de chaque membre puisse se recomposer

dans d’autres activités. Car ces nouvelles tribus sont éphémères ; à la différence des autres

formes de sociabilité holistiques antérieures, elles restent partielles, momentanées, se font et se

défont sans arrêt. Les aéroports n’ont jamais été aussi pleins, note Wolton, parce que les NTIC

stimulent les rencontres directes, réelles mais épisodiques de personnes qui ont commencé et

continuent de se rencontrer sur Internet.

Enfin, une troisième forme d’altérité, caractéristique de la période contemporaine, est celle qui

consiste à réactiver, à réinventer la tradition par la patrimonialisation d’objets, de monuments, de

fêtes, de savoirs et de métiers, dans la quête des origines et l’exhumation des héros fondateurs,

dans la redécouverte de pratiques religieuses, artistiques, culinaires…

Cela se fait le plus souvent dans la perspective de recréer des liens afin d’avoir des choses à

partager au sein du groupe et à échanger avec l’extérieur, l’étranger, le touriste, mais parfois

aussi, pour s’isoler et exclure l’autre, ainsi qu’en témoignent certains mouvements ethniques,

racistes et sanglants.

Conclusion

Au terme de ce cours, il convient de retenir que les cultures sont mouvantes parce que le monde lui-

même change et avec lui les systèmes de communication. Le rapport à l’autre s’établit désormais

dans la proximité réelle ou imaginaire. Et l’autre sans les prestiges de l’exotisme, c’est simplement

l’étranger souvent craint, moins parce qu’il est différent que parce qu’il est très proche. Georges

Balandier fait injonction à l’Anthropologie d’étudier non seulement comment se transforme la

planète, mais surtout comment l’homme post moderne (lui, parle de sur modernité) habite ces

nouveaux mondes qui sont de moins en moins des territoires, des pays, des espaces physiques, et de

plus en plus des univers virtuels mouvants, imaginaires, éphémères, tressés par les réseaux de

communication.

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Sujet 1 : Approche ethnographique de la communication dans le balafon (Contexte d’utilisation,
messages véhiculés)

Sujet 2 : La différence se lit de moins en moins dans le monde, et de plus en plus dans l’histoire
des technologies qui le modèlent, et le transforment de façon accélérée ; quelques années parfois
suffisent pour que le paysage de nos existences change radicalement.

A partir de cette assertion expliquez les transformations dans les relations sociales que vous
observez et justifier les effets pervers auxquels la société est aujourd’hui en proie.

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