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UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI

(UAC)
---------------------
FACULTE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
(FASHS)
---------------------
DEPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE
(DP)
---------------------

DEUXIEME ANNEE DE PSYCHOLOGIE

PSYCHOLOGIE DE LA COMMUNICATION

Cours élaboré par :

Docteur Michel M. MEHINTO, Maître-Assistant des


Universités/CAMES en Psychopathologie et Psychologie
Clinicien, Psychologue Praticien & Psychothérapeute

Année Académique : 2021-2022

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Descriptif du cours

Comme toute relation d’aide dépend largement de la qualité de la communication


entre le thérapeute et le patient, le présent cours fournit au futur psychologue les
bases incontournables de la psychologie de la communication.

Objectif du cours

Ce cours a pour objectif d’établir un lien entre la psychologie et la communication.


Ce lien est, entre autres, la base nécessaire qui permet par la suite une vision
globale de l’individu.

Ce cours permet au futur psychologue de découvrir les différents aspects de la


communication interindividuelle afin de connaître les principales techniques de
recueil d’information et d’appréhender la dimension non verbale de la
communication en vue de le rendre plus apte à intervenir adéquatement.

Contenus du cours

La communication interindividuelle en psychologie

La notion d’attitude dans la communication interindividuelle

La psychologie de la communication non verbale

Méthodes d’enseignement

Le cours sera donné sous forme magistrale (avec l'aide d'un power point), en partie
sous forme de séminaires (exposés des étudiants). Pour ces séminaires, les
étudiants seront amenés à lire les textes à l'avance et à rédiger (par groupes) une
liste de questions et observations.

Modalité d’évaluation

L’évaluation portera sur la présence au cours, sur la participation et sur


l’appréciation des apprentissages via la passation des examens par rapport aux

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notions et aux contenus vus au cours. La qualité des apprentissages repose sur des
échanges continus et nourris.

Références bibliographiques

ABRIC J-C. (2016), Psychologie de la communication : Théories et méthodes,


Armand Colin.

ALLPORT G.W. (1935), attitudes, in Murchison, Handbook of social


Psychology, Worcester, Mass, Clark Univ. Press.

EKMAN P.,FRIESEN W.V. (1984), la mesure des mouvements faciaux, in


J.Cosnier et A. Brossard, Communication non verbale et langage de psychologie
médicale, 9(II), 2033-2049, Delachaux et Niestlé.

HELLER, E. (2009) Psychologie de la couleur : effets et symboliques.

MARTIN J-C. (1999), le guide de la communication. Paris, Marabout.

MUCCHIELLI A. (1995), psychologie de la communication, Paris, PUF.

ROGERS C. (1967), le développement de la personne, Paris, Dunod.

Responsable du cours et associé : Dr Michel MEHINTO, Maître-Assistant des


Universités/CAMES en Psychopathologie et Psychologie Clinicien, Psychologue
Praticien & Psychothérapeute

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Plan du cours

Introduction

I- La communication interindividuelle en psychologie


II- La notion d’attitude dans la communication interindividuelle
1- Bref aperçu sur la notion d’attitude
2- Fonction des attitudes
3- Typologie des attitudes et leurs conséquences sur l’autre
4- Orientation de la communication dans la pratique psychologique
 l’acceptation inconditionnelle de l’autre
 la neutralité bienveillante
 l’authenticité
 l’empathie
III- La psychologie de la communication non verbale
1- Les fonctions de la communication non verbale
2- Les variantes de la communication non verbale
 le paralangage
 les mimiques ou expressions faciales
 les gestes et postures
 la psychologie des couleurs

Conclusion

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Introduction

La communication est devenue l’un des thèmes centraux de nos sociétés


contemporaines. C’est un thème extrêmement large pas seulement abordé par la
psychologie sociale. Il s’agit d’un thème transversal dans les sciences humaines
car étudié en linguistique, sociologie, anthropologie, philosophie, sciences de la
communication. Chacune de ces disciplines ont proposé des méthodes, modèles
et outils en vue d’améliorer les pratiques de communication.

Ce cours se focalisera surtout sur une approche du point de vue de la psychologie


sociale, car la communication est au centre de cette discipline.

La psychologie sociale étant la science des phénomènes de l’idéologie et des


phénomènes de communication, elle permet en un mot d’enrichir la connaissance
des processus de communication, notamment ceux de la communication
individuelle.

I- La communication interindividuelle en psychologie

La communication suppose l’idée d’échange, il s’agit d’un échange de signes


(verbaux ou non verbaux) comportant un message partant d’un émetteur (celui
qui transmet le message) à un récepteur (celui qui reçoit le message).

La communication est un terme plus large que l’interaction, cette dernière signifie
qu’on s’engage volontairement dans un échange. Par exemple, la personne qui
marche dans la rue transmet une information, communique une information dans
sa démarche sans le vouloir et on peut l’interpréter et en tenir compte si on veut
interagir avec elle.

Il existe deux formes de communication : elle peut être unilatérale et dans ce cas,
le récepteur est passif (ex : les mass médias s‘adressent à un certain nombre de
gens sans que ceux-ci ne leur répondent) ou elle peut être aussi bilatérale
notamment la communication interindividuelle qui est l’objet du présent cours.

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Selon les dernières recherches en la matière, il convient de souligner plusieurs
points essentiels.

Il y a communication s’il y a échange de signification. C’est un outil social. Il y a


une intention personnelle, dirigée vers un partenaire ou un groupe, qui consiste en
une modification des comportements, des attitudes, des représentations ou des
connaissances de chacun des interlocuteurs. Alex Mucchielli, spécialiste des
sciences de l’information et de la communication, semble avoir élaboré une
théorie qui, aujourd’hui, synthétise les travaux menés dans diverses disciplines
des sciences humaines. Ce cours s’appuiera sur ses conceptions pour étudier les
processus mis en œuvre dans la communication. Il considère que « tout être, et/ou
objet et/ou phénomène existe parce qu’il entretient avec les autres, et/ou les objets,
et/ou les phénomènes, des interactions qui s’interpénètrent dans un système ». Un
système est un ensemble d’éléments qui ont leur force propre et des propriétés,
lesquelles entrent en relation et interagissent. La modification d’un élément
entraîne la modification de tous les autres (théorie largement développée par
l’Ecole de Palo Alto). Alex Mucchielli décrit ce système et explicite six processus
intervenant dans la communication :

- la construction du sens

- la construction des référents collectifs

- la structuration des relations

- l’expression de l’identité de l’émetteur

- la transmission de l’information

- l’influence

Un des premiers enjeux de la communication est de se faire comprendre de nos


partenaires, d’échanger des signes qui auront un sens commun : c’est la
construction du sens.

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Chaque interlocuteur fait un travail d’interprétation en fonction de la situation, en
fonction du contexte temporel et de l’ensemble des interactions entre les
partenaires. Le contexte culturel influe sur la construction de la signification. Pour
favoriser l’échange, il faut parvenir à un accord partagé sur les représentations et
les normes sociales qui doivent servir de références communes.

La clarté des énoncés et la construction du sens peuvent, dans le cas contraire,


s’en trouver perturbées. D’autre part, l’élaboration du sens est tributaire du
contexte expressif qui concerne la forme de l’expression, sous-tendue par les
intentionnalités, l’« être-au-monde » de l’acteur, et son engagement (ou non-
engagement) dans une situation communicationnelle. L’engagement dans ces
situations suppose de percevoir les différents signaux, imaginer, anticiper pour
interpréter et devancer la pensée de l’autre, mémoriser pour maintenir la
cohérence du discours et être en mesure d’adresser des « messages-retour ».

Le processus de construction des référents collectifs intervient dans la manière


dont, tacitement, les représentations sociales peuvent être partagées par les
membres d’un même groupe qui sont en relation. Des interlocuteurs décodent
leurs représentations et leurs raisonnements implicitement à un niveau infra-
conscient. S’il y a divergence sur ces représentations, une négociation s’engage
sur les relations qui doivent s’établir et sur la construction partagée de la réalité
sociale.

Une finalité importante de l’échange entre partenaires est de trouver « sa place»,


cet aspect concerne la structuration des relations. La première rencontre entre
individus se vit selon le mode de la sympathie ou de l’antipathie. On communique
aussi pour affirmer son identité, se positionner et se faire reconnaître dans cette
position. Toute communication fixe la nature de la relation que l’on entend avoir
avec son interlocuteur et définit des places et un type de relations (hiérarchiques,
égalitaires, intimes, distantes, consensuelles ou conflictuelles). La structure des
relations modifie et influence les caractéristiques de la communication. Des

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facteurs d’ordre psychologique et affectif sont mis en jeu dans la relation à un
autre ou à un groupe. Alex Mucchielli souligne que cette relation, dans la
communication, met le sujet dans un état d’ambivalence, « présent dans l’intérieur
et l’extérieur », à la fois lui-même et l’autre, affirmant son identité et risquant la
dépendance. L’acte communicatif est motivé par des « enjeux » intimes et
fonctionne sur la base d’un « contrat » que peuvent, ou non, respecter les
interlocuteurs en fonction de leur « être-au-monde ».

L’expression de l’identité interne de l’acteur, est le processus selon lequel


l’individu révèle son identité profonde au travers de ses gestes, ses
comportements, ses postures, ses intonations, ses silences, ses mots… Ces
éléments constituent la « forme » inconsciente qui accompagne un contenu. Ils
renseignent le partenaire sur l’identité, la logique profonde, les opinions de
l’acteur et renvoient à un impératif de connaissance et/ou de reconnaissance de
l’autre pour établir la relation.

Par ailleurs, la transmission de l’information naît de la rencontre effective d’une


information avec un individu. Cette rencontre dépend de l’intérêt, du projet
personnel du sujet. Elle est assujettie au système cognitif de celui-ci et trouvera
une place dans ce système en fonction de ce qui est déjà là. Une information ne
s’inscrit pas sur un terrain vierge, il faut qu’elle puisse s’inscrire dans des
représentations constituées antérieurement et qui vont être réorganisées. C’est
pourquoi une communication réussie tient compte du « langage de l’autre », de
son attente et de son système cognitif. Par ailleurs, la polysémie du langage, qui
peut induire des erreurs d’interprétation du message, nécessite des mises au point
progressives et la capacité de reformulation. Si le message est incomplet, il donne
lieu à des retours de l’information, des redondances, sachant que, dans le cas de
l’expression orale, il n’y a pas de possibilité de réversibilité.

Communiquer, c’est transmettre un message, une information, modifier les


représentations d’un autre, agir sur l’autre, et, donc, faire preuve d’influence sur

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autrui. L’acte de communication doit produire des effets et semblerait, dès lors,
supposer des compétences élaborées à la fois cognitives et relationnelles.

II- La notion d’attitude dans la communication interindividuelle

La qualité d’une communication interindividuelle est déterminée, avant tout, par


le type de relation existant entre deux individus en interaction. Et cette relation
résulte en particulier des attitudes développées pour chacun des acteurs.

1- Bref aperçu sur la notion d’attitude

On appelle attitude « l’état mental et neurophysiologique déterminé par


l’expérience et qui exerce une influence dynamique sur l’individu en le préparant
à agir d’une manière particulière à un certain nombre d’objets et d’événements »
(Allport, 1935).

Les attitudes sont également des prises de position d’un individu par rapport à un
objet. Elles s’expriment plus ou moins ouvertement à travers différents
symptômes ou indicateurs très variables : la parole, le ton de la voix, le geste, les
actes, mais aussi par l’absence de gestes et d’actes. Autrement dit, si l’on essaie
d’extraire de la définition de Allport l’idée essentielle, elle consiste à poser que
l’attitude, c’est ce qui est supposé être derrière le comportement. C’est-à-dire
que les attitudes sont des prédispositions à agir. L’attitude est une cause des
comportements. C’est une cause relativement cachée ou inconsciente, ce qui
d’ailleurs la distingue de l’opinion qui est la manifestation explicite d’une attitude.
En tant que prise de position, l’attitude joue un rôle essentiel dans le système de
représentation des individus ou des groupes et par conséquent, un rôle majeur dans
la situation de communication.

2- Fonction des attitudes

De manière générale, les attitudes répondent à trois fonctions :

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- Une fonction cognitive : les attitudes organisent les perceptions. Par
exemple, si on présente à des individus des ensembles de mots ambigus, on
constate que les mots les mieux perçus ne sont pas ceux qui sont plus
fréquents mais plutôt ceux qui se rapportent aux valeurs dominantes du
sujet, c’est-à-dire à ses attitudes.
- Une fonction énergétique ou tonique : les attitudes déterminent la nature
et l’intensité des motivations.
- Une fonction régulatrice : les attitudes visent à unifier les opinions d’un
individu, elles génèrent et gèrent la cohérence interne des opinions et des
comportements, et sont en ce sens proches des représentations comme
elles ; elles constituent des filtres interprétatifs de la réalité.

3- Typologie des attitudes et leurs conséquences sur l’autre

Dans une situation de communication interindividuelle, tout individu peut être


amené à développer cinq grands types d’attitudes. Cette typologie des attitudes
est largement inspirée des travaux de Porter. Elle permettra de comprendre
comment toute attitude détermine un certain type de relation à travers les
conséquences qu’elles génèrent sur l’autre. Les différentes attitudes et leurs
conséquences sont consignées dans le tableau ci-dessous.

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Tableau récapitulatif des types d’attitudes et de leurs conséquences sur
l’autre.

Types d’attitudes Conséquences sur l’autre


EVALUATION Si jugement négatif :
(Porter un jugement positif ou négatif) - agressivité
- blocage
Si jugement positif :
- maintien d’un feed-back
gratifiant
- sélection
INTERPRETATION - blocage si l’interprétation est
(expliquer, donner les raisons cachées fausse ou prématurée
du discours ou du comportement) - agressivité
- canalisation, justification
AIDE, CONSEIL - superficialité de l’expression
(proposer une solution, dédramatiser, - canalisation
rassurer) - démobilisation (décalage entre
dédramatisation et vécu)
QUESTIONNEMENT - réponses superficielles par non-
(poser des questions pour obtenir plus approfondissement
d’informations) - canalisation, manipulation
consciente ou inconsciente
- perception d’un harcèlement
(inquisition)
COMPREHENSION - création d’un climat positif
(reformuler pour essayer de (réduction des menaces)
comprendre sans juger) - incitation à poursuivre et
approfondir

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4- Orientation de la communication dans la pratique psychologique

Pour Carl Rogers (1962) dans la communication interindividuelle, comme dans la


relation thérapeutique, l’essentiel est la création d’un climat relationnel particulier
fondé sur quatre composantes, qui sont les quatre fondements de l’esprit et de la
démarche rogérienne.

• l’acceptation inconditionnelle de l’autre

C’est-à-dire le refus de tout jugement sur ce que l’autre exprime, mais aussi
l’acceptation du silence éventuel de l’autre. Acceptation inconditionnelle de ce
qui est dit, de la manière dont cela est exprimé et du fait que l’autre ne souhaite
pas exprimer tel ou tel sentiment.

• la neutralité bienveillante

Complètement indispensable de l’acceptation inconditionnelle, elle n’est pas une


neutralité passive fondée sur un refus de s’engager. Elle est bien un engagement
sans jugement, mais un engagement positif reposant sur l’intérêt porté à l’autre,
sur une « considération positive », un intérêt désintéressé.

• l’authenticité

La condition indispensable pour que le climat souhaité s’instaure, c’est que le


thérapeute ou l’intervieweur s’intéresse réellement à ce qu’exprime l’autre. Seule
l’authenticité de l’intérêt pour l’autre permet d’être disponible pour lui, par
rapport à ce qu’il dit. Elle est une condition absolue d’une écoute compréhensive.
Cette authenticité peut aller jusqu’à devoir exprimer ses propres sentiments dans
la situation d’interaction.

• l’empathie

C’est une qualité, une aptitude et une volonté, probablement la composante la plus
difficile à mettre en œuvre. Elle nécessite la volonté et la capacité de contrôler ses
propres réactions socio-affectives afin de se rendre disponible à l’autre. Elle

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consiste à s’immerger dans le monde subjectif de l’autre, pour essayer de le
comprendre de l’intérieur, à voir la situation avec les yeux de l’autre. Non pas se
mettre à sa place, mais d’une certaine manière ressentir ce qu’il ressent. Par
ailleurs, l’empathie est définie par deux composantes :

- la réceptivité aux sentiments vécus par l’autre ;


- la capacité verbale de communiquer cette compréhension.

L’empathie doit donc être active et transmise à l’autre. Une empathie qui ne
s’exprime pas n’est qu’une attitude interne sans grand effet sur la qualité de la
communication.

III- La psychologie de la communication non verbale

1- Les fonctions de la communication non verbale

Les difficultés méthodologiques du recueil de l’expression non verbale et ses


significations variées selon le contexte immédiat ou culturel expliquent que
malgré son rôle central, elle n’est pas un thème dominant de la recherche
scientifique en psychologie et qu’elle donne lieu à des analyses et des résultats
souvent difficiles à généraliser. Cependant, et grâce aux travaux de Ekman et
Friesen (1969), on peut s’accorder pour reconnaitre trois fonctions à la
communication non verbale :

 fonction d’information sur l’émetteur

C’est la principale fonction du comportement non verbal. Il permet d’appréhender


directement l’état émotionnel de l’émetteur mais aussi son attitude par rapport au
récepteur et à la situation. Le non-verbal donne à la fois des informations sur le
vécu effectif de l’émetteur en situation, mais également des informations sur
l’image de lui-même que veut donner l’émetteur. Dans la mesure où le
comportement non-verbal peut résulter soit de phénomènes inconscients ou

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incontrôlés, soit, au contraire, d’une volonté délibérée, il informe tout aussi bien
sur l’être que sur le paraitre.

 fonction d’étaiement du langage

Les comportements non-verbaux qui accompagnent le langage (mouvement des


yeux, gestes, mimiques…) jouent deux rôles fondamentaux :

- ils ponctuent, renforcent, confirment l’émission orale ;


- ils permettent à un certain nombre d’informations utiles ou nécessaires à la
communication de passer directement (la direction du regard par exemple,
ou les mouvements des yeux indiquent immédiatement et sans support
linguistique à qui le message s’adresse).
 fonction quasi linguistique

Certains comportements non verbaux ont une correspondance directe avec le


langage parlé. On peut dire, par exemple, aussi bien « oui » que manifester ce
« oui » par un comportement non verbal. Ces gestes dont la signification peut se
traduire par des mots, correspondent aux « emblèmes ». On peut distinguer deux
types de lexiques emblématiques :

- les lexiques emblématiques « naturels » (mouvements spontanés par


exemple), dont la signification peut varier en fonction de l’environnement
culturel ;
- les langages emblématiques « construits » ou « artificiels », comme le
langage des sourds et muets.

Dans les deux cas, la fonction est très proche de celle du langage parlé.

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2- Les variantes de la communication non verbale

• le paralangage

Le Paralangage va au-delà des mots prononcés. Il inclut le timbre et le volume de


la voix, le rythme des mots, les coupures d'une phrase. Le Paralangage entoure les
mots et exprime les sentiments à travers la façon dont ils sont dit.

Exemple : « OUI, je vais le faire » peut être pris dans de multiples sens. Amusez-
vous à prononcer cette phrase de multiples façons pour lui donner des sens
différents.

• les mimiques ou expressions faciales

Dans toute interaction directe, la perception du visage de l’autre est immédiate et


souvent essentielle dans le décodage de sa motivation à communiquer.
L’expression du visage est donc un élément clé dans les relations car elle exprime
des émotions : la joie, la surprise, le dégoût, la tristesse, la colère, la peur…

Ces mimiques peuvent renforcer le message, mais elles peuvent le modifier et


changer sa signification. Par exemple,

 le clin d'œil indique que ce qui est dit ne doit pas être pris au sérieux,
 le regard soutenu signifie une intention hostile,
 le regard panoramique est destiné à impliquer tous les interlocuteurs afin
que tous se sentent concernés par le message.

Ils peuvent être voulus tel que le sourire à une personne, mais souvent ils sont
incontrôlés et involontaires (Le pied qui tape sous la table et qui exprime
l’agacement, l’irritation ou l’ennui, les yeux écarquillés, les sourcils froncés etc.).
Ils font partie intégrante de notre comportement global.

Le regard est certainement la partie du corps qui exprime le plus de nous-même.


Regarder l’autre c’est montrer que l’on s’intéresse à lui, c’est aussi une façon de

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s’impliquer et de personnaliser la relation. En situation d’interaction, le non-
échange de regard est source de perturbation.

L’autre variante des expressions faciales est le sourire qui est une composante
essentielle de l’écoute active. Il témoigne en effet, d’une volonté d’échange et
d’une acceptation de l’autre. Il a par ailleurs une caractéristique intéressante : il
est souvent contagieux. Si le rire est une expression, le sourire, lui, est
communication. Nous parlons, ici, bien entendu du « vrai » sourire, et non des
rictus ou des multitudes de sourires « négatifs ».

Il est donc capital de tenir compte des expressions faciales et des mouvements
corporels afin d’éviter les malentendus.

• les postures et gestes

Ils ont certainement été les premiers moyens de communication entre les humains
et constituent un véritable langage qui accompagne et complète le message verbal.

Les postures

On appelle « posture » la position ou l’orientation du corps durant l’interaction.


C’est une modalité de l’expression kinésique c’est-à-dire du langage du corps.
Chaque élément kinésique peut être considéré comme indicateur d’un état affectif,
d’une motivation, d’un type de relation sociale existant entre les interlocuteurs.
La plupart des auteurs s’accordent pour définir quatre postures fondamentales,
liées chacune à une attitude spécifique, déterminant le type de relation voulant
être établi avec l’interlocuteur :

- Posture en expansion (la tête, le tronc et les épaules sont en extension. Elle
est perçue comme une attitude de domination ou de mépris de l’autre)
- Posture de rejet (la tête et le buste se détournent d’autrui. Elle est associée
à une attitude de refus de l’autre ou de crainte de la relation)

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- Posture de contraction (tête fléchie sur le tronc, épaules tombantes, c’est
l’indicateur d’une attitude de soumission ou d’abattement et de
renoncement à la relation)
- Posture d’approche (buste et tête inclinés vers l’autre, bras et mains
ouverts. C’est la posture de l’attitude d’accueil, d’écoute, de centration sur
l’autre)

Tout changement de posture d’un locuteur lors d’une interaction a une


signification : elle témoigne de l’évolution et de la transformation de ses attitudes,
de sa relation à l’autre.

Les gestes

Ils sont déterminés par cinq grands facteurs (Martin, 1999) :

- notre histoire personnelle,


- notre culture,
- notre statut social,
- notre état psychique,
- le contexte dans lequel ils apparaissent.

Comme les postures, ils sont un indicateur de l’état du locuteur, de ses


motivations, et du type de relation qu’il entend établir. Echappant souvent au
contrôle, ils donnent à un observateur averti de précieuses indications sur le vécu
et les attitudes réelles de celui qui s’exprime ; ils sont une façon d’appréhender le
non-dit. Essentiels dans la communication, ils peuvent aussi bien faciliter que
perturber l’échange et la relation. On peut donc distinguer deux grandes catégories
de gestes comme le souligne Martin (1999) :

- Les gestes négatifs (gestes dirigés vers le bas, gestes centrés sur soi, gestes
« barrières », des gestes parasites manifestant le stress, la fatigue etc.)
- Les gestes positifs (gestes ouverts, gestes extravertis, gestes de ponctuation,
gestes révélateurs etc.).

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• la psychologie des couleurs

La couleur stimule notre cerveau de nombreuses formes différentes. La couleur,


dans son essence, est beaucoup plus qu’un phénomène optique. Toutes ont leur
sens propre, toutes créent un impact déterminé sur notre cerveau.

La psychologie des couleurs est chargée d’investiguer comment les couleurs nous
affectent. Les couleurs peuvent changer notre perception, altérer nos sens, nous
faire ressentir des émotions, etc… Les couleurs ont le pouvoir d’améliorer notre
mémoire et notre attention, et même le pouvoir de nous convaincre de prendre
certaines décisions. Connaître la signification des couleurs est clé pour nous
permettre de mieux comprendre nos comportements.

Pour se plonger dans l’univers psychologique de chaque couleur, on suivra les


études menées par Eva Heller en 2009, qui a récemment élaboré une analyse
intéressante des couleurs appliquées au monde du neuromarketing.

Le bleu

- C’est la couleur la plus utilisée dans les entreprises, car elle est productive
et non invasive.
- C’est une couleur qui suggère sensation de sécurité et de confiance dans un
cadre donné.
- Il a été démontré que le bleu supprime l’appétit, et on l’évite donc quand
on fait la publicité des aliments.
- C’est la couleur de l’harmonie, du bonheur et de la sympathie.
- C’est la couleur la plus froide mais même ainsi elle véhicule aussi le
concept de spiritualité et le fantasme.
- Il existe 111 tons de bleu.
- C’est une couleur primaire et pour les peintres, la tonalité la plus appréciée
de bleu était le « bleu outremer ». C’était la plus chère mais qui donnaient
aux tableaux une vivacité exceptionnelle.

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Le rouge

- Le rouge est aussi l’une des couleurs les plus utilisées dans le marketing :
il se distingue des autres couleurs, il a plus de prégnance et permet d’attirer
l’attention.
- Il augmente le rythme cardiaque et crée un besoin d’urgence, de danger et
d’immédiateté.
- Il représente l’amour mais également la haine.
- C’est la couleur des rois, de la joie et du danger.
- Il représente le sang et la vie.
- C’est une couleur dynamique et séductrice capable de réveiller notre côté
le plus agressif.

Le jaune

- Il représente l’optimisme et la jeunesse.


- Il montre de la clarté et est utilisé pour attirer l’attention.
- Il ne faut pas abuser de cette couleur car elle fatigue rapidement la vue.
- Certaines études démontrent que les tons jaunes intense entraînent les
pleurs des bébés.
- Pour les experts en psychologie de la couleur, le jaune est une couleur
contradictoire : il représente en même temps le bon et le mauvais,
l’optimisme et la jalousie, la compréhension et la tradition.
- Il illumine et favorise la créativité.
- C’est une couleur masculine et en Chine, il représente les institutions
impériales.

Le vert

- Le vert est la couleur de la croissance, du renouvellement et de la


renaissance.
- Il est associé à la santé, à la nature, à la fraîcheur et à la paix.

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- Il favorise la résolution de problèmes, ainsi que la liberté, la guérison et la
tranquillité.
- Le vert opaque représente l’argent, l’économie et la bourgeoisie.
- Il existe plus de 100 tons de vert, les intermédiaires étant les plus
favorisants pour le moral.
- Il représente également l’amour naissant.
- C’est une couleur qui sert à se détendre, et de fait, elle est très utile pour les
personnes qui traversent une dépression.

Le noir

- La couleur noire est associée à l’élégance, au secret, au mystère et


également au pouvoir.
- Le noir génère des émotions fortes, c’est une couleur autoritaire.
- Dans le monde de la mode, on considère qu’il stylise et apporte de la
sophistication.
- Il existe 50 tons de noir.
- Il symbolise également la fin de quelque chose, la mort et le deuil.
- Dans le passé, il a représenté les curés, aujourd’hui il représente les
conservateurs.
- Dans le monde de la physique, le noir est la couleur qui a la propriété
d’absorber 100% de la lumière incidente et ne se voit donc nulle part dans
le spectre, ce qui lui a valu d’être vu comme une couleur liée au danger, au
mal et bien pire encore.

Le blanc

- La couleur blanche symbolise l’innocence et la pureté.


- Il représente le début, la volonté de commencer quelque chose de nouveau.
- Il apporte de l’amplitude et de l’honnêteté à un espace, ainsi qu’une
sensation de paix, de guérison et de tranquillité.
- Il est associé à la perfection.
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- Il y a 67 tons de blanc.
- Le col blanc sur les vêtements symbolise le statut élevé.

Le gris

Selon la psychologie des couleurs, le gris symbolise principalement la vieillesse


et la sobriété. Il peut être obscure, médiocre et anodin ou cacher des secrets
comme la “littérature grise” ou les “éminences grises”. D’un autre côté, le gris
nous rappelle également la matière grise ou l’élégance dans la mode.

Le violet

- Il apporte le calme.
- Il est souvent utilisé pour représenter la créativité, l’imagination et la
sagesse.
- Il est associé au féminin, à la magie et à la spiritualité.
- Il existe 41 tons de violet.
- Utilisé de manière intense, il génère de l’ambivalence : il n’est pas
recommandé de peindre des pièces, des chambres ou des magasins avec
cette couleur.
- Le violet symbolise le pouvoir mais également l’ambigu.

L’orange

- Il est associé à l’enthousiasme. Il reflète l’émotion et la chaleur.


- Cependant, si on utilise un ton d’orange intense, il peut être associé à
l’agression. Il faut donc faire attention à ce que le ton soit doux, amical et
confortable.
- C’est l’un des préférés dans le monde de la publicité car il incite à l’achat.
Il est associé à la transformation et au Bouddhisme.
- L’orange favorise non seulement les émotions positives mais également les
sensations de « goût ».

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Le rose

- Il symbolise l’enchantement et la politesse.


- Il est lié au monde de l’enfance ou romantisme.
- C’est la couleur de la tendresse érotique.
- Il symbolise le tendre, l’enfant ou le petit.

Pour conclure, il est fort possible que certains individus ne soient pas identifiés à
ces descriptions. Chaque couleur répond parfois à une partie de nos expériences
personnelles. Cependant, d’un point de vue artistique et culturel, ces fondements
sont toujours utiles et efficaces.

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Conclusion

Il semble qu’à travers la diversité des approches et des théories, quelques points
de convergence essentiels apparaissent pour définir la spécificité des situations de
communication et dégager des règles ou des principes fondamentaux à une
communication efficace et authentique. Nous concluons ce cours par le fait que
toute communication s’inscrit dans un contexte psychologique qui reste toujours
un contexte social et idéologique. Le rôle et le poids des normes sociales, des
représentations sociales, des valeurs de référence sont considérables. La seule
analyse psychologique de la communication est donc insuffisante. La
communication doit toujours s’étudier et se comprendre par l’interaction entre
trois types de facteurs : psychologiques, cognitifs et sociaux.

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