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Plan du chapitre
Introduction
1. L’approche psychologique
2. Les approches ethnosociologiques
2.1 L’ethnographie de la communication
2.2 L’ethnométhodologie et l’analyse conversationnelle
2.3 La microsociologie de Goffman
3. L’approche philosophique
4. L’approche linguistique
4.1 L’analyse en rang de l’école de Genève
4.2 Le modèle en rang de C. Kerbrat-Orecchioni
Introduction
L’approche interactionnelle ne peut être appréhendée comme un domaine
homogène et délimité. Elle constitue une mouvance qui traverse diverses
approches où se rejoignent et s’influencent des démarches et des théories
relevant de différentes disciplines comme le souligne C. Kerbrat-Orecchioni :
« Cette approche a partie liée avec les disciplines suivantes : psychiatrie,
psychologie interactionniste, psychologie sociale, microsociologie, sociologie
cognitive, sociologie du langage, sociolinguistique, linguistique, dialectologie
(en particulier “urbaine”), étude du folklore, philosophie du langage,
ethnolinguistique, ethnographie, anthropologie, kinésique, et éthologie des
communications » (1998 : 55).
Née dans les années 50- 60 (idem) et résultant de la fusion de plusieurs types
d’approches, la notion d’interactionnisme se focalise sur la communication
représentant en même temps la vie sociale et la vie mentale, et plus
précisément : « s’attachent à considérer que nos instruments cognitifs sont
médiatisés par un ensemble de caractéristiques issues de l’environnement
physique et social des individus qui confèrent à l’action finalité et signification :
- les partenaires avec leurs rôles, leurs statuts, leurs croyances, leurs attentes,
leurs histoires ;
- la tâche avec sa configuration logique et ses significations sociales ;
- le contexte de résolution, mais aussi d’interlocution ainsi que le contexte plus
largement social et culturel. »
C. Kerbrat-Orecchioni précise que la linguistique interactionniste est le résultat
du développement du champ de la sociologie à travers les fondateurs de
« l’analyse conversationnelle » (Sacks et Schegloff), suivi par les travaux de
Hymes (1984) et finalement l’énonciation et la pragmatique pour prendre en
considération les multiples échanges verbaux pris en milieu naturel. Elle
explique le fait que l’interactionnisme ne soit pas un domaine délimité, précis et
homogène et la difficulté de tracer des frontières étanches entre ces différentes
disciplines.
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
1. L’approche psychologique
L’école de Palo Alto est la référence majeure. Elle est constituée d’un groupe de
chercheurs dont l’inspiration théorique, épistémologique et méthodologique
originelle se construit autour de l’œuvre de Bateson. Leurs travaux ont toujours
gardé un objectif thérapeutique. L’hypothèse principale présentée dans ce cadre
était le fait que “les comportements pathologiques ne doivent pas être rapportés
simplement au dysfonctionnement d’un individu, mais être conçus comme la
conséquence du dysfonctionnement du système dans lequel est pris l’individu :
c’est une communication folle qui rend l’individu fou. Pour le soigner, c’est le
système qu’il faut traiter” (V. Traverso, 2011:8).
Les chercheurs de l’école de Palo Alto ont élaboré une théorie de la
communication qui va au-delà du domaine psychologique, recouvrant plusieurs
aspects de la communication quotidienne où l’idée fondamentale “étant que les
troubles qui affectent l’individu résultent, selon un processus de ‘causalité
circulaire’, d’un dysfonctionnement du système relationnel global dans lequel
cet individu se trouve pris, et que c’est donc sur la transformation de ce système
global que le traitement doit porter” (Kerbrat-Orecchioni, 1998:58).
Partant des modèles mathématiques de la théorie des groupes et des types
logiques pour expliquer les différents types de changements et leurs implications
dans le comportement humain, les auteurs en ont déduit cinq axiomes de base
qui gouvernent toute communication :
On ne peut pas ne
pas communiquer
Tout échange de
communication est Toute
symétrique ou communication
complémentaire, présente deux
selon qu’il se fonde aspects : le contenu
sur l’égalité ou la et la relation
différence Les cinq
axiomes de la
communication
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
Elles sont considérées comme les plus importantes et les plus diversifiées. Elles
constituent un ensemble regroupant différents courants interactionnistes, tels
que : l’ethnographie de la communication, l’ethnométhodologie et la
microsociologie de Goffman.
•Un intérêt accordé aux phénomènes de variation codique au sein d’une même communauté
et d’une communauté à une autre.
•L’observation des événements de communication dans leur milieu naturel à travers une
démarche inductive et empirique.
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
3. L’approche philosophique
Important
Il faut faire attention de distinguer la valeur hors-contexte d’un acte de sa
valeur interactive (illocutoire). Ex : « Il est huit heures ».
Hors contexte, il s’agit d’une assertion à valeur informative.
En contexte, il peut indiquer suivant la situation et les participants :
- Une requête indirecte « Mets la télé pour qu’on regarde le J.T »
- Un rappel « Tu m’avais dit que tu devais téléphoner à X à huit heures »
- Un reproche « J’ai faim et il n’y a rien de prêt »
- Une demande d’opinion « Comment se fait-il que X ne soit pas encore arrivé ? »
- etc…
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
4. L’approche linguistique
On peut considérer que, petit à petit, la linguistique a élargi son champ d’intérêt
au-delà du mot et de la phrase pour s’intéresser au discours et aux interactions et
cela l’a amenée à s’intéresser aux usages du langage et donc à prendre en
considération des problèmes extralinguistiques d’ordre psychologique,
sociologique, etc…
On peut donc dire que les approches linguistiques des interactions sont celles qui
se concentrent plus spécifiquement sur le contenu verbal davantage que les
autres approches, mais en intégrant les éléments extérieurs indispensables pour
comprendre et analyser ce matériel (Nous pouvons citer dans ce sens les travaux
de la linguistique fonctionnelle systémique de Halliday, le modèle « integrative »
d’Edmondson [1981] et le modèle fonctionnel de l’école de Birmingham), et en
particulier les notions d’usage et de contexte.
Nous allons retenir dans notre recherche deux modèles d’analyse : le modèle
présenté par les chercheurs de l’école de Genève (Roulet et al.), et celui proposé
par C. Kerbrat-Orecchioni, qui se résument ainsi :
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
Incursion
Séquence
Échange
Intervention
Acte de
langage
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
Exemples
Locuteur 1 - C’est toi qui as téléphoné hier soir ?
Locuteur 2 - Non. D’ailleurs hier je ne me suis pas servi du téléphone.
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
Remarque
Il arrive fréquemment qu’un tour de parole comporte une intervention réactive à
l’échange précédent et une intervention initiative à l’échange suivant. Ex :
1- A : salut !
} échanges de salutations
2- B : salut !
3- A : ça va ?
} échanges de salutations complémentaires
4- B : ça va Locuteur 1 – Comment vas -tu ?
Locuteur
et toi ? 2 – Ça va mieux. Et toi ?
} question/réponse
5- A : Ça peut aller
Qu’est-ce que tu fais là ?
} question/réponse
6- B : Je cherche un cadeau pour ma sœur
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CHAPITRE 1 : LE CHAMP DISCIPLINAIRE DE L’INTERACTIONNISME
Acte de langage
Intervention
Échange
Séquence
Interaction
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