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Chapitre 1 : La communication dans son contexte

Communiquer est le maître mot du XXIème siècle. Pourtant, des paradoxes existent. Plus on souligne
la nécessité de communiquer et plus il semble difficile d’y parvenir.
La communication par le biais des T.I.C (Technologies de l’Information et de la Communication)
devient planétaire, mais l’être humain éprouve toujours des difficultés à échanger ses idées. La
communication est donc un concept difficile à cerner, tant les usages et les approches sont
nombreuses.

Tout est communication L. SFEZ

A/ Intégrer plusieurs approches


L’étude de la communication a pris depuis plusieurs années une importance grandissante,
sous l’impulsion de chercheurs issus de disciplines diverses : psychologique, linguistique
sociologique…
En effet, l’acte de communiquer fait intervenir aussi bien des processus conscients ou
inconscients que des données génétiques et des représentations culturelles.
On attribue plusieurs fonctions : information, connaissance, explication et compréhension.

1/ Le sens commun (capacité de juger, d'agir raisonnablement comme la majorité des gens)

L’action de communiquer consiste à transmettre quelque chose à quelqu’un. Cependant, si


l’idée de communication est indissociable de celle de l’échange, et donc de transfert d’un
message d’un émetteur à un récepteur, sa signification est beaucoup plus large.
La communication ne désigne pas toujours la même chose, elle n’a de sens que si on la
replace dans un contexte.

2/ L’approche des psychologues

En psychologie, la communication se définie comme la « transmission de l’information entre


une source et un destinataire ».
L’accent est mis sur les termes « information » en tant que moyen de réduire l’incertitude,
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« émetteur » (personne qui émet un message) et « récepteur » (personne destinataire du
message).

L’information, pour être signifiante, fait référence à des connaissances communes


de l’émetteur et du récepteur. Elle n’atteint sa cible que dans la mesure où elle est comprise
conformément à l’intention de son auteur.
Des dysfonctionnements peuvent apparaître, compte tenu :

- De « l’anticipation » : l’émetteur anticipe consciemment ou inconsciemment les


réactions du récepteur et oriente alors le contenu et la forme de son message (Comment va
t – il prendre ce que je veux lui dire ? »). Le message passe alors par ses propres attentes,
motivations, désirs, peurs, angoisses… (« Je me sens mal à l’aise avec cette personne, car elle
me semble ironique, alors je préfère me taire »).

- Du « compromis » : le message peut prendre la forme d’un compromis entre ce que


l’on voudrait dire et ce qui pousse à se taire (par ex., l’euphémisme, qui atténue le
propos pour le rendre plus acceptable : « Je suis étonnée que tu puisses penser une
chose pareille », le déni : « Ce n’est pas ce que je voulais dire ! », la précaution : « Ne
prenez pas mal ce que je vais vous dire… »)

- De « l’interprétation » : le récepteur interprète et peut déformer le message en


fonction de ses motivations profondes (par ex. : l’émetteur, qui veut s’assurer qu’il a
été bien compris, dit : « Peut-être n’avez – vous pas bien saisi ce que je veux dire… »),
le récepteur qui n’a pas très confiance en lui répond :
(« Dites tout de suite que je suis un incapable, car bien sûr, je n’ai pas votre
intelligence ! »)

3/ L’approche des linguistes (individu qui a pour but l'étude des langues)

Le langage structure notre pensée et nous permet de communiquer avec les autres.
C’est un outil particulièrement flexible de communication humaine. Dans le langage
ordinaire, la parole est désordonnée, l’implicite est souvent présent, des phrases ne sont
pas terminées et pourtant, il est possible de se faire comprendre (« A plus ! »)

Le linguiste russe Roman Jakobson attribue 6 fonctions au langage :

- La fonction « expressive » ou émotive, centrée sur l’émetteur, qui traduit les


émotions : l’émetteur s’engage affectivement dans ce qu’il dit, le langage permettant
ainsi d’exprimer des désirs
- La fonction « conative », centrée sur le récepteur, qui a pour but d’agir sur
le destinataire (en lui donnant un ordre, en essayant de le convaincre, de l’instruire)
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- La fonction « phatique », centrée sur le canal, qui vise à établir, prolonger ou
interrompre une communication (par ex. « Allo ! »)
- La fonction métalinguistique, centrée sur le code, qui consiste à réguler son propre
discours (« Je voudrais dire que… »), « Voilà ce que je pense… »)
- La fonction « poétique », centrée sur le message, qui vise à rechercher des effets de
style, le langage peut aussi exprimer des qualités esthétiques
- La fonction référentielle, qui consiste à transmettre une information en vérifiant que
l’on utilise le même code par rapport au contexte (« Nous sommes bien d’accord »).

4/ L’approche des sociologues

En sociologie, la communication est définie, à partir des travaux de Emile Durkheim, comme
une « interaction au sein d’un réseau où s’échangent et se partagent des représentations
collectives ». L’accent est donc mis sur le terme « interaction » en tant qu’influence
réciproque de deux personnes. La communication est donc considérée comme un « outil »
de contact et d’influence entre individu et/ou groupes.

La sociologie tente donc d’éclairer le monde social vécu par les acteurs, les formes sociales
dans lesquelles s’organisent les relations entre groupes et individus, les réseaux
d’interactions et de communication.

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5/ L’approche psychosociale

La communication s’inscrit dans un jeu social nécessairement porteur d’enjeux.


Le jeu est à la fois psychologique et social : il s’agit d’une part, de produire une image de soi
(exister aux yeux d’autrui) et d’autre part, de la faire confirmer par autrui (être accepté
comme un interlocuteur valable). La communication est donc au cœur du lien social.

6/ L’approche neurophysiologique

La neurophysiologie consiste à étudier chez l’homme ou chez l’animal les bases biologiques
du fonctionnement du cerveau. Cette science éclaire sur le rôle du cerveau dans le processus
de communication (formation du langage, perception, mémoire, traitement de
l’information). Chaque action accomplie provient de processus internes à l’esprit. Nous en
comprenons parfois quelques-uns, mais la plupart d’entre eux dépassent de beaucoup notre
compréhension (par ex ; lorsque nous parlons, nous n’avons pas conscience des règles
grammaticales que nous respectons car elles sont des automatismes ou des règles
profondément enracinées en nous, acquises par apprentissage dans le contexte culturel
dans lequel nous avons été formés).

Les deux hémisphères du cerveau travaillent ensemble pour exercer les fonctions
de l’intelligence. Les neurones de l’hémisphère gauche organisent les fonctions linguistiques.
L’hémisphère droit, quant à lui, ne joue qu’un faible rôle dans les facultés logiques et de
raisonnement. En revanche, il domine dans le domaine des perceptions (perception de
l’espace et des formes).

7/ L’approche psychanalytique

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L’éclairage de la psychanalyse permet la mise en évidence de la signification inconsciente
(jeux de mots, lapsus), des actions.

L’individu ne perçoit qu’une partie restreinte du monde extérieur qui l’entoure.


Notre intériorité se compose de toutes les impressions et les perceptions qui nous viennent
du monde extérieur, et seul ce qui « affleure » parvient à notre conscience : mémoire,
pensées conscientes, mouvements volontaires de notre corps, émotions
et sensations ressenties, capacité d’articuler un langage. Tout le reste est « immergé » :
notre inconscience joue donc un rôle fondamental. Toutes les recherches effectuées depuis,
ont mis en lumière l’extrême complexité de notre intériorité et du fonctionnement de notre
cerveau.
Plus récemment, le prolongement de ces découvertes appliquées aux recherches
analytiques, croisées avec celles concernant les malades mentales graves et le langage, a
confirmé l’importance du langage formel dans les phénomènes de communication.

Autrement dit, « on se comprend sans se comprendre ».

B/ Distinguer les formes de communication


1/ La communication de masse

Elle est définie comme un ensemble de moyens et de techniques permettant la diffusion de


messages écrits ou audiovisuels auprès d’une audience plus ou moins vaste et hétérogène.
S’adressant à un large auditoire, elle a pour objectif d’informer, de persuader, voire de
divertir. Les principaux moyens de communication de masse ou mass media sont la presse,
l'affiche, le cinéma, la radiodiffusion et la télévision.

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2/ La communication publique

C’est une situation où un seul émetteur communique avec plusieurs autres. Un orateur
communique à un auditoire pour l’informer, le convaincre (par ex. dans un meeting
politique)

3/ La communication dans un petit groupe de personnes

Ce sont souvent des personnes liées entre elles par un objectif commun et qui sont assez
peu nombreuses pour que chacune puisse assumer le rôle d’émetteur et de récepteur sans
difficulté. Cette forme de communication permet d’échanger des informations, des idées, de
résoudre des problèmes.
C’est la communication interpersonnelle qui retiendra notre attention.

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