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Notre article s’interroge sur le rapport groupe-formation en reliant ces deux termes par
trois voies différentes: une origine commune, la notion d’intersubjectivité dans la
mesure où elle aussi montre le fondement commun qui permet de comprendre les
raisons de ce rapport, et l’histoire des théories et des pratiques. On pourra de même y
observer le lien entre la recherche et les pratiques de formation ou d’intervention-
formation, ainsi que les différentes manières de produire des connaissances sur ce sujet
en ce moment.
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créer de nouveaux concepts et de nouvelles manières de pratiquer la formation afin de
donner plus de place à la parole, à la communication, aux acquis préalables des sujets,
afin d’encourager aussi la participation et le développement de rapports plus
symétriques. Ce sont ces besoins-là qui sont à l’origine des dispositifs fondés sur la
constitution de groupes. Cette influence s´exprime de plusieurs façons: en signalant la
différence entre la formation et l’enseignement ; par la reconnaissance de l´adulte ; par
le fait de considérer la formation comme un changement, comme un chemin personnel
de développement; par l´importance donnée à la communication des expériences de
travail et aux activités à l’intérieur des organisations; par la prise en compte des
demandes et des besoins présents et futurs des professionnels; par la position du
formateur ainsi que celle d’un formateur-animateur qui accompagne de manière non-
directive les groupes.
La formation a des effets aussi bien sur les situations institutionnelles où elle est
pratiquée que sur les rapports sociaux, et dans ces mouvements l’importance des
groupes est bien claire, c’est pourquoi la formation se nourrit de la théorie des groupes
tout comme le fait la psychosociologie à partir des pratiques de formation.
Avant de puiser dans des théorisations permettant de comprendre les productions dans
le terrain des groupes et de la formation il nous semble important de signaler quelques
points qui les relient. A ce propos il y a une notion dont l’importance nous paraît
capitale: celle d’intersubjectivité. Deux autres notions voisines seront reprises afin de
penser leurs points communs: processus et transformation, elles concernent aussi bien
le groupe que la formation. Nous partons donc de l´hypothèse suivante: l’intersubjectif
constitue le fondement commun qui permet dans sa transversalité la relation entre ces
deux termes, et qu’il va nous servir pour analyser leur rapport mutuel.
L´intersubjectivité fait partie d’un espace de relation entre les sujets qui ne résulte pas
de leur addition ni de leurs apports, c’est une construction ayant lieu à partir de
l’interaction, des échanges établis entre eux. L’interaction est un terme clé pour la
construction de la psychologie sociale comme discipline. L’intersubjectivité implique
l’interaction et fournit de nouvelles dimensions pour la comprendre. Il n’y a de sujet qu’
avec les autres. Le rapport aux autres et à soi-même est à la base de la constitution de la
subjectivité dans les espaces « entre » où se produit la communication humaine.
L’humain est pluriel, hétérogène, il est inscrit dans l’intersubjectif. Le sujet devient
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sujet en et par la relation avec les autres, dans un espace qui est à la fois construit par
les sujets et qui les construit à son tour. L’intersubjectivité réfère à cet espace, cette
zone en commun où le transitionnel est possible. A l’intérieur de cette zone chaque sujet
est pris dans la relation, il s’y engage en tant que sujet humain avec toute sa complexité,
il y est impliqué comme sujet des relations.
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La place de l’autre est une composante centrale de l’intersubjectivité, elle demande
alors une certaine attention. Un autre sujet, c’est-à-dire, un autre social dans le monde,
dans l’histoire, dans la culture et dans la société ; un autre sujet de désir, sujet
psychique. Un autre extérieur et intérieur, constitutif du sujet. Nous essayerons de
contribuer à la compréhension du terme en faisant appel aux apports de différents
courants de pensée avec l’intention de ce que cette compréhension ait lieu tant au cœur
de la formation comme du groupe.
La « négatricité ». Tel que J. Ardoino l’a dit l´intersubjectivité nous met face au besoin
de prendre en considération la notion de negatricité. « Le sujet est toujours en proie à
l´autre en lui, il ne peut être que prétention à faire sens, à faire le sens dans un désir de
maîtrise sans cesse contrebattu par l´autre en lui, par la mort, par les autres qui en font
autant, par la réalité qui lui inflige le non-sens, le démenti, le ramène sans cesse au
statut d´objet » (2002, page 263, en Barus Michel, J. et autres).
Cette notion met l´accent sur la dialectique, les oppositions, l´hétérogène et non pas sur
la coïncidence, l´unité, l´homogène.
Le travail que le formateur doit faire sur soi-même ne peut pas être dissocié de la
reconnaissance de l’autre comme sujet, le jeu de réactions réciproques envisage aussi la
capacité de l’autre de faire un retour sur lui-même. La formation peut être alors pensée
comme un dialogue entre sujets ayant la capacité de faire un retour sur eux-mêmes.
Prendre conscience de soi demande toujours l’intermédiation de l’autre. Ces
affirmations ont pour antécédent la dialectique hégélienne de la « conscience de soi »
et de la «conscience pour soi ».
La place de l’autre évolue d’une conscience qui se dirige à l’autre comme extérieur à
moi, vers une conscience qui trouve dans l’autre non pas un objet externe mais un objet
qui a ses propres désirs, et ses propres désirs par rapport à moi. C’est à partir de la
reconnaissance de l’autre comme sujet, comme lutte avec ses différences, comme
dialectique du désir, que le sujet advient dans la reconnaissance mutuelle et en se
reconnaissant lui-même. Le retour sur soi-même est ce mouvement psychique et social
par lequel le sujet devient « conscient pour soi » à travers les autres, sujet qui n’existe
que dans la relation, dans le dialogue conscient et inconscient avec l’autre et dans la
reconnaissance de l’autre.
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social dans la conscience individuelle; une intériorisation qui se produit à partir de la
relation avec les autres, à partir de l’intériorisation du langage, des rôles et des normes.
Dans sa théorie la conscience de soi est un phénomène cognitif qui dépasse
l’intellectuel. La personne peut avoir accès au soi à travers la communication
significative. Elle se différencie de l’organisme dans la mesure qu’elle peut être un objet
pour soi. L’interaction sociale -médiatisée par des symboles- est antérieure à l’individu,
le précède. La conscience de l’autre précède la conscience de soi. Le soi (self) qui est à
la base de l´acquisition symbolique, est constitué par le Moi/Sur Moi et le Je. Tandis
que le Je se réfère à l’individu socialement établi, qui répond aux attitudes des autres, le
Me (unité du Moi/Sur Moi) signale l´adoption interne des attitudes et des rôles sociaux
des autres. Le dialogue intérieur devient possible lorsqu’il y a une prise de conscience
de l’autre, ou plutôt une conscience de la conscience de l’autre. Le Me est le self qui
fonctionne comme objet pour soi-même, comme objet de la conscience à travers la
interaction.
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De son côté, la Psychologie Sociale Génetique, penchée sur l’étude de l’intelligence et
la connaissance, s’interroge sur le rôle du conflit socio-cognitif et les effets de
l’apprentissage, tout en considérant plusieurs dimensions de l’interaction sociale.
D. W. Winnicott dans son livre “Jeu et réalité” (2000) soutient que la théorie
psychanalytique n’a pas accordé à l’expérience culturelle sa vraie place. Ce sont les
philosophes, et non pas les psychanalystes, ceux qui ont considéré le jeu comme une
zone intermédiaire. Winnicott place l’étude des phénomènes transitionnels dans la
sphère de « la magie de la vie créative et imaginative ». Il s’agit de phénomènes qui sont
universaux et d’une variété infinie. Il définie « l’espace transitionnel » comme une zone
ayant une fonction d´intermédiation de l’expérience à laquelle contribuent la réalité
intérieure et la vie extérieure, un espace entre le moi et le « non-moi », entre l’enfant et
la mère, entre l’intérieur et l’extérieur, entre ce qui est subjectif et ce que l’on aperçoit
de manière objective.
Dans cette zone ont lieu les phénomènes transitionnels. Ce sont des formations de la
pensée, des fantasmes, des créations qui accompagnent les expériences fonctionnelles.
Ces phénomènes peuvent être extensifs à tout ce qui est placé entre la réalité psychique
et le champ culturel. Winnicott parle de passages, de processus, de voyages entre le
subjectif et l’objectif et, par là, d’un progrès vers l’expérience. L’espace transitionnel
est donc une matrice relationnelle qui va faire son apparition dans la vie de relation
dans la culture.
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genèse, au mouvement, à la transformation; l’intermédiaire permettant de donner raison
de l’origine ainsi bien que du processus de passage et de transformation. Cette notion
est référée à l’articulation, au pont entre le différent, le divers, elle permet de penser le
passage d’une signification à une autre, d’une formation à une autre tant dans le
psychisme individuel comme dans les formations intersubjectives.
Parce qu’il se trouve « entre » l’intermédiaire participe de la diversité des ensembles
qu’elle articule, il puise des significations des deux côtés tout en représentant chacun
d’eux auprès de l’autre, sans s’identifier à aucun d’eux. C’est pour cela que
l’intermédiaire crée de nouveaux sens.
L’intermédiaire installe un lien et une articulation, introduit de la continuité dans le
discontinu, il accepte l’ambivalence, il crée, transforme, rassemble.
R. Kaës parle de la fonction d’intermédiation du groupe en disant: dans le groupe
« …les sujets sont pour une part constitués comme sujets de l´Inconscient et, pour une
autre, ils sont constituants de la réalité psychique qui s´y produit » (Kaës, 1993, page
11). Kaës signifie le groupe, entre autres, comme une organisation formée par des liens
intersubjectifs où les sujets produisent des formations et de processus psychiques
particuliers, lesquels se manifestent à travers des groupes empiriques. Ceux-ci, à leur
tour, constituent le cadre à l’intérieur duquel vont se développer les relations
intersubjectives socialement organisées.
Le concept d’intermédiaire, lui, permet de comprendre la transmission culturelle comme
l’acte de transmettre. Dans cet acte l’intermédiaire joue aussi une fonction puisque
permet de faire un pont entre le passé et le présent, d’articuler les maillons de la chaîne
inter-générationnelle de façon telle que le sujet est à la fois sujet pour soi-même et
chaînon qui assure la transmission de l’héritage culturel.
Après avoir transité ce chemin à travers les différentes optiques dont chacune nous
permet de comprendre l’intersubjectif, on peut encore se demander pourquoi faudrait-il
accorder à ce sujet une place dans le traitement de la relation groupe-formation. La
réponse c’est qu’on a voulu souligner, à propos de la notion d´intersubjectivité, le sens
de pont, de passage, de liaison, où l’hétérogène est présent. L´intersubjectif est un socle,
un fondement commun qui permet de penser le caractère relationnel du groupe et de la
formation, ainsi que la relation entre ces deux termes.
La formation est le processus de transformation du sujet, c’est la dynamique de
changement du sujet (G. Ferry) dans un milieu social, dans une situation d’interaction
avec les autres. Ces autres qui, dans cet échange, occupent la place de tiers, de
médiateurs pour que ce processus de transformation personnelle se produise permettant
le développement du soi-même et du pour soi. Un processus de formation qui a lieu
dans la temporalité et dans la relation avec les autres, et non pas dans l’isolement et la
solitude. C’est à ce moment-là que le groupe entre en jeu. Tout groupe se constitue
comme un réseau de réciprocités, comme un espace intermédiaire et transitionnel qui,
au niveau psychique et social, et en tant que formation imaginaire, symbolique et réelle,
constitue un étayage collectif pour le sujet en faisant possible sa transformation. Un
espace entre sujet et groupe, entre sujet et sujet, entre sujet et société, entre sujet et
histoire, entre sujet et projet. Un espace traversé à la fois par le réel, le fonctionnel,
l’imaginaire, le symbolique, par le psychique et le social. C’est cette qualité de “espace
entre”, de lien, ce qui favorise au même temps le groupe et la formation en créant des
jeux possibles pour que les processus se développent dans la temporalité, pour que les
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transformations durables soient possibles. Processus et transformation étant, elles aussi,
des notions en commun pour penser le groupe et la formation.
III – En reliant groupe et formation le long de l’histoire des théories et des
pratiques
Pour analyser les études sur les groupes et sur la formation il faut bien faire appel à une
approche plurielle permettant d’articuler la diversité de théories et de concepts. En effet,
on reconnaît différentes manières de penser les groupes à travers le temps, et l’on
constate également que beaucoup d’entre elles co-existent à l’heure actuelle. Chaque
période historique et chaque communauté scientifique a produit des approches, des
positions, des perspectives, des modèles, de concepts et des théories, un code et des
mots spécifiques. Ils ont construit ce qui peut être pensé à propos des groupes, ils ont
donné visibilité aux éléments qui les constituent et à leurs effets, et, en même temps, ils
ont mis à notre disposition une véritable boîte à outils.
L’intention ici n’est pas celle d’une production exhaustive, ce qui dépasserait la nature
de cet article, mais celle d’avertir combien les manières possibles de penser les groupes
et la formation sont hétérogènes.
Les significations présentes dans l’étymologie du mot groupe. D’après les dictionnaires
étymologiques de langue française 1668 fut l’année d’apparition du mot: gruppo,
groppo. Deux lignes de signification « nœud » et « cercle » restent associés a des
significations étymologiques du mot groupe, lignes que des théories différentes
attribueront plus tard au groupe. Les conceptions dynamiques parleront de réunion de
plusieurs, de paires, placés de façon circulaire, et aussi de ce que constitue leur union,
de ce qui fait leur cohésion; les conceptions fondées sur la dialectique et la complexité
parleront de nouer et dénouer, d’enlacer, de croisements, de difficulté, de problème, de
conflit. La racine du mot nœud s’ouvre à des significations multiples qui refusent une
pensée linaire.
Face à une pensée basée sur l’antinomie homme-société le groupe propose un objet
nouveau, il fonde l’espace où un nombre réduit de personnes peut être percu et pensé.
Le groupe n’est individu ni collectif, c’est une construction, un objet nouveau que
jusque là n’avait pas pu être nommé ou pensé.
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Le groupe comme totalité dynamique. La naissance de la Psychologie Sociale fut
probablement, dans l’étude des groupes, le moment le plus riche en ce qui concerne la
production théorique, la recherche, la pratique et l’invention technique. Des intellectuels
comme Durkheim, Freud et George Mead montrent le besoin de créer, à fin d’étudier les
interactions entre les sujets et les représentations sociales, un champ d’interface entre la
psychologie et la sociologie. Un champ qui serait parti des théories qui dépassaient la
dichotomie individu-société, et dont le développement se serait nourri des problèmes
posés par la réalité sociale de l’époque: les problèmes de la politique, ceux liés aux
guerres mondiales et à leurs conséquences, au nazisme, aux totalitarismes et au besoin
de renforcer la démocratie; les problèmes économiques dérivés des crises et des hausses
des prix; les problèmes de production comme celui d’augmenter la production
industrielle en améliorant les conditions de travail, etc. En s’occupant de la nature
sociale de l’individu et des espaces interpersonnels la Psychologie Sociale met au centre
de la question le relationnel et la rencontre interactive avec l’autre, et les groupes
apparaissent comme un lieu privilégié pour l’étude des interactions. C’est dans ce
contexte social et de production intellectuelle qui, pour la première fois, fait son
apparition historique le dispositif groupal.
Le groupe est un tout dynamique dans lequel des phénomènes concrets et visibles ont
lieu et peuvent être provoqués, contrôlés et étudiés de façon expérimentale. Ils sont
théorisés à partir du modèle dynamique que Lewin emprunta à la physique (champ,
force, vecteur, valence, intensité, locomotion, etc.). La recherche expérimentale permet
la production de ces constructs théoriques, et la recherche-action (Lewin) favorise la
mise en place et le contrôle des dispositifs de groupe. C’est ainsi qui naissent à Bethel
en 1947 les Training Groups voués à la formation en ressources humaines (Lewin,
Bradford, Gibb, Lippit, Sheppard). Ces expériences vont inspirer Carl Rogers pour la
création des groupes de rencontre, et à la Psychosociologie française qui créa ses
propres dispositifs comme groupe de base, de diagnostic, d´évolution.
La cohésion groupale, la communication, le lidership, les rôles, les normes, les relations
d’influence et de pouvoir, les structures et les relations sociométriques, le moral du
groupe, le climat et l’atmosphère, les représentations ce sont quelques unes des
catégories construites par cette tradition scientifique de caractère expérimental.
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apprentissage social profond. Celui-ci se développe grâce au partage entre paires, dans
l’espace transactionnel commun du Groupe T où l´on retrouve des normes culturelles,
d’une organisation sociale, d’une dynamique groupale, des rapports interpersonnels, des
valeurs individuelles et collectives, des perceptions et des conflits.
La formation se produit comme une transaction entre le sujet, les autres, le milieu, et
elle est comprise comme « apprendre à apprendre », à aider les autres, à communiquer,
à devenir membre d’un groupe, à se former dans la relation avec autrui plutôt qu’avec le
pédagogue. Pour Rogers l’apprentissage social plus efficace est « l’apprentissage du
processus de l’apprentissage », processus par lequel le sujet acquiert une attitude
d’ouverture vers l’expérience, vers le processus de changement.
Le groupe n’est pas seulement replié sur lui-même, il est toujours en relation avec le
monde extérieur. E. Enriquez a défini le groupe comme “tout ensemble (de trois ou
plusieurs centaines de personnes) identifiable par autrui où les personnes peuvent
s’identifier les unes aux autres, où les fantasmes et les pensées prennent la forme d’un
imaginaire et d’un symbolique relativement commun; ensemble soutenus par une
mystique, vivant des moments de déconstruction et de reconstruction (même si ceux-ci
sont déniés), animé par des processus d’idéalisation et de sublimation, et dont les
membres ont la volonté et le désir d’en appartenir, de l’avoir comme référence, tout en
lui prêtant les couleurs de la communauté » (Enriquez,1999).
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d’une fonction ou d’un rôle professionnel. La formation devient possible grâce à
l’interaction, à la possibilité de l’échange, grâce aux processus partagés. Le travail en
groupe est considéré un moyen particulièrement productif dans la formation d’adultes
car il offre au même temps « la possibilité d’une expression individuelle des aspirations
et des difficultés, et les bases pour la coopération avec les autres sujets en formation »
(Ferry, G., 1997, page 35). Le groupe se situe dans le réseau des rapports inter-
individuels et institutionnels. La notion de groupe réfère, dans la situation de formation,
à une optique particulière, à un dispositif construit de façon délibérée, et à un fantasme
de coopération et de communion affective.
Venant de milieux très divers, les demandes sociales permettent de renouveler les
analyses et d’élargir le champ d’intervention vers les organisations sociales. Les
développements théoriques dérivent ainsi des interventions en terrain et de la recherche
- intervention. La démarche spécifique utilisée ici est clinique.
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constituent sa nature, qui l’identifient de manière univoque, qui déterminent sa
dynamique. Le « plus » du groupe sera maintenant cherché non pas dans le domaine de
l’observable mais dans celui de la structure.
Pour Bion « ...le groupe est plus que la somme des individus qui le composent, car un
individu dans un groupe est plus qu’un individu isolé » (Bion, W. R., 1972, page 58).
Ce quelque chose de plus le groupe le trouve dans l’activité mentale partagé par
l’ensemble qui acquière les traits d’un « groupe de travail » ou d’un « groupe à
hypothèse de base ». Dans ce dernier cas l’activité produite par l’hypothèse de base qui
« a en commun l’attribut de tendances affectives puissantes » semble barrer, faire
traîner, modifier l’activité d’un groupe orienté vers ses objectifs.
Pour Anzieu (1999) « le groupe est une mise en commun des images intérieures et des
angoisses des participants » (page 31), c’est un espace de production de fantasmes. « Au
total, on peut d’abord admettre que, dans toute situation de groupe (...) il y a une
représentation imaginaire sous-jacente, commune à bien des membres du groupe.
Mieux: c’est dans la mesure ou il y a une telle représentation imaginaire qu’il y a l’
unité, quelque chose de commun dans le groupe » (op. cit., page 57).
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psychique individuel et ses processus, elle a construit des hypothèses précises et
raffinées pour saisir les aspects particuliers et spécifiques de la vie groupale
inconsciente. Les outils théoriques qu’elle propose pour l’analyse des groupes sont des
concepts tels que la mentalité groupale, la culture de groupe, le système protomental,
les hypothèses de base de Bion (1972) dans le cadre de l’école anglaise; les
organisateurs groupaux tel que le fantasme, les imago, les fantasmes originaires, le
Complèxe d’Edipe, le moi-peau chez Anzieu (1999), et les organisateurs socio-culturels
et psychiques chez Kaës (2000), tous les deux appartenant à l’école française. Chaque
auteur explique de manière différente la communication des fantasmes inconscients.
Le travail psychanalytique dans les groupes de formation est formatif s’il provoque chez
les sujets des interrogations sur leur fonctionnement psychique.
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en France et en Argentine, qui utilisent comme technique le psychodrame crée par J. L.
Moreno, mais dont le cadre théorique est la psychanalyse.
Sartre fait la différence entre deux niveaux: celui du practico-inerte, et celui de la praxis
commune. Tandis que le premier niveau est caractérisé par l’altérité, l’extériorité, la
passivité, l´isolement, le deuxième l’est par la réciprocité et les formes diverses de la
médiation, telles que la fusion, le serment, l’organisation, la fraternité-terreur, et
l’institution. Deux formes de socialité s’accordent avec ces niveaux-là: d’une part la
série, caractérisée comme une pluralité de solitudes, marquée par l’aliénation,
l’isolement, la réciprocité négative comme négation extériorisée de l’intériorité; d’autre
part le groupe comme le terrain d’une praxis commune, totalisante. Dans le rapport de
réciprocité, par contre, l’autre n’est plus un étranger, il est intériorisé comme un autre
soi-même, comme un autre semblable, comme un autre humain. La réciprocité, la
relation ternaire, la médiation ce sont des formes de relation où, pour l’autre, tout
individu est lui-même. Chacun est pour l’autre un moyen dans la mesure où il existe un
projet en commun qui produit des mouvements de médiation dans le groupe et qui fait
retour sur le soi-même.
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La théorie du groupal renonce à la logique de l’objet discret et propose à sa place un
champ problématique qui implique les croisements multiples du social, du psychique,
de l’institutionnel, de l’idéologique, etc. Connaître le groupal c’est établir des liens,
articuler des espaces, chercher des intermédiations pour comprendre des événements et
des processus qui ne seront pas réduits ni simplifiés mais étudiés en profondeur. Le
dedans et le dehors se gomment, l’individuel, le groupal, l’institutionnel, le social
cessent d’être pensés comme des unités ou des contextes externes les uns aux autres
pour devenir des champs qui, tout en gardant leurs spécificités, se touchent et se
prolongent entre eux. Cette théorie implique donc une ouverture à la diversité et à
l’intrication de dimensions diverses.
Le groupal est pensé comme « un champ de problématiques percé par des inscriptions
diverses: désirantes, historiques, institutionnelles, politiques, économiques, etc. Le
groupal pris dans un double mouvement théorique: un travail ayant pour objet ses
spécificités et ses articulations avec les inscriptions multiples qui le traversent ». « C’est
une manière de penser l’Un et le Multiple qui tâche de surmonter les enfermements
imposés par la logique de l’objet discret, elle ouvre la réflexion vers des configurations
épistémiques plurielles, transdisciplinaires ». (Fernández, A. M., 1989, page 57)
Les groupes se présentent comme des nœuds, des enlacements et des dénouements. Des
nœuds théoriques «constitués par les fils divers des unités disciplinaires qui s’enlacent
pour penser le groupal». (op. cit, page 57). Les dispositifs de groupe sont « des espaces
tactiques » qui produisent des effets dans le groupe. « Tout groupe invente ses
formations, c’est-à-dire, il invente les formes ou les expressions de ses significations
imaginaires ». (op. cit, page 142). Le groupe est une virtualité en tant que possibilité
d’advenir et devenir, en tant qu´ événement, c’est aussi une réalité parce qu’il se
construit lui-même, par les nœuds qu’il lie et dissout, par les processus qu’il actualise,
mais il n’est pas une structure.
Lorsque la question sur le groupe est remplacée par l’interrogation sur les multiples
dimensions qui le traversent, le moment est venu de faire appel à la perspective de la
multirréférencialité théorique dont nous parle J. Ardoino. La transversalité inaugure la
possibilité de penser le groupal comme champ de croisements et d’inscriptions
multiples sur un double versant: celui de l’inscription institutionnelle du groupe, et celui
de la production dans le groupe d’effets singuliers, spécifiques. Et de ce fait l’abandon
de l’idée du groupe comme objet discret.
Le groupal peut donc être pensé comme: une dimension d’analyse présente dans toute
réalité humaine; comme un champ de problématiques qui peut être l’objet d’une
multiplicité de théories et de disciplines; une virtualité, une possibilité, un espace
d´invention de dispositifs.
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Les dispositifs groupaux de formation font appel à la multiplication dramatique (E.
Pavlovsky, H. Kesselman). L’association libre de scènes qui s’enlacent est créatrice de
sens, elle insiste en pliant et dépliant des formations imaginaires diverses. Dans les
groupes de formation à l’université A. M. Fernández (2007) a utilisé la multiplication
dramatique pour introduire aux étudiants de psychologie et d’autres disciplines dans la
compréhension de la production de sens, de la subjectivité et du groupal. La recherche
vise surtout l’étude des groupes naturels qui font des expériences d’autogestion mettant
en oeuvre des stratégies de survie dans des situations socio-économiques défavorables
au moment de la crise de l’année 2001 en Argentine (prise des usines par les ouvriers,
assemblées de voisins, multiples mouvements sociaux à caractère revendicatif). Du
point de vue de l’intervention il s´agit de faciliter les changements tout en produisant de
nouveaux sens. Du côté de la recherche-intervention (2006) il s’agit d’élucider la
singularité politique et la capacité d’invention et d’action d’un collectif travaillant dans
une organisation horizontale.
Elles se présentent comme des manifestations sociales constituées dans un lieu qui est à
la fois intérieur et extérieur au sujet, intérieur et extérieur à l’organisation.
Ces formations-là, façonnées donc par les sujets mais qui les ont précédés dans
l’institution, deviennent l’étayage aussi bien de la vie psychique de ces sujets que de la
vie institutionnelle.
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singuliers des individus et du collectif réverbèrent sur chacun, sur l’ensemble, sur
l’organisation et sur le social. Le groupe de formation est une virtualité; à partir d’un
dispositif il dispose et engendre des possibilités de transformation plus ou moins
orientées selon les différents cadres théorico-techniques. Son potentiel ouvre des
possibilités qui vont s’actualiser dans les ici et maintenant des temps groupaux.
Ce bref parcours, qui laisse de côté bien d’autres positions, sert néanmoins à
comprendre que lorsqu’on parle de la relation groupe-formation on ne peut se passer de
s’interroger simultanément sur le sens de la formation et sur celle du groupe.
Le terme inter-formation, peu être utilisé, en mettant l’accent sur le relationnel, sur la
possibilité de ce que les sujets se forment dans des espaces intersubjectifs, à travers les
interactions au niveau du symbolique, de l’imaginaire et du fonctionnel (C. Castoriadis);
qu’ils se forment à partir et dans les rapports mutuels. Les médiations diverses qui
jouent le rôle du tiers sont productrices de formation. Le potentiel formatif se trouve
dans les relations entre adultes qui partagent leurs expériences pour apprendre du
groupe et profiter de l’apport de tous.
Bibliographie
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BARUS – MICHEL, J., ENRIQUEZ, E. et LEVY, A., direction, (2003) Vocabulaire de
Psychosociologie. Références et positions, Paris, Érès, Articles de Ardoino, J. « Sujet »,
et Jobert, G. « Formation ».
BION, W. R. (1972) Recherches sur les petits groupes, Paris, PUF, 2º ed corrigée.
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