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Intersubjectivite et groupe en formation.

Histoire des théories et des


pratiques.
Marta Souto
Publicado en Encyclopedie de la Formation, comp Barbier, JM,
Bourgois, E, Chapelles,G, Ruano –Borbalan, JC pag 537 -570, Paris,
PUF, 2009
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Introduction
Le but de ce texte est celui d’analyser le problème posé autour du rapport groupe-
formation, rapport qui se trouve à l’origine même de la production théorique et pratique
de ces deux domaines. Pour poser les fondements de cette relation il faut considérer les
différentes approches théoriques et leurs modalités de recherche, ainsi que la diversité
des cadres formatifs des pratiques (universitaires, tertiaires, hospitaliers, managériaux,
socioculturels, etc.). De nos jours, dans le terrain de la formation, la tendance c´est
plutôt de s´interroger sur l´utilisation des dispositifs groupaux que sur celle de la
recherche.
A l’heure actuelle il devient nécessaire de repenser la question du groupe aussi bien que
celle de la formation. Les changements de la société, de la politique mondiale, de la
science, des formes de penser, de la technologie, du monde du travail et du social, nous
apportent des nouveaux points d’intérêt pour revisiter aussi bien les théories que les
pratiques. J. Beillerot a signalé dans le Traité des Sciences et des Techniques de la
Formation que « la notion de groupe, mais aussi de pratiques de groupes, sont au coeur
de l´activité de la formation des adultes » (Carre et Caspar, codir. 2004, page 498). Dans
ce même ouvrage E. Bourgeois souligna l’importance de l’interaction sociale et le
besoin de la mise en œuvre d’activités recentrées sur la dynamique du groupe en
formation.

Notre article s’interroge sur le rapport groupe-formation en reliant ces deux termes par
trois voies différentes: une origine commune, la notion d’intersubjectivité dans la
mesure où elle aussi montre le fondement commun qui permet de comprendre les
raisons de ce rapport, et l’histoire des théories et des pratiques. On pourra de même y
observer le lien entre la recherche et les pratiques de formation ou d’intervention-
formation, ainsi que les différentes manières de produire des connaissances sur ce sujet
en ce moment.

I – En reliant groupe et formation dans une origine commune

Dans la seconde moitié du XX ème siècle on assiste d’une part au développement de la


psychosociologie et de la dynamique de groupe et, d’autre part, à l’essor de la formation
d´adultes. On ne peut cependant affirmer qu’il s’agit-là des chemins parallèles car on en
constate les apports mutuels et les croisements. Simultanément on observe le
développement de théories et de pratiques nouvelles dans ces deux champs
scientifiques. On peut donc parler d’une origine commune, de l´émergence conjointe
(G. Yobert, 2003) des développements théoriques et des pratiques concernant et le
groupe et la formation.

L’influence de la psychosociologie a produit dans le terrain de la formation des effets


qui ne sont pas toujours visibles car on a tendance à les considérer comme des éléments
constitutifs de sa nature même. C’est à partir de cela que l’on reconnaîtra le besoin de

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créer de nouveaux concepts et de nouvelles manières de pratiquer la formation afin de
donner plus de place à la parole, à la communication, aux acquis préalables des sujets,
afin d’encourager aussi la participation et le développement de rapports plus
symétriques. Ce sont ces besoins-là qui sont à l’origine des dispositifs fondés sur la
constitution de groupes. Cette influence s´exprime de plusieurs façons: en signalant la
différence entre la formation et l’enseignement ; par la reconnaissance de l´adulte ; par
le fait de considérer la formation comme un changement, comme un chemin personnel
de développement; par l´importance donnée à la communication des expériences de
travail et aux activités à l’intérieur des organisations; par la prise en compte des
demandes et des besoins présents et futurs des professionnels; par la position du
formateur ainsi que celle d’un formateur-animateur qui accompagne de manière non-
directive les groupes.

La formation a des effets aussi bien sur les situations institutionnelles où elle est
pratiquée que sur les rapports sociaux, et dans ces mouvements l’importance des
groupes est bien claire, c’est pourquoi la formation se nourrit de la théorie des groupes
tout comme le fait la psychosociologie à partir des pratiques de formation.

La problématique est simultanément théorique et pratique autant en ce qui concerne la


formation que par rapport aux groupes. La préoccupation pour théoriser en partant des
études sur les pratiques de terrain, ou de donner naissance à des pratiques à partir des
perspectives théoriques, est partagée pour ces deux champs scientifiques depuis leurs
origines.

II – En reliant groupe et formation à travers l´intersubjectivité

Avant de puiser dans des théorisations permettant de comprendre les productions dans
le terrain des groupes et de la formation il nous semble important de signaler quelques
points qui les relient. A ce propos il y a une notion dont l’importance nous paraît
capitale: celle d’intersubjectivité. Deux autres notions voisines seront reprises afin de
penser leurs points communs: processus et transformation, elles concernent aussi bien
le groupe que la formation. Nous partons donc de l´hypothèse suivante: l’intersubjectif
constitue le fondement commun qui permet dans sa transversalité la relation entre ces
deux termes, et qu’il va nous servir pour analyser leur rapport mutuel.

Le rapport groupe-formation signale une fonction relationnelle. Former c’est apprendre


à vivre en groupe, avec les autres, apprendre à conduire des réunions, à coopérer, à
analyser les conflits qui se présentent dans la dynamique du groupe, à prendre des
décisions ensemble. La formation, elle, c’est de l’inter-formation puisqu’elle se produit
seulement moyennant le rapport avec les autres. Cet article va traiter tous ces aspects de
la question.

L´intersubjectivité fait partie d’un espace de relation entre les sujets qui ne résulte pas
de leur addition ni de leurs apports, c’est une construction ayant lieu à partir de
l’interaction, des échanges établis entre eux. L’interaction est un terme clé pour la
construction de la psychologie sociale comme discipline. L’intersubjectivité implique
l’interaction et fournit de nouvelles dimensions pour la comprendre. Il n’y a de sujet qu’
avec les autres. Le rapport aux autres et à soi-même est à la base de la constitution de la
subjectivité dans les espaces « entre » où se produit la communication humaine.
L’humain est pluriel, hétérogène, il est inscrit dans l’intersubjectif. Le sujet devient

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sujet en et par la relation avec les autres, dans un espace qui est à la fois construit par
les sujets et qui les construit à son tour. L’intersubjectivité réfère à cet espace, cette
zone en commun où le transitionnel est possible. A l’intérieur de cette zone chaque sujet
est pris dans la relation, il s’y engage en tant que sujet humain avec toute sa complexité,
il y est impliqué comme sujet des relations.

L’intersubjectivité n’est jamais quelque chose d’acquis, un a priori, elle se construit


dans la temporalité, c’est toujours le lieu d’un processus, d’une possibilité, la
potentialité de la création, de la transmission, du sens. Cette construction se réalise dans
le croisement de plusieurs ordres: symbolique, imaginaire, réel, et c’est à travers eux
que l’intersubjectif prend une profondeur et une densité conceptuelle singulière.

Le sujet émerge de cet espace comme sujet humain, sa subjectivité se construit et se


déploie à partir du lien avec les autres, un lien à la fois social, affectif, désirant, cognitif,
corporel… Une intersubjectivité que les différentes théories qualifient comme un espace
de communication, de communication entre inconscients, c’est-à-dire de transfert et
d’identification, de circulation de l’imaginaire, de co-pensée, de recherche et création de
sens, de compromis et de confrontation à l’altérité, donc d’altération, à la fois espace
d’union et de séparation, donc –tel que le pense E. Morin- un espace de re-liaison où le
singulier et le pluriel (au sens qualitatif)– ajoute J. Ardoino- ont leur place et coexistent.

Husserl (1931) introduit le mot intersubjectivité dans le vocabulaire philosophique pour


désigner l´existence d´une pluralité de sujets communiquant entre eux et partageant un
monde commun, un monde présent dans la conscience de chacun d’eux. Merlau Ponty
(1945) de son côté soutient que la subjectivité transcendantale, révélée, représente un
savoir sur soi-même et un savoir sur l’autre de manière telle qu’ elle devient
intersubjectivité.

Mais ici nous on s’intéresse plutôt au sens social et psychologique du terme.

On a considéré l’interaction comme l’unité d’échange, d’inter-influence, d’inter-


dépendance entre deux acteurs. Lorsque les sujets de l’interaction sont vus d’un regard
objectif, expérimental, ils deviennent sujets de l’objectivité, sans réflexivité ni capacité
de retour sur eux-mêmes. Prendre l’interaction dans la temporalité, dans son devenir et
dans l’histoire, permet par contre de penser un sujet de la subjectivité, laquelle est
comprise en tant qu’attribut, que qualité, comme la forme singulière du lien que chaque
être humain établit avec le monde. Dans ce sens la subjectivité est l’espace de liberté et
de créativité qui appartient au sujet, où ce qui est vécu, éprouvé, pensé, imaginé, a une
forte présence. Mais l’objectif est aussi en œuvre chez le sujet, dans sa capacité
d’objectivation qui lui permet de vivre en société. Subjectivité et objectivité dans un jeu
d’opposition nécessaire. Une subjectivité traversée par l’historique, par les temps de
construction institués culturellement, par le social et le politique, qui n’est donc pas le
produit exclusif du psychisme. Sujet à la fois de la subjectivité et de l’objectivité, sujet
qui comprends alors l’autre extérieur, l’autre en lui, et soi-même dans les autres, à partir
d’une réciprocité qui le modifie. L’intersubjectif implique l’interaction, mais elle va
plus loin, elle travaille dans le « entre », dans le transitionnel, dans l’intermédiaire, au
niveau des liens, c’est l’espace où les dimensions du social, de l’historique, du politique,
de la morale, du psychique, du corporel se croisent. Une intersubjectivité qui se
constitue en problème tant pour la philosophie, comme pour la psychologie sociale, la
sociologie, l’anthropologie, l’éducation,

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La place de l’autre est une composante centrale de l’intersubjectivité, elle demande
alors une certaine attention. Un autre sujet, c’est-à-dire, un autre social dans le monde,
dans l’histoire, dans la culture et dans la société ; un autre sujet de désir, sujet
psychique. Un autre extérieur et intérieur, constitutif du sujet. Nous essayerons de
contribuer à la compréhension du terme en faisant appel aux apports de différents
courants de pensée avec l’intention de ce que cette compréhension ait lieu tant au cœur
de la formation comme du groupe.
La « négatricité ». Tel que J. Ardoino l’a dit l´intersubjectivité nous met face au besoin
de prendre en considération la notion de negatricité. « Le sujet est toujours en proie à
l´autre en lui, il ne peut être que prétention à faire sens, à faire le sens dans un désir de
maîtrise sans cesse contrebattu par l´autre en lui, par la mort, par les autres qui en font
autant, par la réalité qui lui inflige le non-sens, le démenti, le ramène sans cesse au
statut d´objet » (2002, page 263, en Barus Michel, J. et autres).

L´autre à la fois comme semblable, comme partenaire et comme adversaire potentiel ou


rival. L’autre est différent de l’un, de moi, et il est différent surtout en fonction de sa
négatricité, parce qu’il me met une limite et parce que moi aussi je lui impose une
limite. La négatricité c’est « la capacité des sujets de déjouer par leurs contre-stratégies
les stratégies dont ils se sentent être les objets » (Ardoino, 1994, page 39). La
négatricité entendue comme l’intentionnalité consciente et inconsciente qui se joue dans
les espaces intersubjectifs.

Cette notion met l´accent sur la dialectique, les oppositions, l´hétérogène et non pas sur
la coïncidence, l´unité, l´homogène.

Le retour sur soi même et la conscience pour soi. En “Intersubjectivité et formation” J.


C. Filloux propose la notion de « retour sur soi-même » comme élément fondamental
pour la compréhension de la relation entre ces deux termes.

Le travail que le formateur doit faire sur soi-même ne peut pas être dissocié de la
reconnaissance de l’autre comme sujet, le jeu de réactions réciproques envisage aussi la
capacité de l’autre de faire un retour sur lui-même. La formation peut être alors pensée
comme un dialogue entre sujets ayant la capacité de faire un retour sur eux-mêmes.
Prendre conscience de soi demande toujours l’intermédiation de l’autre. Ces
affirmations ont pour antécédent la dialectique hégélienne de la « conscience de soi »
et de la «conscience pour soi ».

La place de l’autre évolue d’une conscience qui se dirige à l’autre comme extérieur à
moi, vers une conscience qui trouve dans l’autre non pas un objet externe mais un objet
qui a ses propres désirs, et ses propres désirs par rapport à moi. C’est à partir de la
reconnaissance de l’autre comme sujet, comme lutte avec ses différences, comme
dialectique du désir, que le sujet advient dans la reconnaissance mutuelle et en se
reconnaissant lui-même. Le retour sur soi-même est ce mouvement psychique et social
par lequel le sujet devient « conscient pour soi » à travers les autres, sujet qui n’existe
que dans la relation, dans le dialogue conscient et inconscient avec l’autre et dans la
reconnaissance de l’autre.

Le symbolique dans l´interaction. G. Mead, reconnu comme l’un des pionniers de


l’interactionnisme symbolique (Ecole de Chicago), dans son œuvre L´esprit, le soi et la
société (publié en 1934) élabore une théorie qui légitime la notion d’intériorisation du

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social dans la conscience individuelle; une intériorisation qui se produit à partir de la
relation avec les autres, à partir de l’intériorisation du langage, des rôles et des normes.
Dans sa théorie la conscience de soi est un phénomène cognitif qui dépasse
l’intellectuel. La personne peut avoir accès au soi à travers la communication
significative. Elle se différencie de l’organisme dans la mesure qu’elle peut être un objet
pour soi. L’interaction sociale -médiatisée par des symboles- est antérieure à l’individu,
le précède. La conscience de l’autre précède la conscience de soi. Le soi (self) qui est à
la base de l´acquisition symbolique, est constitué par le Moi/Sur Moi et le Je. Tandis
que le Je se réfère à l’individu socialement établi, qui répond aux attitudes des autres, le
Me (unité du Moi/Sur Moi) signale l´adoption interne des attitudes et des rôles sociaux
des autres. Le dialogue intérieur devient possible lorsqu’il y a une prise de conscience
de l’autre, ou plutôt une conscience de la conscience de l’autre. Le Me est le self qui
fonctionne comme objet pour soi-même, comme objet de la conscience à travers la
interaction.

L’interactionnisme symbolique d’inspiration phénoménologique qui va se développer


plus tard (Woods, Strauss, Stubbs, Delamont, Hargreaves) met au centre de la question
l’aspect symbolique des rapports humains, ce qui ouvre une nouvelle dimension
fondamentale pour la compréhension de l’intersubjectivité, dont les significations ont
été construites socialement à partir de conventions culturelles. Ces significations-là sont
le produit de l’interaction, elles sont sociales et se trouvent constamment en
construction et en mouvement. Etant donné que l’interaction humaine est presque
entièrement symbolique elle concerne l’interprétation. Comprendre l’interaction comme
un espace symbolique a permis d’ajouter une nouvelle dimension qui a transformé le
sens même de l’interaction, d’une action entre deux presque mécanique à une
construction symbolique et, par là, à la conquête du sens et de la signification
constitutifs des rapports humains.

L´analyse de la vie quotidienne (avec A. Schütz et la sociologie phénoménologique)


vise la sociabilité en tant que forme particulière de l’intersubjectivité. Il analyse les
relations intersubjectives dans le monde de la vie quotidienne. La subjectivité ne peut
pas se construire sans l’intersubjectivité. Berger et Luckmann ont compris
l’intersubjectivité comme la rencontre du sujet avec une autre conscience, une rencontre
qui a lieu dans un univers symbolique et dans une communauté sociale et historique, et
à partir de laquelle chacun construit le monde selon sa propre perspective.

De l’inter-psychologique à l’intra-psychologique. En vue de son intérêt pour la


connaissance et son évolution, et ayant éprouvé l’influence de la théorie marxiste,
Vygotski affirme la genèse historico-culturelle des fonctions supérieures de
l’intelligence. En 1924 il dit que la conscience est le contact social avec soi-même, ce
« soi-même » étant le produit d’un dédoublement surgi dans la relation avec les autres.
La conscience et les fonctions supérieures sont des constructions dérivées de la relation;
les actions réalisées sur les objets, en particulier les objets sociaux (l’inter-
psychologique comme forme de régulation à partir des autres), sont intériorisées en
construisant la conscience (l’intra-psychologique comme forme d’autorégulation). En ce
qui concerne l’intersubjectif c’est ce sens-là, attribué à l’inter-psychologique et à son
importance, ce qui est intéressant.

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De son côté, la Psychologie Sociale Génetique, penchée sur l’étude de l’intelligence et
la connaissance, s’interroge sur le rôle du conflit socio-cognitif et les effets de
l’apprentissage, tout en considérant plusieurs dimensions de l’interaction sociale.

Le transitionnel, l’intermédiaire et l´ intersubjectivité D’après la Psychanalyse


l’Inconscient se produit dans le groupe en générant des phénomènes psychiques
complexes et hétérogènes. Selon Kaës la participation au niveau inconscient des
individus construit dans le groupe une réalité psychique qui lui est propre. Le groupe est
une organisation intersubjective, chacun devient sujet de l´inconscient à travers le
réseau des autres.

On va se servir seulement de deux de ces notions-là afin de les rapporter à


l’intersubjectif.

D. W. Winnicott dans son livre “Jeu et réalité” (2000) soutient que la théorie
psychanalytique n’a pas accordé à l’expérience culturelle sa vraie place. Ce sont les
philosophes, et non pas les psychanalystes, ceux qui ont considéré le jeu comme une
zone intermédiaire. Winnicott place l’étude des phénomènes transitionnels dans la
sphère de « la magie de la vie créative et imaginative ». Il s’agit de phénomènes qui sont
universaux et d’une variété infinie. Il définie « l’espace transitionnel » comme une zone
ayant une fonction d´intermédiation de l’expérience à laquelle contribuent la réalité
intérieure et la vie extérieure, un espace entre le moi et le « non-moi », entre l’enfant et
la mère, entre l’intérieur et l’extérieur, entre ce qui est subjectif et ce que l’on aperçoit
de manière objective.

Dans cette zone ont lieu les phénomènes transitionnels. Ce sont des formations de la
pensée, des fantasmes, des créations qui accompagnent les expériences fonctionnelles.
Ces phénomènes peuvent être extensifs à tout ce qui est placé entre la réalité psychique
et le champ culturel. Winnicott parle de passages, de processus, de voyages entre le
subjectif et l’objectif et, par là, d’un progrès vers l’expérience. L’espace transitionnel
est donc une matrice relationnelle qui va faire son apparition dans la vie de relation
dans la culture.

Cette “nouvelle manière de regarder” proposée par le phénomène transitionnel est


nécessaire pour comprendre la relation intersubjective, et permet en même temps de
comprendre l’expérience d’union-séparation dans le lien, la relation, le soutien, le
passage possible entre l’individuel et le social. Cette zone constitue un étayage pour le
psychisme individuel du sujet, lui offre une permanence, lui fournit un cadre affectif qui
lui servira d’appui. C’est l’espace potentiel de la formation personnelle, sociale et
culturelle du sujet, à partir des formations groupales diverses que le transitionnel fait
possible.
Placé lui aussi dans le terrain de la psychanalyse R. Kaës développe la catégorie de
l’intermédiaire, et il se demande si elle peut aider à articuler le psychosocial.
L’intermédiaire c’est ce qui se trouve entre, au milieu. Médiation entre des espaces, des
temps, des sujets, des groupes, des unités, entre des ensembles hétérogènes ou
homogènes, ou encore à l’intérieur d’un même ensemble ou système. Kaës signale trois
caractéristiques que l’on attribue à l’intermédiaire et dont on va ici reprendre deux:
d’abord sa capacité d’articuler lorsqu’il s’agit d’un champ discontinu avec des éléments
séparés, sa valeur heuristique est due alors à la possibilité de son utilisation dans des
situations de crise et de rupture où les articulations se cassent; puis une fonction liée à la

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genèse, au mouvement, à la transformation; l’intermédiaire permettant de donner raison
de l’origine ainsi bien que du processus de passage et de transformation. Cette notion
est référée à l’articulation, au pont entre le différent, le divers, elle permet de penser le
passage d’une signification à une autre, d’une formation à une autre tant dans le
psychisme individuel comme dans les formations intersubjectives.
Parce qu’il se trouve « entre » l’intermédiaire participe de la diversité des ensembles
qu’elle articule, il puise des significations des deux côtés tout en représentant chacun
d’eux auprès de l’autre, sans s’identifier à aucun d’eux. C’est pour cela que
l’intermédiaire crée de nouveaux sens.
L’intermédiaire installe un lien et une articulation, introduit de la continuité dans le
discontinu, il accepte l’ambivalence, il crée, transforme, rassemble.
R. Kaës parle de la fonction d’intermédiation du groupe en disant: dans le groupe
« …les sujets sont pour une part constitués comme sujets de l´Inconscient et, pour une
autre, ils sont constituants de la réalité psychique qui s´y produit » (Kaës, 1993, page
11). Kaës signifie le groupe, entre autres, comme une organisation formée par des liens
intersubjectifs où les sujets produisent des formations et de processus psychiques
particuliers, lesquels se manifestent à travers des groupes empiriques. Ceux-ci, à leur
tour, constituent le cadre à l’intérieur duquel vont se développer les relations
intersubjectives socialement organisées.
Le concept d’intermédiaire, lui, permet de comprendre la transmission culturelle comme
l’acte de transmettre. Dans cet acte l’intermédiaire joue aussi une fonction puisque
permet de faire un pont entre le passé et le présent, d’articuler les maillons de la chaîne
inter-générationnelle de façon telle que le sujet est à la fois sujet pour soi-même et
chaînon qui assure la transmission de l’héritage culturel.
Après avoir transité ce chemin à travers les différentes optiques dont chacune nous
permet de comprendre l’intersubjectif, on peut encore se demander pourquoi faudrait-il
accorder à ce sujet une place dans le traitement de la relation groupe-formation. La
réponse c’est qu’on a voulu souligner, à propos de la notion d´intersubjectivité, le sens
de pont, de passage, de liaison, où l’hétérogène est présent. L´intersubjectif est un socle,
un fondement commun qui permet de penser le caractère relationnel du groupe et de la
formation, ainsi que la relation entre ces deux termes.
La formation est le processus de transformation du sujet, c’est la dynamique de
changement du sujet (G. Ferry) dans un milieu social, dans une situation d’interaction
avec les autres. Ces autres qui, dans cet échange, occupent la place de tiers, de
médiateurs pour que ce processus de transformation personnelle se produise permettant
le développement du soi-même et du pour soi. Un processus de formation qui a lieu
dans la temporalité et dans la relation avec les autres, et non pas dans l’isolement et la
solitude. C’est à ce moment-là que le groupe entre en jeu. Tout groupe se constitue
comme un réseau de réciprocités, comme un espace intermédiaire et transitionnel qui,
au niveau psychique et social, et en tant que formation imaginaire, symbolique et réelle,
constitue un étayage collectif pour le sujet en faisant possible sa transformation. Un
espace entre sujet et groupe, entre sujet et sujet, entre sujet et société, entre sujet et
histoire, entre sujet et projet. Un espace traversé à la fois par le réel, le fonctionnel,
l’imaginaire, le symbolique, par le psychique et le social. C’est cette qualité de “espace
entre”, de lien, ce qui favorise au même temps le groupe et la formation en créant des
jeux possibles pour que les processus se développent dans la temporalité, pour que les

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transformations durables soient possibles. Processus et transformation étant, elles aussi,
des notions en commun pour penser le groupe et la formation.
III – En reliant groupe et formation le long de l’histoire des théories et des
pratiques

Pour analyser les études sur les groupes et sur la formation il faut bien faire appel à une
approche plurielle permettant d’articuler la diversité de théories et de concepts. En effet,
on reconnaît différentes manières de penser les groupes à travers le temps, et l’on
constate également que beaucoup d’entre elles co-existent à l’heure actuelle. Chaque
période historique et chaque communauté scientifique a produit des approches, des
positions, des perspectives, des modèles, de concepts et des théories, un code et des
mots spécifiques. Ils ont construit ce qui peut être pensé à propos des groupes, ils ont
donné visibilité aux éléments qui les constituent et à leurs effets, et, en même temps, ils
ont mis à notre disposition une véritable boîte à outils.

Le groupe et la formation, en tant qu’objets épistémologiques et théoriques, ont été


conçus de manières diverses. Lorsque l’on décide d’en parler on s’approche de deux
champs ayant une double référence: une référence théorique et une référence pratique
liée à l’action et aux dispositifs groupaux de formation; et bien que ces deux champs
possèdent leurs intérêts et leurs logiques particulières ils s’articulent et gardent entre eux
des rapports réciproques.

Nous avons choisi comme critère l’approche théorique-épistémologique pour considérer


qu’elle a la clé pour penser les groupes de formation et pour l’invention de dispositifs.
Nous allons donc présenter la relation groupe-formation comme étant complexe, diverse
et plurielle, car elle exige l’appel à des perspectives théoriques différentes à propos du
groupe d’une part, et à propos de la formation d’autre part. Finalement nous avons
choisit d’organiser cette présentation en partant des théories sur les groupes, pour
montrer ensuite comment elles ont pensé la formation et le groupe de formation.

L’intention ici n’est pas celle d’une production exhaustive, ce qui dépasserait la nature
de cet article, mais celle d’avertir combien les manières possibles de penser les groupes
et la formation sont hétérogènes.
Les significations présentes dans l’étymologie du mot groupe. D’après les dictionnaires
étymologiques de langue française 1668 fut l’année d’apparition du mot: gruppo,
groppo. Deux lignes de signification « nœud » et « cercle » restent associés a des
significations étymologiques du mot groupe, lignes que des théories différentes
attribueront plus tard au groupe. Les conceptions dynamiques parleront de réunion de
plusieurs, de paires, placés de façon circulaire, et aussi de ce que constitue leur union,
de ce qui fait leur cohésion; les conceptions fondées sur la dialectique et la complexité
parleront de nouer et dénouer, d’enlacer, de croisements, de difficulté, de problème, de
conflit. La racine du mot nœud s’ouvre à des significations multiples qui refusent une
pensée linaire.

Face à une pensée basée sur l’antinomie homme-société le groupe propose un objet
nouveau, il fonde l’espace où un nombre réduit de personnes peut être percu et pensé.

Le groupe n’est individu ni collectif, c’est une construction, un objet nouveau que
jusque là n’avait pas pu être nommé ou pensé.

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Le groupe comme totalité dynamique. La naissance de la Psychologie Sociale fut
probablement, dans l’étude des groupes, le moment le plus riche en ce qui concerne la
production théorique, la recherche, la pratique et l’invention technique. Des intellectuels
comme Durkheim, Freud et George Mead montrent le besoin de créer, à fin d’étudier les
interactions entre les sujets et les représentations sociales, un champ d’interface entre la
psychologie et la sociologie. Un champ qui serait parti des théories qui dépassaient la
dichotomie individu-société, et dont le développement se serait nourri des problèmes
posés par la réalité sociale de l’époque: les problèmes de la politique, ceux liés aux
guerres mondiales et à leurs conséquences, au nazisme, aux totalitarismes et au besoin
de renforcer la démocratie; les problèmes économiques dérivés des crises et des hausses
des prix; les problèmes de production comme celui d’augmenter la production
industrielle en améliorant les conditions de travail, etc. En s’occupant de la nature
sociale de l’individu et des espaces interpersonnels la Psychologie Sociale met au centre
de la question le relationnel et la rencontre interactive avec l’autre, et les groupes
apparaissent comme un lieu privilégié pour l’étude des interactions. C’est dans ce
contexte social et de production intellectuelle qui, pour la première fois, fait son
apparition historique le dispositif groupal.

Ce que K. Lewin nomme Dynamique de Groupe devient un courant de la Psychologie


Sociale, un courant de pensée, un champ de recherche qui est à la base de la création de
différents types de groupes ayant chacun leurs modalités techniques propres. A notre
avis c’est bien la production théorique de la Psychologie Sociale celle qui a permis de
donner au groupe son statut épistémologique. Le groupe est pensé comme une
« totalité » dynamique, ayant des propriétés différentes de celle qui résulteraient de la
somme de ses parties, c’est un « plus », quelque chose de nouveau avec des
caractéristiques et des dynamiques particulières produites par l’interaction. Quelle est la
definition de ce « plus » du groupe dont parle Lewin? Celle d´ une totalité, une gestalt
qui ne provient pas de l’addition de ses éléments, qui ne peut être réduite aux individus
qui la constituent, et qui offre à l’observation des phénomènes spécifiques. Le groupe et
son milieu configurent un champ social dynamique.

Le groupe est un tout dynamique dans lequel des phénomènes concrets et visibles ont
lieu et peuvent être provoqués, contrôlés et étudiés de façon expérimentale. Ils sont
théorisés à partir du modèle dynamique que Lewin emprunta à la physique (champ,
force, vecteur, valence, intensité, locomotion, etc.). La recherche expérimentale permet
la production de ces constructs théoriques, et la recherche-action (Lewin) favorise la
mise en place et le contrôle des dispositifs de groupe. C’est ainsi qui naissent à Bethel
en 1947 les Training Groups voués à la formation en ressources humaines (Lewin,
Bradford, Gibb, Lippit, Sheppard). Ces expériences vont inspirer Carl Rogers pour la
création des groupes de rencontre, et à la Psychosociologie française qui créa ses
propres dispositifs comme groupe de base, de diagnostic, d´évolution.

La cohésion groupale, la communication, le lidership, les rôles, les normes, les relations
d’influence et de pouvoir, les structures et les relations sociométriques, le moral du
groupe, le climat et l’atmosphère, les représentations ce sont quelques unes des
catégories construites par cette tradition scientifique de caractère expérimental.

En ce qui concerne la formation la théorie et la pratique des Groupes T montrent que


l’expérience qui se déroule chez eux implique une formation dont le sens et celui d’un

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apprentissage social profond. Celui-ci se développe grâce au partage entre paires, dans
l’espace transactionnel commun du Groupe T où l´on retrouve des normes culturelles,
d’une organisation sociale, d’une dynamique groupale, des rapports interpersonnels, des
valeurs individuelles et collectives, des perceptions et des conflits.

La formation se produit comme une transaction entre le sujet, les autres, le milieu, et
elle est comprise comme « apprendre à apprendre », à aider les autres, à communiquer,
à devenir membre d’un groupe, à se former dans la relation avec autrui plutôt qu’avec le
pédagogue. Pour Rogers l’apprentissage social plus efficace est « l’apprentissage du
processus de l’apprentissage », processus par lequel le sujet acquiert une attitude
d’ouverture vers l’expérience, vers le processus de changement.

L’éducation chez Rogers donne priorité à la personne de l’élève, la tâche du pédagogue


étant celle de créer les conditions, les rapports, et le climat de confiance pour que l’autre
puisse faire des apprentissages significatifs, créatifs, vifs, se compromettre dans la
relation avec les autres, dans un acte essentiellement relationnel qui demande une
compréhension emphatique. La liberté et la non-directivité constituent le noyau central
de la pédagogie rogerienne.

Le groupe comme champ d´intervention. La Psychosociologie se développe en France à


la fin de la deuxième guerre mondiale quand on attendait une réponse des sciences
sociales et humaines, et elle reçoit l’apport de perspectives disciplinaires diverses. Dans
un premier temps et face aux problèmes crées par la guerre, la connaissance par les
américains du groupe lewinien, du psychodrame morenien, du Groupe T (C. Faucheux)
et du groupe de rencontre rogerien fut décisive. Plus tard vont s’y ajouter la
Psychanalyse et la pensée marxiste qui ouvriront une nouvelle dimension pour l’analyse
des phénomènes psychosociaux. Le groupe est considéré un lieu d’évolution et de
contribution aux transformations sociales. En se différenciant de la Psychologie Sociale
ce courant se pose comme objectif prioritaire l’intervention et l’action mises au service
de l’étude des phénomènes et des processus en mouvement. Elle vise aussi une autre
réalité qui est celle des fantasmes individuels et collectifs. Contrairement à ce qui
propose la Psychanalyse les groupes ne relèvent pas exclusivement de l’Inconscient
mais cette lecture-là est indispensable à leur compréhension.

Le groupe n’est pas seulement replié sur lui-même, il est toujours en relation avec le
monde extérieur. E. Enriquez a défini le groupe comme “tout ensemble (de trois ou
plusieurs centaines de personnes) identifiable par autrui où les personnes peuvent
s’identifier les unes aux autres, où les fantasmes et les pensées prennent la forme d’un
imaginaire et d’un symbolique relativement commun; ensemble soutenus par une
mystique, vivant des moments de déconstruction et de reconstruction (même si ceux-ci
sont déniés), animé par des processus d’idéalisation et de sublimation, et dont les
membres ont la volonté et le désir d’en appartenir, de l’avoir comme référence, tout en
lui prêtant les couleurs de la communauté » (Enriquez,1999).

La demande sociale, le pouvoir, l’actepouvoir, le problème du lien (soumission,


révolte), l’altérité, l’imaginaire social et groupal, les représentations, ce sont quelques
unes des notions crées par ce courant de pensée.

D’après cette approche théorique le groupe de formation est un ensemble de personnes


qui se réunissent à fin d’acquérir de nouvelles capacités et compétences pour l’exercice

10
d’une fonction ou d’un rôle professionnel. La formation devient possible grâce à
l’interaction, à la possibilité de l’échange, grâce aux processus partagés. Le travail en
groupe est considéré un moyen particulièrement productif dans la formation d’adultes
car il offre au même temps « la possibilité d’une expression individuelle des aspirations
et des difficultés, et les bases pour la coopération avec les autres sujets en formation »
(Ferry, G., 1997, page 35). Le groupe se situe dans le réseau des rapports inter-
individuels et institutionnels. La notion de groupe réfère, dans la situation de formation,
à une optique particulière, à un dispositif construit de façon délibérée, et à un fantasme
de coopération et de communion affective.

Le groupe de formation cherche la sensibilisation, la transformation à partir de la


reconnaissance de l’image de soi que chacun reçoit des autres, de la découverte de soi-
même; il peut travailler au niveau des significations explicites ou inclure ce qui demeure
latent.

La forme d’intervention d’un animateur ou régulateur dans ces groupes-là consiste à


signaler les processus groupaux et individuels concernant la formation, mais tout en
restant au niveau des processus secondaires préconscients et conscients. Il utilise des
techniques de reflet, de relève, de re-questionnement, il fait des synthèses d’élaboration,
des remarques qui donnent au groupe la possibilité d’avancer dans les processus de la
formation et dans l’analyse de sa dynamique manifeste.

Pour la formation en relations humaines on utilise les groupes T et les groupes de


rencontre auxquels on ajoute des traits empruntés aux groupes de diagnostic,
d’évolution, de sensibilisation, crées entre autres par G. Palmade, J. Dubost, J.
Maissoneuve, J. Ardoino, M. Pagès, E. Enriquez, G. Ferry, D. Anzieu. En Argentine E.
Pichon-Rivière et J. Bleger, ayant pris connaissance des expériences nordaméricaines,
créent les groupes opératifs qui proposent un cadre psychanalytique. Les groupes de
réflexion (A. Dellarossa) ont été initialement consacrés au développement et à
l’apprentissage dans la formation de psychothérapeutes et, plus tard, mis à disposition
des autres catégories professionnelles.

Venant de milieux très divers, les demandes sociales permettent de renouveler les
analyses et d’élargir le champ d’intervention vers les organisations sociales. Les
développements théoriques dérivent ainsi des interventions en terrain et de la recherche
- intervention. La démarche spécifique utilisée ici est clinique.

La Psychosociologie se différencie de la Psychologie Sociale par sa démarche clinique


et non pas expérimentale, parce que ses développements théoriques dérivent de
l’intervention, parce que son centre d’attention se déplace du groupe à l’organisation et
au social, par ses engagements militants et sa vocation d’intervention, par l’intégration
de la psychanalyse, par le fait de considérer que le chercheur et le praticien travaillent à
partir de leurs implications.

Le groupe comme structure et comme entité psychique. La conception épistémologique


de l’objet groupe compris comme une totalité et comme un champ dynamique fut
remplacée par une autre qui considère le groupe comme une structure. La préoccupation
explicative abandonne donc l’axe de la dynamique pour s’engager dans la recherche des
systèmes de légalité qui animent le groupe, pour s’appliquer à la découverte de la
spécificité du groupe, une spécificité productrice des invariables structurelles qui

11
constituent sa nature, qui l’identifient de manière univoque, qui déterminent sa
dynamique. Le « plus » du groupe sera maintenant cherché non pas dans le domaine de
l’observable mais dans celui de la structure.

Dans ce sens le courant de pensée psychanalytique devient important. Le


développement majeur qui sert de base à la psychanalyse de groupes apparaît à Londres
avec W. R. Bion et S. H. Foulkes, peu après la mort de Freud et au commencement de la
deuxième guerre mondiale. Ils ont crée des pratiques et des théories différentes. Le soin
de personnes qui souffrent la névrose de guerre a servi à développer un dispositif
thérapeutique différent à celui de la psychanalyse individuelle. La théorie des groupes
de Bion a fourni des catégories centrales pour l’analyse du facteur émotionnel dans
d’autres types de groupes.

L’objet d’étude, à différence de celui de la Psychologie Sociale, sera la vie inconsciente


du groupe, les relations et les processus inconscients, le transfert central et latéral, les
identifications, et surtout l’explication des états affectifs partagés comme organisateurs
du groupe.

La notion de groupe a changé tant du point de vue épistémologique que théorique. On


regarde le groupe en partant de l’hypothèse de l’inconscient, c’est-à-dire, du jeu des
émotions, des images, du désir communiqué entre ses membres, non pas comme
l’addition de psychismes individuels, mais comme ayant ses propres formations nées de
l’échange et de l’espace intersubjectif. Le groupe constitue un ensemble, un espace ou
contenant relationnel capable de produire des pensées et d´élaborations émotionnelles
(Neri, C., 1997).

Pour Bion « ...le groupe est plus que la somme des individus qui le composent, car un
individu dans un groupe est plus qu’un individu isolé » (Bion, W. R., 1972, page 58).
Ce quelque chose de plus le groupe le trouve dans l’activité mentale partagé par
l’ensemble qui acquière les traits d’un « groupe de travail » ou d’un « groupe à
hypothèse de base ». Dans ce dernier cas l’activité produite par l’hypothèse de base qui
« a en commun l’attribut de tendances affectives puissantes » semble barrer, faire
traîner, modifier l’activité d’un groupe orienté vers ses objectifs.

Pour Anzieu (1999) « le groupe est une mise en commun des images intérieures et des
angoisses des participants » (page 31), c’est un espace de production de fantasmes. « Au
total, on peut d’abord admettre que, dans toute situation de groupe (...) il y a une
représentation imaginaire sous-jacente, commune à bien des membres du groupe.
Mieux: c’est dans la mesure ou il y a une telle représentation imaginaire qu’il y a l’
unité, quelque chose de commun dans le groupe » (op. cit., page 57).

Le groupe représente un paradigme de systèmes de liens intersubjectifs. « Le concept de


groupe intersubjectif désigne une configuration de liens suffisamment stable,
permanente et significative entre des sujets singuliers » (Kaës, 1993, page 104). Deux
phénomènes peuvent y être analysés: les effets de l’inconscient dans les ensembles
intersubjectifs, et les effets de ses ensembles là dans l´organisation de l´appareil
psychique individuel.

La Psychanalyse ne propose pas une relation homomorphique entre le psychisme


individuel et le groupe. Bien qu’elle soit partie de la théorie freudienne de l’appareil

12
psychique individuel et ses processus, elle a construit des hypothèses précises et
raffinées pour saisir les aspects particuliers et spécifiques de la vie groupale
inconsciente. Les outils théoriques qu’elle propose pour l’analyse des groupes sont des
concepts tels que la mentalité groupale, la culture de groupe, le système protomental,
les hypothèses de base de Bion (1972) dans le cadre de l’école anglaise; les
organisateurs groupaux tel que le fantasme, les imago, les fantasmes originaires, le
Complèxe d’Edipe, le moi-peau chez Anzieu (1999), et les organisateurs socio-culturels
et psychiques chez Kaës (2000), tous les deux appartenant à l’école française. Chaque
auteur explique de manière différente la communication des fantasmes inconscients.

Le « plus » du groupe ne doit pas être cherché du côté du fantasme individuel ou de


l’inconscient groupal, mais de celui des fantasmes individuels qui entrent en résonance
grâce au phénomène de groupement, du côté de la structure intérieure du fantasme
individuel qui devient groupal dans la structure des liens décrite par Anzieu et Kaës,
ainsi que de la mentalité groupale et les deux types d’activité mentale qui configurent
soit les structures du groupe de travail à prédominance rationnelle, soit celles du groupe
d’hypothèse de base à prédominance émotionnelle.

Quant à la formation, une formation authentique signifie la mobilisation des processus


psychiques primaires chez ses membres, ainsi que la circulation inter-subjective du
fantasme. Elle est sous-tendue par des désirs et des fantasmes. Tandis que
l’enseignement concerne les processus sécondaires, la formation, elle, s’occupe du sujet
dans l’engagement de son être dans le savoir, ainsi que de son sentir par rapport à lui-
même et aux autres. A. Béjarano signale que c’est à travers le transfère central (sur le
moniteur-formateur), les transferts latéraux (sur les autres membres du groupe), le
transfert groupal (sur le groupe même), et le transfert sur le monde extérieur, qu’ont lieu
les processus de réactivation et de circulation du fantasme. C’est pourquoi
l’interprétation devient l’outil plus pertinent pour produire la restructuration des
processus psychiques à l’œuvre.

Dans le groupe de formation l’interprétation vise le « ici et maintenant », c’est-à-dire,


on ne travaille pas avec l’histoire individuelle de chaque sujet, mais avec la situation
partagée par le groupe. L’objet de l’interprétation c’est le groupe. Le moniteur analyse
les jeux des inconscients individuels, le sien y compris, dans un moment particulier de
la vie du groupe. L’interprétation du moniteur est orientée à modifier les attitudes
névrotiques actuelles des membres du groupe. Dans les groupes de formation on
observe des mouvements régressifs intenses mais brefs, qui sont repris et resitués dans
la dynamique des interactions entre le groupe et l’individu. Le dispositif proposé par
Anzieu et Kaës prend la forme d´un séminaire où les groupes restreints et les groupes
larges se combinent, et où les liens et les fantasmes inconscients sont interprétés.

Le travail psychanalytique dans les groupes de formation est formatif s’il provoque chez
les sujets des interrogations sur leur fonctionnement psychique.

Cette théorie a donné naissance a plusieurs dispositifs: Anzieu, Käes, Missenard et


d’autres ont crée les groupes de formation (CEFFRAP); Balint les groupes Balint qui
s’occupent d’analyser le rapport médecin-malade et qui à l’heure actuelle sont utilisés
dans le terrain de la formation sous le nom de groupes d’inspiration Balint (C.
Blanchard-Laville); les groupes de psychodrame psychanalytique, largement développés

13
en France et en Argentine, qui utilisent comme technique le psychodrame crée par J. L.
Moreno, mais dont le cadre théorique est la psychanalyse.

Le groupe comme une totalité en cours. La dialectique de groupe, exprimée surtout à


travers J. P. Sartre, constitue un courant de pensée qui propose une interprétation du
mouvement ancrée non pas dans la dynamique mais dans la dialectique. Contrairement
aux autres théories celle de Sartre ne dérive pas de ses études sur l’empirique mais de
son intérêt pour interpréter l’homme dans son rapport aux mouvements historiques
d’après une perspective philosophique. Aujourd’hui, quand le monde souffre les effets
de la massification et la polarisation, quand les expressions de liberté sont subtilement
entravées et que les situations d´aliénation se multiplient, cette théorie se montre
actuelle et il nous semble important d´en tenir compte.

La théorie sartrienne sur les groupes introduit un changement épistémologique majeur.


Ce n’est plus la totalité ni la structure mais le mouvement même qui expliquent le
« plus » du groupe. La pensée de Sartre est dialectique puisqu’elle comprend le
mouvement, l’opposition, la lutte dans le groupe et dans l’histoire, mais aussi parce
qu’elle essaie de les rendre intelligible à partir d’une connaissance dialectique, une voie
de connaissance jamais achevée, qui s’oppose à la pensée scientifique déterministe.
C’est dans cette lutte, où a lieu la relation ternaire et la réciprocité entre les individus,
que l’émergence du groupe peut se produire. Le groupe est une totalité en cours,
toujours incomplète, un acte en devenir, un processus dialectique, un mouvement, une
lutte contre l´aliénation.

Sartre fait la différence entre deux niveaux: celui du practico-inerte, et celui de la praxis
commune. Tandis que le premier niveau est caractérisé par l’altérité, l’extériorité, la
passivité, l´isolement, le deuxième l’est par la réciprocité et les formes diverses de la
médiation, telles que la fusion, le serment, l’organisation, la fraternité-terreur, et
l’institution. Deux formes de socialité s’accordent avec ces niveaux-là: d’une part la
série, caractérisée comme une pluralité de solitudes, marquée par l’aliénation,
l’isolement, la réciprocité négative comme négation extériorisée de l’intériorité; d’autre
part le groupe comme le terrain d’une praxis commune, totalisante. Dans le rapport de
réciprocité, par contre, l’autre n’est plus un étranger, il est intériorisé comme un autre
soi-même, comme un autre semblable, comme un autre humain. La réciprocité, la
relation ternaire, la médiation ce sont des formes de relation où, pour l’autre, tout
individu est lui-même. Chacun est pour l’autre un moyen dans la mesure où il existe un
projet en commun qui produit des mouvements de médiation dans le groupe et qui fait
retour sur le soi-même.

Le groupal comme champ de problématiques. On pourrait se demander s’il est possible


de penser le groupe d’une autre manière.

Les théories sur le groupal développées à l’heure actuelle en Argentine proposent un


changement épistémologique radical. Les théories que nous venons de citer ont en
commun du point de vue épistémologique le fait de considérer le groupe comme un
objet discret, comme une unité à être étudié en tant que telle par une discipline ou une
théorie. La théorie de Sartre fonctionne comme une charnière et elle inaugure une
rupture. La psychosociologie avance en articulant plusieurs disciplines.

14
La théorie du groupal renonce à la logique de l’objet discret et propose à sa place un
champ problématique qui implique les croisements multiples du social, du psychique,
de l’institutionnel, de l’idéologique, etc. Connaître le groupal c’est établir des liens,
articuler des espaces, chercher des intermédiations pour comprendre des événements et
des processus qui ne seront pas réduits ni simplifiés mais étudiés en profondeur. Le
dedans et le dehors se gomment, l’individuel, le groupal, l’institutionnel, le social
cessent d’être pensés comme des unités ou des contextes externes les uns aux autres
pour devenir des champs qui, tout en gardant leurs spécificités, se touchent et se
prolongent entre eux. Cette théorie implique donc une ouverture à la diversité et à
l’intrication de dimensions diverses.

Le groupal est pensé comme « un champ de problématiques percé par des inscriptions
diverses: désirantes, historiques, institutionnelles, politiques, économiques, etc. Le
groupal pris dans un double mouvement théorique: un travail ayant pour objet ses
spécificités et ses articulations avec les inscriptions multiples qui le traversent ». « C’est
une manière de penser l’Un et le Multiple qui tâche de surmonter les enfermements
imposés par la logique de l’objet discret, elle ouvre la réflexion vers des configurations
épistémiques plurielles, transdisciplinaires ». (Fernández, A. M., 1989, page 57)
Les groupes se présentent comme des nœuds, des enlacements et des dénouements. Des
nœuds théoriques «constitués par les fils divers des unités disciplinaires qui s’enlacent
pour penser le groupal». (op. cit, page 57). Les dispositifs de groupe sont « des espaces
tactiques » qui produisent des effets dans le groupe. « Tout groupe invente ses
formations, c’est-à-dire, il invente les formes ou les expressions de ses significations
imaginaires ». (op. cit, page 142). Le groupe est une virtualité en tant que possibilité
d’advenir et devenir, en tant qu´ événement, c’est aussi une réalité parce qu’il se
construit lui-même, par les nœuds qu’il lie et dissout, par les processus qu’il actualise,
mais il n’est pas une structure.

Ces développements conceptuels se sont inspirés dans la pensée de Deleuze, Guattari,


Foucault, Derrida, et ils proposent une épistémologie, une manière de connaître et de
penser les groupes tout à fait différente.

L’importance des dispositifs de groupe se révèle considérable dans la mesure où ils


permettent l’expression du groupal. Se pose ainsi l’enjeu d’une situation groupale
capable de soutenir les différences, l’hétérogène dans ses contradictions et ses
coïncidences, sans tenter de les réduire.

Lorsque la question sur le groupe est remplacée par l’interrogation sur les multiples
dimensions qui le traversent, le moment est venu de faire appel à la perspective de la
multirréférencialité théorique dont nous parle J. Ardoino. La transversalité inaugure la
possibilité de penser le groupal comme champ de croisements et d’inscriptions
multiples sur un double versant: celui de l’inscription institutionnelle du groupe, et celui
de la production dans le groupe d’effets singuliers, spécifiques. Et de ce fait l’abandon
de l’idée du groupe comme objet discret.

Le groupal peut donc être pensé comme: une dimension d’analyse présente dans toute
réalité humaine; comme un champ de problématiques qui peut être l’objet d’une
multiplicité de théories et de disciplines; une virtualité, une possibilité, un espace
d´invention de dispositifs.

15
Les dispositifs groupaux de formation font appel à la multiplication dramatique (E.
Pavlovsky, H. Kesselman). L’association libre de scènes qui s’enlacent est créatrice de
sens, elle insiste en pliant et dépliant des formations imaginaires diverses. Dans les
groupes de formation à l’université A. M. Fernández (2007) a utilisé la multiplication
dramatique pour introduire aux étudiants de psychologie et d’autres disciplines dans la
compréhension de la production de sens, de la subjectivité et du groupal. La recherche
vise surtout l’étude des groupes naturels qui font des expériences d’autogestion mettant
en oeuvre des stratégies de survie dans des situations socio-économiques défavorables
au moment de la crise de l’année 2001 en Argentine (prise des usines par les ouvriers,
assemblées de voisins, multiples mouvements sociaux à caractère revendicatif). Du
point de vue de l’intervention il s´agit de faciliter les changements tout en produisant de
nouveaux sens. Du côté de la recherche-intervention (2006) il s’agit d’élucider la
singularité politique et la capacité d’invention et d’action d’un collectif travaillant dans
une organisation horizontale.

Quant à la production théorique concernant le champ de l’éducation et de la formation


de nouvelles perspectives se sont ouvertes pour la compréhension de la vie
institutionnelle et groupale à l’école grâce à la notion de « formations groupales »
(Souto, M., 2000). Nous appelons ainsi les constructions singulières qui se configurent
lors de processus dynamiques et dialectiques déclanchés par les interactions des sujets.
Et ceci dans des localisations spatio-temporelles spécifiques et dans des contextes
institutionnels et sociaux particuliers. Les formations groupales ont une fonction
transitionnelle dans une zone intermédiaire aussi bien par rapport aux sujets, leurs
souhaits et attentes, qu’à l’organisation et son espace transubjectif (culture, style,
identité, histoire, mandats).

Elles se présentent comme des manifestations sociales constituées dans un lieu qui est à
la fois intérieur et extérieur au sujet, intérieur et extérieur à l’organisation.

Ces formations-là, façonnées donc par les sujets mais qui les ont précédés dans
l’institution, deviennent l’étayage aussi bien de la vie psychique de ces sujets que de la
vie institutionnelle.

Les formations groupales sont singulières et contribuent à sauvegarder la culture et


l’identité institutionnelles à travers de pactes inconscients. Elles sont à la fois crées et
créatrices d’un espace de liaison, de lien, voué à garantir la permanence de l’institution.
Ce sont des espaces où s’articule ce qui vient du social, de l’individuel et de
l’institutionnel, et c’est dans cet espace que le groupal adopte des formes diverses et
changeantes. Ce sont ces formes-là que l’on désigne avec le terme « formations
groupales ».

Dans le terrain de la formation on a laissé la place à l’invention et à l’étude des


dispositifs groupaux de formation ayant le rôle de révéler, de se poser en analyseurs, et
provoquer des changements (groupes de réflexion, d’analyse multirréférencielle de
classes, ateliers d’analyse des pratiques, ateliers d’entraînement et d’analyse du rôle),
inspirés, eux tous, dans les différentes théories du groupal.

Quand on analyse un groupe de formation on est en train d’ouvrir un espace de liberté et


de création de sens, où les transformations du sujet se déploient au niveau du social, du
professionnel, de l’organisationnel, du sujet (conscient et inconscient), où les processus

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singuliers des individus et du collectif réverbèrent sur chacun, sur l’ensemble, sur
l’organisation et sur le social. Le groupe de formation est une virtualité; à partir d’un
dispositif il dispose et engendre des possibilités de transformation plus ou moins
orientées selon les différents cadres théorico-techniques. Son potentiel ouvre des
possibilités qui vont s’actualiser dans les ici et maintenant des temps groupaux.

Le parcours réalisé jusqu’ici permet de comprendre que les significations attribuées au


groupe ne sont pas univoques. La diversité de conceptions épistémologiques, de
constructions théoriques, de modalités de recherche, de dispositifs, les différents intérêts
auxquels on prétend donner une réponse, montrent comment le groupe, en tant qu’objet
théorique, a le caractère d’une construction.

Ce bref parcours, qui laisse de côté bien d’autres positions, sert néanmoins à
comprendre que lorsqu’on parle de la relation groupe-formation on ne peut se passer de
s’interroger simultanément sur le sens de la formation et sur celle du groupe.

Dans le champ spécifique des groupes de formation beaucoup de combinaisons sont


possibles ce qui, au niveau de l’action, se traduit en diverses propositions et inventions
concernant les dispositifs. Les notions de base à propos du groupe et de la formation
méritent d’être interrogées dans l’élucidation de ce champ particulier.

Le terme inter-formation, peu être utilisé, en mettant l’accent sur le relationnel, sur la
possibilité de ce que les sujets se forment dans des espaces intersubjectifs, à travers les
interactions au niveau du symbolique, de l’imaginaire et du fonctionnel (C. Castoriadis);
qu’ils se forment à partir et dans les rapports mutuels. Les médiations diverses qui
jouent le rôle du tiers sont productrices de formation. Le potentiel formatif se trouve
dans les relations entre adultes qui partagent leurs expériences pour apprendre du
groupe et profiter de l’apport de tous.

Pour finir, le long de ce parcours on a fait le choix de certaines théories tout en


présentant des notions qui pourront servir d’outil pour analyser le lien entre la formation
et les groupes. En revisitant donc les diverses manières de penser le groupe et la
formation on a constaté que le rapport entre ces deux termes n’est pas univoque.

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