Vous êtes sur la page 1sur 6

Niveau 

: Master1
Spécialité : Didactique des langues étrangères
Matière : Théories et situations d’apprentissage
Semestre : S2

Introduction

Avant la fin du XIX siècle, il n’y avait pas de théories de psychologie ou d’acquisition
bien précises. C’était juste des idéologies qui défendaient des idées. A partir de 1950, des
théories et des initiatives psychologiques sont apparues. L’empirisme, l’associationnisme, le
béhaviorisme sont les premières théories d’apprentissage qui se sont intéressé à la notion
d’acquisition et qui ont pu avoir des retombées dans le domaine de la pédagogie. Quels sont
leurs principes et leurs implications pédagogiques ?

A partir des années 70, les théories mécanistes ont commencé à perdre leurs lettres de
noblesse. Des théories dites interactionnistes leur ont succédé et ont contribué au
développement de l’acquisition du français langue étrangère.

Théories d’acquisition et didactique des langues étrangères

1. Béhaviorisme

Le behaviorisme est l’une des théories d’acquisition. Elle est qualifiée de mécaniste.
Cette théorie qui relève du comportementalisme est associé à SKINNER. Elle a eu une grande
influence en psychologie dans les années 20.

Le béhaviorisme postule que l’on ne peut accéder aux états mentaux des individus, qui
sont inobservables. Assimilé à une « boite noire », l’individu peut cependant être
« influencé » de l’extérieur par des situations bien conçues : les propositions du modèle
béhavioriste sont par suite fondées sur un principe d’entraînement par conditionnement et par
renforcement.

Pour les behavioristes, « le langage est un comportement ; un comportement ne peut


être acquis qu’en incitant l’élève à se comporter, c’est-à-dire à pratiquer le langage, et
l’apprentissage d’une langue est un processus mécanique de formation d’automatismes »1.
Pour eux, Les principes de cette théorie sont :

-L’acquisition du langage se fait par un processus d’imitation et de renforcement : « stimulus-


réponses-renforcement »,

-Les exercices structuraux sont apparus dans l’élaboration de programmes divisés en étapes et
en fonction d’objectifs d’apprentissage,

-En classe, les élèves automatisent une situation-type par répétition,

-Apprendre une langue n’est pas une activité intellectuelle : ce n’est pas apprendre quelque
chose, mais c’est apprendre à faire quelque chose,

-L’enseignement est envisagé comme une situation optimale pour la production de réponses
automatisées.

Cette théorie psychologique d’apprentissage considère que le savoir s’acquiert par


formation d’habitudes lorsque l’apprenant est confronté à des stimuli qui entrainent des
réponses renforcées positivement ou négativement. Elle propose un modèle transmissif qui
considère qu’apprendre, c’est recevoir des connaissances. Elle conçoit l’apprentissage comme
une simple question de transmission de savoirs qui présuppose que les connaissances ont une
existence autonome, indépendante du sujet qui les acquiert, qu’elles peuvent être stockées et
donc transmises. Pour SKINNER, l’apprentissage consiste en une simple accumulation de
connaissances nouvelles, « l’élève n’étant qu’un contenant vide qu’il suffirait de remplir »2.

Cette théorie a montré ses limites parce qu’elle n’a pas pris en compte l’aspect novateur
des productions langagières et que l’apprentissage est réduit à l’imitation. Beaucoup de
reproches ont été faits à cette théorie parce qu’elle conçoit la langue comme un système,
accorde plus d’importance aux savoirs au détriment de la personne de l’apprenant et ignore
complètement les processus individuels à l’œuvre et laisse l’élève se débrouiller seul.

Les conceptions philosophiques (l’empirisme et l’associationnisme) et le


béhaviorisme se sont intéressés à la question d’acquisition. L’associationnisme de Thorndike
et le conditionnement de Skinner ont en grande partie couvert les composantes de la théorie

1
Christian PUREN, P BERTOCCHINI et E COSTANZO., Se former en didactique des langues, ellipses,
1998.P.143.
2
Danielle ALEXANDRE., Op.cit, p11.
éducative de l’apprentissage : ils proposaient une théorie cohérence accompagnée de
méthodes visant à définir les différents aspects de compétences à acquérir, une théorie sur la
manière dont cet apprentissage doit intervenir et des méthodes et conditions d’enseignement
et d’intervention. Ces théories ont introduit la rigueur dans la recherche en éducation et ont
obtenu une place respectée en psychologie de l’éducation dans les établissements de
formation d’enseignants du siècle dernier. Cependant, ces deux théories béhavioristes n’ont
pas eu de réelle influence sur les pratiques éducatives parce que leurs travaux manquaient de
réelle pertinence pour la pratique de classe.

2. Constructivisme

Le constructivisme est une théorie d’apprentissage qui a vu le jour dans les années 70.
Cette théorie est associée au suisse Jean PIAGET qui s’intéresse à une théorie générale de la
connaissance. Dans sa pensée, « l’interaction est fondamentale pour la construction du sujet et
l’acquisition de la langue est le résultat d’actions orientées par le sujet pour répondre au
milieu dans lequel il est placé »3. D’après PIAGET, il ya une relation entre le développement
cognitif de l’enfant et le développement langagier, c’est-à-dire que le langage de l’enfant n’est
ni inné, ni acquis, mais il résulte de l’interaction entre développement cognitif et le
développement linguistique. L’évolution des connaissances est en relation avec l’âge et la
maturation de l’enfant. Donc, PIAGET ne croit pas à l’existence de structures innées chez
l’être humain.

Dans la pensée piagétienne, « le savoir n’est pas reçu passivement par un individu, mais
qu’il est « construit » activement par chacun. Apprendre suppose des réorganisations mentales
effectuées par le sujet lui-même »4. Ce modèle s’oppose clairement au modèle transmissif qui
considère qu’apprendre, c’est recevoir des informations. De plus, il voit que l’intelligence se
construit par étapes, s’opposant ainsi fermement à toute conception innéiste. Il a aussi avancé
le concept de « schèmes » pour expliquer comment s’effectuent nos actions.

Ce modèle dit constructiviste sur lequel s’appuient les approches didactiques


contemporaines telles que l’approche communicative et l’approche actionnelle diffère dans
ses acquis du courant réductionniste. Comme son nom l’indique, la construction du sens est

3
Fabienne DESMONS, Françoise FERCHAUD, Dominique GODIN., Op.cit, p16.
4
Danielle ALEXANDRE., Op.cit. p.14.
déterminante dans l’apprentissage d’une langue étrangère et la tâche est au centre de cette
construction.

L’apprentissage est considéré comme un processus de réorganisation de savoirs qui est


dans la plupart du temps conflictuel. Cela signifie que l’apprenant fait appel à son savoir
antérieur pour pouvoir construire le nouveau. Ce conflit est incontournable parce qu’il permet
de créer une tension susceptible d’engendrer de nouvelles structures comme le montre Michel
MIDER. Cet auteur trouve que « le sujet qui est pris entre ses anciennes représentations et les
nouvelles qu’il entrevoit, se trouve dans une situation de conflit cognitif »5.

L’un des principes fondamentaux du courant constructiviste est la centration sur les
apprenants. Cette théorie de psychologie de référence insiste sur le sujet et ses actions. Alors,
à l’opposé de la conception de « transmission » du savoir, elle privilégie l’apprenant et le met
au centre de l’apprentissage pour lui permettre de participer à la « construction » de ses
savoirs.

Dans une perspective constructiviste, ce qui paraît intéressant, c’est l’étude des relations
entre le développement cognitif et le développement linguistique. Cela signifie que
l’apprentissage est lié à une activité mentale de réaménagement des données par le sujet. Ce
dernier est appelé à être un partenaire actif et dynamique dans la redécouverte des objets de
son savoir. Cela nous permet de comprendre que la progression du sujet exige qu’on lui donne
une opportunité de réfléchir et de participer à la résolution de ses problèmes.

Pour l’enseignant, il ne suffit pas de faire acquérir aux sujets des compétences en fonction
des objectifs tracés, mais il doit prendre en compte ses stratégies cognitives. Ces dernières,
pour les constructivistes, permettent au sujet d’activer ses propres démarches d’exploration
dans les différentes situations- problème. Alors, pour qu’il puisse apprendre de manière
efficace, il faut l’intégrer dans le processus d’apprentissage en lui laissant l’occasion de
construire ses savoirs individuels. Il est donc nécessaire de faire habituer le sujet à mobiliser
toutes ses stratégies pour s’approprier des savoirs et par conséquent compter sur lui- même
pour trouver des solutions aux difficultés rencontrées.

Grâce au modèle constructiviste, les sujets pourraient vivre l’expérience de la manière


dont s’élaborent, se transforment, et s’enrichissent leurs connaissances, cela pourrait donner
davantage de sens aux autres moments, y compris transmissifs, où ces connaissances leur
5
Michel MIDER., Didactique fonctionnelle, Objectifs, Stratégies, Evaluation, Le cognitivisme opérant, Paris,
8ème édition, 1999, p.173.
sont présentées sous une forme accomplie. Et ils les vivraient peut- être, du coup, de façon
moins passive. Pour ces approches communicatives et actionnelles, la langue est conçue
comme un moyen de communication et un outil à maîtriser de manière pratique et réflexive.

3. Socioconstructivisme

Le socioconstructivisme est une autre théorie d’apprentissage qualifiée d’interactionniste.


Il est associé au psychologue russe Lev VYGOTSKY. Cette théorie, apparue dans les années
80, «  insiste sur le rôle déterminant de l’environnement social sur le développement de
l’enfant et s’intéresse aux rapports entre langage et pensée, montrant que les échanges
langagiers avec les autres, favorisent la construction d’une pensée intériorisée et réfléchie »6.
Dans sa pensée, il préconise l’apprentissage social. Il a soulevée la question de la dimension
sociale de l’individu non prise en compte par PIAGET. Selon VYGOTSKY, « c‘est par
l’interaction sociale que se construit le savoir ; l’interaction sociale étant susceptible d’induire
chez l’élève un véritable état conflictuel, appelé conflit sociocognitif» 7. Il met l’accent sur la
dynamique de l’interaction sociale dans les processus d’acquisition, c’est-à-dire que les
structures s’acquièrent en fonction du niveau cognitif atteint par l’enfant et en fonction de la
motivation basée sur l’interaction sociale. Ce sont les relations aux autres personnes, objets,
connaissances, qui construisent nos apprentissages.

Pour VYGOTSKY toujours, le statut social d’une langue influe sur l’apprentissage, des
schèmes représentatifs se bâtissent chez l’enfant dans l’interaction avec le milieu physique
tout comme des schèmes communicatifs se bâtissent au contact du milieu social. Pour lui,
être mûr ne suffit pas. VYGOTSKY souligne l’importance des facteurs sociaux dans
l’acquisition, en particulier la collaboration en interaction et la coopération.

Pour les théories appartenant à la famille génétique et cognitiviste, l’apprentissage du


français langue étrangère résulte de l’interaction entre l’environnement de l’apprenant et les
mécanismes internes de ce dernier. On l’applique également à l’interactionnisme social, pour
lequel la langue s’acquiert en communicant avec d’autres locuteurs de la langue étrangère.

6
Michel MIDER., Op.cit, p.16.
7
Claire TARDIEU., Op.cit, p.155.
Quelques problématiques à creuser

1. A quoi fait-on appel dans les deux théories d’acquisition interactionnistes ?

2. Les théories d’acquisition s’opposent-elles les unes aux autres ?

Vous aimerez peut-être aussi