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DEMOGRAPHIE
Introduction
Objectifs du cours
Plan du cours
Activités d’évaluation
Ainsi, en discutant sur les différents facteurs à la base des changements qui
interviennent dans une population, Louis Henri va désormais considérer la démographie
comme «une science ayant pour objet l’étude des populations humaines et traitant de leur
dimension, de leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux envisagés
principalement d’un point de vue quantitatif» (Louis Henri, idem). Dans cette définition,
l’aspect quantitatif est déterminant ; car, dit-il, sans chiffres ni statistiques il n’y a pas de
démographie. Notons cependant qu’aujourd’hui, dans un grand nombre des travaux
démographiques, on recourt de plus en plus à tout ce qui constitue l’aspect qualitatif en
complément à l’aspect quantitatif.
En tenant compte des facteurs étudiés, G. WUNSCH et M. TERMOTE, pour leur part,
considèrent la démographie comme «l’étude de la population, de sa croissance à travers les
naissances et l’immigration et de sa décroissance à travers les décès et l’émigration». Mais,
il faut dire que la pratique va au-delà de seuls facteurs démographiques pour se placer dans un
contexte plutôt large. En effet, si les changements s’opèrent, c’est parce qu’il y a des facteurs
qui agissent comme déterminants. Parmi ceux-ci, certains sont d’origine biologique ou
génétique, et d’autres sont économiques ou environnementaux. C’est en partant de cette
vision que ces auteurs sont arrivés à considérer que «la démographie est l’étude de divers
déterminants de changement de la population et de l’impact de la population sur le monde
autour de nous».
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Démographie : Albert Phongi
Presque dans le même sens, HAUSER et DUNCAN, cités par COX, parlent de la
démographie comme «l’étude de la taille, de la distribution territoriale et de la composition
de la population, des changements qui s’y produisent et de composition de ces changements
qui peuvent être identifiés comme la natalité, la mortalité, les mouvements territoriaux et
mobilité sociale ou changement de statut».
Lorsque l’on considère les techniques mises en œuvre pour l’analyse de tous ces
déterminants de changement, beaucoup d’auteurs en arrivent à des définitions qui dépassent le
cadre de ce qui est possible à faire démographie. À titre d’illustration, on lit dans le
Dictionnaire Démographique Multilingue des Nations Unies que « la démographie est une
science ayant pour objet l’étude des populations humaines, et traitant de leur dimension, de
leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux envisagés principalement
d’un point de vue quantitatif» (Nations Unies, 1961). Si l’on s’en tient à l’aspect quantitatif
retenu dans cette définition, la démographie déborderait le cadre spécifique de son objet
principal. Car, non seulement que les caractères généraux sont assez nombreux, il y a lieu de
s’y perdre. De plus, il faut signaler que l’on peut aussi rendre les caractères typiquement
qualitatifs en caractères quantitatifs et les verser à la démographie. D’où, avec une
simplification BOUTE, J. définit la démographie comme la «science qui étudie l’état et le
mouvement de la population humaine sous son aspect numérique» (Boute, J., s.j., 1977).
mesurables telle que la biométrie chez HENRI LERIDON et la sociométrie chez JACOB
LEVY MORENO pour ne citer que ces deux à l’objet de la démographie.
Ces deux aspects se trouvent clairement repris chez PRESSAT, R. dans son
Dictionnaire de Démographie. Selon lui, l’objet de la démographie se résume dans l’étude des
populations humaines en rapport avec leur renouvellement par le jeu des naissances, des décès
et des mouvements migratoires et s’attache à décrire et à analyser les situations suivantes :
- «L'état des populations, c’est-à-dire leur effectif et leur composition selon les divers
critères (âge, sexe, état matrimonial, répartition en familles, degré d’instruction,
localisation géographique, religion, profession …….)» ;
- «Les divers phénomènes qui influent directement sur cette composition et sur
l’évolution des populations (natalité, nuptialité, migration, mortalité ….)» ;
- «Les relations réciproques qui existent entre l'état des populations et leur évolution
d’une part et les phénomènes démographiques qui en sont le siège d’autres d’autre
part)». (Pressat, 1979).
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Démographie : Albert Phongi
1.3.1. Evénement
1. Notion
Pour Pressat (1979), un événement est un fait concernant un individu et affectant
gdirectement la structure des populations et leur évolution.
Les événements démographiques concernent :
P( t 1 )= P ( t 0 )+ N( t ,t
0 1 )− D ( t ,t0 1 )+ I ( t ,t
0 1 )− E ( t ,t
0 1)
P( t 1 )= P ( t 0 )+ N( t ,t
0 1 )− D ( t ,t0 1 )+ I ( t ,t
0 1 )− E ( t ,t
0 1 )+CNE ( t ,t
0 1 )−CNS ( t ,t
0 1)
Ou
- Par âge ;
- Par sexe ;
- Par lieu de résidence ; état matrimonial, par nationalité, etc.
Exemple
P ( t )= P ( t )− D ( t , t )+ I ( t , t )− E ( t , t )
f f f f f
55 1 54 0 54 0 1 54 0 1 54 0 1
Sortie de femmes de 54
Population des femmes Décès parmi les femmes de ans entre t0 et t1
de 55 ans en t1 54 ans entre t0 et t1
Femmes de 54 ans en t0
Remarques
2. Evénement renouvelable
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Démographie : Albert Phongi
Les événements renouvelables sont ceux qu’un individu peut subir ou vivre plus d’une fois.
Par exemple, le fait pour une femme de mettre au monde peut se répéter autant de fois qu’elle
voudra avoir des enfants lorsqu’elle se trouve dans la période procréative, c’est-à-dire entre
15 et 49 ans. De même, un individu peut contacter des unions autant de fois qu’il le peut ; par
exemple, on dira qu’il s’est marié 4 fois dans sa vie.
La démographie traite également des événements dits non renouvelables. Des événements non
renouvelables, sont ceux que l’individu n’expérimente qu’une seule fois dans la vie. C’est le
cas du décès : chaque individu l’expérimente une seule fois durant sa vie. Cet événement est
l’unique et universel événement non renouvelable qui soit vécu par tout individu qui nait.
D’autres événements non renouvelables peuvent être recensés. Il en est ainsi du tout premier
mariage qui n’arrive qu’une seule fois dans la vie d’une personne. Ce raisonnement
s’applique à tous les événements classés en ordre de survenance, d’occurrence : 1er enfant,
2ème enfant, 3ème enfant, etc. Ici, il faudra attirer une attention particulière à cause de
beaucoup d’individus qui parlent de la substitution d’un enfant suivant en cas du décès de son
aîné direct. Ce raisonnement culturel n’est pas valable en démographie où le respect de rang
est de rigueur.
Notons que dans le cas des formations des unions, en démographie, la notion du mariage fait
souvent allusion au tout premier ; lorsque le même individu a contacté des unions successives
on parle plutôt de remariage. Les unions successives après la première seront classées en
2èmeunion, 3èmeunion, 4èmeunion, …etc.
4. Evénement-origine
Les événements qui surviennent chez un individu se situent dans un processus où ceux-ci se
suivent de manière chronologique les uns après les autres entre les limites (par exemple α et
β) sur une ligne de vie. Tout fait qui introduit le phénomène sous étude s’appelle donc
«événement-origine ». k !,dIl s’agit d’un événement qui introduit les autres et dont la nature
diffère du précédent. Par exemple, il faut naître pour entrer à l’école ; avoir un âge majeur
pour se marier, etc. Généralement, l’ensemble de personnes ayant expérimenté le même
événement-origine est désigné par le terme «cohorte». Si l’événement-origine considéré est la
naissance, la cohorte portera le nom de génération ; dans le cas où l’événement-origine est le
mariage, on la désignera par le terme promotion1.
1Ce même terme ‘’promotion’’ est couramment utilisé dans le domaine de statistiques scolaires pour
parler des personnes inscrites dans une même classe au cours d’une même période.
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Démographie : Albert Phongi
1.3.2. Phénomène
En démographie, il n’existe pas de phénomène simple ; celui-ci n’existe que dans la tête de la
personne qui procède à l’analyse des données brutes. Le phénomène simple est le résultat
qu’obtient le démographe après avoir écarté du phénomène étudié les perturbations et autres
influences extérieures susceptibles d’affecter le phénomène en question sous étude. Presque
toujours, l’on se trouve devant des phénomènes composés qu’expriment les faits à l’état brut,
c’est-à-dire mélangés de toutes sortes d’influences historique, économique, politique,
environnemental, etc.
Le phénomène étudié est celui sous observation que le démographe se met à examiner, à
analyser. Il diffère d’autres phénomènes qui ne l’intéressent pas. Admettons que l’on
s’intéresse à la nuptialité. À cet effet, il y a lieu de savoir que certains mariages peuvent ne
pas se contracter à cause du décès d’un des prétendants. Dans ce cas, la mortalité constitue un
phénomène perturbateur en ce qu’elle vient déranger la conclusion du mariage. Un autre
exemple est celui d’un mariage qui ne peut avoir lieu parce que l’homme ou la femme a
migré. Ici, la migration passe pour le phénomène qui a perturbé la concrétisation du mariage
au moment défini antérieurement. Parfois, il peut être ajourné définitivement.
Au niveau de l’analyse des données, on distingue donc l’événement étudié de l’événement
perturbateur qui a pour conséquence d’empêcher toute manifestation normale d’un autre
phénomène sous examen.
1.4.1. Calendrier
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Démographie : Albert Phongi
Le calendrier est donné par la répartition ou par la distribution des quantités dans le temps.
Autrement dit, il s’agit de la distribution des événements sur une échelle de durée par rapport
à la description du phénomène. D’autres auteurs parlent plus exactement de la distribution
dans le temps. On dit aussi que les événements se réfèrent à la répartition sur un calendrier
reconnu dans le temps. Ce qui donne la notation de la formule ci-dessous :
∑ ie i
t=
∑ ei
Dans le cas de la fécondité, cette formule donne l’âge moyen à la maternité qui est la mesure
synthétique du calendrier de la fécondité. Nous y reviendrons plus loin dans l’analyse de la
fécondité.En rendant disponibles des données sur les naissances, cela peut se faire facilement
sur un graphique comme le décrit la courbe de fécondité dans l’exemple suivant.
18 338
19 409
20 734
21 823
22 889
23 1 106
24 1 213
25 1 457
… …
1.4.2 Intensité
L’intensité s’exprime en termes de nombre moyen d’événements par tête. Elle s’obtient en
additionnant tous les événements survenus entre deux moments (x, x+n) et en divisant le total
par le nombre initial des personnes sensées expérimenter le phénomène (par exemples les
célibataires dans l’étude la nuptialité). On a donc :
e= N1 ∑ e i
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Démographie : Albert Phongi
Ici, il s’avère important de noter que, dans une population, l’intensité varie selon les époques
et entre les populations dans les espaces géographiques habités. Cela s’explique notamment
par la différence de penchant d’expérimenter le même phénomène démographique, mais aussi
par le changement de comportement que l’on observe souvent entre les générations. Des
baisses ou des hausses observées pour un indicateur tel que l’indice synthétique de fécondité
peut résulter du fait que les nouvelles générations optent pour des tailles de famille réduite en
incluant la pratique contraceptive contrairement aux vieilles générations dont la reproduction
suit la loi naturelle.
Le temps est une des variables essentielles en démographie. Il n’y a pas d’études
démographiques sans le facteur temps. Il peut être mesuré selon la durée écoulée depuis
l’événement antérieur ou selon le calendrier.
Par définition, la durée exacte correspond au temps réel écoulé depuis l’événement-origine.
Dans une enquête auprès des enfants, par exemple, on a reçu la série des réponses suivantes
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Démographie : Albert Phongi
sur l’âge : 12 ans et 6 mois, 12 ans et 9 mois, 13 ans et 1 mois, 16 ans et 8 mois. En nous
référant à la droite présentée au point 4.2.1, cela veut dire que dans chaque réponse il y a une
partie de segments entiers à laquelle s’ajoute une autre partie du segment suivant
proportionnelle au calendrier au moment où la question a été posée.
Au contraire, si l’on ne considère que les segments entiers, l’on parle dans ce cas de la durée
révolue, accomplie ou complétée. Ainsi, de mêmes réponses ci-dessus, l’on dira de la
personne qui totalise déjà 12 segments entiers qu’elle a 12 ans révolus ; celle qui en compte
13 aura 13 ans révolus et la dernière avec 16 ans révolus pour les 16 segments. C’est-à-dire
que depuis la naissance, la personne a déjà fêté 12 anniversaires, 13 anniversaires, 16
anniversaires, etc.
Il y a plus d’un siècle, Wilhelm Lexis (1875) proposait un mode de représentation devenu
célèbre pour repérer les événements à travers la double dimension du temps (le calendrier et
l’âge civil) et illustrer les divers regroupements utiles à l’analyse démographique, par âge,
période et génération.
Le principe est simple : il s’agit d’un système cartésien dont le premier axe mesure le temps
absolu (calendrier civil) et le second, le temps relatif (âge). Il est alors facile d’y situer
n’importe quel événement (naissance, mariage, migration, maternité, décès…) en fonction de
ces deux coordonnées. En reliant les événements concernant un même individu, on obtient
une ligne de vie, qui, obligatoirement se situe sur une parallèle à la bissectrice de deux axes,
puisque l’âge augmente au même rythme que s’écoule le temps.
Sur l’axe des abscisses, une année du calendrier est représentée par l’espace entre deux
graduations successives. Par convention, une graduation correspondra aussi bien au 31
décembre d’une année (à minuit) qu’au 1er janvier de l’année suivante (à 0 heure) ; un point
sur l’axe des abscisses correspond à une date, un jour.
Sur l’axe des ordonnées, un an d’âge est représenté par l’espace entre deux graduations
successives, à savoir deux âges dits « exacts » ; par exemple, l’âge de « 2 ans exacts »
correspond au moment précis (jour j) du 2ème anniversaire.
Une observation en référence à une date précise se situe sur une ligne verticale. Tandis qu’une
observation à chaque âge exact correspond à une horizontale. Et l’intersection entre les deux
axes permet de situer l’événement.
Exemple
Un individu décédé à 3,5 ans le 30 juin 2005 est forcément né le 1er janvier 2002. Sa date de
naissance peut se repérer sur l’axe des abscisses. Sa naissance peut être considérée comme un
événement dont les coordonnées en temps et en âge valent respectivement le 1er janvier 2002
et 0 an exact. En conséquence, cette naissance pourra se localiser aussi sur le diagramme de
Lexis. Partant de la date de naissance, on peut tracer la ligne de vie d’un individu ou d’une
génération (ou cohorte).
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Démographie : Albert Phongi
La ligne oblique unissant les points de la naissance au décès (4ème anniversaire) montre
l’évolution de l’âge de l’individu en fonction du temps. Tout événement affectant un individu
doit se localiser sur cette ligne de vie. La date de naissance est donc la 3ème coordonnée
utilisable pour se repérer sur le diagramme de Lexis.
En tant que science sociale, la démographie ne s’intéresse pas seulement à la trajectoire de vie
de chaque individu en particulier, mais plutôt aux comportements d’une société donnée.
Ainsi, on peut utiliser le diagramme de Lexis pour représenter et localiser les événements
démographiques survenant au cours d’une année (période et non d’une date précise), propres
à un groupe d’âges particulier et non plus à l’âge précis d’un individu en particulier.
Les intervalles de temps considérés sont d’une année ; ils peuvent aussi être plus courts (1
mois) ou plus longs (2 ans ou 5 ans). Il est impératif de veiller à ce qu’une même unité de
temps soit utilisée pour construire les échelles de l’axe vertical et de l’axe horizontal.
Jusqu’à présent, les trois coordonnées ont été utilisées sous leur forme ponctuelle : une date
précise, un âge exact et une date de naissance. En démographie, ces trois coordonnées peuvent
aussi intervenir sous forme d’intervalle : une année, un âge révolu ou une année de naissance.
Sur les axes, un intervalle se représentera par un segment d’une certaine longueur ; les
coordonnées sous forme d’intervalle se traduiront par des couloirs et non plus par de simples
lignes.
1. Un couloir vertical pour traduire l’ensemble des observations d’une année
Quel que soit l’âge auquel se produit l’événement, s’il a lieu par exemple en 2003, il se situe
dans ce couloir vertical.
Tout ce qui se produit par exemple à 3 ans révolus (entre 3 ans et 4 ans (avant le 4 ème
anniversaire) se localisera dans le couloir horizontal ou son prolongement.
3. Un couloir oblique pour représenter les observations se produisant depuis chaque année de
naissance. Cela représente les événements d’une génération donnée.
Finalement, tout ce qui se produira pour les individus nés en 2001 par exemple (qui forment la
génération ou cohorte 2001) doit se localiser dans le couloir oblique indiquant qu’à mesure
que le temps passe, cette génération prend aussi de l’âge.
Exemple : les enfants âgés de deux ans révolus à une date donnée de l’année 2007 (ces
enfants peuvent être nés soit en 2004, soit en 2005.
Ou encore, les enfants nés en 2005 et que l’on observe à une date précise en 2007 (ces enfants
sont âgés de 1 an révolu ou de deux ans révolus.
Un effectif d’un âge exact se situera toujours sur un segment horizontal, qu’il soit observé au
cours d’une année (il peut alors concerner deux générations), ou qu’il soit observé dans une
génération (sur deux années d’observation
Les ensembles d’événements se localisent dans des surfaces. Ces surfaces se définissent à
l’aide de deux ou trois coordonnées sous forme d’intervalle, par intersection des couloirs.
Les ensembles d’événements sont représentés par des surfaces et sont définis soit par deux
coordonnées (année et âge ; âge et génération ou année et génération) ou encore de façon
précise par les 3 coordonnées simultanément.
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Démographie : Albert Phongi
EFGH : décès survenus en 2002 à l’âge de 1 an (révolu) ; ils proviennent des générations
2000 et 2001
IJKL : décès survenus en 2004 dans la génération 2001 ; ils comportent des décès à 2 et 3 ans
révolus.
MNOP : décès survenus à 1 an dans la génération 2003 ; ils ont été observés en 2004 ou
2005.
Les données sont généralement collectées au niveau des individus et/ou des ménages :
- Les fichiers d’enquêtes, les recensements et d’autres systèmes de collecte des données
reprennent les informations individuelles ;
- Mais les données publiées le sont à un niveau agrégé par Pays, région, commune,
quartier, etc.
Les sources de données des démographes sont aussiutilisées enÉconomie, Géographie,
Sociologie, Urbanisme, Santé publique et d’autres domaines des sciences sociales et
humaines.
En démographie, toute étude d’un phénomène démographique procède au préalable par une
série de questions autour de l’existence des données, de leur nature et genre et d’endroits où
trouver les statistiques sur la population. Ces questions sont d’une grande importance du fait
de la complexité de l’information statistique en démographie notamment plus que dans toute
autre science humaine. Ainsi, PRESSAT nous renseigne qu’en démographie «l’apprentissage
commence par la prise de contact avec les données chiffrées, sous leurs aspects multiformes ;
aucun travail fructueux ne sera possible tant qu’une intimité suffisante avec les données ne
sera pas atteinte » (Pressat, 1969). Pour réaliser cet apprentissage, tout commence par savoir
où trouver les données et comment les obtenir. Si non, peut-on les produire soi-même ?
Relativement à la source des données, il s’avère utile de noter qu’en démographie on dispose
de trois types principaux. Il s’agit de : sources classiques, sources non classiques et ce que
l’on a coutume d’appeler les autres sources. À travers le monde, ces sources sont utilisées
avec une efficacité variable selon les pays. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour
obtenir des données de qualité qui se prêtent facilement à une étude démographique qui
donnerait des résultats satisfaisants. Nous ne parlerons pas ici de ces facteurs que fournissent
généralement des documents sur la collecte des données. Mais, il est important d’insister sur
le fait qu’un bon travail de démographie exige que l’on dispose de données de bonne qualité.
En démographie, on distingue trois sortes de sources principales des données : les sources
classiques (ou traditionnelles), les sources non classiques (ou non traditionnelles) et enfin les
autres sources qui n’entrent dans aucune des deux autres citées.
Les sources classiques parfois désignées sous le terme de sources traditionnelles constituent la
principale source des données démographiques. En général, elles relèvent de la pratique
d’observation la plus courante. Parmi ces sources, on compte le recensement de la population
et l’état civil. Toutefois, ces deux sources n’ont pas été instituées au départ dans un but
démographique de renseigner les pouvoirs publics. Ce n’est que de manière fortuite qu’elles
se sont imposées comme principaux moyens à travers lesquels l’on peut s’offrir les
statistiques démographiques.
Au départ, ces sources étaient des instruments au service des autorités civiles ou religieuses
pour leur permettre de tenir des comptes et de constater des changements entre deux périodes.
Dans un article intitulé «Réflexion sur l’observation en démographie», LOUIS HENRI
annonce l’année 1662 comme celle d’un tournant décisif avec l’apparition de l’ouvrage de
l’anglais JOHN GRAUNT dont les observations étaient basées sur les bulletins de mortalité
publiés chaque semaine à Londres en 1603. Autrefois, ces bulletins servaient simplement à
constater les variations du nombre des enterrements d’une semaine à l’autre et à suivre des
épidémies de pestes, et surtout pour alimenter les conversations.
Aujourd’hui, dans tous les pays à travers le monde, le recensement et l’état civil s’avèrent non
seulement les sources les plus couramment utilisées, mais ils occupent une place de première
importance. Ils sont pratiquement les seules sources à pouvoir fournir des statistiques de
population sur une large échelle. Toutefois, il est important de faire remarquer que le volume
et la qualité des données qui relèvent de ces sources dépendent d’un grand nombre de facteurs
dont entre autres le niveau d’organisation et la compétence du personnel commis à la conduite
des travaux dans le cadre de recensement et de l’état civil.
Fondamentalement, le recensement constitue le seul moyen le plus adéquat qui, sur la base
d’observations dans un pays, permet de dresser un bilan de l’effectif de la population et de sa
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Démographie : Albert Phongi
structure à un moment donné sur toute son étendue, et ce jusqu’au niveau des entités de base.
Ce faisant, le recensement aide à déterminer la population ayant subi ou susceptible de subir
les événements du mouvement démographique (GÉRARD, H. et WUNSCH, G., op. cit.). Ces
événements sont notamment les naissances, les décès et les migrations ; mais aussi, la
formation et la rupture des unions à travers lesquelles la natalité est influencée.
Mais dans quel but un pays recourt-t-il à recenser sa population ? Quel que soit le pays,
globalement, les recensements sont conduits pour répondre aux mêmes types d’objectifs :
évaluer les conditions actuelles d’une population ; préparer les programmes de développement
; établir les bases des données pour la prise de décisions ; mesurer les changements ; établir la
base de sondage pour les enquêtes intercensitaires et fournir les données se rapportant aux
petites entités et orienter les recherches.
En ce qui concerne plus spécifiquement la RDC, les préparatifs du deuxième recensement
général de la population et de l’habitat (RGPH)sont en cours ; sa réalisation permettra
d’atteindre les 11 objectifs suivants :
principales caractéristiques. Dans les pays développés, la tendance va même vers la réduction
de cette période.
6. La synchronisation : Selon les recommandations des Nations Unies, les recensements
doivent toujours se dérouler suivant une même période de l’année pour faciliter la
comparaison des données à celles d’autres pays ayant réalisé un recensement à une date
voisine. Par exemple, la série 1990, de la série 2000, de la série 2010, etc.
- Cartographie ;
- Dénombrement ;
- Exploitation et Traitement ;
- Analyse et publication ;
- Diffusion et dissémination.
Toutefois, il semble important de noter que dès 1885, un système d’évaluation se mettait
progressivement en place. Les discours du Gouverneur Général du Congo belge et du
Ruanda-Urundi fournissent des séries chronologiques des données sur la population
congolaise sous la rubrique «population indigène» à partir de 1915. Les mêmes sources
révèlent que les textes législatifs réglementant le recensement administratif et
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Démographie : Albert Phongi
l’enregistrement des faits d’état civil ne concernaient au départ que la population européenne,
puis la population assimilée non congolaise (notamment libériens et zanzibarites vivant au
Congo belge). C’est seulement peu à peu que ces opérations ont été élargies aux autochtones
de la colonie. Depuis ce temps, à travers le Ministère de l’Intérieur, la RDC organise chaque
année un recensement administratif (RA). Quant à la qualité des données fournies, il se pose
un problème majeur que nous ne faisons qu’effleurer au point suivant.
Comme partout ailleurs à travers le monde, les données recueillies lors d’un recensement
servent globalement à l’élaboration et à la formulation d’une politique générale de la
population qui rappelle les trois raisons principales qui incitent l’homme à réaliser le
comptage. Notamment :
Kinshasa 2 511 326 2 513 342 1,00 142 232 272 383 1,92
Bas- 1 774 835 1 867 297 1,05 196 685 182 597 0,93
Congo
Bandund 3 666 608 4 446 659 1,21 16 237 13 388 0,82
u
Équateur 3 401 471 3 849 774 1,13 4 041 2 966 0,73
Orientale 4 132 434 5 012 274 1,21 73 635 2 470 0,03
Nord- 2 257 309 2 030 568 0,90 122 162 340 818 2,79
Kivu
Sud-Kivu 1 966 808 1 914 790 0,97 35 090 57 479 1,64
Maniema 801 002 880 510 1,10 5 494 5 577 1,02
Katanga 3 834 357 4 322 787 1,13 39 662 55 141 1,39
Kasaï 2 401 523 2 729 892 1,14 1 080 549 0,51
Oriental
Kasaï 2 286 129 2 995 056 1,31 1 287 1 431 1,11
occidenta
l
Ensembl 29 033 802 32 562 949 1,12 637 605 934 799 1,45
e
Peu importe les insuffisances qui rongent la conduite du recensement administratif en RDC,
cette opération s’avère d’une grande importance. Avec les difficultés de procéder à un
recensement statistique qui doit se réaliser suivant une fréquence de 10 ans, cette opération est
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Démographie : Albert Phongi
donc utile pour connaître les variations annuelles intercensitaires. Du point de vue
démographique, il constitue un bon moyen de suivi de l’état de la population. Bien conçue
avec l’aide des spécialistes, le recensement administratif est capable de produire des
informations de bonne qualité, servir comme outil de planification sectorielle et, le cas
échéant, fournir des indicateurs démographiques annuels. Bref, cette opération mérite une
amélioration pour l’éloigner le plus possible de son caractère de routine.
En démographie, le mot état civil a deux acceptions selon qu’il désigne la position d’un
individu par rapport à son statut matrimonial ou que l’on parle de l’institution légale autour
d’un système d’enregistrement permanent d’observations permettant de disposer chaque
année des données vitales essentielles dans une population.
Dans le dernier cas, le mot réfère au Droit qui, dans un pays, confère à l’être humain un état
civil qui relève de son état physique. Concrètement, l’état civil fait allusion à un ensemble de
qualités d’ordre biologique, familiale et politique qui détermine la situation juridique d’un
individu dans la société. Dans son usage de tous les jours, l’état civil d’un individu permet à la
fois de l’identifier et d’éviter toute confusion en ce qui le concerne par rapport à d’autres. Par
exemple, une personne habituellement nommée MBALA mais écrit MBALHA donne lieu à
deux individus distincts au lieu d’un seul, même si la prononciation ne l’indique pas. Et ce,
tout simplement à cause du changement d’orthographe ou de toponyme.
La situation d’une personne se prouve par les actes d’état civil. C’est pourquoi il est exigé
qu’ils soient authentiques, rédigés par une personne compétente et préposée à cette tâche et
qui les remplit suivant les procédures exigées par la loi. Pour être authentique, l’acte d’état
civil doit être un écrit officiel, rédigé par un officier de l’état civil. La déclaration des actes se
rapportent à ce que l’on appelle «faits d’état civil» : déclarations des naissances, des décès,
des divorces et des mouvements physiques des personnes à l’intérieur d’une entité politico-
administrative (territoire, commune, etc.) donnée ou à l’extérieur des pays.
Partout ailleurs à travers le monde, les actes d’état civil sont régis par des lois spécifiques.
Pendant la colonisation, la loi de 1933 modifiée par la suite par l’ordonnance no 21/219 du
mai 1958 réglementait l’inscription des faits d’état civil auprès de collectivités locales.
Aujourd’hui, en RDC, cette matière est gérée par le Code de la Famille. Ce dernier définit
dans la section IV la forme des registres et le contenu de l’acte de chaque fait et présente en
même temps leur gestion. La section V du Code regroupe des articles sur les règles
communes à tous les actes d’état civil tandis que la section VI parle de la surveillance, de la
28
Démographie : Albert Phongi
responsabilité et des pénalités. Pour chacun de ces types d’actes particulièrement, les
chapitres VII à XII décrivent les règles propres.
La deuxième acception, comme on vient de le dire, est relative au service qui s’occupe de
l’enregistrement des faits d’état civil. C’est probablement à cause du fait que les déclarations
se rapportent à l’état physique que l’anglais utilise le terme «vital registration». Mais peu
importe le pays, le système de déclaration des faits vitaux à l’état civil se pratique sur les
mêmes règles.
Cette ordonnance régissait encore l’état civil au Congo jusqu’à l’élaboration de la première
version du Code de la Famille en 1987.
Dans certains travaux démographiques, il est courant de recourir à ce que l’on a l’habitude
d’appeler sources non classiques. Dans cette catégorie, il y a les registres paroissiaux et toute
sorte des fichiers de données se rapportant à la population.
2.2.1.Registres paroissiaux
Pour une meilleure administration d’un territoire, il est indispensable de disposer d’une liste
qui comprend toutes les localités habitées suivant la subdivision administrative du pays avec
l’effectif de la population : c’est le fichier des villages. Selon l’usage que l’on peut en faire,
plusieurs autres variables peuvent y être insérées, telles les coordonnées géo-référentielle
(longitude, altitude, latitude, etc., il est possible d’avoir des cartes thématiques lors de
l’exploitation des données.
30
Démographie : Albert Phongi
Certaines études en démographie portent sur des populations spécifiques, par exemple : la
population scolaire, active, etc. Dans chaque établissement scolaire tout comme dans les
sociétés publiques ou privées, des registres des employés servent également à la recherche.
C’est donc bien à propos que certains auteurs parlent de la démographie dérivée. Dans la
plupart de cas, il importe de le souligner, les méthodes auxquelles on recourt pour analyser les
données qui proviennent de tels registres relèvent de la démographie proprement dite.
Il s’agit de types des données non classées dans les deux premières catégories. Parmi les
principales on cite les enquêtes démographiques et sociales ainsi que les monographies.
Dans les pays où manquent des données fiables, la conduite des enquêtes démographiques
s’est imposée comme une des sources importantes. Du point de vue technique, une enquête
démographique se réalise comme un recensement, mais sur un petit groupe appelé
échantillon. Elles ont un niveau de précision variable selon la taille retenue pour recueillir les
informations. Dans ces enquêtes, on recourt à l’enquête par sondage.
Une enquête par sondage, ou plus simplement un sondage, est une enquête effectuée sur une
partie restreinte de la population. Cette fraction de la population constitue l’échantillon et les
méthodes qui permettent de construire cet échantillon s’appellent méthodes
d’échantillonnage. En procédant par sondage, on obtient des informations sur les unités
formant l’échantillon. Ensuite, à l’aide de l’inférence statistique, on va généraliser ces
informations sur toute la population.
31
Démographie : Albert Phongi
Procéder à cette généralisation signifie introduire une certaine erreur. C’est l’erreur
d’échantillonnage. L’importance de cette erreur dépendra de trois aspects :
- La taille de l’échantillon ;
- La façon dont il a été choisi ;
- L’estimateur utilisé.
Plus l’échantillon sera représentatif de la population, plus l’erreur sera petite. Les méthodes
d’échantillonnage servent à constituer des échantillons permettant d’obtenir une erreur
minimale.
Partant de ce qui précède, un sondage est une enquête portant sur une fraction (appelée
généralement échantillon) de la population à laquelle on s’intéresse dans le but d’estimer une
ou plusieurs caractéristiques de cette dernière ou encore sa distribution.Cette enquête ne sera
appelée sondage que si la fraction retenue a été choisie de manière à représenter la population.
D’où la nécessité de définir avec précision ce qui peut être qualifié de représentatif.
3.3.2. Monographies
La monographie est une technique assez courante en sciences sociales. Elle consiste à faire
une description sur une population dans le temps et dans l’espace. C’est donc une étude
approfondie et détaillée sur un thème précis et restreint. Par exemple pour les besoins de
planification économique pour les années 2000, le Ministère du Plan a initié des
monographies provinciales décrivant chacune les mêmes aspects dans plusieurs domaines de
développement économique et social.
32
Démographie : Albert Phongi
Tableau comparatif de différentes sources des données en démographie
Nature des Nombre et caractéristiques des Événements démographiques Nombre et caractéristiques Caractéristiques des
informations individus, quelques (faits d’état civil), à l’exclusion des individus, événements individus, événements
événements des migrations ; (y démographiques,
Caractéristiques des compris migrations) connaissances, attitudes,
événements et des personnes opinions…
qui les connaissent
Principales Exhaustivité, taille de Exhaustivité, causes de décès, Exhaustivité, taille de la Grande richesse des
qualités la population caractéristiques des naissances population, mise à jour données,
régulière, étude de la flexibilité, coût réduit
mobilité,
trajectoires individuelles
Principales Information limitée, Pas de dénominateur, Information relativement Limites liées à la taille
limites qualité de l’information, coût Mauvaise couverture dans les limitée, n’existe que dans d’échantillon
pays en développement une trentaine de pays
33
Démographie : Albert Phongi
Voici un exemple
34
Démographie : Albert Phongi
P= 5+5+1.25+1.25+5+3.75+2.5+3.75=27,5 personnes-années
Approximation :
P=(Pt0+Pt1)/2*n
P=(6+5)/2*5=27,5
Parmi les taux bruts ; on peut calculer le taux brut de natalité, le taux brut de mortalité, le taux
brut d’immigration et le taux brut d’émigration. De ces taux bruts, on peut dériver le taux
d’accroissement naturel ; le taux de migration nette (taux d’accroissement migratoire) et le
taux d’accroissement total (taux de croissance).
Ce taux est défini comme le rapport des naissances vivantes d’une année à la population
moyenne de cette année. Ou plus généralement, c’est le rapport des naissances vivantes d’une
période au nombre correspondant de personnes-années durant la période.
Contrairement au TBM, le taux brut de natalité est peu influencé par la structure de la
population.
TBN ( t ,t
0 1 )=
N( t ,t
0 1)
=
N( t ,t
0 1)
P( t 0 )+ P( t 1) P m
Sur 1 année : 2
Ce taux est défini comme le rapport des décès d’une année à la population moyenne de cette
année. Ou plus généralement, c’est le rapport des décès d’une période au nombre
correspondant de personnes-années durant la période.
Le taux brut de mortalité est très influencé par la structure de la population : une population
composée d’une proportion élevée des individus de 65 ans et plus aura un taux brut de
mortalité très élevée.
TBM ( t ,t
0 1 )=
D( t ,t
0 1)
=
D( t ,t
0 1)
P( t 0 )+ P ( t 1) P m
Sur n année : 2
TBM ( t ,t0 n )=
t ,t )
D( 0 n
P( t )+ P ( t
0 n)
n.
2
Ces sont respectivement définis comme le rapport des immigrations (ou émigrations) d’une
année à la population moyenne de cette année. Ou plus généralement, c’est le rapport des
immigrations (ou émigrations) d’une période au nombre correspondant de personnes-années
durant la période.
I (t t)
TBI = 0, 1
P(t ) + P(t )
0 1
2
37
Démographie : Albert Phongi
Remarque
Pour le taux brut d’immigration, l’exposition ne se réfère pas aux individus qui connaissent
l’événement (immigrants).
Ce taux est défini comme la différence entre le taux brut de natalité et le taux brut de
mortalité. C’est aussi le rapport de l’accroissement naturel d’une période au nombre
correspondant de personnes-années durant la période.
Le taux d’accroissement naturel est positif si le nombre de naissance est supérieur au nombre
de décès. Dans le cas contraire, ce taux est négatif.
TAN=TBN-TBM
N (t ¿ ¿0 , t )− D
tan= n (t 0, n)
¿
P(t ) + P(t )
0 n
Ce taux est défini comme le rapport du solde migratoire d’une année à la population moyenne
de cette année. Ou plus généralement, c’est le rapport du solde migratoire naissances vivantes
d’une période au nombre correspondant de personnes-années durant la période. C’est aussi la
différence entre le taux brut d’immigration et le taux brut d’émigration.
TAM= TBI-TBE
I (t ¿ ¿0 , t )−E
TAM = n (t 0, n)
¿
P(t )+ P(t )
0 n
Ce taux est défini comme le rapport de l’accroissement d’une population durant une année à
la population moyenne de cette année. Ou plus généralement, c’est le rapport de
l’accroissement de la population durant une période au nombre correspondant de personnes-
années durant la période.
TAT=TAN+TAM
TAT =N I (t ¿ ¿0 ,t )−E ¿
n ( t n)
(t ¿ ¿0 , t n )−D( t n)+ 0,
¿
0,
P(t ) +P(t )
0 n
2
P(t ¿¿0)
TAT =P(t )− ¿
n
P(t )+ P(t )
0 n
TA ( t ,t0 1 )=
P(t )−P ( t
1 0)
=
P( t 1 )−P( t 0)
P( t )+ P( t
1 0) P m
2
En valeurs relatives, on a :
En résumé :
P( t 1 )−P ( t 0 )=N ( t ,t 0 1 )−D( t ,t0 1 )+ I ( t ,t0 1 )−E( t ,t 0 1)
P( t 1 )− P( t 0)
=
N( t ,t
0 1)
−
D( t ,t0 1)
+
I( t ,t0 1)
−
E( t ,t0 1)
P m P m P m P m P m
39
Démographie : Albert Phongi
TA ( t ,t0 1 )=TBN ( t ,t
0 1 )−TBM ( t ,t
0 1 )+TBI ( t ,t
0 1 )−TBE ( t ,t
0 1)
TA ( t ,t0 1 )=TAN ( t ,t
0 1 )+TMN ( t ,t
0 1)
ΔP (t ) 1 dP(t ) d ln [ P(t ) ]
r (t )= lim = . =
Δt →0 P(t ). Δt P(t ) dt dt
( P(t
P(0 ) )
T
)
∫ r (t ). dt=ln
0
T
∫ r(t ). dt
r [ 0 , T ]= 0
T
1
= . ln
T
P(t )
P(0 ) ( )
Ainsi donc le taux de croissance en temps continu est donné par la formule :
r [ t , t ]= 1n ln
0 n
( )
P( t
P( t
n)
0)
En définitive, voici les différentes formules utilisées pour calculer le taux de croissance :
TA ( t ,t0 1 )=
P(t )−P ( t
1 0)
=
P( t 1 )−P( t 0)
P( t )+ P( t
1 0) P m
2
r [ t , t ]= 1n ln
0 n
( ) P( t
P( t
n)
0)
Ces deux formules donnent des valeurs très proches, si n est petit (par exemple n<5 ans).
Voici cette dernière formule de l’accroissement annuel relatif moyen. Elle est utilisée pour les
intérêts composés, mais elle est moins utilisée en démographie.
40
Démographie : Albert Phongi
r [ t , t ]=
b 0 n
√
n P(t
P(t
n)
0)
−1
Le taux de croissance mesure la vitesse à laquelle une population croît (ou décroît) :
- Elle permet de comparer des croissances de population entre elles et/ou au cours du
temps ;
- La croissance est relative : c’est le rapport entre l’accroissement absolu et une mesure
de la taille de la population.
C’est une manière d’exprimer un taux de croissance de façon plus intuitive. SI le taux de
croissance est constant, en combien de temps la population doublera-t-elle ? A l’inverse, si le
taux de croissance est négatif, en combien de temps sera-t-elledivisée par deux (réduction de
moitié) ? Toutefois, il faut faire attention puisque le temps de doublement suppose la
constance du taux de croissance.
r 0 n
ln ( 2 ) 0 , 693
(t)
[ t , t ]=1n ln P( t )
P(
n
0)
n= =
r r
Exemple
Lorsque le taux de croissance de 3.5 %, le temps de doublement de la population est de :
ln(2 ) 0 , 693 0 ,693
n= = = =19 ,8 ~=20 ans
r r 0 ,035
Pour P(tn)=0,5P(t0)
On a : 0,5P(t0)=P(t0)*exp(r.n)
0,5=exp(r.n)
Ou encore ln(0,5)=r.n
41
Démographie : Albert Phongi
Et donc :
ln [ 0 ,5 ] −0 , 693
n= =
r r
Exemple :
Un pays imaginaire d’Occident connait des taux de croissance négatifs s’élevant à -0,66%. Si
ces taux sont constants, après combien d’années sa population sera-t-elle divisée par deux ?
ln [ 0 ,5 ] −0 , 693
n= = =105 , 0223≈105 ans
r −0 , 0066
3.2.1. Notion
Le volume de la population mondiale a connu un boom à partir de la fin du 18 ème siècle. Cette
croissance particulièrement rapide est sans doute imputable à la révolution industrielle (fin
18ème et début du 19ème siècle).
42
Démographie : Albert Phongi
Il a fallu des milliers d’années pour que la population mondiale atteigne un milliard
d’humains (vers 1800) et 200 ans seulement pour voir ce chiffre être multiplié par six. À côté
de la révolution industrielle, l’un des facteurs importants de la croissance de la population est
sans doute la transition démographique. Grâce aux progrès sanitaires et technologiques, on
assiste d’abord à un recul de la mortalité, puis de la natalité dans un second temps. Ce double
recul de la mortalité et de la natalité est le phénomène à la base de la croissance
démographique rapide qu’on observe depuis quelques décennies. Il est communément appelé
transition démographique.
La transition démographique est définie comme le passage d’un régime de forte mortalité et
de forte natalité à un régime de faible mortalité et faible natalité.
Etape 1 :
Les taux de mortalité et de natalité sont tous les deux élevés, et la croissance démographique
est faible sinon nulle. A ce stade, la mortalité des enfants est très élevée et la structure par âge
de la population très jeune.
Etape 2 :
44
Démographie : Albert Phongi
La mortalité amorce son déclin, mais comme le taux de natalité reste élevé, il en résulte une
accélération de la croissance démographique ; croissance qui dépend notamment du décalage
entre l’amorce du déclin de la mortalité et celui de la natalité.
Etape 3 :
Au fur et à mesure du développement du pays (amélioration du niveau de vie, du niveau
d’instruction, etc.), une maîtrise de la fécondité s’installe entraînant une diminution du taux
brut denatalité. Cette étape s’accompagne d’une diminution du taux d’accroissement naturel
de la population.
Etape 4 :
Les taux bruts de mortalité et de natalité se stabilisent à un niveau faible et le taux de
d’accroissement naturel est faible, voire nul ou même négatif dans certaines populations
d’Europe occidentale.
Sans entrer dans les détails, la mortalité du passé était essentiellement d’origine infectieuse et
chaque épidémie (de variole, de choléra, et peste… pour la population en général ; de
rougeole, diphtérie, coqueluche… pour les plus jeunes) se traduisait par des sursauts de
mortalité qu’une natalité élevée suffisait tout juste à compenser.
Avant Pasteur (on parle de révolution pastorienne), dont les découvertes sur les mécanismes
de l’infection – qu’il expose à l’Académie des sciences en 1878 – ont véritablement
révolutionné l’art de guérir, le progrès médical n’a sans doute pas joué de rôle décisif dans
l’allongement de la durée de vie des populations. C’est grâce à l’amélioration de leur
organisation politique et administrative que les pays européens ont endigué les grandes
épidémies, par des mesures d’éloignement des personnes non atteintes, d’isolement des
malades, de désinfection des lieux habités par les personnes infectées2, etc.
L’industrialisation des moyens de production au 19ème siècle et l’urbanisation rapide qui l’a
accompagnée ont rendu nécessaire l’assainissement des villes (égouts vers la moitié du 19 ème
siècle, puis installation des systèmes de distribution d’eau potable, développement de
l’hygiène publique et privée). Mais les progrès techniques ont également contribué à
améliorer l’agriculture, la conservation, le transport et la commercialisation des denrées
alimentaires, rendant la population plus résistante face à l’agression infectieuse, en raison
d’une amélioration générale de son alimentation. Bref, l’évolution est lente mais décisive : on
2 Tout récemment, le cas de l’Epidémie d’Ebola est très éloquent pour expliquer cette démarche de santé
publique.
45
Démographie : Albert Phongi
assiste à une diminution de l’étendue des épidémies, une disparition progressive des famines
et des disettes, et plus généralement à une élévation du niveau de vie des populations
Il s’agit pour l’essentiel d’une prévention de plus en plus efficace au fur et à mesure qu’elle se
diffuse dans la population. Les moyens curatifs seront mis au point plus tard : les sulfamides
vers les années 1935 et les antibiotiques (au lendemain de la seconde guerre mondiale) vont
compléter la panoplie des moyens de lutte contre les maladies infectieuses et accompagner le
mouvement long d’augmentation de l’espérance de vie qui a démarré vers 1750 en Europe.
C’est donc une conjonction des facteurs favorables qu’il faut attribuer ce changement radical
du paysage sanitaire qui s’est d’abord diffusé dans l’ensemble des pays industrialisés pour
ensuite, avec un décalage temporel important, atteindre les pays moins développés, comme en
témoignent les grandes disparités d’espérance de vie observés aujourd’hui entre les grandes
régions du monde.
Pays extrêmes
Swaziland 33 34
Japon 79 86
RD Congo 44 46
La modernisation des sociétés européennes a aussi conduit à une maîtrise presque totale de la
fécondité. La survie aux jeunes âges s’améliore et il n’est plus nécessaire de produire un
grand nombre d’enfants pour en avoir au moins un qui arrive à l’âge adulte. Le
renouvellement des générations – et la survie de l’espèce en général – peut être assuré avec un
nombre plus réduit d’enfants. Mais la décision de faire des enfants ne relève pas directement
d’instances collectives ; elle se prend pour l’essentiel au niveau des couples, voire des
ménages plus étendus. Divers facteurs interviennent : leur manière de percevoir la famille et
la procréation, la valeur accordée à l’enfant en tant que tel ou à leur nombre, le coût
d’opportunité de l’enfant ou d’un enfant additionnel, le mode de production dans lequel
s’inscrit le ménage, le mode de prise en charge des jeunes enfants, etc. On peut donc imaginer
les situations où les couples continuent à faire autant d’enfants malgré la baisse de la mortalité
ou, au contraire, restreignent leur fécondité pour d’autres raisons que la baisse de la mortalité.
Ces différences de comportement sont à l’origine des défis démographiques auxquels les
populations d’aujourd’hui sont confrontées : croissance très (ou trop) rapide ou vieillissement
accéléré.
La baisse de la fécondité n’est pas intervenue au même moment partout. Précoce en France
(milieu du 18ème siècle), le point de départ de ce mouvement s’étale des années 1870 aux
années 1920 dans les pays d’Europe occidentale. Il est un peu plus tardif dans les pays de
l’Est de l’Europe, davantage tardif dans les pays sous-développés. Pour expliquer cet
important tournant de l’histoire de l’humanité, différentes théories ont été développées :
- D’un point de vue économique, le changement des structures de production conduit
au déclin de la famille comme unité de production, au développement de systèmes
impersonnels d’affectation des emplois, à la participation de l’activité économique
hors du foyer, toutes choses qui tendent à diminuer les avantages économiques de la
famille nombreuse et à accroitre les besoins de mobilité, plus faciles à satisfaire avec
une famille réduite. L’enfant, de moins en moins intégrable à une activité productive
familiale, devient de plus en plus une charge er représente un coût.
- Mais les transformations culturelles, en grande partie induites par les changements
économiques, agissent encore plus sûrement. La littérature abonde sur l’influence de
l’instruction et de l’émancipation des femmes, qu’il s’agisse d’expliquer les
différences observées aujourd’hui dans les pays en développement ou l’évolution de la
fécondité européenne du 19ème et début du 20ème siècle.
- La sécularisation de la société, autrement dit l’affranchissement des individus par
rapport aux autorités religieuses et aux impératifs moraux que ces dernières
imposaient, est au niveau régional associée à la diffusion de méthodes contraceptives.
3 L’indice synthétique de fécondité – ISF s’énonce en termes de nombre moyen d’enfants par femme en
considérant uniquement les femmes en âge de procréer. Cette période reproductive va de 15 à 49 ans. C’est en
quelque sorte une descendance moyenne du « moment ».
47
Démographie : Albert Phongi
Monde 21 2,7
Afrique 38 5,0
Asie 19 2,4
Amérique 19 2,3
Europe 11 1,5
Océanie 18 2,1
Pays extrêmes
Russie 10 0,9
Niger 56 7,1
RD Congo 50 6,7
Pays extrêmes
Niger 56 22 34
Russie 10 15 -5
RD Congo 50 19 31
4.1. Mortalité
La mortalité est un événement non renouvelable. La question majeure qui se pose est de
savoir comment mesurer la mortalité d’une population alors que pour tout individu né vivant,
le risque de mourir un jour atteint 100% ? C’est la notion de durée qui va permettre de
comparer les différences de mortalité entre population : plus la durée de vie moyenne est
élevée ou encore plus la mortalité survient tardivement en moyenne dans une population, plus
faible sera le niveau de mortalité de cette population. A l’autre extrême, le niveau de mortalité
d’une population est d’autant plus élevé qu’on y enregistre une forte proportion de décès
survenant tôt dans la vie.
Pour mesurer la mortalité d’une population, on recourt souvent au taux brut de mortalité, au
quotient de mortalité (risque ou probabilité de de mourir), au taux de mortalité par âge, aux
durées de vie moyenne ou espérance de vie à la naissance ou à tout âge. Le reste de la
démarche d’apprentissage consiste à analyser les procédures de calcul de différents
indicateurs de mesure de la mortalité.
Le risque de mortalité ne varie pas seulement selon l’âge, il varie aussi selon le sexe. À tout
âge, le risque de mourir est plus élevé pour les hommes amenant une espérance de vie plus
courte pour les hommes que les femmes. Les différences de mortalité reflètent aussi les
inégalités sociales à l’intérieur d’une population ou les inégalités de développement
économique et social des populations.
Bien que simple à calculer, le taux brut de mortalité n’est pas une mesure valide du niveau de
mortalité d’une population parce que cet indicateur ne tient pas compte de l’âge ; qu’il
s’agisse de l’âge au décès ou de la composition par âge de la population qui produit ces décès.
Une bonne mesure de la mortalité doit prendre en compte l’âge puisque la mortalité varie en
fonction de l’âge. C’est autant dire que le taux brut de mortalité est un indicateur biaisé de la
mortalité puisqu’il est largement influencé par la structure de la population.
Pour rappel, la formule à utiliser pour calculer le TBM est :
50
Démographie : Albert Phongi
TBM ( t ,t
0 1 )=
D( t ,t
0 1)
=
D( t ,t
0 1)
P( t 0 )+ P ( t 1) P m
Sur n année : 2
TBM ( t ,t0 n )=
t ,t )
D( 0 n
P( t )+ P ( t
0 n)
n.
2
Belgique Taiwan
Mais on a aussi enregistré la mortalité par âges dans les deux pays ; on a les courbes (en
échelle logarithmique) ci-dessous :
Taux de mortalité par âge, Taiwan et Belgique, 2005
51
Démographie : Albert Phongi
À partir de ces deux courbes, on constate que la mortalité est plus faible en Belgique ; et ce,
pratiquement à tous les âges.
Le taux brut de mortalité est une moyenne pondérée des taux de mortalité par âge. En fait, les
pondérations sont les proportions de population à chaque âge.
∑
ω
D .P x ω
∑ mx . P x
x
TBM =
D
=
x=1
P x
= x=1
ω
=∑ m .C
ω ω x x
P x =1
∑P x ∑ Px
x=1 x=1
La question qui se pose ici est celle de savoir quel standard faut-il choisir lorsqu’on doit
comparer deux populations ? Il y a deux possibilités :
Dans le second cas, la structure de la population standard d’âge « i » sera calculée par la
formule :
C +C
A B
C=
s i i
i 2
Quand on compare plus de deux populations (A et B), choisir une structure par âge proche de
la moyenne des structures par âge des populations. Mais il y a aussi la possibilité de
déterminer une structure avec une analyse en composantes principales.
Exercice
Standardisation directe : comparer le du TBM de la Belgique et celui de la RDC.
Le risque de mourir varie très fort selon l’âge : particulièrement élevé chez les nouveau-nés, il
diminue rapidement au cours de la petite enfance pour atteindre un minimum vers l’âge de 10
ans. Le vieillissement biologique prend alors le relais, et la mortalité augmente régulièrement
53
Démographie : Albert Phongi
avec l’âge. Cette forme particulière de la série des taux de mortalité par âge est, pour
l’essentiel, d’origine biologique.
Encadré : Vie humaine plutôt fragile en fonction de l’âge
En début de vie, le petit d’homme est fragile et totalement incapable d’assurer seule
sa survie ; il est d’autant plus fragile qu’il est né avant terme ou qu’il souffre de
malformations congénitales. Ces fragilités se traduisent en une mortalité
relativement élevée qui, dans les régimes de faible mortalité, se concentrent dans les
premiers jours qui suivent la naissance.
Une fois ce cap franchi, la plupart des enfants survivent et seuls des accidents ou
des maladies rares en emportent quelques-uns. L’augmentation régulière de la
mortalité à partir de 10 ans est liée à un processus de vieillissement biologique. Une
exception cependant à ce phénomène. L’augmentation particulière et surtout
masculine de la mortalité entre 15 et 35 ans environ est due à des causes violentes :
accidents, accidents de la route, suicides, voire homicides… révélant une dimension
sociale ou comportementale de la mortalité.
Il est de tradition de toujours opérer une distinction entre hommes et femmes dans le
calcul de la mortalité par âge, en raison des différences de mortalité observées
systématiquement et à tout âge entre hommes et femmes, qui sont en partie d’origine
génétique. On notera que malgré les précautions prises par les auteurs de calculer les
probabilités de mourir à chaque âge sur une période de trois années consécutive, les
courbes présentent encore des variations importantes d’un âge à l’autre pour les âges
de faible mortalité (adolescence – jeune adulte). Il faut voir l’effet de petits nombres
dans le calcul de ces mesures.
Le calcul d’un taux de mortalité par âge est analogue à celui du taux brut, sauf qu’il se calcule
en référence à un âge précis : en rapportant le nombre total de décès survenus à l’âge x au
cours d’une année à la population moyenne âgée de x années, on calcule un taux de mortalité
par âge (x).
TMx ( t )=
Dx ( t ,t
0 1)
Px ( t 0 )+ Px ( t 1)
2
- Les taux de mortalité par âge sont généralement calculés par années d’âge, mais on
peut aussi les calculer par catégorie d’âge successifs (0 an, 1-4 ans, 5-9 ans, etc.), le
plus souvent des classes de 5 années successives, à l’exception de la classe de 0-4 ans
54
Démographie : Albert Phongi
dans laquelle on distingue la mortalité des moins d’un an(ou mortalité infantile) de la
mortalité des 1-4 ans révolus (mortalité juvénile).
- Les taux de mortalité par âge sont généralement calculés en référence à une année
d’observation. On peut aussi les calculer sur une période de durée supérieure (5 années
successives) ou inférieure (1 mois), mais dans ce cas, il faut ajuster le dénominateur en
conséquence pour ramener le taux à sa dimension annuelle habituellement utilisée
comme base de comparaison.
C’est le quotient qui introduit la notion de probabilité : il s’agit – dans le cas de la mortalité –
pour un individu ayant un âge donné, de la probabilité de mourir avant d’atteindre l’âge
suivant. Le quotient de mortalité rapporte les décès, non pas à la population moyenne en cours
de période, mais à la population soumise au risque de décès en début de période concernée.
On adopte ici une perspective longitudinale de la mortalité, puisque le quotient de mortalité
rapporte les décès à la seule génération (groupe de générations) qui les a produits.
Les quotients de mortalité se calculent selon la formule suivante :
D
q =1 x
S
1 x
x
Où 1Dx désigne les décès observés entre l’âge X et X+1 et Sx les survivants à l’âge x.
Exemple
X Sx Dx 1qx
0,0101562
0 2560 26 5
1 2534 12 0,0047356
0,0071371
2 2522 18 9
0,0047923
3 2504 12 3
Pour calculer l’espérance de vie, le point de départ est la série des quotients de mortalité par
âge. Et pour les obtenir, deux informations sont nécessaires : le nombre de naissance (qui à
55
Démographie : Albert Phongi
l’origine déterminent cette génération) et le nombre de décès qui, d’un anniversaire (âge
exact) à l’autre, vont progressivement éroder cette génération.
Exemple : décès observés dans la génération féminine française de 1880 (pour simplifier les
calculs, cette génération compte 100000 personnes à l’origine.
0 16012
1 4188
2 2144
3 1271
4 961
99 189
104 3
TOTAL 100000
A partir de ces informations, il est possible en partant de l’origine de calculer les survivants S x
à chaque âge exact et donc de calculer les quotients de mortalité d’un âge au suivant :
S0=100000
S1=S0 – D(0,1)=100000 – 16012 =83988
S2= S1 – D(1,2)=83988 – 4188 =79800
S3= S2 – D(2,3)=79800 – 2144 =77656
S4= S3 – D(3,4)=77656 – 1271 =76385
etc.
Une fois cette table complétée, on peut calculer n’importe quelle probabilité ou quotient de
décès (ou de survie).
La survie à 20 ans est tout simplement le rapport S20/S0.
Et de façon complémentaire, la probabilité de mourir avant 20 ans est égale : D(0,20)/S0.
En fait, ces formules sont étroitement reliées : S20/S0=1 – D(0,20)/S0.
56
Démographie : Albert Phongi
Le calcul des années vécues par les décès de la table s’obtient en faisant l’hypothèse que els
décès surviennent en moyenne au milieu de l’intervalle de temps défini par les groupes d’âges
successifs ; ainsi :
- les 16012 décès survenus à 0 an révolu ont vécu en moyenne 0,5 année entre 0 et 1 an
exact. Le nombre d’années vécues par ces décédés est égal à : 16012 x 0,5=8006
années.
- Les 4188 décès survenus à 1 an révolu ont vécu en moyenne 1,5 année entre 1 et 2 ans
exacts. Le nombre d’années vécues par ces décédés est de : 4188 x 1,5=6282 années.
- Les 902 décès survenus à 59 ans révolus ont vécu en moyenne 59,5 années entre 59 et
60 ans. Le nombre d’années vécues par ces décédés est de : 902 x 59,5=53669 années.
- Et ainsi de suite jusqu’aux décès survenus aux âges les plus avancés.
Ces années vécues sont ensuite additionnées et divisées par l’effectif initial de la table, c’est-
à-dire l’effectif de la génération à 0 an exact. Le résultat de ce calcul qui n’est rien d’autre
qu’un âge moyen pondéré par le nombre de décès à chaque âgeest l’espérance de vie à la
naissance de la génération de 1880 (pour notre exercice d’application).
Mais on peut simplifier le calcul par la formule suivante :
0 , 5 D(0 ,1) +1 , 5 D(1 ,2) +2 , 5 D(2 ,3 )+3 ,5 D (3 , 4 )+…+109 ,5 D
e 0= (109,110)
S0
S0
Il suffit d’additionner 0,5 an à la somme des effectifs aux âges exacts successifs (à partir de 1
an jusqu’à l’âge le plus élevé) et de diviser cette somme par l’effectif de la génération à l’âge
0, pour obtenir la durée moyenne de vie de cette génération.
On peut aussi calculer une durée moyenne de vie à d’autres âges. Si on souhaite par exemple
calculer la durée moyenne de vie des générations après 85 ans pour évaluer les progrès
réalisés dans la survie aux grands âges, il suffit d’additionner les années vécues à partir de 85
57
Démographie : Albert Phongi
ans et de diviser cette somme par l’effectif des personnes de 85 ans exacts dans la table de
mortalité.
S 86+ S 87 +S 88+ …+ S110
e 85=0 , 5+
S 85
Ou encore on peut aussi calculer le nombre moyen d’années vécues entre 45 ans et 60 ans.
e45-60=e45-e60
L’espérance de vie est un indicateur transversal valide et comparable dont le calcul dépend de
la disponibilité des données de bonne qualité. En principe, l’enregistrement systématique des
décès avec les caractéristiques habituelles de sexe, âge et autres éléments d’identification du
décédé est assuré par l’état civil… dans les pays qui disposent d’un tel système. Pour pallier à
cette insuffisance, des recensements sont organisés à des intervalles réguliers dans plusieurs
pays du monde. Cela signifie que, pour autant que les âges soient déclarés correctement, le
dénominateur des taux et quotients de mortalité par âge ou groupes d’âges est disponible, au
moins à la date du recensement. La RDC ne dispose pas d’un service fiable d’état civil et
n’est pas en ordre avec l’exigence des recensements à des intervalles de temps réguliers.
Ainsi donc, dans les pays n’ayant pas une bonne couverture de l’état civil et ayant des
données statistiques déficientes, comme la RDC, la mortalité au-delà de 5 ans fait l’objet
d’estimations : les démographes ont mis au point une batterie de techniques indirectes
d’estimation de la mortalité. Les pays à mortalité élevé et ceux dont le SIDA fait des ravages
sont aussi ceux dont on connait moins bien le niveau de mortalité.
Indicateur comparatif par excellence, l’espérance de vie permet de retracer l’évolution globale
de la mortalité d’une population, puisque la prise en compte de l’âge dans cette mesure la rend
indépendante de la structure par âge de la population. Mesurée au niveau des régions ou des
pays, c’est aussi un indicateur d’inégalités spatiales de mortalité.
4.2. Fécondité
Même si on admet que la fécondité est une affaire de couple, le démographe a pris l’habitude
de la mesurer en référence aux femmes. Cette attitude se justifie par plusieurs raisons :
- Biologiques : ni l’homme ni la femme ne sont capables de se reproduire à tout âge. La
période de fertilité débute (chez l’homme et la femme) à la puberté et se termine à la
ménopause chez la femme ; on n’a pas de signes tangibles (comme le début et la fin des règles
chez la femme) pour déterminer l’âge de début et de fin de fertilité chez l’homme. Par
convention, on considère que la période de fertilité chez la femme s’étend de 15 à 49 ans
révolus. Cette fertilité n’est pas constante durant cette période et varie d’une femme à une
autre.
- statistiques : dans les pays développés, les statistiques d’état civil rapportent toujours
l’enfant à sa mère, mais les informations sur le père peuvent être récoltées si les parents sont
mariés. Dans les pays à statistiques déficientes, les enquêtes sur la fécondité sont faites auprès
des femmes de façon rétrospective.
- Par commodité : on peut relier l’enfant à sa mère biologique avec davantage de certitude
qu’à son père biologique. Actuellement, un intérêt se développe pour l’étude de la fécondité
masculine, notamment concernant les conséquences d’une fécondité tardive sur la santé des
enfants, comme cela est démontré pour les femmes.
Partant de ces trois principales raisons, on analyse toujours la fécondité en rapportant les
enfants à leurs mères biologique, c’est-à-dire en se référant aux femmes. Voici les mesures
utilisées pour analyser la fécondité.
4.2.2. Taux brut, taux global de fécondité générale et taux par âge
Comme le taux brut de mortalité, le taux brut de natalité sert essentiellement au calcul du taux
d’accroissement naturel de la population.
Pour s’affranchir de la structure par âge et sexe, on peut tout simplifier par le dénominateur du
taux brut de la natalité par le nombre moyen de femmes en âge de procréer, soit les femmes
âgées de 15 à 49 ans révolus. Cette mesure s’appelle taux global de fécondité générale et se
calcule comme suit :
N(t 0 ,t 1)
TGF G=
f 15−49(t 0 )+ f 15−49(t 1)
2
La maîtrise de la structure selon l’état matrimonial peut se faire en distinguant les naissances
légitimes (couples mariés) des autres et en isolant les femmes mariées de celles qui ne le sont
pas :
Remarque
Les taux de natalité et de fécondité s’intéressent aux seuls naissances vivantes, mais la
natalité renvoie à la population toute entière tandis que la fécondité se réfère soit aux
femmes, soit aux hommes en âge d’avoir des enfants.
Le calcul d’un taux de fécondité par âge est en tout point identique à celui du taux brut, sauf
qu’il se calcule en référence à un âge précis : on rapporte les nombre total de naissances
vivantes de femmes d’âges x au cours d’une période à la population moyenne des femmes
âgées de x années durant cette période. On calcule un taux de fécondité par âge (x) comme
suit :
61
Démographie : Albert Phongi
Nx(t 0 , t 1)
Fx(t 0 , t 1)=
fx(t 0) + fx(t 1)
2
Où Nx est le nombre de naissances vivantes de femmes d’âge x au cours de la période t 0 et tn
et fx(t0) et fx(tn) désignent les effectifs de la population féminine âgée de x ans en début et en
fin de période.
Le taux de fécondité sont généralement calculés par année d’âge, mais on peut aussi les
calculer par catégorie quinquennales d’âges (15-19 ans, 20-24 ans, 25-29 ans, etc)
Les taux par âge sont généralement calculés en référence à une année d’observation. On peut
aussi les calculer sur une période de durée plus courte ou plus longue (supérieure à un an
comme 5 ans), mais il faut alors ajuster le dénominateur en conséquent pour ramener le taux à
sa dimension annuelle habituellement utilisée comme base de la comparaison.
La série des taux de fécondité par âge constitue le calendrier de la fécondité. Ces séries de
taux par âge ou par groupes d’âges calculés en référence à une année offre une vue
transversale du profil de fécondité par âge de cette année-là. Elle concerne 35 générations
puisqu’au cours d’une année, ce sont sauf exception les femmes de 15 à 49 ans révolus qui
mettent au monde un enfant.
Exemple : calcul des taux de fécondité par groupes d’âges, RDC 2007
TBN 40,4 pour mille 46,8 pour mille 44,1 pour mille
62
Démographie : Albert Phongi
0.3
0.25
0.2
0.15
0.1
0.05
0
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
En principe, il faut attendre qu’une génération ait atteint l’âge de 50 ans pour en mesurer la
fécondité, fécondité qu’elle a initié quelques 35 années auparavant.
Plutôt que de comparer des séries de taux de fécondité d’une génération à l’autre, on peut
préférer recourir à des mesures synthétiques ou résumées de la série des taux par âge. La
fécondité étant un événement renouvelable, on peut en comparer l’intensité d’une génération à
l’autre : c’est la descendance finale (D50) d’une génération.
La descendance finale ou nombre moyen d’enfants par femme de cette génération s’obtient
en sommant les taux par âge observés de 15 à 50 dans cette génération.
Nx
D50=∑ [ F x ] =∑ x
fx
L’âge moyen à la maternité dans cette génération est une mesure du calendrier de la
fécondité.
L’âge moyen à la maternité dans cette génération s’obtient en multipliant d’abord chaque
taux par l’âge correspondant. La somme des taux pondérés par l’âge est ensuite divisée par la
somme des taux par âge.
Age moyen=
∑ x . Fx
∑ Fx
Où x est l’âge moyen de l’intervalle d’âge sur lequel le taux est calculé.
Mais quel âge faut-il considérer dans la pondération des taux ? Dans le cas des taux à l’âge
atteint en cours de l’année ou taux perspectifs calculés par année d’âge (soit 35 taux), x sera
l’âge exact atteint en cours d’année. Si on prend l’âge exact de 20 ans d’une génération, l’âge
à prendre en compte pour pondérer est 20 ans.
Si les taux sont calculés par groupe d’âges (15-19 ans exacts, 20-24 exacts… en cours de
l’année, soit 7 taux), l’âge au centre de chaque groupe d’âge sera l’âge exact au centre de
l’intervalle d’âge. Si on prend le groupe de 20-24 ans, l’âge à considérer pour pondérer est 22
ans.
On peut se demander si une génération a été remplacée – par les enfants qu’elle a mis au
monde. Le raisonnement à faire (et les indicateurs qui en découlent) se centre sur le
remplacement des femmes par les filles ; mais comme les femmes mettent au monde des filles
et des garçons, le remplacement des femmes inclut celui des hommes. Voici le raisonnement :
- En théorie, une génération est remplacée quand chaque femme met au monde une fille
(arrivant à l’âge adulte) au moins ;
- Il nait des filles et des garçons, mais pas en proportions égales : il nait environ 105
garçons pour 100 filles, la part des filles dans le total est donc de 0,488 (celle des
garçons est de 0,512). C’est le rapport de masculinité ;
Si une génération atteint 2,6 enfants par femme, le taux brut de reproduction de la génération
féminine serait de :
TBR=2,6 x 0,488 = 1,27 filles
Mais toutes les filles n’arriveront pas à l’âge d’avoir des enfants. Il faut multiplier le TBR par
la probabilité de survie de filles de leur naissance à l’âge où elles auront leurs enfants (âge
moyen à la maternité) on obtient le taux net de la reproduction :
TNR=2,6 x 0,488 x 0,985= 1,25 filles
64
Démographie : Albert Phongi
Ici la probabilité de survie à 26 ans (âge moyen à la maternité) est de 0,985 pour les filles.
Une telle génération peut donc être remplacée, mais ce n’est aps le cas des générations plus
récentes (en Occident) dont la descendance finale est inférieure à 2,1 enfants (garçons + filles)
par femme. Cette descendance est fréquemment utilisée par le média comme le point pivot à
partir duquel une population amorcerait sa décroissance. Dans des situations de faible
mortalité, comme en Europe occidentale où la survie des filles à l’âge moyen de la maternité
est de l’ordre de 0,98, une descendance de 2,1 enfants par femme correspond à un TNR de 1 :
chaque femme est alors exactement remplacée par une fille.
Suivre une génération pendant 35 ans pour évaluer sa descendance et mesurer ses
comportements d’espacement et de nombre de naissances revient à s’intéresser au passé. Tout
suivi fait alors abstraction des perturbations occasionnées par les migrations ou par la
mortalité qui pourraient affecter positivement ou négativement la fécondité.
Pour suivre de plus près la conjoncture démographique, le calcul d’indices de fécondité dits
« du moment » s’imposent. L’analyse transversale de la fécondité (en référence à une année
d’observation) repose sur le recours à l’artifice de la cohorte fictive. Il s’agit le plus souvent
de taux par âges révolus calculés une année donnée sur les 35 âges concernés par la fécondité.
La comparaison des séries de taux par âge permet de retracer l’influence des changements
conjoncturels sur l’intensité et le calendrier de la fécondité des quelques 35 générations de
femmes prises en « instantané » une année donnée dans leur parcours de fécondité.
L’indice conjoncturel (ou synthétique) de fécondité ISF s’énonce en termes de nombre
moyen d’enfants par femme et s’obtient en sommant les taux de fécondité par année d’âges
observés auprès de femmes âgées de 15 à 50 ans une année donnée.
Attention, si ces taux sont établis par groupes d’âges quinquennaux, il faut multiplier la
somme des taux par 5 pour obtenir la descendance finale, dans ce cas en effet, chaque taux est
en quelque sorte une moyenne de 5 taux par années d’âge du groupe d’âges.
familiales peut encourager les naissances… Si ces décisions concernent une proportion
significative des couples, l’ISF peut s’en ressentir et, soit sous-estimer, soit surestimer la
descendance finale des couples.
Région ISF
Monde 2,7
Afrique 5,0
Asie 2,4
Amérique 2,3
Europe 1,5
Océanie 2,1
Pays extrêmes
Russie 0,9
Niger 7,1
RD Congo 6,7
Si un ISF de 2,1 est la valeur pivot pour le renouvellement d’une population, la valeur de cet
indice monte pour l’Europe bien que cette partie du monde a un niveau de fécondité bas avec
des variations entre pays : les pays d’Europe du Nord ont les ISF les plus élevés, tandis que
les pays d’Europe méridionale et orientale ont les ISF les plus faibles, mais la plupart des pays
européens ont des ISF se situant en dessous de 2,1 enfants par femme. C’est en Afrique que la
fécondité est la plus élevée, quoique plus basse qu’il y a dix ans : les populations africaines
ont amorcé leur transition de la fécondité.
4.3. Migrations
4.3.1. Définition
résidence. Toute migration transfère un individu du lieu d’origine au lieu de destination. Dans
le cas pratique, il peut s’agir du passage d’un pays dans un autre pays ou d’une entité
géographique avec des limites clairement définies vers une autre dont les limites sont
également clairement définies.
• Le peuplement de la planète est le fait des migrations.
• Aujourd’hui, les migrations ne parviennent pas à enrayer le vieillissement des
populations.
• A l’agenda politique : les enjeux économiques, sociaux, éthiques des migrations –
surtout des migrations Sud-Nord et Est-Ouest.
Dans l’étude de migration, il existe deux populations avec deux champs d’observation
différents ; selon que l’on observe le mouvement au point de départ, le mouvement au point
de départ, le déplacement est qualifié d’émigration. Par rapport au point de destination, il sera
qualifié d’immigration.
A tout moment, l’émigration entraîne une diminution dans le pays de départ, alors que dans le
pays de destination l’immigration constitue un facteur d’augmentation. Pouvant être vécue
plusieurs fois par un même individu au cours de la vie, la migration constitue un événement
renouvelable. D’où le nombre de migrations peuvent être du nombre de migrants.
Pour le cas spécifique des statistiques d’entrées et de sorties telles qu’élaborées par la
Direction Générale de Migration en RDC, ces concepts ne sont pas à confondre avec le
concept de migration considéré sous l’aspect démographique. Pour bien distinguer ces
concepts, il faut considérer non seulement le fait de traverser les frontières, mais aussi le
changement de résidence dans le temps. Or, il s’avère que différentes catégories de personnes
entrant ou sortant ne peuvent être considérées ni immigrants ni émigrants.
On distingue les migrations internes et internationales :
• La définition du migrant international : certains pays comptent les demandeurs d’asile
ou les étudiants ; d’autres pays ne les comptent pas.
• La durée de séjour minimale : va de quelques jours seulement en Allemagne et en
Espagne à un an au Royaume-Uni et en Suède.
• Enfin, les sources d’information :
• registres de population dans beaucoup de pays,
• enquête aux frontières au Royaume-Uni,
• fichiers administratifs de visites médicales ou de titres de séjour en France.
67
Démographie : Albert Phongi
Les 2/3 des migrants internationaux résident dans les « pays développés ». 75% des migrants
internationaux résident dans 12% des pays de la planète.
Selon le Rapport de la Division de Population (World migrations data 2013), Les émigrants
congolais installés dans les pays africains se retrouvent plus au Congo-Brazza (266.319) ;
Ouganda (169.074) ; au Rwanda (175.738) ; au Burundi (148.852) ; en Tanzanie (62.070),
suivie de l’Angola (35.345) ; de l’Afrique du Sud (23.404) ; de la Zambie (22.670)...On voit
bien l’influence de la proximité géographique.
En dehors de l’Afrique, les émigrants congolais se retrouvent plus en France (62.172), suivie
du Royaume-Uni (24.575), de la Belgique (20.072)… Ces effectifs ne tiennent pas comptent
des Congolais qui ont adopté la nationalité de leur pays de résidence.
Selon le même rapport, les immigrants identifiés en RDC proviennent plus de l’Angola
(145.561) ; du Rwanda (127.677) ; du Burundi (23.485)…
68
Démographie : Albert Phongi
1. Les registres de population (dans les pays développés) ou les observatoires de population
(dans les pays sous-développés) :
Mesure directe et continue des migrations ;
Les changements de résidence sont déclarés à la commune de départ et/ou
d’arrivée ;
Même les changements à l’intérieur de lacommune sont enregistrés ;
La migration peut être analysée en fonction de toutes les autres infos du
registre ou du fichier de l’observatoire.
En vue desanalyses transversale et longitudinale
– Le registre n’est pas organisé partout et n’est réellement efficace que lorsqu’il
est centralisé et informatisé ;
– Ils ne s’intéressent qu’à la population légale ;
– Ils sous-estiment les émigrations internationales.
En outre, l’importance accordée à la confidentialité des données en rend l’accès difficile.
Les motivations à changer de résidence varient suivant les époques et suivant les sociétés.
Parmi celles-ci, on note :
- Recherche des terres de culture et désirs de conquêtes : pillages et invasions.
- Déportations et transferts de populations, repeuplement des parties d’un territoire.
- Désir d’échapper à la circonscription (exemple : Hutus rwandais en RDC), à la disette ou à
la faim (exemple : Somalie), à une maladie, aux tracasseries administratives.
- Volonté de s’émanciper d’une tutelle (anonymat urbain).
- Mécontentement politique ou religieuse, persécution, inquisition en Europe.
- Facteurs économiques : mieux-être social et économique (meilleures conditions salariales et
de travail là où cela peut être possible).
72
Démographie : Albert Phongi
De 1950 à 1995 la population d’Asie a plus que doublé. Même si sa croissance ralentit la
taille des effectifs amène inévitablement à une augmentation encore importante. L’Afrique a
démarré plus tard sa transition de fécondité : sa croissance reste encore assez élevée. Le
continent latino-américain est dans une phase de croissance ralentie ; alors que l’Europe est
en décroissance.
Suivant l’importance numérique de la population, si on compare les deux ‘géants’ d’Asie
(Chine et Inde 1950-2050), La Chine devrait perdre son avantage numérique sur l’Inde à
l’horizon 2050. En 2007, on a relevé ce qui suit :
Inde : e0 Homme= 63 ans e0 Femme= 64 ans
ISF 2,9 enfants/femme
Chine : e0 Homme= 71 ans e0 Femme= 74 ans
ISF 1,6 enfants/femme
La jeunesse de la structure par âge de l’Inde implique que les effectifs jeunes sont nombreux
en termes relatifs et absolus ;
Quand ils arriveront à l’âge d’avoir des enfants, ces effectifs vont, à leur tour, générer un
nombre important d’enfants, même si la fécondité diminue.
Dans la plupart des pays développés et émergents, l’ISF diminue et l’espérance de vie à la
naissance e0 augmente. La tendance prévue est une plus grande homogénéité des situations
dans le monde à l’horizon 2050.
Les années s’ajoutent aux années, même chez les plus âgés. Cela a comme conséquence que
les aînés restent plus longtemps dans la population : c’est le vieillissement par le haut de la
pyramide des âges.
Même dans les pays du Sud, la proportion de 60 ans et plus augmente. Le taux de croissance
des 60+ est plus élevé que celui de la population totale.
A partir de 2005 leur taux de croissance s’accélère (baby-boom) jusque vers 2025 : avec un
taux 3,5 fois celui de la population totale.
Même si le taux se tasse par la suite, on s’attend à ce qu’il soit 3 fois celui de la population
totale (1,6 ‰ contre 0,5 ‰).
Les populations du Nord seront plus vieilles, mais la majorité des vieux vivront au Sud.
+¿
85
RDP= ¿
50−64
On peut par exemple s’intéresser au Rapport de dépendance des parents de 85 + pour la
génération de leurs enfants âgés de 50 à 64 ans. C’est au Japon que cet indice sera le plus
élevé en 2050 avec 56 personnes de 85 + pour 100 personnes de 50 à 64 ans. Il sera beaucoup
plus faible (8) dans les pays moins développés.
5.4. Urbanisation
La réflexion sur les ressources limitées de la planète remonte aux travaux de Malthus.
Lorsqu’il réfléchissait dans son « Essai sur le principe de population » (paru en 1798),
Malthus officiait à Okewood, un village du Sud-Ouest de l’Angleterre où, entre 1792 et 1794,
on enregistra 51 baptêmes et 12 funérailles… Dans cette région arriérée, la population
augmentait rapidement et, avec elle, le nombre des pauvres.
Son raisonnement est simple : « Prenez la population du monde à n’importe quel nombre, un
milliard par exemple, le nombre d’humain augmentera selon un ratio de 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64,
128, 256, 512, etc. et les ressources comme 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, etc. En 225 ans, la
population en comparaison des ressources sera de 512 pour 10; en 300 ans comme 4096 pour
13 et en 2000 ans la différence sera pratiquement incalculable même si les ressources à cette
époque auront augmenté énormément ».
Malthus pourrait être revisité pour cibler l’inégale répartition des ressources de base : eau,
énergie, alimentation ; l’une inégale répartition des moyens de production et l’inégal accès à
l’éducation, à la santé.
80
Démographie : Albert Phongi
Pour assurer sa sécurité alimentaire, l'homme utilise trois ressources : les sols, le couvert
végétal et l'eau. Dans un contexte de croissance démographique, il est commun d'associer
l'augmentation de la population à une "surutilisation" de ces ressources (emprise agricole
accrue, surpâturage et exploitation désastreuse des ressources en eau) déterminant les cycles
de désertification, de déforestation, d'assèchement des nappes et des sources. L'enchaînement
entre ces différents facteurs conduit à une inéluctable dégradation, à une élévation de la
pauvreté, à la spirale infernale du sous-développement. L'Afrique subsaharienne
principalement, certaines régions du Sud-Est asiatique et de l'Amérique du Sud également,
sont régulièrement citées comme étant touchées par ces processus. À l'examen des faits, cette
logique "accroissement de la population-pauvreté-dégradation de l'environnement" n'apparaît
pas aussi évidente, ni aussi inéluctable.
En effet, si les mutations sociales et familiales et les dynamiques des systèmes de production
qui caractérisent les sociétés des pays en développement ont des effets croisés non
négligeables sur un environnement déjà fragile, ces effets n'ont pas qu'un caractère négatif et,
surtout, ils ne sont pas forcément liés à la croissance démographique.
La maîtrise de la vie amène à une grande liberté dans la constitution de la descendance, mais
aussi, en amont, dans la formation des couples :
– Report de la décision de former un couple stable, mais aussi la décision de
démarrer la procréation.
– Ce report s’inscrit dans un allongement de la durée de vie en général, mais
aussi d’un report de l’entrée dans la vie adulte, d’un report de l’entrée en
retraite, etc.
– Il y a une instabilité des unions et un raccourcissement de la vie en couple : la
prise en charge des dépendants jeunes et âgés peut s’avérer de plus en plus
problématique.
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Démographie : Albert Phongi
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes
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Démographie : Albert Phongi
Introduction.................................................................................................................................1
Objectifs du cours....................................................................................................................1
Plan du cours...........................................................................................................................1
Activités d’évaluation.............................................................................................................1
CHAPITRE 1. CONCEPTS DE BASE EN DÉMOGRAPHIE..................................................2
1.1. Définition de la démographie...........................................................................................2
1.2. Objet de la démographie..................................................................................................4
1.3. Evénements et phénomène en démographie....................................................................5
1.3.1. Evénement.................................................................................................................5
1.3.2. Phénomène...............................................................................................................10
1.4. Calendrier et intensité des phénomènes.........................................................................10
1.4.1. Calendrier................................................................................................................10
1.4.2 Intensité....................................................................................................................11
1.5. Mesure du temps en démographie : diagramme de Lexis..............................................12
1.5.1. Repérage dans le temps...........................................................................................12
1.5.2. Notions de durée exacte et durée révolue................................................................12
1.5.3. Diagramme de Lexis................................................................................................13
CHAPITRE 2. SOURCES DES DONNÉES EN DEMOGRAPHIE.......................................20
2.1. Sources classiques..........................................................................................................21
2.1.1. Recensement de la population.................................................................................21
2.1.2. L’état civil................................................................................................................28
2.2 Sources non classiques....................................................................................................30
2.2.1. Registres paroissiaux...............................................................................................30
2.2.2. Fichier des villages..................................................................................................31
2.2.3. Registres et fichiers de services publics et privés....................................................31
2.3 Autres sources.................................................................................................................31
3.3.1. Enquêtes démographiques et sociales......................................................................32
3.3.2. Monographies..........................................................................................................32
CHAPITRE 3. TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE ET DYNAMIQUE DE POPULATION
...................................................................................................................................................34
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Démographie : Albert Phongi
5.4. Urbanisation...................................................................................................................78
5.5. Conséquences sociales et économiques.........................................................................80
5.5.1. Ressources limitées sur la planète...........................................................................80
5.5.2. Perturbation sociales et familiales...........................................................................81
Conclusion................................................................................................................................82
Références bibliographiques.....................................................................................................83
Table des matières.....................................................................................................................86