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Les enquêtes démographiques ont longtemps considéré les lieux comme des
catégories simples et inertes. Dès que l'on suppose une influence
contextuelle de l'environnement proche des individus, il faut envisager les
lieux comme des catégories complexes et dynamiques. Les échelles spatiales
et temporelles à considérer sont multiples. Pour n'en donner qu'un exemple,
le rattachement à un lieu de résidence à une date donnée peut se concevoir
à partir du logement ou en envisageant tous les lieux de la fréquentation
habituelle des habitants. Cette notion d'espace de vie est tout aussi
concevable au cours d'un suivi longitudinal, comme la succession des lieux
pratiqués par les individus au long de leur existence. La biographie de mobilité
est alors vue comme un système individuel de lieux successifs.
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MOBILITÉS SPATIALES
La localisation est une donnée potentielle qui peut néanmoins être vide si elle
ne s'accompagne pas de la description du lieu qui est virtuellement infinie.
Les autres chapitres de l'ouvrage démontrent que les événements définissant
les statuts habituels de l'analyse biographique, comme l'union, la naissance
ou l'activité, sont en réalité très complexes. Cependant, cette complexité
devient extrême lorsqu'il s'agit du lieu.
À l'exception d'analyses proprement morphologiques sur la géométrie
des lieux, le lieu ne prend de sens que par sa qualification. Or les qualifications
possibles sont multiples. Un premier registre de catégorisation des lieux a trait
à la position relative de ceux-ci dans des unités géographiques particulières.
Dans un contexte urbain, seront ainsi déclinées les catégories de centre,
péricentre, périphérie, périurbain. Les lieux peuvent aussi être qualifiés en
fonction de certaines caractéristiques « objectives " : milieu d'habitat
(catégories morphologiques du type rural, petite ville, ville moyenne, grande
ville; ou classes de densités démographiques), présence ou absence de
certaines ressources (équipements, infrastructures, services, emplois,
segments particuliers du parc de logements, etc.) ou encore la composition de
la population (description du peuplement selon des catégories sociales). Les
lieux peuvent, enfin, être décrits selon des qualificatifs subjectifs, propres aux
individus: ces qualificatifs sont liés aux fonctions des lieux pour les individus,
aux relations que les individus entretiennent avec ces lieux et les personnes
qui y habitent. Dans ce registre, on peut évoquer: la présence ou absence de
membres de la famille ou d'amis ou la pratique antérieure du lieu par l'individu
pendant sa jeunesse ou à l'âge adulte.
Les lieux recueillis dans les biographies migratoires et résidentielles
sont d'abord les supports d'une information qui sera introduite lors de
l'analyse: la localisation sert de vecteur (variable intermédiaire) pour accéder
aux caractéristiques du milieu de résidence. Il serait donc contre-productif de
vouloir préétablir des catégories au moment de la collecte. En revanche, une
localisation précise est indispensable pour décrire l'ensemble des lieux (Grab,
1999). Se laisser la possibilité ultérieure d'une délimitation pertinente de
l'espace et le soin apporté au choix des descriptions contextuelles sont deux
considérations qui doivent garantir la description des dynamiques
sociospatiales du peuplement. Le territoire est alors conçu comme un
système de lieux structuré par les pratiques des habitants, notamment leurs
mobilités et leurs systèmes de relations.
Les méthodes d'analyse démographique des biographies se sont
traditionnellement concentrées sur l'événement « changement de
résidence ", en le qualifiant - au mieux - selon un référentiel spatial limité
à sa dimension administrative (migrations intercommunales, inter-
départementales ou internationales). Or, tous les qualificatifs de l'espace
venant d'être évoqués peuvent donner lieu à autant de transitions entre états,
qu'il y ait ou non changement de résidence de l'individu : non réductible au
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
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MOBILITÉS SPATIALES
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
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MOBILITÉS SPATIALES
précédente. L.:ensemble des lieux habités par les individus interrogés dans
l'enquête biographique appartient à une même entité géographique (le
district) qui fait l'objet d'une observation régulière par les recensements de
population. En outre, les microdonnées du recensement sont accessibles aux
chercheurs et géoréférencées selon une division fine de la ville, celle des
secteurs de recensement (au nombre de 600 en 1973). Les conditions sont
donc réunies pour une qualification aisée des lieux habités au cours des
trajectoires résidentielles: l'environnement social et urbain des individus peut
être décrit pendant toutes les années de leurs parcours au sein de la ville.
Pour les analyses présentées dans le paragraphe 3, l'information censitaire a
permis d'élaborer des variables témoignant de la composition sociale du
secteur de résidence (en termes de niveau moyen et d'hétérogénéité). Il ne
s'agit que d'un type de description du contexte parmi la multitude de
possibilités offertes par les variables décrivant la population et les logements.
Le recours aux SIG a déjà été mentionné à propos du traitement des
données pluviométriques au Burkina Faso. L.:intégration des données des
recensements dans des SIG est aussi de plus en plus fréquente. Les SIG
ouvrent de façon considérable le champ des utilisations possibles de
l'ensemble des informations: les statistiques géoréférencées (recensements
ou autres) ou les données localisées issues de la collecte biographique
(séries des lieux où l'individu et sa famille ont habité ou habitent). La
localisation, absolue ou en termes de position relative par rapport au centre-
ville ou à des ressources urbaines localisées (emplois, équipements, etc.)
peut être intégrée dans l'analyse. Des unités spatiales plus pertinentes que
les divisions issues de la statistique démographique peuvent être élaborées.
Enfin, les SIG offrent des possibilités de cartographie et d'analyse spatiale,
dont la section 3.1.2 donne un bref aperçu. Dans un SIG, l'enquête
biographique devient véritablement une composante d'un système
d'information des dynamiques sociospatiales.
Le contexte varie avec le temps, son influence est dynamique. Elle doit être
mise en correspondance avec les modalités ou les composantes de la
dynamique démographique. Sinon, comment comprendre la nature d'une
transition complexe, comment définir le seuil ou l'importance de tel événement,
comment examiner la stabilité d'un état sans référer à celle du contexte?
Pour l'individu, le changement de résidence ne se résume pas au
passage d'une limite administrative. Tout déménagement implique une
transition de chacune des caractéristiques locales déjà évoquées. La
trajectoire spatiale s'inscrit en termes de succession de lieux qualifiés, la
dynamique individuelle contextuelle étant multidimensionnelle. Elle est
« tracée .. grâce à la biographie résidentielle et décrite par l'observation des
lieux, laquelle puise à diverses sources. Cette complexité contient plusieurs
défis analytiques.
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
Cette partie porte sur les contextes des transitions individuelles, c'est-à-dire
l'effet des évolutions du contexte sur les trajectoires individuelles: l'enjeu est
de replacer les événements de mobilité des trajectoires individuelles dans le
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MOBILITÉS SPATIALES
faisceau de contraintes meso et macro qui les entourent. Les exemples qui
suivent visent à évaluer en quoi un contexte, et ses évolutions, influe sur la
probabilité de changer de localité au Burkina Faso et en Côte-d'Ivoire.
L.:ampleur des changements traversés par le Burkina Faso, dont témoigne
l'encadré 9, justifie pleinement une analyse contextuelle de la migration. Les
exemples déclinés dans cette section offrent l'opportunité d'évoquer deux
questions soulevées par l'analyse contextuelle des mobilités : l'échelle
temporelle de mesure des variations contextuelles, l'échelle spatiale de
description des contextes.
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ÉTATS FLOUS ET TRA.JECTOIRES COMPLEXES
l'autre des migrations étudiées 3 • Dans tous les modèles, des variables
individuelles et contextuelles ont été introduites. Celles qui ne sont pas fixes
par nature (entre autres le sexe ou le groupe ethnique au niveau individuel;
la région agroclimatique pour les variables de contexte général) varient dans
le temps (le type d'activité, le niveau d'instruction, etc., au niveau individuel et
l'ensemble des variables communautaires relatives aux villages). Les écarts-
types ont été corrigés pour tenir compte de l'effet de grappe de l'échantillon
(cœfficient de Huber-White), et l'on n'a pas introduit par ailleurs de variable
aléatoire pour mesurer d'autres possibles effets de contexte (hétérogénéité
non observée au niveau contextuel)'.
(3) La définition de la migration varie selon les analyses menées en fonction des
questionnements et en fonction de la disponibilité des données. On précisera la définition
retenue pour chacune des analyses lorsque celles-ci seront présentées de manière détaillée.
(4) La méthode logistique utilisée suppose les événements d'un trimestre indépendants des
trimestres voisins, ce qui revient à négliger dans l'analyse d'éventuels chocs inobservés qui
pourraient survenir de manière répétée (autrement dit, on ne tient pas compte de la
dépendance au niveau des inobservables).
(5) Dans cette analyse, il y a migration dès lors que "individu change de localité pour plus de
trois mois. On distingue les migrations durables des migrations temporaires de part et
d'autre du seuil temporel de deux ans. La méthode et les résultats sont exposés en détail
dans l'ouvrage de Henry, Schoumaker et Beauchemin paru en 2004.
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MOBILITÉS SPATIALES
(6)On présente ici les seuls résultats relatifs aux variables pluviométriques. Le modèle inclut
par ailleurs des variables individuelles (âge, niveau d'éducation, groupe ethnique, type
d'activité) et contextuelles locales (présence d'une route permanente, de terres encore non
défrichées, de techniques agricoles de rétention de l'eau pluviale).
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
(7) Dans cette analyse, il y a migration dès lors qu'un individu change de localité (à condition
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MOBILITÉS SPATIALES
Morrison, 1995). Deuxièmement, il s'est avéré que cette variable donnait des
résultats plus significatifs que ceux obtenus avec la variable plus classique du
PNB par habitant. Les bases de données de la FAO disponibles en ligne
n'indiquent pas comment cette variable est construite et il est évident qu'elle
repose sur des artifices statistiques et de nombreuses hypothèses qu'il
conviendrait d'expliciter. Une autre limite de cette variable est que ces
variations peuvent résulter d'effets de composition (évolution des différents
groupes d'âges, du taux d'urbanisation, etc.). Il n'en demeure pas moins
qu'elle apparaît comme un bon indicateur des variations de la conjoncture
économique : sur la période 1960-1990, on retrouve bien les tendances
qu'indique habituellement le PNB par habitant, à cette différence près que les
fluctuations sont moins marquées. En tout état de cause, c'est bien comme
un proxy de la cOlljoncture économique que l'apport calorique par tête est
utilisé dans cette analyse, étant entendu par ailleurs que si l'on voulait
chercher à mesure l'impact des rations alimentaires sur les risques de migrer,
il faudrait disposer de données individuelles et non pas de données agrégées.
Ici, l'apport calorique par tête est pris comme une variable explicative
contextuelle dont les variations informent à l'échelle nationale de l'amélioration,
la récession ou la stagnation des conditions économiques des ménages.
Mais sur quelle échelle de temps cette variation devait-elle être
calculée? De nouveau, l'hypothèse qu'une dégradation accidentelle (sur une
seule année) du niveau de vie a moins d'effet sur les migrations qu'une
dégradation durable qui nécessite la mise en œuvre de stratégies de survie
peut être émise. Plutôt que de choisir arbitrairement le pas de temps à
considérer, plusieurs mesures ont été prises en compte. Pour chaque pays,
une première série de cinq modèles étudie ainsi le risque pour un citadin de
migrer vers le milieu rural. Tous ces modèles incluent deux variables
individuelles (l'âge et le sexe) et une variable contrôlant la période. Ils se
différencient par la variable utilisée pour rendre compte de l'évolution de la
conjoncture économique. Dans le premier modèle, cette variable correspond
au taux annuel de variation de l'apport calorique par individu (année
antérieure versus année courante). Dans le deuxième modèle, elle
correspond à la moyenne des taux de variation des deux années antérieures,
et dans le troisième, à la moyenne des taux des trois années antérieures.
Les résultats révèlent que l'influence des variations du contexte
économique sur l'émigration urbaine varie selon la durée considérée.
L.:hypothèse selon laquelle une dégradation mesurée sur plusieurs années a
davantage d'effet qu'une dégradation immédiate est partiellement vérifiée.
Elle l'est en Côte-d'Ivoire où la réduction de l'apport calorique a un impact
d'autant plus marqué et significatif qu'augmente le nombre d'années prises
en compte dans le calcul. Dans ce cas, l'idée que la récession économique
favorise l'émigration urbaine est vérifiée, même si l'effet multiplicateur est
faible. Les résultats sont beaucoup moins nets pour le Burkina Faso. Étudiant
la migration inverse, celle qui conduit les individus du milieu rural vers les
villes, on constate de nouveau que l'effet varie selon le nombre d'années
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
prises en compte. Dans les deux pays, il faut que la situation soit récessive
pendant deux années au minimum en moyenne, pour que l'effet de la
conjoncture se fasse sentir sur les migrations.
La difficulté à mesurer l'influence du changement contextuel sur les
comportements individuels transparaît dans ces deux exemples. Le facteur
temps, incontournable lorsqu'il s'agit de mesurer des transformations, nécessite
parfois d'être introduit dans l'analyse, afin de repérer de potentiels effets de
retard ou d'accumulation. Cette nécessité alourdit sensiblement les analyses
(ici, pour chaque type d'événement migratoire, il a fallu cinq modèles au lieu d'un
seul). En outre, d'autres indicateurs auraient pu être retenus. Le recours à la
moyenne des taux de variation a, entre autres, le défaut de lisser la volatilité
éventuelle des variables économiques. Or, cette volatilité introduit un facteur
d'incertitude qui favorise peut-être lui-même la mobilité, les ménages préférant
diversifier leurs ressources et multiplier les lieux de résidence pour mieux faire
face aux risques. Les mouvements cycliques ou saisonniers sont également
mal pris en compte dans les exemples qui précèdent. En somme, il n'y a pas de
solution idéale pour mesurer l'impact des transformations contextuelles, mais
plutôt un inévitable recours au tâtonnement.
Enfin, à travers ces deux exemples, nous n'avons pas épuisé toutes les
interrogations soulevées par la question de l'échelle de temps retenue pour la
mesure des évolutions contextuelles. Il n'a été considéré que le choix du
temps de réaction après l'événement climatique ou économique. Or, la
grande difficulté des analyses contextuelles dynamiques réside de fait dans la
multiplicité des échelles de temps : le cycle de vie, le cycle saisonnier de
certaines mobilités (biannuel), les cycles migratoires différents (travail,
mariage, etc.), le rythme à moyen terme des prospérités économiques, du
climat. .. Toutes ces temporalités sont imbriquées.
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MOBILITÉS SPATIALES
Sont présentés ici les seuls résultats relatifs au milieu rural. Pour plus de détails, voir:
(a)
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
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MOBILITÉS SPATIALES
Les données biographiques ont été recueillies en 1993, dans le cadre d'une
enquête par sondage auprès de 1 031 ménages sélectionnés dans onze
zones d'enquête: sept situées au sein du district de Bogota et quatre dans
les communes de la périphérie métropolitaine. L.:échantillon n'est donc pas
représentatif de l'ensemble de la population de la ville, ni de tous les espaces
habités (Dureau et Fl6rez, 1999). En revanche, ces zones d'enquête
représentent les types de peuplement présents en 1993. Le choix des zones
d'enquête a été effectué selon quatre catégories de critères : position
géographique, composition sociale de la population, forme de production des
logements et dynamique démographique et spatiale en cours. Dans chacune
des onze zones, un échantillon d'une centaine de ménages a été sélectionné
selon un plan de sondage aréolaire, stratifié, à 3 degrés (îlots, logements,
ménages). Dans chaque ménage de l'échantillon, un module biographique a
été appliqué à un adulte de plus de 18 ans sélectionné par un système de
quotas. Ainsi, 1 031 trajectoires résidentielles ont été recueillies: au sein de
Bogota, les étapes résidentielles sont localisées selon la division en secteurs
censitaires (pour plus d'informations, voir l'encadré 5 du chapitre 4).
Concernant les trois zones d'enquête évoquées en 3.1.2, la taille de
l'échantillon est la suivante: 95 biographies à Perseverancia, 83 à El Nogal,
100 à Soacha. Pour les traitements de la section 3.2. ne portant que sur les
générations déjà adultes en 1993 et ayant passé au moins 15 ans à Bogota
(soit 250 trajectoires résidentielles sur les 1 031 recueillies), nous ne
disposons plus que d'un échantillon très réduit sur chacune des zones
d'enquête: 39 à Perseverancia, 26 à El Nogal et 23 à Soacha.
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
(9) Pour une description plus précise des dynamiques de peuplement à Bogota, voir: Dureau
sur les deux derniers recensements de 1985 et 1993. L:usage d'une régression présente
l'avantage de gommer de possibles imperfections ponctuelles de l'inventaire censitaire pour
dégager une tendance générale.
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MOBILITÉS SPATIALES
SOACHA
0<0
00-2,5
_ 2,5-5
_5-10
_ 10 et plus 0<0
(Valeurs ajustées par régression) 00-0,2
_ 0,2 - 0,3
_ 0,3 -0,45
_ 0,45 - 0,6
(Valeurs ajustées par régression)
N
t=J -4,7 à -0,20 A
El -0,20 à -0,10
o -0,099 il 0,00
o 0,00045 à 0,015
_
_
0,015à0,060
0,061 à 3,00 ° 2 km
177
ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
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MOBILITÉS SPATIALES
Ces espaces intra-urbains changeants sont parcourus par des individus qui
les choisissent au cours de leur vie. Leurs caractéristiques, sociales
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
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MOBILITÉS SPATIALES
N
A
L2km
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
(CSM médian) et l'indice d'hétérogénéité sociale (rapport des 90" et 10" percentiles
du CSM) pour décrire le quartier de résidence de chaque individu tout au long
de sa biographie. À chaque date, la valeur de l'indice est celle du secteur
censitaire où habitait alors la personne. La trajectoire contextuelle de l'individu
(b) correspond ainsi à un individu dont l'environnement social, déjà favorable
en début de période, s'est en moyenne amélioré sur la vingtaine d'années
couvertes par le graphique, mais sans changements en termes
d'hétérogénéité sociale, toujours faible. Trajectoire donc bien distincte de celle
de l'individu (d) qui a connu simultanément une nette amélioration et une très
forte homogénéisation de son environnement social.
20
(a) (b)
15
,- --- -- -- ---
~
10
," "
5
o
----
----
20
(c) (d)
15
10
~
-- -- ---- -- -- -- -- ---
---
5
o ----
1975 1980 1985 1990 1995 1975 1980 1985 1990 1995
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MOBILITÉS SPATIALES
(11) Les corrélations des valeurs agrégées par unités spatiales ne sont pas interprétables
sans s'assurer de la perturbation des valeurs extrêmes, assez nombreuses, et de l'influence
de la taille démographique de l'unité spatiale. Celle-ci tend à introduire une forte
hétéroscédasticité, laquelle fragilise le calcul des covariances. De plus, les 250 personnes
dont on suit la trajectoire contextuelle représentent imparfaitement la population bogotaine.
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ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
(a) Universitaire
complet
0,40
Autre
Universitaire
incomplet
0,35
Secondaire
complet
Veuf(ve)
Secondaire
0,30 Célibataire incomplet
Femme
Union libre
ou marié(e)
Homme
0,25
Sans éducation
Divorcé(e)
Séparé(e)
Primaire complet
Primaire incomplet
O20
, '-----------,------------,-----------,-----
Sexe État civil Niveau scolaire
Célibataire
0,02
(b)
0,00
Secondaire
complet
Veuf(ve)
-0,02 Autre
Femme Divorcé(e)
Séparé(e) Secondaire
Incomplet
Primaire
complet
-0,04 l - - - - - - - j - - - - - - - - t - - - - - - - - + - - - - -
Sans Primaire
éducation incomplet
Union libre Universitaire
ou marié(e) incomplet
-0,06
Homme
Universitaire
complet
-0,08
Parce que leurs habitants y ont passé une bonne partie des deux
décennies précédant l'enquête de 1993, on doit s'attendre à ce que les zones
d'enquête, précisément choisies pour illustrer la diversité des quartiers de
Bogota, expliquent l'essentiel des variations du niveau social des espaces
186
C) MOBILITÉS SPATIALES
o fréquentés par les groupes d'individus interrogés dans chacune des zones :
effectivement presque les deux tiers de la variance du niveau social du contexte
de résidence des individus sont attribuables aux différences entre les zones de
('\
187
ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
La Perseverancia
La Candelaria
El Nogal
Normandia
Gustavo Restrepo
1 :tll--_~t--------+I
I :----l
. - - - 1l,
!
\~i ,
1 1
Bosa
Chia
1 1
~
Madrid
Soacha
(a)
-0,2 0,0 0,2 ,4 0,6 0,8
Variation de la condition sociale moyenne
(valeurs extrêmes exclues)
Sédentaire
Changements
de résidence :
......................................... ,. . ....
..... .. , ,.,., , .
2 ............•.....................................................................•..
• Dans les deux figures, il s'agit de la pente de la régression linéaire des mesures
individuelles des contextes.
Source: enquêtes Mobilité spatiale à Bogota (1993).
188
o MOBILITÉS SPATIALES
o
o 189
ÉTATS FLOUS ET TRAJECTOIRES COMPLEXES
CONCLUSION
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ISBN 2-7332-6005-7
ISSN 1625-7936.