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ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE

Dr Moubassira KAGONE
Socio-Anthropologue
Filière : ANTHROPOLOGIE L3
Octobre 2022
PLAN DU COURS
• INTRODUCTION
• QUELQUES ASPECTS DES RELATIONS ENTRE ESPACES, INDIVIDUS ET SOCIETES
• ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER
• L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION.
• COMPLEXITÉ
• HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE
• STRUCTURE, ORGANISATION, PAYSAGE
• PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE
• CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO
• ORGANISATION TERRITORIALE
• LA QUESTION FONCIÈRE
• HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA
BOUCLE DU MOUHOUN
• CONCLUSION
Introduction
• L'anthropologie de l'espace étudie (s'intéresse à ) la
représentation, la production et l'usage social de l'espace de
l'homme, tout comme les sciences cognitives.
• L'architecture de l'espace humain s'articule autour de la
pensée, de l'histoire et du territoire (corps, société et
environnement).
• L'anthropologie de l'espace existe-t-elle ? Si elle existe, peut-on
parler d'une anthropologie de l'espace habité ?

• Ces questions préjudicielles n'appellent pas actuellement


d'autres réponses que celles données par les chercheurs
lorsque, utilisant les méthodes de l'anthropologie, ils
travaillent sur l'espace et notamment sur l'espace habité.
Introduction
• On peut dire que, ce faisant, ils ont créé et maintiennent
une anthropologie de l'espace sous différentes formes.
• Pour nous en tenir à l'anthropologie de l'espace habité,
les problèmes se posent dès qu'il s'agit de construire en
référence à l'histoire des sciences sociales, le présent de
cette branche de l'anthropologie.
Introduction
• L'article de Maïté Clavel qui tente un bilan en témoigne.
Si dans l'après-guerre Balandier est incontestablement
anthropologue et s'intéresse, en tant que tel, à l'espace
de villes africaines, pour l'avant-guerre peut-on en dire
autant des sociologues de l'Ecole de Chicago ?
• Ils ont utilisé des méthodes anthropologiques, mais ont-
ils réellement contribué à fonder une anthropologie de
l'espace habité ? En revanche, dès avant la guerre de 14,
un authentique anthropologue, Robert Hertz, dans des
travaux sur la mémoire collective, tentait des analyses
précises d'espaces humains, comme, par exemple, un
lieu de pèlerinage .
Introduction
• Se contenter de dire que, dans le domaine de l'espace,
habité ou non, les frontières entre la sociologie et
l'anthropologie sont indécises ne facilite guère la
définition d'une sociologie de l'espace face à une
anthropologie de l'espace et réciproquement.
• D'autant qu'une autre science sociale peut alors entrer
en lice et revendiquer les terrains de ces deux sciences
(la sociologie et l'anthropologie) ; en effet, depuis de
nombreuses décennies, la géographe humaine a produit
sur l'espace vécu et sur l'espace habité des travaux dont
il est parfois difficile de dire s'ils sont anthropologiques,
sociologiques ou géographiques.
Introduction
• Hors de tout cloisonnement, les définitions de sciences,
les délimitations de champs de recherche, les repérages
de degrés d'implication entre les sciences et entre les
champs de recherche sont nécessaires.
• Le phénomène du tatami au Japon (Cf. l'article
d'Augustin Berque) est abordé par ce géographe sous
l'angle anthropologique, c'est-à -dire de la culture au
sens des murs et des manières, dans un champ de
recherche qui est l'espace de la maison (espace habité).
• Il va de soi que ce champ de recherche peut, sous un
autre angle, celui des rapports sociaux, relever de la
sociologie, ou, s'il s'agit de l'espace et non directement
des populations qui l'habitent, de la géographie humaine
Introduction
• Objet de culture, objet d'un espace culturel habité, le
tatami apparaît néanmoins, dans l'article d'Augustin
Berque, comme impliquant et des rapports sociaux et un
espace géographique. Faisant appel à d'autres
disciplines que l'anthropologie, il n'en est pas moins un
objet de recherche en anthropologie de l'espace habité.
• Faut-il pour autant admettre que tout chercheur en
sciences sociales qui s'éloigne des présupposés de
l'anthropologie classique dans le domaine de l'espace (la
culture comme objet de science, des méthodes
spécifiques d'approche du terrain) ne peut valablement
se reconnaître une appartenance à l'anthropologie de
l'espace et, encore moins, à celle de l'espace habité ?
introduction
• Ce serait mettre hors anthropologie des travaux
comme ceux d'Henri Lefebvre (dont l'article de Pierre
Lantz rappelle l'importance) ou comme ceux de
Pierre Sansot. Si la science d'obédience de ces auteurs
n'est pas à proprement parler l'anthropologie,
comment les exclure d'une approche anthropologique
que visiblement ils font leur ?
• Mais que vaudrait cette anthropologie de l'espace
habité si elle ne se marquait pas aussi par une volonté
de débat, celui-là même qui est indispensable dans et
entre toutes les sciences sociales ?
introduction
• Deux courants apparaissent, non contradictoires, mais
quelque peu divergents et appelés nécessairement à
devenir complémentaires (s'ils ne le sont pas déjà ).
Sans doute ces courants sont-ils présents aujourd'hui
en anthropologie, aussi bien en France qu'en Europe et
aux Etats-Unis.
• Mais ils sont tout particulièrement signifiés en
anthropologie de l'espace habité. Le premier courant,
celui de l'anthropologie classique, se propose
d'analyser des espaces et des populations dans ces
espaces principalement sous l'angle de la culture, en
n'abordant que secondairement la question des
rapports sociaux.
introduction
• Il est représenté par Balandier et son école, plus
récemment par Colette Pétonnet
• Un second courant, celui de l'anthropologie
sociologique, ne néglige pas l'analyse culturelle, loin de
là , mais ne la conçoit que dans le but d'élucider des
rapports sociaux particularisés ou globaux.
• Elle se veut une contribution à la sociologie voire à
l'économie. Ce second courant est représenté
notamment par Gérard Althabe, Monique Selim (Cf.
leurs articles dans ce numéro), Véronique de Rudder,
Philippe Haeringer (Cf. son article).
introduction
• Il s'agit bien d'un débat à l'intérieur de l'anthropologie
de l'espace habité. En effet, le plus souvent, les espaces
et les populations sont de même type, et l'approche
anthropologique est identique : on voit mal, du point de
vue des populations, des espaces et de l'approche, ce qui
distingue Pétonnet et Althabe.
• Mais les modes d'interprétation et les conceptualisations
divergent. Dans le second courant, les concepts peuvent
être à la fois anthropologiques et sociologiques, voire
psychosociologiques.
introduction
• C'est ce débat qui donne aujourd'hui à l'anthropologie
de l'espace habité sa fécondité. Il prend toute son
acuité sur le terrain, commun aux deux courants, des
migrations et des relations interethniques.
• Il demeure, des deux cô tés, scientifique, parce qu'il
refuse le réformisme et le révolutionarisme ainsi que
l'empirisme au mauvais sens du terme, c'est-à -dire
l'absence d'interprétation conceptualisée. Comme tel, il
donne à l'anthropologie de l'espace habité son avenir.
(Espace et Anthropologie, Louis Moreau de Bellaing, Moreau de Bellaing Louis. Espace et
Anthropologie. In: L'Homme et la société, N. 104, 1992. Anthropolgie de l'espace habité.
pp. 3-5. doi : 10.3406/homso.1992.3292
http://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1992_num_104_2_3292 )
Quelques aspects des relations entre espaces,
individus et sociétés
• Aujourd’hui, tout à chacun peut constater que l’espace
n’est pas seulement le reflet des multiples relations
entre individus et groupes sociaux, qu’il ne peut pas être
réduit à la seule projection (au sol) des sociétés, mais
qu’il est engagé dans l’organisation des sociétés et dans
la construction de chacun des individus en société
• L’espace dont il est question n’est pas un simple support
vide mais ce que nous appellerons l’espace habité, c'est-
à -dire en première approche, l’espace que les sociétés,
leurs individus et leurs groupes occupent.
Quelques aspects des relations entre espaces,
individus et sociétés
• Il est donc composé de l’ensemble des lieux de
résidence, l’ensemble des lieux d’activités, l’ensemble
des lieux de loisirs, etc., et tous les espaces qui les relient
les uns aux autres et qui permettent aux individus d’aller
d’un lieu quelconque à l’un quelconque des autres lieux.
• Une telle définition nous pousse à considérer que sur la
Terre, peu d’espaces échappent à cette catégorie, tant
l’humanité a pris possession de tous les espaces
terrestres.
Quelques aspects des relations entre espaces,
individus et sociétés
• De plus, du moins au départ, nous pouvons admettre que
l’étude des relations entre espaces, individus et sociétés,
ne doit pas écarter les espaces qui ne sont pas
nécessairement occupés matériellement et
physiquement par les humains mais tenir possiblement
compte de tous ceux qui ne peuvent pas être atteints,
tant sur la Terre qu’ailleurs, mais qui font partis des
représentations que les sociétés humaines se font de
leur environnement et de leurs relations à cet
environnement, dès lors que ces représentations sont
engagés dans l’organisation des espaces pratiqués.
Quelques aspects des relations entre espaces,
individus et sociétés
• Une telle définition conduit au bout du compte à intégrer
dans l’Espace des sociétés tout l’Univers, du moins les
représentations bien incertaines que nous pouvons en
avoir mais qui ne sont peut être pas sans relation avec la
configuration de ceux que nous occupons
matériellement et physiquement ;
• N’existent-il-pas dans toute société et pour tout ou
partie de ses collectifs, mais également au sein de la
plupart des habitats individuels, des lieux particuliers
qui font le lien, certes symbolique, entre l’ici bas et
quelques ailleurs, des espace imaginés, situés au-delà de
notre monde.
Quelques aspects des relations entre espaces,
individus et sociétés
• Cet Univers est-il fini ou bien est-il infini, et s’il est fini
que peut-il y avoir autour, et s’il n’y a rien autour alors
qu’il serait géométriquement fini, comment penser le
néant, le rien qui possiblement peut être de l’espace
quand ce qui est, s’étend ?
• Et si l’on passe d’une logique du tiers exclus à celle du
tiers inclus, est-il possible de concevoir un espace
Univers à la fois fini et infini, c'est-à -dire ni l’un ni l’autre
également, sans rien autour tout en étant cet autour ?
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Sociologue et professeure émérite à l’université du


Littoral-Cô te d’Opale, Marion Segaud propose une
synthèse pédagogique dédiée au concept d’espace.
• Notion chère aux sciences humaines, l’espace est
appréhendé dans sa dimension anthropologique, «
seule capable », pour l’auteur, d’embrasser le général et
le particulier, d’hier et d’aujourd’hui.
• Cela dit, Marion Segaud participe au renforcement des
liens entre sciences sociales, architecture, urbanisme et
aménagement en mobilisant des notions empruntées à
ces différentes disciplines mais surtout, en dédiant le
premier chapitre de l’ouvrage à l’analyse de cette
relation, qui se fait jour, en France, au lendemain de
mai 1968.
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Marion Segaud dresse ensuite un panorama des


mouvements architecturaux du XXe siècle qui
traduisent concrètement « l’ère naissante de la
globalisation » – des idées de « l’architecture progrès »
en passant par les préoccupations du « post
modernisme » jusqu’à la tendance « super moderniste
» d’aujourd’hui.
• Ces différentes orientations architecturales et
urbanistiques ont provoqué et provoquent encore des
réactions critiques de la part des sciences humaines et
l’émergence d’une « anthropologie spatiale » – voire
d’une « anthropologie de l’espace de l’homme
moderne».
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Les chapitres suivants constituent les étapes majeures


d’une initiation au rapport de l’homme à l’espace. Pour
ce faire, le chemin est balisé par quatre termes «
universaux » en interrelation : « habiter », « fonder », «
distribuer », « transformer».
• Le premier terme – « habiter » – nécessite le recours à
de nombreux concepts issus de la philosophie, de la
psychologie et de la sociologie.
• Il faut dire que l’habiter consiste à « tracer un rapport
au territoire en lui attribuant des qualités qui
permettent à chacun de s’y identifier ».
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Ainsi, les notions d’espace personnel, de territorialité


et d’appropriation permettent de comprendre que
l’habiter participe à la constitution du soi, à la
fabrication de l’acteur social, et que « si l’habiter est un
phénomène général, il y a autant de manières d’habiter
que d’individus ».
• L’exposé de diverses pratiques culturelles relatives au
logement illustre cette diversité et incite au relativisme
en révélant la caducité de la « séparation souvent
radicale » entre espace privé – le logement – et espace
public – la rue.
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Outre l’établissement physique, l’acte de « fonder »


opère une mise en relation symbolique entre un lieu et
l’univers. Réalisé lors de pratiques rituelles, retranscrit
via le récit et/ou le tracé, cette première action conduit
à l’orientation et à la délimitation du territoire en
général et de l’habitat en particulier.
• Concernant l’espace domestique, l’auteure attire notre
attention sur le seuil et la fenêtre, « dispositifs de
délimitations et de passages », qui, paradoxalement,
séparent tout en reliant l’intérieur et l’extérieur, tant
sur le plan spatial que sur les plans social et
symbolique.
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Dans le chapitre « Distribuer et classer », l’auteur


indique que « distribuer, c’est découper », deux
opérations dont découle la classification c’est-à -dire
l’agrégation/ségrégation des personnes en fonction de
leur sexe, de leur parenté, de leur statut social, tant à
l’échelle de la cité qu’à celle du logement.
• Dès lors, les diverses hiérarchisations forment des
systèmes signifiants pour « l’homme [. . .] capable de
manier les symboles ».
• Deux autres notions fondamentales sont abordées : «
transformer et reformuler ».
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Il s’agit de mettre en perspective les dimensions


architecturale, urbanistique et sociale de l’habitat
d’aujourd’hui.
• Pour cela, l’auteure propose une « méthode
d’observation concrète des transformations dans le
logement moderne », qui conduit à révéler «
l’édification de compromis et/ou de coexistence
d’espaces issus de cultures différentes, d’architectures
de l’entre-deux ».
• Outil d’anthropologie spatiale, la démarche proposée
incite à l’étude de territoires hybrides inscrits de plain-
pied dans l’espace globalisé, fortement marqué par
l’empreinte occidentale.
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• En conclusion, l’Anthropologie de l’espace de Marion


Segaud intéressera à bien des égards les étudiants, les
chercheurs en sciences humaines et les professionnels
de l’espace, d’abord parce que l’auteur propose « une
grille d’analyse » – constituée par les quatre
thématiques universelles – et une méthode
d’observation, mais également parce qu’elle explicite
de nombreux concepts et illustre ses propos d’un bon
nombre de recherches, menées depuis le début du Xxe
siècle jusqu’à nos jours.
ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER, TRANSFORMER

• Néanmoins, si, comme le montre l’auteure, la


constitution des identités collectives se joue à l’échelle
des espaces privés, on pense également aux lieux
publics, également constitutifs des sociétés.
• Par exemple, on peut évoquer les espaces marchands
(le magasin), les espaces de loisir (le parc
d’attractions), les espaces culturels (le musée), etc.
Autant de terrains que les sciences de l’information et
de la communication considèrent comme objets
d’étude – souvent abordés selon l’approche
sociosémiotique – et qui participent, eux aussi, au
quotidien, à la construction de l’homme moderne.
L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION.

• L’Espace des sociétés, comme la plupart des objets et


des notions, peut être défini de façon simple et
sommaire, mais avec un intérêt tout limité.
• Nous pouvons également chercher à le définir de façon
beaucoup profonde mais alors avec des difficultés plus
grandes qu’il pourrait y paraître de prime abord.
• Il en est ainsi de nombreux termes qui désignent des
objets, des notions, etc., qui peuvent nous sembler bien
communs tant leur usage langagier est familier et la
définition de ces termes a priori acquise et ne guère
poser de problème.
L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION.

• L’Espace (des sociétés) fait parti de ces notions ; en


effet quoi de plus simple que l’espace, défini comme
étant le milieu sur lequel et au sein duquel, nous
vivons.
• Et selon le sens commun dont la référence implicite en
matière de connaissance est la géométrie, cette bonne
géométrie euclidienne qui nous est enseignée dès notre
plus jeune â ge, l’espace est une étendue vide que nous
pouvons même concevoir comme étant infinie dans ses
trois dimensions, une étendue sur laquelle sont
localisées les réalités sociales.
L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION.

• L’espace est alors réduit à un rô le de support sur lequel


sont localisés des objets sociétaux définis par la place
qu’ils prennent, etc.
• Et selon cette manière quelque peu sommaire de
définir l’espace, de ne lui attribuer que ce rô le de
support, il n’est rien si ce n’est le reflet et la trace du
complexe des objets de société, de leurs relations et de
leurs rapports
L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION.

• Cette façon de voir l’espace, c'est-à -dire de lui attribuer


si peu de chose, si ce n’est d’être une étendue
possiblement infini pour les sciences newtoniennes et
de n’avoir pas d’autre contenu qu’à être un réceptacle,
du moins pour sa part terrestre, explique peut être le
faible emploi de ce terme par les sciences
contemporaines de l’espace des sociétés, de la
sociologie à l’aménagement, qui aujourd’hui, emploient
peu ce terme, lui préférant celui de territoire, marqué
probablement d’une épaisseur que ne possède pas ou
plus la notion d’espace.
L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION.

• L’emploi généralisé du terme de territoire permet de


désigner par ce seul terme, le couplage entre un espace,
celui qui est à l’intérieur des limites du territoire, et
ceux font de cet espace délimité, leur propre espace, de
vie, d’action, etc.
• La notion de territoire condense celle d’espace, d’action
et d’acteurs.
• L’autre manière de voir l’espace ne s’appuie pas sur sa
représentation héritée de la géométrie euclidienne. Ce
n’est pas une étendue qui préexiste aux objets qui y
sont localisés.
• L’espace est un objet en construction et en évolution
permanente.
L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION

• Son existence est la condition de celle des objets qui le


composent comme leur existence est la condition de
l’existence de l’espace ; Les objets créent l’espace de
leur existence et l’espace permet aux objets de
coexister.
• C’est donc un espace relationnel, c’est à dire construit
par les relations qui font de ces objets, des objets
coexistants [Pradeau, 1996]. Selon cette seconde
manière, l’espace est alors l’ensemble des formes
distantes et la condition de l’existence simultanée
d’évènements, d’objets, comme le propose Stéphane
Lupasco qui définit l’espace comme une conjonction
contradictionnelle, c’est à dire ce qui permet à des
objets différents d’être en même temps.
L’ESPACE DE L’ÉTENDUE, L’ESPACE DE LA RELATION

• Quant à ce temps, il est engendré par le conflit entre


l’identité et la diversité, qui constitue la notion même
de changement ; le temps apparaît alors comme une
disjonction contradictionnelle, c’est à dire ce qui
permet à une même chose d’être identique et différente
[Lupasco, 1987].
COMPLEXITÉ

• L’étude des rapports entre l’espace, l’individu et la


société conduit à mobiliser le paradigme de la
complexité plus qu’une quelconque approche
analytique qui sépare et ne relie pas les composants
pris en compte.
• Ce paradigme est certes plus ou moins bien admis,
mais pas encore suffisamment utilisé, du mois de façon
explicite.
• Par complexité, nous n’entendons pas un quelconque
entremêlement qui serait bien délicat à dénouer mais
une approche qui doit être mobilisée dès lors que la
logique du tiers exclu, la relation cause effet, se
révèlent peu adaptées aux phénomènes étudiés.
COMPLEXITÉ

• Si l’on s’en tient au seul paradigme classique (dit de la


mécanique classique), la relation entre espace et
société, par exemple, serait explorée à partir de l’une
des deux relations suivantes, considérant que ces deux
objets, l’espace et la société, ne sont pas indépendants,
pour l’une, une société fait l’espace qu’elle habite,
qu’elle occupe, et pour l’autre à l’inverse, l’espace
organise la société qui l’occupe.
• Manifestement, nombre d’exemples permettent de
valider tant l’une que l’autre de ces deux relations et
point n’est besoin dans faire une liste particulière.
COMPLEXITÉ

• Nous pouvons donc en déduire qu’en toute généralité,


l’espace est une ressource engagée dans l’organisation
des sociétés, engagée par tous les individus en société
dans la construction de leur trajectoire de vie, et qu’à
l’inverse, les individus, les groupes et les sociétés font
l’espace.
COMPLEXITÉ

• Avec le paradigme de la complexité nous admettons


que la chose et son contraire peuvent coexister et de
plus, être la condition de l’existence de l’un comme de
l’autre. Par exemple, l’individu, sans être complètement
et totalement le contraire de la société, même si une
vision réduite de certaines théories politiques peuvent
amener à défendre une telle proposition, sont deux
objets totalement dépendants l’un de l’autre et qui
coexistent nécessairement, il n’y a pas d’individu sans
collectif comme il n’y a pas de collectif sans individus.
Autre exemple commun, la ville étale, quasi isotrope
dans toute ses directions, se nourrit de la ville
polycentrique et réciproquement.
COMPLEXITÉ

• La ville étale est la nappe urbaine qui ne peut se


concevoir qu’à partir d’une démultiplication de ses
lieux centraux, c'est-à -dire les lieux de la ville qui
polarisent nombre de services, nombre de commerces,
nombre de lieux d’activités.
• Inversement, les centralités qualifiées communément
de périphériques, centres commerciaux, centres
d’affaires, zones d’activités, etc., se nourrissent de
l’étalement urbain.
COMPLEXITÉ

• Paradigme fondateur des sciences de la complexité, il


introduit la relation récursive entre deux objets qui
entretiennent quelques relations.
• Cette boucle indique que possiblement l’un fait l’autre
et l’autre fait l’un ; « C’est une boucle génératrice dans
laquelle les produits et les effets sont eux-mêmes
producteurs et causateurs de ce qui les produit »
(Edgar Morin, Jean Louis Le Moigne, 1999, p.255).
• Penser ce qu’est l’habiter par la complexité, c’est
admettre que possiblement pour un individu, un
groupe, une société, il correspond à la boucle récursive
qui les relie à l’espace.
COMPLEXITÉ

• Penser l’habiter par la complexité, c’est notamment


admettre qu’il ne concerne pas qu’un seul lieu, du seul
lieu de résidence par exemple, isolé du restant de
l’espace, mais qu’au moins, c’est penser le lieu dans son
rapport à d’autres, l’ici et l’ailleurs, le lieu comme
élément d’un dispositif plus vaste ; comment peut-on
dire que l’ici fait l’ailleurs et réciproquement et qu’en
tout lieu il y a de l’ailleurs ?
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• Toute partie de l’espace peut être étudiée selon trois


manières qui se rapportent à trois grands géotypes, le
lieu, le réseau et le territoire.
• Ces géotypes qui font partie du répertoire de la
géographie contemporaine, correspondent à des
catégories provenant de notre expérience de l’espace la
plus commune et de nos pratiques les plus ordinaires.
• Ils ont été établis en tant qu’éléments de base
permettant de mieux comprendre et analyser des
situations et des configurations spatiales qui sont des
arrangements, des composés de ces éléments.
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• La représentation commune du lieu est quasiment celle


du convexe mathématique, un espace d’un seul tenant,
tel que tout ce qui sépare et relie deux éléments du lieu,
fait parties du lieu.
• Avec le lieu prédomine le principe de la proximité entre
les objets et les situations qui le composent ; Tout
élément, tout composant est en quasi relation de
contiguïté avec quelques autres du lieu
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• Cette proximité n’est pas une mesure absolue ; elle


dépend de la distance qui sépare l’espace de son
observateur.
• Ainsi vu d’un autre continent, l’espace d’une
agglomération urbaine correspond à un quasi point,
alors qu’en s’approchant d’elle, son étendue va
progressivement se révéler à l’observateur qui sera
alors en mesure de la décomposer en plusieurs unités,
plusieurs lieux.
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• En tant que plus petite unité spatiale, le lieu est un


espace pour lequel la distance, au sens métrique du
terme, n’apparaît pas comme un opérateur des plus
pertinents pour en décrire l’organisation et le
fonctionnement ; celui qui prévaut est un opérateur de
proximité, de coprésence.
• La représentation commune du réseau est le graphe
c'est-à -dire un ensemble connexe au sens
mathématique.
• Il est constitué d’ensembles de parties, ses noeuds ou
ses lieux et les liaisons qui les relient.
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• La proximité n’est plus l’opérateur pertinent pour


étudier le dispositif spatial qu’il constitue ; c’est la
distance qui sépare ses lieux.
• Le territoire, quant à lui, désigne un espace avec
l’autorité qui le dirige, le pilote, l’organise, lui imprime
donc son idéologie (territoriale) et ceux à qui cette
autorité s’impose.
• Certes, la notion de territoire est aujourd’hui associée à
des formes plus souples que sa première définition
quasi éthologique ou écologique ;
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• un individu, un groupe pourra considérer que telle


partie de l’espace fait partie de son territoire, même s’il
n’a pas autorité sur elle mais qu’elle est liée à une
appropriation qui peut n’être que symbolique.
• Pour étudier l’espace, nous disposons avec ces trois
géotypes, de trois approches qui chacune d’elles
favorisent son exploration selon les caractéristiques
propres à chacun d’eux.
• Ainsi, étudier une parti en de l’espace en tant que lieu
revient à favoriser l’étude de tout ce qui relève de la
proximité au sein de cet espace, de tout ce qui relève de
la coprésence.
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• Etudier la même partie selon la dimension de réseau


revient à favoriser son exploration sous l’angle de la
distance, relever ce qui est séparé mais relié au sein de
cette partie et ce avec quoi elle est relié.
• Etudier sa dimension territoriale revient à définir ce
en quoi et par quoi cette partie est dotée d’une
idéologie de type territoriale, d’une simple
appropriation sans domination ou d’un processus
d’appropriation avec domination.
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• Rapporté à ces géotypes, l’habiter peut être défini par


la dimension territoriale imprimée à un espace par un
individu, un groupe ou une société.
• Cette dimension territoriale correspond à un processus
d’appropriation qui peut avoir des dimensions
matérielles et des dimensions symboliques.
• L’habiter peut probablement porter sur les deux
dimensions de lieu et de réseau de l’espace. Dans tous
les cas il est peut être possible d’affirmer qu’il
correspond à faire de tout espace son lieu3.
• Et en faire son lieu peut aller de l’habiter tel qu’il est
jusqu’à l’adapter, le composer, l’organiser, le
transformer plus ou moins radicalement.
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• Habiter un lieu, c’est l’inscrire dans un réseau ou des


réseaux, c'est-à -dire dans un rapport à d’autres espaces
et dans la mesure du possible gérer sa distance à tout
un ensemble de lieux distants ;
• étudier l’habiter c’est définir en quoi un lieu est à la
bonne distance, relié et au plus prêt de certains lieux,
relié et au plus loin d’autres, voire séparé de certains,
c’est définir en quoi un lieu est fabriqué par les autres,
c’est tenir le lieu et ses relations.
• Les situations les plus ordinaires renvoient bien
souvent à cette gestion de la distance et de la bonne
place.
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• Lorsqu’un hô te reçoit, le jeu des positions relatives


entre invités est bien souvent celui qui organise toute
la séance.
• Etre à la bonne place au salon, à table, en promenade
avec ses amis, etc., gérer en permanence sa distance
aux autres, sont les dispositifs qui par l’espace font
société.
• Ce jeu peut être réglé d’avance, normé, même
totalement imposé dans quelques situations
particulières, afin que chacun sache par avance à quelle
distance il doit se tenir de l’autre et à quelle occasion la
rencontre pourra ou ne pourra pas se faire ;
HABITER : FAIRE SES LIEUX ET ÊTRE À LA BONNE DISTANCE

• L’Etiquette gouverne alors par l’espace des rapports de


société et d’urbanité.
• Et quand l’Etiquette n’embrasse pas toutes les
situations, l’espace, celui des jeux de relations et de
positions, est un arrangement permanent où chacun
négocie quand il le peut et s’il le peut, sa place par
rapport aux autres, par rapport aux objets, par
rapports à toutes les autres places qui constituent son
espace au sein d’une multitude d’espaces.
STRUCTURE, ORGANISATION, PAYSAGE

• Au sens faible la notion de structure désigne ce qui fait


« tenir » ensemble les parties ou éléments d’un tout.
• La structure d’un bâ timent est ce qui le fait tenir au sol
et ce qui fait tenir ensemble ses niveaux.
• Toujours au sens faible, un espace apparait comme
étant structuré dès lors que la disposition de ses
parties ne semble pas relever d’un aléatoire mais d’un
ordre qui donne de l’ordre à l’espace.
• Au sens fort, pour la mécanique, le structuralisme, les
mathématiques, la psychanalyse, etc.,
STRUCTURE, ORGANISATION, PAYSAGE

• Une structure est un modèle qui règle les rapports entre


les éléments d’un tout ; ce sont des lois de composition et
d’arrangement.
• Ce sont les lois de la gravitation universelle d’Isaac
Newton, les lois de parenté de Claude Lévy Strauss qui
s’imposent à toutes les cultures, mais parfois
transgressées, les deux topiques freudiennes qui
modélisent le comportement du psychisme, les lois de
groupe, chères au mouvement bourbakiste, etc.
• Pour l’analyse spatiale, la centralité est probablement
une structure pour laquelle la position des lieux au sein
d’un espace est régie par l’adoption d’une position parmi
quatre, considérant que la centralité est un processus qui
s’apparente à un jeu à quatre issues possibles.
STRUCTURE, ORGANISATION, PAYSAGE

• Ce jeu établit la position d’un lieu au sein d’un espace à


partir à sa proximité ou son éloignement aux lieux
voisins de l’espace et à partir de sa proximité ou son
éloignement par rapport aux dispositifs de l’espace qui
permettent d’atteindre des lieux éloignés8.
• Et par cette structure, la connaissance de la position
établit celle de la fonction du lieu.
• Le passage de la structure au sens faible à celle au sens
fort est réalisé dès lors que l’observé est conceptualisé
et qu’il est reconnu comme étant une propriété
générale et non pas une propriété locale ; La structure
fait alors force de « loi ».
STRUCTURE, ORGANISATION, PAYSAGE

• Une organisation n’est pas qu’une structure même si la


condition d’une organisation est d’être un ensemble
d’éléments disposés selon un certain ordre afin de
satisfaire une ou des finalités.
• Une organisation est un ensemble organisé, plus ou
moins bien structuré (notion pris ici au sens faible), et
un ensemble organisant c'est-à -dire qui peut
s’organiser.
• Organisée et organisante, une organisation présente
donc deux facettes, son résultat, l’ensemble organisé, et
un processus ou plus exactement un système d’action
qui produit l’organisé.
STRUCTURE, ORGANISATION, PAYSAGE

• Ce système d’action n’est pas en règle générale que


composé d’éléments de l’organisation ; il peut être
composé d’éléments extérieurs mais qui agissent sur
elle.
• Un paysage est un ensemble qui apparaît à son
observateur comme étant organisé et non pas le seul
produit de quelques processus de placement aléatoire.
Ce qui organise possiblement un paysage est son
contenant mais également tout ce qui par une action
(organisatrice) agit directement ou indirectement sur
l’agencement de ses éléments, un politique publique,
un décret, une norme, etc.
STRUCTURE, ORGANISATION, PAYSAGE

• La structure d’un paysage n’est que l’ordre apparent de


ce qui le compose à moins que cet ordre soit le résultat
de lois universelles.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• Toujours plus d’espace, dans nos pratiques ordinaires


et au sein des organisations, comme les collectivités
territoriales, qui ont en charge une partie du devenir
des territoires qui composent nos espaces habités21 !
Alors que l’Homme (spatial) développe des stratégies
qui vont d’une
• transformation plus ou moins radicale des espaces qu’il
maîtrise à des appropriations matérielles et
symboliques des espaces partagés, qu’il tente de gérer
au mieux la tension et les distances spatiales entre les
grands faits sociaux qui font notre vie, rapports
familiaux, rapports aux activités professionnelles,
rapports au loisir, etc.,
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• les organismes et les institutions, engagés dans la


production des espaces habités, dans la protection des
espaces naturels, etc., sont également conduites à
développer des stratégies portant sur la construction de
l’information spatialisée, sa gestion, son partage et son
implication dans l’aide à la décision.
• Les technologies utilisées par l’Homme ordinaire dans la
conquête de son espace sont encore mal repérées, floues,
moins équipées que celles mises en oeuvre par nombre
d’organismes et d’institutions, d’autant que depuis plus
de deux à trois décennies maintenant, ces organismes,
comme les collectivités territoriales et leurs agents, ont à
leur disposition des technologies déjà éprouvées telles
que les systèmes d’information géographique.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• La neutralité de la technologie est un mythe ! Nous le


savons tous. Les techniques, nos outils naturels et
artificiels sont des ressources organisationnelles.
• Ce module de la recherche EhEA en est une
démonstration complémentaire pour un outil bien
particulier, les systèmes d’information géographique,
au sein d’un type d’organisation, les Conseils Généraux
et en relation avec leur environnement de partenaires,
d’autant que ces Conseils ont des prérogatives toujours
plus lourdes en matière d’aménagement et
d’équipement de leur territoire qui est devenu à partir
des années mille neuf cent soixante dix, la plus grande
échelle de base de nos espaces habités.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• L’urbain est un monde qui en France, du moins, peut


être défini comme un réseau de lieux dont le noeud
n’est plus tant la ville ou la seule agglomération que la
ville-département, tant l’étalement urbain s’est
largement développé.
• A leur origine, « Dans les années 80, la finalité de l'introduction
des SIG (systèmes d’information spatialisée) dans les collectivités
territoriales est la gestion du territoire, les premiers besoins en
données graphiques informatisées concernent principalement le
cadastre, les réseaux et la voierie. Le support informatique est
alors un gros système centralisé nécessairement géré par un
informaticien »
• (Nadine Polombo, rapport EhEA)
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• Destiné à aider les opérateurs dans leur activité de


gestion de l’espace, ces SIG ne correspondent à encore
au SI, les systèmes d’information que les entreprises et
des institutions mettent en place, destinés à aider les
organisations dans le traitement et la circulation des
informations entre toutes les parties de ces
organisations.
• Ces SI sont alors conçus comme étant l’un des l’un des
trois grands systèmes qui composent toute
organisation, selon la théorie de la modélisation des
systèmes complexes22.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• Ces trois systèmes sont le système dit opérant, c'est-à -


dire celui qui réalise les produits de l’organisation pour
elle-même, ses clients et ses usagers, le système de
décision qui définit ce que le système opérant doit
produire et enfin le système d’information qui relie les
deux précédents.
• Ce dernier système était initialement définit comme
étant composé des agents et des moyens qu’ils utilisent
pour assurer la relation entre le système de décision et
le système opérant.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• Cette recherche nous montre que les SIG n’ont pas


vocation à rester de simples outils utilisés par des
opérateurs mais qu’ils sont engagés dans l’organisation
des conseils Généraux et qu’ils tendent à devenir le SI
(système d’information) de ces organismes, puisque
l’information spatialisée est a matière première liées
aux actions et politiques de ces Conseils.
• Le passage de simple outil à celui de véritable système
d’information est un passage conflictuel dans la plupart
des configurations, lié à la nature particulière des SIG ;
son horizontalité avec un partage et une circulation de
l’information qui peut être réglée, s’oppose à une
organisation traditionnellement horizontale et
sectorisée.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• De plus au niveau des opérateurs, son caractère


décentralisé s’oppose à la centralisation informatique
des années mille neuf cent soixante dix. Par la création,
l’actualisation et la circulation de l’information,
l’espace, du moins sa représentation informatisée, est
pleinement engagé dans l’organisation des Conseils
Généraux.
• Ces outils comme la micro informatique en son temps
peuvent conduire à bouleverser les rapports
traditionnellement descendant entre les élus décideurs
et les opérateurs. Avec les SIG, la maîtrise de la
connaissance des espaces habités et naturels n’est plus
du même ordre qu’antérieurement, et l’on comprend
que ce changement d’ordre est source de conflits.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• Ce rô le organisationnel par la donnée spatiale d’une


organisation est d’autant plus appelé à évoluer qu’au
niveau européen, « la directive INSPIRE, en gestation depuis
2002, est entrée en vigueur en mai 2007 et doit être transposée
dans le droit français d'ici mai 2009.
• Elle vise à "établir l'infrastructure d'information géographique
dans la Communauté européenne aux fins des politiques
environnementales communautaires et des politiques ou activités
de la Communauté susceptibles d'avoir une incidence sur
l'environnement" » (N. Polombo, rapport EhEA)
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• Et parmi les nombreux enseignements qu’apport cette


recherche sur l’interrelation entre l’espace, ses
représentations et l’organisation des acteurs (de
l’espace), il faut souligner la dimension technique de
l’outil lui-même qui pose la question de la fiabilité de
l’information d’autant plus cruciale qu’elle est engagée
directement dans les choix stratégiques et financiers du
système de décision des Conseils Généraux.
• Le coû t de l’information et de son acquisition sont des
éléments décisifs dans l’évolution des systèmes de
partenaires qui utilisent des informations communes.
PROJET TERRITORIAL ET INFORMATION GÉOGRAPHIQUE

• L’intérêt de cette recherche qui ne s’est voulue


exhaustive par rapport à son corpus, visitant ainsi en un
temps très court la quasi-totalité des Conseils Généraux
de Métropole, est son caractère systémique.
• La compréhension du rô le joué par l’espace, du moins
ses représentations, au sein d’un collectif, aborde
nombre des facteurs qui agissent sur ce rô le, des
politiques européennes aux agents individualisés, sans
oublier les propriétés techniques de ces outils qui
configurent la qualité des informations et le travail des
agents.
• ANTHROPOLOGIE DE L’ESPACE. HABITER, FONDER, DISTRIBUER,
TRANSFORMER
• SEGAUD, MARION, 2007, Armand Colin, Paris, 223 p
• Rapport de recherche UMR CNRS 6173 Cités territoires environnement
et sociétés (CITERES) - Agence Nationale de la Recherche (ANR), Mai
2008.
• Espaces habités, Espaces Anticipés(EHEA)
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Au Burkina Faso, la terre a toujours constitué, le capital le


plus important pour les populations en raison du poids des
activités agro-sylvo-pastorales dans l’économie du pays.
• Malheureusement ces dernières décennies, cette importante
ressource est soumise à des pressions anthropiques et
animales qui se caractérisent au fil des années par la
réduction de plus en plus importante des terres utiles à la
conduite des activités agro-sylvo-pastorales.
• À ces facteurs de dégradation, il faut également noter les
conséquences des changements climatiques qui se sont
traduits par l’augmentation du réchauffement climatique, le
net recul pluviométrique et l’assèchement progressif des
zones humides à travers le pays.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Les effets conjugués de l’ensemble de ces facteurs de


dégradation ont affecté négativement aussi bien au plan
coutumier que moderne, les techniques, les règles, les
principes et les modes de gestion de la terre qui
permettent l’accessibilité et l’utilisation des ressources
foncières.
• Cette situation s’est aggravée depuis ces dix dernières
années avec l’émergence de nouveaux acteurs que sont
entre autres les promoteurs des grandes exploitations,
les sociétés minières, les promoteurs immobiliers, etc.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Ainsi, malgré l’abondante existence des dispositions


réglementaires sur le foncier, les conflits de tout genre
relatifs à l’accès et à l’utilisation des ressources
foncières sont de plus en plus nombreux dans les
différentes localités du pays aussi bien en milieu urbain
qu’en milieu rural.
• En raison donc de son caractère stratégique pour le
développement socio-économique du pays et des
risques de sa mauvaise gestion sur la préservation de la
paix sociale, le foncier depuis ces trente dernières
années fait l’objet, tant au niveau de la puissance
publique que des communautés villageoises, une
attention particulière.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Il s’agit d’une part, de concevoir et de mettre en oeuvre


des mesures en vue de l’exploiter de manière durable en
préservant ses capacités productives au profit des
générations futures et d’autre part, de prévenir et gérer
les conflits susceptibles de naître à l’occasion de son
exploitation par les différents acteurs.
• C’est dans cet objectif qu’a été initiée cette
expérimentation du Cadre d’analyse de la gouvernance
foncière.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Conçu par la Banque mondiale en partenariat avec les


autres institutions d’appui au développement, la mise
en oeuvre du Cadre d’Analyse de la Gouvernance
Foncière (CAGF) permet de déterminer comment les
modalités en place dans un pays se comparent aux
bonnes pratiques mondiales dans les principaux
domaines de bonne gouvernance foncière identifiés
comme (i) la façon dont les droits de propriété sur les
terres (au niveau collectif ou individuel) sont définis,
peuvent être transférés et convertis ; (ii) la manière
dont le public peut exercer un contrô le sur l'utilisation,
la gestion et la fiscalité foncières ; (iii) comment est
définie l'étendue
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• des terres entre les mains de l'É tat, comment l'É tat
exerce ses droits fonciers, et comment ces terres
étatiques peuvent être acquises et cédées ; (iv) la
gestion de l'information foncière et les manières
permettant d'accéder à ces informations ; (v) les
procédures permettant de résoudre et de gérer les
litiges et d'obliger les responsables à rendre des
comptes ; et enfin (vi) les procédures permettant de
gérer les investissements fonciers.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Le processus qui a couvert la période de mars à juin


2014 est passé par plusieurs étapes parmi lesquelles le
recrutement d’un coordonnateur national, l’élaboration
de la typologie foncière, la production de rapports
d’experts sur les neuf thématiques retenue, la tenue de
panels pour la notation des indicateurs, la production
d’une synthèse générale, l’organisation et la tenue d’un
atelier de validation et enfin la production du présent
rapport final.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• La démarche participative et inclusive du CAGF a permis


de procéder à un diagnostic sans complaisance de l’état
des lieux de la gestion du foncier à travers les neuf
thèmes retenus et d’évaluer les performances du pays
en matière de gouvernance foncière.
• Conformément à la grille et aux techniques de notation,
il ressort les résultats suivants pour le classement de
l’ensemble des 120 dimensions : 16,67 % des
dimensions sont notées A ; 22,5 % des dimensions sont
notées B ; 33,33 % des dimensions sont notées c ; 27,5
% des dimensions sont notées D
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• De l’interprétation de ces résultats, on peut retenir que


de façon générale pour le Burkina Faso, la dotation en
termes de dispositions réglementaires (les lois et les
textes d’application) est très satisfaisante.
• Outre les référentiels d’orientation des politiques de
développement au plan national et sectoriel, le pays
vient de se doter d’une politique nationale de
sécurisation foncière en milieu rural.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• En vue de permettre l’opérationnalisation de cette


politique, le gouvernement a élaboré et adopté en juin
2009, la loi n° 034-2009/AN du 16 juin 2009 portant
régime foncier rural.
• Cette loi détermine le régime domanial et foncier
applicable aux terres rurales ainsi que les principes de
sécurisation foncière de l’ensemble des acteurs du
foncier rural.
• Dans la même dynamique, la loi 034-2012/AN portant
réorganisation agraire et foncière (RAF) au Burkina
Faso a été adoptée le 02 Juillet 2012 par l’Assemblée
Nationale et promulguée par décret n°2012-716/PRES
du 06 septembre 2012.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Cette seconde loi détermine d’une part, le statut des


terres du domaine foncier national, les principes
généraux qui régissent l'aménagement et le
développement durable du territoire, la gestion des
ressources foncières et des autres ressources naturelles
ainsi que la réglementation des droits réels immobiliers
et d’autre part, les orientations d’une politique agraire.
• Elle consacre un domaine foncier national au Burkina
Faso qui constitue un patrimoine commun de la nation.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• En plus de ces deux lois, le pays compte de nombreux


textes réglementaires dans les différents domaines de
l’eau, de la foresterie, des aménagements territoriaux,
des mines, etc..
• Des analyses faites, il ressort que ces performances sont
obscurcies par la non-effectivité des dispositions
réglementaires sur le terrain. En effet, quelquefois
bafoués par les administrations publiques, ignorés
et/ou rejetés par les acteurs concernés (populations, les
acteurs du privé, les spéculateurs, etc.,
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• les textes réglementaires dans leur grande


majorité connaissent des problèmes
d’applicabilité sur le terrain.
• Il s’en suit alors la prolifération des pratiques
non conformes et informelles qui complexifient
au fil des années la gouvernance foncière dans
tous ses aspects.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• De manière spécifique, des principales conclusions du


cadre d’analyse de la gouvernance de la gouvernance
foncière, on peut retenir que des acquis certains
existent dans les différents domaines : de la
reconnaissance de la tenure foncière ; des droits sur les
terres forestières et communautaires et
réglementations de l'utilisation des terres rurales ; la
résolution des litiges ; l’examen des modalités
institutionnelles et des politiques générales.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• Cependant de nombreux efforts restent à faire pour


répondre aux attentes en matière de gouvernance
foncière dans les domaines : de l’utilisation du sol,
planification et développement urbains ; de la gestion
des terres publiques ; de la transparence des
procédures et avantages économiques du transfert des
terres publiques à un usage privé ; de l’accès public aux
informations foncières : registre et cadastre ; de
l’estimation de la valeur des terres et fiscalité foncière ;
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

• C’est en vue de renforcer les acquis et d’améliorer les


insuffisances qu’il a été formulé les recommandations et les
suggestions ci-après selon les axes prioritaires retenus. Ce
sont :
• 1) la reconnaissance des droits coutumiers est assurée à travers :
• la généralisation de l’élaboration et de la mise en œuvre des
chartes foncières ;
• la formation des droits des femmes sur les terres ;
• l’immatriculation des terres publiques au-delà des espaces
aménagés et des forêts classées ;
• l’enregistrement systématique des servitudes publiques
(pistes à bétail par exemple) ;
• la sécurisation des droits des paysans (femmes et hommes)
dans les périmètres aménagés.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

2) l’aménagement du territoire est effectif par :


• l’accélération de la finalisation des instruments
d’aménagement du territoire (schémas
d’aménagement) ;
• l’élaboration des plans d’occupation des sols ;
• la finalisation de l’élaboration des textes d’application
(code forestier) ;
• le contrô le et la maitrise de la cession des terres
communautaires au profit des nouveaux acteurs et du
privé qui influence négativement sur la production et
l’environnement.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

3) la promotion d’une urbanisation rationnelle et


inclusive est assurée à travers :
• la mise en œuvre effective des schémas directeurs
élaborés et en assurant le respect des orientations
définies ;
• la simplification des procédures de constitution des
dossiers d’autorisation à construire ;
• l’adoption d’une vision intégrée de la politique des
logements sociaux ;
• la restructuration et l’aménagement des zones non
loties ;
• le retrait des terrains lotis non viabilisés (190 000
parcelles attribuées non valorisées sur la seule ville de
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

4) la gestion rationnelle des terres publiques est


assurée à travers :
• l’identification de façon formelle des terres
publiques et les immatriculer ;
– constituer une base de données unique intégrant
l’ensemble des données dispersées ;
– procéder à un inventaire complet des terres
publiques ;
• le transfert effectif des terres publiques aux
collectivités territoriales ;
• la gestion effective des terres publiques en
respectant la loi et les schémas d’aménagement.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

5) les procédures et conditions d’accès de la terre aux


investisseurs privés sont clarifiées par :
• l’élaboration et la mise en œuvre d’une procédure claire
et transparente dans l’adjudication des terres publiques à
un usage privé ;
• le suivi et la mise en œuvre effective des concessions et le
respect des cahiers de charges ;
• la mise en ligne des informations foncières sur les
concessions et les terres transférées pour accroître la
recevabilité et le suivi citoyen ;
• la conception et la mise en œuvre de mesures
transparentes de partage des bénéfices liés aux
concessions entre Etat, les collectivités territoriales et les
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

6) la formalisation des droits et la gestion des


informations foncières sont assurées par :
• la simplification des procédures et des conditions pour
une reconnaissance systématique et l’acquisition des
titres fonciers (APFR, titre propriété, bail, etc.) ;
• la mise en place d’un fonds pour faciliter l’accès aux
titres aux indigents ;
• l’accélération de la mise en place du cadastre national
informatisé ;
• la mise en place d’un Système d’Information foncière
accessible.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

7) la fiscalité foncière est revisitée et adaptée au


contexte actuel en procédant à :
• la révision des pratiques de taxation des transactions
foncières actuelles pour encourager l’enregistrement
des mutations ;
• l’élaboration et la mise en œuvre d’une fiscalité foncière
adaptée au profit de l’Etat et des collectivités
territoriales.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

8) la prévention et la résolution des litiges fonciers


sont assurées à travers :
• le renforcement des capacités de réconciliation au
niveau local à l’instar des CCF ;
• le renforcement des capacités des acteurs du système
judiciaire ;
• la mise en place d’un système de suivi informatisé des
cas de résolution des litiges dans le cadre formel et
informel.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

9) les institutions de la mise en œuvre des lois et


règlements sur le foncier sont effectives et
fonctionnelles par :
• la généralisation et le fonctionnement effectif des
structures locales et gestion foncière (SFR, CCFV) ;
• le renforcement des capacités des services déconcentrés
et décentralisés ;
• le transfert des compétences et des ressources
nécessaires à l’exercice des compétences ;
• l’élaboration, la diffusion des manuels de procédures et
les outils de gestion ;
• l’inclusion des modules ou l’ouverture des filières de
formation sur le foncier (fiscalité, conflits, cadastre).
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

10) la politique foncière nationale est performante et


budgétisée à travers :
• l’élaboration d’une politique foncière urbaine ;
• l’évaluation, la programmation, la budgétisation du
coû t global de la politique foncière ;
• l’amélioration de la connaissance par la population des
nouvelles lois sur le foncier ;
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO

11) le suivi des performances et la dynamisation


des espaces de concertation sont assurés par :
• la recherche de consensus sur les normes et standards
relatifs aux indicateurs de meures des performances ;
• la production et la diffusion de rapports publics sur les
performances ;
• le suivi des expériences, la capitalisation des acquis et la
diffusion des bonnes pratiques ;
• la dynamisation des espaces de concertation
fonctionnels sur le foncier ;
• la mise en place d’un observatoire sur le foncier qui
fournit des informations périodiques sur la gouvernance
foncière.
CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE DU BURKINA FASO
Cadre d’Analyse de la Gouvernance Foncière du Burkina Faso
Résumé-conclusions
sous la coordination de Moussa Ouédraogo
Spécialiste en gouvernance locale et foncière
ORGANISATION TERRITORIALE
• Sur le plan de l’administration du territoire, après les
communes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso à
l’époque coloniale, puis une première vague de 47
communes en 1995, en 2006, le territoire burkinabè a
fait l’objet d’une décentralisation intégrale.
• Des maires et leurs équipes communales ont été
installés dans 302 nouvelles communes et des conseils
régionaux ont été mis en place dans les 13 régions du
pays.
• Le Burkina Faso est ainsi organisé en deux niveaux de
décentralisation et en trois niveaux de déconcentration
ORGANISATION TERRITORIALE
Nombre Circonscriptions administratives Collectivités
territoriales

13 Région Gouverneur Région Conseil régional,


Président

45 Province Haut- commissaire

351 Département Préfet Commune Conseil


municipal, Maire
ORGANISATION TERRITORIALE
• Les collectivités territoriales ont des relations
fonctionnelles entre elles, tandis que les
circonscriptions déconcentrées ont des relations de
tutelle.
• Le Gouverneur exerce la tutelle administrative sur la
région collectivité, et le Haut commissaire sur la
commune.
• Par ailleurs, les territoires de la région-circonscription
et de la région-collectivité se confondent tout comme
ceux de la commune et du département.
ORGANISATION TERRITORIALE
• Les compétences des collectivités territoriales sont
définies par le Code général des collectivités
territoriales (CGCT)3 et plusieurs décrets qui leur
transfèrent les compétences et les ressources dans 11
domaines4. Les communes ont en particulier plusieurs
compétences fiscales et administratives relatives à leur
domaine foncier visées par le CGCT, la Réforme agraire
et foncière (RAF)5, la loi portant régime foncier rural6,
ainsi que le Code de l’urbanisme7.
ORGANISATION TERRITORIALE
• Dans le cadre de la décentralisation intégrale, des
Conseils villageois de développement (CVD) ont été
créés8. Placé sous la supervision et la tutelle du conseil
municipal, le CVD contribue au Plan communal de
développement (PCD), à la promotion du
développement local dans le village, aux différentes
commissions mises en place par le conseil municipal.
• Dans le cadre de ces attributions, le CVD a pour mission
de participer à la recherche de solutions aux problèmes
fonciers et de gestion de l’espace villageois, et de créer
toutes les conditions nécessaires à la gestion, l’entretien
et la valorisation des infrastructures et des ressources
naturelles.
ORGANISATION TERRITORIALE
• Les régions ont pour mission de coordonner les plans
de développement des communes en veillant à ce
qu’elles s’inscrivent dans les différents schémas prévus
par l’É tat. Elles prennent en charge des ressources, des
espaces et des infrastructures désignés comme
régionaux par l’administration.
• Elles bénéficient de la fiscalité perçue à l’échelle
communale rétrocédée par l’É tat. Récemment, les
Agences régionales de développement (ARD) ont été
créées pour constituer le bras technique et financier des
régions-collectivités9.
ORGANISATION TERRITORIALE
• Globalement, au Burkina Faso, la décentralisation est
inscrite dans toutes les politiques et stratégies
sectorielles, mais le transfert réel des compétences est
encore lent et les collectivités n’ont pas toujours toutes
les capacités pour assurer leur rô le.
ORGANISATION TERRITORIALE
• 3. Loi no 055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant code général des
collectivités territoriales.
• 4. É tat civil ; aménagement du territoire et gestion du domaine foncier ;
environnement et gestion des ressources naturelles ; développement
• économique et planifi cation ; santé et hygiène ; éducation, emploi, formation
professionnelle et alphabétisation ; culture, sports et loisirs ;
• protection civile, assistance et secours ; pompes funèbres et cimetières, eau et
électricité, foires et marchés (loi no 055-2004 du 21 décembre
• 2004 art. 80 à 105 ; décret no 2006-209 du 15 mai 2006).
• 5. Loi no 034-2012/AN du 2 juillet 2012 portant réorganisation agraire et
foncière au Burkina Faso.
• 6. Loi no 034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier rural au
Burkina Faso.
• 7. Loi no 017-2006/AN du 18 mai 2006, portant code de l’urbanisme et de la
construction.
ORGANISATION TERRITORIALE
• 8. Décret no 2007-032/PRES/PM/MATD du 22 janvier 2007
portant organisation, composition et fonctionnement des
conseils villageois de
• développement (CVD).
• 9. Décret no 2014-156/PRES/PM/MATD/MEF du 10 mars 2014
portant création, attribution, organisation et fonctionnement des
Agences
• régionales de développement (ARD).
• 10. Réorganisation foncière et agraire, loi d’orientation pastorale,
code de l’urbanisme, code de l’environnement, loi d’orientation
de l’eau,
• code forestier, régime foncier rural, Politique nationale de
sécurisation foncière en milieu rural, code minier.
• 11. C’est dans ce contexte que le Burkina Faso est le premier
exportateur de coton d’Afrique de l’Ouest.
LA QUESTION FONCIÈRE
• Au Burkina Faso, la régulation de l’accès aux terres
rurales est structurée par :
• une frontière agraire interne fondée sur l’attraction des
populations du Nord par les territoires fertiles et peu
peuplés du Sud-Ouest ;
• des politiques volontaristes d’aménagement par l’É tat
(zones pastorales, périmètres irrigués, aires protégées,
aménagement des Volta) couplées à une législation tout
aussi volontariste10 ;
• la promotion active de l’exploitation en filière (coton,
maraîchage, céréales, viande-bétail) ;
LA QUESTION FONCIÈRE
• le faible ancrage local de l’É tat qui implique que, dans
les faits, la gestion foncière se réalise dans le cadre des
institutions coutumières locales et l’exploitation de la
terre au sein des exploitations familiales11.
• En particulier, malgré son volontarisme l’É tat échoue à
appliquer les diverses versions de la Réforme agraire et
foncière en milieu rural, notamment celle de 199612.
Parallèlement, au cours des années 1990, circulent au
sein de l’aide publique au développement les idées
suivantes sur le foncier en Afrique :
LA QUESTION FONCIÈRE
• la sécurisation des droits fonciers par le titre pourrait
diminuer les conflits et/ou augmenter les
investissements fonciers des ruraux ;
• le surgissement de marchés fonciers informels
profitent surtout aux élites urbaines et à la bourgeoisie
d’É tat ;
• la sécurité alimentaire doit être replacée au cœur des
politiques de développement ;
• les pays africains vont exploser sur le plan
démographique vers 2050.
LA QUESTION FONCIÈRE
• C’est ainsi que, de 1998 à 2007, l’É tat burkinabè s’est
lancé dans la réflexion et l’expérimentation en matière
de reconnaissance des droits fonciers locaux. Ce
processus aboutit en 2007 à la promulgation de la
Politique nationale de sécurisation foncière en milieu
rural (PNSFMR)13 et en 2009 à la loi portant régime
foncier rural, qui sont aujourd’hui en cours
d’application.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• En matière de sécurisation foncière rurale, le Burkina
Faso est dans une situation de transition.
• Transition entre la situation associée à la Réforme
agraire et foncière de 1996 et la situation que
l’application de la Politique nationale de sécurisation
foncière en milieu rural et la loi no 034-2009 portant
régime foncier rural vise à installer.
• Une situation historique de dualisme (1906-1996)
• 1906-1960 : de la négation à la confirmation des
droits locaux
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Le territoire militaire Niger-Volta a été conquis entre
1891 et 1898. Identifié comme un bassin de main-
d'œuvre devant servir aux entreprises et aux
investissements coloniaux, il a été intégré à la colonie
du Haut-Sénégal Niger en 1904.
• Après une révolte violente de centaines de villages à
l’ouest de la Volta Noire en 1915-1919, le Haut-Sénégal
Niger est ingouvernable. Il est séparé en Soudan (actuel
Mali) et en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) en 1919.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Dès 1920, le pouvoir colonial bénéficie du soutien du
moogo naaba, l’empereur de l’ethnie majoritaire de la
région, les Moose15.
• Forte de ce soutien, l’administration développe une
politique volontariste de mise en valeur : augmentation
régulière de l’impô t, recrutement actif de la main-
d'œuvre, obligation de cultiver le coton pour le compte
de la colonie. Pressurant fortement les populations,
cette politique fi nit par inquiéter le ministère des
Colonies qui commandite une mission d’évaluation.
• Celle-ci conclu que la Haute-Volta n’est pas une colonie
viable.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• En 1933, la colonie de Haute-Volta est dissoute et
répartie entre le Soudan français, la Cô te d’Ivoire et le
Niger. Les populations voltaïques sont destinées à
fournir de la main-d'œuvre à l’Office du Niger (Soudan),
aux plantations (Cô te d’Ivoire) et aux mines (Niger).
• Le territoire des Moose, le moogo, ayant été séparé
entre le Soudan et la Cô te d’Ivoire, les chefs des
royaumes moose, les naaba, s’organisèrent pour
revendiquer la reformation de la Haute-Volta.
• En 1937, grâ ce à leurs efforts, les cercles de l’ex-Haute-
Volta intégrés à la Cô te d’Ivoire obtiennent le statut de
région de Haute Cô te d’Ivoire avec un administrateur à
sa tête.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Puis la Haute-Volta est reconstituée le 4 septembre
1947, suite au soutien du moogo naaba au pouvoir
colonial dans sa lutte contre l’émergence du
Rassemblement démocratique africain (RDA) et son
discours indépendantiste16.
• Durant tout le XIXe siècle, l’É tat français s’était peu
soucié d’installer un régime foncier dans ses comptoirs
et colonies d’Afrique. Ce n’est qu’au début du XXe siècle
que les juristes se sont penchés sur la question de la
propriété pour élaborer un régime foncier spécifi que
aux colonies.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Il reposait sur trois piliers : la présomption de
domanialité de l’É tat sur les « terres vacantes et sans
maître »17, la création de la propriété par
l’immatriculation et le titre foncier18, et les procédures
de constatation des droits fonciers coutumiers sur
déclaration individuelle19.
• En se refusant de confirmer les possessions
coutumières, ce régime foncier a la particularité
d’installer un dualisme entre le droit de propriété, d’une
part, et le droit foncier coutumier, d’autre part.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• En AOF et en AEF, ces trois piliers du régime foncier
colonial évoluèrent principalement dans deux
directions.
• D’abord, dans le sens d’une limitation de la présomption
de domanialité de l’É tat en définissant de plus en plus
précisément les « terres vacantes et sans maîtres » ainsi
que les procédures d’acquisition foncière par l’É tat
colonial20.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Ensuite, en assouplissant les procédures de
constatation des droits fonciers coutumiers jusqu’à
finalement les confirmer en 195521.
• Mais, intervenant à la veille des indépendances, la
confirmation des droits coutumiers ne sera jamais
appliquée par les Assemblées territoriales22.
• Leurs membres « se refuseront à limiter les droits
domaniaux des futurs É tats [indépendants] »23, car ils
craignaient d’hériter d’É tats sans pouvoir de contrô le
sur les terres face à des droits coutumiers forts et
multiples.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
Les lois foncières de Haute-Volta entre 1960 et 1983
• La Haute-Volta indépendante a été dirigée par Maurice
Yaméogo (Rassemblement démocratique africain, RDA)
de 1960 à 1966.
• Il a peu modifié les structures locales laissées par
l’administration coloniale. Les cercles ont été subdivisés
en préfectures, sous-préfectures et arrondissements.
• Au sein de ces derniers, les cantons et les villages
étaient maintenus. Sur le plan légal, le Gouvernement a
interdit en 1962 la succession aux chefs de canton et de
villages décédés, puis il a supprimé leurs traitements de
faveur en 1965.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Le Gouvernement Yaméogo a été destitué par le
lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana, qui a dirigé le
pays de 1966 à 198024. La structure territoriale de la
Haute-Volta a été modifi ée en 1974.
• La province, le département et le village devinrent les
nouvelles unités administratives.
• Les cantons furent abandonnés. Le village ayant été
reconnu comme une entité administrative à part
entière, les chefs de village étaient choisis par la
population, puis nommés par arrêté du ministre en
charge de l’Intérieur.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• La loi no 77-60/AN du 12 juillet 1960 portant
réglementation du domaine privé de l’É tat constitue
l’É tat indépendant de Haute-Volta comme propriétaire
potentiel des terres non immatriculées en 1960.
• Elle organise ainsi l’occupation et l’aliénation des terres
au moyen de trois types de concessions : rurale, urbaine
et individuelle.
• La loi no 29-63/AN du 24 juillet 1963 autorisant le
Gouvernement à réserver pour l’É tat une part des terres
faisant l’objet d’aménagements spéciaux ou des terres
peu peuplées ou éloignées des agglomérations, réserve
à l’É tat le droit de s’approprier les terres considérées
comme vacantes, notamment dans les zones rurales
reculées.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Ces deux lois s’inscrivaient dans le cadre du décret no
55-580 du 20 mai 1955 portant réorganisation foncière
et domaniale en AOF et AEF25. Elles reconnaissaient
donc les droits fonciers coutumiers.
• L’acquisition de fonds de terre par l’É tat n’était possible
que par la cession amiable ou l’expropriation pour
cause d’utilité publique après une enquête publique et
contradictoire devant révéler les droits coutumiers
grevant les terrains.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
1980-1991 : un droit foncier coutumier légalement
dissolu mais admis en pratique
• Au cours de la décennie 1980, les coups d’É tat se
succédèrent. Le colonel Sayé Zerbo avait destitué
• Sangoulé Lamizana en 1980 avant d’être lui-même
limogé en 1982 par le médecin-commandant Jean-
Baptiste Ouédraogo, qui a été finalement écarté du
pouvoir en 1983 par le capitaine Thomas Sankara. Le
capitaine Blaise Compaoré a remplacé ce dernier en
1987.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• En 1983, le Comité national de la révolution (CNR) de
Thomas Sankara a installé les Comités de défense de la
révolution (CDR) dans chaque quartier, secteur et
village du pays26.
• Le Burkina Faso a été créé en 1984, et la Réorganisation
agraire et foncière (RAF) a été proclamée le 4 aoû t de la
même année. Elle créa le domaine foncier national dont
l’É tat était le propriétaire éminent.
• Avec cette loi, une nouvelle instance locale devait faire
son apparition : la Commission villageoise de gestion de
terroir (CVGT). Exclusivement ouverte aux membres du
CDR, cette commission devait attribuer les terres,
vérifier leur mise en valeur et régler les conflits
fonciers.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• En 1988, après la chute de Sankara, le Front populaire
de Blaise Compaoré a supprimé les CDR et a installé les
Comités révolutionnaires (CR)27.
• En 1991, le Burkina Faso dirigé par Blaise Compaoré
s’est doté d’une constitution démocratique. Au niveau
local une nouvelle fonction a été créée : le délégué
administratif villageois (DAV)28.
• Il remplaçait les délégués CDR et CR. Quelques années
plus tard, en 1995, le délégué devint un responsable
administratif (RAV).
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• De 1983 à 1996, le Burkina Faso a connu trois
réorganisations agraires et foncières :
• le régime du Conseil national de la révolution avait voté
l’ordonnance no 84-050/CNR/PRES du 4 aoû t 1984
portant réorganisation agraire et foncière au Burkina
Faso et le décret no 85-404/ CNR/PRES du 4 aoû t 1985
portant conditions et modalités d’application de la RAF.
Cette ordonnance avait créé le Domaine foncier national
(DFN), qui était la propriété exclusive de l’É tat.
• En conséquence, elle supprimait la propriété privée
individuelle du sol, généralisait les droits de jouissance
et ne reconnaissait plus les droits fonciers coutumiers.
Les terres du DFN étaient inaliénables, imprescriptibles
et insaisissables ;
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• après la chute du CNR, le Front populaire a adopté la
Zatu no AN-VIII-039 bis/FP/PRES portant RAF au
Burkina Faso, et le Kiti no AN-VIII-0328/ter/FP/PLAN-
COOP du 4 juin 1991 portant conditions et modalités
d’application de la RAF.
• Le DFN demeurait la propriété de l’É tat, mais était
introduite la possibilité d’aliénation de certaines terres
à titre de propriété privée ;
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• puis, l’Assemblée du Peuple a adopté la loi no
014/96/ADP du 23 mai 1996 portant RAF au Burkina
Faso et le décret no 97-054/PRES/PM/MEF du 6 février
1997 portant conditions et modalités d’application de la
RAF.
• Ces deux derniers textes réaffirmaient la propriété de
l’É tat sur le DFN, mais précisaient davantage les
possibilités de cession de certaines terres à titre de
propriété privée au moyen de l’immatriculation et du
titre foncier. Ils créaient notamment le domaine des
collectivités territoriales par cession de l’É tat à la
demande.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
La question de l’application des RAF en milieu rural
• En son article 4, la RAF de 1996 précisait que le
domaine foncier national était la propriété exclusive de
l’É tat, et en son article 5 qu’il pouvait céder des terres à
des particuliers.
• Pour que ces particuliers puissent exercer un droit de
propriété sur les terres du domaine foncier national
cédées par l’É tat, ces terres devaient être préalablement
immatriculées (art. 167) pour qu’ensuite le droit de
propriété soit publié (art. 168).
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Contrairement à ce que l’on a pu parfois avancer29, en
elles-mêmes ces dispositions n’insécurisaient pas les
paysans puisque l’exploitation des terres au titre de la
subsistance était admise30. Ils étaient notamment
considérés en tant que superficialités devant donner
leur accord aux demandes de titre de jouissance et de
titre de propriété, celui-ci étant constaté par un procès-
verbal de palabre31.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Avec la RAF de 1996, les ruraux pouvaient bénéficier de
droits solides sur les terres rurales pour assurer une
sécurité de leurs investissements32.
• II s’agissait de droits réels diversifiés, tels que la
propriété et ses démembrements, qui étaient de nature
à s’adapter aux différents besoins des paysans.
• Ces droits réels étaient complétés par les principes
contractuels de droit commun, notamment le principe
de la liberté de convention.
• Ces droits étaient consacrés par les textes et protégés
par les institutions judiciaires compétentes.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Mais « … les exploitants ruraux, petits comme grands,
bénéficient rarement de la délivrance effective de ces
titres pour sécuriser leurs exploitations en milieu
• rural. Une telle situation traduit la faible effectivité du
dispositif de sécurisation pour ce qui concerne
• le milieu rural.33 » Plus spécifiquement :
• cette réglementation ne permettait pas aux paysans
d’accéder à la sécurité foncière par le titre puisque les
procédures et le coû t des titres de jouissance et du titre
de propriété ne leur étaient pas accessibles ;
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• les procès-verbaux de palabre étaient le plus souvent
négociés par les acteurs urbains nantis auprès d’acteurs
locaux qui leur étaient acquis ;
• les dispositions de la RAF ne permettaient pas à la
justice de régler le contentieux foncier rural dans un
contexte où les paysans n’avaient ni titre d’occupation
ni preuve d’une forme de possession inscrite au Code
civil.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Le Tribunal de grande instance pouvait juger les
violences physiques et les destructions de matériel dans
les cas où les conflits fonciers dégénéraient, mais il ne
pouvait pas confirmer les droits fonciers sur les terres.
L’administration déconcentrée, au travers du tribunal
départemental présidé par le préfet, ne pouvait pas non
plus traiter le contentieux foncier.
• Elle traitait les dégâ ts des champs et donnait l’ordre aux
parties de s’entendre34.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Dans ce contexte, plusieurs travaux35 montrent
qu’entre paysans, mais aussi entre paysans et élites
urbaines, le procès-verbal de palabre était parfois
utilisé de façon détournée.
• Il était rédigé par les agents de l’agriculture, des
domaines ou de la préfecture en dehors des heures de
services et de façon incomplète, puis il était légalisé au
commissariat. Cela permettait d’échapper aux taxes et à
l’immatriculation, tout en fournissant une preuve de la
transaction.
HISTOIRE POLITIQUE DES INSTITUTIONS FONCIÈRES
• Ces travaux montrent aussi que, dans les zones
cotonnières, les migrants de retour de Cô te d’Ivoire
demandaient des papiers rédigés devant témoins et
légalisés au commissariat pour sécuriser les cessions ou
les prêts de terre qu’ils avaient obtenus.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
La frontière agraire interne du Burkina Faso : la
construction de rapports autochtone/immigrant à
propos de la terre
• Sur les plans agricoles, fonciers et sociopolitiques, le
Burkina Faso est caractérisé par une frontière agraire
interne.
• Il s’agit d’un phénomène de front pionnier agricole qui
se développe à l’intérieur du pays sur la base de la
migration d’une partie de la population vers une zone
privilégiée du territoire national. Ce phénomène induit
des processus de recomposition politique locaux et
nationaux importants qui modifient durablement les
structures foncières36. Ces migrations interviennent au
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• Burkina Faso dans un contexte social et politique local
particulier. D’un cô té, les sociétés paysannes qui
reçoivent les migrants conçoivent l’accueil d’étrangers à
la communauté villageoise et les droits d’accès à la terre
comme des moyens pour assurer la viabilité et
l’expansion de la communauté.
• On parle de tutorat foncier : une relation sociale à
l’intérieur de laquelle les droits fonciers sont distribués
en contrepartie de devoirs d’intégration sociale, et qui
confère aux immigrants le statut d’« étrangers
domiciliés »37.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• De l’autre, les sociétés paysannes qui fournissent la plus
grande part d’immigrants internes sont des sociétés
dont les structures sociales reposent sur la mobilité et
la conquête, il s’agit notamment des royaumes moose
du Yatenga et du Plateau central et des sociétés
d’éleveurs du Nord du pays38.
• Tout au long de la première moitié du XXe siècle, ces
deux groupes sont descendus vers l’ouest et le sud en
même temps et pour des raisons similaires : l’arrêt
complet de leurs conquêtes par les militaires français à
la fin du XIXe siècle ; les pressions de l’administration
coloniale sur leur organisation sociale et leur système
productif par l’impô t et la conscription ; la
sécheresse39.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• C’est toutefois l’année 1969-70 qui a constitué
un « cliquet » historique pour les migrations
voltaïques. À partir de cette date s’est mis en
place un flux continu de milliers de jeunes chefs
d’exploitation issus du Yatenga et du Plateau
central désireux de s’installer durablement dans
l’ouest du Burkina Faso40.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
Les dynamiques du droit foncier coutumier
• Dans les faits, au Burkina Faso, la régulation de l’accès à
la terre au niveau local est quotidiennement exercée par
les autorités foncières coutumières.
• Nous n’avons pas la place de décrire les multiples
configurations du droit foncier coutumier de façon
exhaustive41.
• Nous soulignerons toutefois que le droit foncier
coutumier n’est pas figé. Il évolue en permanence selon
les dynamiques sociales, politiques et économiques
locales et nationales. Cinq grandes dynamiques ont
actuellement cours.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
L’individualisation de la gestion des terres
• Dans les zones où la pression est forte et la
marchandisation de l’agriculture et des terres est
importante, la gestion collective des patrimoines
fonciers lignagers est remise en cause par les chefs
d’exploitation et les cadets.
• Ils revendiquent une gestion individualisée des terres.
Cela ne signifie pas qu’ils aspirent à la propriété
individuelle, mais plutô t que les terres soient gérées à
des niveaux d’organisation plus restreints que le
lignage.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
Des transactions qui contournent les procédures
coutumières
• Dans le droit coutumier, les transactions foncières (prêt,
don, transmission entre vifs, etc.) se font généralement
en impliquant plusieurs des autorités foncières du
village (chef de lignage concerné, chef de brousse, chef
de terre ou leurs représentants) ainsi que des témoins.
Dans certaines sociétés on réalise aussi un sacrifice aux
esprits du territoire.
• Or, dans les zones de forte immigration interne et de
pression sur la terre, les transactions tendent à
impliquer de moins en moins les autorités foncières et
des témoins. Elles deviennent de plus en plus des
négociations interindividuelles.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• É galement, la vente de terre est normalement une
pratique étrangère au droit foncier coutumier, puisque
la terre est un patrimoine familial et villageois, que l’on
prête pour assurer la subsistance du bénéficiaire
(tutorat foncier). Cependant, la terre est vendue dans
les zones aménagées par l’É tat, les communes
périurbaines et les zones de forte pression foncière.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• Dans certains cas, la vente est réalisée de façon
transparente et selon la législation.
• Mais dans bien des cas, elle est faite de façon illégale à la
fois du point de vue des villageois, car le vendeur et
l’acheteur s’entendent sans que les autorités foncières
ni la famille concernée ne soient au courant, et du point
de vue de la loi, car acheteur et vendeur ne respectent
pas les textes en vigueur.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
Les tensions « autochtones »/« immigrants »
• Généralement les immigrants bénéficient dans les villages
de droits fonciers délégués sur les terres des patrimoines
fonciers lignagers après autorisation des autorités
villageoises.
• Ces droits sont fournis en contrepartie de devoirs sociaux
envers la communauté d’accueil dans le cadre des relations
de tutorat foncier. Quand la compétition pour l’accès à la
terre est importante, et que les « immigrants » s’inscrivent
dans des logiques opportunistes qui contournent les
normes locales, les « autochtones » ont tendance à vouloir
durcir leur contrô le sur les immigrants.
• Ils leur demandent toujours plus de devoirs en contrepartie
de droits fonciers plus restreints et/ou sur des terres de
mauvaise qualité ou de superficie réduite.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• Au Burkina Faso, le durcissement des relations entre
autochtones et immigrants aboutit en de rares
exceptions à une rupture complète des relations et à un
déguerpissement de ces derniers.
• Bien que la frontière autochtones/immigrants soit
davantage marquée et que les devoirs des immigrants
envers les autochtones soient plus importants, les droits
des immigrants ne sont pas remis en cause pour autant.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• En effet, dans la plupart des sociétés locales du Burkina
Faso, la distribution des droits fonciers aux immigrants
en contrepartie de devoirs sociaux demeure pour les
autochtones un moyen de contrô ler la terre et, en
retour, le seul moyen par lequel ils peuvent obliger les
immigrants à s’intégrer à la communauté villageoise42.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
Le refus du règlement coutumier du contentieux
foncier
• Dans le droit foncier coutumier, le règlement du
contentieux relève le plus souvent de la conciliation.
Obtient gain de cause la partie capable de produire les
preuves, les traces et les événements qui démontrent
que ses ascendants ont investi les terres objet du litige
en rituels et en travaux agricoles avant ceux de l’autre
partie, ou qu’ils ont bénéficié d’une cession par des
possesseurs fonciers légitimes.
• Lorsque les histoires produites ne permettent pas aux
autorités de confirmer les droits d’une des deux parties,
la terre litigieuse est répartie à part égale entre les deux
parties ou son accès est retiré aux deux parties.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• Si la conciliation, la séparation ou le « gel » des terres ne
fonctionnent pas, les autorités coutumières pratiquent
une ordalie sur la terre litigieuse, dont la nature varie
selon les sociétés.
• Lorsque les autorités foncières invoquent ce rituel celui
qui se sait en tort ou qui accepte le rapport de force en
présence capitule… ou refuse le rituel.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• La plupart des conflits fonciers entre agriculteurs qui
arrivent à l’administration déconcentrée et à la justice
sont ceux dont une des parties refuse l’ordalie43. Trois
raisons non exclusives sont observables :
• celui qui porte le conflit à l’administration est dans un
coup de force explicite qu’il veut pousser jusqu’au bout
pour s’approprier des terres ; celui-ci sait qu’il est dans
son droit mais le rapport de force actuel ne lui est pas
favorable et les autorités coutumières sont acquises à
l’autre partie ; il n’accorde plus de légitimité aux
autorités coutumières parce qu’elles contournent elles-
mêmes certaines règles coutumières et ne font plus
preuve de leur impartialité.
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
Le pluralisme institutionnel à l’échelle locale
• Historiquement en milieu rural burkinabè, l’É tat
postcolonial et les projets qui mettent en œuvre ses
politiques sont des institutions relativement récentes (50
ans) qui font face à des institutions et des structures
sociales anciennes et héritées de la colonie.
• Les systèmes politiques en milieu rural sont ainsi
caractérisés par un empilement de plusieurs institutions
plus ou moins articulées, plus ou moins en compétition.
Ainsi, plusieurs analyses de cas de conflits fonciers en
milieu rural burkinabè44 démontrent que de multiples
institutions interviennent dans la régulation de l’accès à
la terre.
• .
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• Ce pluralisme institutionnel fait que selon le type
d’institution mobilisé, les acteurs peuvent revendiquer
des droits contradictoires dont les arbitrages dépendent
des rapports de force entre institutions et de la capacité
de chaque partie à mobiliser un grand nombre de
supporteurs, d’alliés
UN CONTEXTE LOCAL DYNAMIQUE ET PLURIEL
• Burkina Faso :
• vers la reconnaissance des droits fonciers locaux
• Juin 2014
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
Une population hétérogène
• La zone d’étude se situe au nord et dans la boucle du
Mouhoun (Volta Noire) dans la province du Nayala et du
Mouhoun, une région de la savane arborée et arbustive
du Burkina Faso où l’on cultive essentiellement le
sorgho et le petit mil.
• Aussi bien dans le département de Tchériba situé dans
le nord-ouest que dans celui de Yé au nord de la boucle
du Mouhoun, les habitants les plus anciens sont les
Marka du groupe linguistique Mandé et les Nouni
(Nounouma) du groupe linguistique Gour. Les Nouni, au
nord et dans la
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
• boucle même du Mouhoun, se différencient moins par leur
langue que par leur structure sociale du groupe Nouni
résidant dans la région sud-ouest du pays dite Gourounsi:
les Nouni du nord ont adoptés de leurs voisins Marka la
chefferie précoloniale et une société stratifiée avec des
groupes sociaux endogames (ná akaa)3.
• Les linéages Nouni les plus anciens venus s’installer dans
cette région sont surtout originaires des territoires où la
population est aujourd’hui à majorité Nouni, Lyela et Mosi.
• Quant aux Marka de la boucle du Mouhoun, soit ils sont
venus du centre du pays Mandé, soit leur origine les
ramène aux clans Lyela, Bwaba et Mosi assimilés à la
culture Marka après leur arrivée.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
• Ces premiers arrivés vivent dans des habitats regroupés
étroitement construits dont l’espace social est réparti
en quartiers. Les groupes sociaux endogames comme
les forgerons, les griots ou les Somono de même que les
linéages des groupes ethniques arrivés à l’époque
précoloniale et qui ne se sont pas assimilés à la culture
locale vivent dans leurs propres quartiers.
• Dans la boucle du Mouhoun, les derniers arrivés sont les
San (Samo) du groupe linguistique Mandé et les Mosi.
Les migrants San fondent de nouveaux habitats
regroupés; les Mosi vivent dans les habitats dispersés
rattachés aux localités ou bien ils ont même fondé leurs
propres villages dans le département de Yé dans les
années 70/ 80.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
La tenure foncière
Dans les zones rurales il existe un dualisme juridique,
parce que deux lois foncières égales en droit coexistent.
Ceci permet aux habitants des campagnes de conserver le
pouvoir de disposition des terres, sans pour autant devoir
payer d’impô ts fonciers comme c’est le cas des
propriétaires fonciers sur les biens ruraux situé d’après la
cadastres à proximité d’une ville.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
• Jusqu’ à présent, on observe dans la culture régionale de
la boucle de Mouhoun trois types de distribution et
d’appropriation des terres correspondant à trois
groupes de population4:
• ceux qui détiennent le pouvoir de disposition des terres
• ceux qui ont reçu leurs terres en don
• ceux enfin qui, ne disposant pas de propres terres, les
empruntent aux deux groupes précédents.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
La tenure du chef de terre et des chefs de quartier
Il s’agit du linéage du chef de terre (má sá kìè) et des
linéages des chefs du quartier (kìnti) qui détiennent le
pouvoir de disposition des terres.
Il s’agit des propriétaires terriens5 les plus anciens. On
les appelle má sá dé quand ils descendent du linéage du
chef de terre et má sá rédèn quand ils viennent de la famille
d’un chef de quartier.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• On les considère pour ainsi dire comme les premiers
arrivés. Conformément à un modèle idéal, les
descendants des premiers arrivés composent
aujourd’hui le linéage des chefs de terres.
• Les 2 à 4 linéages suivants se sont partagés la terre du
village située autour de la zone d’habitation ou bien les
terres leur ont été attribuées par le chef de terre. Ces
linéages des chefs de quartier n’administrent pas
seulement les terres du village; ils se partagent aussi le
pouvoir politique traditionnel dans un conseil.
• Le chef de terre ne jouit du pouvoir de disposition que
sur les terres de son quartier et intervient comme
conciliateur dans les querelles de droit foncier qui
divisent les linéages.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• L’autel familial du linéage des chefs de terres (sù urú )
fait aussi office d’autel de terres pour les intérêts de
toute la localité.
• Les autels familiaux (sokò nzo) des autres chefs de
quartiers reçoivent les dons des habitants ou des
usagers des terres du quartier correspondant.
• Cela dit, les habitants d’un même quartier ne sont pas
tous membres d’un même linéage. Beaucoup d’entre
eux sont membres de familles venues s’installer qui
portent certes le même nom de clan mais ne font pas
partie du linéage des propriétaires terriens.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
• La plupart d’entre eux étaient des migrants venus de
régions voisines, issus d’un autre contexte ethnique, qui
ont accompli une conversion de clan.
• Ces conversions de clan ont pour origine l’emprunt
régulier de terres et les liens familiaux intenses que les
nouveaux venus entretenaient avec les linéages des
propriétaires terriens. Une conversion de clan
correspond à l’adoption du nouvel arrivant par ceux qui
détiennent le pouvoir de disposition des terres.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Normalement, ce sont les nouveaux venus ou les
descendants d’anciens esclaves qui faisaient et font
encore la demande d’une telle adoption. En signe de
gratitude pour la constance de leur loyauté, les
nouveaux arrivants bénéficient du libre accès à la terre
et à l’autel de terre.
• A partir de ce moment là , ils sont considérés comme des
membres de la famille (sans lien agnatique) et peuvent
au sein de la communauté villageoise faire figure de
membres privilégiés d’une famille de propriétaires
terriens.
• Cependant, ils ne perdent jamais leur statut de ná aba,
c’est-à -dire d’immigrés, même si la conversion de clan
remonte à plusieurs siècles.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• L’assimilation à la culture de l’hô te s’accomplit au plus
tard au moment de la conversion de clan.
• En cas de conflits fonciers entre propriétaires et
emprunteurs de terres, le droit coutumier est toujours
du cô té des propriétaires terriens.
• En cas par contre de conflits entre deux má sá rédèn ou
entre un má sá rédèn et un má sá dé, ces conflits peuvent
se manifester pendant des générations sous forme de
querelles foncières.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Un exemple dans le Département de Tchériba montre
bien combien l’assurance d’être propriétaire terrien
peut être sensiblement blessée par des irrégularités au
cours de la formation des villages: La famille d’un chef
de quartier dans un quartier Nouna manquait de
parents par lien agnatique.
• Ce linéage, menacé lentement de disparaître, se montre
pourtant aujourd’hui très présent dans la population
grâ ce à de nombreuses conversions de clan.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Le plus souvent, les fils de ce quartier ne savent même
pas que leurs ancêtres n’étaient que des convertis, c’est-
à -dire des ná aba.
• Les habitants des autres quartiers par contre le savent
mais n’en parlent pas. Pourtant, quand un conflit éclate
entre les familles, les habitants les plus anciens
n’hésitent pas à dénoncer les ná aba qui se considèrent
comme des má sá rédèn et ainsi à se moquer d’eux.
La tenure par don6
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Outre les linéages adoptés, on rencontre dans les
quartiers d’autres migrants qui se sont assimilés à la
culture locale et se sont engagés vis-à -vis des
propriétaires terriens tout en conservant leur ancien
nom de clan.
• Les propriétaires de terres par don (dù ò ntì) font partie
de ce groupe, c’est-à -dire les linéages qui dans le passé
ont reçu leurs terres en don à long terme des
propriétaires terriens.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Ce sont les ná aba (immigrés) qui désormais ont le
pouvoir de disposition sur ces terres, mais souvent ils
continuent à sacrifier sur l’autel de terres de leur ancien
propriétaire terrien en plus des offrandes à l’autel de
leur linéage dans leur propre maison.
• Les propriétaires précédents leur interdisent cependant
de mettre en contact le sang des animaux qu’ils
sacrifient avec le sol qui leur est offert.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Dans tous les cas de don de terres, les propriétaires
terriens recourent aux terres en jachère courte (fù rù )
pour ne pas renoncer eux-mêmes aux terrains fertiles.
• Ceci a pour conséquence que ce sont surtout les dù ò ntì
qui souffrent du manque de terres et qui sont obligés de
demander des terres en plus, dans la mesure où leurs
propres champs sont à peine productifs sans utilisation
supplémentaire d’engrais.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Une fois la terre offerte, elle ne peut plus être retirée à
son utilisateur et reste pour les générations suivantes la
propriété de la famille du nouveau venu (ná aba).
• Une coutume qui en fait exclue les conflits de droit
foncier avec les voisins puisqu’elle détermine
clairement les pouvoirs de disposition sur des parcelles
bien précises.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Pourtant, il arrive que des conflits surgissent entre deux
groupes de migrants récents, comme le montre cet
exemple du Département de Yé: Pendant la conquête de
1916/17, une famille originaire de la zone d’habitation
des San fonda un village.
• Plusieurs dizaines d’années plus tard, cette famille et les
migrants suivants reçurent en don du village voisin de
Daman occupé par des Marka les parcelles qu’ils
cultivaient jusqu’alors.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Dans les années 70, les habitants de ce village mirent
des terres à la disposition de nouveaux arrivants Mossi
et leur offrirent ces terres plus tard. Mais ces nouveaux
habitants reçurent aussi des dons de terre de Daman. En
1996, la famille San constatait qu’un migrant Mossi
commençait à défricher un champ sur leur terre.
• La dispute éclata, les migrants considérant qu’ils avaient
reçu la terre en don du chef de terre de Daman.
• Mais celui-ci de son cô té ne se souvenait plus
exactement de la répartition de la terre de ses ancêtres
au groupe San.
• La situation est à l’évidence insoluble et les relations
entre les deux villages sont depuis particulièrement
tendues.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
Le droit d’emprunter la terre
• Du point de vue du droit foncier coutumier, le troisième
type d’utilisation des terres concerne les emprunteurs
de terres. Ceux-ci sont soit des nouveaux venus, soit des
groupes qui a priori n’ont pas le droit de détenir le
pouvoir de disposition des terres.
• Les nouveaux migrants (ná aba), dans cette région p.ex.
les Mosi et les San, ont théoriquement la possibilité de
bénéficier un jour d’un don de terres à condition de ne
faire partie d’aucun groupe social endogame (ná akaa).
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Il y a encore peu de temps, les ná akaa n’étaient
quasiment pas agriculteurs. Ils pouvaient en effet s’en
dispenser car ils étaient nourris en échange de leur
service par les autres agriculteurs « libre » (horò n).
• Mais comme ceux-ci favorisent de plus en plus une
économie individuelle de petit producteur et renoncent
à la loyauté traditionelle, il ne leur est plus possible de
survenir à la subsistance des ná akaa.
• C’est pourquoi l’activité principale des forgerons et des
griots se concentre depuis 15 ans environ sur la culture
du mil et qu’ils négligent les services traditionnels qui
ne sont plus qu’occasionnels.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
• Les forgerons et les griots empruntent leurs terres au
chef de terre (má sá kiè) et vivent dans le quartier du
linéage du chef de terre.
• Il y a des générations en effet, les chefs de terres les
autorisaient à vivre sous leur protection et les services
que les ná akaa leur rendaient à eux et à leur famille
étaient absolument prioritaires.
• Ce lien étroit entre le ná akaa et la famille du chef de
terres reste tout aussi valable quand p. ex. un forgeron
fait une demande de terres; un chef de terres ne saurait
repousser une telle requête car il se sent obligé vis-à -vis
de « son » forgeron.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Si les descendants d’anciens esclaves font partie de la
communauté Marka ou Nouni, ils peuvent eux aussi
bénéficier un jour d’un don de terres et devenir dù ò ntì.
Mais des nombreux descendants d’anciens esclaves
Peulh du groupe linguistique San (rimaïbe) vivent dans
le département de Yé .
• Tous sans exception cultivent le mil mais ils n’ont pas la
possibilité de bénéficier d’un don de terres. Leurs
familles dépendaient autrefois des bergers - des Peulh -
et non des Marka, ce qui les exclut du principe des
loyautés locales.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Les Peulh dans les environs de la de la boucle du
Mouhoun vivent comme bergers transhumants et
cultivateurs de mil dans les habitations dispersées à
proximité des localités.
• Eux non plus n’ont pas le droit de recevoir des terres en
don. Dans la plupart des cas, ils empruntent leurs terres
aux propriétaires terriens qui les chargent en échange
du soin de leur bétail. Il s’agit plus ou mois d’un prêt à
long terme, ce qui leur évite la situation gênante de
devoir solliciter de nouvelles terres.
• Les Peulh cultivent depuis des générations les parcelles
qui entoure leurs concessions car ils peuvent fertiliser
régulièrement leurs champs avec du fumier.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Contrairement au département de Yé, les nouveaux
arrivants n’ont, dans la région de Tchériba, quasiment
pas de chance de bénéficier d’un don de terres s’ils ne
s’intègrent pas à la culture locale.
• Cette situation est particulièrement difficile pour les
migrants Mosi puisque les chefs de terres leur refusent
la terre par principe.
• Ceci est dû à un droit coutumier pratiqué dans 22 des
28 villages du département de Tchériba. On ne leur
prête des terres que si ils s’engagent à s’installer à
l’intérieur de la communauté villageoise et non dans un
habitat dispersé éloigné.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Et même dans ce cas, ils n’ont pas droit de construire les
maisons rondes traditionnelles des Mossi et doivent
respecter l’architecture locale. C’est ainsi que des
lignages Mossi nouvellement établis se sont déjà
intégrés dans quelques localités il y a de cela plusieurs
générations et sont devenus par don propriétaires
terriens (dù ò ntì), et ceci bien que normalement les
ancêtres des familles des chefs de terres n’autorisent
pas l’installation de Mossi.
• Cette interdiction n’est pas en soi une exclusion
ethnique mais une incitation à l’assimilation.
Cependant, ce choix fondamental n’est pas exigé des
nouveaux arrivants appartenant à d’autres groupes
ethniques (ici p. ex. des San et des Lyela).
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
• Il arrive aussi que des propriétaires terriens
proprement dit se retrouvent obligés de demander des
terres, et ce quand leurs champs ont perdu leur fertilité
après huit ans de culture et que les cultivateurs ne sont
pas prêts à fertiliser le sol épuisé à l’aide de fumier.
• Ces champ doivent alors être mis en jachère et si toutes
les autres parcelles sont elles aussi au repos, les
cultivateurs n’ont pas d’autre choix que de solliciter de
la terre chez leurs voisins ou dans d’autres localités.
• Il peut aussi arriver que l’Etat dépossède une
communauté villageoise de sa terre.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• La quasi totalité des terres du village de Tissé
(département de Tchériba) a par exemple été
confisquée par le gouvernement qui en a fait une forêt
classée.
• Désormais, les cultivateurs de ce village sont
complètement dépendants de la générosité des
propriétaires terriens des localités voisines.
• En fait, les cultivateurs qui détiennent le pouvoir de
disposition des terres ont peu de raisons de repousser
une demande de terre.
• Le cas suivant illustre de façon exemplaire un tel refus:
Un cultivateur sans terre sollicite un champ en
s’adressant à la réunion de famille des membres
masculins du linéage des
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• propriétaires terriens. Le conseil de famille décide de ne
pas satisfaire à sa demande car l’homme a nui il y a
vingt ans de cela à un membre de la famille ( il s’agit en
général d’histoires de femmes).
• L’explication officielle typique, que le demandeur
d’ailleurs ne met pas en doute, sera celle-ci: « Nous ne
pouvons pas te fournir de terres car un membre de
notre famille voudrait la cultiver ».
• Plus tard, le demandeur constate que personne ne
travaille sur la parcelle qu’il avait sollicitée.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Il se souvient alors des dommages qu’il a causés il y a
bien longtemps et envoi une délégation l’excuser auprès
du linéage des propriétaires terriens.
• Cette »mesure éducative« des propriétaires terriens
ayant fait effet, il n’y a plus de raison de refuser au
demandeur la terre qu’il souhaitait emprunter.
• Quand les emprunteurs reçoivent de certaines familles
une sorte de droit d’utilisation à long terme des surfaces
exploitées, il est souvent difficile pour les générations
suivantes de savoir si les champs qu’elles cultivent leur
ont été offerts ou prêtés.
• Ceci est dû au fait que les pères n’ont pas informé leurs
fils de la situation foncière réelle.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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Les petits-enfants à leur tour considèrent ce prêt comme
leur propriété. Les vrais propriétaires le remarquent mais
se taisent.
C’est seulement quand un conflit éclate entre les deux
familles que ce malentendu foncier est instrumentalisé par
les propriétaires terriens.
Les emprunteurs de terre sont passibles d’un retrait de
terres quand ils ne respectent pas certaines interdictions
concernant l’utilisation des terres empruntées, p. ex. s’ils
coupent ou plantent des arbres utiles (Karitè, Nèrè) sans
autorisation.
Les champs empruntés ne doivent jamais être agrandis car
les parcelles sont très exactement délimitées. Le cas
contraire entraîne lui aussi une mesure de retrait.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• On ne prête jamais de terres à un demandeur qui a
épousé l’ex-femme d’un membre de sa famille. Dans le
cas où ce mariage a lieu après la semence, l’emprunteur
subit quand même le retrait de terres.
• Un comportement insociable peut lui aussi avoir pour
conséquence un retrait de terres. A Tchériba, on cite p.
ex. le cas d’un ná aba qui a abattu d’un coup de fusil le
boeuf de trait d’un voisin parce que l’animal avait
pénétré dans le champ qu’on lui avait prêté. Plus jamais
personne dans le village ne mettra de terres à sa
disposition.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
Conclusion
• Dans le Burkina Faso rural, on peut affirmer que jusqu’à
présent – en dehors des régions où la migration est
guidée par l’Etat – le droit foncier régional respectif est
reconnu et respecté par les différentes populations
comme leur droit de référence.
• Ceci est dû au fait que la terre est imprégnée de
mystique.
• La fusion du sacré et du profane caractérise la
signification de la terre et par conséquent l’organisation
sociale de la tenure communautaire.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Il en résulte que le droit foncier coutumier est
une règle sociale à caractère sacré et religieux.
Une des raisons pour laquelle les nouveaux
venus respectent le droit foncier local est qu’ ils
craignent les sanctions des ancêtres des linéages
des propriétaires terriens.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
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• Dans les environs de la région de Boucle du
Mouhoun, les exemples de cas concernant les
trois types d’appropriation et de distribution des
terres indiquent une forte hiérarchisation de
cette société régionale.
• L’histoire migratoire de cette région nous montre
à quel point les hiérarchies sociales sont liées à l’
accès au pouvoir de disposition des terres; un
accès qui résulte de la chronologie officielle de
l’histoire du peuplement.
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• En général, les objectifs des réformes agraires du
Burkina Faso étaient contraires aux intérêts et à la
logique des producteurs7.
• La coexistence des lois étatiques et locales dans les
zones rurales a entraîné une aggravation des conflits
fonciers.
• C’est pourquoi une compréhension structurelle
profonde des pratiques foncières locales est
indispensable pour pouvoir continuer à appliquer une
réforme foncière nationale.
• En effet, les lois foncières locales ne sont pas rigides et
prouvent par leur structure leur flexibilité et leur
capacité de changement.
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
• Berichte des Sonderforschungsbereichs 268, Band 14,
Frankfurt a.M. 2000: 497-504
• HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE
DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU MOUHOUN
• Andrea Wenzek
HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET GESTION FONCIERE DANS LES ENVIRONS DE LA BOUCLE DU
MOUHOUN
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MOUHOUN
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