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Revue géographique des

Pyrénées et du Sud-Ouest

Analyse de l'espace vécu : la méthode et l'objet


Jean Watrin

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Watrin Jean. Analyse de l'espace vécu : la méthode et l'objet. In: Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome
52, fascicule 4, 1981. Pays de l'Adour. pp. 525-531;

doi : https://doi.org/10.3406/rgpso.1981.3661

https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1981_num_52_4_3661

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Resumen
Aproximación al espacio vivencial. Método y objeto. — Las dificultades del diálogo entre
investigadores y vecinos han originado una experimentación que se está llevando a cabo en Pau. La
lógica del instrumento audio-visual, ¿ no estará particularmente adaptada al estudio de los fenómenos
más decisivos a escala microgeográfica del espacio vivido ?

Résumé
Les difficultés du dialogue entre chercheurs et habitants sont à l'origine d'une expérimentation en cours
à Pau. La logique de l'outil audio-visuel n'est-elle pas particulièrement adaptée à l'étude des
phénomènes prépondérants à l'échelle micro-géographique de l'espace vécu ?

Abstract
Towards space considered as a category which is lived in. — The author stresses the fact that
inhabitants are contained at the same time in a regional frame defined mainly by its economic
characters and in a smaller frame that is their lived in space ; he adds that video cameras and video-
movies are the tools that fit more accurately the requisitions of any inquiry aiming to reconnoitre these
spatial frames' whereabouts.
REVUE GEOGRAPHIQUE DES PYRÉNÉES ET DU SUD-OUEST
tome 52, FASC. 4, pp. 525-531, Toulouse, 1981.

Analyse de l'espace vécu :

la méthode et l'objet

par Jean Watrin*

On ne confondra pas deux aspects différents du cadre de vie de


l'individu mis en évidence par analogie avec la distinction du site
(intrinsèque) d'une ville et de sa situation par rapport à la région
(contexte extérieur). On peut distinguer, en effet, un cadre large, assez
lointain, mais dont les contraintes pèsent lourdement sur le destin
de l'individu, c'est celui de la région avec son contexte
macro-économique, et un cadre moins étendu, mais proche de l'individu, qui
constitue son environnement quotidien immédiat, son espace « vécu ».
La question de l'appréciation de l'importance relative du premier ou
du second de ces échelons géographiques peut alimenter un débat,
mais il faut se garder d'attribuer une importance exclusive et absolue
à l'un ou à l'autre. Le point essentiel est de remarquer que l'on insiste
surtout sur le cadre large, l'aire la plus étendue est l'objet le plus
étudié (région, grande ville, ville moyenne). Il existe un contenu
correspondant : cartographie, étude morphologique de l'espace,
répartitions, corrélations, densités, réseaux, fonctions des espaces, analyse
socio-économique. C'est le champ le plus fréquenté par les chercheurs
en géographie, et ceci n'est pas sans conforter une certaine
problématique. Le rapport de l'homme et du milieu, le lien, ou la distance,
de l'homme à l'espace « large » est médiatisé. L'ensemble des
médiatisations constitue le champ particulier de ces études.
Le cadre micro-local de l'espace vécu se trouve, lui, négligé. Le
domaine de l'espace vécu ne représente qu'une préoccupation très

(*) Géographe, ERA 930, Université de Pau et des Pays de l'Adour.


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lointaine pour les acteurs du mode actuel de production de l'espace;


et l'analyse socio-économique de type marxiste n'a pas, elle non plus,
privilégié une approche partant de l'individu; enfin, l'action et la
critique utilisant par ailleurs les mêmes outils (informatiques)
appliquent, en fait, les mêmes « codes ».
Le cadre micro-local semble, de prime abord, tout bonnement
contenu dans le cadre régional, et il l'est effectivement dans la
pyramide des espaces, mais son champ, lui, est tout à fait spécifique
(pratiques, perceptions, représentations, phénomènes d'ordre
psychosocial) et, à ce titre, on ne peut le considérer, par rapport à l'échelon
spatial plus large, ni comme une partie fractionnée d'un objet total,
ni comme la réduction miniaturisée d'un objet réel.
On a pu dire et montrer que la nature d'un phénomène change
suivant l'échelle à laquelle on le représente ou l'étudié.
Une autre conséquence du glissement d'une échelle à un autre est
la tendance à transporter inconsciemment dans l'aire de l'espace vécu
les modèles et les méthodes qui ont fait leurs preuves dans celle de
l'espace régional. On relève là l'écho des tendances fonctionnalistes
des aménageurs dans l'analyse mécaniste des besoins, matériels et
purement quantitatifs, attribués aux habitants; et on peut occulter
tous les contenus que peut apporter une vision psycho-sociale plus
pertinente en ce domaine.
Il n'est donc pas question de minimiser le caractère essentiel, pour
l'individu, de son appartenance à telle ou telle région, de sa
situation par rapport aux divers grands réseaux, ni l'importance pour son
vécu des données économiques régionales et actuelles (travail,
notamment) mais de restituer sa place à l'environnement immédiat de
l'individu. Pour restituer, il faut se resituer; précaution indispensable
pour un chercheur, que de se rappeler que ses méthodes et ce qu'il
est lui-même ne sont pas étrangers à ce qu'il dit des contenus
essentiels à étudier dans l'espace vécu.
Ces dernières remarques nous placent dans la perspective de la
recherche-action exposée par Xavier Piolle (1) et expérimentée dans
l'opération « Chercheurs-Habitants de la ville et pratiques de l'espace
vécu » et les travaux menés avec un petit nombre de groupes
d'habitants, où il s'est agi de la mise à l'épreuve du savoir scientifique par
la confrontation des méthodes à la réalité et de la révélation d'un
autre savoir s'élaborant dans le travail de groupe des habitants. La
communication des deux savoirs est utile pour chacun et elle réside
dans la qualité du dialogue entre chercheurs et habitants.
A cet égard, il faut distinguer deux cas. Seule une minorité des
habitants incorpore dans ses préoccupations la conscience des
phénomènes régionaux et vit à la dimension de la ville en appropriant les
divers espaces de façon éclectique et en consommant largement les
services offerts dans son urbanité. Il en va différemment de la majo-

(1) Notamment dans Les Cahiers français, Paris, Documentation française.


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rite qui associe autour de ses lieux de vie un horizon de conscience


limité et un espace pratiqué réduit, à la mesure de son exclusion de la
société urbaine. Or, il se trouve que ce sont précisément ces derniers
que la plupart des méthodes inventées pour analyser ce problème
social sont les moins capables d'associer au travail de recherche dont
nous sentons nous-mêmes la nécessité.
Nous avons pu explorer plusieurs pistes dans le cadre de la
recherche-action : mise en œuvre audio-visuelle d'un échange de lettres
vidéo entre les habitants d'un quartier de Pau et leur Conseiller
municipal; réflexion avec un groupe palois de l'Association des Paralysés de
France sur sa perception de l'espace, réflexion prolongée par un film
réalisé sur ce thème; recherche sur la vie sociale et les espaces
extérieurs dans un quartier défavorisé. Parmi ces dernières expériences
menées à Pau, nous avons poursuivi un travail commun avec un
groupe de l'Ecole municipale des Beaux-Arts sur les rapports de
l'espace aménagé et du vécu d'une institution : l'Ecole, ce qui malgré
la particularité de ce lieu, étroit, clos, fonctionnalisé en lui-même, à
but unique (pédagogique), espace vécu par des usagers et non pas par
des « habitants », nous a conduits dans une voie nouvelle. La
singularité de cet espace a produit un effet de loupe; le caractère spatial s'ef-
façant devant le caractère spécial nous a paradoxalement aidés à faire
certaines observations.
Pour nous l'espace est généralement un concept globalisant. Il nous
permet de dégager des entités abstraites : espace intermédiaire, espace
de transition, de circulation, de détente. On aboutit au schéma spatial
en appliquant tout phénomène, situé ou situant, à une unicité. Situer
une chose par rapport à l'espace, c'est faire référence à ce qui peut
exister de plus extérieur, expression donc, d'une dualité.
Pour les personnes du groupe de l'Ecole des Beaux-Arts, le terme
d'espace est également familier : forme, volume, couleur, et espace,
dans la sculpture, l'architecture et dans la peinture... Mais des
malentendus et des confusions se sont vite développés dans nos échanges
à ce sujet. Pour nos interlocuteurs, le terme d'espace représente une
donnée très concrète, qu'ils vivent sur plusieurs registres, et qui, au
lieu d'évoquer quelque chose d'extérieur, produit chez eux un effet
dans toutes les directions de leur vie. Le lien spatial recompose toutes
leurs autres relations d'indépendance, d'organisation, d'autorité,
d'affectivité, touchant la relation pédagogique elle-même, et donc tout ce
qui concerne leurs « pratiques », même si elles ne se disent pas
liées à l'espace. Cet apport nous permettait d'étendre opportunément
à l'ensemble de l'espace vécu un type d'observations qui était le seul
possible au niveau de finesse où nous nous trouvions, et nous
conduisait à considérer comme centrales, dans cette recherche, des questions
apparemment marginales car se posant aux frontières de notre champ
d'étude. Ceci permettait de mieux approcher l'objectif. Nous
saisissions là, en effet, aux confins de l'espace géographique, la rencontre
entre l'espace et l'individu percevant. Dans la pyramide des espaces,
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la « phase » du vécu constitue une couche externe et sensible et ce


niveau d'échelle devient primordial : nous y avons rencontré nos
groupes d'habitants de la ville.
Nous avons été amenés à repérer de nouveaux éléments
d'observation, car à chaque niveau scalaire correspond un certain degré de
phénomènes (temps forts dans l'espace, ouverture ou fermeture,
clarté, caractère traumatisant, sécurisant, sacré, interdit, collectif,
individuel). Le seuil critique de l'espace vécu est sans doute lié à un
horizon de perception, d'une part, et à une bulle psychologique
formée par l'individu avec son halo personnel, de l'autre. Notre domaine
s'étend jusqu'à l'environnement immédiat de l'individu pour s'arrêter
à l'habitation qui porte essentiellement les caractères qu'il irradie
autour de lui, l'atmosphère qu'il aménage lui-même dans son chez soi.
Cet espace, malgré sa taille réduite, qui en masque l'importance,
constitue le cadre décisif des expériences et des perceptions qui est déjà
investi affectivement; il fait l'objet de représentations personnelles et
de réactions de possession; territoire partagé par une communauté
humaine réelle, il est le lieu dominé par les liens de l'expérience
humaine (empreinte des apprentissages humains, des histoires
individuelles). Plus généralement, c'est, pour l'individu, en même temps son
cadre d'information directe et son horizon de conscience plus ou
moins modifié par les événements rapportés dans la presse locale et
par les informations de la radio ou de la télévision nationales.
L'espace vécu étant toujours aménagé, par d'autres, et en
profondeur (urbanistes, architectes, ingénieurs, entrepreneurs spécialisés,
etc.), les discours que nous ont confiés les habitants se situent en
premier lieu au niveau des équipements matériels, et ceci en terme de
revendications. Le vécu, réponse à l'aménagé, est chargé de toutes
sortes de caractères passionnels. C'est dans un second temps que nous
avons pu discerner d'autres besoins et faire progresser notre
connaissance de l'espace (bien ou mal) vécu, en reliant nos nouveaux
éléments d'observation aux significations de l'aménagé (intégration ou
exclusion, représentations par l'aménageur des composantes de la
communauté sociale, rupture avec une histoire, pari sur un avenir,
projet du décideur sur la ville, idéologie matérialisée par les priorités
de l'aménagement ou de l'architecture, discours et réalité). En
particulier, le groupe des Beaux-Arts nous a fait part de ses observations
et de ses remarques : les rapports entre l'intégration sociale (ou au
contraire la dissidence) et la réduction d'espace; la mise en prison
des délinquants, l'internement en asile psychiatrique des déviants, la
concentration des laissés-pour-compte de l'âge dans la maison de
retraite, d'un côté, ou dans l'école, de l'autre, lieu de rupture avec les
espaces ou lieu d'initiation. Quel projet la société laisse-t-elle
entrevoir au-delà de ses choix techniques ? Nous ne pouvons pas étudier
l'espace vécu sans nous poser ce genre de questions. Nous ne pouvons
pas rencontrer ce genre de questions sur un terrain où elles ne se
posent pas, sur un terrain extérieur à celui de l'espace vécu. Nous ne
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pouvons pas étudier ce dernier grâce aux instruments qui nous ont
précisément permis de passer à côté.
L'impasse où nous nous trouvons rend nécessaire une remise en
cause des instruments. Le problème consiste donc à trouver des outils
appropriés à une perspective différente qui devrait permettre de
saisir des aspects de la réalité jusqu'alors cachés. Ce qui est demandé
en particulier à cet instrument, ou plus généralement à ce dispositif,
c'est d'amener le sujet qui l'utilise à éclairer sa propre pratique en
agissant. De tous les médias que nous proposent les techniques de la
communication et le marché de consommation, celui de la « vidéo »
nous a apporté, même si nous n'en avons pas encore tiré tout ce que
nous en attendions, une situation et un langage pleins de richesse.
La situation de production audio-visuelle rejoint le désir originel
de création et de récréation. Les appareils invitent les gens à
communiquer grâce à la fiction, ou parfois au spectacle et à exprimer ce
qu'ils ne disent pas à l'occasion des échanges habituels. Le rôle de
l'outil est ici, pour le sujet, de se projeter avec son désir et de
prolonger ses perceptions. L'effet de dramatisation de l'instrument a
l'avantage pour nous de reporter à l'avant-scène les phénomènes du vécu
que broierait facilement un équipement conceptuel plus lourd. En
miniaturisant l'outil, nous rendons son importance au sujet qui agit.
Il est maintenant courant de décrire les effets du média de la vidéo sur
la communication : ils consistent en une redistribution des rôles, un
rapprochement de l'expéditeur et du destinataire quelle que soit leur
distance sociale, et en un court-circuitage des intermédiaires, des
porte-paroles institutionnels et des leaders représentatifs. Au sein de la
production elle-même s'opère une redistribution analogue : restitution
de leur parole aux laissés pour compte. Constatant que l'adhésion à une
recherche participative était modulée suivant les classes sociales, nous
avons recherché cette situation propice à rendre au savoir
expérimental des habitants la place que nous croyons être la sienne, en
introduisant l'instrument de la vidéo. Le média nous est présenté par ses
praticiens, qui suivaient avec intérêt notre expérience de
non-spécialistes, comme parfaitement opérationnel sur les groupes sociaux oubliés
et les secteurs urbains négligés.
La vidéo nous a apporté également un langage nouveau, et ceci
constitue, comme la situation de production, une autre condition de
notre recherche participative. L'apport d'un langage de cette nature
rend possible une nouvelle problématique. La force propre du langage
de l'image n'est pas de montrer, de représenter, pour mieux l'affirmer,
ce que l'on a déjà énoncé, mais de rendre visible la pluralité de
niveaux du vécu avec toute sa richesse (ses ambiguïtés, ses charges
émotionnelles, etc.). Système de conceptualisation et de
communication indissociablement, le langage de l'image n'est pas qu'un véhicule :
il forme à la fois le communiqué et le moyen de communiquer.
Le dualisme nous met dans le cas de faire naître des idées
autonomes, hétérogènes, étrangères (voire étranges) aux observations nor-
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matives que nous avons déjà exposées avec le langage « scientifique ».


Un tel dépassement n'est pas indépendant de la polysémie de l'image.
A l'occasion de renonciation audio-visuelle prennent également forme
dans le produit des à-côtés du discours et, dans le cadre du travail,
surgissent des événements provoqués par les conditions de
renonciation. Nous avons là un langage propre à faire émerger ces à-côtés du
signifié et à les mettre en valeur.
L'instrument de la vidéo, adapté à la circulation des informations et
des savoirs nous aide à adhérer à la nécessaire diversité de la vie
avec ses notions de dynamisme temporel, d'événement, d'aventure,
bref avec tout ce qui distingue vie et fonctionnement. Toutefois, le
langage de l'image est faussement objectif; il ne s'agit que d'un discours
qui se prend parfois pour la réalité vue et entendue (fétichisme de
l'instrument).
Dans notre recherche, nous distinguons, à propos des pratiques des
habitants, les motifs et les causes. En dehors des causes utilitaires
véritables des comportements, il existe des faits psycho-sociaux, des
motifs, des rationalisations que les individus eux-mêmes donnent
comme raisons à leurs pratiques. La vidéo, en saisissant bien cet
ordre de faits, est adaptée à la dialectique du discours et de la réalité.
La dynamique de communication entre ces deux termes construit
souvent la structure même des films produits avec les groupes.
La logique de l'outil fait de ce dispositif le contenant de tous ces
types de problèmes. Grâce à elle nous repérons maintenant la multi-
dimensionalité de l'espace vécu. Ceci repéré, nous voilà maintenant
mieux armés pour éviter de transporter sur une nouvelle scène les
mêmes difficultés de communication entre chercheurs et habitants. Si
nous pensons que la vidéo nous arme mieux pour étudier les pratiques
des habitants dans l'espace, si nous pensons que les pratiques, telles
que nous les désignons, sont « fumables », cela traduit un présupposé
qui n'est pas insignifiant. C'est la présence constante de présupposés
de ce genre qui est au centre de cette recherche de méthode.
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Résumé. — Les difficultés du dialogue entre chercheurs et habitants sont à


l'origine d'une expérimentation en cours à Pau. La logique de l'outil audio-visuel
n'est-elle pas particulièrement adaptée à l'étude des phénomènes prépondérants à
l'échelle micro-géographique de l'espace vécu ?

Resumen. — Aproximación al espacio vivencial. Método y objeto. — Las


dificultades del diálogo entre investigadores y vecinos han originado una
experimentación que se está llevando a cabo en Pau. La lógica del instrumento audio-visual,
¿ no estará particularmente adaptada al estudio de los fenómenos más decisivos a
escala microgeográfica del espacio vivido ?

Summary. — Towards space considered as a category which is lived in. — The


author stresses the fact that inhabitants are contained at the same time in a
regional frame defined mainly by its economic characters and in a smaller frame
that is their lived in space; he adds that video cameras and video-movies are the
tools that fit more accurately the requisitions of any inquiry aiming to
reconnoitre these spatial frames' whereabouts.

Mots-clés. — Aquitaine, Pau, relations chercheurs-habitants, espace vécu,


enquête, vidéo.

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