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ADAPTATION DE L'HOMME A L'ESPACE ADAPTATION DE L'ESPACE A L'HOMME

Author(s): R. Lécuyer
Source: Le Travail Humain, Vol. 39, No. 2 (1976), pp. 195-206
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40659691
Accessed: 14-12-2015 08:12 UTC

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Le Travail Humain
tome 39, n° 2/1976
pages 195 à 206

/ - REVUES DE QUESTIONS

ADAPTATION DE L'HOMME A L'ESPACE


ADAPTATION DE L'ESPACE A L'HOMME

par R. LÉCUYER
Laboratoirede Psychologieexpérimentaleet comparée
28, rue Serpente,75006-Paris

RÉSUMÉ

U objet de cetteétude est la psychosociologie


de Vespace. La premièrepartieportesur les
aspectsspatiaux de la relationinterindividuelleet du fonctionnement des groupes.La seconde
partieportesur les rapportsentreVhommeet son environnement spatial. Elle chercheà cerner
les besoinsde Vhommeen matièred'architecture.

Le problèmedes rapportsentrel'hommeet l'espaceseraétudiéci-dessous


du pointde vue psychosociologique. De ce pointde vue,deuxgrandsdomaines
peuvent êtreenvisagés, même si dans la pratiquela distinction
n'est pas tou-
joursaussiclaire: l'aspectspatialde la relationentreles personneset la relation
entrel'hommecommecontenuet l'espace commecontenant.Cette seconde
questionintéresse la psychologie socialecarle contenuestsocialet le contenant
estun produitsocialvécu commetelpar le contenu.La relationentrel'homme
et l'espacedans lequel il se trouveest une relationentreun producteur et un
utilisateurd'espace.

1. Aspect spatial de la relation entre les personnes

L'adaptationde l'hommeà l'espaceest d'abordune adaptationde l'homme


à la relationsociale.
Entreune discussionde groupeet une discussionà deux,il existeune dif-
férencequantitative, de nature.De même,la relation
maisaussiune différence
spatialedansle groupene pose pas les mêmesproblèmesque la relationspatiale
interpersonnelle.

i.i. La relationspatialeinterpersonnelle
II existeentredeux personnesen interaction un rapportspatial: chacune
d'elles peut êtredebout,assise,allongéeou se trouverdans n'importequelle
autreposture.Elles peuventêtreprèsou loin,se fairefaceou non,etc. Ce rap-
portspatialestle plus souventdéterminé par les relationsqu'entretiennentces
personneset la tâchequ'elles sonten traind'effectuer.En retour,si le rapport

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spatialest imposé,il peut transformer la relationentreles personnes.Deux


exemplespermettent d'illustrercette action réciproque.Le premierest une
expériencede Hutteet Cohencitéepar Burns(1964). Les auteursfilment plu-
sieursfoisla séquencesuivante: un hommearrivedans un couloir,entredans
un bureau,etconverseavecl'occupantde ce bureau.Dans lesdiversesséquences,
le comportement spatialdes partenaires n'est pas toujoursle même: la per-
sonnequi entres'assoitou restedebout,prèsou loin du bureau; la personne
qui occupele bureause lève ou resteassise,contournele bureauou resteder-
rière.Les films,muets,sontmontrésà des spectateursqui doiventdevinerle
rangsocialdes partenaires. Même lorsquela séquencen'est projetéeque par-
tiellement, et donc avec un petitnombred'informations, les sujets ont des
jugements très exacts.
Le deuxièmeexempleest une expériencede Moscovici et Pion (1966).
Dans cetteexpérience,deux sujetsassis faceà face,côte à côte ou dos à dos
discutentde cinéma. L'analyse du discours des interlocuteurs montre,à
traversdes différences dans le langageutilisé,l'existencede rapportssociaux
différents entreles partenaires suivantles conditions.
Une analyseplus poussée des composantesde la dispositionspatialequi
agissentsurla relationet des déterminants de la dispositiona été faiteailleurs
(Lécuyer,1974),I975 a '>Ie n'en ferai*&>qu'un résumérapide.
1 . 1 . 1. La notion<T« espacepersonnel ». - Les auteursanglo-saxonsqui se
sontintéressés aux rapportsspatiauxinterindividuels ontutilisépourles décrire
le conceptd'espace personnel(personnalspace). Bien qu'il n'ait pas été très
clairement définidans la littérature, ce conceptsembleêtrebasé sur celui de
distancecritique,distanceen deçà de laquelle il y a agressiondu partenaire
dans certainesespèces animales(Marier,1956). Il est égalementen rapport
avec un autre comportement animal : le comportement territorial,
puisque
RobertSommer,l'un des auteursqui se sontle plus intéressésà la psycho-
sociologiede l'espace,et l'un des principauxutilisateurs de la notiond'espace
personnel, donneentreautresdéfinitions cellede « territoireportable» {Portable
territory, 1969,p. 27).
La questionde la pertinence de ce conceptpourdécrireles comportements
humainsn'estjamaisabordéedans la littérature et il sembleêtreacceptésans
discussion, bien que la fonction de cet « espace personnel» n'apparaissepas
trèsclairement. Les expériencespartantde ce conceptne nous en apprennent
guèreplus, soit qu'elles visentà mesurerl'espace personnelpris commeune
distanceentreles personnes(Dosey et Meisels, 1969; Hartnett,Bailey et
Gibson, 1970; Bailey,Hartnettet Gibson, 1972), ou pris commeune aire
entourant une personne(Horowitz,Duffet Stratton,1964) ou bien représenté
par la distance entredes figurines(Little, 1965), soit qu'elles cherchentà
savoirdansquellemesureun « territoire » formépar un groupede personnesen
conversation est « violable» ou non (Cheyneet Efran,1972; Knowles,1973)-
1.1.2. La régulation de la distanceinterpersonnelle. - Plutôtque d'utiliser
ce conceptpeu éclairant,il m'a doncparu préférable de considérerla relation
spatialeinterpersonnelle commeune composantede l'ensembledes conditions
de l'interaction, donc commel'une des donnéesd'un mécanismede régulation
utiliséconsciemment ou non par les partenaires, mécanismequi vise à une
adéquationentrela relationsocialeet le contextedans lequel elle se déroule,
contextespatialen particulier.

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Ainsi,la distanceentredeux personnesen interaction varieen fonctionde


troisgrandstypesde variables: le degré d'intimitéentreles personnes,le
contexte,et les autres variables sur lesquelles joue le mécanismede
régulation.
Le degréd'intimité entreles personnes: Plus l'intimitéest grande,plus la
distanceest ou peutêtrecourte.Dans les filmsde Hutteet Cohen,la distance
estminimum entregensde mêmeniveau; les sujetsde Lécuyer(1974) comme
ceux de Little(1965) placentdes cartonsreprésentant deux personnesd'autant
plus prèsque ces personnessontsupposéesêtreplus intimes.Cetteinfluence
se retrouvedans les diversesvariablesqui ontune influencesur l'intimité. Le
sexedes partenaires : Sommer(1962,1965)a montréque les femmesse placent
plus souventcôteà côte que les hommes; Exline(1963) qu'elles acceptentun
degréplus grandd'intimité ; Mehrabianet Diamon (1971) qu'elles conversent
plus facilement quand elles sont proches.La personnalité: Blood et Livant
(1957) observentque les enfantsdépendantscherchentplus à se placerprès
des leadersque les enfantsindépendants ; Hutt et Vaizey (1966), que l'aug-
mentation de la densitéinhibeles rapportssociauxchez les enfantsnormaux
mais les favorisent chez les enfantsautistiques; Sommer(1959) ainsi que
Horowitz,Duffet Stratton(1964), que les schizophrènes se placentplus loin
de leurpartenaires que les non-schizophrènes ; Williams(1963), que les intro-
vertisse placentparfoisplus loin que les extravertis ; et King (1966), qu'un
enfantse placerad'autantplusloind'un autreen possessiond'un jouetattrayant
qu'il est dominépar celui-ci.La culture: pour Scheflen(1966), la distance
interpersonnelle estun phénomène culturel; Watsonet Graves(1966) ainsique
Jones(1971) constatent des différences dans la distanceinterpersonnelle, les
premiersentrecultures,le secondentresous-cultures; Jourard(1966) constate
les mêmesdifférences dans la fréquencedu toucher,alorsque Sommer(1968)
montreque la mêmesituationspatialen'estpas jugéeaussiintimepardes sujets
de culturedifférente.
Vintimitédu contexte : Plus le contexteest intime,plus la distanceinter-
personnelle augmente.Elle est plus courtedans la rue que dans un bureauou
une chambre (Little,1965) et elle varieen fonctioninversede la taillede la
pièce (Sommer,1962).
Les autres variables sur lesquellesjoue le mécanismede régulation: Comme
l'ont montréSommer(1961, 1962), ainsi que Mehrabianet Diamon (1971),
l'angleentreles partenairesaugmentequandla distancediminue.La fréquence
des échangesvisuelsest,elle aussi,liée de façoninverseà la distancecomme
l'affirme Goffman (1963) et commel'ont montréArgyleet Dean (1965) ; elle
estliée également à l'intimitéde la relationentreles partenaires
(Exline,1963)
et à l'intimitédu sujet de conversation (Exline,Grayet Schuette,1965). De
même,les échangesverbauxdiminuentquand la distancediminue(Hutt et
Vaizey, 1966).
En résumé,la relationspatialeinterpersonnelle estdéterminée parles condi-
tionsde la communication et par la signification
de cetterelationspatialedans
la communication. Les diversesméthodesde psychothérapie en constituent un
bonexemple.Le rapportspatialentrele clientetle thérapeute estnonseulement
le symbolemaisaussila première conditionde la méthodethérapeutique. Le cas
le plus typiqueest bien entenducelui de la psychanalyse. En plus de sa signi-
ficationd'abandonà un thérapeuteinsaisissable,absentmais qui dominela

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les réactionsémotionnelles
la positiondu clientqui ne peutcontrôler
situation,
du thérapeute faitque les échangesnon verbauxcommeles échangesverbaux
sontà sens unique.

1.2. La relationspatialedans le groupe


Au niveaudu groupe,la dispositionspatialeacquiertune importance plus
grandeque dans la relationentredeux personnes,car le problèmeposé n'est
plus simplement celui des conditionsd'interaction mais aussi celui des possi-
bilitésd'interaction entreles diversmembresdu groupeet par conséquentde
la structurede communication utiliséepar le groupe.J'ai soulignéailleurs
(Lécuyer,1974,1975à) l'importance de la communication non verbaledansla
répartition des échangesdans le groupe,et j'ai montréque c'est par l'inter-
médiairede ce modede communication, qui nécessiteun bon accèsvisuel,que
la dispositionspatialeexerce une influence surl'ensembledes échangesdans le
groupe.Les gens communiquent d'autantplus qu'ils se voientmieux. C'est
déjà ce qu'avait montréSteinzor(1950) dans le cas d'une table ronde,c'est
ce qu'ontmontréensuiteBass et Klubeck(1952) avec une tableen V, Strod-
becket Hook (1961) avec une tablerectangulaire, Hare et Baies (1965) égale-
ment,mais avec une dispositiondifférente, Moscoviciet Lécuyer(1972) en
comparant des dispositions différentes, et Lécuyer(1974) par la mêmeméthode
et en faisantpasserdes sujets d'une formede table à une autre.Cette affir-
mationdoit toutefoisêtre nuancée,et Hearn (1957) et Lécuyer(1974) ont
montréque ce facteurd'accessibilitévisuelleest parfoissupplantépar le rôle
que joue le leaderdans le groupe.Il esttoutefois trèsgénéralet n'estpas uni-
quementlié au petitgroupe: Sommer(1967) a montréque dans la salle de
classele taux de participation des élèvesest lié à l'accès visuelau professeur,
et doncà la dispositionspatialeglobaleet à la place de chacundans cettedis-
position.Ce mêmephénomènese retrouved'ailleurscommenous le verrons
au niveaude l'habitat(Festinger,Schachteret Back,1950).
Ce phénomènea des conséquencessur le choix des places par les sujets
à l'intérieurdes groupeset sur la dispositionspatialeglobaleadoptéepar les
groupes.Sommer(1961),Strodbecket Hook (1961) ontmontréque les leaders
ou candidatsau leadershipchoisissentle bout de table,Hare et Baies (1965)
que les sujetsqui n'ontpas l'intention de participer activement à la discussion
choisissentune place visuellement isolée,Lécuyer(1974) que si la formede la
tableutiliséechange,la dispositionspatialedes sujetschange,mais en laissant
constantesles conditionsde communication. Certainesplaces jouantun rôle
ellesacquièrentune signification
particulier, C'est le cas du boutde
particulière.
tablesynonyme de leadership(Strodbecket Hook, 1961; Nemethet Wachtler,
1974; Lécuyer,1974,1975a) à tel pointque le seulfaitd'êtreen boutde table
suffitpourêtrejugé de manièreplus favorablequantà l'aptitudeà dirigerle
groupeetà résoudrela tâche,maisaussiquantà l'intelligence (Pellegrini, 1971;
Davenport,Brookeret Munro,1971).
La signification de la disposition,liée aux possibilitésde communication
déterminées par la place, peut êtreun déterminant du choixde la place.
En résumé,commela dispositionspatialeinterindividuelle, la disposition
spatialedu groupeet la dispositionspatialedans le groupesont déterminées
par la communication, qu'elles déterminent en retour.Batcheloret Gœthals

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(1972) ontmontréque des sujetsqui se placentpour discuterse placentspon-


tanémenten cercle,alors que s'ils doiventtravaillerindividuellement ils se
tournentle dos. Ces dispositions sontpourvuesd'une signification et consti-
tuentdonc un acte de communication : le déviantest plus influent s'il choisit
le bout de table que s'il lui est imposé par l'expérimentateur (Nemethet
Wachtler,1974).Le leaderestplusinfluent s'il estsituéau boutde tableque si
la tableest ronde(Lécuyer,1974).
Quant à la dispositionspatialeglobaledu petitgroupeou de la salle de
classe, elle doit varieren fonctiondu mode de communication envisagé,et
c'est bien ce qui se produitle plus souvent(Batcheloret Gœthals,1972).
Les pédagoguesqui ont voulu remplacerle monologuede l'enseignantpar
un dialogueentreenseignant et élèveset entreélèveseux-mêmesontabandonné
la dispositionclassiqueen rangéespour la remplacerpar une dispositioncir-
culaire quand c'est possible,ou plus fréquemment rectangulaire ou en fer
à cheval,dispositionsdans lesquellesles élèves voientune grandepartiede
leurspartenaires. Mais le contenantpeut avoirses contraintes ; par exemple
les siègesde cinémasontfixeset adaptésà une situationdans laquelleun seul
émetteur, l'écran,envoieà tousles récepteurs un messageà sensunique.Cette
disposition n'estpas du toutadaptéeà la discussion, et c'estune des raisonsqui
rendentles discussionsde ciné-clubsouventtrèsdifficiles. Cet exemplepose
clairementun problèmesur lequel nous reviendrons: celui de l'adéquation
de l'espacecontenantaux fonctions qu'y exerceson contenusocial.
La signification de la dispositiondu groupeou de la dispositiondans le
groupejoue égalementun rôletrèsimportant. Si l'expression« tableronde»
faitautantpenserà une formede discussionqu'à une formede table,c'est que
la secondeest devenueun symbolede la première,même si ce symboleest
ensuiteoublié.Si le langagede la sociométrie estun langagespatial,c'estentre
autresparce que dans un groupela dispositionspatialespontanément prise
par les membresdu groupeest prochedu sociogramme (King, 1964; Byrne
et Buhler,1955; Blood et Livant,1957; Lécuyer,1974). Si la formed'une
tablepeutfairel'objet de discussionsqui durentdes semainescommedans le
cas des négociations de Parissurle Vietnamen 1968,c'est que sa signification
est capitale.

2. L'espace commecontenant

2.1. La significationdu lieu


Un individuou un groupeest toujourssituédans un espace,et cet espace
est toujourspourvu d'une signification sociale particulière.
provientdu contextespatial dans lequel un lieu est
Cette signification
situé: au cœurd'une villeou dans un désert.Elle provientdes voies d'accès
à ce lieu, de leur nombreet de leurscaractéristiques. Elle provientenfindes
qualitéspropresau lieu : de sa taille,de sa forme,de son style,etc.A l'intérieur
de ce lieu, un supplémentd'information peut êtreapportépar la présenceou
l'absence de certainsobjets ou de leur disposition.Tout lieu constitueun
messagepour celui qui s'y trouve,et appelle certainsschémasde comporte-
mentadaptés.L'exemplequi vientà l'espritestceluidu monument, et notam-
ment du monumentreligieuxqui induitun type de comportement assez

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précis; mais de façonplus banale,une salle de séjourdans laquellese trouve


un canapé-lita une signification différente et appelle des comportements
différentssuivantque celui-ci est ouvertou fermé.
Certainescaractéristiques du lieu peuventainsiavoirune influence insoup-
çonnée sur les sujetsqui s'y trouvent: Maslow et Mintz (1956) ont montré
que le caractèreplus ou moinsagréablede l'environnement esthétiquea une
influencesur le jugementdes sujetsqui s'y trouvent.Little(1965) a montré
que plus un lieu estintime,plus les sujetsse placentloinde leurspartenaires;
Vidulichet Wilson(1967), que l'efficacité d'un processusd'influence est plus
faibledansun lieu non adaptéau comportement surlequelportece processus.
Lécuyer(1975 b) a montré,comme le laissaitsupposerune expériencede
Sommer(1962),que la tailledu lieu a une influence surle comportement d'un
groupe qui s'y trouve.

2.2. Lieu et structure


de communication
L'ensemblede ces études nous ramèneau problèmede l'adéquationdu
lieu à sa fonction,ou plutôtà l'ensemblede ses fonctions,en particulier
psychologiqueset psychosociologiques, aspects non négligeableset négligés
des fonctionsdû lieu de travailet du lieu d'habitation.De même que l'on
peut se demandersi la formed'une table est adaptéeà une formeprécisede
travailen groupe,ou si la dispositiond'une salle de classe est adaptéeà la
formede travailenvisagée,on peut se demandersi la structure spatialed'une
entreprise est adaptéeà sa structure sociale.Dans le cas contraire,la question
est alors de savoir quelles transformations subira la structuresociale pour
s'adapterà la structurespatiale,ou bien quel décalagese produiraentrela
structure socialeofficielleet la structure socialeréelle,ou bien encore,si cela
estpossible,quellestransformations la structure socialeimposeraà la structure
spatiale.
L'accès à l'information étant un élémentdéterminant du pouvoir,le
candidatà la directiond'un groupese place en boutde table,dans un endroit
où il peut voirtoutle mondeet donc avoirun accès à toutesles informations
sur le fonctionnement du groupe(cf. 1 .2.). De même,la place qu'occupeune
personne dans une entreprise peut,si elle est bien situéedans la structure de
communication, lui permettre d'exercerun pouvoirbeaucoupplus important
que son pouvoirofficiel,la réciproqueétant égalementvraie.
Dans le domainede l'habitat,les observations de Festinger,Schachteret
Back (1950) auraientpermis,si elles avaientsuscitéauprès des architectes
et des urbanistesl'intérêtqu'elles méritent, de posersérieusement la question
de la fonctionsociale de l'habitat.Ce qui frappedans leurs observations,
c'est le parallélismeentrece qui se passe au niveau du grouperestreint, et
ce qui se passe au niveau de l'habitat: ce sont les habitantsdes logements
les plusvisibles(dans le cas de pavillons)ou situésdansles endroitsde passage
(dans le cas de petitsimmeubles)qui disposentdu statutsociométriquele
plus élevé,et qui sontle mieuxintégrésdans le groupe.Les relationss'éta-
blissentpréférentiellement avec les gens les plus proches,non en distance
réelle,mais dans ce que Festingeret coll. appellentla distancefonctionnelle,
c'est-à-direla distancecorrigéepar l'accessibilité visuelle.C'est aussi ce qu'ont
trouvéStrodbecket Hook (1961) au niveau du petitgroupe.

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2.3. Les besoinsde Fhommeen matièred'habitat


2.3.1. Besoinde communication ou besoind'isolement ? - Parlerde commu-
nicationau sujetde l'habitatpeutparaîtreun non-sens.Quelquesobservations
très simplesmontrentactuellementdans notresociétéun évitementde la
communication et une recherchede l'isolement.On parlebeaucoupde phobie
des grandsensembles,du retourà la natureet au petitcoin tranquille.Les
grandesvilles américainessont désertéespar les classes socialesélevées,les
résidencessecondairesse multiplient et chacunrêved'êtreRobinsonsur son
île.
Parallèlement au développement de l'isolementcommevaleursociale, se
développeune inquiétudepour la surpopulationde la planète. L'homme
est-ilen état de surpopulation spatiale(le problèmede la surpopulation par
rapport aux ressources est différent) de façonglobale ou dans les grandes
villes ? Certainsauteursn'hésitent pas à l'affirmeret expliquentainsile besoin
de se repliersur soi-même(Morris,1970). Pourtantaucun fait ne semble
étayercettethéorie.Par exemple,le taux de suicidesou de mortalitén'est
pas plus élevé dans les villes que dans les campagnes,ni dans les pays très
peuplés que dans les pays peu peuplés.
Chombartde Lauwe (1959) a tentéde définirune surfaceminimumdes
appartements, surfaceen deçà de laquelle apparaissentdes troublesdans les
comportements individuelset les relationssociales.Mais ce minimum(10 m2
par personne)est troisfoisplus important que la surfacemoyennedes appar-
tementsà Hong-kong(3,25 m2 selon Sommer,1969). Hong-kongn'est bien
entendupas un paradis,maissi l'on s'en tientaux conclusionsde Chombartde
Lauwe, toute vie sociale y seraitimpossible.Tout dépend évidemmentdu
mode de vie, et rienn'indiqueque la liaisonentrefaiblesurfaceet problèmes
sociaux observéepar ce dernierauteursoit une liaisoncausale simple.
L'importanceattachéeà l'isolementet la craintede la surpopulation
débouchentnaturellement sur un modèle de comportement observé chez
l'animal: le comportement territorial(1). L'hommeest un animalterritorial,
c'est ce qu'affirment Hall (1959, 1966) ou Ardrey(1967) ; c'est aussi ce que -
chercheà démontrerLorenz (1969). Il est assez facilede montrerque les
argumentsdes deux premiersauteurssont assez fantaisisteset clairement
liés à la défensedu capitalismeet de l'impérialisme américain(Alland,1971;
Lécuyer,1974). L'argumentation du troisième est plus subtile: les premiers
chapitressont destinésà démontrerque certainesespèces développentune
agressivité que ces espècesagressivessonttoutesterritoriales
intraspécifique,
et qu'ellesseulesle sont.Dans la secondepartie,l'auteuraffirme que l'homme
est agressifet qu'il s'agit chez lui d'un instinct,donc d'un comportement
inévitable.Lorenz laisse au lecteurle soin de tirerla conclusionlogique :
l'hommeest territorial.
Il est évidemment curieuxqu'un auteurayantune telle notoriétéscienti-
fiqueraisonneainsi par analogieet fasse des extrapolations interspécifiques
aussi hasardeuses.Ce qui est beaucoupplus grave,c'est que la quasi-totalité
des auteursqui expérimentent surla régulation de la distanceinterpersonnelle

occupe seul ou en groupeun espace dont il défendl'accès à ses


(1) Un animal territorial
congénères,ou aux autresgroupes,par un marquageolfactif, auditifou visuel,et éventuellement
par un comportement agressif.Il se trouvede ce faitsocialementisolé, seul ou en petitgroupe.

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considèrentle fait que l'hommeest territorial comme acquis, sur la seule


base des affirmationsdes auteurscitésci-dessus.Tel est le cas par exemplede
Horowitz(1965), Roos (1968), Sommer(1969), Sommeret Becker (1969),
Dosey et Meisels (1969), Bailey,Hartnettet Gibson(1972), Cheyneet Efran
(1972),Knowles(1973). La non-pertinence, voirel'absurditédes conclusions (1)
auxquellesaboutissentainsi certainsauteursdans l'analysede leursrésultats
expérimentaux ne provoquentaucune remise en questionde ces théories.
Il y a là un phénomènequ'il faut tenterd'expliquer.
2.3.2. Rapportssociauxet rapportsspatiaux.- Si les idées de besoin
d'isolement,de surpopulation et surtoutde comportement territorial
s'imposent
à certainscommeautantd'évidences,c'est qu'elles correspondent aux valeurs
de la société(la propriétéprivée),mais c'est aussi que le fonctionnement des
sociétésoccidentales,et en particulierde la sociétéaméricaine,puisque la
plupartdes auteurscités sont américains,comportedes aspectsqui peuvent
êtreenvisagéscommedes manifestations d'un comportement territorial.
A l'échellede la ville,voireà l'échellede la nation,apparaîtune fois de
plus la relationentrel'organisationsociale et l'organisation spatiale.Il y a
bien sûr la politiqueofficielle de l'apartheid,mais pointn'est besoin d'une
tellepolitiquepour que les Noirs habitentles quartiersnoirs,les Arabesles
quartiersarabes,les Juifsles quartiersjuifs,les bourgeoisles beaux quartiers,
les prolétairesles Z.U.P. et les sous-prolétaires les bidonvilles.Les tensions
socialesdans les premierscas, le prixdes terrainsdans les dernierssuffisent à
expliquercette ségrégation.
Cetteségrégation spatiale,refletd'une organisation sociale,a évidemment
des conséquencessur le fonctionnement de la société,dontil est difficile de
mesurerla portée.L'une des conséquencesapparaîttrèsclairement : lorsque
la tensionsocialemonte,chaque groupese repliesurson espace,les communi-
cationscessent,la distanceentreles groupessociauxaugmente.Sommer(1969)
rapportequ'au début des années 60, période de fortetensionraciale aux
Etats-Unis,les fabricants de palissadesontvu leursventesaugmenter de façon
considérable.
Horowitz(1963) est l'auteurd'une expériencetrès intéressante de prise
de contactthérapeutique par la peinturefaiteen communpar un schizophrène
et le thérapeute.Au débutde ce typede thérapie,il est extrêmement fréquent
que le maladeet le thérapeutepeignentchacunsur leur moitiéde la feuille,
le maladerefusantde peindreréellement en commun,certainsallantjusqu'à
tracerune lignede séparation,une frontière Ensuite,la communi-
territoriale.
cations'établit,le mécanismede défensedisparaît.Si le maladese sentdominé,
il régresseet a de nouveaurecoursau tracéd'une frontière. Une sociétéde
ségrégation,de « comportement territorial» et de recherche de l'isolement
est-elleune société schizophrène?

(1) Exemples:
- Dans l'expériencede Sommeret Becker,une jeune filles'approchede plus en plus d'un
hommequi travailledans une bibliothèque(elle envahitson territoire). Il s'en va.
» de la mêmepersonneinstalléedans
Que se passerait-ilsi elle « envahissaitle territoire
un café ? On peut se le demander(surtoutsi elle étaitjolie, ce que les auteursne précisent
pas).
- Si l'on suit à la lettreles conclusionsde Bailey,Hartnettet Gibson,on est amené à penser
que les corbeillesà papieront un territoire, puisqu'ellessontaussi (ou aussi peu) évitéesque
les femmesquand elles sont placées de manièreidentiquedans un couloir.

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l'homme et l'espace 203

2.3.3. Besoinde communication et besoind'isolement. - Le faitque chacun


rêve d'être Robinsonest un symptômeinquiétant,car l'isolementne peut
êtreune solutionpour un êtreaussi socialiséque l'homme.Les observations
de Harlow (1959, 1962) sur le singe et les multiplesexpériencescitéespar
de Feudis (1975) sur plusieursespèces animales,si elles ne permettent pas
les extrapolations un peu rapides faitespar ce dernierauteursur l'espèce
humaine,montrent que chez les animauxsociaux,le besoinsocial,le besoin
de vivredans un cadre social, est aussi importantque le besoinalimentaire
pourla surviedes individus.Les observations de Law (i960) qui portentsur
des chercheursscientifiques situés dans l'Antarctiquedans des installations
relativement vasteset confortables montrent que l'isolementen petitsgroupes
pose des problèmes très importants et nécessite une sélectionsévère des
chercheurs, évitanten particulier les agressifs.Promiscuité et isolementsont-ils
les deuxmauxentrelesquelsil nous fautchoisir? La sagessesembleconsister
à considérerqu'entreles deux il existeune voie moyenne,une quantitéopti-
mum de communication qui satisfasseles besoins de l'homme.En réalité,
les choses sont un peu plus complexes.Comme l'écrit de Feudis (1975),
on peut êtreseul dans la foule; l'hommea besoinde communication, pas de
promiscuité ; il a besoin égalementde pouvoirs'isoler quand il le désire.
Sa situationspatialeoptimumest celle dans laquellele choixlui est laissé en
permanence. Diversauteursinsistent beaucoupsurce point: pourMitscherlich
(1970)5un appartement doit comporter un lieu de rencontre et des lieux où
chacunpuisses'isoler.Hall (1966) parledans le mêmeordred'idée d'espaces
sociofugeset d'espaces sociopèteset de la nécessitépour chacun de trouver
un équilibreentreces deux typesd'espaces.Pour Sivadonet Gatheret(1969)
qui se sontbeaucoup intéressésà l'architecture de l'hôpitalpsychiatrique et
onttentéde la penserdansune perspective thérapeutique, l'hôpitaldoitfournir
la communication et l'isolement.
2.3.4. Questionsposéesaux architectes et aux urbanistes. - Quelles sontles
réponses architecturales à ces problèmes ? On sait aujourd'huiqu'il ne suffit
des et
pas d'empiler appartements d'aligner des immeubles pourfaireune ville.
pas non plus de prévoirdes lieuxde rencontre
Il ne suffit placésn'importeoù,
il fautque l'architecture de l'immeublesoit conçue de telle manièreque les
occasions de rencontresoient très fréquentes.C'est ce qu'avait très bien
comprisLe Corbusiercommele montreune enquêtede Chombartde Lauwe
(1959) : dans l'immeubleconstruitpar Le Corbusierque l'auteurcompare
à d'autrescitésH.L.M. plustraditionnelles, l'originalitéessentielleestapportée
par deuxfacteurs: le premierestl'existenceà chaqueniveaud'un vastecouloir
que l'architecteappelle la rue intérieure.Cette rue, chacun est obligé d'y
passer; les résidentss'y rencontrent, ce qui ne peut êtrele cas lorsqu'iln'y
a que de minusculespaliersentredeux appartements. Le deuxièmefacteur
d'originalitéestuneétudetrèspousséede l'insonorisation. L'influence combinée
de ces deux facteurscomplémentaires sur les relationssocialesest décisive:
dans les immeublesclassiques où les habitantsse plaignentde la sonorité,
ils se plaignentégalementdu manque d'intimité,et se produisentce que
l'auteurappelledes névrosesde palier.En d'autrestermes,aprèsavoirparticipé
involontairement à la vie la plus intimede ses voisins,il est difficile d'entre-
teniravec eux des relationssimples.L'enquêtemontreque les bonnesrelations
sont plus fréquenteset s'établissentplus rapidementdans l'ensemblede

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204 LE TRAVAIL HUMAIN

Le Corbusierqui permetle choixpermanententrerencontreet isolement.


Elle démontre doncqu'un grandimmeublen'estpas nécessairement générateur
de conditionsd'habitatdéplorableset donneun éclairageintéressant sur le
problèmede la surpopulation posé ci-dessus.Ce n'estpas un simpleproblème
de densité,c'est avant tout un problèmed'organisationde l'espace.
La questionest la même au niveau de la ville : l'abandon des grandes
villeset l'allongement grandissant des banlieuespavillonnaires ne permettront
jamais de retrouver le villageoù toutle mondese connaît,ils n'aboutissent
au contraire qu'à augmenter l'isolement, et à détruireet la villeet la campagne.
Créer un espace, c'est créer les conditionsspatialesd'une organisation
sociale.Empilerdes appartements ou alignerdes « chaumières» c'est fournir
la base spatialeà une sociétéd'aliénés.Dis-moi ce que tu construis,je te
diraiquelle sociététu es, mais aussi quelle sociététu fais.Sociétéde la ségré-
gationspatialedes raceset des classesou sociétéde la communication. Société
des pavillons-territoires entourésde murspour les uns et de la promiscuité
pour les autresou sociétéoù sontsatisfaits pour tous les besoinsd'isolement
et de communication.
Il fautposerle problèmesocialet politiquede l'urbanisation. Il est aujour-
d'huinécessaired'inventer un urbanisme nouveaupourrépondreà des besoins
psychosociologiques qui ne le sontpas dans un contexteéconomiqueet démo-
graphiquequi l'est. Il fautinventerun villagevertical,pour lequel les réali-
sationsde Le Corbusier,qui ne sontpas sansdéfaut,l'enquêtede Chombartde
Lauwe le montrebien, fournissent une directionde recherche.Il appartient
aux architectes de mieuxsatisfaire les besoinsde l'hommeen matièred'espace,
mais pour cela il faut mieux les connaître.C'est le rôle de la psychologie
sociale. L'adaptationde l'espace à l'hommeest d'abord une adaptationde
l'espace à la relationsociale.

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SUMMARY

Man's accomodationto space, man's accomodationofspace. - This is a psychosociological


studyof space. The firstpart turnson thespatial aspectsof theinter-individualcommunica-
tion and groupfunctionning.The secondturnson the relationsbetweenman and his spatial
environment. It is an attemptto determineman's needs about architecture.

(Manuscritreçu novembre1975.)

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