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SOUS-DÉVELOPPEMENT ET POLES DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

Author(s): Milton Santos


Source: Revue Tiers Monde , Avril-juin 1974, Vol. 15, No. 58 (Avril-juin 1974), pp. 271-
286
Published by: Publications de la Sorbonne

Stable URL: https://www.jstor.org/stable/23588903

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SOUS-DÉVELOPPEMENT ET POLES
DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE
ET SOCIALE
par Milton Santos*

La discussion de la théorie des pôles de croissance (i) tombe so


dans le guêpier du débat sémantique ou dans l'exégèse des id
son fondateur François Perroux (2) à qui l'on fait parfois un
d'intention (Coraggio, 1972).
La notion de pôle de croissance a été victime de sa popula
un moment où l'idée de planification commençait à devenir elle-
un slogan. Cette contemporanéité lui a peut-être été fatale (L
1969, p. 140). Devenue un sujet à la mode, on s'est plus préoc
la forme que du fond, plus des techniques et des modèles que des
cations, c'est-à-dire qu'on a laissé de côté l'approfondisseme
théorie elle-même. Bien que l'on puisse dire avec A. Kuklinsk
p. X 3) que cette théorie a rarement été appliquée, ou se demand
B. Berry (1971) s'il s'agit vraiment d'une théorie, elle a néanmoins
une multitude de livres, thèses et articles de toute sorte, peut-êtr
parce que, comme le note Lasuen (1969, p. 137), les idées de F. Pe
ne furent pas présentées originellement comme un tout cohérent
Faute d'accord sur le but de la recherche, de nombreux p
ne font que maintenir une sorte de brouillard sur les définition
tielles et perpétuent l'usage inconsidéré de cette notion autant d
théorie que dans la pratique. Ces ambiguïtés ont permis et au
encore toute sorte d'équivoques occasionnelles ou volontaire
l'idée elle-même n'a pas perdu de son prestige puisque l'on c

* Département de géographie, Université de Toronto. Ancien professeur a


l'Université de Paris I. Ancien directeur de recherches à l'I.E.D.E.S.
(1) Pour une bibliographie, voir entre autres Claval, 1966; Lasuen, 1969; Darwe
et Hansen, 1971.
(2) Paelinck déclare : « Le concept de pôle de croissance a été souvent mal
On l'a confondu avec les notions d'industrie clef, d'industrie de base, d'ensemble i
de là la conception erronée suivant laquelle le pôle de croissance serait une espèce
ment industriel élevé à la gloire d'une industrialisation régionale future, gara
croissance économique certaine », dans Jean Paelinck, La théorie du dével
régional polarisé, Cahiers de l'Institut de Sciences appliquées, mars 1965, série L, n° 1

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encore les moyens d'augmenter les quantités globales de l'éco


tout en les diffusant dans l'espace et entre les hommes. Le pro
de la distribution de la richesse n'est pas indépendant de celu
l'organisation de l'espace.

De l'espace sélectif à l'espace de tout le monde

La question de savoir à quel type d'espace s'adressaient les fo


lations originelles de F. Perroux (1950) dépasse largement les inten
de l'auteur. J. Boudeville (1957, 1961) a été le premier à propos
base géographique à l'idée des pôles de croissance. L. Rodwin (
et J. Friedmann (1963, 1966) l'ont suivi. En fait, la conception
espace topologique tel que François Perroux l'a défini (1) n'excl
le fait que c'est sur l'espace banal que les firmes agissent. Mais
surtout l'espace économique qui a fait l'objet de constructions théo
et des efforts de planification.
Ainsi la théorie des pôles de croissance dans la plupart de ses fo
lations traditionnelles ou récentes s'intéresse à l'espace de quelques
et pas à l'espace de tous. Lorsqu'on distingue un espace banal e
espace des firmes et que l'on privilégie ce dernier dans l'élabor
théorique, c'est d'une théorie aristocratique et discriminatoir
s'agit. La population totale peut y être difficilement concernée.
La distinction souvent faite entre espace abstrait ou économ
et espace concret ou géographique — celui-ci étant l'espace de
le monde — ne permet pas de saisir clairement tous les élémen
entrent dans la définition d'un espace donné (2), et empêche de loc
la hiérarchie des forces. Or l'idée d'organisation est inséparab
celles de décision et de domination. La dichotomie« espace géograph
contre « espace économique » présentée comme une contrainte mét
logique est plutôt un obstacle à l'analyse spatiale (3). Des rapp

(1) Les espaces économiques... « ... se définissent par des relations économiqu
existent entre des éléments économiques » (Perroux, 1961, p. 127, éd. 1961).
Il y a autant d'espaces économiques « qu'il y a d'objets de la science économiqu
relations abstraites qui définissent chacun d'eux » {ibid., p. 126).
(2) Gauthier (1971, p. 15) observe que « les efforts pour développer une dim
géographique à cette théorie ont été sans lendemain. Les lois de transformation de
économique en espace géographique n'ont jamais été formulées de façon satisfais
Jansen (1970) se plaint du peu d'intérêt que l'on porte aux structures économico-géogra
(3) « Il semble donc que l'on ne puisse pas isoler l'un de l'autre les deux concepts d
sans se priver, par le fait même, de la connaissance de leurs influences récipro
(Béguin, 1963, p. 373).
« ... la considération des seuls espaces économiques ne suffit pas pour compre

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pourtant si évidents, entre structure monopolistique de la production


et des phénomènes tels que la macrocéphalie, les périphéries appauvries
ou l'exode rural, trouveraient une meilleure interprétation dans l'optique
multidisciplinaire d'un espace concret multidimensionnel mais banal,
qui est celui des firmes, des institutions et de tous les hommes, ains
que celui des réalisations d'ordre économique, politique et social.
De plus, considérer l'espace comme un système, ce qui est généra
lement accepté maintenant, ne suffit pas. Il faut encore savoir comment
définir un système. Si on se contente de la définition classique selon
laquelle un système est un ensemble d'éléments et des relations entre ces
éléments et entre leurs attributs respectifs (Hall et Fagen, 19 5 6, p. 18) (1),
on arrivera difficilement à une définition opérationnelle de l'espace. En
effet, comme dit M. Godelier (1972, p. 258), « un système est un groupe
de structures interliées par certaines règles ». Ce sont les structures qui
sont définies par « un groupe d'objets interliés par certaines règles » (2)
Ainsi, il y a loin entre d'une part mesurer les interrelations entre
industries telles qu'elles sont étudiées dans les matrices d'input-output,
et d'autre part considérer les rapports entre une structure donnée de
la production et le reste du système social et du système spatial.

totalité des facteurs qui exercent une action sur les mécanismes économiques; il n'est pas
douteux que l'espace géographique les influence également. Les deux concepts d'espace sont à
utiliser ensemble en vue d'une meilleure connaissance de la réalité » (Béguin, 196}, p. 57}).
(1) « A system may be defined as a complex of interacting elements, together with their
attributes and relationships. One of the major tasks in conceptualizing a phenomenon a
a system, therefore, is to identify the basic interacting elements, their attributes, and their
relationships. For any given system his environment comprises « the set of all objects a
change in whose attributes are changed by the behaviour of the system ». » Ainsi un
système constitue avec son environnement un ensemble de phénomènes qui n'a d'intérê
que dans un contexte donné (A. D. Hall et R. E. Fagen, Definition of system, General
Systems Yearbook, 1956).
(2) « I propose to understand by a « system » : « a group of structures interlinked by
certain rules (laws) ». We are thus referred back to the idea of « structure » by which we
mean : « a group of objects interlinked by certain rules (laws) ». By « object » I mean any
reality whatever : individual, concept, institution, thing. By « rules » I mean the explicit
principles whereby the elements of a system are combined and related, the norms inten
tionally created and applied in order to « organize » social life : rules of kinship, technical rules
of industrial production, legal rules of land-tenure, rules of monastic life, and so on. The
existence of these rules allows us to suppose that, in so far as they are followed, social life
already possesses a certain « order ». »
« These definitions are actually « homogeneous » in two ways. They both refer to combi
nations of objects in accordance with rules, that is, realities such that one can dissociate only
by abstraction the objects in relation from the relations between the objects. Unrelated
objects constitute a reality deprived of meaning, and objectless relations a meaning deprived
of existence. Thus, all system and all structures have to be described as « mixed », contra
dictory realities made up of objects and relations that cannot exist separately, such, in other
words, that their contradiction does not exclude their unity » (M. Godelier, 1972, p. 258).

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L'approche input-output prônée par Lasuen (1970) concerne la croi


économique à la Rostow car elle ne sert qu'à saisir les rapports
firmes « modernes », considérées comme dynamiques. Mais elle re
instrument neutre, un value-free model (Miernyk, 1965, p. 8 8) et ne pe
aider à la construction d'une théorie spatiale valable partout (1)
vrai que Lasuen (1969) avait également insisté sur l'intérêt d'analys
structures d'organisation des firmes. Mais que faire d'une donnée is
Il faut aller plus loin et chercher à analyser les structures glob
de production comme « éléments » d'élaboration du système sp
c'est-à-dire la projection géographique du système social dans son
le plus large. La mesure du succès ne serait pas, comme dans la doc
actuellement admise, l'efficacité maximale des échanges interindus
consacrée par l'augmentation des output par unité de temps da
conditions données d'utilisation du capital et du travail. Le pro
serait plutôt centré sur la productivité spatiale, définie comme le m
arrangement géographique des ressources dont la structure de l'or
sation serait préalablement définie, en vue d'une meilleure redistrib
des résultats. L'idée de planification spatiale en serait enrichie.
A ces fins, il faut tenir compte des structures de l'économie en
qu'expression des modèles de croissance adoptés ; des structure
graphiques, c'est-à-dire de la localisation des hommes, des infr
tures, des activités, des institutions ainsi que de leur cadre écologi
et enfin des structures sociales et politiques résultant de la superpo
du présent et du passé et de la superposition d'influences loc
nationales et internationales. Il faut considérer les hommes et les su
de leurs activités, envisagés dans une optique transtemporelle. C'es
l'interaction de ces structures que l'on tire la définition de l'
en tant que système, c'est-à-dire, une définition multidimensio
et opérationnelle.
La structure de l'espace ne dépend pas seulement de la localis
des firmes, comme l'analyse régionale classique le prétend, mais su
des structures de l'Etat et de la production, ainsi que de la faço
les ressources disponibles sont allouées aux différentes couches soc
La valeur de l'individu en tant que producteur ou consommateur d
aussi de sa position dans cet espace et varie en fonction des modific

(i) Bien qu'avec des arguments différents des nôtres, Paelinck (1965) et Hansen (
197°. 1971) avaient déjà critiqué l'utilisation de l'approche input-output dans la thé
pôles de croissance.

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dans la structure spatiale. Si le problème fondamental de trouver une


organisation de l'espace capable d'une meilleure diffusion de la croissance
est avant tout inséparable de l'idée qu'on se fait de la croissance elle
même, conditions de croissance et conditions de diffusion doivent être
envisagées de concert. Pour cela, une définition des caractéristiques
spécifiques de l'organisation de l'espace en pays sous-développé s'impose.

U espace dans les pays sous-développés :


les deux circuits de l'économie et leurs répercussions spatiales

L'application de la théorie des pôles de croissance aux pays sous


développés permet de soulever le problème de savoir si l'espace peut être
indifféremment défini en pays développé et en pays sous-développé (i).
La plupart de ceux qui se consacrent à l'analyse et à la planification de
l'espace se comportent comme si les théories élaborées dans les pays
développés et en fonction de leurs réalités pouvaient être transposées
pour les pays sous-développés.
Une telle position a pour postulat que le Tiers Monde est « un monde
en développement, » c'est-à-dire qu'il est dans une situation de transition
vers ce que les pays développés sont aujourd'hui.
La notion de similar path model est inadéquate (McGee, 1971). Il
ne s'agit pas d'un monde en développement mais d'un monde sous
développé avec ses caractéristiques propres et ses mécanismes fonda
mentaux. L'étude de l'histoire des pays aujourd'hui sous-développés
permet de déceler une spécificité de leur évolution par rapport à celle
des pays développés. Cette spécificité apparaît clairement dans l'orga
nisation de l'économie, de la société et de l'espace.
Si les composantes de l'espace restent les mêmes partout dans le
monde et forment un continuum dans le temps, elles varient quanti
tativement et qualitativement selon le heu, de même que varient les
combinaisons entre elles et leur processus de fusion. De là viennent
les différences entre espaces.
Les espaces des pays sous-développés se caractérisent d'abord par
le fait qu'ils s'organisent et se réorganisent en fonction d'intérêts
lointains et le plus souvent à l'échelle mondiale. Mais ils ne sont pas
atteints d'une façon massive par les forces de changement dont l'impact

(t) Etudiant le Minas (Brésil), Boudeville (1957, p. 25) rappelait en passant la différence
de structures entre d'une part les Etats-Unis et l'Europe, et d'autre part le Brésil.

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au contraire est très localisé et rencontre une inertie considérable à


sa diffusion (Santos et Kayser, 1971).
D'autre part, les forces de modernisation imposées de l'intérieur
ou de l'extérieur sont extrêmement sélectives, dans leurs formes comme
dans leurs effets. Les variables modernes ne sont pas toutes accueillies
en même temps ni au même endroit. Il s'agit d'une histoire spatiale
sélective. A chaque modernisation, l'impact de ces forces connaît des
décalages entre les diverses variables dont la combinaison donne la
caractéristique du lieu. Il en résulte une grande instabilité dans l'orga
nisation de l'espace avec des déséquilibres et des ajustements répétés.
Discontinu, instable, l'espace des pays sous-développés est également
multipolarisé, c'est-à-dire qu'il est soumis et tiraillé entre une multiplicité
d'influences et de polarisations issues de niveaux de décision différents.
Plus l'échelle du lieu est petite, plus les impacts sont nombreux, ce qui
donne une démultiplication du temps à l'échelon local (Santos, 1972).
Enfin, l'espace des pays sous-développés est marqué par les énormes
différences de revenu dans la société, qui s'expriment au niveau régional
par une tendance à la hiérarchisation des activités et, à l'échelle du lieu,
par la coexistence d'activités de même nature mais de niveau différent.
Ces disparités de revenu sont moins importantes dans les pays développés
et influencent très peu l'accessibilité à un grand nombre de biens et
services. Au contraire, dans les pays sous-développés, la possibilité de
consommation des individus varie beaucoup. Le niveau de revenu est
fonction de la localisation de l'individu qui détermine à son tour la situa
tion de chacun en tant que producteur et en tant que consommateur.
Le comportement de l'espace se trouve ainsi affecté par ces énormes
disparités de situation géographique et individuelle. Cette sélectivité
de l'espace au niveau économique aussi bien que social est à notre avis
la clé de l'élaboration d'une théorie spatiale. Comme des goûts nouveaux
se répandent à l'échelle du pays tandis que les goûts traditionnels
subsistent, l'appareil économique doit s'adapter à la fois aux impératifs
d'une modernisation toute-puissante et aux réalités sociales nouvelles
ou héritées. Cela est valable autant pour l'appareil de production que
pour celui de distribution. Il se crée deux circuits économiques, respon
sables non seulement du processus économique, mais aussi du processus
d'organisation de l'espace (Santos, 1971, 1972 et prochainement).
La ville ne peut donc plus être étudiée comme une machine massive.
Nous avons appelé ces deux sous-systèmes le « circuit supérieur » ou
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« moderne » et le « circuit inférieur ». Le circuit supérieur est direc


tement issu de la modernisation technologique, ses éléments les plus
représentatifs sont aujourd'hui les monopoles. L'essentiel de ses relations
se fait hors de la ville et de la région qui l'abritent et a pour cadre le
pays ou l'étranger. Le circuit inférieur formé des activités de petite
dimension et intéressant surtout les populations pauvres est au contraire
bien enraciné et entretient des relations privilégiées avec sa région.
Chaque circuit constitue en lui-même un système ou plutôt un sous
système du système urbain.
Les activités du circuit supérieur sont responsables de la macro
organisation de l'espace. L'organisation de l'espace au niveau local
est partagée entre le circuit supérieur et le circuit inférieur. C'est donc
au niveau local que la dialectique entre les deux circuits s'exerce, mais
les décisions macrospatiales atteignent également le circuit inférieur
(Santos, prochainement). L'existence des deux circuits ainsi que leur
concurrence sont ainsi un élément fondamental d'explication de l'espace
et une pièce indispensable dans le processus de planification, d'autant
plus que chaque circuit entretient avec l'espace de relations de la ville
un type particulier de rapports : chaque ville a en réalité deux zones
d'influence.
Or seul le circuit moderne a fait l'objet de recherches systématiques.
L'analyse économique et, dans son sillage, l'analyse géographique ont
longtemps confondu le secteur moderne de l'économie urbaine avec
la ville tout entière. J. Friedmann (1961, p. 89; 1964, p. 346) n'a-t-il
pas déclaré lui-même que le folk sector, le « secteur populaire», « est dans
la ville sans en faire partie» (the folk sector is in the city but not a part of it).
Le résultat est que la plupart des études ne sont pas faites sur la ville
entière mais sur une partie de la ville, empêchant par là même la formu
lation d'une théorie authentique de l'espace.
La reconnaissance de l'existence des deux circuits oblige à une
nouvelle discussion des théories consacrées telles que les exportations
urbaines, les lieux centraux et les pôles de croissance qui ont servi
jusqu'à maintenant de base à autant de théories de planification régionale.
Il faut désormais tenir compte du circuit inférieur comme élément
indispensable à l'appréhension de la réalité urbaine et régionale. La
théorie des deux circuits de l'économie urbaine des pays sous-développés
apparaît comme un véritable paradigme, dans le sens que lui donne
Kuhn (1962) pour qui, à chaque nouvelle période historique, les for
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mutations capables d'interpréter la réalité et d'offrir des solution


problèmes correspondants doivent être recréées et non réadaptées

Croissance sans pôles de croissance

La théorie des pôles de croissance, comme toutes les autres théo


spatiales, ne se préoccupe que du circuit supérieur. C'est-à-dire que
ta modernisation, avec l'installation d'industries motrices, ser
mesure de provoquer 1a croissance. Le circuit inférieur est unique
considéré comme un frein à 1a croissance économique et non c
ce qu'il est — en tout cas dans sa physionomie actuelle — c'est-
un résultat de 1a modernisation technologique.
Il y a là une série d'équivoques. Tout d'abord, les industries mod
ne sont pas forcément complémentaires. Ensuite, elles peuvent
avoir d'effets latéraux importants. Enfin, des industries peuvent pr
des économies d'agglomération trouvées dans une ville sans y e
en retour des effets d'entraînement appréciables, surtout dans le
industries de réexportation.
Il n'est pas sûr que les grandes industries à haut coefficient de c
soient forcément dynamiques comme l'ont pensé A. Manne (19
H. Richardson (1969, p. 106-107). D'après Aydalot (1965), on ne d
réserver le nom d'industries motrices qu'à celles qui sont capab
créer des économies externes ; or celles-ci ne sont pas obligatoirem
les industries de plus grande dimension. Il est donc possible d
une croissance sans pôles de croissance.
Cette croissance se manifeste dans des lieux privilégiés de l'espa
d'autant plus qu'avec 1a modernisation de nouvelles économies d'éc
limitent géographiquement 1a création de nouvelles activités. Les
macrocéphales et les cités industrielles sont par excellence le lieu g
phique de 1a croissance, une manifestation de ta croissance et non
cause (J. Casimir, 1968, p. 11). En même temps, tout le réseau
se tertiarise du fait que l'industrie moderne tue les industries
tionnelles et qu'elle est elle-même incapable de fournir des emploi
nombre suffisant. Ce tertiaire « primitif » (J. Beaujeu-Garnier
est aussi un tertiaire « refuge » (D. Lambert, 1965). Il est présent
bien dans les villes dépourvues d'activités secondaires que dans
où l'industrie est importante, c'est-à-dire dans les pôles et da
non-pôles. C'est pourquoi on peut dire que 1a croissance et le c
inférieur prennent place parallèlement. La croissance — en tou
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telle qu'elle est encore communément définie — n'apparaît donc pas


comme le processus capable d'éliminer la pauvreté.

Les obstacles à la diffusion


Faute d'une diffusion sociale de la croissance, peut-on par contre
admettre qu'il y a une diffusion spatiale ? Hirschman (1958) a été
peut-être le premier à le penser. Comme s'il appliquait à l'espace la
thèse de Schumpeter (1950, chap. 7-8) sur la « création destructive »,
il a suggéré le besoin d'encourager la croissance d'une région donnée,
devenue ainsi région motrice d'un pays ; après quoi, la croissance
serait transmise à d'autres points du territoire. C'est à la suite des idées
de Hirschman et de Hagerstrand (1967, 1953) que l'on a commencé à
rapprocher les notions de pôles de croissance et de diffusion des innovations.
Lasuen et Friedmann ont été inclus par Gauthier (1971) dans la catégorie
des diffusionnistes. Pour sa part, Berry (1972, pp. 340-341) considère
que « le rôle joué par les centres de croissance dans le développement
régional n'est qu'un cas particulier du processus général de diffusion
des innovations, et qu'ainsi la théorie tristement déficiente des pôles
de croissance peut être enrichie si on se tourne vers le cas général qui est
mieux développé ». C'est encore comme base à l'hypothèse diffusionniste
que Friedmann (1963, 1966) a développé la notion de pôle-périphérie
(core-periphery), une variante géographique des principes préalablement
développés par R. Prebisch (1949) et Gunder Frank sur le plan des rela
tions internationales.

La difficulté est, à nouveau, l'applicabilité de tels concepts sans que


l'on se soit d'abord préoccupé de bien définir l'espace, son fonctionne
ment et ses articulations dans les pays sous-développés.
Les conditions essentielles de l'organisation de l'espace ont toujours
été le résultat du jeu, libre ou orienté, de tendances à la concentration
et à la dispersion, bien que ces conditions varient en fonction des formes
spécifiques des modernisations et des types d'activités qui interfèrent
dans l'organisation spatiale. Dans la période actuelle, du fait même des
exigences de la technologie, l'appareil de production connaît une ten
dance croissante à la concentration qui se traduit également par une
concentration dans l'espace. De même l'Etat, devenu partout un Etat
moderne grâce aux nouvelles conditions de la vie internationale imposées
et facilitées par la donnée technologique, se voit doté de forces centra
lisatrices. La centralisation ne concerne pas seulement le domaine des

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décisions en matière de politique et d'économie. L'exercice des fonc


de l'Etat moderne exige une organisation des transports dont la ten
à l'intégration favorise toutes sortes de concentrations.
Toutefois la période technologique est la première dans l'his
du Tiers Monde à connaître la diffusion généralisée de deux d
variables élaborées dans le centre : la diffusion des informations et
de la consommation, et cela est plus sensible en Amérique latine qu
leurs. Il en résulte certes une tendance aux migrations, mais ce
ne touchent qu'une partie de la population du fait même que la révo
des transports facilite la diffusion de certains biens. Mais, d'autre
l'Etat n'est pas et ne peut pas être indifférent aux nouvelles néces
ainsi créées mais qui restent hors de la portée de la plupart des indi
Il est donc appelé à fournir, à titre gratuit ou presque gratuit, un c
nombre de services, tels que l'éducation et la santé, et qui ont u
de fixation, au moins provisoire. Ainsi, la distribution des bien
fourniture de services qui supposent une dimension minimale de l
mération sont responsables de la création de petites villes dans l'inté
tandis que la concentration de la production avec création de mono
est responsable des macrocéphalies.
Nous avons donc comme facteurs de concentration l'organis
de la production et l'Etat, et comme facteurs de dispersion la popu
par ses exigences nouvelles fondées sur la diffusion de l'informati
de la consommation, et de nouveau l'Etat.
Selon que l'Etat utilise ses ressources pour faciliter directement
indirectement la concentration de la production, ou qu'il les
pour fournir sur place à la population des services, les résultat
fort différents. Le problème cependant n'est pas seulement de vou
mais aussi de pouvoir, étant donné que les concentrations cond
aux formes monopolistiques et oligopolistiques d'organisation, lesqu
partagent avec l'Etat non seulement l'épargne populaire, mais
voir de décision qu'elles utilisent en leur faveur ; c'est-à-dire qu
aggravent encore la concentration.
On peut donc avec Myrdal (1957) parler d'une croissance cumula
L'idée selon laquelle, à un moment donné, les économies extern
d'agglomération seraient remplacées par des déséconomies ne
valable que si les grandes firmes prenaient en charge les infrastructures
J.-C. Funes (1972) critique l'analogie qu'on a voulu établir e
pays développés et pays sous-développés lorsqu'on suggère les
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bilités de diffusion à partir d'une région plus développée. Puisque la


croissance est cumulative dans les mêmes points ou régions, la dimi
nution de l'écart des revenus régionaux ne peut être obtenue avec une
croissance soutenue. C'est encore à Funes (1972) de rappeler que « les
économies externes et d'agglomération sont utilisées par les secteurs
capitalistes des centres urbains respectifs, tandis que les déséconomies
sont résorbées par l'Etat et par toute la population du pays » (x).
Dans les villes intermédiaires, la localisation d'activités modernes,
à commencer par les industries, ne dépend pas de l'importance de
la demande d'innovation comme J. Friedmann (1969, p. 10) l'avait
pensé (2). B. Berry s'est également trompé (1971, p. 1x6 ; 1972,
p. 340-342) lorsqu'il suggère l'existence d'un processus de filtering down
hiérarchique, c'est-à-dire suivant la règle du rank-si%e (3). Ces auteurs
font abstraction des réalités du monde actuel et de leurs projections
dans le Tiers Monde comme par exemple le rôle des structures globales de
la production dans l'organisation de l'espace. Berry (1972, p. 342) dorme
comme l'une des raisons du hierarchical filtering la migration des firmes
des plus grandes villes vers les villes moyennes, à la recherche de main
d'œuvre bon marché. Lasuen (1969, p. 150) a montré que « les différences
de salaire entre régions ne sont pas un facteur de localisation dominant ».
C'est en termes de systèmes de structures — dans l'optique de Godelier
que nous avons déjà mentionnée — qu'il faut raisonner. Oublier cela ne
peut mener qu'à des équivoques. C'est pourquoi des théories comme celle
de la « décentralisation concentrée » (Rodwin, i960) restent sans
lendemain, tandis que partout s'aggravent la concentration sélective et

(1) « Cette approche suppose la possibilité de deux types d'économies et de déséconomies :


globales ou sociales, et individuelles (entreprises et familles). Tandis qu'il y a la possibilité
d'un transfert des déséconomies individuelles, des entreprises et des personnes — situées
dans les grandes villes — vers le secteur public (à cause des exigences d'infrastructures de
plus en plus chères mais sans hausse proportionnelle des tarifs) ou vers la population d
tout le pays (par l'intermédiaire des prix et services produits et offerts par les grandes villes)
il est évident qu'il n'y aura pas d'encouragement pour le transfert vers d'autres centre
urbains (à cause des déséconomies pour les firmes et les ménages) comme le prétend la théorie
élaborée dans les pays actuellement développés. Ceci semble un des points critiques pour
comprendre le processus d'urbanisation en Amérique latine mais il n'a pas été pris en consid
ration dans les recherches entreprises jusqu'à maintenant » (J. Funes, 1972).
(2) Lorsqu'il analyse les conditions de la diffusion de l'innovation, Friedmann (1969,
p. 10) dit que la demande effective est un facteur déterminant : plus la demande est importante
plus sera grande la probabilité de l'innovation (the greater this demand, the higher wil
be the probability of innovation).
(3) « ... the innovation potential of a center is function of its own rank in the urban
hierarchy, and the force exerted on it by virtue of its location relative to the other centers in
the hierarchy that have already adopted the innovation » (Berry, 1972, p. 342).

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cumulative de la production moderne et la diffusion général


l'appauvrissement.

Pôles de développement et justice sociale


Comment concevoir des pôles de croissance qui tiennent com
d'une bipolarisation, représentée par l'existence des deux circu
l'économie urbaine ?
Il s'agit de trouver les moyens de diffuser spatialement la croissance
et d'éviter que la modernisation, par manque d'effets positifs sur le
circuit inférieur, ne contribue à grossir celui-ci et à aggraver la pauvreté.
Les estimations de D. Morse (1970) selon lesquelles 300 millions
d'emplois devraient être créés dans les pays sous-développés d'ici 1980
suscitent un débat passionné sur les moyens de résoudre le problème.
G. Jones (1971, p. 127) imagine, comme d'ailleurs beaucoup d'autres,
que la solution serait d'introduire dans le Tiers Monde des technologies
de niveau intermédiaire (intermediate technologies). D'autres, comme Ramos
(1970, p. 229), admettent que la coexistence de technologies modernes
et traditionnelles en proportions différentes peut assurer le plein emploi.
Mais le problème est autant économique que spatial. Kuklinski (1972,
p. 220) dit avec raison que « nous devons nous rappeler que le principal
objectif de notre temps est l'égalité entre les hommes et pas entre les lieux».
Néanmoins, le problème de l'égalité entre les hommes est inséparable
d'une organisation de l'espace adéquate, fondée sur une structure de la
production adéquate. Comment l'obtenir ? Le premier problème est de
trouver une structure de la production qui soit en même temps capable
d'assurer la transmission de la croissance des secteurs modernes vers les
secteurs non modernes et de mieux répartir ainsi les ressources.
Imaginons un moment qu'il est possible de modifier l'actuelle struc
ture de la production et, en conséquence, celle de la consommation. Cette
modification se ferait dans le sens prôné par R. Gendarme (1963, p. 355)
avec « retournement du secteur moderne vers l'intérieur ». La libération
vis-à-vis des modèles internationaux entraînerait d'une part la réduction
de l'échelle et de l'indivisibilité des investissements, et d'autre part
libérerait davantage de ressources internes et externes. Cela aurait comme
première conséquence une déconcentration de l'activité « moderne »
capable désormais de s'implanter en dehors du core. Débarrassé du
besoin de partager les ressources nationales avec des structures oligo
polistiques, l'Etat serait à même d'investir davantage dans les périphéries,

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autant dans le domaine social que dans le domaine agricole. Ces deux
mouvements auraient comme conséquence un renforcement des villes
intermédiaires et des villes locales, tandis que les citoyens seraient moins
pauvres puisqu'ils pourraient utiliser un plus grand nombre de services
publics et auraient une plus grande accessibilité aux biens et services
fournis par les firmes privées.
Revenons à ce qui se passe actuellement dans les villes des pays
sous-développés. On peut constater, surtout dans les métropoles et
dans les villes intermédiaires, un circuit supérieur marginal à côté d'un
circuit supérieur proprement dit (Santos, prochainement). Dans les villes
intermédiaires, les rapports du circuit supérieur marginal avec le circuit
inférieur et avec la population correspondante sont plus importants
que ceux du circuit supérieur. Ces activités ressemblent à celles du
circuit inférieur du fait qu'elles sont créées en fonction d'une demande
régionale et n'ont pas une portée extrarégionale. Dans les métropoles,
ce circuit supérieur marginal est tactiquement un allié du circuit supé
rieur. Ils forment un système par la communauté d'intérêts dans la
formation des prix et pour le partage du marché. Mais le circuit supérieur
marginal des villes intermédiaires ne participe pas à une telle alliance ;
sa survie suppose l'absence de conditions pour que la concurrence du
circuit supérieur s'installe durablement. Le cas de Barquisimeto au
Venezuela est typique de cette industrialisation « ascendante ». Les
progrès de la technologie, de la gestion et des transports conduisent
toutefois, un jour ou l'autre, à la décadence des firmes du circuit supérieur
marginal, et toute la décision, sinon toute la production, se fait dans la
ville macrocéphale. Le circuit supérieur marginal était en mesure d'appro
visionner les populations voisines, tout en fournissant localement un
nombre plus grand d'emplois directs et indirects. Néanmoins, il a du
mal à subsister du fait de l'influence d'un système de production qui est
supposé augmenter la productivité de l'économie mais affaiblit l'Etat,
débilite les villes intermédiaires, réduit le nombre d'emplois et aggrave
le problème de la pauvreté.
En fait, il n'est pas prouvé que ce soit les grandes unités de fabrication
qui aient les plus hauts niveaux de productivité (Messner, 1966, p. 243 ;
Owen et Shaw, 1972, chap. 6) (x). De plus, il ne faut pas oublier les

(i) « Le mythe de la productivité plus élevée dans la grande entreprise doit être réduit
à ses dimensions réelles. Les capacités de production ne correspondent pas exactement aux
indicateurs de productivité » (J. Messner, 1966, p. 245).

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abondantes ressources en main-d'œuvre dont le contraste avec la carence


en capitaux appelle depuis longtemps à une solution plus rationnelle
aux problèmes du Tiers Monde.
Une réduction du gap technologique pourrait permettre des rapports
moins spoliatifs entre le circuit supérieur et le circuit inférieur. Dans
les conditions présentes, si le circuit inférieur a un rôle de tampon entre
l'économie moderne et les masses appauvries qu'il emploie, il est surtout
une courroie de transmission de l'épargne populaire qui « monte » par
différents canaux vers le circuit moderne. Celui-ci, dominant, est le
seul bénéficiaire de ce que G. Bedford (1972) a appelé la pauvreté
persistante (persistent poverty). Dans les conditions que nous venons
de simuler, du fait même que les citoyens seraient moins pauvres, le
circuit inférieur se transformerait par l'augmentation de sa productivité
et se rapprocherait davantage du circuit moderne. Celui-ci serait moins
moderne, moins supérieur ; celui-là moins inférieur. Renforcées, les villes
intermédiaires auraient un rôle véritablement régional. Capables ainsi de
commander effectivement leur région, ces villes auraient de nombreux effets
d'entraînement autant sur le plan économique que sur le plan social.
Elles seraient de véritables pôles de développement économique et social.
Les courants migratoires seraient redistribués entre les diverses villes du
réseau et on serait en présence d'un système de pôles de croissance, comme
Hansen (1971, p. 195) l'avait suggéré, au lieu d'un seul pôle. Mais ce
seraient avant tout des pôles de développement économique et social.
Notre modèle est très général et doit être retravaillé pour tenir
compte des réalités de chaque pays. La combinaison des possibilités
économiques et politiques donnera la mesure du succès des initiatives.
On ne doit pas oublier, néanmoins, que toute solution isolée ne peut
être vraiment efficace que si elle est considérée uniquement comme un
élément d'une stratégie globale, jamais comme une solution autonome.

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