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Articulo - Journal of
Urban Research
Special issue 4 | 2013
Le nouveau récit du paysage
Dossier
Configurations sensibles
Emeline Bailly
https://doi.org/10.4000/articulo.2233
Abstracts
Français English
Le pay sage est de plus en plus v alorisé dans les projets urbains en Europe et aux États-
Unis, au point d’apparaître com m e une nouv elle m arque de fabrique urbaine durable.
Les politiques publiques m enées dans deux quartiers périphériques de New York et Paris
rév èlent un idéal de v ille nature, qui renouv ellerait l’im age de territoires déqualifiés. De
m êm e, l’am bition publique insiste sur le dév eloppem ent d’espaces de nature censés « faire
espace public », sy m bolisant une nécessité de nouv eaux ty pes d’espaces collectifs/publics,
appropriables, habitables dans un contexte de problém atiques env ironnem entales et de
perte de l’essence publique des v illes. Pay sage et espaces pay sagers apparaissent dès lors
perçus com m e une com posante de l’urbanité des v illes, en tant qu’ils traduiraient une
occasion de repenser l’espace public, la citoy enneté (v ie politique), la citadinité (v ie
urbaine), la civ ilité (v ie sociale). L’indiv idualisation des pratiques sociales et la
div ersification des m odes d’inv estissem ent spatial des citoy ens conduisent à une plus
grande hétérogénéité des perceptions et de significations attribuées à l’env ironnem ent
urbain. Dès lors, ne serait-ce pas à partir de la com position d’un langage des pay sages par
de m ultiples lecteurs, récepteurs, concepteurs, que l’urbanité et l’habitabilité des lieux
pourraient être reconsidérées et à m êm e de réconcilier les espaces am énagés av ec ceux
perçus, v écus, im aginés.
The notion of landscape is m ore and m ore v alued in urban projects in France as in the
United States, and seem s together with green spaces to contribute to a new idea of
sustainable urbanism . The analy sis of the urban policies led in suburbs of New York and
Paris show a green city ideal, capable of changing the im age of poor urban territory .
Thus, natural spaces appear to dev elop in substitution of peripheral urban spaces
considered unable to create placem aking and public space. This condem nation of
peripheral urban spaces by landscape designers and city planners stands then in
contradiction with the perceptions and spatial inv estm ent of the residents. Moreov er,
this “landscape urbanism ” seem s to express an ideal of “green city ”, through the
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dev elopm ent of collectiv e /public natural spaces, with the capacity of bringing by itself
urbanity , in a sense of citizenship (political life), citadinity (urban life) and civ ility
(social life). The Social practices are m ore and m ore indiv idual and the spatial
inv estm ent m ore and m ore div erse. Meanwhile, the citizens’ perception and the
m eanings attributed to the urban env ironm ent becom e m ore heterogeneous. Then, how
do reconsider the com position of the landscapes language capable of transform ing the
people’s relation to their env ironm ent? How do reconcile the designed spaces with
perceiv ed, liv ed and im agined spaces by inhabitants? How do built landscapes and green
spaces able to think an other urban life and urbanity of public spaces?
Index terms
Mots-clés : Pay sage, nature, espace public, am biance, v ille durable
Keywords: Landscape, nature, public space, am biance, sustainable city
Full text
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Figure 3 : Projet résidentiel Via Verde (vue sur Manhattan, Melrose, New York)
18 Dans ces projets, la nature « sauv age » est présentée comme une nuisance
(saleté, espace délaissé, lieux des infrastructures). Ainsi, à l’Île-Saint-Denis, les
chemins de halage au bord de la Seine sont considérés peu mis en v aleur, souillés,
pollués, dénaturés par la présence d’infrastructures (ponts routiers, py lônes
électriques, etc.). Aménagée souv ent selon des principes env ironnementaux
(noues, étanchéité, bassin d’infiltration des eaux de v oirie, etc.) ou d’usage (parcs,
aires de loisirs), ces sites de nature dev iendraient source de bien-être urbain. Ainsi,
les projets présentent le plus souv ent une nature aménagée, v oire maîtrisée par la
puissance publique dans sa conception. Ils présentent également une nature
maîtrisée dans sa gestion, dans sa biodiv ersité par le sav ant mélange d’essences
plantées et v iv aces, l’alliance de laisser-faire et d’entretien jardinier de la gestion
différentiée.
19 Or, cette v ision de la nature aménagée entre en contradiction av ec la perception
des habitants enquêtés à Melrose et l’Île-Saint-Denis. Ceux-ci v alorisent en effet une
nature spontanée, en marge des sites urbanisés, en mesure de créer des espaces
libres, de respiration, v oire des hav res de paix. Ils apparaissent comme autant de
possibilités d’un rapport distancié au quotidien, de contemplation de la nature, de
l’horizon lointain, du monde.
20 Le pay sagisme, dans les projets étudiés, traduit bien une v ision politique d’une
conception de « liberté maîtrisée », où les hommes comme les espaces urbains
seraient susceptibles d’év oluer dans ce nouv eau décor censé attray ant tout en
restant sous le contrôle de la puissance publique. La mise en nature se traduit dès
lors par des enjeux hétérogènes, alliant ambitions d’embellissement, de
renouv ellement de l’image de ces quartiers en v ue d’accroître leur attractiv ité à des
objectifs de qualité urbaine, pour ne pas dire de maîtrise urbaine. Les discours ne
suffisent pas à masquer les enjeux de marketing urbain, la pratique pay sagère étant
réduite à la notion d’image ou même à des objectifs de gentrification, notamment
par l’attrait d’une v ie urbaine plus écologique.
21 Par ailleurs, le pay sage appréhendé au prisme de la nature dans les projets
d’écoquartiers Confluence et Fluv ial se centre sur la mise en scène du site naturel
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existant et bien moins sur l’urbanisation héritée. Or, les riv erains de ces quartiers
ont chargé de sens ces espaces. Par exemple, les riv erains du quartier sud de l’Île-
Saint Denis v alorisent év idemment le lien à la Seine mais aussi l’imaginaire social de
la v ie insulaire, la v ie de v oisinage intense, les entrepôts ou même les py lônes
électriques, les strates lointaines de la métropole comme autant de repères et
d’éléments signifiants fav orisant leur sentiment d’appartenance. C’est la
composition de signes et représentations qui leur permet d’habiter ce lieu, plus
encore de s’en distancier, de le regarder à distance de leur v ie quotidienne.
22 Dès lors, la v ision des politiques publiques est loin de ce qui fonde la notion de
pay sage dans sa complexité perçue, v écue, éprouv ée, imaginée par chacun. Le
rabattement de la notion de pay sage sur la seule introduction de nature en v ille
implique un changement de paradigme sur la conception même du pay sage urbain.
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pay sage est loin d’être acquise. Souv ent surdimensionnés (grands parcs, esplanades
minérales ponctuellement v égétalisées, trames v ertes, etc.) ou limités à des espaces
d’agréments, ils semblent av ant tout conçus comme des stratégies de v erdissement
ou de biodiv ersité, sans s’interroger sur la manière dont ils v ont être appropriés,
support d’identité et d’urbanité pour ceux qui y v iv ent ou les fréquentent.
34 En outre, les espaces publics ont un sens différent du v ocabulaire des parcs et
jardins. Les rues, places, esplanades et parv is sont en effet dans leur sens
éty mologique, un v ide entouré d’habitations, qualifié par l’activ ité des hommes
(dictionnaire Émile Littré). Ces espaces v ides entre les maisons ou édifices sont
susceptibles d’être inv estis de sociabilité, de sens, d’identité, alors que routes,
autoroutes ou carrefours traduisent une v ocation utilitaire, facilitant les flux. On
retrouv e la même distinction dans le v ocabulaire anglo-saxon (street et road). Des
lieux apparaissent réduits à leur fonction utilitaire et n’apparaissent pas à même
d’être interprétés.
35 Les espaces publics apparaissent dès lors comme un v ide interprétable et
accessible à tous, seulement quand ils sont qualifiés par des édifices et activ ités des
hommes (Bailly 2011). Ainsi, en France, ces rues et places assemblent, lient les
lieux, les hommes et leurs activ ités. Elles mettent en scène une appartenance à une
entité sociétale, publique. Elles sy mbolisent un espace commun. Aux États-Unis,
elles sont aussi désignées par un lieu v ide entouré de maisons. Elles sont d’abord
dans leur matérialité distinctes puisque les trottoirs sont associés aux habitations.
Elles sont surtout spécifiques par l’attention à l’usage partagé lié à une communauté
exclusiv e, dont le common exprime la spécificité. Ce lieu v ide n’est pas public, mais
partagé par une communauté.
36 J’ai rapproché cette notion de v ide à celle d’Henri Maldiney (2003) qui associe
l’œuv re d’art au v ide. Pour lui, le v ide n’est pas une négation du monde, mais au
contraire une condition du ry thme, du souffle – par la renaissance du v ertige
originel suscité –, qui rend possible la manifestation de l’être, la perception sensible
du monde. Du rien émerge le tout, la possibilité d’« être le monde ». Ce v ide
sensible constitutif des lieux permettrait une perception sensible, une
interprétation de ce qui nous est commun. Les espaces peuv ent se charger de ces
interprétations et dev enir le support de significations et de sens. C’est de ce v ide
que les hommes inv entent l’espace, qu’il soit spatial, culturel ou imaginaire. C’est de
ce v ide que les espaces urbains trouv eraient leur qualité, leur identité, leur essence
publique. Ainsi, les lieux apparaissent v ides et potentiellement interprétables. Ils
se chargent de significations par leur conception spatiale, mais aussi leur
perception subjectiv e et culturelle. Ils dev iennent l’expression d’une expérience et
réinterprétation continue, indiv iduelle et collectiv e.
37 Dès lors, ces espaces de nature projetés dans les projets urbains actuels ne
peuv ent créer de l’espace public, du pay sage et plus encore du commun que s’il y a
reconnaissance de cette possibilité d’interprétation continue des lieux, ce qui
implique, selon nous, la création d’espaces susceptibles d’être regardés, éprouv és,
projetés.
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spatiaux (proches ou lointains), d’y inv estir des référents culturels, historiques,
sociaux ou personnels, de percev oir les autres (connus ou non), leurs flux, leur
présence dans l’espace urbain, mais aussi d’apprécier les ambiances (lumières,
saisons, sons, etc.), les mouv ements, qu’ils soient naturels (changement de ciel,
v ent dans les arbres...), urbains (flux lointains des trains, av ions, piétons), et dans
une moindre mesure les ry thmes urbains.
40 Plus encore, nos recherches montrent, même si elles restent à finaliser, que le
pay sage introduirait la capacité à ressentir l’espace par les sens, ses émotions et
donc un «partage du sensible » (Rancière 2000). Il peut dès lors être entendu
comme une manière d’être au monde et d’être trav ersé par lui en tant qu’il offre une
occasion d’expérience sensible de l’étendue terrestre. Il se fonde sur l’exposition au
réel dont le corps est affecté par les sens. En ce sens, il est lié à l’expérience, c’est-à-
dire à l’immersion dans un lieu. À défaut de pouv oir v oir le monde, on l’habite, on
le ressent. D’ailleurs, au Japon, l’expérience prév aut à l’organisation urbaine. On ne
s’oriente pas par les noms de rue ou des plans, mais par la v ue, le souv enir, la
connaissance.
41 L’enjeu serait dès lors de reconsidérer les approches d’artialisation pay sagistes,
de mise en beau » pay sage, au profit de démarches de poétisation des pay sages par
la v ision, l’expérience et la création des lieux. Cela implique de comprendre les
dimensions qui fondent cette expérience sensible, que ce soit les configurations
naturelles spatiales, le rapport aux autres, à soi, à ses sensations et émotions ou au
nécessaire besoin d’espacements. Cela amène à s’interroger sur la manière dont
cette expérience humaine crée du commun en tant que possibilité de relation
distanciée à un env ironnement, d’habiter ensemble un lieu.
42 Si l’ambition pay sagère v ient en contrepoint aux discours sur la fin des espaces
publics, l’idéal de l’espace public en référence à la v ille, au v illage av ec ses plazas,
placettes, boulev ards, continue à structurer les trames urbaines. Denis Delbaere
parle d’« un catalogue de formes urbaines connues par tous censé incarner la v ille »
(Delbaere 2011 : 31), dont l’agora serait l’archéty pe. Ces formes sont
communément partagées et n’ont pas besoin d’être argumentées dans les projets
tant elles appartiennent à un imaginaire commun. Denis Delbaere rappelle, par
exemple, que la conv ention de Bruxelles de 1980 pour une v ille européenne
recommandait de réaliser « ce qui fut toujours la v ille, à sav oir des rues, des
av enues, des îlots, des jardins… soit des quartiers » (Delbaere 2011 : 31). L’espace
public tendrait à être réduit à une forme archéty pale. Il s’affranchirait de sa
v ocation d’urbanité, qui était pourtant constitutiv e de l’apparition de l’espace
public dans les v illes européennes. Dès lors, ne peut-il pas se refonder sur ce
« partage du sensible » qu’offre la relation au pay sage ? Le pay sage urbain pourrait
renouv eler l’essence publique de l’espace public non pas en tant que mise en scène
urbaine formelle, mais bien comme possibilité d’éprouv er ensemble.
43 Il y aurait donc dans les projets urbains deux formes de réinv estissement de la
notion de l’urbanité, l’une héritée (l’espace public) réduite à son aspect spatial et
l’autre émergente (le pay sage urbain) ouv rant sur un renouv eau possible de
civ ilité, citadinité et citoy enneté, fondé sur l’expérience sensible partagée.
D’ailleurs, Denis Delbaere estime que ces espaces publics de nature sy mbolisent une
nouv elle forme de sociabilité diffuse (promouv ant l’entre-soi, à bonne distance
d’autrui ou des formes de promiscuités prov isoires), qui se distingue des espaces
publics liés à une sociabilité sociétale, à une sphère politique. De même, Éric
Charmes et Jean-Michel Leger (2009) soulignent les phénomènes actuels de
décommunautarisation des espaces d’une part et de regroupements sociaux sous
forme de « clubbisation » d’autre part. Ceux-ci conduisent à de nouv elles identités
plus rassurantes, communautaires, de « petits nous », qui créent du commun et
font société sur un autre registre. On passerait d’une conception de citadins
rattachés à une v ille à celle de citoy ens liés à une société. Marc Augé (1992) parle
dans le même sens d’une surmodernité remettant en cause l’idée de destin partagé
au profit d’une addition de parcours indiv iduels. Dans cette perspectiv e, on peut
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considérer que l’urbanité rattachée aux espaces publics pourrait s’établir sous
d’autres formes que publiques, autrement dit à trav ers des espaces à v ocation
collectiv e, v oire à une forme de disjonction entre les lieux et les sphères de v ies
publiques ou collectiv es.
44 Comment dès lors l’ambition pay sagère des politiques publiques peut-elle
contribuer à recomposer une sphère publique, des nouv eaux lieux d’urbanité ? Est-
ce parce qu’elle serait susceptible de ménager une forme de sociabilité diffuse ?
Pour dépasser la simple projection métaphorique d’un horizon dans une période
d’incertitude, c’est dans l’activ ation des dimensions idéelles que d’autres relations
au monde, plus sensibles et poétiques, semblent possibles.
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toits, les interstices entre les bâtiments, etc. Souv ent réduites aux espaces
pay sagers, ces expériences restent à inv enter à une échelle urbaine et pay sagère.
48 Ces engagements amènent à reconsidérer des formes de pay sage urbain métissé
de nature. Pour Nathalie Blanc (2012), cette demande pay sagère permet d’articuler
l’écologie et l’esthétique, fav orisant l’émergence de lieux, pratiques et
représentations renouv elées des objets de nature (art écologique, association
env ironnementale, politique de nature en v ille). Elle participe, selon elle, d’une
div ersification des pratiques de l’espace public et d’engagements dans l’espace
politique.
49 Aussi, plutôt que de condamner la disparition des espaces publics dev enus non-
lieux (Augé 1992), priv atifs (Low 2000), lisses (Mongin 2006) ou des sites naturels
et pay sages remarquables, nous faisons l’hy pothèse que la citadinité, civ ilité ou
citoy enneté, peut s’exprimer sous d’autres acceptations des espaces publics et du
pay sage, qui restent à inv enter. Si dans la v ille héritée, on parlait d’urbanité et non
d’urbanisme, la cité dev ant créer la civ ilité, la polis, la politesse, l’urbs, l’urbanité, il
s’agit aujourd’hui de considérer d’autres formes de v ie publique ou collectiv e, de
rév éler ce qui fait pay sage pour les riv erains d’un espace urbain, d’offrir une
possibilité de ressentir et de mise à distance de la v ie quotidienne. C’est d’ailleurs ce
que le discours des politiques publiques tente d’énoncer, il me semble, quand il
positionne le pay sage et les espaces de nature pour refonder cette urbanité que les
espaces publics et naturels ne semblent plus en mesure d’offrir. De fait, le pay sage
des politiques publiques locales introduit une mise en relation du matériel et du
sy mbolique, du réel et de l’idéel.
50 Mon hy pothèse est que le pay sage ne peut être limité à un référent culturel ou
esthétique que seuls les artistes ou pay sagistes seraient susceptibles de mettre en
scène. Il est aussi produit par les hommes qui y v iv ent, par un ensemble de
transformations spatiales et imaginaires liées aux représentations et
inv estissements des hommes dans leur env ironnement à un moment donné.
51 Il y a donc un enjeu de pay sage commun qui serait autant façonné par des actes
urbains publics que qualifié par des initiativ es v ernaculaires (jardins partagés,
fleurissements, décor des façades, etc.) ou idéalisé par l’imaginaire et le rapport
subjectif aux lieux. C’est, il nous semble, seulement dans cette complexité de
composition que les lieux et leurs pay sages pourraient réconcilier l’extériorité d’un
env ironnement à ses v isions et expériences.
autres, à une culture donnée. Quant à l’architecture, elle exprime à la fois une
façade sy mbolique aux passants et l’espace intime de chacun. Dès lors, les espaces
publics architecturés et pay sages urbains permettraient l’expression de ce qui ne
peut être énoncé, d’ouv rir à l’imaginaire des lieux. La conception des v illes v iserait
à permettre des traductions multiples des espaces, à ouv rir les possibilités
d’interprétations humaines des lieux afin d’éprouv er en commun le pay sage, créer
des espaces d’urbanité, une architecture de l’intime en résonnance av ec
l’extériorité du monde. Il s’agirait de poétiser les v illes par cette attention au lieu,
cette ouv erture à d’autres compréhensions du monde, à de multiples expériences
subjectiv es en renouv ellement permanent. Il s’agirait d’env isager une autre
conception des v illes durables fondées sur ces possibles lectures, inv ention, par les
hommes, des lieux, des pay sages.
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List of illustrations
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Journal of Urb an Research [Online], Special issue 4 | 2013, Online since 25 November 2013,
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dans la fabrique de la v ille réunionnaise : le défi d’une coconstruction pour
https://journals.openedition.org/articulo/2233 17/18
12/03/2023 01:43 Des espaces publics aux espaces paysagers de la ville durable
By this autho r
Digitalization of public spaces: sensory and emotional issues in people’s relationships to
places [Full text]
Published in Articulo - Journal of Urb an Research, 22 | 2021
Copyright
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