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Pour une connaissance de la ville dans toutes ses dimensions,


l’initiation à " la culture urbaine " une ardente obligation.

J. MARECHAL. IA-IPR honoraire

A- L'ENJEU.
Dans notre monde où "habiter la ville "est une réalité pour 4 personnes sur 5, il est devenu indispensable, non
seulement de changer l'image trop souvent encore négative que l’on a de la ville mais d'apprendre à mieux la
connaître pour y agir d'une manière responsable.
Dans la formation du citoyen, un certain nombre de domaines méritent d'être privilégiés, la connaissance de la
ville fait partie de ces priorités. Il s'agit, en effet, de comprendre notre environnement quotidien pour ne pas le
subir, pour ne pas s'en sentir exclu. Il s'agit d’apprendre à y exercer ses prérogatives de citoyen. L'architecture et
l'urbanisme sont des domaines politiques par excellence ; des domaines où s’effectuent des choix décisifs qui
conditionnent l’organisation de notre cadre de vie et la possibilité d’habiter ensemble d’une manière harmonieuse.
La création d’espaces publics, de projets collectifs sont des facteurs essentiels d’intégration à la cité et de mixité
sociale bien vécue.
L’obligation de sensibiliser le futur citoyen à l’architecture et à l’urbanisme est devenu un enjeu majeur
pour l’Institution scolaire.

L’élève, en effet, a besoin de comprendre le territoire sur lequel il vit, l’architecture et l’organisation urbaine qui
l’environnent.
Il a besoin de réfléchir aux aménagements de l'espace urbain appréhendé dans ses différentes échelles, de la
rue à la ville via la place, l'îlot et le quartier.
Il a besoin d'exercer son regard critique sur la qualité du mobilier urbain, sur les commodités d’accès aux
équipements collectifs.
Il a besoin d'être attentif au "traitement" de la rue, au partage entre les différents modes de déplacement
(cheminement piéton, différents couloirs de circulation …).
Plus largement encore, l'élève a besoin de comprendre comment une société transforme un paysage urbain,
établit puis détruit des murailles, dessine des ensembles construits, supprime ou réutilise le tissu urbain, le
protège, le restaure et l'aménage en fonction de son développement technique, économique, social et culturel.

Comprendre l'architecture et l'urbanisme, c'est mieux appréhender la société dont ils sont l'expression, c'est
comprendre les choix, les partis pris à un moment donné, c'est s'approprier la nécessité d'intégrer l'ensemble du
bâti dans une réflexion sur le patrimoine (classement, restauration, réhabilitation, abandon, nouvelle affectation..).
Sensibiliser les élèves au "paysage urbain", étudier les règles de l'architecture et de l'urbanisme, c’est les aider à
comprendre les relations étroites qui existent entre le cadre de vie et les comportements, c'est les préparer à être
exigeants vis à vis des transformations futures et des choix qu'ils impliquent, c'est leur donner des moyens
d'action.
C'est à l'école de donner à tous et à chacun des élèves, cette capacité d'être demain l'acteur de son
cadre de vie et d'y assurer des responsabilités. C’est à elle de promouvoir une « éducation à
l’environnement pour un développement durable ».

B- LES OBJECTIFS VISES.


Globalement, il s’agit de fournir à l’élève les moyens de s’approprier les « clefs de lecture » de la ville pour qu’il
donne, à son niveau de compréhension, du sens à la « réalité »urbaine et apprenne à s'y investir.
Il s'agit de former son regard par une approche sensible, géographique, historique, esthétique…, d’enrichir son
point de vue sur l’architecture et l’urbanisme afin qu’il puisse analyser et comprendre son cadre de vie et se
donner, progressivement, les moyens d’y agir.
Bref, sensibiliser à une culture urbaine, s'inscrire dans une formation méthodologique, permettre une
éducation citoyenne expriment l'objectif général.

ICOVIL, septembre 2005


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A titre indicatif, quelques repères peuvent être déclinés pour chacune des familles d’objectifs.

1- Les outils intellectuels : notions, concepts et vocabulaire corrélatif


La notion centrale est celle « d’organisation de l’espace » avec comme perspective le repérage de
l’aménagement, des fonctions, des transformations de l’espace. La mise en évidence des contraintes et des
conditions favorables, la prise en compte des enjeux et du rôle des acteurs, du circuit de la décision et du poids
des représentations mentales sont autant de clefs explicatives à mobiliser.

A titre indicatif, le vocabulaire impliqué renvoie aux concepts de site et de situation ; de croissance spatiale et de
"recomposition" du tissu urbain ; de fonction, de flux et d’échange d’hommes, de biens, d’informations, de
services ; d’aires d’influence et de réseau urbain, etc. Il prend en charge également les différents styles
architecturaux et les choix urbanistiques inscrits dans la ville et il intègre, naturellement, les concepts qui
relèvent de l’éducation pour un développement durable.
Simultanément, les travaux impliquent et conduisent aussi à la mise en place de repères spatiaux et temporels.

2- Aptitudes et compétences spécifiques et transversales.


Les travaux sur la ville entraînent le maniement d’un certain nombre d’outils classiques d'investigation et
d'expression : plan, carte, maquette, croquis, schéma, modèle cartographique…Ils concourent à la maîtrise des
langages (écrit, oral, audio-visuel…). Les activités créent, en effet, des occasions d’échanges verbaux,
impliquent la collecte ordonnée d’informations, leur analyse critique et la rédaction de synthèses en rendant
compte. Les travaux conduisent à l’apprentissage (ou à l’approfondissement) de la lecture de l’image
paysagère (repères des unités de paysage, leurs relations, modélisation…).

3- Objectifs d’attitudes.
L’investigation engage les différents sens, elle contribue à former et à armer le regard, elle s’appuie sur l’émotion,
sur la prise de conscience par le cœur qui prépare à la conceptualisation.
Apprendre à comprendre les points de vue de l’architecte, de l’urbaniste, des habitants (convergences et
divergences), réaliser l’analyse critique des informations sont autant de moments essentiels pour la perception
par l’esprit, c’est l’occasion de mettre en œuvre une attitude interrogative, de refuser les jugements a priori, plus
largement, c’est l’opportunité d’initier l’élève à l’approche systémique, à la démarche scientifique.
La réflexion sur l’urbanisme et l’architecture, sur les responsabilités en matière d’environnement, de gestion
spatiale, sur les droits et les devoirs de tous et de chacun favorise l’émergence d’une « attitude citoyenne ».
Bref l’étude raisonnée d’un bâtiment, la visite d’une place, d’un quartier, l’approche thématique de la réalité
urbaine sont autant d’expériences sensibles, d’occasions de faire naître l’émotion puis de découvrir et de mettre
en oeuvre les moyens d’observation, d’analyse et de synthèse qui conduisent à la maîtrise des outils intellectuels
et des compétences méthodologiques consubstantielles.

C- ELEMENTS POUR UN INVENTAIRE DES PISTES DE TRAVAIL, DES


THEMES D’ETUDES
La ville, lieu structuré par son organisation, par les différents services privés et publics est aussi un lieu partagé
où sont énoncés des droits et des devoirs, où se tissent des liens plus ou moins forts, plus ou moins solidaires…
C’est aussi un lieu chargé d’histoire qui nous donne une image des cultures qui l’ont investi.
L'agglomération dijonnaise est, pédagogiquement, un sujet d'étude particulièrement privilégié. Elle présente
l'avantage de proposer 2000 ans d'histoire urbaine, de n'avoir pas beaucoup souffert, dans son bâti, des
destructions liées aux deux grandes guerres, de posséder l'un des secteurs sauvegardés les plus importants de
France, enfin d’avoir pu, au cours du 20°siècle, bénéficier des différents types d’opération d’urbanisme liés à la
législation nationale (rénovation, restauration, réhabilitation et aménagement divers ).
L’inventaire qui suit n’est par ordonné, c’est une présentation analytique non exhaustive des différents sujets
d’étude possibles.

1- Découverte et étude d’espaces urbains à différentes échelles : du bâtiment, de la rue, à la ville via
la place, l’îlot, les quartiers, …
Chaque espace est emblématique, caractéristique d’un moment, révélateur de choix en matière d’architecture,
d’urbanisme, choix à la fois suggérés par le contexte économique, social, politique et expression d’une culture,
d’une esthétique. Il constitue un" territoire" ; il est nécessaire d’en définir la ou les fonctions, d’en comprendre
l’organisation, d’en repérer les contraintes comme les aménités en effectuant une lecture distanciée, critique qui
permet de déboucher sur des suggestions d’éventuels aménagements.

Les études prennent en compte plusieurs thématiques qui se complètent, s’imbriquent et s’enrichissent
mutuellement.
⋅ La première correspond à une approche physionomique, paysagère, esthétique ; c’est, à l’échelle du
bâtiment, l’étude de la « composition architecturale » ; à l’échelle de la rue, de la place, du quartier, c’est
l’analyse du « paysage urbain » au sens classique .
⋅ La deuxième renvoie à une approche fonctionnelle, elle prend en compte la fonction du bâtiment, les
fonctions dominantes de la rue, de la place ou de l’îlot et se prolonge, naturellement par l’analyse du point de

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vue des habitants, des visiteurs et des élèves ; aussi débouche-t-elle, logiquement, sur une problématique
environnementale (qualité et commodité d’accès aux équipements, pollution sonore…) et une éducation
citoyenne (droits et devoirs, responsabilité de tous et de chacun).
⋅ La troisième relève d’une approche historique, elle introduit l’histoire des lieux et des habitants, c’est la
dimension temporelle de l’enquête : origine, genèse du bâtiment, de la rue, de l’îlot, du quartier, la vie
quotidienne dans ces lieux, les fonctions aux moments les plus significatifs (lieu du pouvoir civil ou religieux ;
lieu de commerce ou de résidence…). Elle s’attache aussi à l’évolution, aux mutations, à l’avenir de cet
espace. Ici aussi l’analyse rencontre, nécessairement, des questions qui relèvent d’une problématique
environnementale : comment gérer ce patrimoine bâti ? Quels choix assumer (restauration, réhabilitation,
abandon, « réaffectation »…).
Dans le cadre d’un projet d’école, l’espace dévolu à chaque niveau (CP, CE, CM) peut éventuellement
correspondre aux différents niveaux d’échelle : la rue, l’îlot au CP ; les quartiers dans leur identité et leurs
relations au CE ; l’entité citadine et le réseau urbain au CM. Au collège, comme au lycée, l’échelle retenue est
différente ( la ville et le réseau urbain deviennent souvent essentiels) les problématiques s’affinent et se
diversifient mais l’approche par le projet reste la règle.

2- Approche de l’évolution historique à l’échelle de la ville. Présentation de la croissance


spatiale et de l’inéluctable remodelage du tissu urbain. Repérage et étude des monuments et des constructions
emblématiques, leur inscription dans l’héritage : le cas du secteur sauvegardé mais aussi celui de l’architecture
contemporaine, patrimoine de demain.
Cette approche peut se faire en continu mais elle peut aussi être conduite par périodes (Moyen-Age,
Renaissance…), venir à l’amont (introduction) ou à l’aval (illustration) de l’étude des périodes historiques définies
dans les programmes.
La dimension historique peut aussi être l’objet d’une approche thématique : la défense de la ville, des
fortifications du castrum à la « reconversion » actuelle des casernes ; l’art de la construction urbaine à différents
moments de l’histoire, des maisons à pans de bois aux constructions d’aujourd’hui…

3- Repérage de la ville sous la ville : les différents réseaux (eau, gaz, égouts…) les parkings, les
galeries commerciales… mais aussi les découvertes de l’archéologie urbaine appréhendées, en particulier, à
l’occasion d’un chantier de sauvetage sont autant de pistes révélatrices de la réalité urbaine.

4- Etude des squares, des « espaces verts » en ville: localisation, historique, aménagements,
fonction…

5- Analyse des déplacements en ville pour le travail (« spécialisation » des quartiers dans les activités
secondaires ou tertiaires ; les relations entre ces quartiers, les changements d’implantation des activités…), pour
les achats (localisation des lieux d’échange, étude d’un espace significatif : les halles, fonctions, historique, valeur
patrimoniale…), pour les loisirs (l’accès aux différentes structures).
La question de la circulation en ville, les enjeux, les choix possibles…

6- Thématiques classiques de l’environnement : l’eau (eau potable, eaux usées ), les nuisances en
ville (le bruit, les fumées, les odeurs…), la gestion des déchets…sont l’occasion d’effectuer des mises en
perspective de l’ensemble des observations réalisées au cours des investigations dans le territoire urbain.
Plus globalement, l’interrogation sur l’environnement durable est omniprésente, elle est en particulier
consubstantielle à l’étude des réalisations architecturales ( choix des matériaux, agencement des
constructions…) et à l’analyse des aménagements ( choix de l’implantation du bâti, des équipements
d’accompagnement, gestion des déplacements des hommes et des produits…)

7- Travaux sur certains aspects de symbolique urbaine : enseignes, sculpture, façade des
bâtiments, modénature…

8- Inventaire des droits et devoirs en ville : harmonisation des circulations dans le même espace, les
règlements dans les espaces publics (squares…), les règles d ‘urbanisme (en particulier le cas du secteur
sauvegardé )...

9- Etudes des représentations mentales


La collecte raisonnée des impressions des élèves, d’habitants de la ville, de touristes… permet de saisir comment
chacun voit, ressent, apprécie tel ou tel aspect du quartier (architecture, espace, paysage, bruits, odeurs…). Un
travail comparatif à partir d’appréciations, convergentes parfois, divergentes souvent, permet une démarche de
distanciation fructueuse en posant la question des références et des critères d’appréciation qui permettent de
justifier telle ou telle assertion

10- Expression artistique et travaux littéraires : les pistes suggérées par Madame DUBUISSON
dans « Dijon de porte en porte » pages 73 et 74, sans épuiser le sujet, constituent des repères essentiels :
reconnaissance et réalisation de formes et de volumes pour les travaux graphiques ; travaux sur les notions de
sens propre et figuré, exploration et exploitation des citations poétiques pour les activités littéraires.

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D- CONTEXTE PEDAGOGIQUE: projets des différents niveaux de classe et


public concerné.
Les activités suggérées s’adressent selon des modalités, des choix et des ambitions différentes à tous les
niveaux de la scolarité, du premier degré à l’université via le collège et le lycée. Elles s’inscrivent, naturellement,
dans les programmes d’histoire géographie, de sciences économiques et sociales, d’éducation civique, d’arts
plastiques…

La ville offre également des matériaux de choix pour tous les dispositifs pédagogiques où l’on enseigne et où
l’on apprend autrement, où l’on innove, où l’on favorise le travail autonome des élèves, leur capacité d’initiative et
leur sens de la responsabilité.
Ces différents dispositifs, ateliers artistiques et classes à PAC (projet artistique et culturel ) pour tous les
niveaux de classe, itinéraires de découverte pour les classes de 5°et de 4° de collège, travaux personnels
encadrés pour les classes de 1° de lycée peuvent mettre à profit les potentialités d’une réalité diverse, riche et
roborative.
Enfin, les activités conduites au sein des CEL (contrats éducatifs locaux ) peuvent trouver là une matière quasi
inépuisable d’analyse, de réflexion et d'expression.

Les suggestions formulées s’adressent directement aux élèves de DIJON et de l’agglomération (Grand Dijon)
mais elles peuvent aussi concerner d’autres élèves, situés géographiquement ailleurs, par le biais des « classes
de ville » (des lieux d’accueil homologués permettent, aujourd’hui, le développement de ces classes «
transplantées » en ville).
Enfin,la trame de base, comme les outils et les matériaux proposés aux enseignants sont susceptibles de servir
d’exemple, de référence, pour organiser l’étude d’une autre ville, celle située à proximité de l’établissement
scolaire en particulier. Dans ce cas une comparaison, une mise en perspective des travaux réalisés peut, à
défaut d’un échange direct avec une classe de l’agglomération, s ‘effectuer par la mise en oeuvre des documents
confiés aux enseignants par ICOVIL : vidéo, livres, brochures, plans, maquette…..

Place d’ICOVIL.

ICOVIL ne vise pas à se substituer à l’enseignant mais à l’ambition de l’aider en mettant à sa disposition des
outils (maquette, plans, données statistiques, informations actualisées, livres de référence…) et en
l’accompagnant dans son projet éducatif, de la formulation à l’évaluation en passant par sa conduite qui
implique des travaux en salle mais aussi des sorties sur le terrain.
ICOVIL ne propose pas de « actions clés en mains », prédéfinies, arrêtées et plus ou moins figées. Chaque
intervention est étudiée, définie avec l’enseignant ; Pour que chaque moment soit pleinement enrichissant pour
l’élève, pour ménager au mieux l’interactivité, les pré requis, méthodologiques en particulier, sont repérés et pris
en compte dans un travail préparatoire ou à défaut au cours de la séance.
L’assistance de professionnels (architecte et urbaniste ) qui mettent à la disposition des enseignants leur
expertise, authentifie la qualité du partenariat proposé par ICOVIL.

J. MARECHAL.

ICOVIL - 13, RUE LAMONNOYE 21000 DIJON. tel/fax 03.80.66.82.23.


E-mail: icovil@tiscali.fr

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