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Chapitre 1 

: IMANE ZLAY

La société est structurée et hiérarchisée : c'est la stratification sociale. Il existe de multiples


facteurs de structuration et de hiérarchisation de l'espace social : revenu, diplôme, âge, genre,
lieu de résidence, composition du ménage, professions et catégories socioprofessionnelles.
Chaque couche sociale a une façon de s’approprier les espaces que ça soit publiques ou
privés . Ces derniers connaissent une certaine conflictualité vu la différence entre le conçu
que les planificateurs et les urbanistes imposent pour atteindre un ordre, le vécu qui englobe
les pratiques qui se produisent sans cesse dans ces espaces spécifiés et le perçu qui est un
système d’identification développé à l’aide de plusieurs facteurs. Alors comment les usagers
s’approprient et vivent les espaces publiques ( espaces verts ) ; idem, pour les espaces
privés ?

En effet, les espaces verts constituent un patrimoine naturel important qui a des avantages à
la fois écologiques et économiques et sociaux indispensables à l’équilibre de la ville et de la
société. Ils sont conçus pour accueillir les gens et pour les détendre et permettre un échange
sain entre eux, or prenons l’exemple de la majorité des espaces verts au Maroc , les usagers
doivent aller en groupe sinon le risque d’être harcelé et ou agressé par l’autrui est tellemet
haut. Sauf que dans les meilleurs de cas, les usagers aillent et se sont développés des
habitudes lors de leurs fréquentations à ce genre d’espaces ; ils préparent des repas afin de
les consommer une fois assis sur le gazon, le picnic prend une demi journée en général .
l’espace public dans ce cas devient alors semi privé , les usagers y apprêtent des
changements comme ils veulent , à partir de placer des pouffes selon un ordre jusqu’au jeté
des ordures, l’espace se transforme, est le leur le temps de l’occupation , la raison pour
laquelle l’espace public se dégrade avec le temps . Ces espaces verts sont souvent fréquentés
par ces deux classes sociales (populaire, moyenne), ces dernières ne se disposent
généralement pas d’espaces verts suffisants dans leurs demeures et donc ils ont recours à ces
espaces durant le weekend pour éviter la monotonie de la routine.. tandis que la classe
bourgeoise a déjà son exutoire au sein de son logement , ne voit pas l’intérêt de s’exposer en
public , évitant tout contact avec les autres couches sociales , souciant de sa sécurité et son
bien .
L’espace privé est la scène de la vie privée ,loin des vues extérieurs . Le logement est une
unité d’habitation, appartement ou maison, abritant régulièrement un ou plusieurs individus
qui en partagent l’usage.
Logement = un bien matériel identifiable à partir de ses occupants, localisation , forme
architecturale. La forme de l’espace varie avec le type d’habitat et éventuellement les
appropriations des usagers au sein de l’espace se développent aussi. à titre d’illustration,
dans les anciennes villes comme Marrakech,Fes.. , les gens étaient très sensibles à
l’impression de l’entassement dans les espaces intérieurs et dans ce cas on parle des diaours
ou riads , ils devaient absolument avoir une ampleur et un dégagement très important , de
hauts plafonds pour ne pas bloquer le champ visuel et la vue dégagée que ça soit sur un patio
ou une fontaine , la raison pour laquelle le dégagement intéressait les usagers de ce type
d’habitat c’est le fait qu’ils sont souvent réunis et donc ils détestaient être imprisonnés entre
les murs, le milieu social et la religion ont influencé l’habitat jadis , on retrouve par exemple
l’entrée en chicken qui était faite afin que les hommes étrangers les non « maharim » , ne
puissent pas voir le centre de la maison ou le harem est la plupart du temps entrain de faire le
linge ou autres, qu’ils plaçent la marchandise ou les colis dans l’entrée sans avoir une idée de
quoi ressemble l’intérieur et de repartir . les diours avaient toutes les ouvertures vers
l’intérieur , ce qu’on appelle un espace introverti pour que les femmes ne soient pas aperçues
par aucun passager qui traverse le chemin passant près de la maison. Les gens de la médina
s’occupait des passagers ou « abir sabil » , ils avaient l’habitude de m’être une carafe d’eau
remplie à l’extérieur de dar .
et même quand le « abir sabil » demandaient de passer la nuit, la dar disposait d’une
chambre que pour les passagers , elle se disposait d’une salle de bain , un

petit salon et un lit . ce type d’habitat , malgré le bien qu’il desservait , or il a développé la
culture hchuma au Maroc , cette culture qui a démené plusieurs fléaux sociaux par la suite.
Chapitre 2 : KHELLA MOHAMED REDA

Lire l’habitat à travers le socioculturel :


la tension entre fabrication et usage des espaces habités n’est pas nouvelle et constitue le
cœur de l’évolution des pratiques architecturales, ainsi que le souligne. Mais au-delà d’une
différence entre les mondes (intellectuels, techniques, représentationnels, etc.) des
fabricants et des usagers des espaces, l’enjeu est bien plus celui de la norme, des « usages »
permis ou non, au sein des espaces conçus. En effet, « la division n’est pas seulement au
niveau du travail, entre le technicien et l’utilisateur, celui qui possède le savoir pour
construire et celui qui usera de l’objet à construire, elle est aussi entre l’intuition du devoir-
être de sa maison qu’a l’usager et l’étant que lui propose l’architecte » (Pinson, 1993).
Cette tension largement mise en évidence par différents biais entre « fabrication » et «
usages » des lieux de la ville, il semble dépasser plus ou moins explicitement pour de
nombreux auteurs le stade du constat et de l’explication. En effet, il s’agit pour la plupart
d’entre eux de promouvoir une recherche qui puisse être prise en compte directement par
les acteurs de la ville, afin développer les conditions favorables à un meilleur cadre de vie
pour les habitants, c’est-à-dire plus respectueux de ses aspirations. Par ex , N. Mouaziz-
Bouchentouf qui va le plus loin dans cette démarche en appelant de ses vœux une
meilleure compréhension, de la part des concepteurs de logements sociaux oranais, des
nouveaux modes d’habiter domestiques algériens. Mais, même s’ils ne l’affirment pas dans
leurs articles, les géographes S. Clarimont et K. Leichnig, ainsi qu’A. Fleury et X. Desjardins,
en mettant en évidence une importante divergence de représentations des lieux de la ville
entre acteurs et usagers, donnent déjà des pistes de réflexions possibles aux concepteurs
pour « fabriquer » des lieux plus en accord avec leurs futurs habitants et/ou usagers.

Figure 1 : Les problématiques des communications, une répartition en continuum en fonction de


l’articulation de thèmes des pratiques habitantes et des processus de fabrication de la ville
Ces réflexions sur les divergences entre pratiques et conceptions de la ville, et les conseils
formulés en matière d'aménagement, témoignent incontestablement du rôle social des
chercheurs.
Bien que cette orientation n’ait pas été spécifiée dans l’appel à communication. Nous allons
voir que, loin d’être une thématique homogène, elle se décline sous quatre aspects
singuliers, que nous allons détailler ici : la diversité des pratiques habitantes ; la perception
de l’espace ; la recherche d’un « faire-société » ; l’appropriation.

Par ex : Cas du bâtiment nid d’abeilles :


L’équipe d’Atbat-Afrique expérimente, avec ces trois immeubles, un concept de logement
collectif pour la population musulmane issue de milieux populaires. Inspirés par les
habitations traditionnelles (kasbah, ksour, village fortifié), Atbat-Afrique invente les
logements à patio superposés d’où le nom Nid d’abeille. Cette expérience, a été un des
projets phare présenté par l’Atbat-Afrique au 9e CIAM (Congrès International de
l’Architecture Moderne) en 1953 à Aix-en-Provence. Nid d’abeille devient une référence de
l’acclimatation de l’architecture moderne qui recherche un nouveau souffle.
Dans ce projet , L’intégration au milieu dans ses dimensions culturelle et géographique était
le souci majeur des architectes. Ainsi, la prise en compte du climat et des traditions des
habitants s’est manifestée par plusieurs aménagements issus de l’observation des villages
ruraux et des médinas. L’emploi d’espaces de transition entre intérieur et extérieur pour un
meilleur contrôle climatique des bâtiments s’est traduit par des éléments de circulations,
tel que les coursives, les escaliers, les espaces intermédiaires (balcons, loggias et patios
couverts).

Dans ce cas précis, notons-le, où un regard nostalgique est porté vers certaines traditions
constructives, le processus de conception est fortement porté sur l’échelle du modèle, une
échelle où le patio est pris pour unité de base dans le dessein des architectes.
Sur le plan quantitatif, un programme ambitieux est entamé grâce à des budgets
considérables. Sur le plan qualitatif, la situation est moins brillante, La juxtaposition
apparemment mécanique de logements identiques entraine une impression pénible de
monotonie, de rigidité et évoque un urbanisme répressif, est aussi la pratique du
logement : il est censé avoir été mis au point une fois pour toutes par les techniciens, et
l'usager doit se plier aux contraintes de son utilisation. Il est interdit de lui apporter des
modifications. On ne peut pas améliorer puisqu'il est en principe provisoire. Il ne peut être
évolutif que suivant les schémas conçus par les seuls architectes

Toute intervention de l'usager est considérée comme un acte de vandalisme,


d'incompréhension, ou au mieux, comme un manque d'éducation des habitants. Derrière
une terminologie démocratique se voile en fait l'autoritarisme des architectes et des
urbanistes.
Toutefois, force est de constater que de nouvelles formes d’appropriation et d’organisation
sociale ont émergé. La pratique des habitants et leur réappropriation du modèle colonial
par l’effet du milieu d’origine et de la culture sociale a transformé l’architecture initiale des
immeubles, notamment celui du Nid d’abeilles, à travers l’obturation des patios.
Une modification qui prouve dans un sens que l’échelle de l’intégration n’a été prise en
compte que dans certains de ses aspects et que le milieu social a fini par prendre le dessus
par un remodelage de l’architecture.
Entre perçu, conçu et reçu, existe une réalité des pratiques sociales et une réception des
espaces construits qui donne toute sa qualité à la réalisation architecturale et urbaine.
Chapitre 3 : DOUCH ABDELMOUNAIM

Définition de l’urbanité :
Le mot urbanité vient du latin urbs, qui désignait dans l’Antiquité romaine la « ville d’entre toutes
les villes » : Rome. Il est emprunté au dérivé urbanitas qui signifiait « cette politesse d’esprit, de
langage et de manières attachées spécialement à la ville de Rome ».
Le mot est repéré en français au XIVème siècle dans deux sens différents :
- le premier désigne le gouvernement d’une ville,
- le second renvoie à « l’affabilité que donne l’usage du monde ».
Actuellement, urbanité désigne les relations entre habitants d’une ville et par extension le
caractère des habitants des villes le respect d’autrui et de soi-même qui s’appelle, à juste titre,
l’urbanité ».
En français comme en anglais (urbanity) ou en allemand (urbanität), le mot a été régulièrement
utilisé dans la littérature scientifique pour désigner une manière particulière de faire société, une
forme de sociabilité, voire une culture, qui s’opposent à d’autres systèmes de relations sociales et
de valeurs ayant cours hors des villes. En cela le terme peut être opposé à son antonyme ruralité
— ce qui a pour caractère d’être rural (de rus, ruris, « campagne », qui a également formé « rustre
», « rustaud »).
Selon le sociologue français Isaac Joseph, pour qui l’urbanité se rapporte aux « qualités de
l’homme de la ville », « il est significatif que le premier sens du terme, l’urbanité comme
gouvernement d’une ville, ait disparu ». Cela confirme selon lui le fait que « les villes sont des
sociétés avant ou malgré les interventions du gouvernant. En d’autres termes, l’urbanité désigne
plus le travail de la société urbaine sur elle-même que le résultat d’une législation ou d’une
administration ».

Définition de citadinité :
De l’italien cittadino « habitant de la cité », dérivé de cittade (ciudad en espagnol), ancienne forme
de città. État des citadins, fait d'habiter en ville.
Elle est une relation dynamique entre un acteur individuel et l’objet urbain. La citadinité constitue
un ensemble très complexe et évolutif de représentations nourrissant des pratiques spatiales,
celles-ci en retour, par réflexivité, contribuant à modifier celles-là, c’est le fait faite d’habiter, une
ville.

Relation entre l’espace et les autres :


La ville n’est pas simplement un « assemblage de maisons disposées par rues, et ayant une clôture
commune qui est ordinairement constituée de murs et de fossés ». Pour définir une ville plus
exactement, on pourrait dire que « c’est une enceinte fermée de murailles, qui renferme plusieurs
quartiers, des rues, des places publiques, et d’autres édifices. La ville est plutôt un état d’esprit, un
ensemble de coutumes et de traditions, d’attitudes et de sentiments inhérents à ces coutumes et
transmis avec ces traditions. Parce que la ville n’est pas simplement un mécanisme matériel et une
construction organisée. Elle est impliquée dans les processus vitaux des gens qui y vivent : c’est un
produit de la nature humaine. La ville est faite d’hommes complexes biologiquement, et aussi
hypercomplexes psycho affectivement. On peut trouver C’est une qualité qui naît de quantité
(espaces, objets, produits). La ville, une spatialité où tout ensemble fait corps, est un lieu
dynamique fait de haines et d’amours, de conflits et de détentes, de l’objectif et du subjectif des
ragots, des rumeurs, des odeurs, des rues, des places publiques, des quartiers, des cafés, etc. Des
idées semblables. On ne peut pas définir l’urbain comme attaché à une morphologie matérielle
(sur le terrain, dans le pratico-sensible) ni comme pouvant s’en détacher. Ce n’est pas une essence
intemporelle, ni un des systèmes, ni un système au-dessus des autres systèmes. « C’est une forme
mentale et sociale, celle de la simultanéité, du rassemblement, de la convergence, de la rencontre.
Il est vrai que les hommes produisent leur ville comme une ville produit ses hommes. Pierre Sansot
a bien remarqué que « si l’homme est à l’image de sa ville, la ville est tout autant à l’image de
l’homme : édifiée par lui, marquée en tous ses lieux qui, s’ils sont objectifs, sont aussi subjectifs.
L’homme et la ville ne peuvent se séparer, et n’existent que l’un par l’autre. Une pensée qui
séparerait le subjectif et l’objectif ne peut rendre compte, d’une façon satisfaisante, de la réalité
de la ville, de l’urbanité.
Rien de plus contradictoire que l’urbanité. Dans notre société contemporaine, les communautés,
les fêtes et l’effervescence de jadis ne disparaissent pas totalement. Malgré tous les effets associés
de l’individualisation, de l’isolement et de la division du travail, la ville résiste au massacre. On
peut donc dire encore aujourd’hui que « l’homme habite en poète.
Si l’on ne peut pas comprendre une telle pensée, c’est parce que l’on ne saisit pas toute la charge
du plus concret, toute l’efficace de l’immédiateté enracinées dans la déambulation qui structure
un espace quotidien et familier.
Il faudrait donc essayer de saisir la familiarité de l’espace de la vie de tous les jours qui sert de
réservoir à la perdurance sociale. Il faudrait également essayer de comprendre l’espace urbain qui
est vécu et expérimenté concrètement par les corps humains. Cette manière de comprendre
l’espace met l’accent sur « l’instant plongeant ses racines dans une spatialisation intériorisée.
L’affect qui lie au territoire est une manière de vivre au présent.
Comment donc comprendre chaque espace urbain où il se passe toujours quelque chose, mais où
tout ne va pas dans le sens voulu par le pouvoir ? Lefebvre souligne que « la pression de la base
doit s’en prendre à l’État en tant qu’organisateur de l’espace, contrôlant l’urbanisation, la
construction des édifices, la planification spatiale. Elle peut et doit donc retourner contre l’État, qui
simultanément gère des intérêts de classe et s’érige au-dessus de la société entière, sa capacité
d’intervenir dans l’espace en opposant un contre-espace, des contre-plans et contre-projets, aux
stratégies, plans et programmes imposés par en haut
L’espace urbain n’est plus interprété comme un vide homogène, passif et sans faille. On peut
suggérer qu’il serait nécessaire de le considérer dans une approche humaine et écologique, c’est-
à-dire comme une « implantation » dans l’espace. L’espace dans ce sens devient relié d’une
manière qualitative à l’expérience humaine et au comportement de l’homme. On trouve une
compréhension de l’espace urbain en termes écologiques. D’ailleurs, son concept
d’« enracinement dynamique » nous permet de réfléchir sur l’imagination spatiale qui se construit
dans le processus de l’enracinement de l’homme.

Dans toutes les langues qui proviennent du latin, le mot raison (ratio, reason, ragione) a deux
sens : avant de désigner la cause il désigne la faculté de réflexion. Une raison dont la rationalité
n’est pas transparente paraît incapable de causer un effet. Or, en allemand, la raison en tant que
cause se dit Grund, mot qui n’a rien à voir avec la ratio latine et qui désigne d’abord le sol, puis un
fondement. […] Tout au fond de chacun de nous est inscrit un Grund qui est la cause permanente
de nos actes, qui est le sol sur lequel croît notre destin. J’essaie de saisir chez chacun de mes
personnages son Grund. On ne saurait mieux dire l’enracinement dynamique que la modernité,
obnubilée par l’Histoire, a toujours refusé de prendre en compte. Ainsi, ce que le romancier
s’emploie à faire pour ses personnages, nous avons certainement à le faire dans le cadre de nos
analyses sociales : chercher le fondement et non la simple cause de tous actes, de toutes
représentations, de tous phénomènes, afin de saisir leur raison interne dût-elle contrevenir à la
Raison fonctionnelle ou instrumentale à laquelle nous sommes habitués.
L’espace est souvent considéré comme étant lié à un corps. Normalement, nous avons des idées
aériennes sur l’histoire et le temps, des idées terriennes sur l’espace. remarque ce fait en
critiquant la tradition philosophique dominante où l’on considère comme précieuse la catégorie de
la temporalité, comme négligeable celle de l’espace. Parce qu’on lie la catégorie du temps à la
conscience tandis qu’on lie celle de l’espace au corps. C’est-à-dire qu’à cause de la préférence de
la conscience et de l’idéalisme, la notion de l’espace qui implique le corps est systématiquement
négligée et sous-estimée dans la tradition philosophique occidentale.
8Même si l’on traite de l’espace, celui-ci est bien souvent représenté comme absolu et abstrait. Or
la compréhension de l’espace existentiel nous ouvre la voie de « l’anthropologie de l’espace 
considère comme secondaire le concept d’espace métaphysique. Il place l’homme et son besoin
de mouvement et de repos au centre de sa recherche de l’espace. Le concept géométrique et
homogène de l’espace est ici rejeté. Désormais, l’espace en relation avec l’homme et le
comportement humain devient non homogène et est exprimé dans un foisonnement de situations
hétérogènes reliées fondamentalement au bâti.
9Le problème de la ville ou de la société contemporaine est compris souvent selon les idées, les
idéologies et les politiques. Cependant, le problème de la ville ne pourrait être totalement
interprété par elles. Il est vrai que la ville (ou la société) est un assemblage fait autour des idées.
Mais avant tout elle est construite sur la base concrète et l’espace physique, et elle est vécue par
les corps des humains. Elle est une communauté des mémoires où l’on partage l’histoire et la
tradition communes de l’espace ordinaire. La mémoire de l’espace, qui est une base de la
communauté, donne aux habitants de cet espace l’esprit communautaire et ses règles morales.

10L’espace est avant tout vécu par le corps. Comme disait Merleau-Ponty, « de même qu’il est
nécessairement “ici”, le corps existe nécessairement “maintenant” [13][13]M. Merleau-Ponty,
Phénoménologie de la perception, Gallimard,… ». La communauté est une « communauté
charnelle » qui est vécue par l’expérience corporelle et comprise affectivement. Merleau-Ponty a
été un des premiers à revendiquer la valeur philosophique de la notion de « chair », en l’utilisant
pour indiquer un type d’être qui « n’a de nom dans aucune philosophie [14][14]M. Merleau-Ponty,
Le visible et l’invisible, Gallimard, Paris,… », en tant qu’il n’est ni matière, ni esprit, ni substance,
mais plutôt le tissu commun dans lequel chaque corps et chaque chose ne se donnent qu’en tant
que différence par rapport à d’autres corps et à d’autres choses.
11
En tant que j’ai un corps et que j’agis à travers lui dans le monde, l’espace et le temps ne sont pas
pour moi une somme de points juxtaposés, pas davantage d’ailleurs une infinité de relations dont
ma conscience opérerait la synthèse et où elle impliquerait mon corps ; je ne suis pas dans l’espace
et dans le temps, je ne pense pas l’espace et le temps ; je suis à l’espace et au temps, mon corps
s’applique à eux et les embrasse. […] L’expérience motrice de notre corps n’est pas un cas
particulier de connaissance ; elle nous fournit une manière d’accéder au monde et à l’objet, une
« praktognosie » qui doit être reconnue comme originale et peut-être comme originaire. Mon
corps a son monde ou comprend son monde sans avoir à passer par des « représentations », sans
se subordonner à une « fonction symbolique » ou « objectivante » [15][15]M. Merleau-Ponty,
Phénoménologie de la perception, op. cit.,….
12Il serait donc souhaitable que les recherches sur l’association, la société, la communauté se
poursuivent en se basant sur le corps et les sensations en même temps que sur la conscience et
l’esprit. Les hommes peuvent ressentir les sensations fortes communautaires, le sentiment
d’appartenance, c’est-à-dire la même sensation, la même idée, la même position lorsqu’ils restent
ensemble en partageant le même espace. L’espace est une base sur laquelle les hommes peuvent
éprouver la socialité, sur lequel les hommes se lient l’un avec l’autre en réseau social, moral,
économique et politique. Par conséquent, les problèmes de la société contemporaine, par
exemple, l’isolement, l’aliénation humaine, la décadence morale, etc., peuvent se comprendre
comme des problèmes de l’espace. Comme l’indiquait Foucault, l’angoisse de notre époque est
peut-être liée à l’espace. D’où la nécessité de poser des questions sur les façons adéquates de
penser l’habiter. Avec quels outils conceptuels pouvons-nous appréhender la question de l’espace
vécu, habité, des styles d’habiter, des pratiques d’espace, des manières de rendre habitable cet
espace, des conditions de l’habitation, des technologies d’espace, du rapport à l’environnement et
au monde biophys

Voici quelques-unes des questions qu’il nous semble important de considérer en tant que
problème cognitif.

Une ville est un milieu humain dans lequel des inconnus se rencontrent. Telle est la définition « la
plus simple » de la ville que propose Richard Sennett. Ulf Hannerz le dit aussi : « Pour ce qui nous
concerne, nous voyons plutôt la ville comme un espace où les gens ne se connaissent pas très bien
(du moins au départ), où l’on se fait des relations sans les avoir toujours prévues, et où la structure
sociale rend possible des contacts brefs et rapides ».

Que peut en qualifier de fait social prenant place dans l’espace public?
Marquer l’espace, c’est montrer aux autres qui nous sommes et revendiquer son identité sociale
par son occupation spatiale. La marque spatiale traduit donc une revendication : elle est pensée et
produite pour se rendre visible afin de servir de support à une identification dans et par la société.
C’est dans l’espace public, dans la rue, dans les quartiers, les villages, les banlieues, dans les zones
rurales et urbaines, etc., que se jouent le marquage spatial et les revendications sociales.
L’espace public désigne un espace physique et matériel ainsi qu’un espace symbolique et
métaphorique. Ceux-ci portaient sur le déclin de la bourgeoisie et l’émergence, au cours du
XVIIIe siècle, d’une sphère de la publicité, fondée sur l’usage libre et public de la raison, qui
s’autonomisait par rapport à la sphère du pouvoir. Bien qu’elle s’incarne dans des lieux, comme les
salons et les cafés, les espaces de débat de l’époque, la notion d’espace public désigne davantage
un espace abstrait et mouvant, prenant la forme du rassemblement qui le fait naître.
Dans le domaine foncier cependant, une détermination juridique sépare nettement les propriétés
privées du domaine public, appartenant, quant à lui, aux collectivités territoriales institutionnelles

(État, communes).
Durant les années 1970, s’opère un glissement sémantique : l’expression espace public est utilisée
pour qualifier un espace matériel à travers ses caractéristiques et ses usages…

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