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1. Préambule.
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2. Le contexte, étude de cas.
Le sujet de cet échange est un projet d’urbanisation situé à Mons, sur le site des
Grands Près, étudié par l’agence Sofateliers Architectes et dont le permis
d’urbanisme devrait être délivré en avril 2014.
Il s’agit de créer les conditions d’un mode de vie de qualité permettant aux
familles de profiter d’espaces extérieurs tant privés que publics qui sont
habituellement réservés aux habitants occupant des logements situés au rez de
chaussée.
Dans son enquête sur les nouveaux logements de 1970 à 1990, le sociologue
Jean-Michel Léger analyse ces espaces de transitions au regard de plusieurs
projets de références (Unité d’habitation à Marseille, arch. Le Corbusier,
Némausus à Nîmes, arch. Jean Nouvel, …) :
1
Jean-Michel Léger, Derniers Domiciles Connus, éditions Créaphis, 1990, Chapitre 14 – Les Transitions, page
134, § 1
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Concevoir des logements introvertis, sans autoriser le contact au domaine public,
entraîne un retrait social préjudiciable au développement de la famille, du
quartier, de la ville.
A l’inverse, les espaces à organisation semi fixe facilite les contacts, les échanges
sociaux.
Les habitants ont ainsi accès comme le qualifie Serge Chermayeff et Christopher
Alexander dans leur ouvrage « Intimité et Vie Communautaire », à une «pièce de
4
vie en plein air »
«Le logement si il est destiné à une famille doit être en contact immédiat avec la nature.
Comme le logement doit être composé d’une série de domaines soigneusement
organisés, possédant chacun sa propre intégrité, chaque domaine intérieur doit être
associé à un domaine extérieur concomitant.
(…) chaque logement doit contenir une hiérarchie acoustique, étroitement liée aux
plaisirs du soleil, de l’air et de la lumière, en sorte que dans la « pièce en plein air » à soi
on puisse goûter, pourvu qu’on le souhaite, les sons les plus ténus. » 5
2
Edward T. HALL, La dimension cachée, Editions du Seuil, 1971, Chapitre 9, L’anthropologie de l’espace : un
modèle d’organisation, page 138, §1, alinéa 5
3
Edward T. HALL, La dimension cachée, Editions du Seuil, 1971, Chapitre 9, L’anthropologie de l’espace : un
modèle d’organisation, page 138, §1, alinéa 8
4
Serge CHERMAYEFF et Christopher ALEXANDER, Intimité et Vie communautaire, Editions Dunod, Collection
aspect de l’Urbanisme, Paris, 1972
5
Serge CHERMAYEFF et Christopher ALEXANDER, Intimité et Vie communautaire, Editions Dunod, Collection
aspect de l’Urbanisme, Paris, 1972, page 212, § 3
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3. Qualité des espaces et mobilité.
« (…) la portion de la ville dans laquelle on se déplace facilement à pied, ou pour dire la
même chose sous la forme d’une lapalissade, la partie de la ville dans laquelle on n’a pas
besoin de se rendre, puisque précisément on y est. » 6
Le choix d’une urbanisation en ordre continu le long d’une rue complète les
aspects liés à la mobilité afin de mettre en place le principe d’une gestion
parcimonieuse du sol et d’une densification importante.
La pression automobile n’était pas encore celle que l’on connait aujourd’hui et la
majorité des logements était composé d’habitation unifamiliale en ordre continu
composées de un ou deux niveaux avec à l’arrière un jardin … l’ensemble
formant un quartier de ville ou de village.
6
Georges Perec, Espèces d’espaces, éditions Galilée, 1974/2000, Le quartier, page 113, § 3
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Véritable colonne vertébrale du quartier, il cumule distribution des logements,
couloir écologique, lieux de promenade et d’échange sociaux.
Habiter en ville dans une certaine densité signifie aujourd’hui habiter une forme
de verticalité qui pourrait déconnecter les habitants de l’espace public.
Nier la pratique d’un espace extérieur en ville, d’une terrasse, d’un balcon, d’un
jardin peut également contribuer à rendre cette vie en ville plus pesante, voir
parfois criminogène jusqu’à pousser à l’exode vers les campagnes.
Un balcon, une terrasse que l’on pratique en famille ou seul lorsque le besoin
s’en fait sentir est le complément indispensable à une vie que l’on a choisi de
vivre ensemble, en copropriété.
Ce lien avec l’extérieur permet la pratique de l’espace public dans une dimension
verticale.
On perd, lorsque l’on habite les étages, ce rapport au le sol, à l’espace privatif du
jardin ou à celui que l’on partage en public dans la rue, le square, le parc ou la
plaine de jeu.
Ces terrasses, permettant une réelle jouissance d’un espace de vie extérieur
forment le fil rouge de ce nouveau quartier.
Elles constituent dans ce cas particulier une réponse architecturale originale aux
diverses contraintes liées à la création de nouveau quartiers résidentiels urbains.
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5. Et l’humour dans tout ça ?
L’appropriation de l’espace public par les habitants d’une rue, d’un quartier,
d’une ville répond à un besoin humain fondamental, comme nous le
rappelle, le collectif de comédiens bordelais OPERA PAGAÏ.
Lors de leurs spectacles de rue, ils accrochent les acteurs de la vie urbaine en
affichant :
Nous ne demandons rien, nous revendiquons juste notre droit légitime aux bains
de soleil, aux barbecues entre amis … bref, à la jouissance d’un espace intime au sein
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de l’espace public, d’un petit pré carré ouvert sur le voisinage, d’un accès au ciel. "
7
Opera Pagaï, Bastien Pasquier, «Les jardins automobiles »,
http://www.operapagai.com/spectacle.php?id_page=44&PHPSESSID=1c0d11400159e867255b4085dc877bdd,
jeudi 20 mars 2014
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6. Conclusion
Cette urbanisation pose les bases d’une nouvelle perception d’un espace de vie
qui se veut propice au développement des échanges sociaux et au partage
des identités culturelles tout en participant, modestement, à la construction
d’un nouveau territoire, d’une petite partie du Hainaut.
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