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Rupture urbaine
Définition :
La rupture, selon la définition du dictionnaire Le Robert 2007, est décrite comme une
"coupure, déchirure d'une chose souple", ou encore comme une "interruption qui altère
brutalement la continuité d'un phénomène". Ce concept de rupture peut revêtir diverses
formes telles que physique, topologique, paysagère, sociale, économique, identitaire, voire
comportementale. Souvent polymorphe, la rupture crée des césures, des limites marquées
pour les quartiers qui en sont proches, engendrant de nouveaux axes et formes de
communication. Ces ruptures ont le pouvoir de modifier voire de bouleverser radicalement la
vie des habitants (Nada CHBAT, 2011).
La rupture urbaine, au cœur de mon projet de fin d'études, se définit comme une dislocation
au sein du tissu urbain, entraînant la perte de son harmonie et de sa continuité, tant sur le plan
spatial que paysager, voire social.
L'émergence du concept de rupture urbaine en architecture trouve ses racines dans les
mouvements modernistes du XXe siècle. Ces mouvements, incarnés par des figures telles que
Le Corbusier, ont prôné une rupture radicale avec les traditions architecturales existantes.
L'idée était de repenser la ville selon des principes fonctionnalistes, mettant l'accent sur la
forme et la fonction plutôt que sur les éléments historiques et culturels.
Au fil du temps, cette approche a suscité des critiques, notamment en raison de ses
conséquences sociales et culturelles. Les mouvements postmodernistes ont remis en question
l'approche moderniste, soulignant l'importance de préserver les caractéristiques historiques et
sociales des quartiers urbains. Ainsi, l'origine du concept de rupture urbaine en architecture
est intrinsèquement liée à la recherche d'une modernité architecturale, tout en suscitant des
débats sur les impacts sociaux et culturels de telles ruptures.
Ce chapitre se focalise sur l'exploration des multiples façons dont la rupture urbaine se
manifeste à l'échelle mondiale. En tant qu'étudiant en architecture travaillant sur mon projet
de fin d'études, je m'immerge dans l'étude des dynamiques complexes qui influent sur les
tissus urbains à travers le monde. L'étalement urbain se dessine comme une manifestation
dominante, donnant naissance à des extensions périphériques qui souvent fragmentent les
environnements urbains que je m'efforce de comprendre. Les projets urbains d'envergure,
comme la construction de villes nouvelles, se présentent également comme des acteurs
majeurs, créant des zones distinctes parfois en décalage avec les quartiers plus anciens.
L'idée du renouvellement urbain, bien qu'ayant pour but de revitaliser les quartiers,
m'interpelle particulièrement, car elle peut introduire des ruptures, notamment à travers les
processus de gentrification qui influent sur les dynamiques économiques et culturelles. Les
problèmes liés à une infrastructure inadéquate attirent mon attention en tant qu'aspirant
architecte, car ils peuvent entraîner des limites d'accès aux services essentiels. En parallèle,
les défis liés au logement, comme la formation de bidonvilles, soulignent la présence de
ruptures spatiales et sociales notables, auxquelles j'aspire à apporter des solutions.
La rupture urbaine exerce des impacts multidimensionnels sur le tissu urbain, influant de
manière significative sur les aspects sociaux, économiques et environnementaux d'une
communauté. Sur le plan social, elle engendre une fragmentation entre les quartiers, créant
des barrières physiques ou symboliques qui peuvent conduire à l'isolement des communautés
et à la diminution de la cohésion sociale. Cette division sociale peut également contribuer à
une dégradation de l'environnement urbain, transformant des espaces autrefois dynamiques en
friches urbaines délaissées, affectant ainsi l'image globale de la ville.
La mobilité des résidents est également fortement impactée par la rupture urbaine, avec des
obstacles physiques tels que des autoroutes ou des voies ferrées compliquant les déplacements
et augmentant la dépendance aux véhicules motorisés. Parallèlement, la dévalorisation
immobilière peut résulter de la perception négative associée à des zones touchées par la
rupture urbaine, incitant les résidents à chercher des quartiers plus attractifs, créant ainsi un
cercle vicieux.
La perte de patrimoine culturel est une conséquence tangible lorsque la rupture urbaine
découle de projets de développement sans égard pour l'histoire locale. La destruction de
bâtiments historiques et la perte d'identité culturelle contribuent à une diminution du caractère
distinctif de la région. Sur le plan économique, les quartiers touchés peuvent souffrir d'une
perte d'activités commerciales, de fermetures d'entreprises et d'une diminution de l'attrait pour
les investissements, amplifiant ainsi les inégalités socio-économiques.
Les effets sur la santé mentale des résidents ne doivent pas être négligés, l'isolement physique
et social résultant de la rupture urbaine pouvant contribuer à des problèmes tels que l'anxiété
et la dépression. Cette réalité complexe souligne l'importance de comprendre les multiples
dimensions de la rupture urbaine afin de concevoir des interventions efficaces et durables.
Celles-ci devraient non seulement atténuer les impacts négatifs, mais également exploiter le
potentiel inexploité des zones touchées pour promouvoir le développement économique,
social et culturel, tout en améliorant la qualité de vie des résidents.
Couture urbaine
Définition :
La couture urbaine peut être définie comme l'acte de recoudre et réunir des fragments au sein
du tissu urbain, souvent marqué par une rupture ou fragmentation. Son objectif principal
réside dans la transformation de cette rupture en un ensemble cohérent, à travers des
interventions ciblées. Cette démarche vise à améliorer le cadre de vie en favorisant une
meilleure connexion entre les différentes composantes du tissu. En d'autres termes, la couture
urbaine représente une action visant à unir les éléments fragmentés d'un tissu urbain,
contribuant ainsi à renforcer la qualité et la fonctionnalité de l'espace urbain.
« Pour un concepteur, un projet est un processus complexe fait d’aller-retour entre le site, le
programme, sa culture et son imaginaire, ses rêves, son expérience, ses convictions…C’est un
tâtonnement. Il fallait ici transcender l'image d’un vaste parvis goudronné, abandonné à lui-
même, afin de le rendre à la ville et à sa géographie, tout en y infusant des valeurs de pause et
de poésie. Soucieuse d’écologique, l’agence Aménagement des Paysage set des Sites a pris le
parti, dans cette zone fortement urbaine, de donner un caractère naturel au site afin de faciliter
son appropriation par le public»
L'origine de la notion de « couture urbaine » remonte aux années 1990, où elle apparaît dans
le domaine de l'urbanisme et de l'architecture.
La couture urbaine est un concept qui s'inscrit dans le contexte de l'évolution du
développement urbain, notamment à Naples, San Francisco et Paris, où la reconstitution
historique des formes urbaines a été réalisée à travers des opérations de haute qualité.
Elle s'inspire des découpages viaire et parcellaire du terrain géographique d'étude, hérités de
la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle.
L'analyse de ces découpages permet de repenser l'espace urbain et de créer des connexions
entre les différents éléments de la ville, en tenant compte des échelles et des contextes locaux.
Dans le cadre de la couture urbaine, les projets d'aménagement urbain et les constructions de
logements et d'équipements sont conçus pour s'insérer harmonieusement dans l'urbanisme
existant, en respectant les caractéristiques spécifiques de chaque lieu et en favorisant la
cohésion des différents éléments de la ville.
Renouvellement urbain : englobe une notion plus vaste, représentant une intervention de
reconstruction urbaine à l'échelle d'une commune ou d'une agglomération, intégrant des
actions de revitalisation et de transformation de l'environnement urbain existant.
Le centre et centralité
Définition
«La centralité qualifie l’action d’un élément central sur sa périphérie ». La concentration d'activités et
la mixité fonctionnelle du centre se distinguent nettement de la faible connectivité observée dans les
zones situées à l’extérieur du périmètre de l'agglomération morphologique.
« La centralité peut être de différentes natures, et il y a une différence majeure entre la centralité liée
à l’existence d’une offre de commerces et de services entretenue par des acteurs privés et la
centralité liée à une offre d’équipements publics, comme le confirme Saskia Sassen la centralité
relient les principaux centres financiers et centres d’affaires entre eux : New York, Londres, Tokyo,
Paris, Francfort, Zurich, Amsterdam, Los Angeles, Sydney, Hong Kong, entre autres.»
Revitalisation urbaine :
La revitalisation émerge comme une réponse intégrale à la dégradation des noyaux centraux
urbains. Les plans de revitalisation des centres historiques incarnent une approche intégrée de
la réhabilitation, visant à atteindre des objectifs à la fois urbanistiques, architecturaux, sociaux
et économiques.
Ces initiatives trouvent leur origine dans la nécessité de résoudre les problèmes
contemporains qui ont impacté, à diverses époques historiques, les zones centrales des villes
avec une intensité variable.
Définition :
La vitalité des villes se manifeste généralement à travers des aspects tels que la dimension
spatiale de leurs centralités, l'organisation de leur centre, l'attrait de leur économie, ainsi que
la répartition des usages et des fonctions.
Par conséquent, les plans de revitalisation doivent intervenir à divers niveaux pour contrer ces
phénomènes interconnectés qui se renforcent mutuellement. Cela implique de renforcer les
capacités de planification et de gestion publique, de sensibiliser les citoyens et de concevoir
des politiques de soutien à la réhabilitation. L'objectif est d'assurer la pérennité des effets de
ces plans. À long terme, la durabilité dépendra de la capacité de ces plans à encourager et à
initier la remise en état des logements privés par leurs propriétaires, un aspect essentiel pour
la préservation du patrimoine urbain. Ces plans reposent sur des critères d'équité visant à
redistribuer la richesse générée collectivement dans le processus de revitalisation urbaine au
profit des résidents économiquement moins favorisés.
Les principaux éléments d'un plan ou d'un programme de relance urbaine englobent divers
domaines stratégiques, comprenant :
Planification urbaine.
Recherche et documentation sur le patrimoine urbain.
Amélioration de l'habitabilité.
Régénération de la vie urbaine.
Mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel.
Dynamisation économique : Formation dans des secteurs émergents tels que la
réhabilitation, l'industrie et le tourisme culturel.
Sensibilisation et promotion de l'image et mesures visant à attirer des visiteurs.
Mesures pour promouvoir l'équité sociale et la redistribution de la richesse.
Renforcement institutionnel pour la gestion du patrimoine urbain.
Participation Citoyenne.
Le tourisme urbain :
« Souvent ignoré, voire méprisé par les urbaniste, le tourisme est le porteur de nouvelles
façons de penser la ville, qu’il s’agisse de séduire, de favoriser les mixités sociales ou d’ouvrir
la ville sur sa métropole. Et si parce qu’il sait créer du lien dans la ville, le tourisme était
l’avenir de l’urbanisme ? »
Le tourisme urbain, ou le tourisme en ville est facteur de développement économique et
social. Ses effets positifs économiques, socioculturels, environnementaux sont nombreux. Le
tourisme urbain est facteur de création d’emplois, d’élévation du niveau de vie,
d’augmentation des investissements, d’accroissement des dépenses, d’augmentation de la
fierté locale et de l’esprit communautaire…etc. Ce sont les ingrédients de base d’une
revitalisation urbaine pérenne.
L'homme et le bâtiment sont deux entités présentant des éléments spatiaux qui peuvent être
assimilés. Dans cette perspective, l'homme possède son espace, à savoir celui de son corps
propre, ainsi qu'une bulle, représentant l'extension de son corps à diverses échelles. De
manière similaire, le bâtiment peut être distingué selon deux types d'espaces, comme l'a
souligné Michael Leonard (Cousin, 1980) : l'espace de l'édifice lui-même et l'espace qui
l'entoure. Ainsi, on peut identifier deux catégories d'espaces distincts : un espace positif et un
espace négatif. Leonard qualifie l'espace positif comme un lieu, à l'échelle humaine, doté d'un
centre vers lequel l'individu se sent généralement attiré. Cet espace, caractérisé par son
enveloppement, est limité au champ visuel perceptible par l'homme, pouvant être comparé,
d'une certaine manière, aux trois premières coquilles évoquées par Moles. En revanche,
l'espace négatif se définit comme l'espace résiduel après la reconnaissance de l'espace positif,
constituant ainsi un environnement étendu et dépourvu de limites visuelles. «L’espace positif
correspond donc à notre bulle et à son extension autour de nous» (Cousin, 1980 : 45) et ce qui reste
devient automatiquement négatif.
L'espace de transition représente une zone positionnée entre un volume intérieur et un autre
extérieur à celui-ci. Son rôle principal est de faciliter le déplacement de l'homme à travers des
espaces aux caractéristiques distinctes. Donald D. Winnicott (David, 2003) décrit cette zone
comme génératrice d'illusions, suggérant qu'elle pourrait faire partie à la fois de l'espace
intérieur de l'habitation et de la partie extérieure, alors qu'en réalité, elle ne semble appartenir
à aucun de ces deux espaces. Winnicott (David, 2003 : 211) qualifie la transition d'"espace
flottant entre deux mondes", émergeant lors de la séparation dans l'espace ou à la rencontre de
deux environnements différents.
En explorant les caractéristiques fondamentales liées aux notions d'espaces transitionnels, qui
sont intrinsèquement dynamiques, il devient essentiel de plonger plus en profondeur dans les
diverses qualités et propriétés spécifiques inhérentes à ces environnements variés. Cette
compréhension approfondie vise à faciliter et à équilibrer les interactions entre l'homme et
l'espace.
L’espace transitionnel
L'espace transitionnel amplifie les axes naturels du corps humain, mettant en relief leurs
caractéristiques dynamiques. Lors de l'exploration de ce type d'espace de transition, l'individu
est enclin à se déplacer dans une ou plusieurs directions. Par contre, «il n’est pas nécessaire que
le mouvement soit désiré, désirable ou même possible…» (Cousin, 1980 : 77).
En réalité, l'espace transitionnel peut être expérimenté ou observé : il peut être ressenti à
distance, grâce à la dynamique visuelle et aux illusions qu'il peut créer. Cousin (1980)
distingue deux types d'espaces présents dans l'espace transitionnel, à savoir un espace positif
dynamique et un espace négatif dynamique. Le premier se présente comme un espace clos,
donnant à l'homme l'illusion que sa bulle personnelle est contenue à l'intérieur. Cependant,
son caractère dynamique entraîne une modification de l'environnement dans au moins une
direction spécifique. En fait, plusieurs directions peuvent être manifestées simultanément ;
cependant, une seule est nécessaire pour perturber l'espace vécu. Les dimensions ou
proportions spatiales ne sont pas prédéterminées ; la bulle doit susciter un sentiment de
protection chez l'homme. Par contre, une fois dans l’espace «[…] on se hâte de [le] franchir en
raison du malaise que leur étroitesse ne manque pas de susciter.» (David, 2003 : 199). Ici, la notion
d'étroitesse évoquée dans la zone occupée n'est qu'un exemple ; de nombreuses autres
caractéristiques transitionnelles peuvent générer le même effet d'évasion ou de mouvement chez
l'homme dans cet environnement. Le deuxième espace, qualifié de négatif dynamique, entre en jeu
lorsque les axes spatiaux sont visuellement renforcés, lui conférant son caractère transitionnel.
L'espace négatif peut se situer n'importe où : horizontalement, par exemple, sur un grand lac, ou
verticalement, aux abords d'une paroi de falaise. Cependant, dans chaque environnement négatif,
l'être humain est incité, de toute manière, à se déplacer vers un objectif, un but à atteindre.
Généralement, il s'agit d'un ou plusieurs éléments positifs, proches ou lointains, forçant l'individu à se
mouvoir. Ils agissent comme un aimant envers l'homme.
Dans un lieu considéré comme dynamique, les aspects de profondeur et de distance sont très
importants pour la compréhension de l'espace. James J. Gibson (Cousin, 1980 et von Meiss, 2007), se
penchant sur la perception et le caractère dynamique de l'espace, évoque certains facteurs qui,
lorsqu'ils interagissent avec l'architecture, accentuent les axes de référence de l'homme. Gibson
aborde ainsi la notion de perspective, la divisant en trois points : la perspective linéaire, de dimension
et par la texture.
La manière dont la succession et l'emplacement des espaces transitionnels sont organisés dans
le parcours architectural revêt une importance particulière sur le comportement de l'usager.
«[…] Les espaces sont assurément, tour à tour, positifs et négatifs, statiques et dynamiques, en
fonction des modifications volumétriques ou des déplacements de notre corps, transformant notre
prise de conscience. C’est ce qui rend l’architecture vivante.» (Cousin, 1980 : 49)