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Pro-Alumni

PLAN DU COURS
INTRODUCTION SUR LA VILLE :
Pourquoi étudier la géographie urbaine ?
Champ et Système.
§ Champ urbain ;
§ Système urbain ;
§ De la perception de la ville à la réalité urbaine :
o Perception, sens, signification de la ville ;
o Lecture, représentations
o De la ville à l’agglomération urbaine.

DEFINITIONS ET CONCEPTS
§ Définitions ;
§ Concepts.
FAIT URBAIN DANS LE MONDE
§ Phénomène urbain :
§ L’origine des villes ;
Théorie hydraulique ;
Théorie économique ;
Théorie sociale.
URBANISATION
§ Croissance urbaine.
§ Urbanisation dans le monde ;
§ Concentration urbaine ;
§ Taille des villes et catégories de villes ;
§ Formes et dynamiques urbaines ;
§ Fonctions urbaines ;
§ Armature, hiérarchie et réseau urbain.

ORGANISATION DE L’ESPACE URBAIN :


§ Structures ;
§ Aménagements ;
§ Equipements et cadre de vie urbain.
CRISES ET MUTATIONS URBAINES :
§ Pathologies urbaines ;
§ Insécurités ;
§ Développement et contraintes dans les transports ;
§ Anarchies spatiales ;
§ Urbanités, citoyennetés, civilisations et cultures urbaines.

INTRODUCTION :
1
Pourquoi étudier la géographie urbaine ?
Les études urbaines sont un élément central des sciences sociales, y compris
la géographie qui offre un regard particulier en vue de la compréhension de la
condition urbaine.
La portée et le contenu de la géographie urbaine sont vastes et comprennent
l'étude des places urbaines en tant que «point dans l'espace», ainsi que l'étude
de la structure interne des zones urbaines
Dans le domaine général de la géographie urbaine, des sous-domaines
spécialisés attirent des chercheurs intéressés par des aspects particuliers de
l'environnement urbain ;
La géographie urbaine tente d’expliquer la répartition de villes et
agglomérations urbaines ; elle met l’accent sur les similitudes, les disparités ou
autres contrastes socio-économiques, entre elles. La place de chaque entité
urbaine, avec son rang, devra être analysée au regard de l’évolution et de la
variété des créations ou fondations urbaines.
L’espace urbain comprend des zones résidentielles, les lignes de transport, les
activités économiques, les services, les équipements, les zones commerciales, les
édifices publics. Les villes révèlent des problèmes, avec un habitat irrégulier ou
inadéquat (précaire, insalubre, bidonvilles ou taudis), une crise économique, une
tendance à l’informel, une pauvreté, des problèmes de santé, une polarisation,
une congestion routière et de la pollution de l'environnement.

La ville : champ et système.

2
a- La géographie urbaine comme champ d’études.
De manière générale, la géographie urbaine est l’étude des villes en tant
que système à l’intérieur d’un système de villes.
La géographie urbaine met l’accent sur la notion de centralité dans une afin de
mieux saisir la dynamique spatiale. Etudier la géographie urbaine revient aussi
à mettre l’accent sur les forces sociales et les orientations spatiales pour
appréhender le phénomène urbain.
La localisation, pendant d’une attractivité, est illustrée par la concentration et
la diversité des activités humaines dans la ville. Ceci distingue la géographie
urbaine des disciplines s’occupant d’études urbaines : sociologie urbaine,
économie urbaine, politique urbaine, etc.
La géographie urbaine en tant que sous-discipline de la géographie est un trait
d’union entre différentes disciplines.
De plus en plus, on évoque l’environnement urbain pour montrer les
interactions entre la technologie, l’environnement, l’économie, la sociologie.
b- La géographie urbaine système.
La théorie des systèmes permet de spécifier les interactions entre sous-
systèmes et pose que le réseau de relations est aussi par-delà l’existence
d’un réseau d'organisation.
Elle fait l’objet d’analyse dans le cadre du développement urbain.
L’analyse du système urbain révèle les interactions sous forme de combinaison
des différents facteurs. Les relations, qui sont d’intensité variable, configurent
des sous-systèmes, faisant référence, d’une part, à la répartition spatiale des
villes et aux liens les unissant : l'étude des systèmes de villes, et, d’autre part, à
la structure interne de la ville : l’étude la ville en tant que système.
La ville en tant que système peut se décomposer en sous-systèmes qui
soulignent l’importance des liens entre :
• La population, les activités économiques et la construction ;
• La production, la consommation et les échanges ;
• Les zones fonctionnelles recevant la résidence, l’industrie et le tertiaire.
Les structures relationnelles d'un système peuvent être hiérarchisées, classant
les sous-systèmes en niveaux, assurant la domination d'un sous-système par un
autre de niveau supérieur, établissant des rapports et non plus seulement des
liaisons à l'intérieur du système.

CONCEPTS ET THEORIE DE LA GEOGRAPHIE


URBAINE
D’abord percevoir, puis représenter et ensuite
définir…

La perception de la ville.
La perception confirme l’existence qui se lit par l’observation.

3
La ville est vécue et pensée par ceux qui l‘habitent. A bien des égards, la
perception considérée émane des élites urbaines au détriment des autres
groupes sociaux moins visibles ou moins bien représentés.
La perception utilise, d’une part, les sensations perçues ; les récepteurs
sensoriels transmettent les faits au cerveau, et, d’autre part, extrait
l’information, à travers des canaux sensoriels.
Un intéressant exercice s’offre au géographe pour réaliser le passage de la
perception à la construction de la définition.

De la ville à l’agglomération urbaine.


Aujourd’hui, les remparts ont disparu avec les portes, les bourgs et les
faubourgs ; à la banlieue se substitue la zone périphérique ; la ville ne se
contient plus dans unsun territoire, car ses limites ont disparue : elle laisse
apparaître une agglomération constituée d’abord par la forme agglutinée du
bâti, l’agglomération qui s’étend indéfiniment, sans limites précises.
Le paysage urbain est de plus la marque d’une cité en dépérissement et d’une
propagation de l’agglomération.

À la définition de la ville.
La ville est un milieu géographique et social formé par une réunion organique
de constructions dont la plupart des habitants travaillent à l’intérieur de
l’agglomération, au commerce, à l’industrie ou à l’administration. (1)
La définition classique est descriptive ; elle use d’idiographie. Il s’agit
« d’assemblage d’un grand nombre d’habitations disposées par rues, renfermant
des quartiers. Cette approche met plutôt l’accent sur des différences. Ainsi bien
qu’issue du village, la ville n’en affiche pas moins de singulières différences ; elle
est de nature différente ; elle n’est pas seulement un village en plus grand. Elle
est le lieu où s’exercent des activités distinctes de celles des agriculteurs,
notamment les services.
Notons la parenté étymologique entre ville et village. Aussi les deux mots
évoquent-ils la notion de culture : cultiver la terre, aménager la nature pour
rendre habitable et durable l’installation humaine(2) et cultiver les esprits, les
corps et le vivre ensemble(3).
Elle est un ensemble de maisons et d’édifices (aspects morphologiques) et de
citoyens (aspects juridiques).
Le mot latin urbs signifie la ville, l’ensemble des maisons, des édifices ;
l’urbain est de prime abord l’habitant de la ville.
L’urbanité est la caractéristique des mœurs raffinées, de politesse, de
courtoisie, de sociabilité, de bon ton et de langage spirituel. Le terme d’urbanité
est proche de la notion de civitas qui désigne la ville en tant qu’entité
politique ; elle suppose pour un individu une maîtrise des règles de civilité. Le
mot civilisation est apparu plus tardivement

1
- Dictionnaire, Le Petit Robert, édition 2008.
2
- Le sillon creusé par Romulus délimite en réalité Rome.
3
- La polis dans la cité grecque est l’espace propre à l’exercice de la politique en tant qu’art de régler par la parole et non par la violence les
difficultés et problèmes de vivre collectivement.
4
Le mot grec polis est d’abord une notion ayant trait à la ville et à l’espace
d’exercice de la politique par la parole et par l’action.

Une ville est un regroupement d’hommes et d’activités, d’entreprises, une


agglomération de ménages. L’idée sous-entend une concentration, un
groupement d’individus, une agglutination des concentrations et une
concentration d’activités.

Une ville est une combinaison de forme et dimensions :


Avec des critères morphologiques convoqués plus pour décrire avant de
définir.
Aujourd’hui, les villes débordent de leur circonscription initiale ; c’est la raison
pour laquelle l’on parle d’agglomération et non plus de ville.
La notion d’agglomération urbaine renvoie alors à une entité morphologique,
perçue à travers le tissu urbain (notion de continuum du bâti), l’architecture,
et taille de la population.
L’agglomération urbaine est un ensemble d’immeubles habités ou fréquentés,
jointifs ou très rapprochés se distinguant collectivement d’un environnement
nettement moins dense.

Une ville est une combinaison de variables démographiques,


morphologiques, fonctionelles:
Roger Brunet, reprenant Pierre George considère qu’il faut allier une variété de
critères (4), pour définir in fine la ville :
o La taille démographique ;
o Le caractère aggloméré des constructions ;
o La présence d’activités du tertiaire notamment le commerce et le service.
L’industrie devient moins accommodante du fait de sa propension à se
délocaliser vers la campagne.
La taille de la population : Suède, à partir de 200 habitants ; Suisse : 10 000 ;
Japon : 30 000, France : 2 000, avec des critères morphologiques.
La Conférence de Prague, tenue en 1966, considère un groupement d’habitations
compact d’au moins 2000 habitants et les noyaux de 10 000 ayant moins de 25 %
de sa population ne travaillant pas la terre. Ceci est plus une recommandation,
car chaque pays a ses critères pour définir la ville. Ainsi en Suède la ville
compte 200 habitants, Albanie (400) France (2 000 habitants agglomérés), USA
(2 500), Botswana, -pays ayant à peine 50 000 habitants- (5 000 et mais 75 %
d’actifs non agricoles), Suisse (10 000), Japon (30 000).
La densité d’occupation humaine :
La définition à partir de la densité n’est pas commode.
La ville de Bruxelles possède une superficie de 161 kilomètres carrés, dont 159
kilomètres carrés sont utilisés à des fins non agricoles ; elle a plus de 6 000
personnes par kilomètre carré, soit 18 fois plus que la moyenne belge. Madrid a
une densité de 5 000 habitants par kilomètre carré, 1000 Inde, Paris 20 000 (
intra muros !) et non agglomération, Londres 7 300, Los Angeles 5 000, Dakar
15 000.

4
-Pierre Georges. Dictionnaire de la géographie.Paris. PUF.
5
Certains quartiers de Guédiawaye (Dakar, Sénégal) atteignent allègrement 27
000 ; au Caire, le quartier de Choubra dépasse 250 000 lorsque Zamalek
enregistre 10 000.
Ainsi, il apparaît difficile d’établir des comparaisons internationales.
C’est la raison pour laquelle l’ONU prône pour les comparaisons, un seuil de 20
000 habitants.
Le seuil de 10 000 habitants, prôné par des chercheurs exclut, -par endroits-,
des urbains ; c’est le cas notamment des localités françaises dont la taille
démographique est comprise entre 2 000 et 10 000 ; ce critère exclut 11 % de la
population urbaine française ; le Danemark, où le seuil est fixé à 200
habitants, dont le taux d’urbanisation officiel de 83 %, est ainsi ramené à 56 %.
Au Sénégal, plus de la moitié des communes et14 % de la population urbaine ne
seraient pas prises en considération suivant cette méthode.

L’économie de base (Inde, plus de 75 % des hommes adultes ne travaillant


la terre) ;
Le système urbain basé sur les pratiques quotidiennes (notion d’aire)
circonscrites dans des anneaux synchrones marquant des migrations
pendulaires vers le noyau urbain ; l'ensemble étant désigné comme un bassin
d’emploi local ;
Des critères administratifs : les villes sont définies selon des critères légaux ou
administratifs. Au Sénégal, comme en Tunisie, l'organisation administrative
sert à définir ; du reste, la population urbaine sénégalaise était exclusivement
composée, -jusqu’en 2013-, de la population de l’ensemble de la population des
communes. L’avènement de l’acte III de la décentralisation qui a consacré la
communalisation intégrale devra s’accompagner d’une nouvelle considération ne
se basant plus sur le statut juridique mais sur la taille ou le caractère
aggloméré de la population. La stabilité des circonscriptions est un élément
majeur pour apprécier l’évolution des agglomérations. Certains pays modifient
régulièrement les limites urbaines : Inde, Sénégal, pays de l’ex-URSS. Le défaut
de délimitation, entre la zone bâtie qui s’étend au-delà de la limite
administrative urbaine, occasionne des difficultés.
Sous ce rapport, surgit une nouvelle conception qui tient moins compte du
confinement de la ville dans des limites physiques traditionnelles que de la
diffusion des formes d’habitat, de l’étalement du bâti et de l’intensité des
migrations pendulaires.
Une agglomération désigne d’abord un groupe d’habitations. On la saisit
actuellement comme une conséquence de l’accélération de l’urbanisation,
provoquée par l’augmentation de la population des villes.
De la nécessaire distinction entre ville et urbain :
La ville classique est remise en cause par de nouvelles frontières ; la ville est
une entité spatiale circonscrite et caractérisée par des modalités particulières de
vie commune, à la morphologie physique singulière et originale matérialisée par
des limites inscrites dans le bâti et l’organisation urbanistique.(5) L’urbain est
d’abord, tout objet ou lieu se rapportant à la ville.
L’agglomération urbaine est l’extension de la ville sur des espaces auparavant
identifiés comme appartenant au milieu rural. Elle intègre des éléments qui

5
- Hervé Marchal, Jean-Marc Stébé. 2008. La ville, territoire, logiques, défis.p108. Paris. Ellipses.
6
étaient séparés et bien délimités(6). Le rural s’urbanise dans la mesure où les
ruraux connaissent des conditions de vie proches de celles des urbains.
Pour marquer la différence entre la ville et l’urbain, il paraît judicieux de
considérer la ville en tant qu’entité physique (espace, zone, aire) et l’urbain qui
tient compte du style de vie (urbanité).
Le terme d’agglomération consacre des transformations dues à l’urbanisation,
au développement des transports ; le passage de la ville à l’agglomération s’est
traduit par la destruction des fortifications, la diffusion d’un style de vie.

II- LE FAIT URBAIN.


Les origines de la ville :
Une revue des théories met l’accent sur :
L’hydraulique aurait favorisé l’amélioration des rendements et de la
productivité, au point d’accroître la production. L’histoire de l’Humanité est
marquée par trois bouleversements majeurs.
Les différentes théories sur l’origine des villes :
Une théorie hydraulique :
Les progrès apportés à la maîtrise de l’eau ont permis une intensification de
l’agriculture, ingénié une division des tâches.
Selon Ratzel, l’origine est quasi paradoxale, car c’est le surplus de la production
agricole qui a entraîné ou favorisé l’émergence d’un centre d’écoulement et
d’échanges des produits de la ferme : ville.
La première ville, Ur, est apparue en Chaldée entre 7000 et 5 500 ans av. J.C.,
dans le Kurdistan irakien, en Mésopotamie, dans l’actuel Moyen-Orient. Ur est
bâtie par les Sumériens, un peuple de commerçants.
Une théorie économiciste :
Elle se base sur le droit de tenir marché, émanant du pouvoir et des velléités de
pouvoirs politiques. Elle met l’accent sur le développement des marchés.
Une théorie militaire :
Elle révèle les nécessités stratégiques, par des points ou lieux importants.
Elle use de connaissances topographiques, et privilégient le site.
Une théorie religieuse :
Elle met en exergue la diffusion des lieux de culte.
Somme toute, toutes ces théories justifient la fonction future de la ville créée.

Croissance urbaine.
La croissance urbaine est constitutive de l’urbanisation, car elle mesure la
croissance de la population urbaine et l'extension des villes.

Taux Population
d'urbanisati urbaine
on du monde mondiale en
en % milliards
En 1700 8 0,05

6
- Paquot. 2006.
7
En 1800 13 0,08
En 1910 19 0,34
En 1950 33 0,72
En 1980 39 1,81
En 2000 47 2,87
3,98
En 2015 56

L’espace occupé par les villes correspond à près de 15 % de la surface des


continents, quand bien même les limites des villes sont mouvantes. Le concept
d'espace urbain est bâti sur la notion d'agglomération, par conséquent sur la
continuité du bâti.
Du reste, le monde actuel révèle une forte expansion des aires urbaines et une
frénétique extension du champ des influences urbaines.
La croissance démographique :
Elle mesure la cadence d’augmentation à partir d’une constante ; cette
augmentation de la population s’inscrit dans une fonction logarithmique. Ce
qui est différent de la variation de la population d’une période à une autre.
La croissance urbaine dans le monde :
La population urbaine mondiale a crû au rythme moyen de 2,59 % l’an
lorsque la population totale mondiale imprime une cadence de 2,14% ; soit un
différentiel (différence entre deux taux) de 0, 45 en faveur du milieu urbain.
Donc, l’évolution de la population mondiale est due, sur tous les
continents sauf en Océanie, - de 1950 à 2018 -, essentiellement à la croissance
de la population urbaine.

Une forte croissance urbaine qui annonce une transformation évidente des
pays dont le niveau de ruralité était extrêmement élevé en 1950 :
Des contrées de l’Océanie, notamment Wallis-Futuna ou Papouasie-Nouvelle
Guinée ;
Des hautes terres d’Afrique de l’Est, où le système agraire révèle des fortes
pressions et inaccessibilités foncières, au point de déterminer de fortes densités,
fortes densités agricoles, car ne disposant que de faibles superficies, et
présentant des morcellements inadéquats pour une exploitation efficace :
Burundi, Rwanda, Mozambique, Ethiopie, Erythrée, Ouganda, Kenya,
Madagascar, terroirs de café et de thé.
Afrique de l’est avec les hautes terres : Burundi, Rwanda, Kenya, Tanzanie ;
Cette forte pression sur le foncier agricole se lit aussi dans la péninsule
indochinoise, -jusque dans ses périphéries -, perpétuant une longue tradition et
civilisation du riz : Bengladesh, Bhutan, Cambodge, Népal, Laos.
L’inefficience du système agraire a occasionné une urbanisation accélérée ;
Les fortes densités d’occupation humaine traduisent une inadaptation des
structures agraires ;
Une topographie offrant peu de possibilités à des pratiques agricoles ;
Des conditions édaphiques peu favorables (Laos, seulement 4% des terres
sont cultivables, Népal, 20 %)) ;
L’inefficacité des stratégies économiques au détriment des politiques
alimentaires a entraîné un exode agricole vers la ville (Afghanistan, Timor
Leste, Nigéria)

8
A l’échelle régionale ou continentale (Découpage de l’Onu).

Croissance de la population de Taux de croissance de Taux de croissance de


1950 à 2018 la population totale la population urbaine
Monde 2,14 2,59
Pays développés 0,84 1,18
PED 2,55 3,55
PMA 3,27 4,79
Afrique 3,41 4,28
Asie 2,27 3,33
I
Europe 0,57 0,98
Amérique Latine et Caribéenne 2,62 3,01
l
Amérique du Nord 1,44 1,48 s
Océanie 2,31 1,90 e
dessine une nette opposition entre les PED et les pays développés.

Les taux les plus élevés :


La cadence porte plus la marque des PED ; elle est de 4,28 % en Afrique ; 4,65 %
en Afrique sub-saharienne. L’Asie s’inscrivent dans un ordre de grandeur de
moindre importance avec 3,33%. Du reste, elle est de 4,46% dans les pays à bas
revenus.

Les plus faibles taux de croissance :


Ils concernent d’abord et principalement l’Europe (0,57 %), mais généralement
dans les pays développés (1,18 %) et dans les pays émergents à revenus élevés
(1,34%).
Dans les pays développés, l’on a d’abord un vieillissement de la population, un
taux net de reproduction très en deçà des indicateurs universels, une taille des
ménages, très réduite (deux, trois au maximum), avec de plus en plus de
ménages monoparentaux.

Un rythme de croissance démographique particulièrement élevé dans les PED


et notamment dans les PMA.

Les pays présentant des taux de croissance urbaine négatifs sont d’abord et
principalement des îles, perçus comme des paradis fiscaux.
Les pays ayant les plus faibles taux de croissance, en valeur positive,
sont :
• Les pays de l’Europe médiane : Autriche, Suisse, Hongrie, Roumanie,
Tchéquie ;
• L’Europe du Nord : Royaume Uni, Belgique, Allemagne, Suède, les États
Baltes
• L’Europe du Sud : Portugal, Espagne, France, Italie, Monaco ;
• L’Europe de l’Est : Ukraine, Bulgarie, Géorgie ;
• Le Japon, la Russie, l’Uruguay.
Ces pays ayant les plus forts taux de vieillissement de la population, ont connu
plus tôt la révolution industrielle et, par conséquent, le phénomène urbain ; ils
ont atteint un niveau d’urbanisation des plus élevés au monde depuis
longtemps.
Toutefois, certains États, -fortement marqués par la mondialisation et
l’économie numérique-, laissent apparoir un relatif dynamisme de leur milieu
9
rural, car présentant un différentiel en faveur de la population totale au cours
de la même période, allant de 1950 à 2018 ; il s’agit en l’occurrence des :
ü Petites îles, considérées comme des paradis fiscaux ;
ü Principaux pôles financiers internationaux comme, d’abord des puissances pétrolières
que se sont reconverties dans les finances : il s’agit notamment du Qatar, du Koweït et de
l’Arabie Saoudite ;
ü Places de redistribution de capitaux, de placements et d’investissements, au moyen
fonds souverains comme Singapour, Bahreïn, Tadjikistan.

Une croissance urbaine bien supérieure à celle de la population


totale.
D’abord à l’échelle régionale :
Le différentiel de croissance entre la population totale et la population urbaine,
est partout en faveur du milieu urbain, et nettement, -on ne peut-, plus
prononcé dans les PED (1%), notamment dans les PMA (1,52 %).

Différentiel (Population urbaine-Population totale) de


De 1950 à 2018 1950 à 2018
Monde 0,45

Pays développés 0,34

PED 1,00

PMA 1,52

Pays émergents à revenus élevés 0,23


Pays émergents à revenus
0,93
moyens
Pays émergents à bas revenus 1,12

Afrique sub-saharienne 1,16

Afrique 0,87

Asie 1,06

Europe 0,41
Amérique latine et
0,39
caribéenne
Amérique du Nord 0,04

Océanie 0,41

Les plus faibles différentiels concernent, - d’abord et au premier plan -,


l’Amérique du Nord (0,04%), puis l’Amérique latine et caribéenne (0,39%) et
l’Europe (0,41%). Il s’agit de pays ayant enregistré une urbanisation plus
ancienne, ayant achevé presque leur transition démographique.
De manière plus globale, les pays émergents, à revenus élevés, inscrivent une
dynamique proche de celle imprimée par les pays développés.
Les différentiels sont plus accentués en Asie (1,06%) qu’en Afrique (0,87%)
quoiqu’on ait eu à constater que l’Afrique subsaharienne a une valeur
supérieure à celle de l’Asie (1,16%).
Les différentiels les plus importants se remarquent dans les pays maintenant
une forte et longue ruralité (faible taux d’urbanisation).

10
Puis à l’échelle des pays :
Nombre de pays ayant imprimé une large amplitude se caractérisent par :
ü Une relative faible superficie de leur territoire, entraînant de fortes densités
d’occupation humaine, surtout dans leur milieu rural. Il s’agit en l’occurrence des contrées
asiatiques fortement marquées par la civilisation de riz dont notamment le Vietnam, le
Cambodge, la Thaïlande, le Laos (4% des terres sont cultivables), le Népal (20 % de terres
cultivables) ou le Bengladesh (une des plus fortes densités du ponde (1 107 habitants au
kilomètre carré) ;
ü Une forte ruralité car les taux d’urbanisation y sont parmi les plus faibles au monde ;
ü La relative étroitesse de leur territoire : Bhutan, Lesotho, Swaziland, Rwanda, Bénin,
Togo, Burundi ;
ü Une inadéquation des structures agraires : les fortes densités d’occupation, bien
prononcées dans le milieu rural dénotent une inadéquation des structures agraires : les terroirs
du riz en Asie et les hautes terres de plantation de café et de thé d’Afrique de l’Est, avec
notamment l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya, le Mozambique. Ces pays présentent, pour
l’essentiel, des superficies très réduites : Burundi et Rwanda ;
ü Une aridité que la création urbaine tente de surmonter : Yémen, Oman, Mauritanie.

Différentiels de Taux de
Taux de
croissance, les plus croissance de la
croissance de la
importants, en faveur de population Différentiel
population totale
la population urbaine. urbaine de croissance
Botswana 7,56 3,39 4,17
Bhutan 6,83 2,97 3,85
Lesotho 5,91 2,20 3,71
Mauritanie 7,30 3,81 3,49
Swaziland 6,06 3,19 2,87
Bénin 5,91 3,22 2,68
Togo 6,08 3,44 2,64
Bangladesh 5,49 2,87 2,62
Tanzanie 6,61 4,05 2,56
Népal 4,92 2,43 2,49
Gabon 5,33 2,90 2,43
Oman 7,09 4,68 2,42
Burkina Faso 5,45 3,04 2,41
Angola 6,20 3,80 2,40
Rwanda 5,81 3,43 2,38
Burundi 5,53 3,15 2,38
Papouasie Nouvelle-
5,53 3,17
Guinée 2,36
Ouganda 6,58 4,26 2,31
Monténégro 3,14 0,88 2,26
Tuvalu 3,76 1,52 2,24
Mozambique 5,31 3,18 2,13
Chine 3,83 1,80 2,03

Une croissance urbaine bien supérieure à celle du milieu rural, et au détriment


de celui-ci.
Sur une longue observation, -de près de 70 ans-, il est noté que le différentiel
de croissance entre le milieu urbain et le milieu rural est à l’avantage du
premier. Ce phénomène est remarquable dans les PMA, dans les PED, dans les
pays émergents à revenus intermédiaires supérieurs, en Amérique latine et
caribéenne, en Afrique au Sud du Sahara, en Afrique, de manière globale, et en
Asie.

11
Les plus faibles différences concernent notamment l’Océanie, puis l’Amérique
du Nord et l’Europe : avec pays ayant enregistré plutôt une urbanisation,
constituant les premiers foyers industriels.

Différentiel (Urbain-Rural)
Monde 1,66
Pays développés 1,65
PED 2,40
PMA 2,83
Pays à revenus élevés 1,69
Pays à revenus moyens 2,30
Pays à bas revenus 2,39
Afrique sub-saharienne 2,63
Afrique 2,31
Asie 2,37
Europe 1,48
Amérique latine et
2,68
caribéenne
Amérique du Nord 1,44
Océanie 0,40

Cette évolution singulière de ces pays, -à contre courant de la tendance


mondiale-, augure moins une ruralisation qu’une délocalisation des activités du
tertiaire jusqu’ici inscrites dans l’espace urbain ; l’économie résidentielle alliant
l’activité professionnelle à la fonction résidentielle est une des caractéristiques
actuelles des petits États insulaires, tournés vers les avantages et privilèges
fiscaux comme offre et justification de leurs activités.

La croissance urbaine dans les PED :


ü Un croît naturel élevé dans les PED ;
ü Un fort taux de natalité ;
ü Un taux de mortalité en forte baisse mais pas suffisamment pour corriger la tendance
lourde, sauf dans les pays développés ; la baisse des taux de natalité et de mortalité a entraîné
une transition démographique peu visible dans les PED ;
ü Un apport migratoire significatif (exode rural et surtout un exode agricole), et parfois un
exode urbain non négligeable.
Une tendance à la baisse de la fécondité dans les PED (Niger, Nigéria, Mali,
Mauritanie, Sénégal) comme pour s’approcher des pays développés, industrialisé
depuis le XIX ème siècle ;
Un taux de reproduction faible du fait de la planification des naissances, du
mimétisme du style de vie des Occidentaux.
Un mariage tardif (ou célibat vivace), justifié par la poursuite des études, la
quête d’autonomie.

12
Un rattrapage urbain :
La forte croissance de la population urbaine comble un retard, d’où l’expression
de rattrapage urbain. Ce faisant, se dégagent des traits caractéristiques, -
communs à certains pays-, participant à la structuration des groupes :
Les pays pétroliers : Oman, Libye, Sao-Tomé, Guinée-Équatoriale, Angola,
Congo ;
Pays ayant connu la guerre : Liban, Haïti, Sahara occidental ;
Pays vers une industrialisation : Mauritanie, Brésil, Algérie, Turquie ;
Pays marqués par une forte littoralisation du phénomène urbain : Cap-
Vert, Gambie, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Ghana ; en réalité, il s’agit de pays à
activités portuaires occasionnant une tertiarisation « informelle », avec
notamment le Nigéria.
Des pays sahéliens marqués par une monoculture vulnérable aux mutations
économiques mondiales : Burkina-Faso, Mali, Niger, Tchad : enclavement,
aridité ;
Des pays du Golfe de Guinée, tributaire des plantations et des racines,
malaise des économies de plantation : Nigéria, Cameroun, mais le Togo et le
Bénin ont une faible étendue ;
De fortes croissances sont notées dans les pays pétroliers : Angola, Émirats
Arabes-Unis, Qatar Oman, Koweït, Arabie Saoudite ;
Des pays de hautes terres (montagnes et plateaux), faibles superficies, fortes
densités agricoles : Tanzanie, Kenya,
Du fait des fortes densités agraires.
Les pays du Moyen-Orient : Oman, Yémen : aridité, pétrole ;
Les pays de l’Asie du Sud-Est : Cambodge, Vietnam, Népal, Bhutan,
Bengladesh qui sont de faible étendue avec de fortes densités agraires ;

Concentration urbaine :
L’aridité est le premier facteur qui unit les pays, occasionnant une
concentration urbaine ;
L’exploitation pétrolière ou minière devient une opportunité de création ou de
transformation urbaine.

1950 2015 1950 2015


Répartition de la
Pays Pays
population selon la
Développés Développé PED en % PED en %
taille des
en % s en %
agglomérations

Moins de 500 000 62 54,5 67 52

de 500 000 à 999 999 10 8,5 10,6 6,6


De 1 million à 5
millions 19 24,2 19 22,2
De 5 millions à 10
millions 7,2 5,7 3,5 7,2

Plus de 10 millions 2,8 7,2 0 12

13
Avec 35 millions d’habitants, Tokyo représente de loin l’agglomération urbaine la
plus peuplée du monde, suivie de Mexico (18,7), New York (18,3), Sao Paulo
(17,9) et Bombay (17,4).
Des villes qui se multiplient rapidement :
L’augmentation du nombre de villes, liée souvent à l’accroissement de la taille
démographique e des établissements humain augurant une mutation spatiale,
et entraînant par conséquent un changement de statut, explique cette
dynamique de l’urbanisation et de la croissance urbaine.
Le nombre de grandes villes dans les pays en développement augmente
sensiblement, en même temps que sa population.

Multiplication des agglomérations selon leur taille démographique dans le monde.

P- Amériqu
Taille des
Mond Dé PE Afriqu Amériqu e du
villes
e v D e Asie e Latine Nord
10 millions et
3 3 16 3 11 5 2
plus
5 à 10 millions 1,75 3 13 2 19 4 5
1 à 5 millions 5,83 3 9 24 8 8 3
500 000 à 1 3, 95
2 7 12 5 15 2
million

La croissance démographique, et par-delà l’explosion urbaine, se traduit par une


augmentation du nombre de grandes villes (plus de 10 millions d’habitants) ;
ceci est remarquable dans les pays en développement.

Taux de croissance démographique


Pays
Taille des villes Monde
développés PED
10 millions et
plus 0,44 6,03
5 à 10 millions 3,41 1,69 4,74
1 à 5 millions 3,10 1,73 4,01
500 000 à 1
million 2,36 1,05 3,22
Moins de 500
000 2,27 1,03 3,15

Le regard est souvent porté sur les grandes villes mais la majeure partie de la
population urbaine mondiale vit dans des agglomérations de taille
démographique beaucoup, plus réduite.
Une croissance soutenue par les petites et moyennes villes.
La quasi-totalité des villes devenues millionnaire ne l’étaient point en 1975 ; ces
villes se localisent principalement dans les PED, dont 60 % en Asie.
Des villes qui, concomitamment, croissent rapidement :

14
Le croît démographique du milieu urbain est notamment élevé dans les pays
émergents et dans les PED.
Les villes de l’Afrique de l’ouest et de l’Asie du Sud-Est sont les plus
dynamiques dans le monde.

L’URBANISATION
Le mot signifie d’abord aménager un espace géographique en zone urbaine.
Urbaniser revient à donner le caractère d’une ville à un lieu, faire acquérir
l’urbanité. La dynamique de l’urbanisation intègre tout ce qui ce qui lui paraît
différent, par la continuité du bâti.
L’urbanisation est un processus de transformation de l’espace naturel ou rural
en espace urbain impliquant des modifications dans la structure sociale des
sociétés et dans l’état de l’environnement (Jean-Philippe Antoni. 2009).

Le taux d’urbanisation.
L’urbanisation est un processus de transformation de l’espace naturel ou rural
en espace urbain impliquant des modifications dans la structure sociale des
sociétés et dans l’état de l’environnement. Evoquer l’urbanisation revient aussi
à analyser une dynamique.
Le taux d'urbanisation traduit le pourcentage de la population urbaine
incluse dans la population totale, vivant dans un pays donné. Il est aussi appelé
niveau d’urbanisation ; il est un rapport entre la population urbaine et la
population totale de l’entité spatiale considérée.
L’urbanisation du monde a été remarquable d’abord en Europe du Nord-Ouest
et en Amérique du Nord, à la fin du XIXème siècle.
Le taux d’urbanisation du monde est passé de 2,4 % en 1800 à 56 % en 2018.
En En
Taux d'urbanisation
1950 2018 Différence
MONDE 29,6 55,3 25,7
Pays-Développés 54,8 78,7 23,9
PED 17,7 50,6 33,0
PMA 7,5 33,6 26,0
Afrique Sub-saharienne 11,1 40,4 29,3
AFRIQUE 14,3 42,5 28,2
ASIE 17,5 49,9 32,3
EUROPE 51,7 74,5 22,7
AMÉRIQUE LATINE ET
CARIBÉENNE 41,3 80,7 39,4
AMÉRIQUE DU NORD 63,9 82,2 18,3
OCÉANIE 62,5 68,2 5,7

A l’échelle des continents ou des régions (sous-continents), le taux


d’urbanisation est fortement corrélé au niveau de développement du pays :
o Les pays industrialisés ont des taux supérieurs à la valeur mondiale ;
o Les pays émergents, producteurs de pétrole comme les Emirats Arabes Unis,
Koweït, Qatar, Irak, Arabie Saoudite ont des taux élevés ;

15
o En Amérique latine, la Bolivie, et le Paraguay plus pauvres paraissent moins
urbanisés ; l’Argentine, le Chili et le Venezuela, plus riches sont plus urbanisés ;
o En Afrique, le Gabon, les Etats du Maghreb ou l’Afrique du Sud ont des taux qui
dépassent la moyenne du continent.
Au demeurant, il n’existe pas à l’échelle des pays de lien étroit entre le niveau
de développement et le taux d’urbanisation.
D’autres facteurs conditionnent la concentration de la population urbaine et le
rapport d’urbanisation, comme les conditions naturelles d’établissement :
o Le froid ou la chaleur, conditions naturelles extrêmes, restreignent le nombre
de sites habitables ; ainsi les taux d’urbanisation sont très élevés en Sibérie, en Islande,
en Alaska, au Canada, en Arabie, en Australie ou au Sahara (Algérie, Libye, etc.).
o En milieu forestier intertropical, notamment en Amazonie, au Congo ou au
Gabon. En revanche, d’autres contrées sont marquées par la présence d’une forêt
luxuriante, empêchant tout développement agricole, ne favorisant guère l’installation
de populations sédentaires.
o La montagne apparaît aussi comme un milieu à faible empreinte urbaine ; à
titre d’exemple : le Buthan, le Népal, le Yémen, l’Ethiopie, le Rwanda, le Burundi ou le
Lesotho. En Europe, le milieu montagnard, suisse ou autrichien a le taux
d’urbanisation le plus faible d’Europe, tout comme la Bolivie, comparée au reste de
l’Amérique latine.

Les pays développés ont atteint des niveaux d’urbanisation très élevés mais il
faut se garder d’en tirer une conclusion hâtive quant à la relation que l’on
tenterait d’établir entre le niveau de développement et le niveau d’urbanisation.
Car, si sur le plan global, les pays développés ont un taux d’urbanisation parmi
les plus élevés (78,7%), l’Amérique latine et caribéenne (80,7%) dépassent
l’Europe (74,5%) et l’Océanie (68,2%), il faut aussi en convenir qu’en 1950, ces
deux entités continentales avaient déjà des taux relativement élevés, avec
respectivement 51,7 % et 62,5%.
Certes, l’Afrique (42,5%) et l’Asie (49,9%) enregistrent, en 2018, les taux les
plus faibles comme il en était déjà en 1950, avec respectivement 14,3% et 17,5%.
La plus forte progression a été enregistrée dans les pays en développement,
notamment en Amérique latine et caribéenne, ensuite dans les pays à revenus
intermédiaires.
Les pays développés d’Océanie et d’Amérique du Nord ont inscrit les plus faibles
avancées attestant un niveau de quasi-saturation a contrario du phénomène de
rattrapage urbain effectué par les PED. L’Afrique sub-saharienne a une
évolution similaire à celle du continent.
Les pays ayant les taux d’urbanisation les plus élevés, avec un niveau de
quasi-saturation sont principalement des petits États insulaires, puis des pays
pétroliers du Moyen-Orient et certains pays marqués par l’aridité comme Oman,
les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, et des paradis fiscaux, les pays scandinaves
et la vieille Europe (Allemagne, Royaume-Uni, Benelux), l’Europe du Sud
(Grèce, Espagne, France), Brésil, Colombie, Libye, Djibouti, Mexique, Pérou,
Costa-Rica.
Les pays présentant encore de faibles taux d’urbanisation sont pour
l’essentiel des pays ayant connu de très faibles taux d’urbanisation depuis 1950.
Il s’agit, en l’occurrence, des pays de l’Afrique des hautes terres, des pays
enclavés de l’Afrique l’ouest, de l’Océanie mais aussi des petites îles, qui, en
dépit de leurs activités dans la haute finance, - perçues comme des paradis
fiscaux-, présentent une ruralité encore vivace.

16
Les fonctions urbaines
Une fonction correspond au rôle caractéristique d’un élément dans un
ensemble donné.
La fonction urbaine est la «profession», «raison d’être»de la ville ; les fonctions
de la ville sont liées aux activités dominantes ; il s’agit des activité qui occupent
la plus grande partie des emplois (ex, ville industrielle, ville tertiaire).
Certaines villes se sont développées sur une fonction principale : Seattle (Boeing),
Clermont-Ferrand (Michelin) ou Richard-Toll (Compagnie Sucrière du Sénégal).
Mais les fonctions de certaines villes ont évolué et se diversifient.
La fonction est définie par rapport à des ensembles divers : région, nation,
système de villes, système économique, système social et politique…
Le regroupement des hommes pour mieux exercer certaines formes d’activités
participe de l’accomplissement de la fonction urbaine. La fonction urbaine est la
profession exercée par la ville, sa raison d’être ou son développement.
Le terme fait référence à un organe vivant, constitué de multiples cellules
vivantes, - car exerçant des activités -, dont les interactions sont nécessaires au
fonctionnement de la ville.
Toutes les fonctions coexistent dans la ville. Elles ont été réduites par
l'architecte Le Corbusier au slogan : habiter, travailler, circuler, se récréer.
§ La fonction résidentielle: la ville est avant tout le lieu de résidence pour ses
habitants.
§ La fonction productive :
o Industrielle : Elle est la caractéristique de la plupart des grandes villes qui se
sont installées autour des ressources du sous-sol, et ont drainé une masse
importante de main-d’œuvre ;
o Tertiaire : Elle regroupe les activités du tertiaire moderne :
Ø Fonction commerciale : places boursières et financières internationales abritant des
banques, bourses de valeurs, commerce, assurances, services divers, comme Shangaï,
Londres, New-York, Francfort, Paris, Milan, Abidjan, Tokyo, Singapour, Séoul ;
Ø Fonction intellectuelle : avec des villes universitaires comme Oxford, Paris ; centres de
recherche comme Silicon Valley ;
Ø Fonction touristique : avec des villes comme Venise, Nice, Rio de Janeiro, Marrakech, etc.
Ø Fonction religieuse : avec des villes comme Jérusalem, Nazareth, Fez, Nimzatt, Touba,
Tivaouane, la Mecque, etc.
Ø Administrative :
Ø La ville est le centre du pouvoir administratif et politique : capitale
politique, chef-lieu de circonscription administrative.
§ L’inventaire des professions exercées dans la ville, par les villes, exclut toute
activité agricole et autorise l’établissement d’une typologie selon l’importance de
certaines activités qu’on y retrouve. Il s’agit en l’occurrence des activités exercées par
ses habitants. Ce faisant, l’on peut établir une comparaison entre les genres d’activités,
une hiérarchie des industries ou une différenciation dans les activités tertiaires.

ARMATURE, RESEAU ET HIERARCHIE URBAINE :


L’armature urbaine est un dispositif qui concerne l‘ensemble des villes qui offre
des équipements à un environnement, à une aire urbaine, à une zone
d’influence. Armer signifie d’abord doter d’armes ; donc ici, il faut convenir qu’il
s’agit de satisfaire des besoins grâce à la fonctionnalité et aux interactions des
villes.
La hiérarchie urbaine est une forme d’organisation montrant grâce à une
discrimination l’ordre d’importance des villes, en tenant compte d’abord de la
17
taille démographique dans une hiérarchie avec différents niveaux de fonctions.
Les villes d’un même territoire, d’une même région présentent une organisation
hiérarchisée tenant compte des liens entre les villes. La loi rang-taille de Zipf
montre que les villes se hiérarchisent en plusieurs niveaux. La loi rang-taille
voudrait que la deuxième ville ait la moitié de la population de celle de la
première ville ; la troisième devrait en avoir le tiers, etc.
Mieux vaut en géographie lui substituer la notion de réseau urbain ou de
niveaux de villes, car les villes n’échangent guère directement entre elles.
Le réseau urbain montre les liens entre les villes du point de vue fonctionnel
dans un maillage. Le réseau de villes marque une hiérarchie, avec des liens de
complémentarité et de concurrence. Le réseau urbain concerne les liens entre
les villes du point de vue fonctionnel dans un maillage.
Le réseau de villes implique une adhésion volontaire de celles-ci en vue de
partager les coûts des équipements.
Une métropole est la principale ville d'un pays ; de son l'influence et de son
rayonnement lui dépend tout un environnement régional, dont elle structure
son espace.

III- ORGANISATION DE L’ESPACE


URBAIN

La forme urbaine :
La croissance urbaine, se manifestant entre autres par une forte poussée
démographique, a entraîné une installation des populations dans des zones de
plus en plus éloignées du centre originel ou primitif.
L’évolution de la répartition des activités urbaines contribue à la configuration de
la forme urbaine. Mais certaines villes subissent de fortes contraintes
topographiques.
Une agglomération se divise en deux entités spatiales : un noyau central et une
zone périphérique. Toutefois, il paraît difficile de délimiter le noyau central tout
comme les limites extérieures de l’agglomération. Mais la morphologie du bâti,
la densité de l’occupation ou la densité de population s’avère déterminante.
L’extension des activités, les aménagements et la poussée démographique ont
modelé l’espace urbain. Des contrastes avec des densités ans les centres fortes et
relativement faibles dans les périphéries.
De même, la forme urbaine est de plus en marquée par la verticalité des
constructions dans le centre et, par le caractère étiré voire étendu du bâti,
marquant une certaine horizontalité dans les périphéries.
Le développement des moyens de transport configure la forme de l’étendue
urbaine. De l’aspect tentaculaire se lit au fur et à mesure que les voies de
communication se créent. Cette diffusion du bâti dans des zones présentant de
plus faibles densités d’occupation, est perçue comme un étalement urbain.
Les trames viaires, orthogonales ou radio-concentriques, dessinent les paysages
urbains.
Somme toute, la forme urbaine procède des réseaux structurants, dont la vitesse
d’évolution est tributaire du parcellaire.
18
La structure urbaine

Elle apparaît au travers des composantes de l’espace urbain.


Le quartier :
Le quartier reflète les notions de proximité, ou homogénéité sociale, avec une forte
empreinte culturelle. L’exemple des compétitions « Navétanes » au Sénégal en donne
l’illustration.
D ‘aucuns le circonscrivent à environ 500 mètres autour de son domicile ; d’autres lui
déterminent un population d’au moins 1000 habitants.
Le centre :
Il est le lieu de convergence de l’essentiel des déplacements ; il concentre des
activités du tertiaire.
Lorsque le centre est saturé la croissance périphérique s’explique par un
déversement du surplus du centre : phénomène appelé « overspill ».
Mais, eu égard au développement des périphéries, de plus en plus de fonctions
centrales s’y retrouvent devenant des centres secondaires.
La périphérie est la zone d’extension de l’aire urbaine où s’installent progressivement
les activités et l’habitat. Elle révèle une pression démographique, une forte
consommation de l’espace rural, en perpétuel recul, avec des activités agricoles, une
vive compétition.
Centre et périphérie : la ville attire de plus en plus d’habitants qui s’installent
à sa périphérie. L’extension croissante de l’agglomération remet en cause le schéma
classique centre-périphérie, le polycentrisme apparaît comme la marque du
développement des voies de communications. La périphérie est un espace se
distinguant nettement du centre et distant de celui-ci. Elle est présentée comme un
espace dominé par un centre (dominant). On dit que le centre utilise et exploite des
périphéries.
Le rapport centre-périphérie est d’abord une relation de dépendance.
L’accumulation du capital au centre tend à hiérarchiser l’espace. Le choix porté dans
les utilisations possibles du sol varie selon la distance au centre. (Von Thünen). La
rente foncière d’un sol est déterminée donc par la distance par rapport au centre.
Les villes déterminent l’organisation de l’espace (ville et environnement
régional).
La croissance démographique et économique s’exprime dans la croissance
urbaine. Mais les villes ne croissent pas de la même manière.
Etudier la croissance se ramène à analyser l’évolution des structures urbaines.
Sous ce chapitre, la géographie urbaine bouleverses ses perspectives en s’alliant
à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire.

ü Aménagement urbain ;
Des vastes zones sont aménagées pour recevoir des équipements ou faire
fonctionner des activités. Ce faisant, la détermination des espaces publics, des
zones d’activités, industrielles, commerciales ou résidentielles et la mise en
place des réseaux consacre une politique de développement urbain.
La dynamique urbaine n’est pas maîtrisée par l’homme ; l’essentiel des
politiques urbaines est consigné dans un plan d’aménagement comme pour

19
rattraper le rythme ou les débordements mais, dans la réalité, il s’agit plus d’un
plan d’équipement et d’urbanisation.
Le desserrement du centre-ville et l’expansion des banlieues ont favorisé
l’étalement urbain.

ü Equipements et réseau de transport.


La ville reçoit de grands équipements qui structurent son espace ; il s’agit de la
voirie, des gares, des hôpitaux, des écoles, des casernes militaires, des marchés,
etc.
Leur importance se lit d’abord dans leurs emprises foncières.
La voirie facilite l’accès au transport ; la demande en transport croît rapidement
et un décrochage entre l’offre et la demande entraîne souvent de la congestion
(embouteillage).

IV- MUTATIONS ET CRISES


URBAINES
o Pathologies urbaines : habitat précaire, slum, bidonvilles, taudis,
déguerpissements, ségrégation spatiale, ghetto, gentrification ;
o Insécurités : promiscuité, maladies, vols, crimes, drogues, prostitution ;
o Développement et contraintes.

Dans les pays à économie planifiée ou dans les PED sont notés des problèmes
mettant l’accent sur la pauvreté, l’irrégularité des installations ou
l’inadéquation des habitats, la polarisation ou des disparités spatiales, la crise
économique, le chômage, des problèmes de santé publique, la congestion de la
circulation automobile, la pollution ou les nuisances environnementales.
En effet, dans les pays développés apparaissent des phénomènes de
banlieusardisation, de gentrification ou de ségrégation spatiale.

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21
22
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