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PLAN DU COURS
INTRODUCTION SUR LA VILLE :
Pourquoi étudier la géographie urbaine ?
Champ et Système.
§ Champ urbain ;
§ Système urbain ;
§ De la perception de la ville à la réalité urbaine :
o Perception, sens, signification de la ville ;
o Lecture, représentations
o De la ville à l’agglomération urbaine.
DEFINITIONS ET CONCEPTS
§ Définitions ;
§ Concepts.
FAIT URBAIN DANS LE MONDE
§ Phénomène urbain :
§ L’origine des villes ;
Théorie hydraulique ;
Théorie économique ;
Théorie sociale.
URBANISATION
§ Croissance urbaine.
§ Urbanisation dans le monde ;
§ Concentration urbaine ;
§ Taille des villes et catégories de villes ;
§ Formes et dynamiques urbaines ;
§ Fonctions urbaines ;
§ Armature, hiérarchie et réseau urbain.
INTRODUCTION :
1
Pourquoi étudier la géographie urbaine ?
Les études urbaines sont un élément central des sciences sociales, y compris
la géographie qui offre un regard particulier en vue de la compréhension de la
condition urbaine.
La portée et le contenu de la géographie urbaine sont vastes et comprennent
l'étude des places urbaines en tant que «point dans l'espace», ainsi que l'étude
de la structure interne des zones urbaines
Dans le domaine général de la géographie urbaine, des sous-domaines
spécialisés attirent des chercheurs intéressés par des aspects particuliers de
l'environnement urbain ;
La géographie urbaine tente d’expliquer la répartition de villes et
agglomérations urbaines ; elle met l’accent sur les similitudes, les disparités ou
autres contrastes socio-économiques, entre elles. La place de chaque entité
urbaine, avec son rang, devra être analysée au regard de l’évolution et de la
variété des créations ou fondations urbaines.
L’espace urbain comprend des zones résidentielles, les lignes de transport, les
activités économiques, les services, les équipements, les zones commerciales, les
édifices publics. Les villes révèlent des problèmes, avec un habitat irrégulier ou
inadéquat (précaire, insalubre, bidonvilles ou taudis), une crise économique, une
tendance à l’informel, une pauvreté, des problèmes de santé, une polarisation,
une congestion routière et de la pollution de l'environnement.
2
a- La géographie urbaine comme champ d’études.
De manière générale, la géographie urbaine est l’étude des villes en tant
que système à l’intérieur d’un système de villes.
La géographie urbaine met l’accent sur la notion de centralité dans une afin de
mieux saisir la dynamique spatiale. Etudier la géographie urbaine revient aussi
à mettre l’accent sur les forces sociales et les orientations spatiales pour
appréhender le phénomène urbain.
La localisation, pendant d’une attractivité, est illustrée par la concentration et
la diversité des activités humaines dans la ville. Ceci distingue la géographie
urbaine des disciplines s’occupant d’études urbaines : sociologie urbaine,
économie urbaine, politique urbaine, etc.
La géographie urbaine en tant que sous-discipline de la géographie est un trait
d’union entre différentes disciplines.
De plus en plus, on évoque l’environnement urbain pour montrer les
interactions entre la technologie, l’environnement, l’économie, la sociologie.
b- La géographie urbaine système.
La théorie des systèmes permet de spécifier les interactions entre sous-
systèmes et pose que le réseau de relations est aussi par-delà l’existence
d’un réseau d'organisation.
Elle fait l’objet d’analyse dans le cadre du développement urbain.
L’analyse du système urbain révèle les interactions sous forme de combinaison
des différents facteurs. Les relations, qui sont d’intensité variable, configurent
des sous-systèmes, faisant référence, d’une part, à la répartition spatiale des
villes et aux liens les unissant : l'étude des systèmes de villes, et, d’autre part, à
la structure interne de la ville : l’étude la ville en tant que système.
La ville en tant que système peut se décomposer en sous-systèmes qui
soulignent l’importance des liens entre :
• La population, les activités économiques et la construction ;
• La production, la consommation et les échanges ;
• Les zones fonctionnelles recevant la résidence, l’industrie et le tertiaire.
Les structures relationnelles d'un système peuvent être hiérarchisées, classant
les sous-systèmes en niveaux, assurant la domination d'un sous-système par un
autre de niveau supérieur, établissant des rapports et non plus seulement des
liaisons à l'intérieur du système.
La perception de la ville.
La perception confirme l’existence qui se lit par l’observation.
3
La ville est vécue et pensée par ceux qui l‘habitent. A bien des égards, la
perception considérée émane des élites urbaines au détriment des autres
groupes sociaux moins visibles ou moins bien représentés.
La perception utilise, d’une part, les sensations perçues ; les récepteurs
sensoriels transmettent les faits au cerveau, et, d’autre part, extrait
l’information, à travers des canaux sensoriels.
Un intéressant exercice s’offre au géographe pour réaliser le passage de la
perception à la construction de la définition.
À la définition de la ville.
La ville est un milieu géographique et social formé par une réunion organique
de constructions dont la plupart des habitants travaillent à l’intérieur de
l’agglomération, au commerce, à l’industrie ou à l’administration. (1)
La définition classique est descriptive ; elle use d’idiographie. Il s’agit
« d’assemblage d’un grand nombre d’habitations disposées par rues, renfermant
des quartiers. Cette approche met plutôt l’accent sur des différences. Ainsi bien
qu’issue du village, la ville n’en affiche pas moins de singulières différences ; elle
est de nature différente ; elle n’est pas seulement un village en plus grand. Elle
est le lieu où s’exercent des activités distinctes de celles des agriculteurs,
notamment les services.
Notons la parenté étymologique entre ville et village. Aussi les deux mots
évoquent-ils la notion de culture : cultiver la terre, aménager la nature pour
rendre habitable et durable l’installation humaine(2) et cultiver les esprits, les
corps et le vivre ensemble(3).
Elle est un ensemble de maisons et d’édifices (aspects morphologiques) et de
citoyens (aspects juridiques).
Le mot latin urbs signifie la ville, l’ensemble des maisons, des édifices ;
l’urbain est de prime abord l’habitant de la ville.
L’urbanité est la caractéristique des mœurs raffinées, de politesse, de
courtoisie, de sociabilité, de bon ton et de langage spirituel. Le terme d’urbanité
est proche de la notion de civitas qui désigne la ville en tant qu’entité
politique ; elle suppose pour un individu une maîtrise des règles de civilité. Le
mot civilisation est apparu plus tardivement
1
- Dictionnaire, Le Petit Robert, édition 2008.
2
- Le sillon creusé par Romulus délimite en réalité Rome.
3
- La polis dans la cité grecque est l’espace propre à l’exercice de la politique en tant qu’art de régler par la parole et non par la violence les
difficultés et problèmes de vivre collectivement.
4
Le mot grec polis est d’abord une notion ayant trait à la ville et à l’espace
d’exercice de la politique par la parole et par l’action.
4
-Pierre Georges. Dictionnaire de la géographie.Paris. PUF.
5
Certains quartiers de Guédiawaye (Dakar, Sénégal) atteignent allègrement 27
000 ; au Caire, le quartier de Choubra dépasse 250 000 lorsque Zamalek
enregistre 10 000.
Ainsi, il apparaît difficile d’établir des comparaisons internationales.
C’est la raison pour laquelle l’ONU prône pour les comparaisons, un seuil de 20
000 habitants.
Le seuil de 10 000 habitants, prôné par des chercheurs exclut, -par endroits-,
des urbains ; c’est le cas notamment des localités françaises dont la taille
démographique est comprise entre 2 000 et 10 000 ; ce critère exclut 11 % de la
population urbaine française ; le Danemark, où le seuil est fixé à 200
habitants, dont le taux d’urbanisation officiel de 83 %, est ainsi ramené à 56 %.
Au Sénégal, plus de la moitié des communes et14 % de la population urbaine ne
seraient pas prises en considération suivant cette méthode.
5
- Hervé Marchal, Jean-Marc Stébé. 2008. La ville, territoire, logiques, défis.p108. Paris. Ellipses.
6
étaient séparés et bien délimités(6). Le rural s’urbanise dans la mesure où les
ruraux connaissent des conditions de vie proches de celles des urbains.
Pour marquer la différence entre la ville et l’urbain, il paraît judicieux de
considérer la ville en tant qu’entité physique (espace, zone, aire) et l’urbain qui
tient compte du style de vie (urbanité).
Le terme d’agglomération consacre des transformations dues à l’urbanisation,
au développement des transports ; le passage de la ville à l’agglomération s’est
traduit par la destruction des fortifications, la diffusion d’un style de vie.
Croissance urbaine.
La croissance urbaine est constitutive de l’urbanisation, car elle mesure la
croissance de la population urbaine et l'extension des villes.
Taux Population
d'urbanisati urbaine
on du monde mondiale en
en % milliards
En 1700 8 0,05
6
- Paquot. 2006.
7
En 1800 13 0,08
En 1910 19 0,34
En 1950 33 0,72
En 1980 39 1,81
En 2000 47 2,87
3,98
En 2015 56
Une forte croissance urbaine qui annonce une transformation évidente des
pays dont le niveau de ruralité était extrêmement élevé en 1950 :
Des contrées de l’Océanie, notamment Wallis-Futuna ou Papouasie-Nouvelle
Guinée ;
Des hautes terres d’Afrique de l’Est, où le système agraire révèle des fortes
pressions et inaccessibilités foncières, au point de déterminer de fortes densités,
fortes densités agricoles, car ne disposant que de faibles superficies, et
présentant des morcellements inadéquats pour une exploitation efficace :
Burundi, Rwanda, Mozambique, Ethiopie, Erythrée, Ouganda, Kenya,
Madagascar, terroirs de café et de thé.
Afrique de l’est avec les hautes terres : Burundi, Rwanda, Kenya, Tanzanie ;
Cette forte pression sur le foncier agricole se lit aussi dans la péninsule
indochinoise, -jusque dans ses périphéries -, perpétuant une longue tradition et
civilisation du riz : Bengladesh, Bhutan, Cambodge, Népal, Laos.
L’inefficience du système agraire a occasionné une urbanisation accélérée ;
Les fortes densités d’occupation humaine traduisent une inadaptation des
structures agraires ;
Une topographie offrant peu de possibilités à des pratiques agricoles ;
Des conditions édaphiques peu favorables (Laos, seulement 4% des terres
sont cultivables, Népal, 20 %)) ;
L’inefficacité des stratégies économiques au détriment des politiques
alimentaires a entraîné un exode agricole vers la ville (Afghanistan, Timor
Leste, Nigéria)
8
A l’échelle régionale ou continentale (Découpage de l’Onu).
Les pays présentant des taux de croissance urbaine négatifs sont d’abord et
principalement des îles, perçus comme des paradis fiscaux.
Les pays ayant les plus faibles taux de croissance, en valeur positive,
sont :
• Les pays de l’Europe médiane : Autriche, Suisse, Hongrie, Roumanie,
Tchéquie ;
• L’Europe du Nord : Royaume Uni, Belgique, Allemagne, Suède, les États
Baltes
• L’Europe du Sud : Portugal, Espagne, France, Italie, Monaco ;
• L’Europe de l’Est : Ukraine, Bulgarie, Géorgie ;
• Le Japon, la Russie, l’Uruguay.
Ces pays ayant les plus forts taux de vieillissement de la population, ont connu
plus tôt la révolution industrielle et, par conséquent, le phénomène urbain ; ils
ont atteint un niveau d’urbanisation des plus élevés au monde depuis
longtemps.
Toutefois, certains États, -fortement marqués par la mondialisation et
l’économie numérique-, laissent apparoir un relatif dynamisme de leur milieu
9
rural, car présentant un différentiel en faveur de la population totale au cours
de la même période, allant de 1950 à 2018 ; il s’agit en l’occurrence des :
ü Petites îles, considérées comme des paradis fiscaux ;
ü Principaux pôles financiers internationaux comme, d’abord des puissances pétrolières
que se sont reconverties dans les finances : il s’agit notamment du Qatar, du Koweït et de
l’Arabie Saoudite ;
ü Places de redistribution de capitaux, de placements et d’investissements, au moyen
fonds souverains comme Singapour, Bahreïn, Tadjikistan.
PED 1,00
PMA 1,52
Afrique 0,87
Asie 1,06
Europe 0,41
Amérique latine et
0,39
caribéenne
Amérique du Nord 0,04
Océanie 0,41
10
Puis à l’échelle des pays :
Nombre de pays ayant imprimé une large amplitude se caractérisent par :
ü Une relative faible superficie de leur territoire, entraînant de fortes densités
d’occupation humaine, surtout dans leur milieu rural. Il s’agit en l’occurrence des contrées
asiatiques fortement marquées par la civilisation de riz dont notamment le Vietnam, le
Cambodge, la Thaïlande, le Laos (4% des terres sont cultivables), le Népal (20 % de terres
cultivables) ou le Bengladesh (une des plus fortes densités du ponde (1 107 habitants au
kilomètre carré) ;
ü Une forte ruralité car les taux d’urbanisation y sont parmi les plus faibles au monde ;
ü La relative étroitesse de leur territoire : Bhutan, Lesotho, Swaziland, Rwanda, Bénin,
Togo, Burundi ;
ü Une inadéquation des structures agraires : les fortes densités d’occupation, bien
prononcées dans le milieu rural dénotent une inadéquation des structures agraires : les terroirs
du riz en Asie et les hautes terres de plantation de café et de thé d’Afrique de l’Est, avec
notamment l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya, le Mozambique. Ces pays présentent, pour
l’essentiel, des superficies très réduites : Burundi et Rwanda ;
ü Une aridité que la création urbaine tente de surmonter : Yémen, Oman, Mauritanie.
Différentiels de Taux de
Taux de
croissance, les plus croissance de la
croissance de la
importants, en faveur de population Différentiel
population totale
la population urbaine. urbaine de croissance
Botswana 7,56 3,39 4,17
Bhutan 6,83 2,97 3,85
Lesotho 5,91 2,20 3,71
Mauritanie 7,30 3,81 3,49
Swaziland 6,06 3,19 2,87
Bénin 5,91 3,22 2,68
Togo 6,08 3,44 2,64
Bangladesh 5,49 2,87 2,62
Tanzanie 6,61 4,05 2,56
Népal 4,92 2,43 2,49
Gabon 5,33 2,90 2,43
Oman 7,09 4,68 2,42
Burkina Faso 5,45 3,04 2,41
Angola 6,20 3,80 2,40
Rwanda 5,81 3,43 2,38
Burundi 5,53 3,15 2,38
Papouasie Nouvelle-
5,53 3,17
Guinée 2,36
Ouganda 6,58 4,26 2,31
Monténégro 3,14 0,88 2,26
Tuvalu 3,76 1,52 2,24
Mozambique 5,31 3,18 2,13
Chine 3,83 1,80 2,03
11
Les plus faibles différences concernent notamment l’Océanie, puis l’Amérique
du Nord et l’Europe : avec pays ayant enregistré plutôt une urbanisation,
constituant les premiers foyers industriels.
Différentiel (Urbain-Rural)
Monde 1,66
Pays développés 1,65
PED 2,40
PMA 2,83
Pays à revenus élevés 1,69
Pays à revenus moyens 2,30
Pays à bas revenus 2,39
Afrique sub-saharienne 2,63
Afrique 2,31
Asie 2,37
Europe 1,48
Amérique latine et
2,68
caribéenne
Amérique du Nord 1,44
Océanie 0,40
12
Un rattrapage urbain :
La forte croissance de la population urbaine comble un retard, d’où l’expression
de rattrapage urbain. Ce faisant, se dégagent des traits caractéristiques, -
communs à certains pays-, participant à la structuration des groupes :
Les pays pétroliers : Oman, Libye, Sao-Tomé, Guinée-Équatoriale, Angola,
Congo ;
Pays ayant connu la guerre : Liban, Haïti, Sahara occidental ;
Pays vers une industrialisation : Mauritanie, Brésil, Algérie, Turquie ;
Pays marqués par une forte littoralisation du phénomène urbain : Cap-
Vert, Gambie, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Ghana ; en réalité, il s’agit de pays à
activités portuaires occasionnant une tertiarisation « informelle », avec
notamment le Nigéria.
Des pays sahéliens marqués par une monoculture vulnérable aux mutations
économiques mondiales : Burkina-Faso, Mali, Niger, Tchad : enclavement,
aridité ;
Des pays du Golfe de Guinée, tributaire des plantations et des racines,
malaise des économies de plantation : Nigéria, Cameroun, mais le Togo et le
Bénin ont une faible étendue ;
De fortes croissances sont notées dans les pays pétroliers : Angola, Émirats
Arabes-Unis, Qatar Oman, Koweït, Arabie Saoudite ;
Des pays de hautes terres (montagnes et plateaux), faibles superficies, fortes
densités agricoles : Tanzanie, Kenya,
Du fait des fortes densités agraires.
Les pays du Moyen-Orient : Oman, Yémen : aridité, pétrole ;
Les pays de l’Asie du Sud-Est : Cambodge, Vietnam, Népal, Bhutan,
Bengladesh qui sont de faible étendue avec de fortes densités agraires ;
Concentration urbaine :
L’aridité est le premier facteur qui unit les pays, occasionnant une
concentration urbaine ;
L’exploitation pétrolière ou minière devient une opportunité de création ou de
transformation urbaine.
13
Avec 35 millions d’habitants, Tokyo représente de loin l’agglomération urbaine la
plus peuplée du monde, suivie de Mexico (18,7), New York (18,3), Sao Paulo
(17,9) et Bombay (17,4).
Des villes qui se multiplient rapidement :
L’augmentation du nombre de villes, liée souvent à l’accroissement de la taille
démographique e des établissements humain augurant une mutation spatiale,
et entraînant par conséquent un changement de statut, explique cette
dynamique de l’urbanisation et de la croissance urbaine.
Le nombre de grandes villes dans les pays en développement augmente
sensiblement, en même temps que sa population.
P- Amériqu
Taille des
Mond Dé PE Afriqu Amériqu e du
villes
e v D e Asie e Latine Nord
10 millions et
3 3 16 3 11 5 2
plus
5 à 10 millions 1,75 3 13 2 19 4 5
1 à 5 millions 5,83 3 9 24 8 8 3
500 000 à 1 3, 95
2 7 12 5 15 2
million
Le regard est souvent porté sur les grandes villes mais la majeure partie de la
population urbaine mondiale vit dans des agglomérations de taille
démographique beaucoup, plus réduite.
Une croissance soutenue par les petites et moyennes villes.
La quasi-totalité des villes devenues millionnaire ne l’étaient point en 1975 ; ces
villes se localisent principalement dans les PED, dont 60 % en Asie.
Des villes qui, concomitamment, croissent rapidement :
14
Le croît démographique du milieu urbain est notamment élevé dans les pays
émergents et dans les PED.
Les villes de l’Afrique de l’ouest et de l’Asie du Sud-Est sont les plus
dynamiques dans le monde.
L’URBANISATION
Le mot signifie d’abord aménager un espace géographique en zone urbaine.
Urbaniser revient à donner le caractère d’une ville à un lieu, faire acquérir
l’urbanité. La dynamique de l’urbanisation intègre tout ce qui ce qui lui paraît
différent, par la continuité du bâti.
L’urbanisation est un processus de transformation de l’espace naturel ou rural
en espace urbain impliquant des modifications dans la structure sociale des
sociétés et dans l’état de l’environnement (Jean-Philippe Antoni. 2009).
Le taux d’urbanisation.
L’urbanisation est un processus de transformation de l’espace naturel ou rural
en espace urbain impliquant des modifications dans la structure sociale des
sociétés et dans l’état de l’environnement. Evoquer l’urbanisation revient aussi
à analyser une dynamique.
Le taux d'urbanisation traduit le pourcentage de la population urbaine
incluse dans la population totale, vivant dans un pays donné. Il est aussi appelé
niveau d’urbanisation ; il est un rapport entre la population urbaine et la
population totale de l’entité spatiale considérée.
L’urbanisation du monde a été remarquable d’abord en Europe du Nord-Ouest
et en Amérique du Nord, à la fin du XIXème siècle.
Le taux d’urbanisation du monde est passé de 2,4 % en 1800 à 56 % en 2018.
En En
Taux d'urbanisation
1950 2018 Différence
MONDE 29,6 55,3 25,7
Pays-Développés 54,8 78,7 23,9
PED 17,7 50,6 33,0
PMA 7,5 33,6 26,0
Afrique Sub-saharienne 11,1 40,4 29,3
AFRIQUE 14,3 42,5 28,2
ASIE 17,5 49,9 32,3
EUROPE 51,7 74,5 22,7
AMÉRIQUE LATINE ET
CARIBÉENNE 41,3 80,7 39,4
AMÉRIQUE DU NORD 63,9 82,2 18,3
OCÉANIE 62,5 68,2 5,7
15
o En Amérique latine, la Bolivie, et le Paraguay plus pauvres paraissent moins
urbanisés ; l’Argentine, le Chili et le Venezuela, plus riches sont plus urbanisés ;
o En Afrique, le Gabon, les Etats du Maghreb ou l’Afrique du Sud ont des taux qui
dépassent la moyenne du continent.
Au demeurant, il n’existe pas à l’échelle des pays de lien étroit entre le niveau
de développement et le taux d’urbanisation.
D’autres facteurs conditionnent la concentration de la population urbaine et le
rapport d’urbanisation, comme les conditions naturelles d’établissement :
o Le froid ou la chaleur, conditions naturelles extrêmes, restreignent le nombre
de sites habitables ; ainsi les taux d’urbanisation sont très élevés en Sibérie, en Islande,
en Alaska, au Canada, en Arabie, en Australie ou au Sahara (Algérie, Libye, etc.).
o En milieu forestier intertropical, notamment en Amazonie, au Congo ou au
Gabon. En revanche, d’autres contrées sont marquées par la présence d’une forêt
luxuriante, empêchant tout développement agricole, ne favorisant guère l’installation
de populations sédentaires.
o La montagne apparaît aussi comme un milieu à faible empreinte urbaine ; à
titre d’exemple : le Buthan, le Népal, le Yémen, l’Ethiopie, le Rwanda, le Burundi ou le
Lesotho. En Europe, le milieu montagnard, suisse ou autrichien a le taux
d’urbanisation le plus faible d’Europe, tout comme la Bolivie, comparée au reste de
l’Amérique latine.
Les pays développés ont atteint des niveaux d’urbanisation très élevés mais il
faut se garder d’en tirer une conclusion hâtive quant à la relation que l’on
tenterait d’établir entre le niveau de développement et le niveau d’urbanisation.
Car, si sur le plan global, les pays développés ont un taux d’urbanisation parmi
les plus élevés (78,7%), l’Amérique latine et caribéenne (80,7%) dépassent
l’Europe (74,5%) et l’Océanie (68,2%), il faut aussi en convenir qu’en 1950, ces
deux entités continentales avaient déjà des taux relativement élevés, avec
respectivement 51,7 % et 62,5%.
Certes, l’Afrique (42,5%) et l’Asie (49,9%) enregistrent, en 2018, les taux les
plus faibles comme il en était déjà en 1950, avec respectivement 14,3% et 17,5%.
La plus forte progression a été enregistrée dans les pays en développement,
notamment en Amérique latine et caribéenne, ensuite dans les pays à revenus
intermédiaires.
Les pays développés d’Océanie et d’Amérique du Nord ont inscrit les plus faibles
avancées attestant un niveau de quasi-saturation a contrario du phénomène de
rattrapage urbain effectué par les PED. L’Afrique sub-saharienne a une
évolution similaire à celle du continent.
Les pays ayant les taux d’urbanisation les plus élevés, avec un niveau de
quasi-saturation sont principalement des petits États insulaires, puis des pays
pétroliers du Moyen-Orient et certains pays marqués par l’aridité comme Oman,
les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, et des paradis fiscaux, les pays scandinaves
et la vieille Europe (Allemagne, Royaume-Uni, Benelux), l’Europe du Sud
(Grèce, Espagne, France), Brésil, Colombie, Libye, Djibouti, Mexique, Pérou,
Costa-Rica.
Les pays présentant encore de faibles taux d’urbanisation sont pour
l’essentiel des pays ayant connu de très faibles taux d’urbanisation depuis 1950.
Il s’agit, en l’occurrence, des pays de l’Afrique des hautes terres, des pays
enclavés de l’Afrique l’ouest, de l’Océanie mais aussi des petites îles, qui, en
dépit de leurs activités dans la haute finance, - perçues comme des paradis
fiscaux-, présentent une ruralité encore vivace.
16
Les fonctions urbaines
Une fonction correspond au rôle caractéristique d’un élément dans un
ensemble donné.
La fonction urbaine est la «profession», «raison d’être»de la ville ; les fonctions
de la ville sont liées aux activités dominantes ; il s’agit des activité qui occupent
la plus grande partie des emplois (ex, ville industrielle, ville tertiaire).
Certaines villes se sont développées sur une fonction principale : Seattle (Boeing),
Clermont-Ferrand (Michelin) ou Richard-Toll (Compagnie Sucrière du Sénégal).
Mais les fonctions de certaines villes ont évolué et se diversifient.
La fonction est définie par rapport à des ensembles divers : région, nation,
système de villes, système économique, système social et politique…
Le regroupement des hommes pour mieux exercer certaines formes d’activités
participe de l’accomplissement de la fonction urbaine. La fonction urbaine est la
profession exercée par la ville, sa raison d’être ou son développement.
Le terme fait référence à un organe vivant, constitué de multiples cellules
vivantes, - car exerçant des activités -, dont les interactions sont nécessaires au
fonctionnement de la ville.
Toutes les fonctions coexistent dans la ville. Elles ont été réduites par
l'architecte Le Corbusier au slogan : habiter, travailler, circuler, se récréer.
§ La fonction résidentielle: la ville est avant tout le lieu de résidence pour ses
habitants.
§ La fonction productive :
o Industrielle : Elle est la caractéristique de la plupart des grandes villes qui se
sont installées autour des ressources du sous-sol, et ont drainé une masse
importante de main-d’œuvre ;
o Tertiaire : Elle regroupe les activités du tertiaire moderne :
Ø Fonction commerciale : places boursières et financières internationales abritant des
banques, bourses de valeurs, commerce, assurances, services divers, comme Shangaï,
Londres, New-York, Francfort, Paris, Milan, Abidjan, Tokyo, Singapour, Séoul ;
Ø Fonction intellectuelle : avec des villes universitaires comme Oxford, Paris ; centres de
recherche comme Silicon Valley ;
Ø Fonction touristique : avec des villes comme Venise, Nice, Rio de Janeiro, Marrakech, etc.
Ø Fonction religieuse : avec des villes comme Jérusalem, Nazareth, Fez, Nimzatt, Touba,
Tivaouane, la Mecque, etc.
Ø Administrative :
Ø La ville est le centre du pouvoir administratif et politique : capitale
politique, chef-lieu de circonscription administrative.
§ L’inventaire des professions exercées dans la ville, par les villes, exclut toute
activité agricole et autorise l’établissement d’une typologie selon l’importance de
certaines activités qu’on y retrouve. Il s’agit en l’occurrence des activités exercées par
ses habitants. Ce faisant, l’on peut établir une comparaison entre les genres d’activités,
une hiérarchie des industries ou une différenciation dans les activités tertiaires.
La forme urbaine :
La croissance urbaine, se manifestant entre autres par une forte poussée
démographique, a entraîné une installation des populations dans des zones de
plus en plus éloignées du centre originel ou primitif.
L’évolution de la répartition des activités urbaines contribue à la configuration de
la forme urbaine. Mais certaines villes subissent de fortes contraintes
topographiques.
Une agglomération se divise en deux entités spatiales : un noyau central et une
zone périphérique. Toutefois, il paraît difficile de délimiter le noyau central tout
comme les limites extérieures de l’agglomération. Mais la morphologie du bâti,
la densité de l’occupation ou la densité de population s’avère déterminante.
L’extension des activités, les aménagements et la poussée démographique ont
modelé l’espace urbain. Des contrastes avec des densités ans les centres fortes et
relativement faibles dans les périphéries.
De même, la forme urbaine est de plus en marquée par la verticalité des
constructions dans le centre et, par le caractère étiré voire étendu du bâti,
marquant une certaine horizontalité dans les périphéries.
Le développement des moyens de transport configure la forme de l’étendue
urbaine. De l’aspect tentaculaire se lit au fur et à mesure que les voies de
communication se créent. Cette diffusion du bâti dans des zones présentant de
plus faibles densités d’occupation, est perçue comme un étalement urbain.
Les trames viaires, orthogonales ou radio-concentriques, dessinent les paysages
urbains.
Somme toute, la forme urbaine procède des réseaux structurants, dont la vitesse
d’évolution est tributaire du parcellaire.
18
La structure urbaine
ü Aménagement urbain ;
Des vastes zones sont aménagées pour recevoir des équipements ou faire
fonctionner des activités. Ce faisant, la détermination des espaces publics, des
zones d’activités, industrielles, commerciales ou résidentielles et la mise en
place des réseaux consacre une politique de développement urbain.
La dynamique urbaine n’est pas maîtrisée par l’homme ; l’essentiel des
politiques urbaines est consigné dans un plan d’aménagement comme pour
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rattraper le rythme ou les débordements mais, dans la réalité, il s’agit plus d’un
plan d’équipement et d’urbanisation.
Le desserrement du centre-ville et l’expansion des banlieues ont favorisé
l’étalement urbain.
Dans les pays à économie planifiée ou dans les PED sont notés des problèmes
mettant l’accent sur la pauvreté, l’irrégularité des installations ou
l’inadéquation des habitats, la polarisation ou des disparités spatiales, la crise
économique, le chômage, des problèmes de santé publique, la congestion de la
circulation automobile, la pollution ou les nuisances environnementales.
En effet, dans les pays développés apparaissent des phénomènes de
banlieusardisation, de gentrification ou de ségrégation spatiale.
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