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FACULTE DES SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA

SOCIETE

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
GEO 114

INTRODUCTION A LA GEOGRAPHIE
URBAINE

Niveau d’étude
Licence 2 (UE GEO 114)
Semestre : Mousson
BIBLIOGRAPHIE SIGNALITIQUE
COUCHEY A., 1996 : Histoire de l’urbanisme, EAMAU, 102 p.
BANEVOLOVO L., 1999 : Histoire de la ville, Ed. Parenthèses
ERNESTO A., SOLAR, 2002 : Les 1ères civilisations urbaines aux nouvelles tendances
contemporaines, CDDP,
OLIVEIRA A., 2002 : Analyse morphologique des systèmes urbains à l’architecture de la ville : la
ville antique. Ed. Seuil, 33 p.
Beaujeu-Garnier Jacqueline, 1980 : Géographie urbaine. Armand Colin, Paris, 354 p.
HAUMOND Bernard, 2011 : Hiérarchie et armature urbaine. In : Revue française de sociologie, 2-9,
pp 251-256.
ADEF, 2011 : Aménagement opérationnel : la formation des prix fonciers urbains. Certu, n° 11, 12
p.
Anne-Lise Humain-Lamoure, Antoine Laporte, 2017 Introduction à la géographie urbaine, 208p

Sommaire
Introduction
1. Question sur les notions de la ville
1.1. Critères de définition de la ville
1.2. Terminologies urbaines
2. Processus d’urbanisation dans le monde
2.1. Naissance de la ville
2.2. Diffusion temporelle et spatiale du fait urbain
3. Organisation et composition de la ville
3.1. Eléments extérieurs à la ville : site et situation
3.1.1. Site et sitologie de la ville
3.1.2. Situation de la ville
3.2. Composition de l’espace urbain
3.3. Plans des villes
3.4. Modes d’extension de l’espace urbain
4. Contenu de la ville : fonctions et population urbaine
4.1. Fonctions de la ville
4.2. Population urbaine
Conclusion
Objectif général
Cette unité d’enseignement vise à assurer aux étudiants une meilleure connaissance de la ville en
termes de sa définition, sa naissance, sa diffusion dans le monde, son organisation, son extension
spatiale, son fonctionnement et ses caractéristiques.

Objectifs spécifiques
Déterminer les critères de définition de la ville ;
Maîtriser les notions urbaines ;
Connaître les indicateurs de mesure du fait urbain ;
Décrire le contexte de naissance de la ville
Déterminer les phases de l’évolution du phénomène urbain dans le monde ;
Déterminer les facteurs ;
Identifier les éléments extérieurs à la ville et décrire leur importance ;
Déterminer les composantes de l’espace urbain ;
Décrire les plans des villes ;
Déterminer et expliquer les modes d’extension de l’espace urbain ;
Déterminer et décrire les fonctions de la ville ;
Décrire les caractéristiques de la population urbaine ;
INTRODUCTION
Ponctuelle et très modeste dans le passé, la ville est aujourd’hui un fait planétaire et se manifeste avec la
constitution de grandes agglomérations. Partout dans le monde, s’affirme la croissance et la prééminence
des villes, et depuis 2007, le monde compte plus d’urbains que de ruraux. Enjeu politique, économique et
socioculturel, la ville est le (pilier) support du développement et des politiques d’aménagement du
territoire, et les pays les plus urbanisés sont également les plus développés. Quels sont les critères de
définition d’une ville ? Comment la ville est-elle née et comment le fait/phénomène urbain a-t-il évolué
dans le temps ? Quelle est l’importance d’une ville ?
Ce cours d’introduction à la géographie urbaine permet de connaître la ville sous ses différents aspects,
en termes de définition, de naissance, de diffusion, ses particularités, son organisation, des pratiques qui
guident son extension et ses fonctions.

Chapitre 1. La ville, un objet complexe à appréhender

La ville est devenue un champ essentiel d’étude en sciences sociales. La transformation récente de
l’adjectif « urbain » en substantif (« urbain ») contribue à faire du terme un élément central de
réflexion sur des sociétés contemporaines devenues majoritairement citadines. La ville peut être
définie comme la concentration, sur une portion d’espace réduit, de population, d’activités, de
bâtiments et d’infrastructures. Mais cette rapide définition a le défaut de ne proposer aucune
délimitation claire. Or il est souvent nécessaire de cerner une portion d’espace, ne serait-ce que
pour pouvoir quantifier les phénomènes urbains et les comparer au cours du temps ou d’une région
et d’un pays à l’autre.
La ville est aussi un territoire vécu, régulé et aménagé, que les institutions tentent de définir et d’étudier en
fonction de leur histoire et de leur tradition politique. Il en résulte une multiplicité des définitions légales
d’un pays à l’autre, voire au cours du temps dans un même État. Cette forme d’organisation spatiale aussi
bien que territoriale est complexe car son agencement varie beaucoup selon les sociétés, les cultures, les
époques. Et elle évolue rapidement – la plupart des villes connaissent une extension rapide de leur bâti qui
rend complexe et floue la délimitation entre ville et campagne. Cerner le « fait urbain » plus que la ville
devient donc un enjeu de la géographie urbaine.
Depuis 2010, on considère que la moitié de la population mondiale, soit environ 3,5 milliards de
personnes, vit en ville.

1. Question sur les notions de la ville


La notion de la ville est complexe, et sa définition fait appel à plusieurs critères : quantitatif, économique
et architecturel.
1.1. Critères de définition de la ville
La définition de la ville est un cumul de critères : critère statistique, critère fonctionnel et critère du
paysage/aspect de la ville.
1.1.1. Quantitatif, critère relatif à la population
C’est un critère statistique qui se base sur le nombre de la population, et cette dernière se réalise à travers
les mécanismes démographiques (natalité, mortalité et migration comme causes). Ainsi, est ville, une
agglomération qui a un nombre important d’habitants. France, Allemagne, Israël, Cuba (2000 hbts),
Canada (1000), USA, Mexique (2 500), Inde, Autruche, Cameroun (5000 hbts), Portugal, Jordanie, Bénin,
Mali, BF (10 000), Corée du Sud (40 000), Japon (50 000), Island (300), Danemark, Suède (200 hbts),
Canada (1000), etc.
Ce critère permet de mesurer le phénomène d’urbanisation en calculant le taux d’urbanisation.
Taux d’urbanisation : Pourcentage des urbains ou la proportion de la population vivant dans les villes
dans un pays, une région, un continent par rapport à la population totale. On obtient ce taux en divisant la
population qui vit en milieu urbain par la population totale, le tout multiplié par 100 : TU = PU/PT x 100).
Mais, le rythme d’accroissement de la population urbaine dans le temps s’apprécie par le calcul du taux
d’accroissement urbain (TAU). Il mesure le pourcentage de variation de la population urbaine au cours
d’une période. (TAU = P1-P0/P0x 100).
Le critère numérique à travers des seuils montre des limites de définir la ville. Ils définissent ainsi une
ville plurielle, et les Nations unies montrent qu'il en existe près de 200 seuils à travers le monde. Une
autre limite de ce critère est que certains pays n’ont pas de seuil : Ex : Togo : « Toute agglomération qui
abrite un chef-lieu de préfecture ou de sous-préfecture est une ville ».

1.1.2. Fonction économique et le tertiaire : critère fonctionnel capital


La ville est considérée comme un lieu de concentration des activités non agricoles, c’est-à-dire des
secteurs du secondaire et du tertiaire. Ces activités regroupent le commerce de toutes dimensions,
activités de services des particuliers aux entreprises, banques, industries, administration. Ces fonctions
font de la ville, un lieu de production libérale et d’existence d’une masse financière, donc elle est par
essence un important lieu marchand propice au capitalisme. Qu’il s’agisse de construire des bâtiments
résidentiels ou non, de faire de l’urbanisme (aménagements), d’honorer Dieu (églises) ou d’abriter les
malades, rien ne se fait sans argent. Les Marxistes et Libéraux reconnaissent ainsi la notion de profit à la
ville. Pour les Marxistes, cet aspect de la ville comporte des conséquences désastreuses sur la structure
sociale et l’écrasement de la valeur du travail, les libéraux relevant au contraire un rôle moteur dans les
motivations de l’entreprise et les retombées sur l’expansion et l’emploi.

1.1.3. Architecture de l’espace urbain


Le paysage urbain est l’aspect visible de la ville, et il est symbolisé par une architecture particulière :
densité des immeubles, continuité du bâti, des immeubles à plusieurs niveaux, maisons en matériaux
modernes, existence des rues, des boulevards, la présence des monuments, etc.
Les maisons en hauteur font apparaître deux dimensions (espaces) qu’exploite la ville : espace terrestre
(horizontal) et espace aérien (vertical). Un troisième espace invisible est espace souterrain, important
pour l’extension des réseaux divers et autres. L’ensemble de ces trois dimensions constitue le volume
urbain. Lorsque l’espace aérien est intensément exploité (importance des immeubles et gratte-ciel), on a
une ville verticale (faible emprise au sol ), mais lorsque la ville s’étend plus sur l’espace terrestre (faible
présence des maisons à plusieurs niveaux), on a une ville horizontale ou étalée (forte emprise au sol :
conséquence : investissements urbains élevés, forte consommation du sol, faible rentabilité des
équipements de base, etc.)
Politique d’extension urbaine est orientée aujourd'hui vers l’exploitation optimale de l’espace aérien et
espace souterrain.
De ces critères de définition, il se révèle que la ville est plurielle et sa définition est complexe. Elle
recouvre une foule de réalités différentes, c’est pour cela qu’il vaut mieux parler des villes plutôt que de
la ville.

1.2. Terminologies/Notions urbaines


On sait fort bien qu’il n’y a pas de science sans un langage clair et précis. Une profusion de termes est
utilisée pour désigner les faits urbains. C’est pourquoi nous tenterons de préciser la signification des
termes et des expressions les plus courants pour comprendre la le domaine urbain.
urbanisation: L’urbanisation désigne un processus spatio-temporel de développement des villes et de
concentration de la population dans les villes. Il a conduit une partie aujourd’hui majoritaire de la
population mondiale à y résider. Il peut être décrit à différentes échelles et s’opère dans des rythmes très
divers d’un continent ou d’une région à l’autre.
Quartier : Unité homogène de peuplement avec une certaine conscience d’appartenance à cette unité.
Commune urbaine : Unité administrative délimitée par des frontières précises et dirigée par un maire.
Elle peut être plus petite ou plus grande que la ville elle-même. La commune urbaine ayant des frontières
précises a une superficie définie en hectare.
Agglomération urbaine : Ensemble formé par la commune et ses banlieues. Cet ensemble forme un
espace du bâti continu.
Banlieue : zone ou couronne d’habitation située proche de la ville centrale ou à la périphérie de la ville,
et qui est intermédiaire entre la ville et la campagne.
Îlot : encore appelé en urbanisme pâté de maisons est une unité urbaine constituée d’un ensemble de bâti
et délimité par des rues.
Pôle urbain : unité urbaine qui offre au moins 5000 emplois et qui n’est pas située dans la couronne
périurbaine d’un autre pôle urbain.
Ville-centre : Lieu de concentration de population, de richesses, d’informations, de capacités
d’innovation, de pouvoirs de décisions et de moyens d’action. Il est la commune la plus peuplée dans une
agglomération d’organisation monocentrique dont elle est la source et qui lui donne son nom.
Centre-ville : Partie active de la ville où s’accumulent équipements, commerces et services rares et qui
fait l’objet de la plus intense fréquentation diurne. Il ne s’agit pas nécessairement du centre historique des
villes, ni du centre géométrique.
Aire urbaine : Espace défini par la couronne périurbaine et le pôle urbain. La délimitation des zones
d’influence se mesure selon différents indicateurs comme l’aire de chalandise des commerces, l’aire de
distribution d’un journal, etc.
Métropole : Elle désigne la ville-mère qui joue le rôle de capitales régionales, de grands centres d’affaires
dont la compétence s’étend sur une fraction du continent. La métropole possède des fonctions de
commandement, des sièges sociaux, du tertiaire supérieur. Employé souvent de diverses manières on a
suivant les cas ajouté un adjectif: régional, national ou mondial. Pour l’ONU-Habitat, ce terme désigne
une ville ayant une population comprise entre 1000 000 et 5000 000 d’habitants.
Mégalopole : Il désigne la ville principale d’une région géographique ou d’un pays, qui par sa grande
population et ses activités économiques et culturelles permet d’exercer des fonctions organisationnelles,
etc. Pour devenir une mégalopole, il faut cependant réunir les conditions suivantes : Fonction de carrefour,
Niveau élevé de développement économique avec influence mondiale, Fort peuplement (plus de 5
millions de personnes), Forte représentation du secteur tertiaire avec des activités affirmées dans la
finance et la haute technologie.
Conurbation est un type particulier d’agglomération multipolaire due à la croissance parallèle et la
coalescence de plusieurs agglomérations voisines composées de villes-centres et de leurs périphéries
urbanisées.
Ville nouvelle : C’est une agglomération créée ou aménagée à la périphérie relativement lointaine, une
quarantaine de kilomètres au moins, de la grande métropole pour maîtriser l’asphyxie de la métropole.
Elle découle d’une planification urbaine.

2. Processus d’urbanisation dans le monde


L’origine de la ville est très ancienne. Les premières villes datent du 7 ème et du 6ème millénaire avant JC
en Asie Mineure et au Moyen-Orient.
2.1. Conditions de naissance de la ville
La civilisation urbaine aurait fait son apparition après la révolution agricole du néolithique. Cette
révolution du néolithique aurait permis entre 9000 et 5000 avant JC des découvertes en Orient: la
domestication des animaux (élevage) et la culture des végétaux. Ce qui permit aux hommes de modifier
leur économie. On passe ainsi de l’économie de cueillette à une économie de production. Les hommes qui
étaient nomades deviennent des sédentaires. Cette sédentarisation conduit à l’apparition d’une classe
sociale sans contact avec la nature (artisans, des commerçants, guerriers, prêtres, etc.), aux regroupements
humains en communautés donnant naissance aux premiers villages: c’est la naissance de la vie urbaine.
La spécialisation fit son apparition, les agriculteurs produisaient pour se nourrir et nourrir les non-
agriculteurs : c’est la division sociale du travail et des échanges. Les premières traces de villages ont été
trouvées dans les vallées en Asie mineure (Mésopotamie, vallées de l’Indus et Moyen Orient). Plus tard,
le phénomène s’étend en Chine du Nord et en Amérique centrale (Inca). Elles étaient généralement très
modeste, et on y distinguait une importance de spécialistes (commerçants, prêtres, artisans, chefs de guerre
et soldats, etc.), signes des fonctions urbaines. Ce fut le cas de Jerricho, çatal, Hoyuken, etc. De cette
période, on distingue trois étapes historiques dans le processus d’urbanisation.

2.2. Diffusion de l’urbain dans le monde


Depuis ce fait, le phénomène urbain a évolué avec de nouvelles civilisations. On distingue les villes de
l’antiquité (-52 à 476), les villes médiévales (Moyen âge : 476-15è siècle) et villes contemporaines (19è
siècle) (villes industrielles, les villes coloniales et les villes post-coloniales).

2.2.1. Villes de l’antiquité


Elles étaient des villes modestes qui comptaient dans leurs murs une grande majorité d’agriculteurs à côté
d’une classe de spécialistes (commerçants, prêtres, artisans, chefs de guerre et soldats). Ainsi, les
fonctions urbaines commencent à se diversifier. Ces villes de l’antiquité avaient une connotation négative,
car considérées comme cités parasites/villes rentières (vivant de l’espace rural par la rente foncière,
consommatrice de l’espace)
Exemples : villes de Troie, Thèbes, Babylone, Athènes, Sparte, Lutèce/Lutetia (ancien nom de Paris),
Thésée, Thèbes,

2.2.2. Ville de l’époque médiévale/Moyen Âge


Durant le moyen âge du 3ème au 11ème siècle, sous l’influence des Romains et des Grecs, des cités
religieuses et marchandes se développent en centres urbains (Londres, paris, Bruges/Gênes) et de
nouvelles villes apparaissent autour des monastères et des châteaux surtout en Europe.
Au 3ème siècle, des cités naissent autour des monastères (conception de la ville romaine était orientée vers
un ordre cosmique), et elles étaient placées sous la protection des dieux. Entourées de remparts (ligne de
protection magique) interrompue à certains endroits par des entrées, elles sont bien distinctes de la
campagne. La muraille rendait ces villes autonomes et incapables de contrôler la campagne et de
s’étendre.
Ces villes sont bâties selon un plan géométrique, et il apparaît dans leur espace, des rues, des édifices
publics, la place du marché, les grands espaces, etc.

Au 11ème siècle, l’expansion économique et la mise en place des structures originales par la civilisation
chrétienne vont conduire à l’essor et au développement de la ville médiévale.
Ces villes remplissaient certaines caractéristiques : naissance est sacrée, les grands rites accompagnaient
leur édification et sont : la prise d’auspice (signes visibles montrant que les dieux ne s’opposent pas à leur
établissement), l’orientation (consiste à orienter la cité à partir de deux rues N-S, E-W), la limitation
(marque les limites de la ville future) et la consécration (consiste à placer la cité sous la protection des
dieux).
Mais, les populations de ces villes restent très modestes (Reims : 5000 à 6000 hbts). Ces formes de villes
ont été observées sur d’autres continents : Timgad, Djemila (Afrique du Nord), Priène (Asie Mineure).

2.2.3. Les villes de l’époque contemporaine


La période contemporaine a vu naître de nouvelles villes : villes industrielles, villes coloniales et villes
post-coloniales.
- Villes de la période industrielle : ce sont des villes qui sont niées avec la révolution industrielle entre
le 17ème et 19ème siècle.
Processus : En Europe, la révolution industrielle a permis le développement du machinisme agricole qui
a débouché sur la révolution agricole. La modernisation des moyens de production agricole entraîne une
productivité de plus en plus élevée et une production de masse qui permet de nourrir l’ensemble des ruraux
et des citadins. L’agriculture dans ces conditions n’a plus besoin de toute la main d’œuvre rurale. Ce qui
conduit à une augmentation des surfaces cultivables (certains paysans vendent leurs terres) et à une baisse
de la demande de la main d’œuvre agricole. Il naît alors dans les campagnes des paysans sans terre et un
chômage rural. Le surplus de la population en chômage ou sans terre migre massivement vers les centres
industriels naissant. Ces centres s’agrandissent en populations et en superficie devenant des villes
industrielles. C’est à partir de ce processus que les villes industrielles se sont développées en Europe
occidentale entre le 17 et 18ème siècle : c’est la première explosion urbaine. Ce processus atteint par
après le continent nord américain (USA, Canada) puis une partie de l’Asie notamment le japon et les
enclaves aujourd'hui industrielles de Hong Kong, Corée du Sud, Singapour.
A ces périodes, les villes étaient relativement importantes et atteignaient quelques milliers d’habitants. Le
développement des transports ferroviaires a facilité les déplacements massifs des ruraux et la structure
grandissante de ces villes.

Ainsi, par la révolution industrielle (les progrès techniques, les exigences économiques et les pressions
sociales) apparaissent de nouveaux éléments changeant profondément le paysage urbain : nouvelles rues,
nouveaux bâtiments, modes de circulation, centres de pouvoir, spécialisation de l’espace, distinction entre
l’espace piétonnier et celui du véhicule, création des trottoirs qui sépare en théorie le monde piéton de
celui du déplacement rapide, l’apparition des lampadaires qui remplacent les lanternes à huile, etc.
-Villes pré-coloniales, coloniales et post-coloniales : villes du Tiers monde : Elles concernent les villes
pré-coloniales, coloniales et les villes post-coloniales. Le fait urbain dans le tiers monde, plus précisement
en Afrique date d'avant l'invasion de l'Afrique par les Européens. On y on recensait les villes comme
Kombi Saleh, Niani, Aoudaghost, Djené, Gao, Tombouctou. Au début du 20ème siècle, le fait urbain atteint
les colonies dans tous les continents (Amérique latine, Asie et Afrique), et devient dès lors un fait
planétaire.
Pour administrer les territoires conquis et encadrer les populations, les pouvoirs coloniaux avaient créé
des postes, sièges des pouvoirs locaux, et qui étaient des centres urbains. Ces villes ont connu un
accroissement de leur population, surtout au lendemain de la DGM. A la fin de la DGM, le phénomène
est devenu accéléré. L’explosion urbaine qu’a connue l’Europe atteint ainsi le monde entier grâce aux
progrès de la médecine et aux déplacements massifs des ruraux : c’est la deuxième phase de l’explosion
urbaine. Mais contrairement à ce qui s’était produit en Occident, cette croissance précède le progrès
économique au lieu d’en précéder.
Les villes du TM sont des villes jeunes et à croissance rapide (Taux d’accroissement urbain compris entre
6 -15% par an).
-Villes post-coloniales : villes qui sont nées après les indépendances dans les anciennes colonies, et le
phénomène continue jusqu’à nos jours.
Le processus d’urbanisation qui se produit dans les PTM conduit à des capitales démesurées, difficiles à
maîtriser et à gérer.
La population urbaine est passée de 2% en 1800 à presque 30% en 1950 ; 50% en 2000, et depuis 2007,
la population mondiale vit en majorité dans les villes : c’est un nouveau fait du monde contemporain.
Résultat du processus d’urbanisation actuel dans le monde: le phénomène urbain est devenu
planétaire. On a de nombreuses villes, la majorité de la population mondiale vit en ville, les métropoles
millionnaires sont très nombreuses.
Si dans les pays développés, le taux s’est stabilisé à environ 80% de la population vivant dans les zones
urbaines (2010), dans les pays en développement, le phénomène reste relativement faible, en dessous de
40% en 2010, mais le processus d’urbanisation dans ces derniers pays est inquiétant de part son rythme
de croissance qui défie toute projection. C’est en Afrique, en Amérique latine et en Asie que
l’accroissement urbain est alarmant de par son ampleur.
Cette urbanisation explosive conduit à la formation de grandes métropoles même des mégapoles telles
que Tokyo (26,4 millions d’habitants en 2015), New York (17,4 millions en 2015), Bombay (26,1M),
Lagos (23,2M), Dhaka (21M), Sao Paulo (20,4M), Mexico (19,2M), Caire (13,8M), etc. En 1950, il y
avait dans le monde une seule ville qui avait au moins 10 millions d’habitants (New York), en 1975 (5
villes), 19 mégapoles en 2000 et 23 en 2015. Les pays connaissant cette urbanisation explosive sont les
PTM.
Malheureusement, l’urbanisation du monde s’accompagne de nombreux problèmes : croissance
démesurées des grandes villes, émergence des faits sociaux (bidonvilles : ex. 60% de la population urbaine
d’Afrique vivent dans des bidonvilles, vices sociaux : ex. ville : laboratoire social : elle a servi de point
de départ pour l’étude de thèmes sociologiques : travail délinquance, formes de ségrégation socio-
spatiale/fragmentation spatiale dans les villes du TM: inégale répartition dans l’espace urbain de groupes
caractérisés sur une base sociale ou ethnique (quartier pauvres/quartier riche ; quartier chrétiens/quartier
musulmans ; quartier colons/quartier Noirs ; quartier stable/quartier inondé ; quartier luxueux/quartier
précaire, quartier des autochtones/quartier des étrangers, quartier ancien/quartier neuf, quartier
moderne/quartier traditionnel, quartier des hauts fonctionnaires et cadres/quartier des ouvriers, quartier
de colline, de plateau/quartier de plaine, etc.), difficultés d’accès à la voirie, aux infrastructures, de
circulation, d’approvisionnement en eau potable, d’éclairage et d’énergie, d’une mauvaise organisation
de l’espace interne avec des faibles densités, de logement, de surconsommation de l’espace, de
dégradation de l’environnement, etc. En un mot, une crise urbaine sans précédente qui montre des poches
de pauvreté et de misère qui se manifestent dans les espaces urbains d’abord par le logement, la qualité
des zones bâties. Tout ceci cache ou annihile les avantages de la ville.

3. Organisation de l’espace urbain


3.1. Eléments extérieurs à la ville: site et situation
Site et situation sont des conditions spatiales du développement d’une ville. Jadis, ils relevaient du
déterminisme, ce courant de pensée étant actuellement abandonné par les géographes qui tiennent
cependant compte dans leurs études des données du milieu naturel.

3.2.1. Site des villes et sitologie urbaine


Le site d’une ville est à une échelle plus locale, donc involutive. Il concerne plusieurs particularités du
milieu où se trouve la ville. D’une conception de géographie physique, le site est la configuration propre
du lieu occupé par une ville et qui lui fournit les éléments de la vie matérielle et les possibilités
d’extension : ravitaillement en eau, stabilité ou instabilité des aménagements, matériaux de construction,
possibilités d’extension, la potence, etc. Il regroupe les faits physiques (Ex : topographie de plaine offre
espace pour extension facile de la ville, réduit les investissements d’aménagement, topographie de pente
entrave l’extension et augmente investissements d’aménagement), géologiques, climatiques,
hydrologiques, topographiques, pédologiques, floristiques qui constituent le cadre, l’assise de la ville. Ces
éléments sont considérés comme des potentiels que l’on peut utiliser ou négliger. Ils sont l’objet de la
sitologie, entendue science nouvelle qui vise d’une part à évaluer l’impact des faits physiques sur la
naissance, le développement de la ville mais aussi à éclairer, guider les opérations d’urbanisme
contemporain, spécialement les zonages. Elle vise à préparer le « chaque chose à sa place » pour le
meilleur fonctionnement économique et social.
On distingue le site primitif (conditions géographiques du lieu précis où s’est faite l’implantation de la
ville) et le site d’extension/développement, constitué des aires permettant l’expansion future de la ville.
Lorsque la ville présente plusieurs possibilités différentes, adaptées aux nécessités de chaque époque, on
parle de site de rechange.

3.2.2. Situation d’une ville et ses composantes


La situation est la position générale d’une ville par rapport aux grands ensembles géographiques physiques
ou économiques. C’est un concept régional et évolutif dans le temps. La situation se fonde sur certains
principes tels :
La centralité : elle se manifeste par la localisation centrale de la ville. Les capitales ont été
fréquemment créées parce qu'elles occupaient un lieu géométriquement central dans le pays : Ex :
Madrid en Espagne, Brasilia au Brésil, Abuja au Nigéria, Yamoussoukro en CI, etc.
Le contact : il permet la complémentarité, les échanges entre deux milieux, deux espaces ou économies
différentes. C'est le cas de tous les littoraux au contact terre-mer, générateur de villes portuaires à
condition que le contact soit utilisable. C'est aussi le cas des marges ou périphéries territoriales.
Le croisement et la confluence : espaces de relais nécessités par la circulation constituent des positions
stratégiques recherchées. D'autres villes sont nées et ont grandi sur des nœuds ou des points singuliers
ferroviaires (Anié au Togo, Santa Fe aux USA, etc.).
Tout ceci est fondamental dans l’implantation d’une ville ou influence le processus de développement
d’une ville.
3.2. Composantes de l’espace urbain
L’espace urbain est composé de plusieurs éléments : quartiers, espace ouvert, espace couvert, bâti.
Quartiers : On en distingue plusieurs types dans l’espace urbain : quartier administratif, quartier
commercial, quartier industriel, quartier résidentiel. Ces quartiers forment des zones distinctes l’une de
l’autre dans une approche de spécialisation. Les conséquences qui découlent d’une telle organisation sont
énormes, et on s’orient plus vers la politique de mixité urbaine.
Voirie : elle regroupe l’ensemble des voies de dimension variable, et destinée aux véhicules qui doivent
circuler facilement. En milieu urbain, on distingue quatre types de voies : voies structurantes, voies de
transit (contournement), voirie inter-quartier (assure liaisons inter-quartiers : avenues, boulevards), voirie
de desserte (, voirie d’îlotage, voirie de distribution (dans le quartier)
Habitat: Il est composé d’immeubles caractérisés par leur âge, leur style, leur élévation, mais aussi par
les vides urbains et les espaces publics (places, parcs, jardins, patrimoine, etc.) C’est donc une
combinaison complexe variée du plein et des vides qui engendre une structure appelée le tissu urbain. Ce
dernier en association avec la voirie forme la trame urbaine. La trame urbaine, une fois établie est
difficilement modifiable, car il est fort coûteux de déplacer la voirie et tous les réseaux qui se trouvent
sous sa surface.
Espaces : ils se composent des espaces bâtis constitués de maisons et des espaces vacants (non bâtis) : on
a espaces libres privés (annexes des immeubles voisins : cours, jardins ou terrains vacants stérilisés par la
spéculation) et espaces libres publics (rues, places, jardins et terrains de jeux).
3.3. Plans des villes
Le plan recouvre trois réalités à trois échelles différentes : forme générale d’une agglomération
(macroforme), plan structuré par la trame viaire (tracé des voies) et plan/maillage de détail (secteur de
ville).
Au début, les villes s’agrandissaient de manière anarchique sans plan préconçu au gré des aspérités, c’est-
à- dire des contraintes et inégalités du terrain. Malgré la prolifération dans le temps et dans l’espace du
fait urbain, la morphologie des plans urbains se limite encore à un très petit nombre de formes simples:
plan quadrillé, plan radioconcentrique, plan linéaire et disposition désordonnée.

3.3.1. Le plan radio-concentrique


Les quartiers s’organisent en cercles concentriques du centre à la périphérie. Les axes qui relient le centre
de la ville à l’extérieur forment des rayons, et les voies de communication circulaires, appelées boulevards,
coupent des voies radiales de circulation qui débouchent autour d’un marché, d’un établissement cultuel,
etc. C’est est le plus répandu parmi les vieilles villes datant du Moyen Age. D’une façon générale des
auréoles concentriques disposent harmonieusement la ville autour d’un centre d’où partent en étoile les
artères que croisent des rues circulaires. Lorsque la topographie n’offre pas tout son pourtour pour
l’extension de la ville (littoral ou grand fleuve, montagne), ce plan prend une forme semi radio-
concentrique.
Avantages : Le plan radioconcentrique est avantageux parce qu’il met en valeur un point central,
qu’il évite la monotonie de l’échiquier, qu’il s’adapte bien au relief, on peut gagner facilement le
centre à partir de la périphérie, ce qui renforce sa position en tant que quartier des affaires et des
services publics.
Inconvénients : Il y a d’abord la difficulté de construction notamment des maisons voisines du point
central situées entre deux rues rayonnantes et qui sont trop étroites, la délimitation des parcelles est
très coûteuse ; complexité des fonctions des grandes villes modernes qui peuvent difficilement se
contenter d’un seul centre, les distances sont allongées par les arcs de cercle, les blocs de
constructions ont des formes irrégulières.
3.3.2. Le plan quadrillé/damier/orthogonal/échiquier
Il est mis en place par hippodamien, d’où son nom de plan hippodamien. Les grands axes se
recoupant perpendiculairement. La trame est géométrique et les rues se coupent à des angles droits. Il peut
être suggéré par des particularités du site qui est horizontal. Il est le plus répandu et il se retrouve dans la
plupart des banlieues récentes des grandes villes.
Avantages : il permet des alignements de façade, des tracés rectilignes et aérés, une organisation
rigoureuse de l’espace, facilite des opérations de délimitation des parcelles, facilité l’établissement
des plans, facilite la vente des parcelles, facilite l’adressage et le repérage. C’est le plan idéal pour
la spéculation.
Inconvénients : Une monotonie désespérante de l’ensemble urbain ; inconvénients pour la
circulation (les angles droits créent des itinéraires en baïonnettes qui engendrent une perte de temps
et un allongement des trajets qui entraînent des risques d’accidents aux carrefours). On a tenté de
pallier ce défaut en perçant de grandes diagonales dans les échiquiers construits. Ces diagonales
obligent malheureusement certains îlots à se terminer en pointes ; une inadaptation aux rigueurs du
climat (le vent et le soleil prennent les rues en enfilade) ; des difficultés d’adaptation au terrain (le
plan en damier suppose l’horizontalité du terrain. Dès que celui-ci s’accidente, les rues prennent
une pente trop forte).

3.3.3. Plan linéaire


La ville se développe le long d’une grande voie qui traverse l’agglomération, les quartiers ont souvent des
plans différents en fonction des époques de construction, les liaisons entre les différentes parties de la
ville sont médiocres ou même mauvaises. Il est considéré comme une adaptation de la ville-rue qui a
caractérisé certaines petites villes placées dans des conditions de sites particulières.

3.3.4. Le plan désordonné


Bien des villes présentent un plan non géométrique, constitué par un réseau de rues tortueuses, sans ligne
directrice sur lesquelles se greffent des impasses et des cours intérieures. On distingue deux types de villes
présentant des plans non géométriques à savoir la disposition désordonnée spontanée et la disposition
désordonnée volontaire.
Plan désordonné spontané : pas de plan géométrique. Il est constitué par un réseau de rues tortueuses,
sans ligne directrice, sur lesquelles se greffent des impasses et des cours intérieures. Ce type de plan est
dû par le fait que la ville a été construite au petit bonheur.
Plan désordonné volontaire : il découle de la création par des urbanistes qui ont rejeté les plans
géométriques traditionnels. Il se caractérise par un réseau de rues en arabesques, sans régularité appelé
parfois «plan en jardin anglais» pour lutter contre l’uniformité du plan quadrillé. Il a évidement de gros
défauts : l’aménagement des constructions est difficile car les lots sont de taille et de formes différentes,
et les constructions doivent être lâches. C’est pourquoi on a surtout utilisé ce plan pour des quartiers de
résidence aisés car il est onéreux. Il est bien adopté dans les pays développés pour ses larges espaces verts.
Les plans des villes sont des faits complexes, dépendant à la fois du site, du passé, des fonctions actuelles
exercées par la ville et de sa structure sociale, du système politique et économique sous lequel elle vit. Le
plan ne se résume pas en simple géométrie, il donne aussi les étapes de la croissance. Il permet de lire
l'histoire d'une ville à travers ses anneaux successifs.

3.4. Modes d’extension de l’espace urbain : approches théoriques


L’espace urbain s’étend, et diverses approches ont été utilisées pour expliquer l’organisation et les modes
d’extension de l’espace urbain. Ces approches constituent des théories/modèles qui guident l’organisation
de l’espace urbain. On distingue trois principaux modèles : modèle des centres concentriques, modèle des
secteurs et modèle des centres multiples.
3.4.1. Modèle des cercles concentriques
Cette théorie est formulée par Ernest Watson Burgess en 1925. Selon son approche, le processus
d’extension de l’espace urbain se fait sous la forme d’une série de cercles concentriques/auréoles, et l’on
distingue cinq aires concentriques, chacune marquée par des régularités: aire centrale/centre- ville (centre
ère
des affaires, lieu de rencontre des voies de communication), aire de transition (zone de 1 installation
marquée par des logements surpeuplés et où vivent les migrants récents et certaines minorités ethniques),
aire de résidence des ouvriers, employés et industries (2 ème zone d’installation), auréole résidentielle de
la classe moyenne et en périphérie, zone résidentielle de la classe aisée. Cette répartition conduit à
l’existence d’un centre unique (zone de localisation des commerces, banques, administration), à la forme
circulaire de la ville, à l’homogénéité de peuplement dans des zones et à une forte ségrégation (une sorte
d’isolement social et vision négative de la ville).
Critiques à l’endroit de ce modèle : Il ne tient pas compte de certains éléments (contraintes du site,
opportunités des voies de transport, installation industrie lourde). Puis, les zones les plus favorables que
cherchent les classes les plus aisées peuvent se trouver partout dans des secteurs (le long des voies, à
l’intersection des voies) de l’espace urbain, pas seulement à la périphérie.

3.4.2. Théorie des secteurs


La logique de croissance de l’espace urbain selon des secteurs est développée par Hoyt en 1939. La
présence des axes de transit rend les terrains avoisinants plus désirables et en accroît la valeur. La ville
tend donc à s’étoffer et à s’allonger le long de ces lignes de transport qui bénéficient de rentes de situation.
Ainsi, les zones résidentielles de qualité ont tendance à se développer le long des axes routiers et voies
ferrées, sur les sites à l’abri des catastrophes naturelles, le long des rives de lacs ou des rivières, sur les
terrains vacants à la périphérie urbaine et dans des localisations de prestige au voisinage du centre-ville.
Une fois le caractère de résidence de qualité acquis, la croissance du secteur se poursuit en direction de
l’extérieur. Les industries, les parcs, les commerces peuvent aussi se développer le long des routes, des
lacs/rivières, etc.

3.4.3. Théorie des noyaux multiples


Ce modèle est développé par Harris en 1945. D’après cette approche, l’espace urbain comporte de
multiples centres d’attraction, reliés entre eux par des axes de transport. Tous les points facilement
accessibles sont générateurs flux, et la structure de la ville devient multipolaire/polynucléaire. Donc,
l’organisme urbain est éclaté, et cela conduit à la présence des pôles urbains. Plus l’organisation urbaine
s’étend, plus les centres sont nombreux et spécialisés.
Raisons de la multiplication des noyaux : Motorisation de la population, aménagement de parcs
industriels à la périphérie, construction des espaces commerciaux de grandes surfaces.
Quelle que soit l’organisation interne de la ville, le prix du sol joue un rôle déterminant, et il oriente dans
une large mesure l’évolution de l’espace urbain.

4. Contenu de la Ville : fonctions et population urbaines


La ville n'est pas un élément statique. Elle est comparable à un organisme aux fonctions variées
complémentaires qui permettent son existence.

4.1. Fonctions urbaines


Il n’y a pas de ville utilisée uniquement pour l’habitat, pour le tertiaire ou l’industrie. La ville est un
assemblage de fonctions variées. Ces fonctions sont : habiter, travailler (production), se déplacer (circuler)
et se recréer (loisir)

4.1.1. Habitat
L’habitat regroupe le logement et toutes les annexes (ruelles de desserte, places devant la maison, jardin).
Il est un équipement urbain important qui montre le degré d’organisation et de développement d’une ville.
La ville étant un lieu de normes, le logement urbain est régi par des normes, sa production encadrée et son
offre relève de la responsabilité des pouvoirs publics (Etat, municipalités).
Habitat revêt diverses formes en ville : habitat individuel, habitat collectif/grands ensembles : HLM
(Barres, Tours,), habitat planifié, habitat administré (on laisse la responsabilité aux privés de produire des
logements selon un cadre défini par l’Etat), Habitat populaires (logements produits en autoproduction par
les citadins), bidonville, habitat sans logement.
Selon la nature des matériaux, on oppose l’habitat moderne (matériaux modernes/définitifs) à l’habitat
provisoire (matériaux précaires), et aux bidonvilles.
Habitat sans logement : le cadre bâti existe mais pas l’abri. C’est le cas des sans-abri/SDF. Ce type de
vie dans la rue est un cas extrême. Il est très répandu dans les villes densément peuplées de pauvres. Ceux-
ci habitent les lieux publics ouverts, les gares surtout, les terrains vagues ou plus simplement les trottoirs,
les angles des maisons.
Habitat temporaire : C'est celui des constructions précaires. Il revêt deux aspects principaux : le premier
est celui des habitations flottantes dans les ports fluviaux et maritimes. Le second, beaucoup plus
universel, est l'habitat des bidonvilles. Ce sont des habitations occupant des espaces délassés pour des
raisons variables : insalubrité, pentes trop forte. Leur caractéristique est la précarité due, d'une part à
l'absence d'un droit définitif à l'utilisation, ce qui permet des destructions ou expulsions rapides, et d'autre
part à l'utilisation des matériaux légers, peu onéreux et fréquemment de réemploi.
NB : Habitat sans logement et habitat temporaire sont des modes de vie qui découlent de la civilisation
urbaine, nés avec l’urbanisation. Ils sont une expression de l’exclusion sociale/ségrégation socio-spatiale
ou de la pauvreté urbaine.
Habitat rural : il est une simple transposition des exploitations agricoles dans la ville permettant parfois
le maintien d'un minimum d'activité rurale, ce que Lewis qualifie du « continum rural-urbain ». Il est
fréquent dans les villes des pays en voie de développement. C'est le cas des cases des quartiers
périphériques et des anciens noyaux du centre-urbain dans les villes africaines.
Habitat citadin : C'est celui dont la physionomie répond à la vie urbaine et débarrassé des habitudes
rurales.

4.1.2. Circuler : rôle vital de la ville


Il n’y a pas de vie urbaine sans système de transport, et le transport participe à la qualité de la vie urbaine
et au développement des activités. Le transport devient de plus en plus complexe à mesure que l’espace
urbain s’étend. Dans une petite ville, les citadins sont généralement à pieds, mais dans une grande ville,
ils sont obligés d’utiliser les moyens de transport motorisés. Dans une ville, le service du transport est
offert par l’autorité municipale à travers le transport collectif urbain, ceci pour mobiliser plus de
personnes, atténuer la dégradation des voies, etc.

4.1.3. Fonctions de production


Les activités non-agricoles sont une fonction essentielle de la ville. Ces fonctions dites urbaines
rassemblent : production artisanale, production industrielle, tertiaire, le commerce (marché et autres
aspects).
Production artisanale : Ces activités de productions fabriquent les produits textiles et métallurgiques,
les objets en cuir pour les villes elles-mêmes et pour l'exportation. Dans les villes des pays développés
(P.D), ce genre d'activités est loin d'avoir disparu; il existe sous forme d'artisans ou d'ateliers de production
pour le textile, les métaux précieux ou semi-précieux, et le façonnage du bois.
Production moderne (industrie) : Un très grand nombre de villes sont issues de la grande industrie, et
la croissance urbaine caractéristique du monde entier depuis le 18ème siècle est directement liée à la
révolution industrielle. Des villes sont littéralement bâties autour des industries ou parfois d'une seule
usine. Dans d’autres villes, surtout grandes, on a des quartiers industriels. Dans les villes des PD la
tendance est nettement à l'expulsion de l'industrie du corps proprement dit. Depuis les années 1940
plusieurs éléments ont joué dans ce sens notamment la théorie générale du zonage qui vise à donner à
chaque fonction un espace déterminé, l'incompatibilité entre activités bruyantes, dangereuses ou nuisances
et l'habitat. Les industries ont donc quitté les parties internes des villes pour s'implanter en périphérie,
dans des zones industrielles. Elle pose cependant le problème mal résolu de la relation habitat-travail, car
la longueur des déplacements devient sociologiquement et financièrement insupportable pour les
individus et la société.
Fonctions tertiaires : Ces fonctions regroupent le tertiaire directionnel (administration), les services
(service aux entreprises, service aux particuliers, service cultuels, service ludique : cabarets, café,
restaurants, équipements sportifs ; service de santé, etc.
Commerce et les marchés : le commerce est une activité urbaine importante, ainsi, dit-on que la ville est
« fille du commerce » (c’est-à-dire activité prédominante). PIRENNE Henri écrit : « les villes sont l’œuvre
des marchands, elles n’existent que par eux, et l’importance du commerce dans l’urbain comme lieu
d’échange est évidente ». Foyer privilégié des échanges, le marché a été souvent à l'origine même de la
ville.
On distingue le commerce de gros (nécessite des aménagements de bureaux au centre-ville et des grands
magasins à la périphérie) et le commerce de détail (intéresse principalement les produits ordinaires de
première nécessité et l’on le rencontre dans les différents secteurs des villes.
Les marchés tiennent une place considérable dans les villes, et sont de plusieurs types: grandes, moyennes
surfaces (super et hyper marché) ou surfaces spécialisées (magasins de bricolage, de jardinage, automobile
etc.), tissu commercial de détail hors zones d’activités (marchands de fruits et légumes, ensemble de petits
commerces de proximité (boulangerie, tabac presse, restaurants,).
De nos jours, des commerces prolifèrent dans les périphéries des villes, et cela est lié à la généralisation
de l'automobile, à la présence d’un bassin de clientèle suffisant, à celle de la possession de réfrigérateurs
donc de possibilités de stockage de denrées périssables accentuées encore par la généralisation du
congélateur et des produits surgelés. La prolifération de ces commerces de grande surface contribue à la
multiplication des pôles urbains.

4.1.4. Fonction de loisirs


Les obligations professionnelles, familiales ou urbaines imposent le loisir qui permet au citadin de se
recréer. La ville doit disposer suffisamment d’espaces libres aménagés pour les installations d’espaces et
équipements divers : parcs, plages, patrimoines historiques, zoos, musées, jardins, zones piétonnes,
espaces végétalisés de jeux, squares, etc. Lieu de rencontres, de promenades, d’échanges, d’expression de
la population, l’espace public est par nature la composante essentielle de la vie dans la ville, et le maintien
de l’équilibre du citadin est rendu possible par l’aménagement des espaces de détente. Il est une nécessité
vitale pour les citadins soumis aux nombreux problèmes de stress : bruit continuel, pollution
atmosphérique, manque de repos, mobilité permanente, détérioration accélérée de l’environnement
urbain. D’où l’aménagement des espaces publics à fonctionnalité diverse. La qualité des espaces de loisirs
est déterminante en termes d’attractivité économique, sociale, culturelle, et le meilleur moyen de parvenir
à cette qualité est de travailler à partir des attentes des citadins.
Sous l’effet de l’évolution de la population urbaine, de la dégradation de l’environnement urbain, de la
transformation des modes de vie et des pratiques sociales, les villes doivent promouvoir davantage et
réinventer des espaces et infrastructures de loisirs.

4.2. Population urbaine


La ville est caractérisée par la densité élevée de sa population, ceci étant liée à la concentration des
activités. De même, les habitants des villes sont globalement plus riches par rapport à leurs voisins des
zones rurales. En Afrique, cela est d’autant plus vrai que les disparités entre villes et campagnes sont très
criantes. En outre, le milieu urbain donne à l’individu comme à la société urbaine toute entière, une
possibilité d’évolution que ne permettrait le milieu rural.
Pour l’individu, la campagne est un monde fermé, étroit où chacun connait l’autre et où les opportunités
d’élévation sociale sont moindres.
Par rapport à la population de l’ensemble d’un Etat, la population urbaine, exprimée en taux
d’urbanisation, offre certaines caractéristiques originales.
Dans la ville, les individus ne réagissent pas de la même manière : leur comportement est variable (esprit
de classe sociale, entente des syndicalismes, vie du quartier, etc.) en fonction de causes diverses dont
certaines sont locales et d’autres externes.
La ville regroupe un nombre important d’adultes (éléments de la population les plus susceptibles de
fécondité, mais les conditions de vie urbaine sont telles que bien des obstacles (genre de vie tel des
distractions et une animation, milieu urbain facilite le travail féminin, etc.), exigüité du logement réduit
la taille du ménage, coût élevé de l’enfant urbain,
Individu en milieu urbain bénéficie plus de l’instruction,
Du désir d’améliorer son niveau de vie, accessibilité à l’information, la dissymétrie des sexes en faveur
des hommes conduit au célibat d’un grand nombre d’individus masculins, donne à la population féminine
des habitudes peu favorables à la famille,) réduisent cette possibilité humaine naturelle ;
- prostitution et divorce sont nombreux, les femmes étant rares sont soumises à de nombreuses
sollicitations, polygamie rare,
- vie urbaine favorise moins le mariage,
- natalité plus faible dans les villes que dans les campagnes,
- l’individu échappe au groupe en ville, etc.
L’étude de la population urbaine doit donc couvrir toutes ces réalités, caractéristiques des populations
urbaines. Cet aspect d’analyse se révèle fondamental pour un aménagement urbain fondé sur le citadin.

Conclusion
La ville est une institution importante. Foyer du développement et de la modernité, elle est le support de
l’aménagement du territoire. Depuis son apparition, elle a connu une expansion fulgurante et domine la
civilisation par la concentration de la majorité de la population mondiale. Cependant, les problèmes qui
accompagnent l’accroissement des villes sont immenses à tel point que le phénomène soit source de
nombreuses crises sociales. Nonobstant ces faits, les villes restent les supports du développement. Elles
méritent une gouvernance intelligente et une planification rigoureuse.

CHAPITRE 2 : HIERARCHIE DES VILLES ET RESEAUX URBAINS

La ville est sans conteste le moteur de toutes les économies, et l’ossature d’un pays est constituée par les
centres urbains et les voies de communication qui dérivent de leur existence. L’armature d’un pays est
donc un enjeu de l’aménagement du territoire et aussi un de ses moyens privilégies. Mais, une ville n’est
pratiquement jamais isolée. Elle a des voisines plus ou moins lointaines avec lesquelles elle entretient des
relations, qui lui sont concurrentes ou complémentaires.
L’étude des hiérarchies et des réseaux revêt urbains plusieurs ainsi intérêts. Connaissance des faits,
aménagement régional dont les villes sont l’un des piliers, construction des modèles théoriques. Elle
permet aussi de prévoir l’évolution des villes, de comprendre la localisation des richesses, activités
économiques et l’attrait des populations (mouvements migratoires).
L’importance de la hiérarchie urbaine ou permet d’analyser (l’autonomie de la ville, caractériser/connaître
l’intensité des liaisons internes.
1. Hiérarchie urbaine

Depuis que les villes existent, des problèmes de suprématie et de domination ont soutenu les faits
historiques et rivalisant.

1.1. Définition

La hiérarchie urbaine est le classement des villes et de leurs aires d’influence les unes par rapport aux
autres. Elle est décrite mathématiquement par la loi rang-taille de Zipf. Cette hiérarchie est la base de
l’organisation du peuplement et des activités sur un territoire donné.

1.2. Méthodes d’établissement des hiérarchies urbaines


Depuis les années 1960, on s’intéresse beaucoup aux armatures urbaines conçues en tant que soutien et
base de l’aménagement du territoire.
Les hiérarchies varient d’un pays à l’autre mais partout les dispositions se ressemblent. Au-dessus de la
circonscription de base la commune, puis le chef-lieu de canton, le département, puis la province. Le fait
d’être à la tête d’une de ces divisions procure au moins les appareils administratifs afférents.
L’établissement de la hiérarchie urbaine se fonde sur les critères d’urbanité de chacune des villes qui le
constitue, et qui sont :

1.2.1. Population
La population est un critère de base. Ex : Un seuil d’un million d’habitants dans les pays développés
correspond à celui à partir duquel il est nécessaire de recourir, dans le domaine des transports en
commun, à un métro.

1.2.2. Fonction politique et administrative

Cet aspect relève du critère qualitatif (reconnaissance juridique et administrative), et est fondée sur les
services d’ordre politique et administratif.
Dans les pays à structure politique centralisée le rang urbain est théoriquement fixé par la puissance
politique qui décide de la hiérarchie administrative, mais le développement économique peut contrarier
cette décision. Parfois même, il existe une volonté de dissocier les deux fonctions. Dans les pays de
tradition centralisée on concentre les fonctions, exemple : Paris, première puissance politique,
économique en France, Londres ou Vienne, Tokyo, Santiago du Chili.
Dans les pays plus décentralisés au contraire, il y a souvent la dissociation et les capitales fédérales sont
partout assez petites : Canberra, Washington et Brasilia sont loin de Melbourne et Sydney, New York et
Sao Paulo.

1.2.3. Rayonnement économique et commercial

Cette approche fonctionnaliste relève de la quantité et nécessite de nombreuses données sur la vie
économique et commerciale.
Le pouvoir de commandement économique est un des éléments les plus utilisés. Il peut s’apprécier par la
présence des sièges sociaux d’entreprises ; on les recense pour en obtenir le nombre puis on calcule le
rayonnement des sociétés contrôlées par la ville en appréciant le nombre de leurs salariés et leurs
chiffres d’affaires ou tout autre indicateur. Il faut seulement vérifier que ces sièges sociaux sont réels et
non de simples adresses.
La fréquentation des services économiques de la ville est un élément fondamental du rayonnement
urbain. Le rayonnement commercial permet de connaître l’aire de chalandise des commerces les plus
représentatifs : grands magasins et hypermarchés et les commerces «rares» dont la présence caractérise
le niveau de la ville : fourreurs, bijoutiers, négociants en tapis de luxe. Il en est de même des services
des loisirs (théâtres, boîtes de nuits), de la santé et de l’enseignement supérieur.
Ces éléments (population, fonctions politiques et administratives et rayonnement économique) donnent
une image du rayonnement urbain et permettent un classement.
La difficulté réside dans la pondération des éléments connus et permettant la comparaison. Il n’y a pas de
consensus scientifique à ce sujet. Quelle valeur attribuer à la population totale par rapport à la présence
d’une université ? Autres difficultés : où situer la frontière qui sépare l’urbain et le rural, les deux entités
territoriales n’étant pas parfaitement distinctes. Enfin, le critère qualitatif (reconnaissance juridique et
administrative qui fixe des statuts parfois très distinctes).
La loi rang-taille établie par Zipt est utilisée pour analyser mathématiquement la hiérarchie urbaine et sa
régularité. La formule simpliste est : Pr = P1/r (Pr : pop d’une ville n, P1 : pop de la plus grande ville, r :
rang occupé par la ville r dans le classement décroissant des populations des villes). (Pr = a/rb : a et b sont
des paramètres.
Selon cette théorie simplifiée de Zipf, chaque ville a une taille inversement proportionnelle à son rang.
L’analyse des systèmes urbains dans les pays a montré que a est voisin de la population de la première
ville, et b est voisin de 1).
Selon Zipf, les deux forces d’organisation spatiale de concentration et dispersion, agissent de telle manière
que la population se distribue de manière régulière selon le rang des villes.
Cette distribution régulière présentée dans des échelles bilogarithmiques (logpop en ordonnées et log rang
en abscisse) donne une droite et répond à :
Taille des villes dans un pays donné suit des séries arithmétiques :
Pu = P1 + P2 + P3 + P4 + ……….. + Pn (Pu : population urbaine totale, P1 et Pn : population de la
ville 1 et n)
Pu = P1+ 1/2P1 + 1/3P1 + 1/4P1 + …… + 1/nP1
P1 = P/(1/r).
NB : Lorsque le système urbain ne suit pas cette régularité de Zipf, on parle d’un système urbain irrégulier,
c’est-à dire de la primatialité. Le rapport P1/P2 est positivement fort élevé (supérieur à 2 a et la seconde
ville est plus faible que la moitié de la première et la troisième ville est en deçà de son tiers, etc.) ; on se
retrouve dans un contexte de système urbain irrégulier marqué par l’irrégularité de la distribution rang-
taille.
On détermine dès lors l’indice de la primatialité, qui exprime le poids de la première ville, à travers la
formule : I = P1/P2.
Si I = 0 : la taille théorique de la première ville est égale à la taille réelle ;
Si I est négatif, la taille réelle est plus faible que la taille théorique ;
Si I = 1 : toutes les villes sont égales
Si I est positivement élevé (primatie prononcée), la majeure partie de la population urbaine se trouve
concentrée dans la première ville
Dans l’ensemble, le rapport P2 = P1/b est d’autant plus élevé que la primatie est prononcée. Ces indices
de primatie élevés sont propres aux systèmes urbains centralisés. L’unité exprime la régularité tandis
qu’une valeur supérieure à 1 indique la primatie et une valeur plus faible reflète le tassement sommital.

1.3. Types de hiérarchies urbaines


Quoi qu’il en soit, on classe les villes en catégories dont les définitions les plus usitées sont les suivantes
: Au sommet de la hiérarchie, les capitales et les métropoles internationales qui ont :
- une taille élevée de population, au moins plus d’un million d’habitants ;
- un éventail de services tels que la population desservie n’ait pas besoin d’aller ailleurs pour se les
procurer ;
- un rayonnement économique au moins sur un territoire régional très étendu ;
- des relations internationales soutenues par l’existence de sociétés multinationales, de marchés
financiers et d’équipements culturels de qualité.
Au niveau intermédiaire, les métropoles sont des villes plus petites qui ont :
- une population entre 500 000 et 1 million d’hab. dans les pays industrialisés mais peuvent
largement dépasser ce nombre dans les pays du tiers monde où la masse de la population ne
correspond pas forcément à la taille réelle de la ville dans l’économie.
- un éventail complet de fonctions, à la fois industrielles et de services pour la population régionale.
Ce qui les distingue des métropoles internationales, c’est la faiblesse ou l’inexistence du
rayonnement international.
Au niveau inférieur de la hiérarchie urbaine sont constitués par les moyennes villes de l’Occident :
- population comprise entre 50 000 et 200 000 habitants ;
- leur rayonnement ne dépasse pas une centaine de kilomètres ;
- les équipements sont suffisants pour les besoins courants, mais il manque la plupart des services
supérieurs : l’hôpital est présent mais pas le Centre Hospitalier Universitaire et les spécialistes ;
les commerces de luxe n’offrent pas la variété et le choix nécessaires, de même que les fonctions
ludiques, l’animation nocturne est réduite.
Enfin les petites villes de 5 000 à 50 000 habitants rayonnent sur leur espace propre, moins de 50
kilomètres et possèdent les services banaux. Ce sont les chefs-lieux de département ou de provinces en
Europe occidentale.
1.4. Les problèmes d’aménagement au regard des hiérarchies urbaines
Le problème essentiel qui dérive logiquement de la répartition spatiale des villes et leur disposition est la
hiérarchisation et son corollaire naturel la concentration. Dans tous les cas et qu’elles que soient les raisons
de cette concentration, on cherche à lutter contre elle pour des raisons économiques et surtout politiques
et sociales.
Les politiques actuelles des États sont variées mais on peut les ramener à deux grands types : la lutte
contre les mégalopoles et les politiques d’armature urbaine différenciée, liées à la décentralisation.

1.4.1. La lutte contre les mégalopoles


Elle vise à empêcher la trop forte croissance de très grandes villes. Les moyens les plus simples sont ceux
qui ont pour but de bloquer la croissance économique :
- Par des interdictions d’installation d’activités ou leur soumission à autorisation. Ce moyen n’est
réellement efficace qu’en période de croissance économique forte. En temps de crise et de chômage, les
créations d’emploi l’emportent sur les préoccupations d’aménagement du territoire.
- Plus directes sont les actions d’interdiction ou même d’expulsion. Dans l’ancienne URSS, il était interdit
de s’implanter à Moscou et à Leningrad. Dans un certain nombre de pays du Tiers-Monde on détruit
épisodiquement les bidonvilles dans la périphérie des grandes capitales et on renvoie leurs habitants dans
leurs villages mais ceux-ci reviennent ou s’installent à proximité.
- Enfin, on peut pratiquer le système radical du transfert de la capitale, au moins sur le plan politique et
administratif, en espérant que le reste suivra ce qui ne s’est encore jamais produit. Les exemples de
Brasilia, Yamoussoukro, Abuja en témoignent.

1.4.2. Les politiques d’armature urbaine


Ces politiques sont plus globales et plus réfléchies. Elles existent dans les pays d’économie planifiée et
dans les pays à forte infrastructure étatique. Les actions sont diverses :
- Décentralisation des fonctions, mise en place équitable des grandes infrastructures de transport et de
services publics sur tout le territoire (autoroutes, aéroports, hôpitaux) ;
- Actions incitatives pour des implantations d’activités dans les villes à promouvoir ou dont on redoute la
baisse des activités.
La France est sans doute le pays où cette politique a été la plus réfléchie sans pour autant obtenir un total
succès. Depuis 1964 un organisme : la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale,
la D.A.T.A.R., chapeaute et inspire toutes les actions dans ce sens. Sur le plan économique, elle oriente
le développement par des aides sélectives en faveur des régions où les villes sont défavorisées ; elle incite
aussi les entreprises à s’y installer; elle impulse ainsi un certain nombre d’actions de décentralisation
décidées par le pouvoir central : transferts de grands services étatiques ou para-étatiques en province,
transferts d’établissements d’enseignement supérieur comme l’École supérieure de l’Aéronautique à
Toulouse. Cette politique a été suivie par des crédits d’investissement importants pour les infrastructures
: autoroutes de désenclavement, aéroports internationaux.
2. Les réseaux urbains
Le réseau urbain est la distribution/disposition spatiale des villes appartenant aux divers niveaux dans un
pays donné.
On distingue plusieurs types de réseaux urbains : réseau métropolisé, le réseau équilibré et le réseau
informe.
2.1. Réseau métropolisé
Le type métropolisé est caractérisé par la concentration des fonctions supérieures, la croissance
démographique et économique. Trois variantes se rencontrent :
La métropole unique ou intégral: elle détermine un réseau macrocéphalique : une seule ville,
fréquemment la capitale politique du pays, domine complètement toutes les autres. Ce type de hiérarchie
est liée à la centralisation des fonctions et à l’attrait incontrôlable des capitales : Niamey au Niger,
Dakar, Caire, Kinshasa, Calcutta et Bombay, Mexico, Buenos Aires, Caracas, etc. Dans tous les cas, ces
capitales rassemblent plus du 1/3 de la population totale du pays et tous les éléments du pouvoir
politique et économique.
Dans les pays développés, le phénomène existe aussi avec Londres et Paris. Mais l’écrasement de la
hiérarchie est à peu près toujours tempéré par l’existence de métropoles secondaires ou rivales.
Les réseaux bicéphales sont une variante du premier type. Ils sont plus rares et correspondent à des
circonstances historiques ou à la grande dimension du pays qui empêche le monocéphalisme. Parmi les
meilleurs exemples on trouve le cas de Madrid et de Barcelone en Espagne, de Rome et de Milan en
Italie, de Rio Janeiro et de Sao Paulo au Brésil, de Sydney et de Melbourne en Australie, de Los
Angeles et de San Francisco aux USA.
Les réseaux multicéphales amorcent déjà une division des fonctions dominantes, mais les villes
secondaires demeurent de taille très inférieure aux métropoles dont la croissance est trop rapide. Ils
peuvent exister à deux niveaux :
Dans le premier cas, il existe une capitale, parfois deux villes au niveau supérieur, mais elle laisse
subsister des métropoles inférieures: l’Italie avec Rome et Milan mais aussi Turin, Naples, Bari,
Florence et Palerme ; l’Espagne avec Madrid et Barcelone mais Séville, Oviedo, Cordoba et
Valence.
Dans le second cas, il n’y a pas de super-métropole mais des métropoles moyennes dominant leur
propre territoire. C’est en gros le cas de l’Allemagne.

2.2. Les réseaux équilibrés


Les réseaux équilibrés sont ceux dans lesquels tous les éléments de la hiérarchie urbaine sont représentés
sans exclusive ; il y a hiérarchie mais sans vidage ou étiolement des niveaux inférieurs. Actuellement cette
structure n’est pas dominante dans le monde car la métropole s’accentue, devenant même, la règle dans
les pays sous-développés. La Suisse et l’Allemagne sont de bons exemples. Dans cette dernière, les
capitales des länder jouent leur rôle de centres métropolitains régionaux : Hambourg, Stuttgart, Hanovre,
Munich, Francfort, Cologne, Düsseldorf. La Suisse donne la même image avec Zurich mais aussi Bâle,
Berne, Genève, St-Gall ou Lugano.

2.3. Les réseaux informes


Les réseaux informes sont ceux dans lesquels il n’y a pas de hiérarchie vraiment apparente. Il n’existe pas
à l’échelle d’un pays entier car la métropolisation a gagné la planète, mais on peut les rencontrer à l’échelle
régionale.
Introduction à la géographie urbaine

PLAN DU COURS

Introduction

1. Qu’est qu’une ville ?


1.1.Définition
1.2.Origine des villes
1.3.Plan et typologie des villes
1.3.1. Plan des villes
1.3.2. Typologie des villes
2. L’urbanisation dans le monde et quelques concepts clés
2.1.La population urbaine
2.2.Le taux d’urbanisation
2.3.Les densités urbaines
3. Hiérarchies et systèmes urbains
3.1.Réseau urbain
3.2.Morphologie urbaine
3.3.L’armature urbaine
4. Les métropoles : un système urbain mondial ?
5. L’organisation des espaces intra-urbains
6. L’espace social des villes
7. Les acteurs des villes
8. Villes et environnement
9. Les mobilités vers et dans les villes

BIBLIOGRAPHIE

Odette Louiset (2011) : Introduction à la ville,


Anne-L ise Humain-Lamoure, Antoine Laporte (2017) :
BONNET, « VILLE - Le fait urbain dans le monde », Encyclopædia Universalis [en ligne],
consulté le 16 mars 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/ville-le-fait-urbain-
dans-le-monde
Antoni Jean-Philippe, 2009. Lexique de la ville. Ed. Ellipses marketing, 184p.
Pumain Denise, Paquot Thierry, Kleinschmager Richard, 2006. Dictionnaire La ville et
l'urbain. Ed. Economica, coll. villes, 320p.

1
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES

Acquérir la connaissance des milieux urbains et de leurs activités,


Appréhender les étapes de leur mise en place et de leur évolution.

Définir la ville suivant tous ses critères

 définition statistique de la ville


 définition fonctionnelle
 définition sur le plan conceptuel

Décrire le contexte de naissance de la ville

Présenter les différents facteurs de localisation d'une ville : notion de site et situation

Etudier les mécanismes de croissances urbaines

2
Introduction

Le monde dans lequel nous vivons est devenu un monde urbain. La population urbaine
mondiale est passée de près de 47 millions vers 1700 (taux d'urbanisation 8 p. 100) à 75 millions
vers 1800, et à 335 millions en 1910 (taux d'urbanisation 19 p. 100). En 1950, la population
urbaine mondiale regroupait environ 724 millions d'individus (33 p. 100 de la population
totale), en 1980, 1,806 milliard et 3,15 milliards en 2005 selon les Nations unies.

À titre de comparaison, pourcentage de la population mondiale habitant en ville :

 1800, 3,4 %
 1900, 15 %
 1950, 30 %
 2000, 50 %

Au rythme actuel, 65 % de la population sera urbaine en 2025, et plus de 80 % dans de


nombreux pays. Il y a déjà en l'an 2000, 213 villes de plus d'un million d'habitants, et 23
métropoles de plus de 10 millions d'habitants, et selon l’ONU (FNUAP), la population urbaine
pourrait encore doubler d'ici 100 ans. 2007 serait aussi l'année où la population urbaine aurait
dépassé la population rurale. Entre 1900 et 2000, la population urbaine a été multipliée par 20
alors que la population mondiale se contentait de quadrupler.

Plus d'un humain sur deux se presse dans une ville et un septième de la population habite une
agglomération urbaine millionnaire. C'est là l'une des mutations majeures de l'époque
contemporaine.

En termes d'espace, le fait urbain reste cependant largement minoritaire : il concerne près de 15
p. 100 de la surface des continents, si l'on veut bien admettre que les villes ont encore des limites
précises.

La ville déborde très largement du cadre qui était le sien il y a moins de deux cents ans. « Le
concept de base présidant à la définition de l'espace urbain est celui de l'agglomération, reposant
sur la continuité du bâti. » (François Moriconi-Ébrard, L'Urbanisation du monde depuis 1950).
L'O.N.U. définissait en 1978 les agglomérations comme un ensemble d'habitations tel
qu'aucune ne soit séparée de la plus proche de plus de 200 mètres en Europe, 500 mètres dans
les pays neufs où le système de peuplement est plus lâche. Mais « la réalité territoriale du fait
urbain se brouille [...]. Avec le développement de l'automobile et des transports en commun, la
population active des villes réside aujourd'hui loin des centres, dans un cadre de vie que l'on
peut qualifier de rural, mais tout en participant à la vie urbaine. » (Yves Grafmeyer, Sociologie
urbaine). Au-delà des agglomérations, il convient de définir des régions urbaines, voire des
régions de villes. Les populations suburbaines sont d'abord citadines.

Phénomène majeur de société, l’urbanisation et toutes les transformations physiques et


sociétales qui l’accompagnent méritent d’être connues et diffusées. C’est ce qui justifie l’UE
« Introduction à la géographie urbaine ».

La géographie urbaine est une branche de la géographie humaine dont l'objet est l'étude
géographique du phénomène urbain. C'est donc à la fois l'étude de l'organisation spatiale de la
ville et de l'organisation des villes entre elles en réseaux urbains. Elle étudie donc des thèmes

3
comme l'urbanisation, les paysages urbains, les réseaux urbains, la situation, le site d'une ville
et la ségrégation des populations en son sein.

L'objet de la géographie urbaine est donc distinct de celui de l'urbanisme, ce dernier utilisant
l'approche de géographie urbaine de même que la sociologie urbaine, l'économie urbaine,
l'histoire et bien sûr la cartographie.

LES CONCEPTS CLES DU COURS

Espace urbain :

Fait urbain

Agglomération

Urbanisation

Taux d’urbanisation

Population urbaine

Sociologie urbaine

Ville

Métropole

Mégapole

Mégalopole

Croissance urbaine :

L’étude des espaces urbains est au cœur de nombreux questionnements contemporains en


sciences sociales. Parce que la moitié de la population mondiale vit désormais en ville et parce
que les métropoles constituent les indéniables carrefours des réseaux de transport et
d’information, la compréhension de l’ « urbain » est nécessaire pour aborder la mondialisation,
les crises et les inégalités, les rapports de force entre individus ou entre groupes sociaux.

« Le concept de base présidant à la définition de l'espace urbain est celui de l'agglomération,


reposant sur la continuité du bâti. » (François Moriconi-Ébrard, L'Urbanisation du monde
depuis 1950).

Le fait urbain peut donc être compris à la fois comme un phénomène universel et qui se traduit
par une très grande diversité de réalités démographiques déclinées par des tailles, des
morphologies et des paysages.

Urbanisation : processus de croissance du nombre de citadins.

4
Taux d'urbanisation : part de la population habitant en ville.

La géographie interurbaine : étudie les villes dans leur environnement immédiat. La géographie
intra-urbaine va entrer dans la ville et décrire les formes de la ville, ses fonctions, l'espace
social…. Interrogeons-nous ? C’est quoi en fait la ville ? Qui s’intéressent à l’étude de la ville ?

Nous allons avant de continuer rappeler l’étymologie des mots clés qui reviendront dans nos
échanges durant les leçons. Il est donc important de vous situer sur l’origine de ces mots et
ensuite mieux comprendre leur définition actuelle.

Beaucoup de disciplines dans les sciences sociales étudient la ville. La géographie, la


sociologie, l’histoire étudient la ville, ont dit de ce fait que la question de la ville est une
thématique pluridisciplinaire. De plus en plus de métiers, dans les entreprises, du secteur
numérique, l’administration publique, l’aménagement, le domaine social, la recherche ou le
développement analysent la ville avec de nouveaux outils. Ces informations toujours plus
nombreuses demandent, pour être interprétées, des cadres conceptuels.

Étymologie de ville : du latin Villa → domaine agricole qui était souvent situé dans les
provinces colonisées par Rome, ou en Italie même. Noyau autour duquel les populations se sont
organisées, origine des villes.

Étymologie d'urbain : du latin Urbs → la ville (Rome). Le Pape donne sa bénédiction Urbi et
Orbi (à la ville de Rome et au monde entier).

Polis (Grec) → la cité au sens société (avec constitution etc...) → politique, métropole (France
Métropolitaine → cité mère, ville importante) etc...

Métropole : Ville « importante » avec un certain degré d'imprécision et une ville qui connait un
phénomène de métropolisation → concentration dans une ville des activités économiques, de
fonction, de hautes technologies…

Mégapole : ville de plus de 2M d'habitants

Mégalopoles : Espace urbanisé de grande dimension, incluant de très grandes villes, et des villes
de tailles diverses, ainsi que des espaces peu urbanisés.

Ces notions changent en même temps que l'urbanisation change.

1. Qu’est-ce qu’une ville ?

Définir la ville est chose difficile. La difficulté de la définition de la ville tient à ses propres
caractéristiques : une taille, mais également des fonctions diverses et surtout une autonomie
politique. Toutefois, les critères tels le paysage, le nombre d’habitants et les activités
dominantes permettent d’esquisser une définition de la ville.

a)Le critère statistique ou numérique ou densité de la population

5
Il renvoie au nombre d’habitants. Il varie selon les pays : est ville, une agglomération de 2000
habitants en France, de 200 au Danemark, 50 000 au Japon. Les Nations unies retiennent le
seuil de 20 000 habitants.

b) Le critère du paysage

La ville diffère de la campagne ou du village par son aspect, caractérisé par l’enchevêtrement
des rues et des immeubles, des gratte-ciel.

c)Le critère des activités dominantes

Les activités de la ville ne sont généralement plus agricoles. Y dominent les emplois industriels
et les services.

La ville peut être définie comme une agglomération relativement peuplée, dotée d’équipements
modernes où dominent les activités non- agricoles.

Pour les géographes contemporains comme Pierre George, une ville se définit comme « un
groupement de populations agglomérées caractérisé par un effectif de population et par une
forme d'organisation économique et sociale ».
On fait aussi souvent la distinction entre ville et village avec les activités dominantes, en tenant
compte de la population : la ville n'a pas une activité essentiellement agricole ou artisanale,
contrairement au village, elle a aussi une activité commerciale, politique, intellectuelle. Avec
cette définition, une ville pourrait être plus petite qu'une agglomération fortement peuplée à
partir d'un réseau de communication.

Étymologiquement, le mot ville vient de villa, établissement rural autarcique qui a souvent
constitué le noyau des villes médiévales en Occident. La ville évoque aussi la civitas,
communauté de citoyens, vivant ensemble, et possédant un mode de vie citadin. Ainsi, dès
l’origine, la ville apparaît comme une forme spatiale et un objet social.
Le critère statistique est dépassé ; rassemblement humain sur une surface restreinte ou,
autrement dit, des hommes agglomérés en nombre suffisant pour former une forte densité
spatiale. Selon les pays, ce critère est très variable, les comparaisons sont donc impossibles. Ex.
France : commune dont la population agglomérée dépasse 2000 hab. Le statut politique des
villes varie d’un pays à l’autre.

Du point de vue géographique, le terme de ville recouvre deux sens :

 spatial : agglomération caractérisée par une certaine densité de l’habitat et une


population relativement nombreuse ; aspect morphologique, mode d’occupation du sol.
 fonctionnel : la ville est un lieu d’échange, un nœud de flux de personnes, de capitaux,
de marchandises, de « culture », d’informations, d’idées, etc. Elle est l’élément
fondamental de l’organisation de l’espace, du fait qu’elle entretient des relations et
exerce une influence importante sur l’espace qui l’entoure.

La ville est un système, c’est-à-dire un ensemble d’éléments en interaction dynamique. Ce


système, comprenant des sous-ensembles (hommes, capitaux, marchandises), est complexe.
Les parties du système n’évoluent pas de la même manière, ni au même rythme.
Symbole du carrefour, lieu d’échanges ramassé dans un espace limité où la population se
concentre (hiéroglyphe égyptien).

6
Sur le plan social, la ville abrite des citadins, des gens qui ne travaillent pas la terre. Cette notion
a beaucoup évolué avec la société ; les citadins vivants, très souvent, à la campagne, c'est-à-
dire dans un milieu rural. Il faut considérer, socialement, que l’homme utilise et façonne la ville
et réciproquement. Le cadre urbain, l’ambiance urbaine influent sur les habitants. La civilisation
urbaine : pénétration du mode de vie urbain dans le monde rural ; les citadins étant devenus
majoritaires dans le monde, et leur mode de vie s’est étendu à la quasi-totalité de la population,
même rurale de très nombreux pays.

2. Origine des villes

2.1.Apparition des villes

Les premières villes importantes connues apparaissent à la fin du Néolithique, avec la culture
de Cucuteni-Trypillia1 à partir de la fin du Ve millénaire avant notre ère, en Ukraine, Roumanie
et Moldavie, ces villes pouvaient atteindre plus de 15000 habitants et s'étendre sur plusieurs
kilomètre carrés, elles étaient très planifiées et organisées en plan elliptique concentriques. De
grandes villes apparaissent ensuite entre 3500 et 1500 av. J.-C. dans les régions fertiles et
limoneuses de Mésopotamie comprises entre le Tigre et l'Euphrate, aujourd'hui l'Irak,
notamment avec la ville d'Uruk, le premier grand centre urbain du Proche-Orient ancien, puis
en Syrie, en Égypte, dans les vallées du Nil et du Jourdain, et les vallées de l'Indus et du Yangzi
Jiang.

2.2.Les mobiles ou facteurs à l’origine de la création des villes

Différents facteurs ont présidé à la fondation ou au développement des villes à travers


l'Histoire. Voici quelques exemples :

 villes fondées au bord d'un cours d'eau (voie de communication fluviale et point de
franchissement) : Angers, Bagdad, Budapest, Buenos Aires, Belgrade, Genève,
Londres, Lyon, Paris, Séville ;
o villes fondées au bord d'un cours d'eau ou d'une mer, spécifiquement au début
ou en fin de bief navigable : Assouan, Brazzaville, Kinshasa, Kisangani,
Livingstone, Matadi, Suez ;
o villes fondées au bord d'un cours d'eau, spécifiquement pour le franchissement
par un pont ou un gué : Bruges (« pont »), Maastricht (« franchissement de la
Meuse »), Oxford (« gué du bœuf ») ;
 villes fondées sur un emplacement propice au développement d'un port : Alger,
Amsterdam, Anvers, Barcelone, Beyrouth, Copenhague (« port commercial »), Gdansk,
Gênes, Istanbul, Liverpool, La Havane, Hambourg, Karachi, Los Angeles, Marseille,
Valparaíso ;
 villes fondées ou développées pour des motifs militaires : Brest, Toulon, Ndjamena,
Volgograd ;
 villes développées par les activités commerciales : Bergen, Bordeaux, Bruges, Hong
Kong, Lübeck, Venise ;
 villes développées par les activités industrielles : Chicago, Détroit, Dortmund,
Eindhoven, Manchester, Mulhouse, Pittsburgh, Shenzhen ;

1La culture de Cucuteni-Trypillia (du nom de deux villages), en roumain culture de Cucuteni-Tripolia, en russe culture
de Tripol'e (Триполье) et en ukrainien culture de Trypillia (Трипілля), était une culture néolithique des 5e et 4e millénaires
avant notre ère, localisée autour du Dniestr, entre les Carpates et le Dniepr, où elle donna naissance à des agglomérations proto-
urbaines d'extension considérable pour l'époque.

7
 villes créées pour devenir une nouvelle capitale : Abuja, Brasilia, Canberra,
Chandigarh, Freetown, Gbadolite, Islamabad, Louxor, Naypyidaw, Ottawa, Saint-
Pétersbourg, Washington ;
 villes fondées par des conquérants ou des colons : Abidjan, Alexandrie, Arles,
Bombay, Cologne, Kairouan, Le Caire, Le Cap, Marseille, Madras, Narbonne, New
York, Québec, Rio de Janeiro, Pretoria, Vladivostok ;
 villes développées du fait de la proximité d'une ressource naturelle : Alice Springs,
Johannesburg, Kimberley, Kiruna, Kitwe, Lubumbashi, Manaus, Potosi ;
 villes développées du fait religieux : Jérusalem, Lourdes, Médine.

2.3.Le site et la situation d’une ville


2.3.1. Le site

Le site est la « configuration du lieu, du terrain où s’élève une ville »; « emplacement précis où
est localisée une activité »; positions, conditions physiques. Il existe des sites défensifs (forts
et châteaux), des sites ouverts (ports et sites de production).

2.3.2. La situation

Situation: « manière dont une chose est disposée, située ou orientée »; « ensemble des
circonstances dans lesquelles une personne se trouve »;contexte, conditions historiques. En
géographie, la situation est un concept spatial permettant la localisation relative d'un espace
par rapport à son environnement1 proche ou non. Il inscrit un lieu dans un cadre plus général
afin de le qualifier à travers ses interactions avec l'extérieur. Elle fait intervenir des notions de
contiguïté et de connexité, essentielles en analyse spatiale.

2.4.Plan et typologie des villes


2.4.1. Plan

Le géographe étudie le plan des villes.


La fonction des différents quartiers varie selon leur situation (centre-ville ou périphérie), leur
utilisation (zone résidentielle ou zone d'activité), leur densité de population (maisons
individuelles ou immeubles) et leur composition sociale (quartiers populaires, beaux quartiers,
etc).
La disposition des lieux du pouvoir (politique, économique, culturel), des lieux d'échanges et
de rencontres, des voies de communication est souvent liée à l'histoire et aux choix ou
contraintes politiques ou économiques.
Types de plan : ville-rue, plan hippodamien, plan radioconcentrique, plan biparti

Plan ville-rue : Le terme de village-rue désigne un type d’habitat rural groupé. Il s'agit d’une
agglomération dont les constructions se succèdent de part et d'autre d'une rue unique. Plan
linéaire : Il est considéré comme une adaptation de la ville-rue qui a caractérisé certaines petites
villes placées dans des conditions de sites particulières.

Plan radio concentrique


On dit qu'une ville a un plan radioconcentrique lorsque ses quartiers s'organisent en cercles
concentriques, du centre-ville à la périphérie.

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Les voies de communication circulaires sont appelées boulevards, tandis que les axes qui relient
le centre de la ville à l'extérieur (et qui forment des rayons, mot venant du latin radius) sont
appelés avenues

Ce plan traduit la croissance historique de la ville. Souvent la première ceinture de boulevards


correspond aux anciens remparts que l'on a détruits au XIXe siècle

Dans le plan radio-concentrique: les quartiers s’organisent en cercles concentriques du centre


à la périphérie. Les axes qui relient le centre de la ville à l’extérieur forment des rayons, et les
voies de communication circulaires, appelées BOULEVARDS, coupent des voies radiales de
circulation qui débouchent autour d’un marché, d’un établissement cultuel, etc. C’est est le plus
répandu parmi les vieilles villes datant du Moyen Age. D’une façon générale des auréoles
concentriques disposent harmonieusement la ville autour d’un centre d’où partent en étoile
les artères que croisent des rues circulaires.

AVANTAGES ET INCONVENIENTS DU PLAN RADIOCONCENTRIQUE


Avantage :

Le plan radioconcentrique est avantageux parce qu’il met en valeur un point central, qu’il
évite la monotonie de l’échiquier, qu’il s’adapte bien au relief,

On peut gagner facilement le centre à partir de la périphérie, ce qui renforce sa position


en tant que quartier des affaires et des services publics

Inconvénients :
Il y a d’abord la difficulté de construction notamment des maisons voisines du point
central situées entre deux rues rayonnantes et qui sont trop étroites
La délimitation des parcelles est très coûteuse ;
Complexité des fonctions des grandes villes modernes qui peuvent difficilement se
contenter d’un seul centre.
Les distances sont allongées par les arcs de cercle,
Les blocs de constructions ont des formes irrégulières
Les inconvénients l’emportant sur les avantages, ce plan n’a pas eu le succès de l’échiquier. On
ne l’utilise plus, ou alors on imagine des plans complexes.
Le plan semi radio-concentrique ou en demi-cercle ne constitue au fond qu'une variante du
précédent. Sur un littoral, sur la rive d'un grand fleuve ou en bordure d'une forêt, la ville s'est
développée autour d'un centre souvent occupé par le château ou le palais royal.

9
Plan hippodamien, en damier ou milésien ou en échiquier : L'adjectif hippodamien est issu
du nom d'Hippodamos, architecte grec considéré comme l'un des pères de l'urbanisme et dont
les plans d'aménagement étaient caractérisés par des rues rectilignes et larges qui se croisaient
à angle droit. Les grands axes se recoupant perpendiculairement. La trame est géométrique et
les rues se coupent à angle droit. Ce plan traduit la volonté des fondateurs de la ville d'organiser
rationnellement l’espace urbain. Cependant, malgré sa simplicité apparente, ce type de plan
présente des inconvénients : il rallonge les temps de trajet (sauf si on ouvre des « diagonales »
pour circuler. Le qualificatif milésien provient de la ville de naissance d'Hippodamos, Milet.
L'appellation en damier ou en échiquier fait référence au plateau du jeu de dames ou d'échecs,
dont les cases forment un motif identique.

Le succès de ce plan est lié au régime économique et social de la libre entreprise qui avait
inspiré la mise en valeur des pays neufs. Il s’agit en fait d’une planification spéculative. Il peut
être suggéré par des particularités du site qui est horizontal. Il est le plus répandu et il se retrouve
dans la plupart des banlieues récentes des grandes villes. Ce plan s’accommode bien à des
nécessités du lotissement, du découpage de la ville en secteurs administratifs, de la construction
de maisons en blocs réguliers, et il est facile de s’y repérer.

AVANTAGES ET INCONVENIENTS DU PLAN EN DAMIER


Avantages : permet des alignements de façade, des tracés rectilignes et aérés, une
organisation rigoureuse de l’espace,

Facilités des opérations de délimitation, facilité d’établissement des plans, facilité de


vente des parcelles. C’est le plan idéal pour la spéculation, facilite l’adressage et de se
repérer.

Inconvénients :

Une monotonie désespérante de l’ensemble urbain ;


Des inconvénients pour la circulation : les angles droits créent des itinéraires en
baïonnettes qui engendrent une perte de temps et un allongement des trajets qui entraînent
des risques d’accidents aux carrefours. On a tenté de pallier ce défaut en perçant de
grandes diagonales dans les échiquiers construits. Ces diagonales obligent
malheureusement certains îlots à se terminer en pointes ou en pas coupés ;
Une inadaptation aux rigueurs du climat : le vent et le soleil prennent les rues en enfilade
Des difficultés d’adaptation au terrain : le plan en damier suppose l’horizontalité du
terrain. Dès que celui-ci s’accidente, les rues prennent une pente trop forte.

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Plan désordonné

Le plan désordonné : Bien des villes présentent un plan non géométrique, constitué par un
réseau de rues tortueuses, sans ligne directrice, sur lesquelles se greffent des impasses et
des cours intérieures.

On distingue deux types de villes présentant des plans non géométriques à savoir la disposition
désordonnée spontanée et la disposition désordonnée volontaire.

LA DISPOSITION «DESORDONNEE SPONTANEE»

Bien des villes présentent un plan non géométrique, constitué par un réseau de rues tortueuses,
sans ligne directrice, sur lesquelles se greffent des impasses et des cours intérieures. Ce type
de plan est dû au fait que la ville a été construite au petit bonheur, c’est-à-dire queles hommes
se plaçaient comme ils pouvaient, s’accommodant parfois d’un établissement rural préexistant,
s’entassant dans la forteresse, s’alignant le long de la rue commerçante.

LA DISPOSITION «DESORDONNEE VOLONTAIRE»

Il ne s’agit pas d’une «survivance dans la ville de l’empirisme de la disposition des maisons
dans le village non ordonné», mais de villes créées par des urbanistes, qui ont rejeté les plans
géométriques traditionnels. Ils ont dessiné alors comme canevas urbain un réseau de rues en
arabesques, sans régularité appelé parfois «plan en jardin anglais» en souvenir de son apparition
à la fin du XIX ème siècle pour lutter contre l’uniformité du plan quadrillé. Il a évidemment de
gros défauts : l’aménagement des constructions est difficile, car les lots sont de taille et de forme
différente. La construction doit être lâche. C’est pourquoi, on a surtout utilisé ce plan pour des
quartiers de résidence aisés car il est onéreux, mais actuellement bien des villes nouvelles à
construction lâche, avec des larges espaces verts, ont tendance à l’adopter. C’est le cas de la
ville de Tennessee aux USA.
2.4.2. Typologie des villes

On peut établir une typologie des villes :


 en fonction de leur taille (mesurée par le nombre d'habitants, ou l'importance de la zone
d'influence, ou leur rang dans la hiérarchie urbaine : bourg, petite ville, ville moyenne,
grande ville, métropole, mégapole)

 Un bourg est une agglomération rurale moins importante que la ville, où se tient
ordinairement le marché des villages environnants1 et qui tient lieu de centre
administratif local (un droit de fortification existait à l'époque médiévale) ce qui
le distingue de la simple bourgade. On parle généralement de bourg pour
désigner une localité de taille intermédiaire entre le village et la ville, sans
11
faubourg2 ni banlieue. Sur le plan administratif, le bourg peut être le chef-lieu
d'une commune dont peuvent dépendre des villages et hameaux.
 Une ville moyenne est généralement désignée comme une ville ayant une
population comprise entre 20 000 et 100 000 habitants. On compterait ainsi en
France 200 villes moyennes et 160 intercommunalités entrant dans cette
catégorie. D'un point de vue politique, les villes moyennes sont regroupées au
sein de la Fédération des villes moyennes (FVM) devenue le 19 juin 2014 la
Fédération des villes de France.
 Une agglomération est définie comme une ville-centre (au sens administratif)
munie de ses banlieues (entités administratives incluses dans la continuité
urbaine) s'il y a lieu. La notion peut également avoir une dimension politique,
dans ce cas elle correspond à plusieurs entités administratives interconnectées,
mais pas nécessairement agglomérées qui gèrent leurs projets en commun
(transports, déchets, projets de réhabilitation de quartiers, etc.).
 Une métropole (emprunt du bas latin metropolis « capitale d'une province » et
du grec mêtropoles « ville mère ») est la ville principale d'une région
géographique ou d'un pays, qui, à la tête d'une aire urbaine importante, par sa
grande population et par ses activités économiques et culturelles, permet
d'exercer des fonctions organisationnelles sur l'ensemble de la région qu'elle
domine. Elle n'est pas obligatoirement la capitale du pays comme New York qui
est la plus grande métropole des États-Unis alors que Washington est sa capitale.
Par extension, le terme métropole peut s'employer pour désigner un endroit où
se concentre une activité spécifique, comme Paris, qui est la métropole de la
mode par excellence, ou Los Angeles, qui est la métropole du cinéma1.La
métropole désigne aussi, pour certains pays, le territoire continental ou central
par rapport à ses territoires extérieurs ou collectivités d'outre-mer. Par exemple,
la France métropolitaine est appelée « la métropole » par opposition aux
territoires français situés outre-mer2; la guerre d'indépendance des États-Unis
opposa certains colons britanniques d'Amérique du Nord, à leur métropole, le
Royaume de Grande-Bretagne.
 Une mégapole est une très grande agglomération qui se caractérise
généralement par la présence en son sein de fonctions politiques et économiques
majeures. Dans les années 1970, l'ONU a fixé le seuil d'une mégapole à 10
millions1 d'habitants (anciennement 8). Le terme de mégapole peut parfois être
employé comme synonyme de métropole, à condition que l'agglomération en
question soit en tête du réseau urbain dont elle fait partie, qu'elle concentre des
fonctions économiques, culturelles et organisationnelles importantes, et qu'elle
exerce un rayonnement international d'envergure. Cela explique qu'une

12
mégapole, malgré un nombre d'habitants conséquent, n'atteigne pas
obligatoirement le statut de métropole.

 en fonction de leur activité dominante (bourg agricole, ville industrielle, ville


commerciale, place financière, ville carrefour (ou nœud ferroviaire, port, aéroport), ville
administrative, ville universitaire, ville touristique) ; on décrit toutes ces activités avec
la notion de fonction urbaine
 en fonction de leur plan (ville-rue, plan hippodamien, plan radioconcentrique, plan
biparti)
 en fonction de leur âge (villes antiques, médiévales, modernes, contemporaines)
 en fonction de leur niveau de développement (villes des pays développés, villes du
Tiers-Monde)
 de la civilisation à laquelle elles appartiennent (villes européennes, villes nord-
américaines, villes latino-américaines, villes musulmanes, villes indiennes, villes
chinoises, villes africaines),
 en fonction de leur croissance géographique : ville « verticale » (Abidjan, Tokyo) ou
horizontale (Los Angeles).

3.1. Réseau urbain

L'expression de réseau urbain a été employée par les géographes français depuis les années
1950-1960 (thèses de Raymond Dugrand, de Michel Rochefort) pour désigner l'organisation
hiérarchisée, à la fois complémentaire et concurrente des villes au sein d'un territoire régional
ou nationale. L'expression évoque les relations qu'entretiennent les villes entre elles à
travers les voies qui assurent leurs échanges, les flux qui en traduisent l'intensité. Elle met
ainsi l'accent sur les supports techniques de ces relations : c'est pourquoi on peut alors lui
préférer l'expression de système de ville, plus englobant. La représentation graphique et
cartographique des réseaux urbains peut parfois poser le problème d'une confusion avec celle
des réseaux techniques (voiries, infrastructures diverses). Chaque État a son propre réseau
urbain, dont l'organisation s'explique le plus souvent par l'histoire (formation de l'État
ancienne ou récente, peuplement à partir d'un noyau initial de colonisation) et la structure
politique (État unitaire 2 ou État fédéral). On distingue logiquement deux ²modèles : les

2
Un État est dit unitaire lorsque tous les citoyens sont soumis au même et unique pouvoir. C'est la forme la plus répandue
d'État dans le monde. En général, l'État unitaire connaît des divisions territoriales, il existe des relais entre la population et
le pouvoir central. Il s'oppose conceptuellement à l'État fédéral, composé d'États fédérés, où la souveraineté est partagée
entre l'État fédéral et les États fédérés.

13
réseaux urbains centralisés3 et les réseaux urbains multipolaires4 et dans les différentes villes
on a différents centres à savoir le centre-ville, la ville centre, le centre démographique et le
centre historique.

La
Ville-centre: commune centrale dans une agglomération (par opposition à la périphérie et a
ux communes périurbaines). A ne pas confondre avec le centre-ville.

Le centre-ville désigne le noyau central (en général le coeur historique ou le centre décisionnl
). Le centre-ville est le cœur typique et historique de la ville. Il est également appelé
hypercentre dans le cas des grandes agglomérations. C'est le lieu des manifestations culturelles
et sportives, des échanges et de la politique (au sens de la polis grecque). L'habitat y est dense
et les commerces, lieux de culte et services publics s'y trouvent.

Le centre historique est l'espace urbain le plus ancien dans une commune. Le centre historique
se caractérise le plus souvent par un important patrimoine urbain et architectural. Parmi les plus
remarquables, certains sont classés par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.

Dans le langage courant, l'expression réseau urbain désigne les infrastructures de voiries, de
transport, de canalisations et câblage, etc. propres à une agglomération. La notion de réseau
urbain est une notion propre aux géographes. Elle est liée aux concepts de

 Organisation des villes dans un pays.


 Morphologie des systèmes de villes.
 Hiérarchisation de l'espace.

Un réseau urbain se caractérise d'abord par le "semis urbain", c'est-à-dire la répartition des villes
dans l'espace et les relations entre elles et l'influence exercée par les villes sur les territoires.

3
On dit qu'un État a un réseau urbain centralisé lorsqu'il ne possède qu'une métropole qui commande son territoire et remplit
à la fois le rôle de capitale politique, économique et culturelle du pays.
La France en fournit un exemple : Paris concentre un sixième de la population du pays, et c'est une ville sept fois plus peuplée
que les deux villes suivantes par la taille, Lyon et Marseille ; l'agglomération parisienne concentre 90 % des sièges sociaux des
entreprises, les deux tiers des chercheurs, un tiers des étudiants, la quasi-totalité des médias nationaux, une grande partie de la
création artistique, les plus grands musées ; l'organisation centralisée de la France se lit sur une simple carte routière, qui montre
que le réseau routier français est centré sur Paris.
Ce modèle est le plus fréquent dans le monde. Il s'explique souvent par l'ancienneté de l'existence d'un État centralisé et du
choix de sa capitale. C'est le cas de la France, du Royaume-Uni, du Portugal, de l'Autriche (avec la particularité pour cet État
que Vienne était jusqu'en 1918 la capitale d'un empire beaucoup plus grand que l'État actuel).
Mais ce modèle est également le plus fréquent dans le cas des États africains, indépendants depuis une cinquantaine d'années
seulement, et dont le découpage date d'environ un siècle : on peut l'expliquer par le fait que l'urbanisation de ces pays n'est que
récente, et qu'elle se fait au profit principal de la capitale.
Si on associe souvent un réseau urbain centralisé à un État unitaire, ce n'est pas systématique : par exemple le Mexique et
l'Argentine sont deux États fédéraux dont le réseau urbain est dominé par une capitale géante.

14
On distingue plusieurs types de réseaux urbains :

 le réseau polarisé intégral (ou unipolaire) : Une ville principale domine toutes les autres
et concentre toutes les fonctions importantes. Les relations se font principalement entre
la ville principale et les villes secondaires. les liaisons transversales sont rares.
Exemple : Le réseau urbain français est polarisé intégral autour de Paris.

 le réseau polarisé équilibré : Il est organisé autour d'une ville principale, mais possède
des relais importants dans d'autres villes. Exemple : le réseau urbain de Lyon a des
ramifications dans d'autres villes telles que Grenoble. Il faut le différencier du réseau
polarisé intégral car toutes les fonctions ne sont pas situées dans une seule et même
ville.

 le réseau bipolaire : 2 villes principales organisent l'espace. Entre les deux pôles il existe
des relations de concurrence et de complémentarité. Les échanges se font
principalement sur l'axe reliant ces 2 villes. Exemple : le réseau urbain espagnol avec
Madrid et Barcelone ou celui de la région Centre-Val de Loire avec Orléans et Tours.

 le réseau multipolaire : plusieurs villes d'importance équivalente se partagent les


fonctions dans une région (exemple : la Bretagne). Il arrive qu'une des villes soit plus
importante que les autres (Rennes) mais sans trop étouffer ses voisines (Brest, Lorient,
Saint-Brieuc, Vannes, Quimper, Saint-Malo).

 le réseau linéaire : plusieurs villes d'importances variables se trouvent le long d'un axe.
ce système se caractérise par la faiblesse des relations entre les différents pôles.
Exemple : La Côte d'Azur en France.

NB : en changeant d'échelle, on change de type de réseau. Exemple chacun des pôles d'un réseau
bipolaire organise un petit réseau unipolaire autour d'elle.

3.2. Hiérarchies urbaines ou armatures urbaines

Ensemble des villes et de leurs zones d'influence, constituées en structure hiérarchisée dans un
territoire donné. Ces villes assurent la fonction de pôle d'attraction pour leur zone d'influence.
Une hiérarchie urbaine s'instaure entre les villes voisines, qui se traduit par une hiérarchie des
fonctions (sociales, économiques, culturelles...).

La notion d’armature urbaine est étroitement liée à deux autres notions à savoir :

- le réseau urbain qui est l’inscription géographique de l’armature urbaine et qui se


caractérise par les relations exprimées par les flux de personnes, de marchandise, de
communication immatérielle et des capitaux entre des villes qui sont des pôles pour leur
aire d’influence, que ces relations soient de type hiérarchique ou intermédiaire

- la hiérarchie urbaine qui implique une structuration en différents niveaux et des rapports
de dominance entre les villes voisines de différents niveaux.

15
Les méthodes d’établissement des hiérarchies urbaines

A partir des années 1960 on s’intéresse beaucoup aux armatures urbaines conçues en tant que
soutien ou même comme base de l’aménagement du territoire (exemple de la France). Les
principaux critères d’établissement des hiérarchies urbaines sont les suivants :

3.2.1. La population
La population est un critère de base. Un seuil d’un million d’habitants dans les pays développés
correspond à celui à partir duquel il est nécessaire de recourir, dans le domaine des transports
en commun, à un métro. En Europe 80 % des villes millionnaire en ont un, ce qui est plus
qu’une coïncidence.

3.2.2. La fonction politique et administrative


Dans les pays à structure politique centralisée le rang urbain est théoriquement fixé par la
puissance politique qui décide de la hiérarchie administrative, mais le développement
économique peut contrarier cette décision. Parfois même il existe une volonté de dissocier les
deux fonctions.

Dans les pays de tradition centralisée on concentre les fonctions, exemple : Paris, première
puissance politique, économique en France, de même Londres ou Vienne, Tokyo, Santiago du
Chili.

Dans les pays plus décentralisés au contraire, il y a souvent cette dissociation, les capitales
fédérales sont partout assez petites : Canberra, Washington et Brasilia sont loin de Melbourne
et Sydney, New York et Sao Paulo.

Les hiérarchies varient d’un pays à l’autre mais partout les dispositions se ressemblent. Au-
dessus de la circonscription de base la commune, puis le chef-lieu de canton ou de comté, le
département français, puis la province, l’État américain, la république soviétique,..., enfin
l’Etat. Le fait d’être à la tête d’une de ces divisions procure au moins les appareils administratifs
afférents.

3.2.3. Le rayonnement économique

Le pouvoir de commandement économique est un des éléments les plus utilisés. Il peut
s’apprécier par la présence des sièges sociaux d’entreprises ; on les recense pour en obtenir le
nombre puis on calcule le rayonnement des sociétés contrôlées par la ville en appréciant le
nombre de leurs salariés et leurs chiffres d’affaires ou tout autre indicateur. Il faut seulement
vérifier que ces sièges sociaux sont réels et non de simples adresses.

La fréquentation des services économiques de la ville est un élément fondamental du


rayonnement urbain. Le rayonnement commercial permet de connaître l’aire de chalandise des
commerces les plus représentatifs : grands magasins et hypermarchés et les commerces «rares»
dont la présence caractérise le niveau de la ville : fourreurs, bijoutiers, négociants en tapis de
luxe. Il en est de même des services des loisirs (théâtres, boîtes de nuits), de la santé et de
l’enseignement supérieur.

16
3.3. Types de hiérarchies urbaines
Tous ces éléments (population, fonctions politiques et administratives et rayonnement
économique) donnent une image du rayonnement urbain et permettent un classement. La
difficulté réside dans la pondération des éléments connus de façon à permettre la comparaison.
Il n’y a pas de consensus scientifique à ce sujet. Quelle valeur attribuer à la population totale
par rapport à la présence d’une université ? Chaque étude propose sa conception propre car il
ne peut y avoir de vérité absolue dans ce domaine.

Quoi qu’il en soit, on classe les villes en catégories dont les définitions les plus usitées sont les
suivantes :

Au sommet de la hiérarchie, les capitales et les métropoles internationales qui ont :

1. une taille élevée de population, au moins plus d’un million d’habitants ;


2. un éventail de services tels que la population desservie n’ait pas besoin d’aller ailleurs pour
se les procurer ;
3. un rayonnement économique au moins sur un territoire régional très étendu ;
4. et des relations internationales soutenues par l’existence de sociétés multinationales, de
marchés financiers et d’équipements culturels de qualité.
Répondent à la définition en Europe : Paris, Londres, Madrid et Barcelone, Zurich, Milan et
Rome, Francfort, Hambourg et Munich ; au Canada : Montréal, Vancouver et Toronto ; New
York, Chicago, Los Angeles, Saint-Louis et d’autres pour les États-Unis; Tokyo et Osaka au
Japon.

Par définition ce type de ville peut difficilement se rencontrer dans les pays du tiers
monde. En Afrique seule Johannesburg peut être comparée à ces grandes villes du monde
occidental. En Asie Hong Kong, et Singapour. En Amérique latine seules Mexico, Buenos aires,
Rio de Janeiro Sao Paulo peuvent prétendre à ce rang.

A un niveau intermédiaire, les métropoles sont des villes plus petites qui ont :

1. en termes de population entre 500 000 et 1 million d’hab. dans les pays industrialisés mais
peuvent largement dépasser ce nombre dans les pays du tiers monde où la masse de la
population ne correspond pas forcément à la taille réelle de la ville dans l’économie.
2. un éventail complet de fonctions, à la fois industrielles et de services pour la population
régionale. Ce qui les distingue des métropoles internationales c’est la faiblesse ou
l’inexistence du rayonnement international.
Ainsi en France on a Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse, etc. ; en Allemagne Stuttgart
et Düsseldorf ; en Italie : Turin, Florence, Palerme ; au Canada : Edmonton et Calgary ; aux
U.S.A. : Boston, Denver, Atlanta, etc.

Les niveaux inférieurs de la hiérarchie urbaine sont constitués par les moyennes villes de
l’Occident : population est comprise entre 50 000 et 200 000 hbts.

1. leur rayonnement ne dépasse pas une centaine de kilomètres ;


2. les équipements sont suffisants pour les besoins courants mais il manque la plupart des
services supérieurs : l’hôpital est présent mais pas le Centre Hospitalier Universitaire et les

17
spécialistes, les commerces de luxe n’offrent pas la variété et le choix nécessaires, de même
que les fonctions ludiques (l’animation nocturne est réduite).
Le recours à d’autres villes, plus grandes et mieux équipées, est nécessaire.

Enfin les petites villes de 5 000 à 50 000 habitants rayonnent sur leur espace propre, moins
de 50 kilomètres et possèdent les services banaux. Ce sont les chefs-lieux de département ou de
provinces en Europe occidentale.
3.4. Les types de réseaux hiérarchiques
3.4.1. Réseau métropolisé
Le type métropolisé est caractérisé par la concentration des fonctions supérieures, la croissance
démographique et économique. Deux variantes se rencontrent :

1* La métropole unique : elle détermine un réseau macrocéphalique : une seule ville,


fréquemment la capitale politique du pays, domine complètement toutes les autres. Ce
type de hiérarchie est dû à une évolution «naturelle», plus ou moins rapide liée à la
centralisation des fonctions et à l’attrait incontrôlable des capitales : Niamey au Niger,
Dakar au Sénégal, Le Caire en Egypte, Kinshasa au Zaïre, Calcutta et Bombay en Inde,
Mexico au Mexique, Buenos Aires en Argentine et Caracas au Venezuela. Dans tous
les cas, ces capitales rassemblent plus du 1/3 de la population totale du pays et tous les
éléments du pouvoir politique et économique.
Dans les pays développés, le phénomène existe aussi avec Londres et Paris. Mais
l’écrasement de la hiérarchie est à peu près toujours tempéré par l’existence de métropoles
secondaires ou rivales.

2* Les réseaux bicéphales sont une variante du premier type. Ils sont plus rares et correspondent
à des circonstances historiques ou à la grande dimension du pays qui empêche le
monocéphalisme. Parmi les meilleurs exemples on trouve le cas de Madrid et de Barcelone
en Espagne, de Rome et de Milan en Italie, de Rio Janeiro et de Sao Paulo au Brésil, de
Sydney et de Melbourne en Australie, de Los Angeles et de San Francisco aux USA.
3* Les réseaux multicéphales amorcent déjà une division des fonctions dominantes mais les
villes secondaires demeurent de taille très inférieure aux métropoles dont la croissance est
trop rapide. Ils peuvent exister à deux niveaux :
1. Dans le premier existe une capitale, parfois deux villes au niveau supérieur, mais
elle laisse subsister ou suscite l’existence de métropoles inférieures: l’Italie avec Rome et
Milan mais aussi Turin, Naples, Bari, Florence et Palerme ; l’Espagne avec Madrid et
Barcelone mais Séville, Oviedo, Cordoba et Valence
2. Dans le second, il n’y a pas de super métropole mais des métropoles moyennes
dominant leur propre territoire. C’est en gros le cas de l’Allemagne.

3.4.2. Les réseaux équilibrés


Les réseaux équilibrés sont ceux dans lesquels tous les éléments de la hiérarchie urbaine sont
représentés sans exclusive ; il y a hiérarchie mais sans vidage ou étiolement des niveaux
inférieurs. Actuellement cette structure n’est pas dominante dans le monde car la métropole
s’accentue, devenant même, la règle dans les pays sous-développés. La Suisse et l’Allemagne
sont de bons exemples. Dans cette dernière, les capitales des länder jouent leur rôle de centres
métropolitains régionaux : Hambourg, Stuttgart, Hanovre, Munich, Francfort, Cologne,
Düsseldorf laissent aussi se développer des villes plus petites comme Kassel, Brême ou Essen.

18
La Suisse donne la même image avec Zurich mais aussi Bâle, Berne, Genève, St-Gall ou
Lugano.

3.4.3. Les réseaux informes

Les réseaux informes sont ceux dans lesquels il n’y a pas de hiérarchie vraiment apparente. Il
n’existe pas à l’échelle d’un pays entier car la métropolisation a gagné la planète, mais on peut
les rencontrer à l’échelle régionale. C’est le cas de la Ruhr, du bassin houiller du Nord de la
France et du Sud de la Belgique.

3.5. Les aspects spatiaux des réseaux urbains

La répartition dans l’espace des différents types de villes est le second aspect caractéristique
des armatures. Cette disposition dépend de multiples facteurs : le climat, l’évolution historique
où le peuplement et le développement. Le développement peut s’effectuer à une extrémité du
pays, une frange côtière par exemple ou une volonté politique peut manifester la création d’une
capitale dans un endroit du territoire. Les principales dispositions sont les suivantes :

3.5.1. Les armatures à dominante périphérique

Les armatures à dominante périphérique sont très fréquentes. Les villes principales sont
disposées sur un élément de périphérie : la côte d’où est venu le peuplement et où se concentre
encore l’activité : l’Afrique dans presque toute sa surface a une physionomie urbaine de ce type.
Le Niger donne un bon exemple : la quasi-totalité des villes sont concentrées le long du fleuve
et de la frontière d’avec le Nigéria.

3.5.2. Les armatures spatialement équilibrées

Les armatures spatialement équilibrées sont disposées régulièrement dans l’espace. Elles
apparaissent surtout dans deux cas : les pays d’ancienne implantation et de forte activité diffuse
et les pays de taille suffisante dont les possibilités d’utilisation sont relativement homogènes.

3.5.3. Les armatures spatiales «trouées»

Les armatures spatiales «trouées» sont celles où dans un système, régulier dans l’ensemble,
apparaissent des lacunes, des zones moins urbanisées. Les causes sont multiples mais se
ramènent à la présence de zones moins utilisables ou en perte de vitesse ou pas encore utilisées
dans les pays à marge pionnier. Le Congo par exemple où, à part Brazzaville et Pointe Noire,
les autres agglomérations ont moins de 10 000 hab. et ont un très faible niveau de services.

3. Morphologie urbaine

L’étude interne de la ville nous conduit à certaines questions : comment la population, les
quartiers, les activités se répartissent-ils dans le tissu urbain et comment ce tissu est-il organisé ?
La première démarche privilégie l'analyse des fonctions à laquelle elle subordonne celle de la
population et du mode de vie urbain, la seconde s'attache davantage aux formes et à la manière
dont le mode de vie s'y ajuste. Les notions n'ont pas la même netteté dans cette seconde
perspective: celle de paysage urbain.

19
La morphologie urbaine est l'étude des formes urbaines. La morphologie urbaine vise à
étudier les tissus urbains au-delà de la simple analyse architecturale des bâtiments et à identifier
les schémas et structures sous-jacents. La morphologie urbaine étudie les formes et les
caractéristiques de la ville (la voirie, le parcellaire, le découpage du sol, les densités, les usages),
et les phénomènes qui en sont à l'origine: topographie, histoire, influence culturelle, économie,
règles d'urbanisme, contexte technologique ou encore énergétique. Elle s'appuie sur les
différentes échelles constitutives du monde urbain : le bâtiment, l'îlot, le tissu urbain, la ville,
l'agglomération. Elle est interdisciplinaire, entre histoire et géographie urbaines, urbanisme et
archéologie.

La morphologie urbaine est le résultat des conditions historiques, politiques, culturelles (et
notamment architecturales) dans lesquelles la ville a été créée et s'est agrandie. Elle est le fruit
d'une évolution spontanée ou planifiée par la volonté des pouvoirs publics.

Les notions voisines de "structure urbaine", "forme urbaine", "morphologie urbaine"… ne sont
pas toujours claires et les définitions varient souvent d'un auteur à l'autre.

LA TRAME URBAINE

Elle est composée d'îlots divisés en parcelles et séparés par des voies plus ou moins larges.
Voies, îlots et parcelles sont de formes plus ou moins géométriques.

La trame urbaine peut être : Irrégulière : aucune forme géométrique n'est prédominant. C'est le
cas des quartiers anciens où les parcelles rurales n'ont guère été modifiées. Quadrangulaire :
les îlots sont carrés ou rectangulaires ainsi que les parcelles, et les voies sont de largeur
constante et perpendiculaires. C'est le tracé le plus facile. Non orthogonaux ou en courbe : ces
tracés (cercles, étoile, croissants...) sont rares parce que plus difficiles à réaliser.

2.2.1.1.1 Les îlots

Les îlots peuvent présenter une plus ou moins forte densité d'immeubles

3.3.1.1.2. La voirie

Est destinée aux véhicules qui doivent circuler facilement. Pour ce faire il est indispensable de
bien calculer le rapport entre la surface de circulation et la surface totale. L'intensité de la
circulation dépend aussi de la densité d'occupation des îlots. Enfin, la capacité du réseau dépend
de la circulation aux heures de pointe.

3.3.1.1.3. Le contenu social

Le contenu social des quartiers résidentiels a souvent des rapports avec la trame. Les quartiers
aisés ont de grandes parcelles, des îlots réguliers, des voies larges, une densité moindre. Les
quartiers ouvriers, surtout s'ils sont anciens, ont de petites parcelles, des îlots plus irréguliers,
des voies plus étroites.

20
La trame une fois établie est difficilement modifiée, car il est fort coûteux de déplacer la voirie
et tous les réseaux qui se trouvent sous sa surface. Il faut pour cela une opération de rénovation
urbaine.

3.3.1.1. Le parcellaire
Découpage du sol en lots ou parcelles pour son appropriation ou son utilisation. Il est déterminé
par le maillage et sert de support du bâti.
3.3.1.2. Bâti ou tissu constitutif
Il est composé d’immeubles caractérisés par leur âge, leur style, leur élévation, mais aussi par
les vides urbaines et les espaces publics (places, parcs, jardins, ect.). C’est donc une
combinaison complexe variée du plein et des vides qui engendre une structure appelée le tissu
urbain.

Ce tissu urbain en association avec la voirie forme la trame urbaine. La voirie est destinée aux
véhicules qui doivent circuler facilement. Pour ce faire, il est indispensable de bien calculer le
rapport entre la surface de circulation et la surface totale. L'intensité de la circulation dépend
aussi de la densité d'occupation des îlots. La trame urbaine, une fois établie, est difficilement
modifié, car il est fort coûteux de déplacer la voirie et tous les réseaux qui se trouvent sous sa
surface. Il faut pour cela une opération de rénovation urbaine.

La voirie

La voirie désigne à la fois :

 l'ensemble des voies de circulation (le réseau routier : routes, chemins, rues, etc.) avec leurs
dépendances,
 la nature et la structure de ces voies (voie unique, 2 x 2 voies, etc.).

 Initialement, une voirie, parfois écrit voierie, était un lieu où l'on portait les ordures, les
immondices. Certaines rues, comme à Paris, portaient à cet effet le nom de rue de la
voierie, rue de la voirie ou chemin de la voirie

Le parcellaire

Une parcelle est généralement une superficie de terrain ayant une unité de propriété. Une
parcelle peut être dans ce cas la propriété d'une personne privée ou publique, seule ou en groupe.
Un ensemble des parcelles peut être désigné comme un « parcellaire ».
Un certain nombre de taxes sont définies selon la taille et l'emplacement des parcelles, comme
la taxe foncière.

Selon le référentiel foncier ou d'organisation spatiale utilisé, le terme de parcelle peut


s'appliquer à différents domaines :

21
 en agriculture, elle désigne alors la division agricole (champ, pré, vignoble, verger, etc.)
exploitée par la même personne ou le même groupe de personnes.
 en sylviculture, G. Sêe, sous-inspecteur des forêts définissait les parcelles en 1868
comme des « enceintes formées par des lignes de configuration, de fertilité ou de
consistance » en préférant ce mot à l'ancien mot de « canton » qu'il considère même
comme un néologisme quand on le réutilise (à cette époque).
 en urbanisme et dans les plans cadastraux, elles sont définies selon leurs propriétaires
et leurs limites parcellaires, tant en milieu rural qu'urbain. Ainsi, une parcelle définit
autant une unité de terrain agricole, qu'un terrain habité, ou encore une parcelle à
l'abandon ou dévolue aux stationnements automobiles.
 Au Québec, une parcelle est aussi appelé un lot. L'outil gouvernemental permettant la
consultation de la base de données cadastrales s'appelle InfoLot.

2.2.3. LE TISSU URBAIN

L’analyse physionomique du « tissu urbain » complexe, c’est-à-dire de l’espace, construit ou


non, compris entre le réseau des rues qui est l’ossature du plan, a été peu entreprise encore par
les géographes, qui se sont le plus souvent contentés d’étudier le plan des villes. C’est l’un des
grands mérites de TRICART que d’avoir attiré l’attention sur l’importance de cet aspect de la
réalité urbaine. Les plus récentes monographies urbaines contrairement aux anciennes qui se
préoccupaient surtout des fonctions des villes, accordent une large place à l’étude
physionomique.

L’analyse du «tissu urbain» conduit à une première distinction capitale : l’importance respective
de l’espace bâti et aménagé en espace proprement urbain (construction, voies et places) et des
étendues libres (terrains vacants, eaux, parcs et jardins).

2.2.3.1. ESPACES BATIS ET NON BATIS


Selon les pays et selon les époques, la surface urbaine est répartie de façon très différente entre
espaces bâtis et non bâtis, entre espaces urbains continus et discontinue.

si l’expansion urbaine, au lieu de s’effectuer en masses compactes et en anneaux continus,


s’étire le long de certains axes de développement (vallée ou voies de circulation) la ville
s’articule en éléments linéaires entre lesquels subsistent plus ou moins longtemps des zones
rurales.

La discontinuité maxima correspond aux villes dont des fractions se développent en îlots isolés
d’urbanisation, à l’écart de la masse urbaine principale : c’est le cas des villes satellites de
Londres.
En fait comme le plan, la densité des constructions, la plus ou moins vaste étendue de terrains
libres, dépend de l’évolution historique des villes, des fonctions assumées successivement.

22
Selon Lavedan, Paris comptait en 1913, pour une superficie communale de 7 800 ha, 44,5 %
d’espaces bâtis et 55,5 % d’espaces libres ; ces derniers l’emportaient donc. En 1957, c’est
l’inverse ; pour une superficie communale de 8 693 ha (bois de Boulogne et Vincennes exclus,
comme en 1913) on compte 4 870 ha bâtis (soit 56% de la superficie) et 3 823 ha non bâtis
(44%). Il y a donc eu une nette augmentation des surfaces construites, au détriment surtout des
jardins privés. Elle fait de Paris une ville dense, au tissu urbain trop serré, trop compact, trop
peu aéré.

La plus ou moins vaste étendue des terrains libres peut dépendre aussi des conditions du marché
foncier. C’est particulièrement vrai sur les franges urbaines. Le terrain libre n’est plus alors un
élément urbanistique. Il correspond à un phénomène de stérilisation du sol par la spéculation.

En effet lorsqu’une parcelle est développée le prix des terrains vacants qui l’entourent augmente
en prévision de leur mise en valeur immédiate. Cette hausse des prix incite les constructeurs à
s’éloigner pour s’établir là où le prix des terrains est moins élevé. Cette spéculation bloque
littéralement le développement urbain tout en accroissant son coût puisque les égouts, les
aqueducs et les routes augmentent considérablement le budget des services municipaux.
On voit donc qu’il peut y avoir plusieurs types d’espaces libres comme il peut y avoir divers
types de masses bâties. Il faut donc à ce niveau de l’analyse distinguer chacun de ces deux séries
d’éléments : les espaces libres et les constructions urbaines.

3.3.2.2. LES ESPACES LIBRES

Ils sont de 2 sortes : privés et publics. Les premiers sont soit les annexes des immeubles voisins
(cours, jardins) et ne peuvent être étudiés qu’en fonction des surfaces bâties, soit des terrains
vacants stérilisés par la spéculation.

Les espaces publics, «c’est-à-dire aménagés par la communauté pour la jouissance de


l’ensemble de la population urbaine» comprennent, selon la classification de Lavedan :

3.3.2.2.1. LES RUES


On les distingue selon leur physionomie et leur fonction (les deux critères devant être combinés)
: rues à grande circulation, rues commerçantes, rues de promenade, rues de résidences, rues non
charretières et impasses (fréquentes dans les villes islamiques du Proche-Orient par exemple).

L’évolution des conditions de la circulation automobile transforme le rôle de la rue. Si elle est
trop étroite, elle n’est plus fonctionnelle ; si elle est trop large, elle nuit au lèche-vitrine. Cela
devient de plus en plus vrai avec l’apparition des grandes percées rapides dans les centres-villes.

23
Le commerce tend alors à s’expatrier en banlieue dans les centres d’achats. La fonction de la
rue se confine alors au passage.

Aujourd’hui les voies en surplomb, les voies rapides radiales et les autoroutes de ceinture ont
complètement transformé les formes de la croissance urbaine et par là, la structure de
l’organisme urbain.

L’intensité croissante de la circulation automobile exige des solutions constamment


renouvelées ou améliorées dans le plan des artères de circulation par la construction de viaducs
par dessus les maisons ou par des percées souterraines ou encore la réalisation de circulation à
plusieurs étages, de nœuds pour les autoroutes.

A la lumière de ce que nous venons de décrire, on pourra se demander si une cité qui a pris
soins, avant tout, de faciliter la circulation intérieure, peut encore se fixer et atteindre d’autres
objectifs ?

En effet une ville où la circulation a la primauté sur toute autre fonction ne peut plus assumer
son rôle traditionnel qui consiste à fournir un cadre adéquat aux échanges et aux rapports
sociaux. Les droits accordés aux véhicules particuliers de se mouvoir et de stationner dans tous
les emplacements de la cité, détruit peu à peu sa conception d’ensemble.

2.2.2. LES PLACES

«Tandis que le rôle essentiel des rues est la circulation, celui des places est le stationnement,
la réunion. Ainsi s’explique leur forme toujours ramassée et leur localisation à des points
stratégiques, favorisant cette réunion» J.Tricart.

Comme les rues, il faut étudier les places à la fois selon leur forme et leur fonction. On doit
distinguer également, comme pour les rues, leur localisation dans organisme urbain, leur âge et
évidemment le type de civilisation dans laquelle la ville prend place.

On distingue :

1. Les places traditionnelles, qui réunissent toutes les fonctions : lieu de rassemblement
politique ou militaire, lieu de marché, centre monumental, lieu de promenade. Telle était
l’Agora grecque primitive5, telle est la grande place de la petite ville française, la Plaza Major
d’Amérique latine. Dans les petites villes Suisses, l’assemblée du peuple s’y tient encore
pour les votations.

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AGORA = Principale place publique dans les villes de la Grèce ancienne

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2. Les places de rassemblement politique ou militaire servent à des manifestations
collectives plus ou moins espacées, l’essentiel de l’activité politique se déroulant dans des
bâtiments spécialisés telles l’assemblée nationale ou (la Place de l’étoile à Paris), la Place de
l’Hôtel de ville.

3. Places de marché : d’ordinaire elles sont très vastes, comportant des halls, des barrières
pour le bétail, c’est le cas du champ de foire d’Autum.

4. Les Places monumentales, à simple but esthétique, architectural, apparaissent à la


renaissance et se développent avec l’art baroque. Elles sont soit un vestibule de plein air pour
un édifice religieux ou civil (Place St-Pierre à Rome), soit un espace mettant en valeur une
statue de souverain (Place Bellecour à Lyon) ;

5. Les places promenades sont en général récentes (XIXème), créées au milieu des quartiers
résidentiels, pour lutter contre l’entassement urbain. Elles comportent des ombrages, des
sièges et parfois des jardins.

6. Les places de trafic ne servent qu’à la circulation ; ce sont des carrefours plus ou moins
agrandis, plus ou moins ornés (Place de la Bastille à Paris). De formes et de tailles très
diverses, elles sont souvent moins grandes que les autres. Les places de la gare sont une
variété de ce type.

7. Les places galeries souterraines : la congestion de la circulation tend à transformer toutes


les places de trafic (Concorde et Etoile à Paris) en place de stationnement (place Vendôme
à Paris). C’est peut être une des raisons pour lesquelles se développent en Amérique du Nord
où les places font cruellement défaut des places souterraines au sous-sol des gratte-ciel ou
des supermarchés, reliés aux hôtels, au métro et aux grandes avenues. Ainsi la galerie des
boutiques de la place ville-Marie en dessous du Cruciforme à Montréal.

Aujourd’hui les règlements d’urbanisme obligent les grands édifices à être construits en retrait,
et de ce fait, ils donnent sur des espaces aménagés en jardins ou en promenades : ces places
aèrent les zones de gratte-ciel, qui peuvent ainsi dévoiler leurs silhouettes.

2.2.3. LES JARDIN PUBLICS ET TERRAINS DE JEUX

On les distingue des places en ceci qu’ils sont destinés à certaines activités particulières et que
de ce fait ils nécessitent un équipement spécial:

1. Jardins publics : ce sont des lieux de repos et de promenade, agrémentés d’allées, de


pelouse, de bancs ;

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2. Terrains de jeux : sont surtout des stades, des vélodromes, des champs de courses occupants
des surfaces considérables. Ces terrains sont souvent clos, à l’écart du passage de la foule. En
général, ils correspondent à une création du siècle dernier mais leur origine est très diverse.

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