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enjeux et perspectives
Contexte
La thématique du renouvellement urbain devient de plus en plus présente en milieu
professionnel ; on pourrait presque prendre cela pour une sorte d'effet de mode. Mais la
réalité est toute autre, car cette notion concerne des pans ou des morceaux de ville,
voire des quartiers entiers qui semblent bloqués et qui n'arrivent plus à se renouveler
spontanément. Il s'agit de territoires qui ne s'adaptent plus à la fonctionnalité contemporaine
de la ville, dégradés et dépéris, ils se retrouvent en marge de la réalité urbaine surtout dans
un contexte actuel voué à la grande mobilité et aux transformations de toute sorte.
Désormais leur cadre de vie ne répond plus aux exigences de ses habitants. Il s'agit entre
autres : de la multiplication des friches urbaines, de la dévalorisation des quartiers
centraux, d'ensembles urbains qui souffrent de problèmes d'exclusion, d'une mauvaise
insertion des équipements, d'un dépérissement économique et de la perte progressive de
valeurs que connaissent ces zones. A tout cela s'ajoute le phénomène des ghettos dans les
villes développées et ce que l'on nommerait une clochardisation et une bidonvilisation de
l'urbain dans les villes du tiers monde.
« Le renouvellement urbain désigne l'ensemble des interventions mis en œuvre dans les
quartiers en crise, en vue d'améliorer leur fonctionnement et favoriser leur insertion dans la
ville. Ces interventions empruntent plusieurs voies et vont de la restructuration des
immeubles de logement, l'amélioration des dessertes de transport, la création de nouveaux
services publics, à l'implantation des entreprises et l'accompagnement social des habitants.
Car il s'agit bien en réalité de changer la ville, de la renouveler, de modifier
fondamentalement et durablement la physionomie des quartiers en difficulté, c'est
également pour changer la vie de ses habitants, car il est impossible de dissocier l'urbain du
social, l'idée est de mettre le projet urbain au service du projet social. Renouveler la ville sur
elle-même revient dans un sens d'imaginer une nouvelle urbanité, pour redonner l'envie
aux habitants d'y vivre, de s'y déplacer, d'y consommer, diminuer aussi dans une certaine
mesure d'avoir recours à la voiture et revenir à des échelles humaines du cadre de vie » ( CIV
du14 décembre 1999).
L’usage de ce concept est apparu pour la première fois aux USA sous l’appellation de
"urban renewal" lorsque la désindustrialisation et la délocalisation des installations portuaires
laissèrent la place à de vastes friches urbaines ; en effet, il désigne une alternative de
développement urbain fondée sur la récupération du patrimoine foncier et bâti présents mais
dégradés, en substitution à l’option de développement par étalement de l’espace urbain.
Dans ce concept, il s’agit bien d’une alternative, il se distingue des pratiques
précédentes par une démarche moins traumatisante. Il faut noter aussi que ce concept
ne s’oppose pas aux politiques de rénovation urbaine ou de requalification, ces deux
pratiques peuvent constituer un moyen de mettre en pratique le renouvellement urbain.
Il englobe par la même des aspects d'ordre culturel en tenant compte de l’identité, par
exemple social par rapport notamment à la lutte contre l'exclusion, économique par la création
d'emploi, environnementale en privilégiant la dimension qualitative de l'espace urbain . Cette
alternative intervient aussi dans une perspective de rationalisation de l’occupation du sol,
donc de réinvestissement des espaces obsolètes au sein de la ville, qui sont les importantes
friches1.
Le choix des échelles Définir le maître Implication des Prise en compte des Une politique Les instruments de
d’interventions (spatia d’ouvrage et le maître acteurs : risques que peut foncière : planification locale :
les et temporelles) : d’œuvre : - un système de engendrer le - Planifier une action - Appelant à une
- Il s’agit des niveaux - les modalités de gestion réinvestissement du foncière dans la construction plus
métropolitain, financement. décentralisé. tissu urbain : durée, depuis la globale et
intercommunal et - Le rôle capital des planification cohérente de la
- Logique de
communal, jusqu’au pouvoirs publics. - Déclenchement urbaine en amont ville.
partenariat entre les
quartier, et en même - Les propriétaires en d’un processus de jusqu’au projet - Une planification
collectivités locales
temps d’atteindre place sont d’abord spéculation opérationnel en souple.
et les opérateurs
des objectifs à long , des partenaires. foncière aval. - Cohérence des
économiques
court et moyen - Les habitants sont - Une occupation - Faire face aux politiques
privés. problèmes de
termes. des acteurs. inégale et sectorielles.
- Consolider les recyclage des friches
- Suivre les - Une équipe de ségréguée de (transports,
rapports entre le urbaines et processus
évolutions tant travail l’espace logements, services
projet urbain et sa
- Les pertes d’acquisition
globales que pluridisciplinaire. urbains, etc.).
mise en gestion. foncière.
ponctuelles. financières
- Ne pas renforcer les
logiques spéculatives.
Source : BAKOUR
4. Typologie des espaces à renouveler :
Les territoires à renouveler dans une ville peuvent être d'une grande diversité ;
Les tissus historiques, les centres anciens et les vieilles villes :
Les noyaux historiques ont toujours représenté, toutes cultures confondues, le lieu
d'échange, d'habitation, de rencontre et de commerce par excellence d'une ville. Au delà
de cela, ils sont l'âme et la composante la plus importante des villes et de leurs identités.
Malheureusement les mutations et les bouleversements survenus aux temps contemporains,
ont permis à des germes néfastes de se proliférer au sein même de ces espaces privilégiés,
menaçant ainsi non seulement un cadre physique, mais aussi une valeur historique, et la
symbolique d'un vécu devenu proie aux dégradations multiples. Ils souffrent généralement
de problèmes de détériorations, et une sorte d'inadaptation aux conjonctures urbaines
contemporaines.
Pour les villes du monde développé, les centres subissent des phénomènes de vacance de
leurs immeubles, des secteurs d'activité, du commerce de détail, surtout avec le
foisonnement des centres commerciaux périphériques. Dans le monde arabe, les médinas
connaissent une grande activité commerciale qui se rapproche des Bazars, et qui contribue à
leurs congestions, et la dégradation de leur image.
Les quartiers d'habitat ancien mixte :
Souvent péricentraux, quelque peu oubliés et vieillissants. Ils ont généralement perdu leur
capacité à se régénérer.
Les quartiers type grands ensembles :
Ils englobent les quartiers périphériques des villes contemporaines. Ils sont mis sous le feu
de l'actualité dans les questions de renouvellement urbain, à cause de la répétition d'un
modèle unique (inadapté aux exigences des habitants) et de marquage. Ils ont été
souvent mêlés aux politiques de réparation, et de rénovation par les autorités publiques.
Les territoires importants qui connaissent des phénomènes de vacance :
Leur perte de valeur est due à l'évolution des activités économiques. Souvent bien placées,
ils ne comportent pas d'habitat ou très peu. Ce sont donc: les entreprises et sociétés
dévalorisées, les anciens sites militaires et les casernes, les friches industrielles, les
anciens docks ou silos, les emprises portuaires, les gares de marchandises, les zones
minières et sidérurgiques,…etc. En bref, ce sont les sites urbains abandonés. Ils constituent
un enjeu de taille qui peut contribuer à renouveler la ville.
Les quartiers informels, l'habitat précaire et les bidonvilles :
Il s'agit de l'autoproduction de la ville, un phénomène très présent dans les villes du tiers
monde. Leur devenir, leur durabilité, l'insertion de leurs habitants dans la société, font
souvent office de points de vue divergents. L'exemple des bidonvilles est le plus
révélateur de cette divergence. Certains pensent qu'il faut essayer de les maintenir tout en
améliorant la qualité de vie de ses habitants et les intégrant progressivement dans l'ensemble
du cadre social. Les pouvoirs publics quand à eux, procèdent par la résorption de ce type de
concentration en contre partie de logements sociaux à faibles valeurs locatives. Cette
solution n'est pas forcément la plus efficace puisque, faute de stratégies d'ensemble, ces
taudis réapparaissent ailleurs dans le tissu urbain et deviennent un moyen efficient pour
l'obtention d'un logement. Ce type de territoires requiert une gestion efficace tournée
d'avantage vers la recherche de la cohésion sociale et le rééquilibrage des droits de citoyens.
Espaces, voies, qualité de services : en quête d'amélioration.
La reconquête des territoires urbains concerne également les espaces publics, les
équipements et bâtiments de type culturel qui se sont dévalorisés, mais aussi les voies
de communication, l'amélioration des réseaux de transport et l'amélioration des
possibilités de stationnement, des préoccupations d'ordre environnemental, la réduction de
la consommation d'énergie, la réintroduction de la nature dans l'urbain…etc.
Les interventions sur le tissu urbain
Les interventions sur les tissus urbains existants regroupent différentes approches dont il
est utile, pour dissiper les confusions, d’éclaircir les terminologies. Il va de soi que la réalité
est rarement réductible à ces dernières, car souvent, plusieurs schémas d’intervention se
superposent. Des définitions des notions sont précisées comme suit :
2) La restauration :
C’est la sauvegarde ou la réfection de tout ou partie, d’édifices architecturaux ou
d’ensembles monumentaux, de quartiers ou centres urbains entiers, légués par l’histoire et
endommagés par le temps et par l’homme, en vertu de leurs valeurs patrimoniale,
esthétique ou artistique, au sens culturel du terme. La restauration peut concerner de actions
ou projets de réfection, de consolidation ou de conservation. Elle se caractérise par la
recherche u statut que : toute modification de l’état originel est proscrite, à moins
d’être clairement lisible et facilement réversible.
Il faut considérer la restauration comme dans l’article 09 de la charte de Venise
(1964) « …une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de
conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur
le respect de la substance ancienne et de documents authentique. Elle s’arrête la où
commence l’hypothèse sue le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de
complément reconnu indispensable pour raison esthétique et technique relève de la
composition architecturale et portera la marque de notre temps. La restauration sera
toujours procédée et accompagnée d’une étude archéologique et historique du monument ».
La restauration et la réhabilitation se distinguent par leur rapport à la continuité et au
changement l’une est dévolue au maintien de la forme bâtie, sans égard particulier pour
l’évolution éventuelle de son programme ; l’autre transforme un bâtiment ou un quartier
pour en actualiser à la fois le contenu et le contenant. Cette modification d’un lieu existant
impose des arbitrages entre les exigences patrimoniales, sociales et économiques, qui
nécessitent la médiation d’une intervention qui respecte les référents culturels.
3) La rénovation :
C’est une opération qui à pour projet de restituer aux anciens centres urbains dégradés
une structure et une architecture compatibles avec les exigences de l’hygiène et de
l’esthétique. Elle présente en outre l’avantage de soustraire à un habitat vétuste les familles
qui y dépérissent physiquement et moralement. L’action de rénovation peut aller jusqu’à la
démolition et à la reconstruction des bâtiments sur la base d’emprises modifiées et
accompagner du déplacement et de l’élargissement des voies publiques.
Les conséquences immédiate de cette définition sont les suivants : La reconquête des
quartiers centraux n’est pas une œuvre destruction, mais d’assainissement et de sauvegarde.
Les bâtiments disgracieux ou en ruines doivent disparaître ; mais les immeubles ou groupes
d’immeubles qui sont de bons témoins du passé de la cité seront conservé et mis en valeur.
La rénovation urbaine va donc, en définitive, régénérer le centre de la ville en ménageant
selon un plan d’ensemble les espaces libres et les jardins, les lieux d’activités, de résidence
et de loisir.
Il s’agit d’une opération très coûteuse et posant de graves problèmes sociaux. Dans la
mesure en effet où l’on opère dans des secteurs déjà construits est souvent situés au cœur
des agglomérations, le prix du terrain à traiter est particulièrement élevé. Il faut y ajouter la
valeur des bâtiments, le coût de leur démolition éventuelle ou de leur remise en état, et le
coût du relogement ou l’indemnisation de ses anciens habitants.
Une fois l’opération de rénovation terminée, le coût des appartements neuf ou remis en
état est très élevé. Leur prix de vente ou de location les met hors de portée des anciens
habitants. De ce fait, l’occupation des quartiers rénovés change de caractère engendrant un
certain effet de ségrégation sociale, en plus de la disparition corrélative de l’animation
commerciale ou artisanale qui contribuait à donner leur cachet aux quartiers anciens.
4) La restructuration :
C’est une opération, généralement lourde et coûteuse, qui consiste à la réorganisation,
d’un bâtiment ou d’un tissu urbain par la modification de ses éléments structurants. La
restructuration vise à une transformation plus au moins radicale du rôle des caractères du
cadre bâti existant étudié, Elle fait intervenir le changement par une vision nouvelle de
l’aménagement ou développent urbain à travers les modifications des parties les plus
hétérogènes, structurées et dégradées.
5) La reconversion :
6) L’amélioration :
C’est la réparation technique et l’installation des éléments de confort nécessaire à l’usage
actuel du bâtiment. Pour un quartier ou une cité d’habitat, L’amélioration urbaine signifie
aussi, son équipement en réseaux de viabilité (assainissement des eaux usées, drainage des
eaux pluviales, alimentation en eaux potable, voirie, éclairage public…), que sa dotation en
mobilier urbain nécessaire.
7) La réorganisation urbaine
Elle a pour objectif l’amélioration de la réalité urbaine par des actions superficielles, non
radicales, à court ou à moyen terme.
Elle correspond aux situations urbaines ou il est difficile ou non nécessaire de mener des
interventions radicales.
l’aménagement d’espaces résiduels insérés dans le cadre bâti existant (création
d’une aire de jeux).
la récupération des locaux abandonnés afin de les affecter à un usage collectif.
la réorganisation de la circulation (création de secteurs piétonniers,
réglementation des stationnements, réorientation des flux, réorganisation des
lignes de transport en commun).
8) Les points en commun entre les opérations :
Entre cet ensemble assez contrasté d'opérations envisageables dans la perspective de la ville
renouvelée il existe des points en commun qui caractérisent de manière générale les
interventions de reconstruction et d'amélioration de la qualité de vie:
La modernisation du parc bâti; qu'il s'agisse de démolition, de reconversion, de
réhabilitation ou autre, l'objectif final serait de réadapter le tissu urbain aux exigences
des futurs usages, et de procurer une certaine longévité aux bâtiments.