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Mastère Spécialisé : Management de la Sécurité et des

Risques Industriels

Thèse professionnelle

Peut-on maîtriser les risques liés à la


pollution des friches industrielles à
réhabiliter ?

Serafina SECHI-SAPOWICZ , promotion 2016-2017


mode de diffusion (confidentielle)
Mastère spécialisé : Management de la sécurité et des risques industriels - CESI
Rouen

REMERCIEMENTS
Ce travail de thèse est la finalisation d’une reconversion professionnelle qui n’aurait
jamais pu se confirmer sans le soutien de ma famille, ma belle famille et mes amis les plus
chers.
Mathieu, mon mari et Vassili, mon fils, m’ont accompagnée durant ce parcours et ont
supporté avec patience mes absences pour me laisser le temps de me consacrer à cette
nouvelle orientation professionnelle. Je les remercie donc pour tout car, sans ce soutien, je
n’aurais pas eu le courage d’affronter cette année aussi chargée et le prix à payer fut parfois
de les négliger.
Je remercie l’équipe du CESI qui m’a permis de réaliser ce projet de reconversion. Je
remercie énormément les collègues de la promotion MSRI 2017 qui ont rendu très agréable
cette année et qu’ils ont su, tous, d’une façon ou d’une autre, me donner des conseils sur le
travail qui pour moi était une découverte. Ainsi avec le sourire, cette formation a pu arriver
jusqu’à la fin de son chemin.
Il est important aussi de remercier tous les intervenants de l’école qui nous ont transmis
un savoir précieux pour la vie professionnelle, mais aussi des conseils très enrichissants du
point de vue technique comme humain.
Je remercie également mon tuteur de thèse, Patrice Paliotti, qui a pris le temps de relire
ce travail et de me donner son avis.
Pour terminer, un remerciement va aussi aux acteurs interviewés qui ont consacré de
leur temps pour répondre à mes questions et qui ont permis d’orienter et de construire le
corps de cette thèse. Leurs retour d’expérience a été fondamental pour la réflexion qui est
exprimée dans ce travail.

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SOMMAIRE

Table des figures et illustrations ................................................................................................ 5


Glossaire ..................................................................................................................................... 7
Introduction générale ................................................................................................................ 9
I. Les friches industrielles et les risques qui les entourent ............................................. 14
I.1 Introduction.............................................................................................................. 14
I.2 Une multitude d’acteurs impliqués dans la démarche ............................................ 14
I.3 La pollution et les polluants : les risques environnementaux et pour les êtres
vivants .............................................................................................................................. 17
I.3.1 Quelques données pour la France .................................................................. 18
I.3.2 Les principaux types des polluants émis par l’industrie ................................. 19
I.3.3 Les familles de pollutions ............................................................................... 20
I.3.4 Les types de transfert des polluants............................................................... 20
I.3.5 Les cibles de la pollution et les risques........................................................... 22
I.4 Les travaux de dépollution ....................................................................................... 24
I.4.1.a La gestion des terres excavées ................................................................... 26
I.4.2 La phase de dépollution : les risques professionnels majeurs liés aux
polluants ....................................................................................................................... 26
I.4.2.a Les Valeurs Limites d’Exposition Professionnelle ....................................... 27
I.5 La perception des risques......................................................................................... 28
I.6 Les outils réglementaires en matière de SSP pour la prévention des risques ......... 29
I.7 Questionnement personnel. .................................................................................... 32
II. Les hypothèses ............................................................................................................. 34
II.1 Les outils réglementaires sont ils suffisants pour la maîtrise des risques liés à
l’existence même des friches industrielles ?.................................................................... 34
II.1.1 Les étapes de la réhabilitation et les outils de prévention des risques ......... 34
II.1.1.a La préparation du chantier ........................................................................ 34
II.1.1.b L’interprétation de l’état des milieux (IEM) .............................................. 34
II.1.1.c Le Plan de Gestion (PG) et la planification des travaux ............................. 35
II.1.1.d L’étude historique et le diagnostic ............................................................ 36
II.1.1.e Le schéma conceptuel ............................................................................... 37
II.1.2 Analyse des outils législatifs et de leur applicabilité ...................................... 38
II.1.2.a La pollution et sa maîtrise ......................................................................... 39
II.1.2.b Le principe du pollueur-payeur et les engagements................................. 42
II.1.2.c L’exposition aux polluants : une source de risque liée à la
méconnaissance ? .................................................................................................... 42
II.1.2.d Du diagnostic au Plan de Gestion : éléments de synthèse ....................... 43
II.1.3 Conclusion : les limites des outils réglementaires ......................................... 44
II.2 Existent-ils des moyens qui compensent les carences des outils réglementaires
pour l’anticipation de la maîtrise des risques dès la phase projet?................................ 46
II.2.1 Des exemples de réhabilitation et de travaux de dépollution ....................... 46

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II.2.1.a L’étude historique, une étape fondamentale. .......................................... 46


II.2.2 Etude historique approfondie pour une démarche globale : exemple et
difficultés ...................................................................................................................... 47
II.2.3 L’Anticipation des risques technologiques pour les riverains lors d’une
réhabilitation de friche industrielle.............................................................................. 50
II.2.4 Des aspects écologiques : la nature dans un projet de réhabilitation comme
outil de prévention ....................................................................................................... 50
II.2.5 Equilibre entre l’économie et les techniques ................................................. 51
II.2.6 Conclusion : l’anticipation et la recette de la maîtrise des risques ................ 53
II.3 La communication est-elle un outil de co-gestion du projet de réhabilitation ? Un
système de management applicable à ces contextes. ..................................................... 57
II.3.1 Pourquoi une collaboration entre les parties prenantes ? ............................ 57
II.3.1.a La communication et les échanges entre les parties prenantes est-elle
nécessaire pour la réussite de la réhabilitation d’une friche industrielle ? ............. 59
II.3.1.b Une démarche transversale ...................................................................... 61
II.3.2 L’implication des citoyens .............................................................................. 61
II.3.2.a Les moyens de communication avec la population .................................. 61
II.3.2.b L’acceptation du projet, une étape importante ? ..................................... 63
II.3.3 L’implication des maîtres d’œuvre dans le projet a-t-elle un rôle à jouer pour
la maîtrise des risques liés à la pollution ? ................................................................... 64
II.3.4 Conclusion, la communication comme outil de prévention et de réussite d’un
projet d’intérêt générale .............................................................................................. 67
III. Proposition méthodologique pour la réhabilitation d’une friche industrielle polluée.
70
Conclusion générale ................................................................................................................. 76
Bibliographie ............................................................................................................................ 78
Annexe 1: Les sites pollués en France ................................................................................. 80
Annexe 2: Les polluants, les activités sources de la pollution, les effets sur l’homme et
l’environnement ....................................................................................................................... 82
Annexe 3: Les ICPE............................................................................................................... 85
Annexe 4: Les traitements des sols selon les types de pollution ........................................ 86
Annexe 5: Questionnaire (interview au sujet de la réhabilitation des friches industrielles88
Annexe 6: Les risques lies aux activités de chantier ........................................................... 90
A 6.1 : Risques liés au mouvement d’engins et véhicules divers ............................. 90
A 6.2 : Risques liés à la manutention manuelle ....................................................... 91
A 6.3 : Circulation dans le chantier .......................................................................... 92
A 6.4 : Risques chimiques ......................................................................................... 93
A 6.4 : Autres Risques ............................................................................................... 94
Annexe 7: L’acceptation du changement pour un projet de Réhabilitation ....................... 95
Annexe 8: La réglementation dans le cadre des risques professionnels lors de la phase
travaux ............................................................................................................................ 96

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Table des figures et illustrations


Figure 1 : Synthèse des principales sources de pollution d’après : BRGM, les sites et sols
pollués. ..................................................................................................................................... 18
Figure 2: Le poids global des 7 familles de polluants identifiées dans les sols ou les nappes
des SSP, début 2017 (Source : Meem/DGPR, BASOL au 5 mars 2015. Traitements : SOeS,
2015)......................................................................................................................................... 20
Figure 3 : Schéma du comportement des polluants dans l’environnement (d’après Ballerini et
al, 1998) .................................................................................................................................... 21
Figure 4 : Les types de transfert de la pollution ....................................................................... 23
Figure 5 : Les étapes principales en matière de sites et sols pollués. VCI : Valeurs de Constat
d’Impact ; VTR : Valeurs Toxicologiques de Référence ............................................................ 32
Figure 6 : Exemple de schéma conceptuel (depuis [22]) ......................................................... 38
Figure 7 : Réflexion sur la phase d’étude préalable à l’IEM ou au Plan de Gestion : l’étude
historique et le diagnostic. Ces phases peuvent rentrer dans une démarche durable et plus
globale. ..................................................................................................................................... 49
Figure 8 : Les principes d’une économie circulaire et les différentes attentes (ADEME) ........ 53
Figure 9 : Les échanges entre différents acteurs dans la démarche de réhabilitation d’une
friche industrielle (source : brochure ADEME, la reconversion des sites et friches
industrielles). ............................................................................................................................ 57
Figure 10 : Synthèse des différentes sensibilités au tour d’une réhabilitation de friche
industrielle, [15] ....................................................................................................................... 58
Figure 11 : Le triangle de Bouilding : conjonction des intérêts économiques, sociétaux et
politiques. ................................................................................................................................. 58
Figure 12 : Un système de prévention de la pollution industrielle intégrant les
problématiques de la réhabilitation des friches industrielles. Les experts (bureaux d’études)
sont un des liens fondamentaux des échanges car ils se trouvent dans la boucle initiale des
SPPPI et intègrent les SPPPIR proposé. .................................................................................... 68
Figure 13 : Un système de communication entre les acteurs concernés par les
problématiques de la pollution et intégrant les responsables et experts de la réhabilitation et
les dépollueurs. ........................................................................................................................ 69
Figure 14 : Multiplicité d’acteurs qui peuvent faire partie d’un programme de réflexion d’un
projet de réhabilitation ............................................................................................................ 71
Figure 15 : Echanges entre l’équipe projet, le CLICS et le SPPPIR avec l’intervention des
dépollueurs et des responsables de la réhabilitation, pilotés par un système de management
de la Valorisation du Territoire ................................................................................................ 73
Figure 16 : Méthode de réhabilitation d’une friche industrielle polluée. La phase projet (Plan)
comprend tous les acteurs qui ont un intérêt à réhabiliter des espaces délaissés. La
dépollution devient un coût partagé. Les dépollueurs participent dès la phase projet et ont
aussi un rôle de conseil. Les SPPPIR et les CLICS apportent leurs savoirs et expriment leurs
avis et besoins. Les dépollueurs communiquent aussi avec ces comités et les Retours
d’EXpérience permettent d’alimenter la réflexion sur le projet. Les Bureaux d’études guident
la démarche, vérifient et valident dans la phase terminale des travaux. Dès qu’une pollution
résiduelle est constatée de nouvelles analyses des risques doivent être effectuées (Check).Le
constat d’une pollution acceptable selon les usages détermine la programmation d’une
surveillance. Dans tous les cas les travaux d’aménagement ou autre, prévus dans le projet,

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ne peuvent avoir lieu qu’après la validation des experts. Le système de management qui
coordonne toutes ces étapes : Système de Management Valorisation du Territoire veille au
bon fonctionnement de ce système (logique PDCA) et facilite les échanges avec les autres
acteurs externes : SPPPIR et CLICS. Ce système permettra ainsi une maîtrise des risques liés à
la pollution. La participation des dépollueurs dans le projet permet, entre autre, la maîtrise
des risques et leur anticipation pour les salariés lors de la phase des travaux de dépollution.
.................................................................................................................................................. 74
Figure 17 : Sites de la base de donnée Basol faisant l’objet d’actions de surveillance ou
réhabilitation (source : Medde, DGPR (Basol au 16 janvier 2012. Traitement : SOeS, 2012)) 80
Figure 18: Les anciens sites industriels et activités de service susceptibles d’être pollués
(Basias), début 2013. ................................................................................................................ 81
Figure 19 : Sites de la base de données Basol faisant l’objet d’actions de surveillance ou de
réhabilitation (source : Medde, DGPR (Basol au 16 janvier 2012. Traitement : SOeS, 2012) . 81
Figure 20 : La vallée du changement : courbe représentant la réaction face à un changement.
.................................................................................................................................................. 95
Figure 21 : L’accompagnement au changement par étape d’acceptation .............................. 95
Figure 22 : Les 9 principes généraux de la prévention (article L.4121-2 du Code du Travail)
que les employeurs doivent respecter ..................................................................................... 97

Les Tables

Table 1 : Synthèse des principaux polluants d’origine industrielle (d’après Base de données
BASOL) ...................................................................................................................................... 19
Table 2 : Ensemble des situations dangereuses et des risques liés aux mouvements d’engins
et à l’utilisation de machines dangereuses sur le chantier de réhabilitation d’une friche
industrielle ................................................................................................................................ 90
Table 3 : Ensemble des situations dangereuses et des risques liés à la manutention manuelle
et mécanique et à la maintenance sur le chantier de réhabilitation d’une friche industrielle 91
Table 4 : Ensemble des situations dangereuses et des risques liés à la circulation sur le
chantier de réhabilitation d’une friche industrielle et aux activités sur le chantier même .... 92
Table 5 : Ensemble des activités exposant aux risques chimiques sur le chantier de
réhabilitation d’une friche industrielle .................................................................................... 93
Table 6 : D’autres risques liés à des activités diverses sur le chantier de réhabilitation d’une
friche industrielle et qui n’ont pas été mentionnés précédemment....................................... 94

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Glossaire
ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie
AMO : Assistance à Maître d’Ouvrage
ANDRA : Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs
ARR : Analyse des Risques Résiduels
ASN : Autorité de la Sûreté Nucléaire et de la radioprotection
AVAP : Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine
BASIAS : Base de données des Anciens Sites Industriels et Activités de Service
BASOL : Base de données des Sites et Sols Pollués
BRGM : Bureau de Recherches géologiques et minières
BTEX : Benzène, Toluène, Ethylbenzène, Xylène
CARSAT : Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail
CLIC : Comités Locaux d’Information et de Concertation
CLIS : Commission Locale d’Information et de Surveillance
CMR Cancérogènes, Mutagènes ou toxiques pour la Reproduction
CNRS : Centre National de Recherche Scientifique
CSPS : Coordinateur en matière de Sécurité et de la Protection de la Santé sur le chantier
CSS : Commission de Suivi de Site
DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement
EBC : Espaces Boisées Classées
ERP : Etablissement Recevant du Public
EDR : Evaluation détaillée des risques
EPC : Equipement de Protection Collective
EPF : Etablissement Public Foncier
EPI : Equipement de Protection Individuelle
EQRS : Evaluation Quantitative des Risques Sanitaires
ESR : Evaluation Simplifiée des Risques
HAP: Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques
HSE : Hygiène, Sécurité, Environnement
ICPE : Inspection des Installations Classées
IEM : Interprétation de l’Etat des Milieux
INERIS : Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques
IRSN : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
MASE : Manuel d’Amélioration Sécurité des Entreprises
PDCA : Plan, Do, Check, Act
PdP : Plan de Prévention
PGC : Plan Général de Coordination
PGCSPS : Plan Général de Coordination en matière de Sécurité et de Protection de la Santé
PLU : Plan Local d’Urbanisme
PNSE : Plan National de Santé Environnentale
PPRM : Plan de Prévention des Risques Miniers
PPRT : Plan de Prévention des Risques Technologiques
PPSPS : Plan Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé
PRSE : Plan Régional Santé Environnement
PSMV : Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur

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REX : Retours d’EXpérience


SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale
SISOP : SItes et SOls Pollués (base de sonnées)
SSP : Sites et Sols Pollués
SPPPI : Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles
TCE : Trichloréthylène
UI : Urbanisme Industriel
VCI : Valeurs de Constat d’Impact
VDSS : Valeurs de Définition de Source de Sol
VL : Valeurs Limites
VLEP : Valeurs Limites d’Expositions Professionnelle
VR : Valeurs limites Réglementaires
VRC : Valeurs limites Réglementaires Contraignants
VRI : Valeurs limites Réglementaires Indicatifs
VTR : Valeurs toxicologiques de Référence
VCI : Valeur de Constat d’Impact

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Introduction générale
Les friches industrielles sont des espaces hérités du déclin d’anciennes activités
industrielles aujourd’hui inutilisées et abandonnées. Elles représentent : une source
potentielle ou avérée de pollution de par leur dégradation et leur passé industriel et un
danger pour l’homme et l’environnement ; mais aussi des espaces vides en milieu urbain ou
périphérique qui peuvent être néfastes pour les sociétés selon différents points de vue
(sociétaux, économiques, urbanistiques,…).
Nous allons ici nous focaliser sur les espaces abandonnés et pollués et qui nécessitent
d’être réhabilités. La notion de réhabilitation va donc croiser celle de « sites et sols pollués
(SSP) ».

Cette pollution est surtout l’héritage des temps où l’environnement été considéré
comme une ressource infinie. Les problématiques environnementales et sanitaires n’étaient
pas les premières préoccupations, elles étaient souvent négligées et les pratiques de gestion
des déchets étaient sommaires. Comme le soulignaient Ogé, Frédéric et Simon, Pierre (2004)
[14][14] la lassitude des pouvoirs publics face à la pollution est explicable par la
méconnaissance des effets des polluants et de leur potentiel transfert au travers les sols.

De plus, si nous avons longtemps pensé que les terres sont des ressources illimitées et
extensibles, aujourd’hui on se rend compte qu’elles sont rares et que l’espace se réduit. En
120 ans, la population mondiale a vu une augmentation de 200/300 millions à 4 milliards
allant vers une révolution urbaine de plus en plus complexe et difficile à contrôler. La
réhabilitation des friches industrielles devient donc d’autant plus essentielle.

Ainsi, nous pouvons parler d’un double intérêt : sanitaire et visant à la protection de la
santé publique et foncier visant à la prévention de l’étalement urbain, ce qui est aussi une
opportunité pour des projets d’aménagement et de gestion de l’espace. Ce nouveau regard
vis-à-vis de ces espaces reflète une prise de conscience notable qui a accompagné
l’évolution de la réglementation.

Concernant l’aspect sanitaire, la pollution est un danger qui peut déterminer un risque
de par son existence et son transfert, donc sa capacité à atteindre les cibles qui sont les
hommes et l’environnement.
Les nouvelles exigences réglementaires proposent des outils de prévention et de
correction. Le principe du « pollueur-payeur », par exemple, s’inscrit dans la nouvelle vision
de prévention. Les responsables de la pollution et/ou ceux qui prennent en charge la gestion
du site se doivent de protéger l’environnement et les hommes de la phase d’activité à la
phase d’abandon. Cela implique la suppression ou la maitrise des risques. C’est dans cette
logique que le PNSE (Plan National Santé Environnent) et le PRSE (Plan Régional Santé
Environnement) s’inscrivent dans le code de la santé publique (article L. 1311-6 de la santé
publique) avec la finalité générale de réduire l’impact des altérations de notre
environnement sur la santé (Ministère de la Transition Ecologique et solidaire).

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Concernant la gestion du foncier, ces espaces deviennent des lieux à forts intérêts pour
de nombreux acteurs publics ou privés dans des optiques de recyclage des lieux existants ou
de remise en état pour des nouveaux projets du point de vue de l’urbanisme. Ce recyclage
s’inscrit de plus en plus dans une démarche de développement durable et d’économie
circulaire et permet d’envisager d’autres usages (industrielle, culturelle, militaire, …) en
conservant leur mémoire ou alors, un nouveau destin au travers une démolition et un
réaménagement (espaces verts, habitat, gymnases, commerces, écoles,…). Elles peuvent
donc rentrer dans des projets de réinvestissement, être intégrées aux PLU (Plan Local
d’Urbanisme), au plan d’occupation des sols, et/ou au SCoT (Schéma de Cohérence
Territoriale) et leur réhabilitation peut s’inscrire dans les AVAP (Aire de Valorisation de
l’Architecture et du Patrimoine) et les PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur).

De ce fait, la réhabilitation des friches industrielles nécessitent l’intervention d’une


multitude d’acteurs spécialisés : les propriétaires, les pouvoirs publics ou privés, les
professionnels de la réhabilitation et de la dépollution, les gestionnaires des déchets, les
sociétés de transport, les aménageurs, les ingénieurs de l’urbanisme,…cela rend la démarche
pluridisciplinaire et transversale et parfois complexe.

Leur destin est dessiné par différents facteurs : les attentes et les intérêts des acteurs
impliqués[9], le passé de l’usine, le lieu de l’installation, son histoire et le degré de pollution,
les nécessités foncières, la politique de gestion de l’espace et la réglementation en vigueur.

Ainsi, selon les méthodes prévues par la réglementation actuelle, lors de l’existence
d’une friche industrielle (aussi lors d’une activité, mais nous ne traitons pas ce point), une
analyse historique des lieux est fondamentale. De cette analyse dépend le diagnostic qui lui,
vise à la recherche quantitative de la pollution. Par la suite, un Plan de Gestion ou une
Interprétation de l’Etat des Milieux sont programmés. Dans le cas où des nouveaux usages
sont envisagés, le Plan de Gestion permettra d’évaluer le degré de dépollution nécessaire et
la méthodologie de dépollution nécessaire (Nous allons essentiellement parler du Plan de
Gestion qui implique aussi une remise en état selon les usages, au sein du site)

En effet, dans le cas où une pollution est constatée, la phase de départ pour le
lancement d’un projet est la dépollution. Cette phase, qui peut être à la fois un frein du
point de vue économique et à la fois une source potentielle de valeur pour le foncier, est
essentielle pour « redonner une deuxième vie à ces lieux » et mettre en sécurité la
population. Cela réunit la multitude d’intérêts qui entourent la démarche.

Nous avons jusqu’à ici parlé de risques sanitaires et environnementaux en lien avec la
pollution et de la nécessité de gestion de l’espace. Néanmoins, si on prend en compte la
perception des risques en lien avec la population, le risque perçu peut parfois être différent
du risque réel qui lui, est quantifiable. Ces lieux, qui sont parfois abandonnés depuis
longtemps, deviennent aussi des lieux de mystère et de peur liés aux grands accidents
connus. Cela tend parfois à faire surestimer les risques qui entourent les friches. Au
contraire, dans certains cas, la méconnaissance d’une pollution peut engendrer des risques
sous-estimés. Nous verrons dans cette thèse des exemples où des problèmes sanitaires
importants ont pu affecter la population à cause d’un manque de connaissances. La

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communication et l’information deviennent ainsi des points importants pour toutes


démarches de réhabilitation des friches industrielles.

Si l’on considère que le risque résulte de l’exposition à un danger, et qu’à partir du


moment où celui-ci est identifié, des moyens de maitrise, techniques ou organisationnels
suffisent à réduire le risque résiduel à son niveau le plus acceptable, on peut alors dire que le
niveau d’équilibre minimum est atteint pour l’entité. Ainsi, une question se pose : est-il
possible de maîtriser l’ensemble des risques liés à la pollution des friches
industrielles nécessitant une réhabilitation ?

Organisation de l’étude
Pour répondre à cette grande question, il est fondamental de poser d’abord le cadre
dans lequel les friches industrielles vont s’inscrire. Ce point définira le périmètre de la
démarche et nécessitera de développer les axes suivants : les risques liés à la pollution ;
l’organisation de la réhabilitation avec les outils et les techniques actuellement à
disposition ; les aspects économiques qui entourent la démarche et enfin les aspects
humains (du point de vue de la population ; des acteurs intéressés par les projets ; des
dépollueurs qui remettent en l’état le site).
Pour cette raison, le premier chapitre nous donnera les éléments clefs qui guideront la
réflexion afin de répondre à notre grande question. On commencera par présenter les
principaux acteurs intéressés par la démarche et suivra la notion de pollution ; le type de
transfert des polluants selon les différents types de milieu et ses propriétés. Ainsi, nous
allons présenter la notion de risque selon l’exposition des cibles (les êtres vivants et
l’environnement) ; les types de travaux de dépollution et les risques liés à la pollution pour
les opérateurs qui l’exécutent et pour terminer, les outils réglementaires qui sont
actuellement à disposition.
Cette partie nous amène à émettre un certain nombre d’hypothèses en lien avec les
outils réglementaires et leur application avec une analyse du point de vue technique,
organisationnel et économique. Des exemples concrets et le retour d’expérience des experts
interviewés guiderons ce travail.
Ensuite, nous essaierons d’aller plus loin dans cette analyse tout en considérant les
aspects techniques, organisationnels et économiques qui peuvent compenser des
éventuelles carences des outils réglementaires en cherchant à trouver un équilibre entre la
maîtrise des risques et les intérêts liés aux projets de réhabilitation.
On terminera nos hypothèses en incluant l’aspect humain lié à la démarche et à la
maîtrise des risques tout en prenant en compte le rôle de la communication, de la phase de
projet entre les acteurs concernés, à la phase de réalisation de la dépollution. La perception
du risque varie entre un risque quantifiable ou réel et un risque perçu par une
méconnaissance. Cela nous interroge donc sur le rôle de la communication à ce sujet. Le
tout va s’achever avec une proposition méthodologique pour que la démarche soit réalisée
en permettant une meilleure maîtrise possible des risques et une réflexion générale sur
l’étude avec des conclusions.

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Périmètre de l’étude et méthode


Nous traiterons ici seulement les problématiques liées à la pollution : pour les
populations, l’environnement et les dépollueurs. Les risques en lien avec les activités de
chantier (démantèlement, démolition, neutralisation, circulation d’engins,…) ne seront pas
traités car ils constituent une problématique à part entière et qui mérite une analyse propre
(des éléments seront fournis seulement en annexe). Il en est de même pour les risques
ionisants qui, de par leur complexité, peuvent nous éloigner du questionnement de départ.
Nous allons donc traiter de la pollution plus communément produite par des activités
industrielles.

Les sujets seront traités du point de vue : i) du territoire en tenant compte de


l’ensemble des problématiques autour des friches industrielles (de la dépollution à une
revalorisation de l’espace pour une conception durable et transversale des projets) ; ii) des
aspects économiques qui peuvent constituer un frein pour la démarche, mais qui peuvent
aussi être maîtrisés avec une bonne conception du projet (avec un recyclage des matériaux,
des traitements sur place ou autre), un partage de certains coûts et la valeur que le foncier
peut acquérir ; iii) technique et organisationnel surtout en lien avec les outils
réglementaires, l’état de pollution et les projets ; iv) humain avec une réflexion sur la
perception des risques et le rôle de la communication dans ce sens, mais aussi en lien avec
l’acceptation du projet et l’importance de l’information ascendante, descendante ou
transversale le long des étapes qui accompagnent la réhabilitation.

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Cette étude résulte d’une recherches bibliographiques mais surtout des retours
d’expérience de différents acteurs interviewés (par téléphone ou en personne selon les
disponibilités) : maîtres d’ouvrages, maîtres d’œuvres, concepteurs de projets, propriétaires,
experts HSE), qui ont été impliqués dans la démarche de réhabilitation. Ces interviews ont
été faites on s’appuyant sur une base de questions qui ont été adaptées en fonction du
publique (Annexe 5: et table ci-dessous).

Interviewé Méthodologie Informations obtenues Rôle dans la


démarche
Laurent Thannberger Interview Les enjeux du métier de la Dépollution,
Expert de la dépollution dépollution, les contraintes et les maître d’œuvre
(VALGO) risques chantier ; la perception du
risque pour les cibles.
Valérie Loubes Directrice Interview La perception des risques chantier ; Travaux
travaux de réhabilitation les difficultés du métier de réhabilitation,
(VALGO) réhabilitation ; les méthodes utilisés Maître d’œuvre
Eric Branquet Expert en Interview L’intérêt de la réhabilitation des Projet
réhabilitation de friches friches industrielles ; l’orientation de
industrielles en milieu la démarche ; la perception du
urbain (Ecofield- risque pour les cibles
consulting ; expert près
de la Cour de Paris et la
Cour Administrative
d’Appel de Paris-
Versailles)
Michel Franz : Expert Interview Les risques pour les salariés et HSE
sécurité (Ptolémée) exemples
Jean Marc Gohier, Interview La réhabilitation et les enjeux. Des Administration
Ingénieur urbaniste : exemples liés à son expérience Financeur ou
aménagement, friches professionnelle maître
urbaines, qualité de l’air, d’ouvrage
transport (ADEME)
Patrick Peytavin, Questions Exemples de techniques et Dépollueur,
directeur de la société de techniques problèmes rencontrés lors des Maître d’œuvre
dépollution, traitement opérations de dépollution
de sols et des sédiments,
(TPMG)
Draga Marius :Questions Les contraintes techniques lors de la Dépollueur
responsable dépollution techniques et phase travaux ; la vision du risque lié Maître d’œuvre
(VALGO) vision des à la pollution
risques
Marchal Philippe : Interview Retour d’expérience sur la mise en Maître
Responsable HSE France œuvre d’une dépollution comme d’ouvrage
et EHS Country Manager maître d’ouvrage Commentateur
(KME) dépollution
Yoann Lefèvre : Interview Retour d’expérience HSE et HSE
responsable sécurité communication
(CEMENTS CALCIA)

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industrielles à réhabiliter ? 13/106
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I. Les friches industrielles et les risques qui les entourent


I.1 Introduction.

Les friches industrielles, avant de représenter une opportunité pour des projets
d’aménagement et de gestion de l’espace, représentent une source potentielle ou avérée de
pollution de par leur dégradation et leur passé industriel. De ce fait, elles peuvent constituer
un danger pour la population et pour l’environnement.

Pour cette raison, avant même de proposer des projets de réhabilitation, il est
important d’avoir une connaissance générale de l’état du site et du milieu. Les polluants
n’auront pas le même comportement, ni constituent le même risque, selon leur nature, leur
étendue, le type de transfert et la sensibilité du milieu.

Les connaissances de la pollution et son étude guident la maîtrise des risques car nous
ne pouvons pas maîtriser ce qui nous ne connaissons pas.

Ce premier chapitre aura donc le rôle de poser le cadre dans lequel s’inscrit ce travail et
de donner toutes les notions clefs qui entourent une démarche de réhabilitation de friche
industrielle.

I.2 Une multitude d’acteurs impliqués dans la démarche

Avant même de comprendre la pollution, son comportement dans les milieux et les
travaux nécessaires pour remettre en état une friche industrielle, il est important de
connaître les acteurs qui sont impliqués par la démarche. Chacun agit selon des fins
différentes, mais, de par le cadre réglementaire pour les Sites et Sols Pollués, les intérêts et
les rôles deviennent convergents.

 Les responsables du site ou maîtres d’ouvrage

Les responsables du site, c’est-à-dire les derniers exploitants ou le propriétaire, doivent


assumer les responsabilités de maître d’ouvrage pour la prévention de la santé publique.
Ainsi ils se doivent de faire exécuter les opérations de diagnostic du site, de dépollution et
de réaménagement si nécessaire. Cela ne signifie pas qu’ils sont responsables de la pollution,
mais, de par leur position, deviennent les premiers acteurs intéressés par une démarche de
réhabilitation. Les obligations juridiques leur imposent de préserver leur site et de permettre
que, après une cessation d’activité, il puisse accueillir des nouvelles activités et usagers.

En 1972, l’Etat français introduit le concept du pollueur-payeur avec lequel les


exploitants des sites ou ceux qui en assument la garde deviennent responsables de la
prévention, de la réduction et réparation des pollutions avec une remise en état des lieux. Le
1-02-2004, l’article L 512-6-1 du code de l’environnement, vient en appui et il précise que
lorsqu’une entreprise met à l’arrêt de manière définitive une installation, il est de son devoir
de mettre en sécurité le site et de le réhabiliter ; il fait effectuer le diagnostic préalable aux

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travaux et fait adapter le projet selon les résultats. « Sans préjudice des articles L. 512-6-1, L.
512-7-6 et L. 512-12-1, sur les terrains ayant accueilli une installation classée mise à l’arrêt
définitif et régulièrement réhabilitée pour permettre l’usage défini dans les conditions
prévues par ces mêmes articles, lorsqu’un usage différent est ultérieurement envisagé, le
maître d’ouvrage à l’initiative du changement d’usage doit définir les mesures de gestion de
la pollution des sols et les mettre en œuvre afin d’assurer la compatibilité entre l’état des sols
et la protection de la sécurité, de la santé ou de la salubrité publiques, l’agriculture et
l’environnement au regard du nouvel usage projeté ». Au travers de cette réglementation
sont visés aussi les projets de construction ou de lotissement.

Quand ces acteurs exploitants ne sont pas en mesure de respecter leurs engagements,
le propriétaire du foncier devient responsable et dans le cas d’une impossibilité, le site est
considéré orphelin et l’Etat reprend les responsabilités. D’après l’article L.173 de la loi Alur
qui vise à la lutte contre l’étalement urbain, et l’article L.512-21 du Code de
l’Environnement, le dernier exploitant a la possibilité de transférer ses obligations à des
tiers. Ainsi les aménageurs peuvent devenir responsables de la réhabilitation et récupèrent
la maîtrise technique du lieu et du projet futur.

Que ces acteurs soient privés ou publics, ils sont les interlocuteurs principaux des
pouvoirs publics sur la gestion du site chargés de contribuer à l’information sur l’état du site
et les projets de réhabilitation. « L’intérêt principal pour ces acteurs est de se conformer à la
réglementation. Face aux coûts de la réhabilitation, ils peuvent trouver profit par la
possibilité de revendre la matière première, de recycler et de redonner de la valeur au terrain
dépollué. Ainsi, ces acteurs deviennent les clients principaux pour les sociétés spécialisés dans
la réhabilitation et la dépollution » (Laurent Thannberger : expert dépollution).

 Les conseilleurs et vérificateurs de l’état de pollution

Dans cette catégorie d’acteurs rentrent toutes les personnes ou bureaux d’études
expertes en matière de pollution sollicités par le responsable du site ou qui pour lui le prend
en charge. Ils interviennent pour identifier, quantifier et définir le degré de dépollution et
proposer des techniques adaptés à la pollution constatée, tout en respectant le cahier de
charges fixé par les maîtres d’ouvrage.
Ils ont essentiellement le rôle d’orienter les projets, maîtriser et estimer les risques pour
le projet, l’environnement et l’homme.
Si avant les sociétés de dépollution pouvaient avoir le rôle d’expertise sur le degré de
pollution d’un site, aujourd’hui cette tâche est plutôt confiée à des bureaux d’études. Cela
évite les abus potentiels de la part des dépollueurs pour une surestimation des travaux à
effectuer. La réglementation a proposé en avril 2017 le décret qui va dans ce sens.

 Les sociétés de travaux

Les sociétés travaux, maitres d’œuvre, sont celles qui exécutent les travaux
commissionnés par les maitres d’ouvrage, après l’état des lieux et l’évaluation de la pollution
du site. Dans le cas d’une dépollution, les méthodes utilisées et le degré de dépollution
dépend de l’usage qui est fixé pour le site et des résultats obtenus avec l’étude de l’état du

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site. Les sociétés travaux se doivent de respecter les consignes reçues après les analyses de
la pollution.

Le maître d’œuvre qui effectue les travaux prend la responsabilité de maîtriser les
risques lors de la réalisation du projet ainsi que de respecter les normes de sécurité pour la
protection des travailleurs, les riverains et l’environnement.

 Les administrations et les partenaires publics

Les autorités publiques ont la mission principale d’une gestion des territoires dans
l’intérêt général pour un développement économique et urbain (ex. les collectivités
territoriales ou locales).
Lorsqu’un propriétaire d’une friche existe mais s’il est non solvable ou si le propriétaire
est une collectivité locale, des acteurs tels que l’EPF1, les maîtres d’ouvrage publics ou privés,
les organismes chargés de la vérification,… rentrent en jeu. Dans le cas des sites qui sont
dans la catégorie des installations classées le préfet exerce d’un rôle de police dans le but
d’assurer la réalisation des actions nécessaires à la réhabilitation. A cette fin il s’appuiera sur
des organismes tels que la DREAL et les inspecteurs des installations classées (irsn, 2011). La
mairie peut aussi exercer ce rôle.

L’EPF est l’interlocuteur entre les collectivités et les établissements publics en matière de
friches industrielles. Il intervient auprès des collectivités territoriales afin de permettre
d’affronter les enjeux financiers liés à la réhabilitation.

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie) est un


établissement public qui a le rôle de sécuriser les sites pollués dont le responsable est
défaillant (responsabilité reçu au travers de l’article L556-1). Elle a développé un dispositif
d’aide incitatif à la reconversion des friches, auquel les opérateurs publics et privés sont
éligibles, dispositif assujetti à des critères de cohérence et de durabilité des projets (comm.
Eric Branquet, expert en réhabilitation, Ecofield-consulting). Ainsi cette agence assure la
maîtrise d’ouvrage des actions de mise en sécurité, met à disposition ses expertises et
conseils auprès des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand
public et aide au financement des projets de réhabilitation pour la gestion des déchets, la
préservation des sols,… [16]. Ces aides sont données lorsque que les projets répondent à des
critères précis : ils rentrent dans une démarche de lisibilité, une démarche d’économie
circulaire, la prévision de logements sociaux et a faible consumation énergétique (rentrant
dans une démarche plus globale en lien avec le réchauffement climatique).

La DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement)


est un service régional de l’Etat qui met et œuvre les politiques publiques liées à
l’aménagement durable des territoires, à l’énergie, à l’environnement et à la prévention des
risques. L’Etat leur confie la charge de l’inspection des installations classées et de
l’application des textes en matière de sites et de sols pollués, et peut apporter des conseils

1
Etablissement Public Foncier

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pour des démarches d’amélioration. De par son rôle, elle a aussi l’appellation de police des
installations classées.
Les vérifications en matière d’hygiène, santé et sécurité lors de la phase travaux sont
effectuées par l’inspection du travail

La CARSAT (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail) a essentiellement un


rôle d’information conseil et accompagnement pour toutes les démarches de prévention.

L’Agence de l’Eau elle apporte un soutien et des conseils pour les projets
d’aménagement de l’espace afin de lutter contre la pollution.

L’INERIS et le BRGM2 sont des organismes publics qui apportent des supports
techniques et méthodologiques, au travers de nombreuses recherches, permettant la mise
en œuvre de la politique nationale pour les travaux.

L’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs) et l’ASN (Autorité
de la Sûreté Nucléaire et de la radioprotection) ont pour rôle de contrôler et dicter les règles
techniques et sanitaires pour les travaux de réhabilitation de friches avec présence de
contaminations radioactives. L’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) qui
est un organisme de recherche et d’expertise en matière des risques nucléaires et
radiologiques, intervient en appui aux pouvoirs publics, gère les situations d’urgence, veille
aux risques radiologiques pour le territoire et les travailleurs, participe à l’information du
public.

 Les habitants et les usagers

Les habitants et les usagers sont ceux qui vont bénéficier, même indirectement, de la
réhabilitation d’une friche industrielle de par : la remise en état du lieu et sa remise en
valeur plutôt que son abandon ; la récupération des espaces au lieu d’un grignotage continu
des espaces agricoles ; le développement durable du territoire ; la reprise d’une économie
des lieux ; la prévention des risques liés à la pollution,…Selon Eric Branquet (expert en
réhabilitation, Ecofield-consulting), « les citoyens sont souvent dans l’attente des démarches
de dépollution car une friche abandonnée «fait peur», une peur fondée ou pas, à cause des
accidents majeurs tels que SEVESO, METALEUROP (production de métaux non ferreux ;
liquidé en 2003; pollution des sols importante-700ha impactant de nombreux enfants de
saturnisme) ».

I.3 La pollution et les polluants : les risques environnementaux et pour les êtres
vivants

Les activités anthropiques sont potentiellement responsables de l’altération de


l’équilibre naturel de l’environnement au travers des : industries, utilisation de produits
phytosanitaires, transports, activités domestiques, déchets et stations d’épuration (Figure 1).
Ainsi, lorsque les sols, les eaux (souterraines et superficielles) et l’air contiennent des

2
Bureau de Recherches Géologiques et minières

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concentrations de composants chimiques dangereux pour les êtres vivants (hommes,


plantes, animaux), on parle de pollution. Lorsque des valeurs anormales des concentrations
en éléments organiques ou pathogènes et éléments minéraux sont constatées dans les sols,
mais sans modifier leur qualité, on parle de contamination.

Selon le ministère de la transition écologique et solidaire un site pollué constitue un


risque pérenne, réel ou potentiel pour la santé humaine ou l’environnement du fait d’une
pollution résultant d’une activité actuelle ou ancienne sur ce site.

• Usine abandonnée et friches industrielles


• Dépôts de scories, cendres et autres déchets, fûts abandonnés (avec
solvants usés ou produits de traitement de surface, etc…)
• Sites industriels anciens ou en activité
Pollution
• Héritant des infiltrations et retombées atmosphériques d’avant la création
industrielle d’équipements d’épuration liquides et gazeux
• Usines modernes (les affluents liquides et gazeux sont traités ou recyclés et
les déchets éliminés. Les bassins de rétentions protègent de la pollution
• Accidents ou négligence

• Produits phytosanitaires
Pollution
• Anciennes décharges non contrôlées
urbaine • Stations d ’épurations

• Agents chimiques ou naturels


Pollution
• Produits phytosanitaires
agricole et • Rejets des élevages
élevage

Figure 1 : Synthèse des principales sources de pollution d’après : BRGM, les sites et sols pollués.

[On parlera ici essentiellement des pollutions en lien avec les activités industrielles].

I.3.1 Quelques données pour la France

Le site BASOL, crée en 1993 est un outil qui matérialise la volonté du Ministère de
l’Ecologie d’informer la population en matière de site et sols pollués et propose le
recensement de données concernant les sites et sols pollués en France. Environ 257000 sites
industriels sont abandonnés et recensés et plus de 4000 sites sont pollués par les activités
industrielles et nécessitent une action des pouvoirs publics à titre préventif ou curatif. BASOL
nous donne une vision historique de la pollution qui permet de connaître la nature des
polluants.

Une fois que les sites ont été dépollués, ils sont supprimés de l’inventaire BASOL et
intègrent la base de données BASIAS (Inventaire historique des sites industriels et activités
en service) crée en 1998.

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Aujourd’hui on compte (selon le site BASOL : cf. Annexe 1:) :


- 40% des sites pollués en région d’île de France, le Nord-Pas de Calais et Rhône Alpes :
anciennes régions minières
-61% des les sols sont pollués et contiennent des hydrocarbures. Les métaux et les
métalloïdes constituent le 48% de des polluants.
-60% des sites subissent un traitement essentiellement par : convoi des déchets
dangereux dans les filières spécialisées, traitement biologique et confinement

I.3.2 Les principaux types des polluants émis par l’industrie

Les principaux polluants (Erreur ! Référence non valide pour un signet. ; Annexe 2:) liés
à l’activité industrielle et potentiellement présents dans les sols sont : inorganiques (métaux
lourds, métalloïdes, nitrates, sels, acides,…) ; organiques (hydrocarbures, solvants,
phytosanitaires…) ; organiques pathogènes (radioactives, biologiques, chimiques).

Le site BASOL (Figure 2) permet de compter sept grandes familles de polluants


majeurs : les BTEX3, les Cyanures, les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les
Hydrocarbures, les Hydrocarbures chlorés (PCB-PCT : produits organiques polychlorés,
solvants halogénés, TCE : Trichloréthylène), les Métaux et métalloïdes (Arsenic, Baryum,
Cadmium, Chrome, Cobalt, Cuivre, Mercure, Molybdène, Nickel, Plomb, Sélénium, Zinc) et
les autres contaminants (Ammonium, Chlorures, Pesticides, Solvants non halogénés,
Sulfates). Le plus représentatifs en termes de présence dans les sols et les eaux, sont les
hydrocarbures (minérale, chlorés, HAP4; 65%).

POLLUANTS ORIGINE POSSIBLE


Hydrocarbures (essence, gasoil, huiles,…) dont Stations services, cuves fioul, raffineries, garages auto…
BTEX
HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) Anciennes usines à gaz, Cokeries, usine fabrication
enrobé,…
PCB (polychorobiphényles) Anciens transformateurs électriques

Métaux lourds (As, Cd, Cu, Ni, Pb, Zn, Hg,…) Fonderies de m étaux, cokeries, traitement de surface,
tannerie, métallurgie
COHV (solvants halogénés) Trichloroéthylène Traitement de surface des métaux (dégraissant), ateliers
(TCE) mécaniques (dégraissage)
Tétrachloroéthylène (PCE) Pressing, dégraissages des pièces métalliques

Chlorure de vinyle Sous produit dégraissages TCE et PCE

Table 1 : Synthèse des principaux polluants d’origine industrielle (d’après Base de données BASOL)

3
Benzène, Toluène, Ethylbenzène, Xylène
4
Hydrocarbures aromatiques polycycliques

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Figure 2: Le poids global des 7 familles de polluants identifiées dans les sols ou les nappes des SSP, début 2017 (Source :
Meem/DGPR, BASOL au 5 mars 2015. Traitements : SOeS, 2015)

I.3.3 Les familles de pollutions

On peut distinguer des grandes familles de pollutions (BRGM, les sites et sols pollués)
selon la durée d’émission des polluants et le degré de diffusion :

 La pollution accidentelle : des polluants sont déversés dans un milieu dans des
grandes quantités et dans des temps réduits et provoquent des conséquences
directes sur l’environnement et les êtres vivants.
 La pollution chronique : les polluants sont des apports continus en quantités faibles
(ex. : des fuites dans des réseaux souterrains ; des phénomènes de lixiviation sur des
déchets ou autres produits) et peuvent produire des effets plus importants qu’une
pollution accidentelle et à plus ou moins long terme.
 La pollution locale : La source de pollution est localisée et non confinée
 Les pollutions diffuses : Les polluants, liquides ou solides, s’infiltrent dans les sols (ex.
les phytosanitaires pulvérisés pour les pratiques agricoles) et sur des surfaces
importantes avec la contribution des eaux de pluie, de ruissellement et d’irrigation.

I.3.4 Les types de transfert des polluants

Le type et la vitesse de transfert dépend des caractéristiques de l’environnement


traversé [végétation, nature, types et épaisseur de sols, composition et porosité des sols
(perméabilité), topographie, géologie des sous-sols, ph de l’environnement, conditions
d’oxydo-réduction, …], des conditions climatiques locales et surtout de la nature du polluant
même (sa composition chimique plus ou moins dégradable, sa solubilité, sa densité, sa
viscosité, sa capacité de volatilisation,…) et de son état physique : solide (ex. : déchets riches

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en métaux lourds), liquides (ex. carburants, solvants,…) et gazeux (oxydes de souffre et


d’azote, impuretés de combustion,…). Une fois que les polluants sont déversés dans le milieu
poreux souterrain, ils se fractionnent en ces différentes phases (liquide, aqueuse, adsorbée,
gazeuse [13]).
Les polluants solides sont essentiellement transportés par les eaux de ruissellement au
travers leur dissolution.
Les liquides sont transportés principalement au travers des leur solubilisation dans l’eau
et de la migration des phases non miscibles.
Les gaz se solubilisent dans l’eau. Ils dérivent de certains produits capables de se
volatiliser et passer dans l’atmosphère gazeuse à partir de la phase aqueuse des sols [1].
L’eau est le moyen de transfert principal car la pollution suit son écoulement (Figure 3) :
par infiltration, adsorption et lixiviation (mouvement vertical d’éléments solubles) et par
ruissellement (migration en surface vers les eaux superficielles).

Figure 3 : Schéma du comportement des polluants dans l’environnement (d’après Ballerini et al, 1998)

Selon la composition ; la granulométrie5 (qui conditionne la porosité et par conséquent


la perméabilité d’un sol) et les propriétés moléculaires des polluants, les sols peuvent avoir
des propriétés d’accumulation plus ou moins importantes. Les capacités d’absorption des
polluants (organiques et minéraux) et de rétention des cations (Ca, Mg, K, Na) dans les sols
dépend essentiellement de leur teneur en argile, en matière organique, en oxydes, en
carbonates, en silicates, en hydroxydes métalliques. Certains polluants se trouvent ainsi
piégés dans la structure des argiles (ex. : les phosphates peuvent se fixer aux feuillets de
l’argile) et empêchent la pénétration des bactéries rendant difficile la biodégradation. Les
animaux ou les végétaux peuvent aussi fixer les polluants (bioaccumulation).

5
Taille des particules

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Des produits chimiques tels que les solvants chlorés, le benzène et l’acétone ne sont pas
facilement retenus par les sols, ce qui facilite leur infiltration vers les nappes phréatiques.
De ce fait, les eaux souterraines sont des cibles très souvent impactées par la pollution.
Une fois qu’ils ont rejoint les acquières, n’ayant plus d’obstacles, les polluants se
solubilisent et se dispersent verticalement ou latéralement (selon le degré de saturation du
milieu).
En Haute Normandie par exemple, du fait de la nature du sol, plus ou moins épais et
perméable, l’infiltration des eaux de pluies par lixiviation permet le transfert des polluants
vers le sous-sol. Le substratum géologique calcaire, plus ou moins poreux selon le teneur en
argile (imperméable), est caractérisé par un réseau hydrologique souterrain (cavités
karstiques du sous-sol connectées à la nappe phréatique) qui peut faciliter le transfert des
polluants vers les nappes et constituer, par conséquent, un danger direct pour la santé de
l’homme et la salubrité publique.

I.3.5 Les cibles de la pollution et les risques

Les cibles affectées par la pollution sont potentiellement tous les êtres vivants (homme,
flore, faune) qui sont de ce fait mis en danger (Annexe 2:). Elles seront en danger lorsque le
risque et le moyen de transfert existent.
En effet, nous pouvons parler d’un risque (R) lorsqu’il existe la concomitance des trois
facteurs : la source de pollution ou le danger (D), la voie de transfert (T) ou vecteur, la cible
(C) [R=f (D,T,C)]. Si par exemple les eaux et les sols sont affectés par la pollution, les cibles
(écosystèmes, hommes) sont exposés à un danger et donc à un risque. La source est le
polluant ou l’ensemble des polluants qui peuvent avoir un étendu et une répartition plus ou
moins homogènes. La voie de transfert est le vecteur qui permet le transport ou la
dispersion de la source (eau superficielle ou souterraine, sol ou sous-sol, air).

Les dangers pour l’homme (Figure 4) sont essentiellement [3]: intoxication ou allergies
par contact cutanée avec la terre (ex. jardinage), les poussières, l’eau polluée ou les polluants
sous forme gazeuses ; inhalation de gaz ou vapeurs, poussières toxiques, vapeurs d’eau
polluée ; ingestion d’aliments (ex. consommation de végétaux ou d’animaux élevés sur des
sites pollués, poissons dans les eaux pollués,…) ou d’eau contaminée, de terres (ex. les
enfants qui peuvent porter leurs mains à la bouche) ou poussières; explosion ou incendie par
réaction chimique, instabilité (glissement, terrassement), nuisances directes (nuisibles,
odeurs) ou indirectes (envols, visibilité), perte de valeur (réutilisation du terrain) ;
Les dangers pour les milieux : les modifications, dégradations de la qualité,
surdéveloppements, pollution thermique, provoquent des risques d’intoxication, inhibition,
asphyxie et anaérobioses, modification des structures (écoulements perturbés). Les milieux
sensibles aux impacts de la pollution et qui deviennent un enjeu pour la maîtrise des risques,
sont les eaux souterraines, superficielles, l’air.
Les risques pour les cibles dépendent donc de leur exposition à la pollution, de la durée
d’exposition, du degré de la pollution et du type de/des polluant/s.

Aujourd’hui, de par les avancées scientifiques et technologiques, il est possible de


quantifier et caractériser la pollution et, par conséquent, les risques et les mesures de

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prévention. En effet des Valeurs de Constat d’Impact (VCI) sont mesurés et comparés avec
des valeurs prédéfinis pour les mêmes contextes, ce qui permet de classifier le site et
d’orienter les actions de réhabilitation.

« Il est possible d’éliminer le risque en agissant sur un des paramètres : la source, la voie
de transfert, la cible » (Laurent Thannberger-expert en dépollution, Eric Branquet, expert en
réhabilitation, Ecofield-consulting). En supprimant la source du danger (la pollution), ce qui
peut-être très couteux, on peut parler d’acceptabilité du risque [6]. Cela aura un impact sur
le prix du foncier et donc sur les vendeurs. Agir sur les transferts (par exemple avec un
confinement, des vides sanitaires,…) peut être une solution, même si cela peut avoir des
conséquences sur le prix et donc sur les promoteurs. S’il s’avère impossible de travailler sur
le transfert, le moyen de prévention qui sera mis en place sera la suppression des cibles dans
ces lieux au travers de l’interdiction à l’usage.

Aujourd’hui on retient une politique pragmatique de gestion des risques en lien avec la
pollution : « ce n’est pas tant la présence de polluant dans les sols qui est problématique,
mais le fait que cette pollution puisse être mobilisée ou réactivée et ainsi exposer les
populations à des risques sanitaires » [6].
lixiviation

Gaz
du sol

Gaz
du sol

Figure 4 : Les types de transfert de la pollution

Dans les cas particuliers des mines, d’autres risques liés aux polluants peuvent parvenir :

-Emanation de gaz toxiques : ex. gisement de houille ou charbon qui émanent du


méthane ou dioxydes de carbone.
-Effondrement : les exploitations à faible profondeur peuvent déterminer des
effondrements liés à l’instabilité du sol. Ils peuvent intéresser les habitats.
-Affaissement : l’exploitation de vastes zones minières peut déterminer des
mouvements des terrains et la formation de cuvettes au sol qui peuvent intéresser aussi les
habitats. Lors que ce phénomène à une importance inférieure, on parle de Tassement

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-Glissement : ce phénomène, lié à l’instabilité des sols, provoque des mouvements de


terres avec un déplacement qui peut-être plus ou moins rapide
-Echauffement : certains dépôts peuvent contenir des résidus de charbon qui peuvent
subir une combustion selon les conditions climatiques ou internes au dépôt.

 Les maladies courantes

Les effets de la pollution sur la santé sont recensés suite aux inquiétudes et aux plaintes
des populations qui vivent à proximité de ces sites. Les maladies plus connues sont les
cancers et symptômes tels que des « troubles de santé ressentis, des perceptions
désagréables, une gêne et une altération de la qualité de vie. Les riverains redoutent les
effets toxiques, à plus ou moins long terme, des polluants présents dans les sols du site. Si
la description d’événements sanitaires indésirables dans une population qui réside sur ou aux
abords d’un site pollué est possible, il est souvent difficile de déterminer si la pollution du site
est responsable de ces effets » [18]. De ce fait il est encore difficile aujourd’hui de prouver le
réel lien existant entre certains produits et les mélanges contenus dans les sols ou dans l’air
ou dans l’eau et les effets sur la santé.

Dans certains cas existent tout de même des pollutions naturelles. Le cas du bassin de
Moselle et de Madon en est un exemple : ici les sols sont naturellement chargés en arsenic
qui est toxique cancérigène, mais aucun lien n’existe avec les activités industrielles. Ainsi la
population fait l’objet d’une surveillance, mais des études sont en cours afin d’évaluer les
dépistages.

I.4 Les travaux de dépollution

Lorsque le risque de pollution et donc d’atteinte à l’équilibre environnemental et a la


santé de l’homme, sont présents, un diagnostic approfondi et d’évaluation des risques doit
être prévu. Ce travail identifie les sources de pollution, les types de transfert et le danger
pour la cible. Ainsi, selon les usages qui sont prévus pour ces lieux, les travaux de
réhabilitation auront une orientation adaptée.

Les travaux dépendent des résultats des études préalables. Selon l’expert en dépollution
interviewé, « la dépollution est d’avantage un moyen, et non une méthode, pour contribuer à
la prévention en matière d’hygiène et sécurité pour le milieu et pour l’homme ».

D’après les recherches bibliographiques effectuées, les experts et professionnels des


SSP parlent rarement de dépollution car cette démarche dépend de l’historique du site, du
degré de pollution, de la typologie de pollution et de la nature des sols. Ils parlent plutôt de
traitement du site selon les usages qui sont prévus car on peut faire la distinction entre des
usages sensibles (habitat, agriculture, école, crèche,…), qui nécessitent une dépollution
beaucoup plus importante, et les usages non sensibles (industriels, commerciaux, militaires,
…) où la pollution n’a pas d’influence directe ou indirecte sur la santé des populations
concernées [7].
Ainsi, on peut effectuer : une dépollution sur le site sans excavation des terres ; une
dépollution sur le site après l’excavation ; une dépollution en dehors du site et dans un

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centre de traitement ; un confinement des polluants. En priorité les sources de pollution


sont supprimées, mais dans les cas d’impossibilité, on parle de maîtrise de la source et de
l’impact.
On fait donc la distinction entre :

Les traitements «hors site »


Les déchets, sols et eaux sont excavés, triés et évacués. Ces matériaux deviennent des
déchets et vont subir des traitements dans des centres en dehors du site (incinération,
traitement physico-chimiques).
L’excavation est une technique très rapide (de l’ordre de quelques jours à quelques
semaines).

Les traitements «in-situ»


Les déchets, sols, eaux sont traités sur place sans subir d’excavation (par exemple, avec
un système de puits). Les polluants peuvent ainsi être confinés (délimités et protégés par
une paroi étanche qui rend leur transfert impossible ou limité à un minimum acceptable) ou
fixés par des liants hydrauliques (laissés sur place ou déviés afin d’empêcher d’atteindre la
cible à protéger) tout en supprimant les voies de transfert et en surveillant le comportement
des polluants.
Cette technique est longue et peut dépasser une année de travail.

Les traitements «sur site»


Les déchets, sols, eaux sont excavées et traités sur place. Pour effectuer cette
technique, il est nécessaire de disposer d’un certain espace et, du fait du traitement, elle
peut-être assez longue (de l’ordre de plusieurs mois).

Selon les types de pollution, les méthodes de traitement peuvent être variables :
-Biologique : Elle se base sur la capacité métaboliques de certains êtres vivants à filtrer
et accumuler des éléments toxiques ou à dégrader des molécules complexes (propriété
naturelle ou stimulée). Au sein de cette méthode, il existe la technique de phytoremédiation
qui consiste à utiliser les capacités de certaines plantes de fixer des métaux lourds et autres
produits, au sein de leurs cellules.
-Physique : destruction des liens moléculaires par : procédé thermique (ex. venting);
extraction (par pompage, excavation, aspiration ciblée) ; lavage des terres ; confinement (ex.
géomembrane) ; stabilisation,…
-Chimique : destruction des chaînes moléculaires au travers de réactions chimiques (ex.
oxydation-réduction) par injection de liquide ou de gaz qui ont la capacité de dissoudre les
polluants, désorption thermique, incinération, gazéification,…

[Nous ne rentrons pas ici dans les détails des techniques de dépollution (0) car elles
varient selon les types de polluants, la nature des sols, le type de site, les contraintes
économiques. On part du principe que les risques liés à la mise en œuvre d’une méthode ou
d’une autre porte essentiellement sur des risques liés à : la non maitrise de la pollution et
par conséquent à des risques environnementaux ; à la manutention manuelle d’outils tels
que des machines de forages ou d’injection des produits ; aux mouvements d’engins, au

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contact direct ou indirect avec les polluants (risques biologiques ou chimiques). L’analyse
des méthodes n’apportera donc pas des informations complémentaires)].

I.4.1.a La gestion des terres excavées

Avant le commencement des travaux, une phase de diagnostic déchets, doit quantifier
les déchets et faire une distinction entre ceux qui doivent faire l’objet d’un recyclage, d’un tri
ou ceux qui vont être destinés aux décharges spécifiques, comme fixé par la réglementation.

Le maître d’ouvrage est, selon le Code de l’Environnement, responsable des déchets


jusqu’à leur élimination définitive (Article L. 541-2 du code de l’environnement). En effet, le
maître d’œuvre se doit de contrôler la gestion des déchets et le maître d’ouvrage doit
organiser leur gestion, tri et suivi des prescriptions.

Les terres polluées sont transportées vers les installations de stockage des déchets et les
moins contaminées peuvent être réutilisées. Leur transport vers les centres de stockage peut
s’avérer très couteux car les volumes de terre peuvent être importants.
Des techniques pour le recyclage des terres sur place existent, par exemple le tri
granulométrique des terres polluées : les fractions fines, essentiellement argileuses et qui
retiennent les contaminants, peuvent être séparées des fractions grossières par lavage. Les
terres nettoyées peuvent être réutilisées et les polluées peuvent être, soit neutralisées sur
place, soit confinées et, dans le cas ultime, dirigées vers les centres de gestion des déchets.

Les terres excavées et polluées et qui ne peuvent pas faire l’objet d’un recyclage, elles
peuvent être orientées vers différentes types de décharges6 selon leur nature (directive n.
1999/31/CE du 26-04-1999). Elles rentrent dans la catégorie des matériaux dangereux7 au
même titre que les vernis, amiante, solvants, huiles, produits chimiques, emballages souillés,
plomb.
Les critères de classification des déchets se basent sur la quantité de métaux et
métalloïdes libérés par lors des tests de lixiviation des terres.

I.4.2 La phase de dépollution : les risques professionnels majeurs liés aux polluants
Nous avons vu les risques liés à la pollution : risques environnementaux et risques pour
les cibles et qui doivent être maîtrisés par les maitres d’œuvre ; nous présentons maintenant
l’ensemble des risques liés aux activités professionnelles de dépollution (un complément sur
tous les risques liés à l’activité est proposé en Annexe 6:).

Dans le cadre des activités professionnelles :


Le danger est tout ce qui peut provoquer un dommage physique ou mental au salarié :
un équipement, un produit, une situation de travail.

6
I) Installation de stockage de déchets dangereux ; II) installation de stockage de déchets non dangereux ;
résidus urbains et/ou déchets industriels banals; III) installation de stockage de déchets inertes du bâtiment ou
des travaux publics
7
Déchets qui contiennent des substances toxiques, corrosives ou inflammables.

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Le risque est un événement qui peut se reproduire. Il est défini (inrs) comme
l’éventualité d’une rencontre entre l’homme et un danger auquel il est exposé.
Il est en lien avec : a) la probabilité d’un phénomène dangereux ; b) la fréquence et/ou
la durée de l’exposition ; la gravité du dommage lorsqu’il se produit.
Le dommage est l’événement à prévenir (physique et/ou mental).

Les risques n’ont pas de raison d’exister sans les dangers, au contraire un danger peut
exister sans forcement la présence d’un risque.
Néanmoins, les risques liés à la pollution sont essentiellement les mêmes que ceux
auxquels sont exposés les « cibles » (la population). On parlera donc de risques liés à
l’exposition directe ou indirecte avec les polluants type hydrocarbures, métaux lourds,
composés volatiles,…ponctuels, diffus ou généralisés. En effet, le dépollueur est censé
connaître les produits qui sont présents sur le site de par l’étude préalable. Ainsi, il peut
mettre en œuvre les dispositifs de prévention de sécurité adaptés (EPC8, EPI9 et techniques
adaptés : détecteurs de gaz, gants de sécurité, chaussures de sécurité, masques, …).
La découverte tardive des polluants en cours de la phase de dépollution peut donc
exposer à des risques car les moyens de protection mis en place peuvent se révéler
inadaptés et inappropriés.

I.4.2.a Les Valeurs Limites d’Exposition Professionnelle

De par l’exposition des acteurs professionnels aux polluants (produits chimiques) des
Valeurs Limites d’Expositions Professionnelle (VLEP) ont été fixés.

Ces valeurs sont : a) des valeurs limites admises (VL) et indicatif ; b) des valeurs limites
réglementaires (VR), indicatives (VRI) ou contraignantes (VRC) pour certains composés ; c)
valeurs limites recommandées par la caisse Nationale de l’assurance maladie [19].

Afin de définir ces valeurs, des méthodes de prélèvement sont définies dans les normes
françaises, ainsi, la base de données Métropol, donne des méthodes de mesurage pour
obtenir des valeurs représentatives de l’exposition des travailleurs10.

Le but de ces analyses est de limiter l’exposition aux particules qui peuvent être mises
en suspension lors des travaux de dépollution comme (ces notions sont reprises du
document inrs, [19]) :

 les fumées : dispersions de particules solides, très fines et liées à des procédés
thermiques (par condensation depuis la phase gazeuse ; par combustion incomplète)
ou par réactions en phase gazeuse (ex. : ammoniac et chlorure d’hydrogène).

 les poussières : dispersions de particules solides dans l’atmosphère, formées par un


procédé mécanique ou la remise en suspension depuis les lieux de dépôts.

8
Equipement de Protection Collective
9
Equipement de Protection Individuelle
10
Base de données Métropole sur le site www.inrs.fr

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 les brouillards : aérosols11 liquides produits par la condensation d’une vapeur ou la


dispersion d’une phase liquide dans l’air

Ces particules peuvent être inhalées (par le nez ou la bouche) et peuvent provoquer soit
une irritation, soit, selon leurs propriétés, des effets plus graves pour la santé, tels que des
effets cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR)

L’évaluation des risques pour l’homme se calcule en fonction de la totalité qui peut-être
inhalée ou des sous-fractions déterminées. Les fractions sont définies dans la norme
européenne EN 481 (cf. [19] pour plus de détails).

Parmi les poussières sensibles qui peuvent se retrouver dans les chantiers de
réhabilitation, et qui font l’objet de VLEP12, on rappelle : la poussière de plomb, l’amiante,
les silices cristallines, les aérosols très fins comme ceux qui se produisent lors des soudages
et des décapages thermiques (opérations qui peuvent avoir lieu au même temps que la
dépollution)

Ces valeurs limites tiennent compte de la concentration de ces particules dans l’air qui
peut être respirée pendant un temps qui est défini. Le retour d’expérience montre que des
nouvelles pathologies apparaissent aujourd’hui et on a tendance à réduire les valeurs
d’exposition le plus possible (VL minimaux).
« Cela est-il une façon de régler le problème ou plutôt une question de conscience ? On
respecte les valeurs réglementaires, on prend un marge de sécurité, mais sommes nous sûrs
que le contrôle est suffisant. Avons-nous assez de recule sur tous les produits ? ».

I.5 La perception des risques

Comme nous l’avons souligné, l’existence même d’une friche industrielle polluée expose
à des risques de santé, sécurité et de salubrité.
En réalité le risque peut être mesuré (Risque = Danger X Expositions) en prenant en
compte les paramètres : danger, transfert et cible. En réalité, au-delà de la mesure qui est
faite et qui permet de le quantifier, il est possible de faire une distinction entre le risque réel
et le risque perçu qui est essentiellement subjectif et qui dépend de la comparaison avec des
situations connues.
Le risque réel est toujours mesurable et quantifiable, donc il peut être évalué. Des bases
de données permettent aujourd’hui d’évaluer ces risques par rapport à des valeurs
expositions, à des situations ou à des produits connus. Des moyens tels que les outils de
calcul des risques chimiques, permettent d’avoir à la fois la quantification des risques et à la
fois des propositions des mesures de prévention : ex : colibrisk, seirich,…. Ces outils et bases
de données sont performants pour les risques en milieux professionnels, mais ils sont
difficilement applicables à des contextes de pollution dans lequel nombreux paramètres
rentrent en jeu (nature des polluants, types des sols, types de transferts, proximité des
populations ou des travailleurs, fragilité des personnes,…).

11
Particules solides ou liquides mises en suspension dans un milieu gazeux
12
Valeurs Limites d’Expositions Professionnelle

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Le risque perçu dépend de la perception même du risque pour chacun selon ses
connaissances, son historique,…

I.6 Les outils réglementaires en matière de SSP13 pour la prévention des risques

La politique nationale française, en lien avec des nombreux événements


catastrophiques pour l’environnement et l’homme, a connu une longue évolution.

Le 19-07-1976 sort la loi qui défini les ICPE14 et, à partir du décret n° 77-1133 du 21-09-
1977 créé pour l’application de la loi (en Annexe 2 sont données des précisions sur le
principe des ICPE), la nomenclature des telles installations a été définie. Un des objectifs
importants du décret est de détecter au plus tôt les sources de pollution (avec l’analyse de
l’état initial d’un site et de l’environnement), les supprimer et envisager les mesures de
prévention nécessaires pour limiter les expositions des populations et les effets
environnementaux. Ainsi, les préfets ont reçu les moyens juridiques d’imposer aux
responsables de la pollution, la réparation de tous accidents, pollutions et remise en état des
sites lors d’un arrêt d’exploitation.

D’autres changements arrivent avec la circulaire du 03-12-1993 qui pose les grandes
lignes en matière de SSP, précise que les traitements sur les sites pollués dépendent de la
nature de la pollution et de l’usage futur prévu. En même temps, la circulaire du 28-01-93
relative à la réhabilitation des sites industriels pollués, propose les modalités de gestion et
de réaménagement des sites pollués. Les deux décrets ont été abrogés par la Circulaire du
08-02-2007.

La circulaire du 03-04-1996 rend possible l’utilisation des premiers outils de


hiérarchisation et de classification des sites pollués comme les diagnostics initiaux et
l’Evaluation Simplifiée des Risques sur (ESR) des sites en activité. Cette évaluation considère
qu’un risque a une raison d’exister lorsqu’une source de pollution affleure et se propage
vers une cible au travers d’un moyen de transfert.

La circulaire du 10-12-1999 donne les principes de base qui fixent les objectifs
nécessaires à la réhabilitation des sites. On parle ainsi de gestion des sites selon les usages
futurs et de diagnostic approfondi et d’évaluation détaillée des risques (EDR). Cette
évaluation se base sur l’identification d’un danger; la caractérisation de son transfert et, par
conséquent, la caractérisation du risque pour une cible (environnement ou santé de
l’homme). L’EDR15permet de hiérarchiser les sites selon les risques constatés : Classe1 (les
sites nécessitent d’une analyse plus approfondie ; Classe 2 : Les sites nécessitent d’être
surveillés ; Classe 3 : Les sites détiennent des risques qui sont en adéquation avec les
usages ;

La loi du 30-03-1999 à permis d’introduire dans l’article 94 du Code de Minier, la notion


du PPRM (Plan de Prévention des Risques Miniers). Il a comme objectif d’assurer la santé et
13
Sites et Sols Pollués
14
Inspection des Installations Classées
15
L’Evaluation Détaillé des Risques

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la sécurité des personnes et des biens vis-à-vis des risques liés aux anciennes exploitations
de mines. Ce règlement est partie intégrante des Plans d’Urbanisme.

La loi n°2003-699 (loi Bachelet) du 30-07-2003 renforce i) les dispositifs visant à


anticiper les problématiques de sols pollués liés à l’activité d’une entreprise et ii) les
vérifications des capacités financières des entreprises vis-à-vis de leur engagement de
remise en état des sites. Elle vise à prévenir les risques technologiques et naturels au
travers d’un PPRT (Plan de Prévention des Risques Technologiques) et propose la
concertation entre l’exploitant, les collectivités et les propriétaires pour le choix de l’avenir
des installations définitivement arrêtées. Les conditions de réhabilitation doivent être en lien
avec les usages futurs des sites et la requalification doit prendre en compte la gestion de la
pollution.
Le PPRT16 a un double objectif : i) aider à résoudre les situations difficiles en matière
d’urbanisme héritées du passé, ii) encadrer les projets urbanistiques futurs. Il vise à veiller
sur la sécurité des populations, le maintien d’activités industrielles performantes, et au
développement durable des territoires (Ministère de l’écologie, du développement et de
l’aménagement durable, Guide méthodologique)

Dans l’arrêté ministériel du 29-06-2004 le gouvernement demande un bilan décennal


de fonctionnement pour les nouvelles installations et inscrit dans le Plan National de Santé
Environnementale (PNSE), de nombreuses actions de surveillance de l’environnement.

La circulaire du 30-05-2006, qui concerne les modalités de sélection des substances


chimiques, fixe les valeurs toxicologiques de référence (VTR) afin de définir les évaluations
des risques sanitaires lors des études d’impact qui analysent la compatibilité entre les
niveaux de pollution et les usages.

Le 22-09-2006 des directives européennes définissent un cadre pour la protection des


sols. Avec la circulaire du 08-02-2007, on assiste à une refonte de la méthodologie nationale
de prévention de la pollution des sols (l’ESR et l’EDR disparaissent). Cette circulaire, qui vise
à une Analyse des Risques Résiduels et l’Evaluation Quantitative des Risques Sanitaires, se
base essentiellement sur le retour d’expérience et les dispositions de la circulaire qui la
précède. Elle permet de connaître : i) si la pollution des sols est un risque sanitaire ; ii) les
mesures à privilégier ; iii) les usages qui peuvent être proposés sur le site ; iv) si les sources
de pollution sont connues et maîtrisées, en appliquant les principes de la gestion des risques
suivant l’usage futur au travers de (Lumière et al, 2008) :

 La démarche d’interprétation de l’état des milieux (IEM). Permet de « s’assurer que


l’état des milieux est compatible avec des usages fixés et de prévenir les impacts
sanitaires et environnementaux »
 Le plan de Gestion d’un site pollué. « Doit permettre de maîtriser la source de pollution,
son impact et de mettre en place des mesures de gestion (confinement, traitement,
surveillance des milieux, analyse des risques résiduels, etc …) ».

1616
Plan de Prévention des Risques Technologiques

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L’article 43 de la loi « Grenelle 1» du 3-08-2009 vise à s’assurer l’absence d’exposition


aux substances dangereuses des bâtiments qui accueillent les enfants.

Selon l’article R512-69 du 13-04-2010, dans le cas des accidents ou incidents qui
peuvent atteindre les milieux et atteindre la sécurité et la santé des riverains, les exploitants
de l’installation, se doivent de les déclarer, dans les meilleurs délais, à l’inspection des
installations.

Avec la loi Alur (Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) du 26 mars 2014, et plus
précisément son article 173 et les décrets d’application de 2015, la problématique de la
pollution des sols rentre dans le code de l’environnement. Ainsi, les questions sur les SSP
sont anticipées et s’intègrent dans les projets d’aménagement qui visent à contrôler
l’étalement urbain. Cette loi assure la mise en place de travaux de la part du responsable de
la pollution et vise à prévenir, traiter et mémoriser les SSP. Si les exploitants-pollueurs sont
défaillants et si les propriétaires du site ne peuvent prendre en charge cette responsabilité,
tout comme la mairie, le site est orphelin, et des tiers peuvent assumer cette responsabilité
et ils récupèrent les responsabilités techniques ainsi que le projet de réhabilitation. Ainsi, les
responsabilités des acteurs : exploitants, propriétaires, aménageurs,…sont finalement fixées.
Tout propriétaire d’un site pollué est dans l’obligation d’informer l’acheteur de l’état de
la friche. Selon l’article L.512-21 du code de l’environnement, ces acheteurs peuvent
prendre à leur charge les obligations de réhabilitation et les responsabilités de remise en
état des ICPE17 afin de rendre le site apte aux futurs usages.

Le 19-04-2017 le ministère de l’environnement propose une actualisation et une mise à


jour de la méthodologie nationale de gestion de sites et sols pollués du 08-02-2007 en
tenant compte de l’évolution de la législation et réglementation sur ce sujet. Elle prend en
compte le retour d’expérience, les évolutions réglementaires et pratiques et
méthodologiques. Avec cette nouvelle évolution méthodologique une étape d’Ingénierie
intermédiaire entre la phase du diagnostic et la phase de réalisation des travaux a été
ajoutée.

17
Installation Classé pour la Protection de l’Environnement

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1976 1993 1996 1998 1999 2003 2006 2007 2009 2014 2017

BASOL : Base de BASIAS : Méthodes :


données des Inventaire Interprétation de
Sites et Sols historique des l’Etat des Milieux
Pollués) sites industriels et (IEM) et Plan de
activités en Gestion (PG)
service)

Etude historique Analyses Choix en fonction de l’usage

VCI-VTR-
VDSS
Figure 5 : Les étapes principales en matière de sites et sols pollués. VCI : Valeurs de Constat d’Impact ; VTR : Valeurs
Toxicologiques de Référence

I.7 Questionnement personnel.

La réhabilitation des friches industrielles est loin d’être une opération simple.
Nous avons vu que les friches industrielles constituent une source potentielle ou réelle
de pollution, ce qui expose l’environnement et les populations a des dangers importants. La
gestion de ce risque est essentiellement dans la main des propriétaires (ou ceux qui
prennent en charge le site) qui ont la responsabilité de protéger les cibles du danger. Il est
donc d’importance fondamentale d’avoir une connaissance complète du milieu, de ses
propriétés, des moyens de transfert et du degré d’exposition des cibles, afin de prévoir leur
mise en sécurité. Une analyse des risques pour l’environnement et pour l’homme sera donc
requis.
Ainsi, une fois que ces aspects seront connus, aura lieu la réhabilitation et la dépollution
du site qui prendra en compte les usages prévus. Les dépollueurs, ou maitres d’œuvre,
interviennent donc en répondant aux demandes des maîtres d’ouvrages, tout en veillant à
l’hygiène, santé et sécurité des salariés.

Nous avons vu que les paramètres à prendre en compte afin de connaître la pollution et,
par conséquent, les risques, sont très variables et ils orientent les processus de dépollution
qui sont plus ou moins importants et coûteux. .
Ainsi, une question va se poser : la complexité de la réhabilitation des friches
industrielles, en lien avec leur historique et les usages futurs prévus, permet-elle de
maitriser tous les risques ? Comment ?
La réglementation en termes de SSP, de gestion des déchets et de prévention des
risques professionnels est assez précise, mais le seul fait de se conformer aux exigences et
aux prescriptions pour prévenir les risques est-il suffisant pour les maitriser ?

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Nous avons identifié deux aspects de prévention des risques importants au tour de la
réhabilitation des friches industrielles :
-la protection de la santé publique et de l’hygiène ainsi que la protection de
l’environnement
- la protection des salariés lors de la phase travaux
Ainsi, différentes hypothèses peuvent être émises :

Hypothèse 1 : Les outils réglementaires sont ils suffisants pour la maîtrise des risques liés à
l’existence même des friches industrielles ?

La réglementation actuelle vise à la maitrise de la pollution et à la protection de la santé


et de l’hygiène publique. A cette fin, la réglementation française, qui a évolué sur la base des
retours d’expérience, définit une méthodologie de travail qui accompagne et guide les
travaux de réhabilitation. Ces méthodes seront ainsi présentées et analysées en s’appuyant
sur des études de cas, l’expérience d’experts et des articles, qui permettent de connaître
l’efficacité ou les limites de ces outils.

Hypothèse 2 : Existent-ils des moyens qui compensent les carences des outils
réglementaires pour l’anticipation de la maitrise des risques ?

Dans le cas où les outils réglementaires s’avèrent défaillants, nous allons chercher des
moyens de compenser les carences constatées. Des exemples ainsi que les réponses aux
interviews nous guideront. L’anticipation nécessite la prise en compte de nombreux
paramètres qui seront donc traités du point de vue technique, organisationnel et
économique.

Hypothèse 3 : La communication est-elle un véritable outil de co-gestion du projet de


réhabilitation ? Un système de Management applicable à ces contextes

Si les aspects techniques, organisationnels et économiques se dessinent avec les deux


premières hypothèses, les aspects humains méritent aussi d’être analysés. Ces aspects ont
un rôle fondamental dans toute démarche : du point de vue de l’information sur les risques
réels liés à la pollution; de l’acceptation d’un projet de réhabilitation et de sa réussite et, par
conséquent, de la mise en sécurité.
Les acteurs impliqués et intéressés par la démarche ont tous des objectifs et des rôles
différents. Ainsi nous-nous demandons si des échanges, la communication et l’information
ont un rôle à jouer pour une meilleure maîtrise des risques de la phase de conception à la
phase de dépollution.

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II. Les hypothèses

II.1 Les outils réglementaires sont ils suffisants pour la maîtrise des risques liés à
l’existence même des friches industrielles ?

Comme précédemment évoqué, lorsqu’une friche est abandonnée, elle peut constituer
un risque réel ou potentiel pour la population. Ainsi, le ministère de l’écologie et le ministère
chargé de la santé et l’institut de veille sanitaire (InVS) ont travaillé en collaboration afin de
réviser la méthodologie et la gestion des SSP (ci dessous).
On parle aujourd’hui de politique de gestion des sites et sols pollués, de responsabilité
des pollueurs et de reconversion de sites industriels suivant l’usage des milieux. La
réglementation donne un cadre et une méthodologie pour la gestion des installations
classées, la protection de l’environnement, la maitrise de la pollution et l’élimination des
déchets.

II.1.1 Les étapes de la réhabilitation et les outils de prévention des risques

Une fois le cadre réglementaire posé, nous allons voir comment se déroule une analyse
de la friche industrielle, site potentiellement pollué, afin d’envisager un programme de
dépollution menant à la protection de la population. Selon le cadre dans lequel s’inscrit le
site, la démarche débute par une étude historique, un diagnostic, puis l’interprétation de
l’état des milieux ou un plan de gestion. Dans tous les cas, un schéma conceptuel qui résulte
du diagnostic sera le point de départ de la démarche.

II.1.1.a La préparation du chantier

La mise en sécurité du chantier est la première étape avant les travaux (clôture,
évacuation des déchets et des substances dangereuses, signalétique explicative et
interdictions d’accès, heures de travail et but du chantier). L’isolement du chantier aura pour
but principal d’éviter que la pollution se propage ainsi que les intrusions de personnes
étrangères aux travaux.

II.1.1.b L’interprétation de l’état des milieux (IEM)

Lorsque les usages futurs d’un site sont établis, une IEM 18 a lieu. Elle se base sur les
résultats d’un diagnostic préalable et vise à vérifier la compatibilité entre le milieu et l’usage
déjà en cours et d’identifier et évaluer les situations potentiellement dangereuses pour la
santé. A cette fin, une comparaison du sol et de l’eau avec des milieux non impactés par la
pollution est prévue. Cela permettra aussi de préciser le degré de dépollution nécessaire. Si
aucune dégradation n’est mise en évidence, le processus s’arrêtera. Dans le cas contraire, il
pourra démontrer : i) un degré de pollution qui n’a pas d’impact sur les usages ; ii) un degré
de pollution acceptable avec les usages actuels mais pas avec les usages futurs ; iii) un degré
de pollution supérieur aux valeurs acceptables. Dans le premier cas, il est possible
d’envisager une réduction de la pollution afin d’éliminer toute possibilité de danger ou
18
Interprétation de l’Etat des Milieux

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programmer une surveillance du site. Dans le deuxième comme le troisième cas, des actions
sont nécessaires en tenant compte des coûts, de la faisabilité technique et des résultats qui
peuvent être atteints [12]. On restera dans une surveillance pour le deuxième cas de figure,
mais avec la possibilité de réduire l’exposition, de maintenir une compatibilité avec les
usages ou d’imposer des restrictions et de renforcer l’étude des polluants (au travers d’un
diagnostic approfondi). En revanche, pour le troisième cas de figure, on passera au plan de
gestion qui sera adapté au type de pollution, aux modalités de transfert et aux expositions
des cibles et/ou de l’environnement.

Dans le cas où un danger est établi, il sera nécessaire d’évaluer le type et l’ampleur de
réhabilitation. L’IEM sera alors associée à une Evaluation Quantitative du Risque Sanitaire
(EQRS) qui permettra de définir : i) les objectifs de dépollution et les techniques à mettre en
œuvre; ii) les modalités de la réhabilitation; iii) l’estimation des coûts.

Comme nous le verrons dans l’étude d’un diagnostic, des valeurs de référence, les
Valeurs de Constat d’Impact, sont à prendre en compte lors des choix des usages.
Néanmoins en France, il n’existe pas de valeurs de gestion pour définir la qualité des sols et
l’IEM se base essentiellement sur l’évaluation de l’exposition des cibles. En revanche, des
valeurs sont fixées pour les eaux et l’air (normes environnementales).

II.1.1.c Le Plan de Gestion (PG) et la planification des travaux

Lorsque les usages ne sont pas prévus et lorsqu’une incompatibilité entre des usages
possibles et les milieux est constatée, le Plan de Gestion sera mis en place. C’est une
démarche coût-avantage qui a comme objectif principal de définir une réhabilitation afin de
supprimer, réduire ou maîtriser les dangers liés à la pollution ou, dans les cas d’impossibilité,
de prévoir des usages adaptés. Il peut être réalisé après l’IEM si une incompatibilité entre les
usages et le degré de pollution est constatée.

Selon les résultats du diagnostic et du schéma conceptuel, une comparaison des


concentrations résiduelles avec un environnement de référence permet de cibler les
scénarios de gestion et, dans un deuxième temps, de les comparer sur la base d’un bilan
coût-avantage. Ainsi, le choix entre la maîtrise de la source et la maîtrise de l’impact sera
fait. La maîtrise de la source (la pollution) et les moyens nécessaires, sont fixés selon des
objectifs des usages futurs : démarche de dépollution ou d’adaptation aux usages
(excavation et élimination de la pollution, traitement, stabilisation/solidification des
polluants ou isolation/confinement...). La maîtrise des impacts est privilégiée dans
l’éventualité d’une impossibilité de supprimer la pollution et visera à une action sur les voies
de transfert ou la restriction des usages.
Quand le plan de gestion ne prévoit pas la suppression complète des dangers, l’Analyse
des Risques Résiduels (ARR) sera prévue. Cette dernière est une évaluation quantitative
permettant d’évaluer les expositions résiduelles afin de veiller à ce qu’elles soient
compatibles avec les usages prévus. Elle permet de calculer le niveau d’exposition résiduelle
et de définir les mesures et les paramètres de gestion qui influencent l’acceptabilité du
projet. Elle est renouvelée lorsque les contrôles durant la phase de travaux mettent en
évidence des valeurs non acceptables. Ainsi, le projet doit être réévalué.

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Les niveaux de risques sont calculés en pratiquant l’additivité des risques en tenant
compte de l’ensemble des voies d’exposition et des substances, selon les recommandations
des instances sanitaires émises au niveau national (site Inspection des Installations Classées
[20])

Les deux démarches tiennent compte des cibles exposées : enfants, adultes ; du temps
d’exposition : modéré comme pour des activités commerciales, ou long comme pour les
logements. « Le critère d’acceptabilité du risque s’aligne avec ceux qui sont retenus au niveau
mondial pour la protection de la santé » [21].
Trois types de projets peuvent donc se profiler : usage de type activité ; usage de type
habitation; établissements sensibles (crèches, écoles, collèges, lycées) (Driee Ile de France,
reconversion-sites-pollués). Ainsi, les travaux de dépollution seront plus importants dans les
cas d’usages sensibles prévus. Si la phase de dépollution devient un processus trop long et
coûteux, un projet sensible de type logement ne pourra être prévu. Dans les cas où la
pollution peut-être gérée, le confinement des polluants dans une zone qui ne sera pas
construite est souvent la solution adoptée.

II.1.1.d L’étude historique et le diagnostic

Le diagnostic d’un site est une étape fondamentale dans la démarche de réhabilitation
qui a lieu dès lors qu’une suspicion de pollution est avérée. Il permettra de recueillir les
informations nécessaires pour évaluer la compatibilité entre la pollution et les usages.

Ce travail commence par une recherche historique sur la friche : recherche


documentaire, cartographiques et photos aériennes afin de connaître les substances
utilisées et les accidents potentiels du passé. Il continue avec une phase de visite des lieux,
de collecte et analyse de données qui permettent d’identifier et caractériser la source de
pollution, la quantité et la nature des polluants et leurs propriétés physico-chimiques
(lixiviation, solubilité, volatilité, sorption,…), les milieux et les voies de transfert (eau
superficielle et souterraine, sols, air,…) et les enjeux à protéger.

Ces points permettent d’identifier la vulnérabilité du milieu et d’organiser, programmer


et cibler les investigations et les méthodes d’étude pour les sols (Echantillonnage :
prélèvements de sols par échantillonnage manuel, tarière manuelle ou mécanique,
carottages, forages) et l’eau superficielle et souterraine (études hydrogéologiques :
piézomètres, échantillonnage manuel,…), gaz dans les sols, plantes, air,… Le plan
d’échantillonnage conditionne la fiabilité de l’étude.

Des valeurs de référence permettent de cadrer les études :

-les Valeurs Toxicologiques de Référence (VTR) : afin de définir les évaluations des
risques sanitaires lors des études d’impact,
-les Valeur de Constat d’Impact (VCI) des polluants : afin de cadrer l’impact de la
pollution du sol selon l’usage on effectue
-les Valeurs de Définition de Source de Sol (VDSS) : afin de définir les sources de
pollution d’un sol (VDSS) et permettent de classifier les sites en fonction de leur dangerosité.

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L’ensemble des résultats permettent de définir les analyses nécessaires pour compléter
l’étude. Selon les propriétés des polluants, leur potentiel de mobilisation (volatilité,
pulvérulence, solubilité, état physique,…) et les vecteurs de transfert (eau souterraine et
superficielle, vent), il sera possible de définir les mesures de prévention à prendre ou de
proposer des études plus approfondies.

Les données permettent d’orienter les démarches de réhabilitation et de dépollution


selon les usages et les voies d’exposition.

Lors de la mise en place d’un Plan de Gestion, le diagnostic est donc à considérer
comme le point de départ qui permet de caractériser la pollution et son étendue. Parfois,
durant les phases de construction du projet, selon les programmes d’aménagement ou
d’usage, d’autres phases de diagnostic peuvent se révéler nécessaires.
Ce diagnostic complémentaire peut s’avérer plus ou moins long en fonction des voies de
transfert constatées. Il peut nécessiter la mise en place d’un suivi annuel ou pluriannuel de
certains milieux ou voies de transfert (ex. hydrodynamisme des eaux souterraines) afin
d’obtenir une caractérisation exhaustive.

Le diagnostic est généralement réalisé par des experts en environnement et des


bureaux d’étude. Actuellement, la loi n’a aucune exigence sur la certification de ces bureaux
en matière de SSP.
Des bases de données de l’Etat des sols pollués ou potentiellement pollués permettent
d’avoir une vision sur le contexte du site etudié. Ces bases de données sont : BASIAS et
BASOL ; les bases des données des installations classées sur la protection de
l’environnement (S3IC et CEDRIC) ; la base de données sur les sites miniers de l’uranium de
l’IRSN (MAMAUSA), l’inventaire national des déchets radioactifs de l’ANDRA (base DDIE), la
base des sites et sols pollués du ministère de la défense (SISOP).

II.1.1.e Le schéma conceptuel

Les informations récoltées lors du diagnostic vont apparaître dans un schéma


conceptuel qui se doit de schématiser les aspects quantitatifs et qualitatifs de la pollution et
de son étendue, les propriétés du milieu, les types de transfert et les voies d’exposition des
cibles (homme ou environnement), les usages actuels ou envisagés des milieux. Ces
éléments doivent permettre d’avoir une vision globale des risques selon des situations
étudiées. Ce schéma est censé évoluer au cours du projet et constitue un outil fondamental
pour la construction du projet de réhabilitation.

Lors d’un IEM cette restitution doit donner des éléments factuels qui permettent
d’évaluer la compatibilité entre les polluants et les usages, ou envisager la réduction de
l’impact, des moyens de surveillance et des restrictions des usages [12]. Ainsi, le schéma
évolue selon l’avancement de la démarche et permet de suivre et vérifier la compatibilité
entre le milieu et les usages.

Lors d’un Plan de Gestion, il devient un outil de gestion et il schématise le contexte du


milieu avant la réhabilitation et jusqu’à la réalisation du projet. Il va évoluer, selon les
résultats du diagnostic et la progression du projet, ce qui permet de définir les modalités de

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gestion. Il continue à évoluer lorsqu’une phase de surveillance est considérée nécessaire


après la réalisation du projet. Dans ce cas, il prend la forme d’un rapport qui sera le
document de référence nécessaire aux différents acteurs pour définir des programmes de
gestion ou faire un choix entre des options différentes.

Si certains milieux sont considérés hors de danger, tous les arguments qui permettent
de le démontrer doivent être mis en avant et à contrario, si la zone polluée est plus étendue
que ce qui été établi au départ, il sera nécessaire d’élargir la zone d’analyse.
Chaque changement de la zone étudiée, même temporaire, apparaitra sur le schéma
conceptuel.

Une fois cette phase de diagnostic et de réalisation du schéma conceptuel achevée (ex.
Figure 6), un document accessible aux différents acteurs est réalisé.

Dans le cas où, aucune pollution et danger ne sont constatés, la démarche se termine.

Figure 6 : Exemple de schéma conceptuel (depuis [22])

Jusqu'à cette phase, le maitre d’ouvrage est responsable de la maitrise des risques liés à
la pollution. A partir de cette étape, il confie les travaux à des maitres d’œuvre qui
deviennent responsables des problématiques d’hygiène et de santé pour ses salariés lors de
la réalisation des travaux.

II.1.2 Analyse des outils législatifs et de leur applicabilité

Les problématiques générales autour de la réhabilitation des friches industrielles voient


principalement apparaitre les notions de source de pollution, de transfert et de cible. Les

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projets de réhabilitation se construisent en fonction des usages envisagés en tenant compte


de :

-voies d’exposition : inhalation/ingestion/contact


-fréquence de l’exposition : chronique ou non
-durée de l’exposition : heures, jours, mois, années,…
-type de cibles : adulte, enfants
-importance de l’exposition : concentration des polluants

D’autres paramètres et enjeux peuvent orienter les projets : écologie, urbanisme,


économie, patrimoine et contexte archéologique,…Cette démarche fait donc face à des
nombreuses étapes et une organisation conséquente qui doit regrouper un ensemble
d’acteurs concernés.

II.1.2.a La pollution et sa maîtrise

 Ancienne raffinerie de Petit-Couronne

L’ancienne raffinerie de Petit-Couronne est une friche de grande surface qui fait
actuellement l’objet d’une reconversion. Elle n’est pas localisée au cœur du tissu urbain,
mais elle se trouve dans une zone périphérique et très proche de l’habitat. La phase travaux,
n’étant pas terminée, ne permet pas le recul nécessaire pour argumenter sur la réussite du
projet mais elle mérite d’être ici citée de par les nombreux enjeux qui l’entourent. Cet
exemple nous donnera des éclaircissements sur les aspects réels du déroulement d’une
réhabilitation et des facteurs qui guident les choix techniques.

En octobre 2012, la raffinerie fut mise en liquidation même si son activité aurait pu se
poursuivre jusqu’à la mi-avril 2013. Entre avril 2013 et juin 2014, un liquidateur, exécuteur
judiciaire désigné par l’Etat, a pris en main la vente des produits, dits nobles, qui étaient
stockés sur le site. En décembre 2014, le tribunal de commerce de Rouen choisissait
d’attribuer le site au groupe VALGO dans le cadre d’un projet de dépollution mené en
partenariat avec Bolloré Énergie et Eiffage.
De ce fait l’entreprise est à la fois maître d’ouvrage et maître d’œuvre pour les travaux.

Le projet de VALGO sur l’ancienne raffinerie vise à la ré-industrialisation du site et a


pour objectif principal de créer « Le Pôle d’Innovation des Couronnes » (P.I.C). Le site aura
donc un usage industriel.

La première phase du travail pour ce chantier a été le diagnostic qui a permis de


connaître l’héritage de l’activité de la raffinerie et de faire un bilan des déchets et de leur
nature. Néanmoins, « cette étude s’est avérée être non exhaustive et une réévaluation
durant la phase travaux a été nécessaire, ce qui a entrainé des retards et des coûts
supplémentaires » (Valérie Loubes, directrice travaux, VALGO) liés à l’organisation des
travaux et à la maîtrise des déchets. Les résultats d’un passé de pollution se constatent avec
l’importante pollution en hydrocarbures qui surmonte la nappe.

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Pour mieux comprendre les contraintes liées aux outils réglementaires, les réponses
obtenues avec l’interview du responsable de dépollution (Marius Draga) des sols se révèlent
très intéressante :

Comment a été effectué le repérage de la pollution lors de la phase du diagnostic ?


« Le site, qui couvre une surface de 8 ha a fait l’objet d’un maillage de points de mesure
tous les 150-160 m. Cela représente un coût très important si l’on considère que chaque
sondage coute environ 250 euros/m linéaire, auquel on ajoute le fait que chacun d’eux dure
entre 2-3 jours, plus le prix de la location d’une minipelle (environ 60 euros/j) et les prix des
techniciens….
On retrouve une pollution essentiellement d’hydrocarbures dans les sols et la nappe. Des
gaz ont été détectés au niveau du sol grâce à des pièzairs mais leur concentration n’est pas
assez importante pour contaminer les personnes. Ce site sera recouvert par une dalle en
béton et sera compatible avec les usages prévus ».

Les coûts limitent-ils les nombre des points d’analyse ?


Au vu de ce qui à été répondu précédemment, on sait que l’impact financier est important et
limite la multiplication des points mesure. Actuellement « Le propriétaire répond aux
obligations ».

Cette nappe est-elle sous-surveillance ?


« Les hydrocarbures se trouvent sur forme de flottant (une phase organique) ou sous-
forme dissoute dans l’eau. Le pompage se fait en continu et le traitement des polluants se
fait sur place (oxydation, réduction…). L’objectif donné par le PG est d’éliminer les
hydrocarbures en phase organique. Tout ce qui se trouve dans la nappe n’expose pas à des
dangers car les produits ne peuvent pas migrer loin et la commune a émis des restrictions sur
l’utilisation de l’eau ».

Ces mêmes polluants peuvent ils migrer dans le fleuve ?


« Oui, mais on ne la consomme pas directement (cette réponse est une réinterprétation
de ce qui à été dit). Avec le temps on constate que les flottants diminuent d’épaisseur en
raison d’une atténuation naturelle liée à la présence de bactéries (du point de vue technique,
on peut accélérer ce processus) ».

Que faites-vous des polluants extraits ?


« Ces hydrocarbures deviennent des matériaux recyclés et peuvent être revendus.
Aujourd’hui, la baisse du cout du pétrole risque de créer des problèmes car les matériaux
extraits ne peuvent pas avoir la même valeur des produits « propres ».

 Site de Sérifontaine (Oise) : dépollution d’une ancienne fonderie

Les informations ici données viennent de l’interview de Marchal Philippe (responsable


HSE ; KME), qui est intervenu comme maître d’ouvrage, et des documents techniques
d’élaboration de l’étude.

Ce site est implanté dans une zone urbaine à vocation industrielle (UI) du Plan Local de
l’Urbanisme et couvre une surface de 13ha.

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Les études historiques ont mis en évidence une première activité qui date du 1826 avec
une première fonderie installée dans l’usine en 1877.
Suite à une cessation d’activité déclarée en 2010 et une mise à l’arrêt définitive en 2011,
le propriétaire s’est vu dans l’obligation d’une dépollution du site qui devait être revendu
pour des usages industriels.

Comment a été effectué le repérage de la pollution lors de la phase du diagnostic ?


« L’étude historique a été une étape clef car elle a permis d’avoir une vision d’ensemble
sur la pollution potentiellement présente sur le site et sa localisation. Elle permet d’avoir
l’état zéro sur le plan environnemental. ».
Ainsi les mesures et les prélèvements à réaliser peuvent être planifiés
« Les sondages ont été nombreux (environ 98) et bien localisés dans les zones
potentiellement polluées et 108 points ont fait l’objet de prélèvements. D’autres
prélèvements de sols (109) et eau ont été réalisés. En effet, on savait que dans une certaine
zone il y avait une activité de peinture et dans une autre, on utilisait du vernis. Les sondages
ont permis de les identifier. Par ailleurs, l’étude hydrologique a permis de connaître une
phase immiscible flottante sur le toit de la nappe, mais qui ne constitue pas un risque. Des
piézomètres (21) et des piézairs (19) ont été ainsi installés pour maintenir une surveillance
continue ».

Selon les résultats obtenus et la pollution constatée, comment agissez vous pour dépolluer
le site ?
« Une fois que nous avons tous les résultats, nous envoyons l’Etat Environnemental du
site à la préfecture. Ainsi le plan de Gestion peut être réalisé. Sur ce site, 14 zones sources de
pollution ont été constatées. Les vecteurs de transfert sont essentiellement l’eau superficielle
et souterraine et le gaz du sol par volatilisation depuis le sous-sol ». Le Plan de Gestion à
donc mis en avant une démarche coût-avantage selon les usages prévus et une dépollution a
été proposée.
Ce site été destiné à un usage industriel, les cibles prises en considération sont donc des
travailleurs adultes, nous n’avons donc pas retiré toute la pollution. L’analyse des risques
résiduels a aidé les dépollueurs dans le sens où elle permet de savoir où mettre le curseur de
la dépollution ».

Lors de l’application des outils réglementaires, avons-nous des risques que la pollution ne
soit pas bien identifiée ?
Non, normalement, si l’étude est bien faite, nous n’avons pas ce risque. Nous avons fait
intervenir des bureaux d’études spécialisés (Anteagroup).

Les coûts sont ils un frein pour la précision de la démarche ?


« Une zone du site nécessitait d’un million d’euros pour avoir une dépollution complète.
Nous avons choisi de confiner cette pollution car aucun risque pour la nappe n’a été constaté.
D’une surface de 14000 m2 : sur une partie nous avons installé une géomembrane recouverte
par la terre ; sur deux autres aires, nous avons prévu une zone de servitude d’utilité publique
où se trouve une dalle qui confine un sol pollué et qui doit rester en place lors des prochains
usages industriels ». Les coûts ont donc été maîtrisés par la mise en place de techniques de
prévention des risques autres que les enlèvements et les traitements très coûteux.

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II.1.2.b Le principe du pollueur-payeur et les engagements

 Anciens sites miniers et propriété de l’Etat : exemple dans le Gard

Les sites miniers en France sont nombreux et la pollution héritée reste un véritable
danger pour la population. Aujourd’hui ces lieux appartiennent souvent à l’Etat qui en est
responsable en absence d’exploitant ou autre propriétaire.

Dans le Gard par exemple, les extractions de zinc, plomb, pyrite, argent, cadmium,…ont
laissé des traces de métaux lourds dans les sols. Les sites de Croix de Pallières une IEM a été
faite tenant compte des usages constatés. Ainsi de fortes teneurs en plomb, arsenic et
cadmium ont conduit à la délimitation du site et des actions de dépistages et mesures
d’imprégnation pour les populations potentiellement exposées et des réunions publiques
d’information ont été mises en œuvre (site : santé publique). Néanmoins, dans la presse on
retrouve que la population remarquait que le ruisseau qui traverse cette zone devenait
parfois orange. « On a longtemps pensé que cela été lié à la présence de fer », mais en réalité
c’était l’arsenic qui était déversée à même le sol. Dans un village proche, Saint-Félix-de-
Pallières, des nombreux habitants sont atteints de cancer. L’interview d’un des habitants
(presse19,[23]) donne des informations : des maisons construites avec des minéraux broyés ;
déchets chargés en minéraux lourds autour du village ; une pollution en plomb au-dessous
de maisons. De plus, l’arsenic est volatile donc diffusée au gré des vents (Frédéric Ogé,
chercheur CNRS20).

L’Agence Régionale de la Santé parle tout de même d’imprégnation (la notion de


contamination n’apparaît pas), pourtant les taux de plomb dans le sang et l’arsenic et le
cadmium dans les urines laissent envisager le contraire. Une chercheuse de l’Inserm souligne
que « les pouvoirs publics s’abritent derrière une notion éminemment qualitative » et la
DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie de la Recherche et de l’Environnement) met en
évidence des résultats très alarmants. Face au déni des pouvoir publics qui n’assument pas
leurs responsabilités, les réactions publiques ont été importantes et ont amené à des
combats judiciaires.

II.1.2.c L’exposition aux polluants : une source de risque liée à la méconnaissance ?

L’exemple précédent sur le site minier dans le Gard nous laisse comprendre deux points
fondamentaux : 1) le rôle des propriétaires du site est fondamental pour la mise en sécurité
de la population ; 2) la méconnaissance du contexte de pollution augmente les risques liés à
une exposition involontaire.

En effet, nous avons des valeurs limites d’exposition à respecter et les seuils de ces
valeurs sont souvent réduits par principe de précaution. Néanmoins, la méconnaissance de
certaines substances est une limite en soi. Prenons l’exemple du Chrome.

19
Franceinfo : Pollution minière : les habitants vivants à proximité de milliers de sites s’inquiètent face à un
possible scandale sanitaire
20
Interview France Inter [23]

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Pour certains éléments comme pour le chrome VI qui dérive de l’activité anthropique
(ex. production du ciment qui transforme le chrome III en chrome VI) et dont les effets sont
connus (cancers, affectation de la croissance des plantes et de certains poissons, fécondité
de vertébrés), la réglementation n’est pas précise et une confusion entre les deux types de
chrome est faite (article de Frederika Van Ingen, [24]). De plus, le chrome, dans sa forme
neutre, le chrome 0, n’est pas dangereux pour l’homme car insoluble dans l’eau (qui
compose le corps humain) ; néanmoins, son oxydation le transforme en chrome III qui n’est
plus soluble et à de fortes doses peut-être néfaste pour l’homme. Lorsque son oxydation
continue, il se transforme en chrome IV et il devient corrosif et toxique. Actuellement on
retient la valeur seuil de 1µg/m3 comme valeur maximale d’exposition. Partant de cela, on
n’exclue pas les risques (problème de mesurabilité; article de Frederika Van Ingen [24]).

Exemple d’inconnu :
Yoann Lefevre (responsable sécurité, CIMENTS CALCIA) : Lors d’une intervention sur un
site qui devait faire l’objet d’une zone d’extraction pour nos activités, nous avons découvert
une pollution importante en hydrocarbure. Cette pollution n’était pas recensée ni connue.
Nous avons alors dû mettre en sécurité la zone et rechercher l’origine de cette pollution. Une
dépollution était nécessaire, mais se révéla très coûteuse et nous n’avons pas finalisé
l’opération car nous étions acheteurs du site, mais pas encore les propriétaires.

II.1.2.d Du diagnostic au Plan de Gestion : éléments de synthèse

Concernant la méthodologie, avec l’arrivée du diagnostic, l’IEM et le Plan de Gestion


nous avons l’impression de bien pouvoir maîtriser tout risque lié à la réhabilitation des
friches industrielles. Néanmoins, l’ARR n’est pas programmée lorsque le Plan de Gestion
permet d’éliminer les sources ou de supprimer le vecteur de transferts de la pollution ou
encore, quand les valeurs d’exposition résiduelle sont considérées conformes à la
réglementation.

D’après l’interview de Laurent Thannberger (expert en dépollution, VALGO), Valérie


Loubes (directrice des travaux- VALGO) et Patrick Peytavin (directeur des travaux-TPMG), « il
s’avère souvent que lors de la phase travaux, une pollution résiduelle soit constatée et que
des mesures complémentaires doivent être envisagées ». Cela entraine la mise en place de
techniques plus contraignantes et des dépenses financières non planifiées.

La sécurisation des objectifs

Quels sont les principales difficultés qui se rencontrent au moment d’une intervention
de dépollution ?

Laurent Thannberger (expert en dépollution, VALGO) : Les difficultés majeures viennent


du fait que les sols ne sont pas homogènes…il y a l’inconnu de la variabilité latérale et
verticale des sols (géochimie, granulométrie,…), surtout pour les opérations « in situ » et
« sur site » ; d’où la difficulté de l’échantillonnage et la maîtrise partielle de la pollution. De
plus, ces sols peuvent être remaniés, ce qui ajoute un pourcentage d’imprécision. Le plus
grand problème vient de la sécurisation des objectifs car il est difficile de garantir les
résultats de la dépollution. Une simple analyse ne donne pas une vision du réel. En effet, une

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excavation totale est la technique qui marcherait au 100%. Mais nous avons vu que cela
peut-être très couteux et pas toujours faisable (du point de vue technique comme
économique et organisationnel).

Ainsi, nous pouvons nous poser la question de savoir si l’ARR, effectué en amont des
travaux, est suffisant pour avoir la certitude qu’aucun résidu n’est présent ? Ou alors, est ce
que c’est le système du diagnostic qui ne serait pas efficace ? Dans ce cas, pourquoi ?
L’ensemble de ces questions trouve une réponse par l’analyse des outils réglementaires et
ce chapitre nous a illustré certaines failles.

Nous avons pu constater une différence entre la vision de la démarche d’un maître
d’ouvrage qui est aussi un maître d’œuvre et un maître d’ouvrage qui fait appel à des
bureaux spécialisés et qui l’accompagnent dès la phase de l’étude historique à la mise en
place du Plan de Gestion. Ainsi, si dans le premier cas l’aspect économique guide en quelque
sorte les analyses, dans le deuxième les techniques à mettre en place sont définies par des
équipes spécialisées qui visent à une démarche coût-avantage selon les usages.

De plus, selon les réponses de Laurent Thannberger nous avons vu que les solutions qui
permettraient une maîtrise complète parfois ne sont pas compatibles avec le contexte. Pour
éviter ces problèmes, la réglementation, à partir d’avril 2017 vise à renforcer les analyses et
compléter les échantillonnages avec des essais de laboratoire et de terrain, ce qui permet
une dépollution faite avec des essais réels (travail d’ingénierie), qui donnent une vision plus
exhaustive du contexte du site à dépolluer et une sécurisation et maîtrise de la pollution et
des coûts.

II.1.3 Conclusion : les limites des outils réglementaires

Les outils réglementaires montrent une réelle volonté en termes d’avancement dans les
questions en termes de SSP. Néanmoins, ils restent encore des nombreuses failles qui
rendent la maîtrise des risques difficile ou partielle. Les intérêts pour la réhabilitation
peuvent être nombreux, cependant la prise en charge des responsabilités peut encore
s’avérer complexe.

La simple mise en œuvre des outils à disposition ne pourra pas permettre une maitrise
complète des risques. Des facteurs surtout économiques et organisationnels semblent
limiter leur efficacité.

Concernant les responsabilités, la réglementation laisse des doutes sur l’efficacité des
textes. Si initialement, le principe du pollueur-payeur permettait d’avoir une sécurité sur le
contrôle de la pollution, la possibilité que les responsables soient défaillants, détermine la
probabilité d’avoir une perte de contrôle immédiat (les sites miniers de Gard en sont un
exemple). De plus, les exploitants héritent parfois d’une pollution historique et de l’époque
où les industries étaient libres d’agir et donc de polluer. Ainsi, la négociation du partage des
coûts de la réhabilitation risque de faire croitre les temps la prise en charge.

L’interview des acteurs de la dépollution de la société VALGO et TPMG nous a fait


comprendre l’importance, du point de vue économique et organisationnel, d’un diagnostic

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précis dès la phase de conception d’un projet. L’exemple de Sérifontaine (KME) nous à
montré l’importance de l’étude historique approfondi et d’une étude d’experts pour
l’analyse de la pollution en tenant compte des aspects coûts-avantage. Le manque
d’adéquation entre le diagnostic et les travaux peut être résolu avec la circulaire du 19-04-
2017 qui envisage une étape intermédiaire : une étape d’Ingénierie (phase d’analyse avant
avancement des travaux), ce qui à déterminé la réussite pour la réhabilitation du site de
Sérifontaine.

Néanmoins, si les propriétaires du site sont aussi ceux qui effectuent les travaux, les
outils tels que le diagnostic, risquent d’avoir une orientation purement guidée par les
aspects économiques (tout en répondant aux obligations réglementaires).

Concernant les valeurs limites d’exposition qui sont aujourd’hui fixées pour un certain
nombre de produits, comment pouvons-nous nous assurer que le cumul d’une exposition ne
soit pas néfaste ? Nous pouvons mesurer cette exposition aujourd’hui et respecter ces
valeurs. Mais les éléments nocifs, les mêmes qui ne permettent pas la construction d’une
crèche dans une zone polluée, ne sont-ils pas les mêmes qui peuvent se retrouver dans les
légumes produits en proximité et que les enfants peuvent consommer ?

Si les eaux des nappes sont polluées et leur consommation est interdite pour les
citoyens sommes nous en sécurité ? Dès lors que ces eaux polluées sont rejetées dans les
rivières, ne constituent-elles pas des dangers pour l’équilibre écologique et pour les hommes
(consommation de poisson par exemple) ? Ou encore, pensons à l’accident qui à eu lieu en
1990 dans un pavillon à Petit-Couronne en lien avec l’activité de la raffinerie en périphérie
de la ville :
« Au début de l’été 1990, les odeurs d’hydrocarbures se développent dans Petit-
Couronne. Les relevés de surveillance attestent de la présence de teneurs significatives dans
les réseaux d’égout et caniveaux techniques. L’inspection des installations classées propose
au préfet un arrêté d’urgence imposant à la raffinerie de réaliser la surveillance des teneurs
en hydrocarbures dans les réseaux et caniveaux techniques et d’en assurer la ventilation, si
nécessaire, pour éviter que la teneur en hydrocarbure atteignent la limite inférieure
d’explosivité. Le 4 août 1990 : un pavillon d'habitation est resté inoccupé pendant une
quinzaine de jours. De retour vers 1 h du matin, le propriétaire provoque en tirant de l'eau
chaude la mise en route d'un chauffe-eau installé au sous-sol. Le pavillon explose à la suite de
l'allumage des vapeurs d'hydrocarbures accumulées pendant l’absence des propriétaires »
(Base de données ARIA).

Les projets de réhabilitation des friches industrielles s’inscrivent dans des démarches qui
peuvent nécessiter la prise en compte de nombreux paramètres avant de penser à une
maîtrise et anticipation des risques. Nous avons effectivement constaté un certain nombre
de carences pour la sécurité avec la simple application des outils réglementaires, alors la
question suivante se pose : existe-il des moyens qui permettent de compenser les
carences constatées pour anticiper et maîtriser les risques ?

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II.2 Existent-ils des moyens qui compensent les carences des outils
réglementaires pour l’anticipation de la maîtrise des risques dès la phase projet?

La présence d’une friche industrielle est en soit déjà le résultat d’un échec, surtout
économique.
Comme nous l’avons constaté, à partir des années 1970, la responsabilisation vis-à-vis
des friches commence à être fixée et répond à la nécessité de contrôler l’étalement urbain.
Les aspects sanitaires et la prévention de la santé publique deviennent les préoccupations
principales. « La réhabilitation est un moyen de s’assurer de la non nocivité des friches »
(Franz Michel, Expert sécurité, Ptolomée) qui s’inscrit dans la logique du risque zéro (Eric
Branquet, expert de la réhabilitation, Ecofiels-consulting). Ainsi, de nombreux projets ont vu
le jour. Selon les outils réglementaires, une bonne connaissance des lieux et le respect des
critères tels que les valeurs d’exposition, les taux de polluants etc., la connaissance des
moyens de transfert et de l’exposition des cibles, permettent de s’assurer une maîtrise des
risques sanitaires. Ainsi, des nombreux paramètres rentrent en jeu.

La réglementation nous donne aujourd’hui des bases et des moyens pour réussir une
réhabilitation de friches industrielles et pour maîtriser les risques sanitaires et
environnementaux. Ces moyens sont méthodologiques (notamment l’IEM et le Plan de
Gestion) mais aussi économiques (pensons par exemple aux contributions de l’ADEME et de
l’EPF).

Toutefois, suite aux recherches bibliographiques, mais surtout aux résultats des
interviews, on constate que ces outils sont parfois contournables ou peu exhaustifs selon
l’usage qui en est fait.

Nous avons parlé jusqu’ici d’une démarche complexe. Jean Pierre Gohier (ADEME) nous
rappelle que pour réussir « nous devons fixer une limite à cette complexité. Face à quelque
chose de chaotique on doit : i) découper le problème ; ii) travailler sur chaque morceau de la
chaine. Il sera donc à envisager de canaliser la maîtrise et puis de la fragmenter ».

II.2.1 Des exemples de réhabilitation et de travaux de dépollution

II.2.1.a L’étude historique, une étape fondamentale.

 Le Stade de France (Ile-de-France)

Le stade de France repose sur le site d’une ancienne usine à gaz exploitée par Gaz de
France. Cette entreprise a répondu à ses engagements par une collaboration avec les
représentants de l’Etats dans le but de la réhabilitation du site (1994).

Des études préliminaires pour le diagnostic du site ont duré environ 2 ans et devaient
respecter le calendrier des objectifs fixés. Ce diagnostic avait mis en évidence que plus de
50000 m3 de terres requéraient un traitement, ce qui économiquement rendait le travail
difficile. Ainsi, un traitement biologique a été mis en place et a permis d’obtenir une
dépollution des terres comme fixé.

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Néanmoins, une découverte tardive de pollution fut constatée (présence


d’hydrocarbures en profondeur) lors de la phase travaux, ce qui exposait à des risques
d’émanation d’odeurs et d’explosion souterraine (anteagroupe, travaux stade de France). En
effet, une nappe à 9 m de profondeur contenait des mélanges d’hydrocarbures et de
solvants. Une nouvelle phase de dépollution était alors nécessaire, mais du fait du
commencement de travaux, elle était complexe et conditionnée par les délais.

La société, maître d’œuvre des travaux, (anteagroup) « suite à une nouvelle phase de
diagnostic a mis en dépression sous une membrane le sous-sol du stade et installé un réseau
de collecte souterraine pour drainer, pomper et incinérer les gaz du sous-sol avant de les
rejeter dans l’atmosphère » [25].

Même si cette réhabilitation constitue une réussite, il est vrai que, dans les années
1990, début 2000, les méthodes de diagnostic étaient moins surveillées. Ainsi, le retour
d’expérience fait que deux grands principes étaient à retenir : il est fondamental de
respecter le temps nécessaire pour la dépollution et le diagnostic dicte la nature des
implantations, ce qui a été intégré dans la méthodologie d’évaluation avec le diagnostic
approfondi proposé en 1999. Des tests et des vérifications ont été proposés avec la mise à
jour des textes de gestion des sites et sols pollués du 2007.

[Une pollution sur laquelle on agit dans l’immédiat à une plus forte probabilité d’être
maîtrisée, au contraire, une pollution historique devient complexe à gérer et peut amener à
des situations inconnues. Ainsi, le maître d’œuvre exécute, applique des techniques pour
répondre au cahier de charge et respecte la loi, mais parfois il tombe sur des contextes qui
nécessitent des travaux bien plus importants. De plus, que savons-nous sur les effets de
cette pollution diffuse dans des sols à proximité et qui ne rentrent pas dans le périmètre du
projet ?]

 Les aléas d’une pollution historique : la ville du Havre

Jean-Marc Gohier (ADEME) nous suggère cet exemple.


« La ville du Havre est un exemple intéressant d’une pollution qui résulte d’une longue
histoire ». Cette ville portuaire avait vécu des périodes glorieuses de par sa localisation, avec
un port de grande importance. A cette une époque, les problématiques écologiques
n’étaient pas connues. Elle fut détruite en 1944 par la guerre et elle fut reconstruite grâce à
l’architecte Auguste Perret. Lors de cette reconstruction des nombreux matériaux ont été
recyclés, revalorisés, mais ces matériaux héritaient d’une pollution ancienne.
Ainsi, suite à des études historiques, si l’on travaille sur un site quelconque, on peut
considérer que, en l’absence d’activité industrielle, le sol n’est pas pollué. Ici, « on assiste à
une situation d’incertitude liée à l’inconnu et à une lacune d’informations qui peut mettre en
péril la maîtrise des risques ».

II.2.2 Etude historique approfondie pour une démarche globale : exemple et difficultés

Une démarche globale est une démarche qui ne s’arrête pas à la seule échelle d’un site
pour améliorer, prévenir ou résoudre les problématiques sanitaires et les risques pour la

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population. Des recherches approfondies se révèlent importantes mais parfois très longues
et coûteuses. Nous en avons l’exemple par une étude réalisée par Christophe Heyman [4]
sur la hiérarchisation, catégorisation des sites pollués/polluants au plomb en Rhône-Alpes,
région Centre et Nord/Pas-de-Calais. Cette étude nous suggère que « la notion de site
s’élargit au-delà des limites géographiques de l’enceinte industrielle, pour englober
l’ensemble des milieux (eau, air, sol, production alimentaire) du secteur géographique
susceptible d’avoir été impacté du fait des activités pratiquées ». Cette notion est très
intéressante, d’autant plus que, comme nous l’avons vu le long de cette thèse, les milieux,
les sols sont très variables et les transferts des polluants peuvent s’éteindre hors la parcelle à
réhabiliter.

Ces travaux de recherches nécessitent donc une démarche de collecte de données dans
les archives, documentaires, cartographiques, données ponctuelles sur les sites et les
alentours si possibles. Néanmoins, avec la recherche de Christophe Heyman [4] nous
constatons que l’accès aux données historiques n’est pas toujours simple et encourage à la
réalisation d’un recueil dans les sites (internet) récents, l’informatisation de données
anciennes. Son travail avait « pris en compte la santé publique dans la gestion des SSP en
considérant la présence d’une population potentiellement exposée ». La notion de
« potentielle exposition » nous renvoie alors à la nécessité d’une analyse historique
exhaustive et d’une analyse des risques complète en amont de la phase de projet. Cela
pourrait combler les failles qui peuvent se créer lors de l’apparition de certains aléas comme
par exemple pour la ville du Havre ou les localités minières (pollution historique non ou mal
connue ou non communiquée).

« Disposer de données nécessaires et apprécier le potentiel d’exposition restent des


éléments clés d’une politique santé-environnement éclairée » [4]. Ainsi, si lors de chaque
étude les données sont communiquées, informatisées et mises à disposition des bases de
données existantes, on contribuera à faciliter les recherches historiques et à améliorer le
système existant allant vers une globalisation des données et un élargissement des champs
des connaissances spatiales et temporelles (Figure 7).

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Etude historique

Recherches
Bases de données documentaires
Recherches Interviews
anciennes
(BASIAS, BASOL,…) scientifiques population
(archives,
articles,…)
Programme locale
Bureaux Enquêteurs Etudes de vs programme
d’études historiens Recherche
régionale et ou
Investigation du site scientifique ?
Etudes cartographiques Etude du milieux (géologie
Visite du du sous-sol, pédologie, Bureaux
site (Exploitation données biologie, hydrographie, experts
SIG) écologie)
+ Scientifiques
Prélèvements
Plan de Prélèvements
dans les Analyses
prélèvement sur le site
alentours

+ avis
Interprétation dépollueurs
des résultats

Experts sécurité et santé


approfondi
Diagnostic

Non Est-ce suffisant


?
Intégrer les bases des
Oui données existantes

Schéma conceptuel
Source de pollution + caractérisation des milieux et des
polluants + type de transfert et d’exposition +
vulnérabilité du milieu + identification des enjeux, cibles

Non Usages prévus ? Oui

PLAN DE GESTION IEM

Figure 7 : Réflexion sur la phase d’étude préalable à l’IEM ou au Plan de Gestion : l’étude historique et le diagnostic. Ces
phases peuvent rentrer dans une démarche durable et plus globale.

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II.2.3 L’Anticipation des risques technologiques pour les riverains lors d’une réhabilitation
de friche industrielle

Une fois réalisée l’étude historique et détaillé le diagnostic, un plan de gestion permet
d’orienter les travaux et le projet selon les usages qui peuvent être retenus. Dans ces projets
nombreux éléments sont à considérer. On propose ici quelques exemples d’organisation et
de planification des travaux selon le contexte et la sensibilité du lieu.

 Exemple de l’ancienne raffinerie de Petit-Couronne

Un des points intéressants du projet de l’ancienne raffinerie de Petit-Couronne a été la


réflexion visant à anticiper les problématiques des risques directs pour les riverains par
l’intermédiaire des Espaces Boisées Classées (EBC). Ils « permettent d’empêcher que les
activités industrielles s’étalent vers les habitats, fonctionnent d’écran visuel entre la ville et
l’espace industriel (Eric Branquet, expert en réhabilitation, Ecofield-consulting) et rentrent
dans le PLU (Plan Local d’urbanisme). Afin de mettre à profit ces espaces, le projet prévoit de
les utiliser comme moyens d’anticipation pour les risques technologiques pour la
population », ce qui a nécessité un changement de localisation de l’EBC21 par rapport au PLU
initial. Ces EBC vont délimiter le rayon de sécurité qui entoure deux sphères de propane
(appartenant à Butagaz) qui donnent sur le port maritime de la Seine (risque de
surpression et anticipation des risques) et qui rendent cette partie de la raffinerie
inconstructible. « Les EBC seront donc mis à profit ».
La biodiversité constatée sur le site sera maintenue et mise en valeur lors de la
réalisation de la réhabilitation et le maintien de certaines espèces rampantes va contribuer à
masquer les canalisations enterrées et aériennes qui entourent le site. « Ainsi, une réflexion
intelligente du projet permet, entre autre, d’anticiper et d’éviter les risques » (Eric Branquet,
expert en réhabilitation, Ecofield-consulting).

II.2.4 Des aspects écologiques : la nature dans un projet de réhabilitation comme outil de
prévention

 Les plantes comme moyen de dépollution

Sur le site d’une ancienne usine de campings-cars qui a cessé ses activités en 1990 à
Creil (Oise), une pollution importante liée à l’usine et aux activités précédentes fut
constatée.
Ainsi la communauté d’agglomération de Creil a mis le site à disposition de l’Inéris22 en
2013, afin d’effectuer une recherche sur la mise en œuvre d’une technique de
phytoremédiation23 pour la dépollution. Ces plantes s’avèrent capables d’absorber la
pollution au cadmium, au zinc, aux métaux lourds. Cette étude a duré 2 ans et les chercheurs
ont mis en évidence que leur réussite est valable lorsque la pollution est moyennement
intense.

21
Espaces Boisées Classées
22
Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques
23
Utilisation des plantes comme moyen de dépollution

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 Des projets de réhabilitation intégrant la nature au plan urbanistique

Selon le retour de l’expert en réhabilitation de friches industrielles Eric Bouché (expert


de la réhabilitation) et Gohier Jean-Marc (ADEME) il est important de « reboucler la nature».
Faire rentrer la nature dans la ville est un élément important à considérer lors de la
phase d’un projet de réhabilitation, avec tout ce qu’elle comporte :

 L’étude de la biodiversité
 La préservation de la biodiversité existante et la valorisation des zones naturelles
 Le maintien ou reconstitution des services écosystémiques (ex. régulation
bioclimatique, l’atténuation des pollutions de l’eau, de l’air…)
 La restitution des aménités de la nature, non quantifiables, donc inestimables
 La combinaison et fusion du projet architectural (forme du bâti et choix des
matériaux) avec le lieu
 L’utilisation des plantes comme moyen de dépollution : phytoremédiation (elle
permet l’extraction des métaux lourds des sols)-méthode douce.

L’étude effectué dans l’Oise par l’Ineris a mis en avant le fait que la technique
phytoremédiation s’avère être une solution pour maîtriser les coûts de la dépollution dans le
cadre d’un objectif urbanistique de reconquête du foncier et qui permet ainsi d’associer les
aspects économiques-sanitaires et urbanistiques.

Selon le retour d’expérience de Eric Branquet (expert de la réhabilitation) : « le fait de


dresser un état des lieux de l’état écologique d’un site à réhabiliter et évaluer ses connexions
externes, puis d’évaluer la dynamique écologique du territoire (en termes de biodiversité, de
liaison et de fonctionnalité écologique, de maintien des continuités ou corridors, ainsi que des
préservation des secteurs naturels) dès la phase de projet de reconversion, permet d’en
assurer sa durabilité et son adéquation avec les éléments réglementaires locaux ».

Ces aspects permettent non seulement d’avoir un regard écologique, mais surtout de
permettre aux habitants de recevoir le bien-être que la nature peut apporter tout en
sauvegardant les aspects sanitaires.

II.2.5 Equilibre entre l’économie et les techniques

 La maîtrise des polluants et le recyclage des matériaux : la cité du Cinéma de Paris

La cité du cinéma de Paris est le résultat d’une réhabilitation lourde de l’ancienne


centrale thermique EDF, proche de la Seine et donc d’un milieu sensible. Cette centrale, qui
devait alimenter le métro de Paris, a vu, à partir de la fin du mois de mars 2010, un curage
général des bâtiments (désamiantage et nettoyage) qui étaient destinés à un recyclage, et la
démolition des autres. EDF avait enterré l’amiante contenu dans certaines unités. Ainsi,
l’entreprise responsable des travaux a prévu de recréer des fondations et de remonter le
niveau du sol (ainsi une décaisse a été évitée). La nef du site a été traitée et d’autres
bâtiments ont été construits (école, bureaux, studios).

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Puisque cette cité est classée ERP (établissement recevant du public de 1ère catégorie), la
structure ne nécessitait pas de flocage. La structure tient seulement la toiture. Il a donc été
prévu qu’elle reste apparente à condition qu’elle soit désolidarisée des autres bâtiments.
C’est une mesure de sécurité (en cas d’incendie les autres bâtiments ne seront pas affectés)
qui permet de concilier les aspects techniques et économiques.
Dans le parking, un système végétalisé, constitué d’un mélange entre des cailloux de
roches volcaniques et de terre, permet de drainer et de récupérer les eaux de pluie (cela
constitue un aspect important du point de vue écologique et économique).

Comme observé précédemment, effectuer une dépollution nécessite de faire un choix


réfléchi : agir sur le danger, sur le transfert ou sur la source. Ainsi, « un bilan coût/avantage
permet d’abriter le choix » (Eric Branquet, expert en réhabilitation, Ecofield-consulting). Ce
bilan part de la gestion des matériaux aux choix potentiels pour la réhabilitation du site.

 Une démarche circulaire et le développement durable

La démarche circulaire est celle qui vise à une gestion réfléchie des ressources et qui
peut-être une partie intégrante des projets de réhabilitation. Avec cette vision il est possible
de permettre à la fois la mise en sécurité des populations (par la dépollution des friches) et à
la fois une gestion raisonnée de l’économie (les poids des coûts de dépollution peuvent être
résorbés). C’est une démarche à long terme et qui implique un certain nombre d’acteurs
visant à un objectif commun, même avec des intérêts différents…

La dépollution par des plantes en est un exemple. Les métaux stockés par ces plantes
peuvent être recyclés comme des écocatalyseurs dans les procédés pharmaceutiques et
chimiques (Valérie Bert, dans Futura Planet24, [26]) car enrichis en zinc ou cadmium.

Le recyclage des matériaux diminue la quantité de déchets et aussi les coûts des
traitements dans des centres spécialisés.

24
La dépollution du sol par les plantes testée en France

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Figure 8 : Les principes d’une économie circulaire et les différentes attentes (ADEME)

II.2.6 Conclusion : l’anticipation et la recette de la maîtrise des risques

Toutes les problématiques d’un site doivent être définies en amont (Eric Branquet,
expert en réhabilitation, Ecofield-consulting). Une gestion d’un projet de réhabilitation non
maîtrisée peut rapidement la rendre lourde et coûteuse. Les aspects économiques,
organisationnels et techniques pouvant permettre une maîtrise des risques seront ici
évalués.

 Les aspects techniques

Lorsque l’étude historique a des carences, le diagnostic de terrain ne peut pas être bien
défini. Ainsi, la phase de diagnostic risque de se révéler peu exhaustive, elle entraine une
analyse imprécise et lacunaire et la mise en œuvre de décisions non adaptées du point de
vue de la dépollution et du projet selon les usages envisageables.

La ville du Havre en est un exemple. L’étude historique mérite d’aller plus loin que le
simple usage connu des sols (notamment pour des villes qui ont été entièrement refaites en
des périodes de négligence des problématiques environnementales). S’ajoutent à cela des
échecs dans les opérations de dépollution ainsi que des coûts supplémentaires et des
retards liés à la réouverture des dossiers, à la reprise des analyses de la pollution et aux
travaux.

La variabilité latérale et verticale des sols, l’hydrologie, le contexte géologique et


écologique des environnements, font que des analyses sur un maillage trop large et peu
détaillé, peuvent ne pas donner une vision exhaustive du degré de la pollution et, par
conséquent, des risques sanitaires (d’après Laurent Thannberger, expert de la dépollution).
Ainsi les techniques d’essais sur site et en laboratoire, exécutées par des experts en

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ingénierie des sols, peut permettre de compenser les carences des simples prélèvements
ponctuels. De plus, un diagnostic précis et de l’environnement hors-site peut compléter la
vision de l’état de pollution du secteur et, par conséquent, guider les projets pour les usages
futurs intégrés dans une vision à l’échelle plus large que celle du site. L’inscription d’un
projet dans une démarche plus globale pourrait permettre de maîtriser ou adapter les
mesures de protection face aux risques sanitaires. Le nouveau programme proposé en 2017
va dans ce sens avec les études intermédiaires à la phase travaux, qui viennent compléter
l’analyse des risques.

Les aspects économiques

Les aspects économiques ont un rôle important dans la définition des méthodes et
rejoignent les aspects techniques de la démarche.

Deux contraintes sont ici à rappeler en ce qui concerne les aspects économiques en lien
avec une réhabilitation :

a) Les coûts de la réhabilitation même, qui peuvent constituer un frein à la


concrétisation d’un projet
Si les traitements des sols nécessitent des dépenses importantes, une fois que le sol est
dépollué il donnera de la valeur au foncier ce qui peut recouvrir certaines dépenses initiales.

b) Les surcoûts liés à une mauvaise interprétation de l’état de pollution des lieux.

La découverte tardive de la pollution, comme ce fut le cas pour le stade de France ou la


raffinerie de Petit-Couronne, peut être évitée grâce à la mise en place de démarches
spécifiques d’évaluation, d’états de lieux réguliers et d’analyses complémentaires hors site,
ce qui va faire évoluer le schéma conceptuel et l’éventuel Plan de Gestion.

Si l’étude historique, le diagnostic et le Plan de Gestion sont effectués par des bureaux
d’études spécialisés, cela permettra d’avoir un « regard neutre » sur la proposition des
travaux de dépollution et le facteur économique ne conditionnera pas la mise en application
des démarches et techniques nécessaires pour la dépollution. La précision des études
préalables peut permettre d’éviter des surcoûts. Le problème pourrait être évité si des
entreprises extérieures (les bureaux d’études spécialisés) sont chargées de cette tâche.
Ainsi, il sera possible d’anticiper les enjeux sanitaires et économiques.

Les aspects économiques-organisationnels

Plus un traitement est coûteux, plus il devient important de réfléchir à des solutions
alternatives en amont. On peut, dès le départ, choisir ce qu’on laisse sur place et ce qui doit
être éliminé dans des centres de stockage (Eric Branquet, expert de la réhabilitation,
Ecofield-consulting). Rappelons-nous de l’exemple de Sérifontaine : des coûts trop élevés
pour une élimination complète de la pollution ont permis d’orienter les choix vers un
confinement des sols et la création d’une servitude d’utilité publique qui permettra la
maîtrise des risques.

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« Les déchets peuvent être limités par des traitements in situ et, selon les usages, il
existe la possibilité de stocker des produits qui ne seront pas en contact avec l’eau. Ce qu’on
ne sait pas maîtriser, on le met en fin de la chaine en le transférant en décharge ou alors on
envisage de le laisser sur place avec des outils de contrôle tels que les piézomètres
(surveillance) et d’attendre l’avancée des technologies qui permettront de traiter » (Jean-
Marc Gohier, ingénieur urbaniste, ADEME).

A ce propos, Jean-Marc Gohier nous cite un exemple sur un travail réalisé en Niger. « Ce
pays n’avait pas de moyens pour affronter les coûts de la dépollution, le choix a donc été
porté sur un contournement du problème. Des couches alternées entre les polluants et la
chaux vive ont permis d’isoler les polluants et de sécuriser la population face au problème
immédiat. L’économie a donc guidé l’organisation des travaux et les techniques à mettre en
place avec les moyens à disposition. Les aides qui sont données par les pays européens sont
seulement des leviers, leur gestion est importante « se lancer vers ce qui est prioritaire »…

Ainsi, une démarche de recyclage, dans une vision d’économie circulaire, avec
l’implication de tous les acteurs qui peuvent être intéressés, permet non seulement une
répartition des budgets, mais aussi une acceptation du projet auquel tous ont participé.
L’intégration des aspects sanitaires dans les démarches urbanistiques permet donc de
faciliter l’anticipation pour la maîtrise des risques.

 Les aspects organisationnels

Des travaux non planifiés et l’absence d’une connaissance globale du lieu et de l’histoire
environnementale du secteur peuvent entrainer des risques sanitaires et des surexpositions
de la part des usagers, riverains et des professionnels qui effectuent les travaux, mais aussi
une remobilisation de la pollution vers le réseau hydrographique superficiel ou souterrain et
les sols.

La cité du cinéma de Paris nous donne un exemple de projet bien été défini en amont.
Le projet s’est adapté aux lieux, a minimisé les déchets, favorisé le recyclage de certains
bâtiments et les travaux ont été orientés selon les usages pour la mise en sécurité face à des
potentiels risques.

Dès la phase de conception du projet, la prise en considération de tous les enjeux, dont
la biodiversité, le patrimoine archéologique (expérience personnelle25), ou la géologie et le
sous-sol,… réduit les probabilités d’échec. Une bonne réflexion sur l’ensemble du projet
permettrait de faciliter l’anticipation générale des risques. Néanmoins, il y a toujours une
part d’inconnu qui peut complexifier cette anticipation.

25
Lorsqu’un site est considéré sensible du point de vue du patrimoine, il fait l’objet d’une mission d’archéologie
préventive qui commence par une phase d’analyse, le diagnostic archéologique. Selon les résultats, le chantier
sera temporairement interrompu jusqu’à la réalisation d’une fouille archéologique.

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En fin…

La possibilité de modifier les usages sur une emprise foncière anciennement industrielle
nécessite d’accorder le droit de l’environnement (compatibilité sanitaire) et le droit de
l’urbanisme (règlement de zonage ; Eric Branquet, expert en réhabilitation, Ecofield-
consulting). Néanmoins, les études préalables réalisées par des organismes externes
(bureaux d’étude) et des vérifications régulières lors de la phase de dépollution permettent
d’anticiper et de maîtriser les risques.

Gohier Jean-Marc (ingénieur urbaniste, ADEME), nous rappelle une citation du


responsable ville durable de la Caisse des Dépôts et Consignations lors d’un colloque sur
l’urbanisme avec comme thème : le portage des projets d’urbanisme durable :
 question : quel est le meilleur moment pour faire une AMO (Assistance à Maître
d’Ouvrage) sur l’urbanisme durable ?
 réponse : en Amont, si possible. Quand les partenaires s’entendent, c’est mieux. Si
l’on a le budget, le temps, la méthode (triangle d’or des projets : €, temps, qualité),
évidemment.
 question : la réponse est pragmatique quand on vous le demande ou que vous êtes en
conditions de le proposer ?
 réponse : c’est comme le golf : trop tôt, trop tard…

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II.3 La communication est-elle un outil de co-gestion du projet de réhabilitation ?


Un système de management applicable à ces contextes.

II.3.1 Pourquoi une collaboration entre les parties prenantes ?

Un ancien site industriel pollué peut être responsable d’une pollution difficile à
connaître et d’un danger pour la santé publique qui en découle, mais aussi un frein pour une
relance socio-économique à cause des coûts qu’une dépollution peut entrainer. Néanmoins
des nombreux acteurs peuvent y trouver des intérêts, même différents (Figure 9) : les
administrations trouvent un intérêt dans la remise en état de ces sites pour la valeur du
foncier qu’ils peuvent apporter ; les écologistes visent à rétablir l’équilibre écologique et
favoriser les aspects des espaces verts ; les promoteurs visent à recycler l’espace pour
envisager des résidences qui deviennent des ressources financières rentables ; les
communes visent à une relance de l’économie locale, industrielle ou autres activités sources
d’emplois ; les propriétaires visent à respecter la réglementation et trouver un équilibre
financier une fois effectuée la vente,….

Figure 9 : Les échanges entre différents acteurs dans la démarche de réhabilitation d’une friche industrielle (source :
brochure ADEME, la reconversion des sites et friches industrielles).

Même face à des sensibilités différentes l’objectif devient donc commun avec des
enjeux communs ([15], Figure 10), ce qui renforce la nécessité d’une collaboration.

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Figure 10 : Synthèse des différentes sensibilités au tour d’une réhabilitation de friche industrielle, [15]

Ainsi, un travail collaboratif permettrait de : a) faire face aux coûts de la dépollution et


d’affronter les barrières économiques (cf. paragraphe II.2.1) qui autrement peuvent freiner
le réinvestissement de l’espace et, par conséquent, l’abandon du site ou d’un projet ; b)
éviter les conflits des groupes d’intérêts (pour le projet) qui sont résumés par ce qu’on
appelle le Triangle de Bouilding (Figure 11) et qui schématise la répartition des intérêts
généraux : économique, politique, sociétal (les habitants et les usagers).

Figure 11 : Le triangle de Bouilding : conjonction des intérêts économiques, sociétaux et politiques.

En effet, le concept de l’économie circulaire, évoqué dans l’hypothèse 2, va dans ce sens


et permet de réfléchir sur un développement conçu dans une vision de perspective avec les
supports : politiques, urbanistiques, scientifiques, d’ingénierie du territoire, des sociétés de
dépollution…tout en conciliant les préoccupations environnementales, économiques et
sociales (ADEME).

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II.3.1.a La communication et les échanges entre les parties prenantes est-elle


nécessaire pour la réussite de la réhabilitation d’une friche industrielle ?

Trois exemples sont ici proposés afin de comprendre la nécessité d’un dialogue entre
chaque partie prenante et l’importance d’une transversalité de la démarche afin de
répondre à différents besoins.

a) Le refus d’un projet non partagé : projet de réhabilitation sur la friche de Jalla dans
la ville de Nieppe (Lille)

Le site de Nieppe a connu une longue histoire dans le domaine du textile jusqu'à la
cessation de l’activité au 20ème siècle qui a intéressé des nombreuses usines de textile dans le
nord de la France. Ainsi un projet innovateur à été proposé par la société Landforse (maître
d’ouvrage) et validé avec la municipalité. Eric Branquet, acteur de ce projet, nous donne des
informations qui concernent ce site :

« Le projet proposé été très innovateur et visait à la création d’un Parc Urbain Habité (ce
qui signifie : parc=enclos ; urbain=urbanisation+biodiversité ; habité=habitats) et réalisé avec
le soutien de la mairie. Il prenait en compte touts les besoins socio-économiques de la ville :
des espaces verts, une densification de l’habitat (486 logements) à travers des petits
collectifs en tenant compte du respect de l’architecture locale, la « dé-artificialisation » du
sol, l’intégration des services écologiques, y compris les aménités environnementales Ce
projet pouvait se concrétiser après la phase travaux : mise en sécurité des lieux, démolition
des bâtiments, terrain rendu compatible avec les usages visés. Une démarche sanitaire
multizone avait été initiée de sorte à permettre le développement d’une mixité de bâtiments:
de la maison individuelle avec jardin privatif, du petit collectif, des jardins d’agrément et le
développement d’un parc urbain (les arbres à forts élancements ont été proscrits). La faune
et la flore étaient recensées afin de respecter la préservation des habitats sensibles ».

Néanmoins ce projet, conforme aux recommandations rendues par l’Agence Régionale


de Santé Nord-Pas de Calais concernant la pollution du site, n’a pas vu le jour. L’arrivée du
nouveau maire à la fin du mandat de l’ancienne municipalité, en a été la cause principale car
il n’a pas adhéré au projet. Les recours administratifs, longs et lourds, sont en cours.

En effet, l’article 34.1 du code de l’environnement Français, défini les pouvoirs des
acteurs tels que les préfectures, les autorités locales (les mairies) et les exploitants ou
propriétaires. Les maires acquièrent donc un pouvoir décisionnel sur des projets des
réhabilitations des friches industrielles. Dans l’exemple que nous avons cité, nous retrouvons
l’importance de l’adhésion des pouvoirs politiques. Sommes-nous face à un site qui risque
l’abandon de par une méconnaissance des problématiques de réhabilitation et de ses enjeux
?

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b) Une communication globale entre les acteurs facilitant les échanges : le site sur
l’ancienne usine NOVOCERAM de Bourg-Saint-Andéol (Ardèche)

D’après Eric Blanquet (expert en réhabilitation, Ecofield-consulting) :

La friche industrielle Novoceram, où se produisait du carrelage céramique, dans la ville


de Bourg-Saint-Andéol couvre une surface d’environ 4 hectares abandonnés depuis 2006.

Le terrain objet du projet de reconversion été classé en zone industrielle et a nécessité


un reclassement en zone urbaine UB/UC (c'est-à-dire, des zones urbaines affectées à
l’habitat, aux commerces, aux services publics ou privés, au particuliers, aux bureaux, …) afin
de permettre la réalisation d’un programme mixte habitat collectif, habitat individuel,
maison de services, hôtel (220 logements). Le projet, qui avait un caractère d’utilité publique
ou d’intérêt général a fait que l’urbanisme s’est adapté au projet afin de permettre sa
réalisation et de répondre à des besoins primaires pour la commune.

Ce projet été précédé par une évaluation environnementale, qui a débuté avec l’Etat
initial de l’environnement et qui a donné l’image de la vulnérabilité des lieux. Cette phase a
contribué au choix du développement et d’aménagement, à la définition des objectifs et
l’orientation du projet. Un état initial écologique de la flore et de la faune ainsi que
l’évaluation des sensibilités liées au patrimoine naturel local n’ont pas apporté des fortes
contributions car le secteur, étant très urbanisé, ne nécessitait pas des préconisations
particulières au sein du projet. Néanmoins, ces aspects ont été pris en compte. En effet
l’étude destiné à ce projet, s’est inscrit dans une démarche plus globale et visant à la
valorisation du territoire qui à permis le lancement de l’économie locale mais aussi à une
maîtrise et gestion des espaces urbains dans un intérêt général.

c) Exemple de Sérifontaine : dépollution d’une ancienne fonderie et aspects techniques


de la communication

Le projet du site de Sérifontaine dont nous avons parlé dans l’hypothèse 2 a démontré
une réussite générale et une répartition des rôles. Nous avons effectué une interview du
responsable sécurité qui à pu intervenir comme maître d’ouvrage pour cette opération et
nous avons constaté que les échanges nécessaires pour la réussite de la démarche peuvent
être nombreux : lors d’une cessation d’activité, un état de l’environnement du site est
demandé par la préfecture (DREAL). Ainsi, le Plan de Gestion peut être mis en place en
fonction des usages et suivant une logique coût-avantage. Ce travail est présenté, avec
l’appui des bureaux qui ont effectué l’étude, à la DREAL. Si cette étape est validée les
informations sont transmises à la mairie et aux dépollueurs. « Le tout se termine avec un PV
de récolement qui permet de préciser que les travaux ont été correctement effectués ou non,
dans le respect du Plan de Gestion. Les acheteurs seront pris en compte à la fin du processus
et la population est mise au courant seulement une fois que les résultats sont connus et le
Plan de Gestion est établi » (Marchal Philippe, responsable sécurité, KME).

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II.3.1.b Une démarche transversale

Selon l’approche environnementale de l’urbanisme (AEU2, [27]) une démarche


transversale lors d’un projet de réhabilitation permet : des échanges entre des partenaires
publics et privés, une concertation entre différents acteurs locaux de l’environnement, les
aménageurs territoriaux, l’analyse du projet par les différents acteurs, une réflexion plus
vaste sur le territoire ; une évaluation objective sur le projet et les enjeux (ADEME)

 Les comités de prévention : un exemple de moyen de communication existant

Les SPPPI (Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles ; 14 en


France et 1 au Guyane) sont des structures « permettant de définir les orientations de la
politique locale de prévention des pollutions industrielles et d’agir au niveau régional en
termes de risques technologiques, eau, air, déchets, sols pollués et communication
environnementale et des risques » [15]. Elles ont été reconnues par le décret ministériel du
22-08-2008, article 125-35 du Code de l’Environnement. Elles réunissent toutes les parties
intéressées par les démarches de prévention en lien avec la pollution industrielle : élus,
administrations, industriels, experts, associations de protection de l’environnement. Elles
constituent un lieu de débat en termes de prévention des pollutions et des risques
industriels, un outil de communication qui contribue à l’échange et la diffusion des bonnes
pratiques d’informations permettant la participation des citoyens à la prévention et à la
gestion des risques majeurs. En effet, cet outil prend en compte les sites pollués dans le
cadre de la gestion des risques environnementaux et pour la population mais pas les
problématiques liées à la réhabilitation des friches industrielles. Serait-t-il possible de les
intégrer à cet outil qui est existant ? Cet outil, pourrait-il être un lien entre chaque partie
prenante permettant les échanges visant à la construction d’un projet de réhabilitation avec
une vision globale et une approche circulaire ?

II.3.2 L’implication des citoyens

II.3.2.a Les moyens de communication avec la population

Si l’intégration des acteurs de la réhabilitation est envisageable, la population pourrait


être intégrée au système par le biais d’organisations telles que les CLIC [Comités Locaux
d’Information et de Concertation26, composés des gestionnaires du risque (Préfecture,
DRIRE, DDE,…), exploitants, salariés, élus locaux et riverains] et le CLIS (Commission Locale
d’Information et de Surveillance) qui est un moyen d’information et d’implication des
populations sur les choix pour les traitements des déchets. Le CLIS est constitué de :
administrations publiques, collectivités territoriales, associations de protection de
l’environnement et de l’exploitant. Cet outil, initialement obligatoire pour les installations de
classe 1, ont été adoptés en suite pour les installations classées et matière de déchets. En
2012 les CLIC et les CLIS se sont transformées en CSS (Commission de Suivi de Site créée par
l’article L125-2-1 de la loi Grenelle2 du 12-07-2010) qui sont aujourd’hui obligatoires pour
les entreprises soumises à Autorisation avec Servitude (SEVESO seuil haut), pour les centres
26
Elles préparent les riverains à la prévention des risques en lien avec des activités industrielles telle que ces
qui sont classées SEVESO

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collectifs de stockage qui reçoivent des déchets non inertes; pour toutes les installations
d’élimination des déchets ; pour les communes qui le demandent si elles s’inscrivent dans le
périmètre des installations classées. Elles sont composées par : le collège administrations de
l’Etat (le Préfet ou son représentant, le Directeur Régional de l’Environnement, de
l’Aménagement et du Logement) ; le collège élus des collectivités territoriales ; le collège des
riverains ; le collège exploitants d’installations classées ; le collège représentants des
salariés. Néanmoins, ce nouveau système permet essentiellement de créer un cadre
d’échanges et d’information entre les collèges, de suivre les activités des installations
classées et informer le public sur ces installations. Elle ne considère pas les sites nécessitant
la réhabilitation ; elle informe la population, mais elle ne l’intègre pas directement pour une
réflexion.

D’autres moyens peuvent être :


-Les conférences thématiques
-Les réunions publiques
-Les fiches projets (ex. fiches AEU2) présentant : le contexte du projet, les enjeux, le
contexte environnemental, la localisation des sites, les raisons qui mènent à la naissance du
projet, les coûts,
-Les brochures téléchargeables (ex. ADEME)
-Les sites internet (ADEME, AEU, INERIS,…)
-Les plaquettes des projets (avec la vulgarisation des démarches)
-Les médias
Chacun de ces moyens de communication, dont la liste n’est pas exhaustive, vise
essentiellement à l’information sur un projet. L’ADEME, à partir du 2004 mène le projet :
Perception des risques et communication auprès du public : application aux cas des sites
industriels pollués (ADEME) qui vise à informer sur les problématiques de la pollution.

Laurent Thannberger (expert en dépollution, VALGO) nous raconte : « La raffinerie de


Petit-Couronne est un exemple de réhabilitation qui initialement a été vécu comme un
traumatisme, notamment pour les anciens salariés. Ainsi, nous sommes fortement observés.
L’explication des objectifs, lors des réunions publiques, est alors une étape importante. On
propose un projet, on explique ce qui va être fait et pourquoi. Les aménageurs parfois font
appel aux dépollueurs pour expliquer le projet du point de vue technique, ce qui va rassurer
les citoyens ».

Laurent Thannberger (expert en dépollution, VALGO) nous raconte : « La raffinerie de


Petit-Couronne est un exemple de réhabilitation qu’initialement été vécu comme un
traumatisme, notamment pour les anciens salariés. Ainsi, nous sommes fortement attendus
au tournant de part nos activités. Pour cette raison, l’explication des objectifs, lors des
réunions publiques, est une étape importante : on propose un projet, on explique ce qui va
être fait et pourquoi. Les aménageurs parfois font appel aux dépollueurs pour expliquer le
projet du point de vue technique, ce qui va rassurer les citoyens ».

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II.3.2.b L’acceptation du projet, une étape importante ?

Nous avons cité une phrase d’Eric Branquet (expert en réhabilitation, Ecofield-
consulting) qui parlait d’acceptation générale des projets de réhabilitation liée à la peur de
l’inconnu qui constitue un site et qui est liée aux répercussions des accidents graves lors
d’activités en cours tels que : Tchernobyl (1986), Bhopal en Inde (1984), AZF à Toulouse
(2001) ; Fukushima au Japon (2011),…qui ont fait l’objet d’une forte médiatisation. Ainsi la
population peut avoir une perception de risque (risque perçu, cf. paragraphe I.5) qui est
surestimée.
Parfois, des problématiques locales peuvent ne pas permettre l’adhésion à des décisions
pour la prévention des risques sanitaires. On rappelle à ce sujet la réaction première des
riverains lors de l’accident de METALEUROPE. La fermeture de cette société qui avait autant
pollué le secteur provoquant une contamination importante de plomb et des nombreux cas
de saturnisme, à été tout de même contestée. La cause ? La perte des emplois ! Nombreux
sont les cas similaires qui peuvent être cités. Ainsi on retrouve la notion de risque perçu.

Néanmoins, dans le cas d’un site qui n’est pas en activité et qu’il est abandonné, la
méconnaissance peut avoir des répercussions graves sur la santé. On rappel à ce sujet
l’exemple des sites miniers tels que ces dans le Gard (cf. paragraphe II.1.2.b) où, d’après une
interview des habitants, un jeune couple, avait acheté une maison dans le secteur
pollué…pourquoi ? Par manque d’information ! Ou encore, des citoyens qui se sont rendu
compte des dégâts de la pollution très tardivement et seulement une fois que les maladies
(les cancers) ont affecté la famille.

Ces exemples nous rappellent deux problématiques :

-la méconnaissance des pollutions expose les citoyens à des risques graves et parfois
irréversibles.
-les changements peuvent être difficiles à accepter : on peut s’habituer à ces lieux et ne
pas connaître leur avenir peut provoquer une réaction telle que la courbe du changement le
décrit (Annexe 7:). Laurent Thannberger (expert en dépollution, VALGO) dit à ce propos :
« on change les paysages, on explique les dangers liés à la pollution, mais on change des
habitudes ».

L’information sur les dangers et l’accompagnement aux changements liés au projet,


donc l’implication des citoyens, seraient-ils une solution ?

Ainsi nous avons posé la question : à quel moment la population doit être impliquée sur
le projet ?
Selon le maître d’ouvrage Marchal Philippe (responsable sécurité, KME) : La population
doit être informée à partir du moment où nous avons les résultats du diagnostic et un Plan de
Gestion. Cela évite des interprétations erronées et donne des certitudes

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II.3.3 L’implication des maîtres d’œuvre dans le projet a-t-elle un rôle à jouer pour la
maîtrise des risques liés à la pollution ?

Avant de répondre, nous devrions rappeler quelques concepts liés à l’intervention des
dépollueurs :
Selon les constats obtenus avec la phase du diagnostic et une fois le plan de gestion mis
en place, le maître d’ouvrage envisage les techniques de travaux adaptées par le biais des
bureaux d’études experts. A partir de cette phase de la réhabilitation, la maîtrise des risques
est confiée au maître d’œuvre qui se doit de répondre à la réglementation (Annexe 8:) et de
veiller à la bonne réussite du chantier. Ainsi le maître d’œuvre communiquera les risques
aux salariés qui exécutent les travaux.
La phase travaux de la réhabilitation des friches industrielles expose les travailleurs aux
risques professionnels (cf. paragraphe I.4) et des risques liés à la nature du site : des
polluants présents dans les sols où dans la friche, aux matériaux qui peuvent la constituer.

L’implication des dépollueurs dans le projet, sous-entend aussi une implication dans la
phase d’étude. Pour répondre à cette question, nous allons réfléchir sur les réponses
obtenues lors de l’interview réalisée pour des personnes expertes dans le domaine.

La sécurité est-elle un point pris en compte de la phase de conception d’un projet de


réhabilitation ?
Selon l’expert en dépollution Laurent Thannberger (VALGO) : « Nous avons à disposition
un Plan Prévisionnel de Sécurité. Parfois, nous devons intervenir sur un site que nous n’avons
pas étudié. Ainsi les ingénieurs qui évaluent la pollution du site en donnent des informations
mais si le client n’a pas prévu l’ensemble des risques, cela va déterminer des surcoûts, alors
on va essayer de tout prévoir ! »

Valérie Loubes (directrice travaux-VALGO) souligne que « tous les risques doivent être
pris en compte dès le départ. En réalité, dans la phase de projet on estime plutôt
l’environnement et les riverains. Durant la phase travaux, la sécurité des salariés est dans les
mains des employeurs. La prise en compte des risques a des coûts qui sont intégrés dans le
prix global de la dépollution ».
Franz Michel (expert sécurité-Ptolomée) : « La sécurité devrait être prise en compte de la
phase de conception du projet mais ce n’est pas toujours le cas, notamment à cause de la
méconnaissance des produits qui peuvent exister dans une friche industrielle ».
Si le danger n’est pas supprimé en amont, il constitue un risque.

Nous constatons donc que le dépollueur va avoir des informations, mais celles-ci
peuvent-elles ne pas être exhaustives ? Dans ce cas, prévoir tous les risques devient difficile.

Quels sont les risques majeurs qui peuvent être rencontrés lors d’une opération de
dépollution et quels sont les moyens de prévention ?
Laurent Thannberger (expert en dépollution-VALGO) : « Les risques majeurs viennent
essentiellement du contact avec les produits, ainsi on prévoit des EPI27 adaptés, mais aussi la

27
Equipements de Protection Individuelle

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mise en place d’EPC28 tels que la rubalise qui délimite la zone travaux et des équipements
d’arrêt des machine en cas d’urgence. Un risque probable est la dispersion des polluants, ce
qui va entrainer des risques supplémentaires pour la population. De plus, le danger n’est pas
toujours visible par le dépollueur ».
Au niveau organisationnel on prévoit des procédures adaptées et des formations pour les
salariés
Valérie Loubes (directrice travaux, VALGO) ajoute qu’ « un moyen de prévention est la
visite médicale visée pour les personnes directement exposées à la présence des produits,
mais aussi pour les personnes secondaires?
En effet, il existe des difficultés face à certains produits tels que le plomb car la
réglementation n’est pas aussi claire à ce sujet, comme elle peut l’être pour l’amiante. Cela
peut déterminer des surcoûts liés à une sur estimation du danger et une sur protection, mais
surtout un stress pour le personnel qui se pense être exposé à ces risques ».

L’expert en sécurité, Michel Franz (Expert en sécurité, Ptolomée), nous souligne


l’importance « d’anticiper en amont les risques liés à toutes activités de chantier. On peut
utiliser par exemple des analyses papillons qui permettent de trouver les causes potentielles
des risques d’un coté et les effets domino dans l’autre. Ainsi nous pouvons anticiper des
règles d’organisation. Dans l’idéal il faut faire appel à des équipes expertes pour effectuer
une analyse des risques, par exemple des entreprises MASE29 et mettre en place un zonage
du site en fonction des risques constatés. Les Modes Opératoires sont aussi des moyens de
prévention qui, dans l’idéal, doivent être effectués pour chaque phase de travail, tout comme
le PdP. Des audits réguliers et les inspections peuvent contribuer à prévenir les risques ».

Nous pouvons constater que la notion d’anticipation ressort essentiellement de l’expert


en sécurité alors que pour les acteurs directs de la dépollution on a un reflexe de prévention.
Est-ce synonyme d’une adaptation aux risques ? N’ayant pas d’autres points de vue nous ne
pouvons pas ici répondre a cette question, mais, suite aux réflexions menées jusqu’à ici,
nous pouvons revenir à la question de départ sur la nécessité d’intégration des dépollueurs à
la phase de projet.

La sécurité est-elle une contrainte pour ces types d’opérations ?


Valérie Loubes (directrice travaux-VALGO) : « Non, la sécurité n’est pas une contrainte,
mais tout dépend du système de management. Par exemple la co-activité peut complexifier
la démarche de prévention. Ainsi la communication et la formation du personnel sont des
éléments importants ».

Franz Michel (expert sécurité-Ptolomée) : « La sécurité n’est pas une contrainte ni un


frein, mais un élément à prendre en compte. Il est important d’utiliser les bons moyens à la
hauteur des risques…les outils ne doivent pas être disproportionnés ».

La sécurité peut donc être prise en compte de façon adéquate avec une connaissance
exhaustive des problématiques du site, ce qui permettra, entre autres, d’éviter les situations
liées à la connaissance non exhaustive des produits présents dans le chantier à réhabiliter.

28
Equipements de Protection Collective
29
Manuel d’Amélioration Sécurité des Entreprises

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Est-il possible de maîtriser tous les risques pour une action de dépollution ?
Laurent Thannberger (expert en dépollution-VALGO) : « Parfois, il faut savoir que la
prévention donne des surcoûts et elle peut orienter sur le choix stratégique de la dépollution
même, notamment en milieu urbain où la proximité des riverains est un paramètre à
considérer. Les cotations de la fréquence et de la probabilité ne sera donc pas la même.
L’identification de la pollution peut-être un problème pour la maîtrise, on a des réponses par
rapport à ce qu’on connaît, au delà, nous ne pouvons pas savoir. Néanmoins, touts les risques
du chantier doivent être pris en compte, même si pas directement liés à la pollution ».
La maîtrise totale n’est donc pas possible les dépollueurs ne voient pas toujours le
danger (lié à la pollution).

Selon le document Inrs 87TC83 [28] « l’évaluation des risques peut s’avérer très
complexe pour certaines opérations. Plusieurs types de situation se présentent : la pollution
est parfaitement connue ; l’incertitude sur la nature des la pollution est faible : le cas le plus
complexe sera évidemment celui de la réhabilitation d'un dépôt à risques de produits
chimiques où la connaissance des produits stockés (souvent enfouis) est incomplète, et où le
risque de découverte d'un produit inconnu et très dangereux (toxicité, risque d'incendie-
explosion, etc.) subsistera ».

Le facteur humain et la communication sont-ils des éléments importants lors des travaux de
réhabilitation ?
Laurent Thinnberger (expert en dépollution-VALGO) : « Le plus grand problème est la
perception du risque : le risque réel et le risque perçu. Il est difficile de faire la différence
entre les terres polluées et celles qui ne le sont pas ». La communication devient alors très
importante afin d’avoir les bonnes informations sur le degré de pollution et le(s) type(s) de
polluant(s) présents sur le site.

Valérie Loubes (directrice des travaux-VALGO): « Le facteur humain peut-être une


contrainte quand les objectifs ne sont pas exprimés et les opérateurs ne sont pas impliqués
par la démarche. De plus la présence du personnel non formé peut-être un facteur de
danger ».

Yoann Lefèvre (responsable sécurité, CIMENTS CALCIA) : « Sans communication, il est


impossible de faire de la sécurité et d’avoir une conscience des risques (…), un manque
d’information pour les maîtres d’œuvre se reflète sur les salariés ».

La connaissance du contexte général d’un ancien site industriel qui fait l’objet d’une
dépollution est en soit un outil de prévention. L’implication des dépollueurs permet d’avoir
un objectif commun et partagé, mais aussi des comportements et des précautions adaptés
aux risques potentiels ou réels qui peuvent affleurer lors de la phase travaux. Ainsi un
système de management général qui travaille dans la communication pour chaque partie
prenante peut-il permettre une responsabilisation générale ? Cela permettrait-il une
meilleure maîtrise des risques.

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A partir de quel moment il est convenable d’impliquer les dépollueurs dans la


démarche ?

Marchal Philippe (responsable sécurité, KME) : « Si on les interpelle comme experts, on


risque d’avoir des surestimations. Ainsi il est convenable de faire appel à des tiers experts
pour la phase d’étude (ingénieurs hydrogéologiques, géologiques,…) et la proposition d’un
Plan de Gestion de type coût-avantage. Une fois que les administrions (DREAL) valident la
proposition, les dépollueurs peuvent intervenir ».

II.3.4 Conclusion, la communication comme outil de prévention et de réussite d’un projet


d’intérêt générale

Les projets de réhabilitation regroupent une multitude d’acteurs avec des intérêts
différents. La dépollution est le point de départ, ce qui laisse conclure qu’elle réunit les
intérêts de différentes parties prenantes. Ainsi, un travail collaboratif et d’information dans
la démarche permettrait de :

a) faire face aux coûts de la dépollution


b) faire converger les intérêts de chaque partie prenante en facilitant le partage des
responsabilités pour un objectif général commun.
c) faire face aux problèmes de refus des projets liés au non accord entre parties
prenantes
d) connaître la pollution réelle du site
e) permettre aux pollueurs d’avoir une vision globale et de recevoir l’ensemble des
informations qui permettent la préconisation des mesures de prévention adaptées
pour les travaux.

Les dépollueurs peuvent ainsi informer les opérateurs en amont sur le projet et l’état du site,
mais aussi prévoir du personnel formé ou à former selon les réelles problématiques du site.
« La formation et l’information des opérateurs sont des éléments indispensables au bon
déroulement d’un chantier » [11]. A son échelle, le dépollueur ou maître d’œuvre, pourra
ainsi mettre en place un management collaboratif et impliqué de transmettre des objectifs
communs. De plus, ils peuvent aussi apporter un avis d’expert.

Concernant la communication entre tous les acteurs de la réhabilitation, aujourd’hui


existent des outils tels que le SPPPI. Elles réunissent toutes les parties intéressées par les
démarches de prévention en lien avec la pollution industrielle existante, mais ils ne prennent
pas en compte la réhabilitation des friches industrielles. Nous pouvons alors envisager
d’élargir le cercle et d’intégrer les projets de réhabilitation avec les responsables de la
réhabilitation et les dépollueurs. Les Experts (bureaux d’études externes qui effectuent
l’étude du site, l Plan de Gestion et les vérifications) sont un lien antre parties prenantes. On
appellera cet outil SPPPIR (Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions
Industrielles et de Réhabilitation) afin de faire la différence avec le système existant (Figure
12).

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La communication entre tous ces acteurs est un élément clef pour la réhabilitation d’un
espace « vide » qui peut constituer un risque pour la population et l’environnement.

Industriels

Association
de
Protection Administra Responsabl
de tions es
l’Environne SPPPI réhabilitati
ment (Prévention – on
Pollution
Industrielle )
+ = SPPPIR

Dépollueur
Elus Experts

Figure 12 : Un système de prévention de la pollution industrielle intégrant les problématiques de la réhabilitation des
friches industrielles. Les experts (bureaux d’études) sont un des liens fondamentaux des échanges car ils se trouvent
dans la boucle initiale des SPPPI et intègrent les SPPPIR proposé.

La population, qui peut avoir peur de la pollution (ex. zones minières dans le Gard) et
aussi de l’inconnu et parfois des changements, est un acteur important dont il faut tenir
compte. Elle peut collaborer au projet et l’accepter si elle y croit et en trouve l’intérêt. Cela
nécessite son implication et la prise en compte de ses préférences pour l’avenir du site, mais
aussi une communication sur les risques qui sont liés à l’exposition à la pollution, même si
non visible (exemple, les sites miniers du Gard).
Nous avons parlé des outils tels que les CLIS (Commission Locale d’Information de la
Surveillance) et le CLIC (Comités Locaux d’Information et de Concertation), fusionnés en un
seul, le CSS, mais si on intègre les problématiques de réhabilitation avec les responsables de
la réhabilitation (ou maîtres d’ouvrages), les bureaux d’étude experts qui effectuent l’étude
et réalisent le Plan de Gestion, les dépollueurs (experts en pollution) et la population nous
pouvons proposer un système que nous pouvons appeler le CLICS (Comité locale
d’Information et de Surveillance), (Figure 13).

Enfin, un bon système de communication dans l’ensemble des phases de la


réhabilitation d’une friche industrielle, peut s’avérer être un outil clef pour la maîtrise des
risques et leurs anticipation.

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Elus locaux

Administrati
Gestionnaires ons
du risque publiques
Riverains
CLIC
(Comité Locale
(Préfecture,
DRIRE, …) +
d’Information et
de
Concertation) CLIS
(Commission Collectivités
Exploitants Locale territoriales
d’Information
et Surveillance)
Salariés Exploitants

Responsabl
+ Associations
de
protection
es de
réhabilitati l’environnem
on ent
Experts
(Bureaux
d’études)

Dépollueur

=
CLICS

Figure 13 : Un système de communication entre les acteurs concernés par les problématiques de la pollution et intégrant
les responsables et experts de la réhabilitation et les dépollueurs.

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III.Proposition méthodologique pour la réhabilitation d’une friche industrielle


polluée.

L’analyse des outils réglementaires et de leur application concrète, nous ont montré des
limites qui ne permettent pas, à l’état actuel, de maîtriser tous les risques liés à l’existence
d’une friche, à son histoire et à sa pollution.

Nous pouvons ainsi distinguer différents aspects fondamentaux pour la réhabilitation


d’une friche industrielle :

L’optimisation de la phase d’étude (étude historique, diagnostique, schéma


conceptuel) et donc du projet
La prise en compte des intérêts multiples autour d’une réhabilitation de friche
industrielle (des projets durables et basés sur une économie circulaire)
La dépollution comme outil d’intérêt multiple
La communication intrinsèque et extrinsèque au projet

La friche industrielle qui constitue un risque réel ou potentielle de pollution, mais aussi
un espace exploitable, nécessite une réhabilitation réfléchie qui prend en compte une
multitude d’acteurs. Ainsi, les différents intérêts peuvent converger vers un projet unique et
transversal. Ce projet doit avant tout permettre la sécurité des hommes et de
l’environnement, ce qui passe par la dépollution du site.

La phase d’étude
Le tout commence par une première phase d’étude historique qui est à la base de la
démarche et qui guide le diagnostic. Ce dernier sera plus ou moins approfondi selon les
usages prévus et donc les risques liés à une exposition à la pollution. Ainsi, afin d’avoir une
vision complète de cette pollution, il est important de : élargir l’analyse aux alentours du
site ; permettre l’intervention de bureaux experts et externes pour des mesures et des essais
sur site et dans les laboratoires. Cela évitera des surcoûts non planifiés liés à une découverte
tardive d’une pollution non constatée et une meilleure anticipation des risques. En effet, les
résultats des études préalables guident les méthodes et les techniques de dépollution à
mettre en œuvre.

La dépollution et le projet
La dépollution se trouve placée au cœur de la démarche car elle est le point de départ
pour la réalisation des projets. Dès lors que le projet devient d’intérêt commun, les coûts de
la dépollution peuvent être réabsorbés plus facilement.
Une démarche visant au recyclage et au traitement sur place, dans les limites du
possible, et qui s’inscrit dans une dynamique d’économie circulaire, diminuera les coûts.
Des vérifications lors de la phase de dépollution, en termes de suivi, et à la fin de la
dépollution, en termes de validation, permettent d’anticiper les problématiques
(économiques et techniques) liées à un manque de précision sur l’état du site.

Il est important que les dépollueurs, au même titre que les bureaux d’études spécialisés,
puissent apporter leur expertise lors de la définition du projet pour des raisons multiples :
l’apport de conseils ; la prise de connaissance de la réalité du site ; la meilleure maîtrise de la

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pollution et des risques lors de la phase travaux, une meilleure adaptation des techniques de
dépollution.

Une démarche pour la maîtrise des risques

Jusqu’à ici, pour la maîtrise des risques liés à la pollution d’une friche industrielle à
réhabiliter, nous pouvons proposer les points suivants:

Prévoir un projet multi-partenarial (Figure 14),


Faire appel à des experts pour les études et le suivi,
Proposer un projet après une analyse coût/avantage qui réunit les intérêts des
différents acteurs,
Programmer et organiser les travaux en fonction de la pollution et des enjeux du
milieu (archéologie, hydrologie, pédologie, écologie,…),
Programmer les usages compatibles avec l’état de la pollution,
Proposer un projet s’inscrivant dans une économie circulaire et une logique de
développement durable,
Privilégier le traitement in situ dans les limites du possible et confiner les pollutions
métalliques et non volatiles ; optimiser les transports des déblais (limiter les coûts
et respect des problématiques sur le réchauffement climatique), réutiliser les
matériaux (recyclage) ; utiliser des moyens de dépollution douce (ex.
phytoremédiation) dans les limites du possible

Elus
Aménageur Associations
s , Médecins

Sociétés de Industriels-
dépollution Exploitants

Réflexion
Scientifique, Projet Ingénieurs
Ecologistes, de
Environnem
Réhabilitation l’urbanisme
entalistes,… de Friches locale
Industrielles

Riverains Experts

Administrati
Population
ons
Collectivités
territoriales

Figure 14 : Multiplicité d’acteurs qui peuvent faire partie d’un programme de réflexion d’un projet de réhabilitation

Intégrer un système d’échanges d’informations :

Les projets de réhabilitation nécessitent, non seulement une communication continue


entre les acteurs du projet même, mais aussi de faire part d’une démarches de prévention

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en lien avec la pollution industrielle, ce qui implique son intégration dans le système que
nous avons appelé SPPPIR (Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions
Industrielles et de Réhabilitation).
Les problématiques liées à la pollution nécessitent d’être communiquées à la population
afin de : i) éviter des interprétations erronées sur les risques liées à la pollution (distinction
entre risque réel et risque perçu) ; ii) de contribuer au choix même du destin de ces lieux
laissés à l’abandon ; iii) faciliter la réussite de la démarche de prévention des risques liés à la
friche. Ainsi, le CLICS (Comité locale d’Information et de Surveillance) est un moyen
permettant d’intégrer les citoyens aux problématiques de la pollution et de la réhabilitation
(Figure 13).

Mettre en place un système de management permettant la coordination entre les


acteurs et le suivi des phases de la réhabilitation :

Si les experts tels que ceux qui composent les SPPPIR et les CLICS sont intégrés dès la
phase de conception, le projet et son acceptation seront favorisés et intégrés dans une
démarche plus globale. Les citoyens feront ainsi partie de la boucle et pourront s’exprimer
sur le choix de l’avenir du site tout en étant conscients des risques liés à la pollution, de leur
maîtrise en cas de dépollution complète et de prévention dans le cas d’une pollution
résiduelle. Dans ce dernier cas, ils ne seront pas directement exposés car les usages ne le
permettront pas, mais ils seront informés sur les risques réels et la vision du risque perçu ne
sera plus une source de polémique.

Ainsi, les échanges entre l’équipe projet, le SPPPIR et le CLICS, permettent la réalisation
d’un projet collaboratif, partagé et la prise en compte des Retours d’EXpérience (REX) de
chaque acteur. Une coordination devient donc nécessaire. Ainsi nous pouvons avancer la
proposition d’un système de management collaboratif avec une logique PDCA30 pour la
réhabilitation d’une friche industrielle : « Système de Management Valorisation du
Territoire » (Figure 15). On planifie avec la prise en compte des problématiques de la
pollution et des usages possibles ; on réalise le projet tout en effectuant des vérifications
continues ; on finalise le projet et on continue la surveillance du site au besoin et on
maintient une communication entre les parties intéressées. Ce système vise à coordonner le
projet de réhabilitation et maintenir le lien entre acteurs internes et externes, tout en
veillant à la conformité réglementaire Ce besoin de coordination pourrait signifier de faire
appel à un manager externe.
Ce Manager, de par son rôle et sa position intermédiaire entre différents acteurs, devra
veiller à la vulgarisation des sujets au tour de sa mission. Il devra faire preuve d’adaptabilité
entre les différentes compétences afin d’éviter toutes mauvaises interprétations liées aux
langages différents entre ingénieurs, dépollueurs, administrations, mairies,…
La réduction des coûts liée à : un projet collaboratif et s’inscrivant dans une logique
circulaire et durable ; une réflexion de recyclage ; une réduction des déchets et de leur
traitement hors site, permettrait l’autofinancement de ce manager.

30
Plan, Do, Check, Act

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Système de Management Valorisation du Territoire

EQUIPE PROJET
DE
REHABILITATION

Dépollueurs
Responsables
réhabilitation

CLICS SPPPIR

Figure 15 : Echanges entre l’équipe projet, le CLICS et le SPPPIR avec l’intervention des dépollueurs et des responsables
de la réhabilitation, pilotés par un système de management de la Valorisation du Territoire

Créer un système de vérification et validation des travaux selon les critères retenus
pour une maîtrise des risques liés à la pollution

Nous avons constaté que les étapes liées à la réhabilitation des friches industrielles sont
nombreuses.

Une fois reçu la validation d’un Plan de Gestion par la préfecture, les travaux de
dépollution peuvent commencer en réponse aux résultats des bureaux d’étude. Ces derniers
devront encore intervenir lors de la phase travaux en termes de vérification car les sols,
n’étant pas homogènes peuvent révéler des résidus non identifiés. Une fois que la
dépollution est terminée, la validation de la part des bureaux d’étude pourra donner une
sécurisation et permettra le départ des travaux de réaménagement. En parallèle, les
échanges avec les dépollueurs restent importants en termes de conseils, notamment du
point de vue technique. Les citoyens pourront suivre le projet par les moyens de
communication mis en place et seront des acteurs, même passifs, impliqués du départ lors
de la décision d’un projet
La Figure 16 : Méthode de réhabilitation d’une friche industrielle polluée. La phase projet
(Plan) comprend tous les acteurs qui ont un intérêt à réhabiliter des espaces délaissés. La
dépollution devient un coût partagé. Les dépollueurs participent dès la phase projet et ont
aussi un rôle de conseil. Les SPPPIR et les CLICS apportent leurs savoirs et expriment leurs
avis et besoins. Les dépollueurs communiquent aussi avec ces comités et les Retours
d’EXpérience permettent d’alimenter la réflexion sur le projet. Les Bureaux d’études guident
la démarche, vérifient et valident dans la phase terminale des travaux. Dès qu’une pollution
résiduelle est constatée de nouvelles analyses des risques doivent être effectuées (Check).Le
constat d’une pollution acceptable selon les usages détermine la programmation d’une
surveillance. Dans tous les cas les travaux d’aménagement ou autre, prévus dans le projet,
ne peuvent avoir lieu qu’après la validation des experts. Le système de management qui

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coordonne toutes ces étapes : Système de Management Valorisation du Territoire veille au


bon fonctionnement de ce système (logique PDCA) et facilite les échanges avec les autres
acteurs externes : SPPPIR et CLICS. Ce système permettra ainsi une maîtrise des risques liés à
la pollution. La participation des dépollueurs dans le projet permet, entre autre, la maîtrise
des risques et leur anticipation pour les salariés lors de la phase des travaux de dépollution.
ici dessous permet une synthèse de la méthodologie proposée pour la maîtrise des risques
liés à la pollution d’une friche industrielle :

Risques liées à la Système de Management


INFORMATIONS pollution d’une friche Valorisation du Territoire
industrielle
Propriétaires Conseils
- Urbanistes communication
Aménageurs SPPPIR
P Projet de Réhabilitation
Experts réhabilitation
Mairie
Environnementalistes REX
Etude historique et

communication
Bureaux d’experts …
diagnostic
Etude -Conseils

Schéma Conceptuel

P Si Plan de Gestion : conseils


Choix des traitements Dépollueurs
(coûts – avantage)
M si validation préfecture
CLICS
A Traitements selon les
D usages
I
C
Vérification *
T C
R ARR-EQRS
oui Pollution INFORMATIONS
résiduelle ?
I
P = plan
S non D = do
E D
Avancement travaux C = check
dépollution A = act
non Vérification *
C * = bureaux d’experts
oui Pollution §= sécurité chantier
résiduelle ? OUTILS REGLEMENTAIRES +
VERIFICATIONS CONTINUES +
non CONSEILS DEPOLLUEURS +
C CONSEILS SPPPIR +
Pollution ECHANGES CLICS +
Surveillance oui acceptable ? REX +
(choix en fonction des
Surveillance COMMUNICARION AVES ACTEURS
+ risques constatés)
nécessaire ? PROJET =
Vérification et MAITRISE DES RISQUES LIES A LA
A non validation* POLLUTION
Fin-mise en sécurité
MAITRISE et DEBUT INFORMATIONS
TRAVAUX
AMENAGEMENT

Figure 16 : Méthode de réhabilitation d’une friche industrielle polluée. La phase projet (Plan) comprend tous les acteurs
qui ont un intérêt à réhabiliter des espaces délaissés. La dépollution devient un coût partagé. Les dépollueurs participent
dès la phase projet et ont aussi un rôle de conseil. Les SPPPIR et les CLICS apportent leurs savoirs et expriment leurs avis
et besoins. Les dépollueurs communiquent aussi avec ces comités et les Retours d’EXpérience permettent d’alimenter la
réflexion sur le projet. Les Bureaux d’études guident la démarche, vérifient et valident dans la phase terminale des
travaux. Dès qu’une pollution résiduelle est constatée de nouvelles analyses des risques doivent être effectuées

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(Check).Le constat d’une pollution acceptable selon les usages détermine la programmation d’une surveillance. Dans
tous les cas les travaux d’aménagement ou autre, prévus dans le projet, ne peuvent avoir lieu qu’après la validation des
experts. Le système de management qui coordonne toutes ces étapes : Système de Management Valorisation du
Territoire veille au bon fonctionnement de ce système (logique PDCA) et facilite les échanges avec les autres acteurs
externes : SPPPIR et CLICS. Ce système permettra ainsi une maîtrise des risques liés à la pollution. La participation des
dépollueurs dans le projet permet, entre autre, la maîtrise des risques et leur anticipation pour les salariés lors de la
phase des travaux de dépollution.

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Conclusion générale
La réalisation de cette thèse m’a permis d’approfondir mes connaissances en termes de
sites et sols pollués liés à une activité industrielle passée et, par conséquent,
d’incrémenter la réflexion sur les démarches à suivre afin d’éviter ou de maîtriser les risques
sanitaires et/ou environnementaux.
Lors de cette recherche et des interviews réalisées, j’ai pu « observer » et analyser les
différents aspects et enjeux qui entourent cette démarche : d’une part nous avons tous les
aspects liés à l’urbanisme, à l’aménagement, aux nécessités sociétales et à la gestion de
l’espace qui aujourd’hui vise à limiter l’étalement urbain ; d’autre part, nous avons les
aspects sanitaires liés à la pollution et aux risques qu’elle peut provoquer.
Dans le contexte actuel où la prise de conscience de ces problématiques devient
prépondérante, il était intéressant de comprendre comment de ces aspects, apparemment
dissociés, nous pouvons trouver un intérêt commun aux acteurs directement et
indirectement concernés. Ainsi, une friche industrielle à réhabiliter n’est plus seulement un
espace à traiter, mais aussi un lieu qui permet la valorisation durable du territoire.

Dans une première partie, nous avons pu constater que, malgré la progression des outils
réglementaires qui suivent les retours d’expérience liés aux événements catastrophiques et
aux graves problèmes sanitaires et environnementaux, la singularité des sites ne permet pas
toujours de faire des généralités sur les approches de maîtrise des risques liés à la pollution.
Nous avons aussi pu constater les limites liées au principe du pollueur-payeur. Ce principe
peut permettre de contrôler la pollution et rentre parfaitement dans une logique de
prévention, mais vis-à-vis des sites orphelins, les responsabilités deviennent difficiles à
assumer, ce qui induit des risques d’abandon d’un site qui est ou peut devenir dangereux.
On a observé aussi des cas où la pollution était parfaitement maîtrisée suivant les méthodes
réglementaires mais aussi d’autres cas où le fait de trouver de la pollution lors de la phase de
dépollution pouvait provoquer des résistances du point de vue économique. Ainsi, les
carences observées au niveau réglementaire et technique nous ont orienté vers la deuxième
hypothèse qui cherche à comprendre comment des méthodes plus globales et qui
regroupent l’ensemble des intérêts des parties prenantes peuvent palier à ces carences.

Dans notre réflexion, nous nous sommes aperçus que même si chaque site a une
histoire différente et s’inscrit dans des contextes différents (économique, social,
environnemental, …), il est possible, du simple fait de faire converger les intérêts des parties
prenantes : d’affronter les coûts qu’une dépollution peut nécessiter ; de construire un
programme respectant les besoins et les sensibilités du lieu (du point de vue
environnemental, économique et urbanistique) et surtout d’obtenir une acceptation
générale. Un projet accepté va plus facilement aboutir et, par conséquent, facilitera la
prévention et la maîtrise des risques liés à la pollution.
Anticiper et maîtriser les risques c’est aussi étudier tous les scénarii possibles
d’exposition liés à la présence de polluants ou des résidus ou encore des inconnus. De ce
fait, une multitude d’acteurs réunis en groupe de travail peut permettre de considérer le
plus grand nombre de situations qui exposent à des risques. Le fait de faire appel
systématiquement à des bureaux d’étude experts permet d’enrichir les études des scénarii
mais aussi d’éviter tout type d’abus sur la programmation des travaux de dépollution. Un

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maître d’ouvrage qui est aussi maître d’œuvre peut minimiser les démarches à suivre pour
une dépollution du site ; un dépollueur qui planifie les travaux peut augmenter ou
surestimer l’importance des travaux à réaliser pour des questions de bénéfice. Les experts,
une fois le Plan de Gestion proposé, continuent le suivi jusqu’à la fin des travaux de
dépollution comme cela est prévu par la loi depuis avril 2017.

Nous avons parlé d’acteurs qui viennent de mondes différents : ingénierie de


l’urbanisme, ingénierie de l’environnement, politique, technique (bureaux d’étude et
dépollueurs), administratif, responsables HSE, citoyens,…il est apparu alors fondamental de
considérer un système de communication permettant la coordination de tous ceux qui ont
un rôle clef dans la création du projet ou un rôle secondaire et de conseil. Nous avons ainsi
proposé une approche consensuelle pour cette démarche de réhabilitation d’une friche
industrielle. Ces aspects, abordés dans la troisième hypothèse, mettent l’accent sur un
potentiel système de management, mais aussi sur l’insertion des citoyens dans la boucle. Ces
derniers auront un rôle à jouer dès la phase de conception et seront informés et sensibilisés
sur les problématiques liés à la pollution.

Toute la réflexion qui a alimenté cette thèse m’a permis ; premièrement, d’enrichir mon
bagage culturel en termes d’environnement (d’une vision scientifique à une vision technique
et de prévention) et deuxièmement, d’élargir la vision de la sécurité et l’étude des risques
vers une orientation plus globale. Nous avons pu constater que la prise en compte de toutes
les problématiques (techniques, organisationnelles, économiques et humaines) qui
entourent une friche industrielle et la projection vers des démarches durables et à échelle
spatiale et temporelle élargie, peut permettre de maîtriser les risques liés à la pollution
d’une friche industrielle. La simple réhabilitation intégrée dans des projets qui sortent d’une
échelle ponctuelle, associée à l’avancement des recherches et des connaissances sur les
effets de certains polluants et leur transfert, alimente les piliers de la maîtrise des risques.
Néanmoins, une part d’inconnu est toujours présente, ce qui détermine la nécessité d’une
surveillance régulière, notamment pour les sites plus complexes et qui ne permettent pas
une dépollution complète ou ces cas où la pollution a été confinée.

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Bibliographie

[1] Ballerini D., Gatelier C., Vogel T., (1998). Techniques de traitement par voies biologiques des sols
pollués. ADEME, 246p.
[2] CCI Paris Ile-de-France (Fiche Pratique INOREF), 2014. Qu’es ce qu’une installation Classée Pour
la Protection de l’Environnement ?
[3] Chassagnac Thierry, 2005. Réhabilitation des décharges. Mécanismes de dégradation et
impacts. Dans Techniques de l'ingénieur, Paris
[4] Christophe Heyman, Côme Daniau2, Frédéric Dor2, Céline Legout3, Marielle Schmitt4 BEH
thématique 47-48 / 9 décembre 2008
[5] CNRACL, fonds national de prévention. Point réglementaire n.4. Chantier et co-activité, régles et
responsabilités), novembre 2011.
[6] Decocq Christain, 2010. Friches Industrielles et pollution historique. Mission d’information et
d’évaluation. Rapport de Mission.
[7] Duchesne M., L’aménagement urbain sur sites pollués : enjeux, responsabilités et évolution du
cadre juridique ; mémoire de master en droit et métiers de l’Urbanisme. Université d’Aix
Marseille, 2014
[8] Foucault Yann, 2013. Réhabilitation écologique et gestion durable d’un site industriel urbain :
cas d'une pollution historique en éléments inorganiques potentiellement toxiques (Pb, Cd, Zn,
Cu, Sb et As). Thèse de Doctorat, Hydrologie, Hydrochimie, Sols & Environnement, Université de
Toulouse, 204 pg.
[9] France Dumesnil et Claudie Ouellet, 2017. « La réhabilitation des friches industrielles: un pas
vers la ville viable? », Vertigo - la revue électronique en sciences de l'environnement Volume 3
Numéro 2. http://vertigo.revues.org/3812 ; DOI : 10.4000/vertigo.3812
[10] Ineris, 2016. ed984 : Valeurs limites d’exposition professionnelle aux agents chimiques en
France.
[11] INRS : Réhabilitation de sites industriels pollués : prévention des risques professionnels ;
Document pour le médecin du travail n. 87, 3e trimestre, 2001
[12] irsn, 2011, Guide méthodologique. Gestion des sites potentiellement pollués par des
substances radioactives)
[13] Lumière B., Seguin J.J., Le Guern C., Guyonnet D., Baranger Ph., Saada A., avec la collaboration
de Darmendrail D., Conil P., Bodénana., Fauconnier D., Hubé D., Colombano S., 2008. Guide sur
le comportement des polluants dans les sols et les nappes- Document du BRGM 300-Nouvelle
édition.
[14] Ogé, Frédéric et Simon, Pierre, 2004. Sites pollués en France. Editions Librio,p.84
[15] Nadia Origo, 2008. Approche Socio-Spatiale de la réhabilitation des sites industriels pollues.
Thèse de Doctorat en Géographie, Université de Paris IV-Sorbonne.p.454

Sites web :

[16] http://www.ademe.fr/actualites/manifestations/reconvertir-friches-polluees
[17] http://www.driee.ile-de-france.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/Note_de_diagnostic_GT_GP_reconversion_sites_pollues_v8_cle5c32b
b.pdf
[18] http://invs.santepubliquefrance.fr/Publications-et-outils/Avis-et-note-de-position/Sols-pollues-
et-sante-a-une-echelle-locale-une-analyse-de-la-situation-integrant-la-dimension-psychosociale
[19] www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/ED/TI-ED-984/ed984.pdf

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[20] http://www.installationsclassees.developpement-durable.gouv.fr/Outils-de-
gestion.html#visite).
[21] http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=1336
[22] http://www.driee.ile-de-france.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/Note_de_diagnostic_GT_GP_reconversion_sites_pollues_v8_cle5c32b
b.pdf
[23] www.franceinter.fr/emissions/l’enquete-de-secrets-d-info/l’enquete-de-secrets-d-info-05-mai-
2017
[24] http://iccf.univ-bpclermont.fr/IMG/pdf/Article_Ca_M_interesse_G-_Mailhot_juin_2016_.pdf
[25] http://www.anteagroup.fr/fr/projets/depollution-du-sous-sol-du-stade-de-france
[26] http://www.futura-sciences.com/planete/actualites/pollution-depollution-sol-plantes-testee-
france-60159/
[27] http://www.ademe.fr/expertises/urbanisme-amenagement/passer-a-laction/approche-
environnementale-lurbanisme-2
[28] www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/DMT/TI-TC-83/tc83.pdf
[29] http://ressources.fondation-
uved.fr/Grains_Module3/Sols_pollues_risque/site/html/Sols_pollues_risque/Sols_pollues_risqu
e.html

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Annexe 1: Les sites pollués en France


Aujourd’hui Basol31, une base de données des sites et sols pollués ou potentiellement
pollués nécessitant des actions préventives ou curatives, permet de connaître et répertorier
les sites contaminés. En 2012 on comptait en France 4142 sites pour lesquels des actions
sont mises en place par l’état (Figure 17)

Figure 17 : Sites de la base de donnée Basol faisant l’objet d’actions de surveillance ou réhabilitation (source : Medde,
DGPR (Basol au 16 janvier 2012. Traitement : SOeS, 2012))

Cette base de données permet de recenser les anciens sites industriels et activités de
service susceptibles d’être pollués. Les données de la Figure 18 montrent la répartition de
ces sites et la Figure 19 représente la répartition des sites faisant l’objet d’actions de
surveillance ou de réhabilitation.

31
Base de données des sites et sols pollués ou potentiellement pollués. Inventaire des sites faisant l’objet de
mesures de gestion pour prévenir les risques pour les populations riveraines et les atteintes à l’environnement

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Figure 18: Les anciens sites industriels et activités de service susceptibles d’être pollués (Basias), début 2013.

Figure 19 : Sites de la base de données Basol faisant l’objet d’actions de surveillance ou de réhabilitation (source :
Medde, DGPR (Basol au 16 janvier 2012. Traitement : SOeS, 2012)

Ces données montrent que en France, la plupart des sites pollués se trouve dans les
régions comme Alsace, Île-de-France, Lorraine, Nord – Pas-de-Calais, Rhône-Alpes, de par
leur historique industrielle et dans les régions qui traversées par les axes fluviaux importants
comme le Rhin, le Rhône et la Seine. Un regard plus attentif de cette distribution des friches
industrielles nous montrera qu’elles se trouvent majoritairement dans le tissu urbain.

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Annexe 2: Les polluants, les activités sources de la pollution, les


effets sur l’homme et l’environnement

Ces tableaux résument de manière exhaustive les types des polluants dans l’environnement
ainsi que les effets sur l’homme et l’environnement (dans [29], Fiori, après Ogé et Simon,
2004)

Les métaux et métalloïdes associés par ordre décroissant de probabilité de présence ([29],
Fiori, d'après Ogé et Simon)
nature
activité source effets sur l’homme effets sur l’environnement
polluant
batteries, pigments, alliages, affections cérébrales plombémies végétales et
Plomb (Pb)
peintures (oxyde) (saturnisme) animales
Céramiques, chimie, colorants, cancers, affections
zinc (Zn),
traitement de surfaces, imprimerie, hépatiques, digestives et
Chrome (Cr),
électronique, pharmacie, textile, rénales, asthme, contamination des eaux
cuivre (Cu),
photographie, verre, insecticides, bronchites chroniques, souterraines
nickel (Ni),
métallurgie, peintures, piles, inflammations des
sélénium (Se),
caoutchouc, tanneries, engrais muqueuses et ulcères
contaminations végétales,
Céramiques, chimie, verre, agression du tube digestif, perturbation du
Arsenic (As) métallurgie, mines d’or, fongicides, foie, rein, cœur, système développement des céréales
tanneries nerveux, peau (maïs, orge, seigle, et de la
fabrication de chlorophylle
nickel (Ni), Pièces de monnaies, alliages en Cancer du poumon,
composés à métallurgie, cathodes d’accus, allergies, irritations
fertilité des animaux
base de colorants, photocopieurs, cutanées, oculaires ou
sélénium (Se), photovoltaïque respiratoires
Céramiques, colorants, métallurgie, cancers, affections des contamination des végétaux
Cadmium (Cd)
piles, réacteurs nucléaires reins et des animaux
Thermomètres, baromètres,
chapeaux, électronique, hôpitaux, affections cérébrales contaminations mercurielles
Mercure (Hg)
métallurgie, luminaires, mines d’or, (hydrargyrie) des végétaux et des animaux
papeteries, peintures, piles

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Les contaminants organiques ([29], Fiori, d'après Ogé et Simon)

effets sur
nature polluant activité source effets sur l’homme
l’environnement
Pollution des sols,
dioxine de Seveso Incinérateurs chloracné
végétaux et animaux
Cokeries, garages, raffineries,
pétrochimie, traitement des
Huiles, Hydrocarbures cancers végétaux plus vulnérables
traverses, stations-service, usines
à gaz
Garages, peintures, traitement du atteinte des poumons production d'ozone,
Solvants pétroliers
bois, cuir, textile, imprimerie, en cas d'ingestion, toxique pour les milieux
(COV) (ex : hexane)
colorants nocif, irritant aquatiques
hydrocarbures Agressions de la Peau,
Pollution des sols,
halogénés (ex : Solvant, nettoyage des muqueuses, du
végétaux et animaux
trichloréthylène) système nerveux
Chimie, cokeries, pharmacie,
irritation des
lubrifiants, plastiques, papier,
HAP, BTEX Phénols, PCB muqueuses, atteintes frein à la biodégradation
insecticides, traitement du bois,
rénales, cancers
diélectriques,

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Les autres polluants : mixtes, minéraux et radioactifs ([29], Fiori, d'après Ogé et Simon)

effets sur
nature polluant activité source effets sur l’homme
l’environnement
Isocyanates (Bhopal), Activités agricoles, désherbants
Pesticides (biocides), (fabrication et utilisation,voies asthme Pollution des eaux
détergents ferrées)
Chimie, élevages, engrais, prolifération des algues,
dérivés azotés,
combustibles, explosifs, affection des vaisseaux baisse de l’oxygène dans
phosphates, sulfates
fongicides, gypse l’eau
cancer du poumon et de
Canalisations, dalles, isolants,
amiante la plèvre, fibroses,
fibrociments, freins
asbestoses
agressions pulmonaires,
chlorure de sodium augmente la salinité des
perturbation des influx
(Na Cl) cours d’eau
nerveux
œdèmes pulmonaires,
Chlore (Cl)
irritation des yeux,
Extraction de l’or et de l’argent,
cokeries, hauts fourneaux, Perturbe le transport de
Cyanures (C≡N)
usines à gaz, pétrochimie, l’oxygène
traitement de surface
affaiblissement des
Colorants, verre, insecticides,
défenses immunitaires, empoisonne les poissons,
fluorures métallurgie aluminium,
irrite les voies fait dépérir les plantes
traitement du bois
respiratoires
Radionucléides Mines d’uranium
se mélangent aux autres
poussières de diverses chantiers, moteurs à attaquent les muqueuses
produits dont elles
natures combustions nasales
augmentent la toxicité

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Annexe 3: Les ICPE


(Ces informations viennent du CCI Paris Ile de France, 2014 et du site AIDA qui permets
d’accéder aux rubriques de la Nomenclature ICPE par : classement par substances ; Activité ;
Activité IED ; Substances et mélanges dangereux)

Les ICPE sont des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement, à savoir :
les dépôts, les chantiers, les usines, touts ateliers et installations qui peuvent provoquer des
nuisances ou des risques de pollution des sols ou d’accidents et présenter des dangers ou
des inconvénients pour le voisinage, la santé, la sécurité, la salubrité publique, l’agriculture,
la protection de la nature et de l'environnement, l'utilisation rationnelle de l'énergie, la
conservation des sites et monuments, des éléments du patrimoine archéologique.
Elles sont soumises à des réglementations de prévention des risques environnementaux
et définies par une nomenclature spécifique qui permets de le classer sous les régimes de :
 Déclaration (D). Pour les installations qui ne présentent pas de graves dangers ou
inconvénients mais qui doivent néanmoins respecter des prescriptions générales
édictées par le ministre chargé des installations classées : Articles 512-8 à 512-13 et
R512-47 et suivants du Code de l’Environnement.
 Enregistrement (E). Procédure qui a pour objet d'instaurer un régime intermédiaire
entre les régimes de déclaration et d'autorisation, quand le risque est maîtrisé. Il
s’applique aux installations qui présentent des dangers ou inconvénients graves pour
les intérêts mentionnés à l'article L 511-1 du Code de l'environnement. Ces dangers
et inconvénients peuvent, être prévenus par le respect de prescriptions générales
édictées par le ministre chargé des installations classées : Articles L 512-7 et suivants
et R 512-46-1 et suivants du Code de l’Environnement
 Autorisations (A). Pour les installations qui présentent de graves dangers ou
inconvénients pour l'environnement. L'autorisation n'est alors délivrée que si les
dangers et inconvénients peuvent être prévenus par des mesures spécifiées dans
l'arrêté préfectoral d'autorisation : Article L512-1 à L 512-6 et R 512-2 et suivants du
code de l’environnement.
 Autorisation (A) et directive IPPC/IED. Concernent les dispositions particulières
pour les grandes installations industrielles, installations de traitement des déchets,
etc. (les installations sont listées dans les rubriques 3000 de l’ICPE).
 Autorisation et servitude d’utilité publique ou « Seveso » (AS). Pour les nouvelles
installations qui demandent de s’installer sur un nouveau site ou sur des sites
existants ou visent à modifier une installation existante et qui peuvent exposent au
danger d’explosion ou d’émanation de produits nocifs. Ces installations peuvent,
conséquent, exposer à des risques importants pour la santé et sécurité du voisinage
et l’environnement : Articles L 515-8 à L 515-12 et Articles R 515-24 à R 515-31 du
Code de l'environnement.
Ce régime AS disparait avec les nouvelles directives Seveso 3 et il est remplacé par
les quantités : seuil haut et seuil bas. Ces seuils ont été définis selon les quantités
des substances dangereuses. Des nouvelles rubriques (les 4000) concernant les
substances et mélanges ont été aussi ajoutées.

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Annexe 4: Les traitements des sols selon les types de pollution


Ces informations viennent de la fiche pratique du CCI Paris Ile-de-France : Les
techniques de traitement de la pollution des sols. Elles sont ici reprises à titre d’exemple afin
d’avoir une vision (même si non exhaustive) des différentes techniques utilisés pour la
dépollution des sols.

a) Le traitement in situ

Ce mode de traitement permet d'extraire et de traiter les polluants sur place. Ces
derniers sont soit dégradés, soit fixés dans le sol grâce à des liants hydrauliques.

Type de
Nature de la pollution Principe du traitement
traitement
Extraction des polluants volatiles Venting (extraction
Produits volatiles
par mise en dépression sous vide)

Dégradation des polluants par des


Hydrocarbures Bio-dégradation
bactéries

Hydrocarbures volatiles et semi- Combinaison des deux techniques


Bio-venting
volatils précédentes

Polluants vaporisables (solvants Mise en phase vapeur des polluants


Stripping
chlorés) dissous

Tous produits (notamment Entraînement des polluants à l'eau


Lessivage
polluants organiques ou métaux) et récupération par pompage

b) Le traitement sur site après excavation des terres

Il permet d'extraire et de traiter les terres à dépolluer. La terre peut ensuite être laissée
sur le site ou évacuée après traitement.

Type de
Nature de la pollution Principe du traitement
traitement
Hydrocarbures légers et lourds, Extraction à l'eau ou avec un
Lavage
métaux solvant

Hydrocarbures volatils non chlorés Evaporation et/ou craquage et/ou Désorption


(essence, fuel, kérosène) combustion incomplète thermique

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c) Le traitement hors site


Il permet d'excaver et d'évacuer les déchets, terres et eaux polluées vers un centre de
traitement ou de stockage adapté.

Nature de la pollution Type de traitement


Toutes (sauf contraintes d'acceptation) Enfouissement des terres en site de classe I

Hydrocarbures Traitement biologique en centre collectif

Toutes (sauf contraintes d'acceptation) Incinération en centre spécialisé

c) Le confinement
Le confinement permet de laisser les terres à dépolluer sur le site en empêchant la
propagation des polluants grâce à une barrière étanche : géo membrane, couverture
imperméable, paroi moulée, etc. L'érosion des sols, la percolation de l'eau vers la nappe et le
ruissellement sur les terres polluées sont ainsi évités.

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Annexe 5: Questionnaire (interview au sujet de la


réhabilitation des friches industrielles

Questions prévues au départ, dans la phase initiale du travail :


 Quel est l’intérêt de la réhabilitation des friches industrielles ? Pourquoi réhabiliter
une friche industrielle ?
 Quels sont les objectifs de décontamination des friches industrielles et comment un
site peut-être jugé décontaminé ? Quels sont les critères d’évaluation ?
 En quoi consiste la réhabilitation des sites industriels ?
 Qui sont les acteurs principalement impliqués par la démarche ?
 Quels sont les projets majeurs suite à une réhabilitation ? (des exemples)
 Quels sont les contraintes, les enjeux et les freins majeurs dans la démarche ?
-du point de vue technique, organisationnel, humain, économique (Quels sont les
coûts principaux de la réhabilitation des friches ?)
 La sécurité est-elle un point pris en compte de la phase de conception d’un projet de
réhabilitation ? (sécurité pour les opérateurs, l’environnement et les riverains)
 Quels sont les outils pour la prévention des risques professionnels lors d’une
réhabilitation des friches industrielles ?
 La sécurité est-elle une contrainte pour ces types d’opérations ?
- du point de vue technique (les moyens et les techniques nécessaires)
- du point de vue organisationnel (le poids de l’organisation et son importance sur
l’aboutissement du projet, la maîtrise des risques et la gestion des acteurs)
- du point de vue humain (les compétences, le poids du management)
- du point de vue économique (les coûts majeurs pour la sécurité)
 Qui sont les principaux acteurs impliqués par la réhabilitation des friches industrielles
et la sécurité ? Quel est leur rôle ?
 Le facteur humain est-il un élément à prendre en compte lors de la conception d’un
projet de réhabilitation ?
 Existe-t-il une différence de perception des risques ?
 Est-il possible de maîtriser tous les risques liés à la réhabilitation d’une friche
industrielle ? Quels sont les freins majeurs pour la maitrise des risques ?
 Le système de management a t-il un rôle important ?
 La gestion des risques dépend-elle de la localisation des friches industrielle et de leur
avenir ?
 Quel est le périmètre d’action pour la réhabilitation d’une friche industrielle ?
(urbanisme, projet, économie, …)

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Questions après échanges avec les interviewés :

Dépollueurs :
 Comment a été effectué le repérage de la pollution lors de la phase du
diagnostic (VALGO)?
 Les coûts limitent-ils les nombre des points d’analyse ?
 Cette nappe est-elle sous-surveillance (VALGO) ?
 Ces mêmes polluants peuvent ils migrer dans le fleuve (VALGO)?
 Que faites-vous des polluants extraits (VALGO)?
 Quels sont les principales difficultés qui se rencontrent au moment d’une
intervention de dépollution (dépollueurs)?
 Est-il possible de maîtriser tous les risques pour une action de dépollution ?

Maîtres d’ouvrages :
 Comment a été effectué le repérage de la pollution lors de la phase du diagnostic
 Selon les résultats obtenus et la pollution constatée, comment agissez vous pour
dépolluer le site ?
 Lors de l’application des outils réglementaires, avons-nous des risques que la
pollution ne soit pas bien identifiée ?
 Les coûts sont ils un frein pour la précision de la démarche ?

Tous :
 Une communication globale entre les acteurs facilitant les échanges et la réussite du
projet ?
 En quel moment la population doit être impliquée au projet ?
 A partir de quel moment il est convenable d’impliquer les dépollueurs dans la
démarche ?

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Annexe 6: Les risques lies aux activités de chantier


(Compléments pour l’analyse des risques lors d’une réhabilitation de friche industrielle ;
résultats d’une analyse effectuée dans une entreprise de dépollution ; démantèlement ;
démolition)

A 6.1 : Risques liés au mouvement d’engins et véhicules divers

Activité Situation dangereuse Risque professionnel Risque pour les


riverains
Heurt personne/objet Traumatisme,
blessure, contusions, /
lésions, fractures
Heurt de cuve de stockage Ecrasement
Inhalation, Ingestion, /
contact cutané
Renversement engin Chute conducteur /
Déversement accidentel de Ecrasement Compromission
Mouvements d’engins (pelles et machines de démolition)

produits pollués Inhalation, Ingestion, circulation


-utilisation machines de forage, tarière, foreuses

contact cutané
Bruit Risque auditif Gêne/stress
Vibrations TMS /
Poussière Irritation Problèmes
Maladies broncho- respiratoires
pulmonaires
Contact-rupture accidentelle Électrocution, Panne d’électricité,
réseau électrique/eau/gaz électrisation, brulure, gaz, eau
asphyxie , Incendie
Coupure de structure Incendie, explosion, Pollution, Inhalation,
contenant des produits Inhalation, Ingestion Ingestion
chimiques
Eboulement ou Ecrasement de
ensevelissement (réalisation personne /
des terrassement ou
tranchées)
Projections d’objets/chutes Blessure
d’objets (opérations de /
démolition/démantèlement)
Exposition aux polluants Irritation, allergie, Irritation, allergie,
Inhalation, Ingestion Inhalation, Ingestion
Contact avec pièces Blessure, Coupure /
tournantes

Table 2 : Ensemble des situations dangereuses et des risques liés aux mouvements d’engins et à l’utilisation de machines
dangereuses sur le chantier de réhabilitation d’une friche industrielle

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A 6.2 : Risques liés à la manutention manuelle

Activité Situation dangereuse Risque professionnel Risque pour


les riverains
Outils manuels blessure, coupure, TMS /
Matériel électroportatif Electrisation, électrocution, /
(perçage, hydrodécoupe, contusion, pénibilité, TMS
sciage, déboulonnage, …)
Présence d’engins proches Heurt de personne /
Manutention Manuelle-méccanique/Maintenance

Port de charge lourde TMS /


Bruit Risques auditifs /
Poussières Irritation
Maladies broncho- /
pulmonaires
Vibrations TMS /

Contact aves lames ou Brulure, coupure


pointes réchauffées /
Projection de particules Blessure, risques oculaires
(corps étrangers dans les /
yeux)
Présence /fuite d’huiles Brûlures, Irritations,
hydrauliques (engins) Inhalations, glissade (si huiles /
au sol)
Oxydécoupage (travaux et Explosion (pression
utilisation de bouteilles de bouteilles), Incendie, Odeurs-
gaz acétylène, propane, Inhalation fumées, brûlure, fumées
oxygène) projection de métal en fusion
Table 3 : Ensemble des situations dangereuses et des risques liés à la manutention manuelle et mécanique et à la
maintenance sur le chantier de réhabilitation d’une friche industrielle

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A 6.3 : Circulation dans le chantier

Activité Situation dangereuse Risque professionnel Risque pour les


riverains
Sol inégal Chute de plain pied /
Présence d’huiles au sol (sol Chute de plain pied /
glissant) glissade
Éboulements terres Ecrasement
(Travail dans tranchées, travail Contact cutané avec
Circulation dans le chantier (à pied)

proche des tas de matériaux substances /


extraits) dangereuses

Présence de déchets Inhalation


dangereux Ingestion /
Contact cutané
(allergie)
Chute d’objet d’hauteur Blessure, contusion, /
décès
Heurt avec engin en Traumatisme,
mouvement blessure, contusions, /
lésions, fractures
Proximité des unités sujettes Écrasement, risque
à abattage (chute de l’unité, auditif, inhalation /
poussière, bruit) (asphyxie)

Table 4 : Ensemble des situations dangereuses et des risques liés à la circulation sur le chantier de réhabilitation d’une
friche industrielle et aux activités sur le chantier même

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A 6.4 : Risques chimiques


Activité Situation dangereuse Risque professionnel Risque pour les
riverains
Présence de déchets Pollution, Ingestion,
industriels enfui Inhalation
Présence de produits dans
tuyaux, vannes, citernes ou /
autres unités à démolir
Dépôts de produits chimiques Pollution, Ingestion,
(ex. solvants) Inhalation, fumées si
Présence de produits sans incendie
étiquetage (ex. dans fûts) Bruit si explosion
(Rupture accidentelle des
contenants)
Présence de chaux /
Explosion, incendie,
Déversement des produits au Inhalation-asphyxie, Pollution, Ingestion,
sol (ex. solvants, huiles, contact cutané, Inhalation
hydrocarbures,…) Ingestion
Espaces confinés avec Fumées si incendie
atmosphère ATEX Bruit si explosion
(ATmosphère EXplosive)
Activités exposants aux produits chimiques et CMR

Contact avec la source de Pollution, Ingestion,


pollution et/ou expansion Inhalation
pollution

Travail proche d’une source


d’émission des substances /
chimiques-fumées
Présence d’amiante –laine de Pollution de
verre (démontage, curage, l’environnement /
calorifugeage,…) immédiat.
Inhalation
Allergie (laine de
verre)
Présence de plomb Inhalation, Ingestion
(démontage unités avec (Intoxication aiguë,
peintures au plomb: chronique) /
tuyauteries, bois, poutres
métalliques; curage,
oxydécoupage,…)
Mise à l’air d’unités
contenants des substances Inhalation, ingestion,
chimiques (ouverture, contact cutané Inhalation
ventilation); présence de gaz
sous-pression
Pompage, curage, nettoyage Inhalation, ingestion,
unités contenants des contact cutané; /
substances chimiques Blessure et brulure

Présence de déchets Exposition au Pollution, Ingestion,


radioactifs rayonnement
(Irritation externe),
Ingestion (contamin.
interne)
Table 5 : Ensemble des activités exposant aux risques chimiques sur le chantier de réhabilitation d’une friche industrielle

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A 6.4 : Autres Risques

Activité Situation dangereuse Risque professionnel Risque pour les


riverains
Travail en hauteur Chute de hauteur
Chute d’objet en /
hauteur
Chargement déchargement Chute d’objet,
matériaux renversement et /
Stockage matériaux écrasement
Evacuation matériaux Circulation urbaine
Activités diverses

Ambiance climatique Déshydratation, Déshydratation,


(canicule, vent, orage, gel, malaise, fatigue, malaise, fatigue,
manque de visibilité) blessure, glissade, blessure, glissade,
heurt de personne ou heurt de personne
objets ou objets
Raccordements électriques Blessure avec outils,
Electrisation /
Electrocution
Brûlure
Environnement insalubre,
Présence d’insectes, virus, Risques biologiques /
champignons..

Table 6 : D’autres risques liés à des activités diverses sur le chantier de réhabilitation d’une friche industrielle et qui n’ont
pas été mentionnés précédemment

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Annexe 7: L’acceptation du changement pour un projet de


Réhabilitation

Figure 20 : La vallée du changement : courbe représentant la réaction face à un changement.


Cette courbe est valable pour les changements qui viennent d’une réhabilitation d’une friche industrielle et qui ne sont
pas toujours partagés du départ

Figure 21 : L’accompagnement au changement par étape d’acceptation

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Annexe 8: La réglementation dans le cadre des risques


professionnels lors de la phase travaux

Dans la réglementation, il n’existe pas de spécificités pour les risques liés à la


réhabilitation des sites industriels pollués, mais le code du travail (livre IV) instaure
l’obligation à la prévention et vise à empêcher les altérations de la santé de travailleur.

La loi du 31-12-1991 du code du travail impose au maître d’ouvrage et à ses


représentants de prendre en compte des principes généraux de prévention qui ont été
définis par l’article L.230-2 du code du travail (Figure 22). Ils se doivent de prévenir les
risques professionnels et de mettre en place des dispositifs pour préserver la santé et la
sécurité des salariés comme le stipule l’article L. 4121-1 : « L'employeur prend les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».
Les articles L.4121-1 à L.4121-5 précisent et fixent la démarche que doit suivre et respecter
l’employeur : Identification des risques, Evaluation, définition d’un Plan d’action, Mise en place
des actions, Evaluation.
Le Document Unique d’Evaluation des Risques traduit ces volontés. Les articles R.4412-
61 et R.4412-62, dans le cadre des règles de prévention des risques CMR, précisent que
cette évaluation doit être renouvelée périodiquement.
Ces acteurs se doivent d’élaborer un Plan Général de Coordination (PGC) afin de fixer
toutes les règles nécessaires au déroulement du chantier et qui sera mis à la disposition des
autres entreprises (L.235-1 à L.235-19, R.235-1 à 235-5). Ce PGC32 est exigé pour tout
travaux qui rentrent dans la liste des travaux dangereux définis par l’article L.235-6 de
l’arrêté du 25-02-2003

Les travailleurs peuvent être exposés à des poussières fines dangereuses lors des
travaux de réhabilitation. La directive 98/94/CE du 07-04-1998, fixe les Valeurs Limites
d’Expositions à des agents chimiques (Valeurs Limites Réglementaires Indicatives et Valeurs
Limites Réglementaires Contraignantes).
Les valeurs limites réglementaires indicatives sont fixées par l’article R.4412-150 du
code du travail avec le décret du 23-03-2016 (qui vient modifier le décret du 2006).
Les articles R.4412.27-27 et 4412-76 du 01-01-2014 imposent des contrôles du respect
des VLEP. Le décret n.2012-639 du 04-05-2012 fixe les concentrations limites pour les fibres
d’amiante; le décret n.2007-1539 du 26-10-2007 fixe les valeurs pour le Bromométhane et le
cyanure d’hydrogène produits lors des opérations de fumigation. L’article R.4412-149 du
code du travail fixe les valeurs limites réglementaires pour 84 agents chimiques (ex. silice

32
Plan Général de Coordination

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cristalline avec ses composants : le quartz, le cristobalte et la trymite). Les substances


CMR33sont traitées dans la réglementation de l’Union Européenne.

1 Éviter les risques

2 Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités

3 Combattre les risques à la source,

Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des


postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de
4 travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le
travail cadencé et ainsi de réduire les effets de ceux-ci sur la santé

5 Tenir compte de l’état d’évolution de la technique

Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui l’est
6 moins

Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique,


7 l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence
des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral,

Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les
8 mesures de protection individuelle,

9 Donner les instructions appropriées aux travailleurs

Figure 22 : Les 9 principes généraux de la prévention (article L.4121-2 du Code du Travail) que les employeurs doivent
respecter

Les entreprises de dépollution, vont avoir un statut différent selon lors positionnement dans
les travaux :

Entreprise utilisatrice : entreprise dans laquelle s’effectuent les travaux


Entreprise extérieure : entreprise qui intervient chez l’entreprise utilisatrice
Entreprise sous-traitante : entreprise qui effectue des prestations pour une autre entreprise
extérieure et sur le site de l’entreprise utilisatrice

Les chantiers peuvent être clos ou ouverts, ce qui nécessite une organisation adaptée :

Chantier clos : chantier qui est situé dans un établissement en activité et avec un périmètre
délimité et où l’accès est interdit.
Chantier ouvert : Chantier en interaction avec les espaces ou les locaux d’un établissement

33
Cancérogènes, Mutagènes ou toxiques pour la Reproduction

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La co-activité et les moyens de prévention

La co-activité sur les chantiers de réhabilitation des friches industrielles est une
problématique courante de par les nombreux intervenants nécessaires pour l’exécution des
travaux (au moins s’il n’y a pas une seule entreprise qui peut réaliser toutes les phases
travaux : de la démolition à l’évacuation des déchets). Les situations de co-activité sont en
effet des sources de risques qui nécessitent une coordination et un contrôle en termes de
santé et sécurité.

Les employeurs se doivent de veiller à la mise en œuvre des dispositions relatives à la


santé et à la sécurité au travail (article L.4121-5 du Code du travail).

Selon les articles 6-4 de la directive cadre du conseil n.89/391/CEE du 12 juin 1989, les
différents employeurs qui travaillent sur un même site, se doivent de collaborer afin de
définir des dispositions en termes de sécurité, hygiène et santé, de coordonner leurs
activités visant à la protection et prévention des risques professionnels et de s’informer et
informer les salariés de ses risques.

Concernant les travaux effectués par des entreprises extérieures, selon l’article R 237-1
et suivants, les responsables des entreprises utilisatrices et des entreprises extérieures se
doivent d’effectuer une analyse des risques commune au travers du document dit «Plan de
Prévention (PdP)» Selon l’article R.237-7 le PdP34 doit définir les phases dangereuses du
chantier et les moyens de prévention. Les matériels, les installations et les dispositifs doivent
être adaptés à la nature des opérations prévues et les entretiens doivent être définis. Les
instructions pour les salariés doivent être affichées ainsi que l’organisation pour assurer les
premiers secours en cas d’urgence.

Selon l’article R 231-56 et les suivants, le maître d’ouvrage doit désigner un


Coordinateur en matière de Sécurité et de la Protection de la Santé sur le chantier (CSPS) où
il existe une co-activité.
Dans le cas où il existe des risques particuliers (définis dans l’arrêté du 25-02-2003) et
pour les opérations qui concernent les chantiers de troisième catégorie35, le décret prévoit la
rédaction, lors de la phase de conception des travaux, d’un Plan Général de Coordination en
matière de Sécurité et de Protection de la Santé (PGCSPS) qui sera mis à jour durant les

34
Le Plan de Prévention ; il se rédige quand l’entreprise extérieure effectue plus de 400 h/an ou si certains
travaux dangereux correspondent à ce qui sont indiqués dans l’arrêté du 19-03-1993 (ex. : exposition à des
substances explosives, carburantes, inflammables, toxiques, cancérogènes, CMR, travaux de
démolition…) ;(INRS, 87-TC-300 ; 2001)
35
Les travaux sont effectués par au moins 2 entreprises ou travailleurs indépendants et ne dépassent pas les
seuils suivants : 20 travailleurs sur 30 jours ou volume de travaux de 500 hommes/j (CNRACL, fonds national de
prévention, 2011)

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travaux. Ainsi, chaque entreprise intervenante ou sous-traitante, doit rédiger un Plan


Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé (PPSPS) qui contient une analyse des
risques professionnels, indique les protections collectives et individuelles retenues
nécessaires pour prévenir les risques.
Le risque plus important d’une co-activité, lors d’une activité de dépollution, est lié à la
méconnaissance des produits de la part des autres spécialistes de la réhabilitation.

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Résumé
Les friches industrielles sont des espaces hérités du déclin d’anciennes activités industrielles
aujourd’hui inutilisées et abandonnées. Elles représentent : une source potentielle ou
avérée de pollution de par leur dégradation et leur passé industriel et un danger pour
l’homme et l’environnement. Toutefois, elles constituent aussi des espaces vides en milieu
urbain ou périphérique qui peuvent être néfastes pour les sociétés selon différents points
de vue (sociétales, économiques, urbanistiques,…). Ainsi, elles ne sont pas seulement un
espace à traiter, mais aussi un lieu qui permettrait la valorisation durable du territoire
réunissant une multitude d’intérêts. Aujourd’hui, la réglementation devient de plus en plus
précise en ce qui concerne ces sites et nous donne des outils pour l’anticipation et la
prévention des risques liés à la pollution. Cependant,, chaque site a une histoire et un
contexte qui lui sont propres et la simple mise en œuvre des ces outils peut ne pas être
exhaustive en termes de maîtrise. Le degré de dépollution ou de gestion des vecteurs de
transfert de la pollution dépendent des usages fixés pour ces lieux. La maîtrise des risques
liés à la pollution pourra se maîtriser avec : analyses approfondies et à une échelle spatiale
plus large que celle du site ; des vérifications continues lors de la phase travaux ; la prise en
compte de toutes les problématiques (économiques, techniques, sociétales, hygiène,
santé…) qui entourent une friche industrielle ; la définition d’une démarches globale et
durable ; une approche consensuelle du projet de réhabilitation. La communication et
l’information entre les acteurs et les citoyens sont un élément fondamental du point de vue
de la maîtrise et de la prévention des risques.
Mots clés : Réhabilitation, Friche industrielle, Sites et Sols Pollués,
dépollution ; communication

Abstract
Industrial brownfield sites are the result of old industrial activities decline. They are now
unused and deserted. Their degradation and industrial past make: a potential or proven
source of pollution; a danger for man and environment; an empty space in urban or
peripheral place that can be noxious to societies (from societal, economic, urban,… point of
view). They are not only a space to be treated, but also a place that allows the sustainable
valorization of territory and which regroup a multitude of interests. Law is today more and
more precised about these sites and gives us some tools for anticipating and preventing
risks. Nevertheless, each site has its own history and context and the only application of
those tools cannot be exhaustive for risk mastery. The decontamination degree or the way
of transfer of pollution depends of the set out uses decided for those places. The risks
control coming from a brownfield site pollution could facilitate with: a depth test of those
sites; a larger spatial scale of analysis; continuous audits during works of decontamination;
the consideration of economics, technical, social, health, safety,…issues; an overall and
sustainable approach. Communication and regular exchanges of information among
involved actors and citizens are some of the main element for the control and the
prevention of pollution risk.

Key Words : Rehabilitation, Brownfield, Contaminated Sites and Soils,


decontamination; communication
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