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L EVALUATION ENVIRONNEMENTALE QUALITATIVE DU VIEUX BATI

- Méthodes et Outils

Ammar BOUCHAÏR
Professeur, Directeur du Laboratoire de Recherche du Cadre Bâti et Environnement
Chef du département d Architecture, Université de Jijel
E-mail : bouchair.a@gmail.com
Téléphone : 0790 02 23 03
Hocine TEBBOUCHE
Architecte, Enseignant agrégé d Enseignement Technique
Département d Architecture, Université de Jijel
Laboratoire de Recherche du Cadre Bâti et Environnement (LRCBE)
E-mail : tebbouche.h@gmail.com
Téléphone : 0772 95 76 72

1. Introduction
Construits à une époque où les enjeux environnementaux n étaient pas une préoccupation
majeure des pouvoirs publics, une époque où les outils de mesure, d évaluation, de modélisation et de
simulation numériques des ambiances internes n existait même pas, une ne époque où les procédés et
les matériaux de construction n étaient pas aussi développés qu aujourd hui, les anciennes
constructions constituent aujourd hui un pourcentage important du parc immobilier bâti. La plupart
d entre elles, ayant des valeurs patrimoniales historiques, architecturales et culturelles exceptionnelles,
nécessitent désormais des travaux de rénovation, et de réhabilitation urgentes pour mieux les adapter
aux nouvelles exigences de la qualité environnementale et du développement durable.
La valorisation et la sauvegarde de ces anciens édifices, nécessitent impérativement des
expertises exhaustives qui permettraient d évaluer avec exactitude la qualité de leur cadre bâti, la
qualité des ambiances internes ainsi que leur impact sur l environnement extérieur. La réalisation de
tels diagnostics, serait l'occasion de prendre les mesures appropriées pour l amélioration de la qualité
environnementale de ce parc immobilier ancien.

2. La Qualité Environnementale des Bâtiments (QEB)

La qualité environnementale (Bâtiments HQE en France, Green Buildings aux Etats-Unis,


Sustainable Buildings en Europe du Nord) est une évolution profonde de l acte de bâtir. Elle s inscrit
nous précise [HETZEL, (2003)], logiquement dans une démarche de développement durable appliquée
au secteur du bâtiment, dont les trois éléments de base sont : le respect de l environnement l équité
sociale et l efficacité économique. Elle s applique aussi bien aux bâtiments futurs qu existants. Elle se
caractérise par une vision multicritères qui consiste en l intégration des paramètres environnementaux
dans le processus de la production et de la rénovation des bâtiments. Selon l association Française
[HQE1, 1998] « La Qualité Environnementale d un bâtiment correspond aux caractéristiques du
bâtiment, de ses équipements et du reste de la parcelle de l opération de construction ou d adaptation
du bâtiment qui lui confèrent l aptitude à satisfaire les besoins de maîtrise des impacts sur
l environnement extérieur et de création d un environnement intérieur confortable et sain ».

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Haute Qualité Environnementale

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Contrairement à l architecture bioclimatique qui traite uniquement l aspect énergétique des
bâtiments dans le souci d économiser la consommation en énergies conventionnelles fossiles et
valoriser l utilisation de celles dites renouvelables (non polluantes, durables et moins coûteuses),
l architecture environnementale quant à elle, est une approche globale qui vise à maîtriser les différents
rapports dynamiques entre l espace construit et son environnement extérieur et harmoniser l'espace
intérieur avec le milieu social, naturel et architectural. Elle vise à satisfaire les exigences
complémentaires suivantes :

La maîtrise des impacts du bâtiment sur son environnement extérieur ;


La création d un environnement sain et confortable pour les utilisateurs,
La préservation des ressources naturelles en optimisant leur usage et en réduisant les
pollutions ;
Minimisation du recours abusif aux énergies non renouvelables et matériaux nocifs.

En somme, la qualité environnementale des bâtiments est une démarche globale de


développement durable appliquée aux bâtiments, qui permet de vivre et de travailler dans des
constructions plus confortables, plus économiques et plus respectueux de l environnement et de la santé
de leurs occupants.

3. Evaluation Qualitative Environnementale des Bâtiments (EQEB)


L Evaluation Qualitative Environnementale des Bâtiments (EQEB) est le processus qui consiste
à établir un diagnostic détaillé des performances environnementales et sanitaires d un bâtiment à partir
d une expertise basée sur un système d indicateurs préalablement défini dont les résultats seront ensuite
comparés aux valeurs référentielles de base.
Etant donner que ce concept est extrêmement récent et complexe, il n existe actuellement aucun
référentiel standard international commun. Cependant, il convient de noter l existence d une volonté
européenne dont l objectif est d aligner les référentiels d'évaluation de la Qualité Environnementale des
bâtiments délivrés par les différents organismes, dans les pays dans lesquels ils interviennent. Ce qui
devrait permettre à terme de développer et de promouvoir à l'échelle européenne une méthode
d'évaluation et une marque communes gérées par un conseil européen.
Une augmentation significative d'intérêts et d activités de recherche dans l'élaboration des
méthodes d analyse environnementale des bâtiments est constatée ces dernières années de par le
monde. Désormais, les maîtres d ouvrage et les concepteurs ont une multiplicité de choix dû au nombre
important et à la variété des approches et des outils existants: l évaluation peut être réalisée à différents
niveaux, depuis l évaluation simple à partir d un questionnaire jusqu à une analyse complète et
détaillée sur le cycle de vie. [ABDELGHANI-IDRISSI et al, 2004].

4. Paramètres d évaluation qualitative environnementale des bâtiments


L évaluation qualitative environnementale vise à déterminer avec précision les performances
environnementales des bâtiments dont l objectif est de mettre en place une stratégie visant l intégration
de la notion de durabilité lors des différentes opérations de rénovations et de réhabilitation du bâti
ancien, afin de mieux préserver sa valeur patrimoniale et assurer sa sauvegarde dans le cadre des
nouvelles politiques d aménagement et de renouvellement urbain.
Les critères d évaluation qui constitue le système d indicateurs de cette opération
environnementale s appuie sur une approche globale et couvrent l ensemble des paramètres
environnementaux techniques susceptibles d être améliorés tels que :

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Le confort acoustique, visuel, olfactif, hygrothermique et la qualité de l air;
Hygiène et gestion des déchets ;
La gestion de l eau ;
La qualité des matériaux et techniques de construction;
Les mesures de sécurité et de protection contre toute source de danger;
Les performances énergétiques.

5. Méthodes d évaluation qualitative environnementale du bâti ancien :


Conscients de l importance de la qualité environnementale de leur parc immobilier, beaucoup
de pays avancés ont développé ces dernières années, suivant des directions différentes selon leur
genèse ou la culture de leur pays, des démarches de qualité environnementales appliquées au secteur de
bâtiments visant à déterminer les paramètres environnementaux à intégrer dans le processus de
conception, de réalisation et de gestion des futurs constructions et évaluer la qualité de celles existantes
en vue d une éventuelle amélioration de leurs performances sans les dénaturer.
En Allemagne et en Autriche par exemple, tous les acteurs (concepteurs, constructeurs et
occupants), s impliquent dans une démarche environnementale empirique. En France, au Royaume-Uni
et en Scandinavie, l approche est fondée sur des grilles d objectifs souvent simples à quantifier, elle est
basée sur la mobilisation individuelle de chaque citoyen motivé par des incitations fiscales et des
réglementations très précises. La plupart de ces démarches sont évolutives et font l objet de
modification tenant compte des résultats des réalisations expérimentales. [GAUZIN-MÜLLER, 2001].
Parmi ces démarches internationales pionnières dans le domaine de la qualité environnementale
des bâtiments actuellement en cours d'utilisation on cite:

5.1 Le système Américain USGBC 1998


Aux USA, L US Green Building Council (USGBC), (conseil national pour l'architecture
durable US) fondé en 1994, gère un label appelé LEED (Leadership in Energy and Environmental
Design Green Building Rating System) certification environnementale des bâtiments d habitation et du
secteur tertiaire créé aux Etats Unies en 1998 par un groupe d'entreprises réunies au sein de l USGBC.
L'objectif de départ était double : définir ce qu'est un bâtiment environnemental par un ensemble
d'indicateurs et fournir au marché un label de qualité en même temps qu'un outil de comparaison des
performances environnementales. L'organisme a réuni, pour créer la première version de la norme, tous
les acteurs du bâtiment: architectes, ingénieurs et professionnels du secteur mais aussi spécialistes de
l'énergie, propriétaires fonciers, associations de défense de l'environnement, universités et collectivités
locales. Aux Etats Unis d Amérique, (Green building) représente une part significative de l'activité de
construction. En mars 2000, les douze premiers bâtiments étaient certifiés LEED. Les progrès de ce
standard ont ensuite été très rapides.
Dans la version LEED 2.0, les critères de performance environnementale sont ainsi organisés en
cinq catégories principales : la durabilité des constructions, l'efficacité énergétique, les économies de
ressources et de matières premières, la qualité environnementale de l'intérieur du bâtiment et la bonne
utilisation de l'eau. [USGBC, 2001].
L USGBC a été également à l origine de la création, en 1998, du Word GBC, association
internationale à but non lucratif qui fédère des organismes de dix pays (Etats-Unis, Mexique, Brésil,
Japon, Italie, Espagne, Emirats arabes unis, Australie, Chine, et Corée). L'association américaine des
architectes et de nombreuses villes font la promotion de l'architecture écologique. La ville de New
York applique un cahier des charges "verts" à l'ensemble de ses opérations.

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5.2 Le CaGBC au Canada
Largement inspiré du modèle Américain LEED, le système d évaluation relatif à la construction
de bâtiments à haut rendement écologiquement durables LEED Canada, est un organisme volontaire
conçu en avril 2007 par le Canada Green Building Council (CaGBC) et adapté par le conseil du
bâtiment durable du Canada. S appliquant à tous les types de bâtiments nouveaux et existants, ce
système de conception et de réalisation en matière d architecture environnementale, favorise la
promotion des principes du développement durable et de la qualité environnementale dans le domaine
du bâtiment en mettant à la disposition des professionnels du secteur, une série de normes et d outils
nécessaires pour la réalisation de constructions écologiques.
Dans le but de généraliser et d accélérer les opérations de conception et de construction de
bâtiments environnementaux au Canada, il vise également à harmoniser les conditions préalables et à
soutenir les pratiques exemplaires à toutes les étapes du cycle de vie d un bâtiment, avec comme
objectifs généraux :

Reconnaître les pratiques de saine gestion environnementale des propriétaires et gestionnaires


d immeubles;
Encourager et guider les organisations disposées à adopter de telles pratiques;
Protéger l environnement;
Garantir un milieu intérieur sain.

Ce système d évaluation des bâtiments durables LEED Canada pour les constructions
existantes, continue de prendre de l ampleur dans tout le Canada, il s est fixé comme objectif d ici
2015, d atteindre 100.000 bâtiments et 1 million de maisons certifiés à l'échelle du pays, avec une
réduction de 50% de la consommation en matière d énergies non renouvelables. [CaGBC, 2006].

5.3 Le BREEAM (Royaume Uni) 1990


En Grande-Bretagne, Le Building Research Establishment Environmental Assessment Method
développe depuis 1990 le
« BREEAM Green Leaf », une
approche dont le but principal est
d aider les différents acteurs du
secteur du bâtiment à évaluer de
manière exhaustive l'ensemble
des impacts environnementaux
d'un immeuble durant toutes les
étapes du cycle de vie.
Basé sur un référentiel
transversal qui prend en compte
management, énergie, matériaux,
confort, transport, implantation,
pollution atmosphérique, ce
standard s'est rapidement
développé avec des adaptations
aux différents types de
constructions. Il est le plus
répandu dans le monde. Figure 1: Les critères d'évaluation de la méthode BREEAM
Source : LIEBARD et DE HERDE, (2005).

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Cette méthode d évaluation multicritères vise l intégration des cibles environnementales dans
les opérations de réalisation, extension ou rénovation de bâtiments futurs et existants. Le bâtiment est
évalué contre des critères de performances environnementales fixées par le BRE. L évaluation se fait
selon un système de cotations divisé en neuf catégories. En général, ces points sont estimés par la
BREEAM de "passable", "bon", "très bon" ou "excellent". Le système de cotation environnementale est
prédéterminé par un comité consultatif national (à travers un éventail d'acteurs professionnels et
d'autres financiers au Royaume Uni) et mis à jour de temps en temps. En aucun cas, les utilisateurs ne
peuvent appliquer leurs propres critères individuels d évaluation. [BREEAM, 2007].

5.4 Le modèle Japonais CASBEE


Déclinaison du label américain LEED, la certification Japonaise CASBEE signifie
Comprehensive Assessment System for Building Environmental Efficiency. Introduisant la notion de
culture et de caractère régional de la construction, CASBEE fait partie d'un projet conçu pour suivre le
déroulement des processus de conception des bâtiments, depuis la phase d avant projet, le suivi de la
conception jusqu à son aboutissement.
Elle incluse quatre outils d évaluation qualitative environnementale des bâtiments : (Outil 0),
(Outil 1), (Outil 2) et (Outil 3).
Outil 0 : est un outil d'évaluation d avant projet qui suggère le choix d'emplacement
urbanistique et l'impact du projet.
Outil 1: l'outil d'environnement pour la conception est un système simple de check-list pour
améliorer l'efficacité environnementale de bâtiment (EEB) pendant la phase de conception.
Outil 2: un Ecolabel qui est utilisé pour évaluer l'efficacité environnementale de bâtiment EEB.
Outil 3 : l'outil de gestion de bâtiment et de rénovation qui fournit aux Maîtres d Ouvrage et
aux promoteurs les informations pour améliorer l'EEB pendant la phase post-conception

Chaque outil de CASBEE a ses propres caractéristiques pour satisfaire les objectifs spécifiques
des utilisateurs. Les types de bâtiments concernés sont les bureaux, les écoles et les bâtiments
résidentiels collectifs [ABDELGHANI-IDRISSI et al, 2004].

5.5 La démarche Suisse MINERGIE 1996


Exploité par l association MINERGIE (AMI), sous mandat de l Agence Fédérale du Bâtiment,
le label MINERGIE, crée en 1996, s engage à diffuser des connaissances afin de transmettre aux
maîtres de l ouvrage et aux planificateurs ce standard de construction respectueux des principes du
développement durable. Il vise la réduction des consommations énergétiques autour de cinq priorités :

Exigences de base requises pour l enveloppe du bâtiment ;


Valeurs limites pour l indice de dépense d énergie thermique ;
Renouvellement d air mécanique ;
Exigences supplémentaires, en fonction du type de bâtiment;
Surcoût d investissement limité à 10% maximum.

Le standard MINERGIE-ECO complète l approche avec des cibles complémentaires :


matériaux, gestion de l eau, énergies, coût de construction etc. Certaines villes (exemple de Zurich)
exigent au moins 20 % de couvertures de besoins énergétiques en énergie renouvelable (éolien, solaire,
géothermique) ou une sur isolation thermique apportant une économie équivalent en CO2.
[MINERGIE, 2006].

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Figure 2: Les critères environnementaux du Standard MINERGIE-ECO
Source : MINERGIE, 2006

5.6 Le système Allemand PASSIVHAUS


La qualité environnementale des bâtiments est une approche assez largement partagée en
Allemagne dont les principaux critères sont décrits sur un guide pour les bâtiments durables (Guideline
for sustainale building). L objectif principal du label PASSIVHAUS est la réduction des
consommations énergétiques des immeubles en assurant l apport en énergies solaires passive, en
renforçant l isolation des bâtiments, l utilisation des énergies renouvelables et la récupération de
chaleur. Sa valeur cible, est d arriver à une consommation inférieure à 50 kWh/m2/an, pour l eau
chaude sanitaire, le chauffage et l électricité. [PASSIVHAUS, 2007].
HURPY et al [1995], nous font savoir que la démarche allemande concernant la qualité
environnementale des constructions se veut plutôt une approche écologique, elle vise à maitriser les
effets de la construction à trois échelles :

L échelle locale, avec la qualité du site et de l intérieur du cadre bâti, qui a un effet direct sur
son usager : confort hygrothermique, acoustique, lumineux, effets de matériaux et des choix techniques
sur la qualité de l air, état du sol, de la végétation et du paysage, facilités d usage et d accès, économies
d exploitation, organisation des relation avec l extérieur et possibilité d accès aux ressources locales.

L échelle régionale : préservation des ressource locales, en eau, en sol et en matériaux,


pollutions régionales du à la production de matériaux nécessaires, à leur transport, effet de la
modification du milieu par le projet, déchets de construction, de démolition et d exploitation.
L échelle planétaire : effets directs ou indirects, réversibles ou irréversibles, sur l air, l eau et
le sol, les ressources, des flux de matière générés tout au long de la vie du bâtiment.

Fondée sur l optimisation de la forme, de la matière, de l exploitation et de la maintenance, la


logique allemande en matière de la qualité environnementale des bâtiments, s appuis sur le long terme.

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Elle s applique à tous types de bâtiments dans la majorité des opérations publiques ou privées tels que
les maisons individuelles, les logements collectifs, les bâtiments industriels, les bureaux ainsi que les
crèches et les écoles où le programme scolaire intègre les principes du développement durable.
[GAUZIN-MÜLLER, 2001].

5.7 L expérience Française HQE 1996


En France, la volonté publique de construire des bâtiments ayant une qualité environnementale
satisfaisante est apparue au début des années 90. La dénomination de l'approche française de
l'architecture environnementale promue par les membres de l'association Haute Qualité
Environnementale (HQE) a été créée en 1996. Regroupant l'ensemble des professionnels de la
construction : associations, syndicats, maîtrise d ouvrage, maîtrise d uvre, entreprises, fabricants de
produits de construction, experts etc., cette association afin d obtenir, améliorer ou maintenir la qualité
environnementale des bâtiments dans le cadre d opérations de construction, d adaptation ou de gestion,
s est fixé deux missions essentielles :

Approfondir, et faire progresser la démarche HQE, en fournissant aux acteurs du bâtiment des
référentiels et des méthodes opérationnelles ;

Accompagner le développement de la HQE, en assurer la promotion et la reconnaissance en


particulier par la formation et la certification.

La HQE, s appuie sur un système de cibles visant trois exigences :

La maîtrise des impacts d un bâtiment sur son environnement extérieur ;

la préservation des ressources naturelles ;

la création d un environnement intérieur sain et confortable pour les utilisateurs.

Regroupées en quatre thèmes : éco-construction, éco-gestion, confort et santé, ces cibles


correspondent à 14 d objectifs à atteindre [HQE, 1998].

Figure 3: Les 14 Cibles de la HQE Française


Source : HQE, 1998
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La performance associée aux cibles de QEB se décline selon 3 niveaux :

Base : niveau correspondant à la performance minimum acceptable pour une opération HQE.
Cela peut correspondre à la réglementation si celle-ci est suffisamment exigeante sur les
performances de l'ouvrage, ou à défaut à la pratique courante ;

Performant : niveau correspondant à de bonnes pratiques ;

Très Performant : niveau calibré par rapport aux performances maximales constatées dans des
opérations à haute qualité environnementale, tout en veillant à ce qu il reste atteignable.

Une étude menée en 2002 par les centres de ressources HQE sur l ensemble des régions
Françaises pour le compte du ministère de l équipement, des transports, du logement, du tourisme et de
la mer, concernant les opérations réalisées HQE ou susceptibles d adopter cette démarche par secteur
d activité, ont démontré que les établissements scolaires, les collectivités locales et les logements
sociaux représentent 75% des opérations en aménagements durables. [PROVOST, 2002].

6. Outils d évaluation de la qualité environnementale des bâtiments

Les outils de mesure, d investigation et d évaluation des différents paramètres de la qualité


environnementale des bâtiments sont multiples et nombreux, ils peuvent être classés en trois
catégories :

6.1 Les logiciels

Appelés aussi « outils d'aide à la conception et à l'évaluation environnementale des bâtiments ».


Ces programmes informatiques sont conçus pour quantifier les paramètres physiques de confort des
bâtiments existants et futurs en vu d améliorer leur qualité environnementales. Ils sont de deux
genres :

6.1.1 les logiciels de simulation

Développés par les experts de différents laboratoires de recherche et autres institutions et


organismes spécialisés, il existe aujourd hui une panoplie de logiciels permettant la modélisation et la
simulation numériques des différents paramètres environnementaux des bâtiments, aussi bien pour la
conception et la réalisation de nouveaux projets que pour les opérations de réhabilitation et de
rénovation des anciennes constructions, dont on peut citer à titre illustratif :

ADELINE, RADIANCE et PHANIE : logiciels pour l évaluation des critères liés au confort
visuel ;

ENERGYPLUS et SIMULA : logiciels pour la simulation thermique et solaire des bâtiments ;

SOLENE et TOWNSCOPEM : logiciels de simulation d ensoleillement, d éclairement et de


rayonnement ;

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ACOUSTB, CADNAA et SOUNDPLAN : Logiciels d évaluation des paramètres acoustiques.

URBAWIND : Logiciel de simulation numérique du confort climatique dans les espaces extérieurs
et la simulation des écoulements d air à l intérieur d un bâtiment.

6.1.2 Les logiciels d évaluation

Contrairement aux précédents programmes, ces logiciels sont élaborés pour l estimation finale
de la valeur environnementale des bâtiments, utilisant comme données de base les résultats obtenus lors
des opérations de mesures et de simulations, ainsi qu un système de valeurs révérencielles
préalablement définies. Parmi ces outils on note :

BEES : (Building for Environmental and Economic Sustainability). C est un outil d aide à la
décision prenant en compte l'évaluation du cycle de vie. Cet outil dispose d une base de données
sur la performance environnementale et économique pour presque 200 produits de construction.

EQUER : Développé par l'école de Mines de Paris, l'INERIS, DU MEZ, Pierre DIAZ et S'PACE
Environnement. EQUER est un logiciel pour une évaluation de la Qualité Environnementale basé
également sur le principe d analyse du cycle de vie des bâtiments (ACV), avec comme objectif ;
l'amélioration de la qualité de l'ambiance intérieure tout en réduisant les coûts environnementaux
externes.

ESCALE : Pour appuyer la démarche de HQE, les chercheurs du CSTB ont conçu la méthode
ESCALE adaptée au processus itératif de conception et fournit des résultats compréhensibles et
interprétables. Le rendement de la méthode ESCALE est un profil environnemental fait de 24
critères.

PAPOOSE : élaboré par le bureau d études Français TRIBU, Cet outil d'aide à la décision
multicritère à l'usage des maîtres d'ouvrage du bâtiment évalue aussi bien l'impact du bâtiment sur
l'environnement que l'impact de l'environnement sur le bâtiment. Il traite les cibles
environnementales suivantes :

Consommation d'énergie pour le chauffage, la climatisation, l'ECS, l'éclairage et les autres


usages électriques spécifiques ;
Consommation d'eau et récupération des eaux pluviales ;
Emissions de polluants aériens, rejets liquides et déchets du bâtiment en activité ;
Disponibilité de l'éclairage naturel dans les locaux ;
Impacts des matériaux utilisés pour la fabrication du bâtiment (consommation d'énergie de
matière première et émission de polluants en fabrication, quantité de produits recyclables et
valorisables en fin de vie.

6.2 Les instruments de mesure :

Il s agit d appareils de mesure permettant de quantifier certains aspects physiques du confort


dans les bâtiments, au niveau de la conception pour une construction neuve ( mesures sur modèles
réduits), ou au niveau du diagnostic et de l'évaluation de mesures correctives pour un immeuble

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existant (mesures in situ) ; ces mesures concernent généralement l'acoustique, l'éclairage, le confort
thermique, la qualité de l'air etc. parmi ces instruments il y a :

6.2.1 Les appareils de mesure du confort thermique

Le confort thermique est principalement évalué par la température de confort (ou T° opérative),
moyenne arithmétique entre la température de l'air et la température des parois. Il est également
influencé par l'humidité relative et la vitesse de l'air.

Les mesures directes de la température s effectuent à l'aide d un thermomètre ;

Les mesures e l humidité relative se font à l aide d un hygromètre ;

Les mesures de la vitesse de l air sont évaluées à l aide d un anémomètre à fil chaud.

Il est à noter cependant l existence des thermo-hygromètres : des appareils permettant


d effectuer des mesures instantanées de la température et l humidité, ainsi que des instruments qui
mesurent l'ensemble des trois facteurs simultanément : ce sont des analyseurs d'ambiances
climatiques intérieures.

6.2.2 Les appareils de mesure du niveau de bruit

Pour quantifier le niveau sonore ou le niveau de pression acoustique, qui est couramment utilisé
dans les études de pollution sonore, on utilise un sonomètre qui est un appareil destiné à mesurer, le
niveau sonore de toutes sortes de bruit. Avec comme unité de mesure : le Décibel.

6.2.3 Les appareils de mesure du niveau d éclairement

Les mesures du niveau d'éclairement, comme paramètre fondamental du confort visuel, se font
d une manière simple et rapide grâce à un Luxmètre. Son unité de mesure est le « Lux ».

6.3 Les questionnaires


la qualité environnementale des bâtiments étant par essence un concept multidimensionnel,
l appréciation de tous ses aspects ne peut pas être évalué d une façon définitive par la seule utilisation
des logiciels informatiques et autres appareils de mesures, le recours aux questionnaires et aux
entretiens pour évaluer certains aspects plus subjectifs et non quantifiables tels que : l esthétique,
l intégration au site, le confort psychosocial s avère indispensable. Le recours à l évaluation à l aide
des questionnaires peut être également nécessaire pour confirmer et appuyer les résultats obtenus par
les instruments de mesure.
Il s agit d adresser aux utilisateurs des lieux, une série de questions simples et claires arrêtées
au préalable selon les objectifs que l on veut atteindre. L évaluation dans ce cas là se traduit par le
taux de satisfaction/insatisfaction des occupants : si la proportion d insatisfaits est faible, le confort est
jugé acceptable.

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7. Conclusion
Le nouvel engouement généralisé pour l intégration de la notion de durabilité dans les
différentes opérations de réaménagement des villes d une façon générale, et celle du renouvellement
urbain en particulier, n implique pas obligatoirement la destruction entière de tout le bâti ancien qui s y
trouve. Sachant qu une part importante de ces anciennes constructions, ayant longuement résisté au
temps, parfois sans véritable entretien, renferment des valeurs historiques, culturelles et architecturales
avérées, constitue de ce fait, un capital patrimonial immobilier très important pour la société.
La promotion de nouvelles démarches environnementales récemment développées dans le
domaine du bâtiment, et le développement de leurs méthodes, techniques et outils d évaluation
qualitative environnementale, permettrait sans aucun doute, de consolider leur systèmes constructifs,
rénover durablement leurs cadres bâtis et améliorer les paramètres physiques internes des usagers tels
que le confort thermique, visuel et acoustique.
Ayant des finalités particulières l évaluation qualitative environnementale des anciens édifices
présente de nombreux avantages étant donné qu elle constitue un outil important dans la planification
des différents projets de réaménagement. Elle peut aider à évaluer les différentes options et à décider en
connaissance de cause de la solution optimale, que ce soit une réhabilitation, une remise à neuf ou une
nouvelle construction. Si l on considère l immobilier dans son ensemble, le fait de soumettre un certain
nombre de bâtiments existants analogues à des évaluations peut aider à déterminer en toute objectivité
les investissements à effectuer en priorité pour pouvoir en assurer leur sauvegarder durable.

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Bibliographie

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GAUZIN-MÜLLER Dominique, (2001), L architecture écologique, 29 exemples européens.
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Council, Washington, [en ligne], URL: « http://www.usgbc.org/programs/ », (page consultée le 05
mars 2006).

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Résumé
Nous assistons au début de ce vingt et unième siècle au passage systématique d'une époque de
production de constructions neuves à une époque de reconstruction du vieux bâti. En effet, les
opérations de restauration, réhabilitation et réutilisation des anciens bâtiments renfermant des valeurs
patrimoniales historiques et culturelles remarquables, représentent aujourd hui une part significative de
l activité du bâtiment de par le monde. Les travaux de sauvegarde peuvent aller d un simple ravalement
de façade au réaménagement complet de l édifice dans le but d améliorer la qualité des ambiances et le
confort à l intérieur des l'immeubles.
Fondée sur les principes du développement durable, la Qualité Environnementale d un
bâtiment, Selon l association Française HQE2, correspond aux caractéristiques du bâtiment, de ses
équipements et du reste de la parcelle de l opération de construction ou d adaptation du bâtiment qui lui
confèrent l aptitude à satisfaire les besoins de maîtrise des impacts sur l environnement extérieur et de
création d un environnement intérieur confortable et sain. L amélioration de la qualité
environnementale des bâtiments anciens est associée plus souvent à la notion de développement
durable qu à la préservation du patrimoine architectural. Elle vise à réorienter le cadre bâti vers un
avenir durable en vue de minimiser son impact sur l environnement extérieur et assurer aux usagers un
milieu intérieur sain et confortable en parfaite harmonie avec leurs valeurs socioculturelles.
Dés le début des années 90, de nombreux pays soucieux de la qualité environnementale de leur
production architecturale et urbanistique, ont vite développé des démarches évolutives élaborées selon
une perspective de développement durable visant à assurer l'intégration des paramètres
environnementaux dans le processus de production des bâtiments futurs d une part, et évaluer la qualité
environnementale de ceux existants en vue d une éventuelle amélioration de leurs performances.
Sous l intitulé «l Evaluation Environnementale Qualitative du vieux bâti - Méthodes et Outils»,
notre communication portera sur la présentation de quelques exemples de ces pratiques internationales
pionnières en la matière. Nous nous intéresserons à leurs systèmes d évaluation ainsi que les
paramètres, les indicateurs et autres outils développés pour l évaluation de la performance qualitative
des bâtiments existants.

Mots clés : Vieux bâti, patrimoine architectural, qualité environnementale, approches


environnementales, évaluation environnementale, outils d évaluation.

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Haute Qualité Environnementale

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