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Observatoire
universitaire de la Ville et
du Développement durable
DOSSIER :
GOUVERNANCE URBAINE ET
DURABILITE
Sommaire L’approche durabiliste interroge les sociétés urbaines sur leurs modes d’organisation de
l’espace, leurs modes d’habiter et de se déplacer, leurs nouvelles technologies de production,
leurs valeurs et la valeur de leurs valeurs. Appliqué à la ville, le concept de développement
EN VUE durable peut se décliner en objectifs concrets et apparemment consensuels : réduction de
la consommation d’énergie, d’espace, de ressources naturelles, limitation des déplacements
Gouvernance inutiles d’hommes et de marchandises, amélioration de la qualité du cadre de vie… Pour toutes
et échelles ces questions, il existe des solutions techniques. Cependant, l’expérience tend à montrer que
le succès des actions en faveur du développement durable dépend toujours de la capacité
spatiales 2 des pouvoirs publics de combiner des demandes émanant d’intérêts différents et également
légitimes, de dégager et de faire accepter des arbitrages et des solutions effectives.
DOSSIER Comment harmoniser les exigences du développement social, de la croissance économique des
villes et de la gestion prudente de l’environnement ? Comment arbitrer entre le court terme et
Gouvernance le long terme ? Est-ce que ce qui est bon pour une ville l’est aussi pour la région qui l’entoure ?
urbaine et Le principe de durabilité est contemporain d’une société urbaine qui réfléchit sur elle-même et
sur ses problèmes économiques, sociaux et environnementaux, dans un contexte qui oblige à
durabilité 3 prendre en compte la complexité de la société, le long terme et l’incertitude.
Le développement durable renvoie nécessairement à l’idée de gouvernance parce que le jeu
des valeurs et des intérêts des acteurs de la ville est conflictuel, mais aussi parce que les
BONNES contenus de l’utilité collective sont multiples et que les choix possibles sont manifestement
PRATIQUES 6 complexes et incertains. Les décisions relatives au développement urbain dépassent la raison
technique des collèges d’experts. Elle est d’essence politique.
L’ambition de la durabilité ne se réalise pas dans un projet urbain idéalisé et unique, ni dans
REFERENCES 7 une techno-science toujours prête à submerger la culture et à oublier la citoyenneté, mais
dans une gouvernance cherchant à éviter des changements indésirables par un arbitrage
démocratique des choix collectifs. La ville est aussi un creuset de valeurs citoyennes.
PRE-VUES 8 L’agglomération urbaine est un territoire majeur de participation, de négociation et de
concertation. C’est dans l’exercice de la citoyenneté que se créent les conditions d’une
légitimation de l’action politique en faveur d’un projet de développement urbain durable.
La gouvernance peut constituer une clef de l’efficacité de la gestion urbaine, mais aussi
du lien social. • AC
en la matière le rôle des représentations de la pression rationalisante dont les représenta- DARDEL E.,
l’espace le plus approprié que se donnent les tions, pour relever de la logique et pour être L’homme et la
terre, Nature de la
gens concernés, qu’il s’agisse d’acteurs poli- frappées au coin du bon sens et même du
réalité géographi-
tico-administratifs, communaux ou extra-com- vécu, ne se traduiront pas en transformation que, Paris : PUF,
munaux, d’acteurs économiques, d’«experts des frontières. 1952
scientifiques», voire, quand viendra l’inévitable Cette prégnance du territoire institutionnel, LUPASCO S., L’uni-
épreuve de la sanction populaire, des habi- tel qu’elle transcende, parfois et à la limite, vers psychique; sa
tants-usagers-citoyens. Ces schémas plus ou les intérêts fonctionnels, illustre bien ce «con- dialectique consti-
moins pertinents d’un réel en devenir ont-ils tutive et sa con-
flit entre le géographique comme intériorité, naissance de la
une chance de converger fondant ainsi une comme passé, et le géographique tout exté- connaissance,
véritable légitimité (*) ? rieur du maintenant» (Dardel, 1952). • Jbr Paris : Denoel, Gon-
thiers, 1979
être étendue à tout système ou organisation groupes sociaux, et, d’autre part, en termes
(privée ou publique) qui rencontre des problè- de capacité à les représenter à l’extérieur, à
mes de pilotage ou de gouvernabilité dans développer des relations plus ou mois unifiées
un environnement complexe et qui répond en relation avec le marché, l’Etat, les autres
à ces problèmes par le développement de villes et autres niveaux de gouvernement».
mécanismes de coordination pour faciliter
l’action et son acceptation. GOUVERNANCE URBAINE ET DURA-
BILITÉ : SIX THÈSES
Cet enjeu de gouvernabilité est absolument
capital et se retrouve dans la plupart des cou- A partir de ces considérations sur la notion de
rants d’analyse de la gouvernance, que ce soit gouvernance urbaine, six thèses concernant
celui de l’entreprise (corporate governance), son utilisation, en relation avec le développe-
celui de la société (socio-cybernetic system) ment durable, peuvent être proposées.
ou du système mondial (global governance).
Cet enjeu de gouvernabilité, qui est un Thèse 1 : On peut envisager la gou-
thème assez ancien en science politique, vernance urbaine comme un mode de
Pour le développe- gouvernement urbain parmi d’autres.
retrouve aujourd’hui une seconde jeunesse,
ment des principales
idées présentées ici, non plus sous l’angle de la crise de la repré-
cf. LERESCHE J.-PH. sentation ou de la participation démocratique Loin de s’opposer, les notions de gouverne-
(sous la dir. de), traditionnelle (crise des partis, affaiblissement ment urbain et gouvernance urbaine peu-
Gouvernance locale,
coopération et légiti-
des parlements ou l’abstention électorale), vent être présentées comme complémentai-
mité. Le cas suisse mais sous l’angle de l’élaboration et de la mise res : elles rendent compte de deux modes
dans une perspective en œuvre des politiques dans des sociétés/ ou styles de pilotage différents. En fonction
comparée, Paris: des problèmes, des situations politiques,
systèmes toujours plus complexes, parce que
Pedone, 2001.
fragmentés et interdépendants. Dans ce sens, économiques ou sociales ou des politiques,
Autres références : des auteurs comme J. Kooimann ou B. Jessop l’action publique urbaine est conduite selon
présentent la gouvernance comme une répon- des logiques gouvernementales classiques
JESSOP B., "The se coordonnée à une crise générale de gou- (hiérarchiques) ou des logiques plus «gou-
Regulation Approach,
Governance and Post- vernabilité, comme un enjeu de coordination vernancielles» (coopératives), ou s’efforce
Fordism : Alternative non seulement des institutions publiques, de les combiner. Cette coexistence de plu-
Perspectives on mais pour toutes activités interdépendantes. sieurs modes de gouvernement urbain peut
Economic and Political
être illustrée par ce que F. Rangeon désigne
Change", Economy
and Society, vol. 24, LA GOUVERNANCE URBAINE par la figure du «gouvernement inachevé»,
n° 3, 1995: 307-333. c’est-à-dire la difficulté à faire émerger des
Ces divers thèmes se retrouvent évidemment
gouvernements urbains «forts», ce dont
au niveau de la gouvernance urbaine, à partir
KOOIMAN J. (eds), témoigne particulièrement bien le cas suisse.
des spécificités urbaines que sont la frag-
Modern Governance, On n’a en effet pas réellement vu émerger
Londres, Sage, 1993. mentation territoriale et sociale en liaison
en Suisse un nouveau niveau territorial insti-
avec les processus d’internationalisation et de
tutionnel fort au niveau urbain pas plus que
tertiarisation des villes. Dès lors, ce qui est
LE GALÈS P., "Du gou- de nouvelles élites à cette échelle. Au niveau
vernement des villes à en jeu devient la possibilité et la capacité des
des agglomérations, on a plutôt vu se
la gouvernance urbai- acteurs urbains à mettre en œuvre des politi-
ne", Revue française mettre en place de nouveaux arrangements
ques, en particulier de développement écono-
de science politique, entre acteurs, variables d’un point de vue
n° 1, vol. 45, février,
mique, mais aussi d’aménagements urbains,
territorial et/ou sectoriel.
1995: 57-95. à travers leur capacité à intégrer les divers
groupes sociaux et politiques et à produire des
Thèse 2 : Du point de vue normatif,
RANGEON F., "Le visions partagées du développement urbain.
la gouvernance peut être considérée
gouvernement local" Autrement dit, la gouvernance urbaine se
in CURAPP, La gou- comme un outil du développement
vernabilité, Paris, PUF, joue dans le type d’arrangements que les urbain durable car elle peut favoriser la
1996: 166-173. acteurs mettent en place pour développer légitimité des décisions.
cette triple capacité d’action, d’intégration et
STOKER G., "Cinq d’adhésion, de laquelle découle une capacité La coordination, la négociation et la partici-
propositions pour une de représentation. Dans ce sens, selon P. Le pation de différents acteurs non nécessaire-
théorie de la gouver- Galès, une conception plus sociologique de la
nance", Revue inter- ment publics dans la production et la mise
nationale des sciences
gouvernance urbaine se définit «d’une part, en œuvre des politiques publiques urbaines
sociales, n° 155, mars, en termes de capacité à intégrer, à donner constituent en effet des outils de durabilité
1998: 19-30. forme aux intérêts locaux, aux organisations,
dans la mesure où ils favorisent l’adhésion à fessionnalisation des processus peut parfois
ces politiques et la responsabilité collective. affaiblir des principes démocratiques.
L’évaluation des politiques va dans la même
direction. Dans ce contexte, la gouvernance Thèse 5 : Du point de vue analytique, il
devient un enjeu d’apprentissage collectif faut avoir une conception pragmatique
et de capacité à formuler des arbitrages. Ce ou "agnostique" de la gouvernance, sans
qui est aussi une manière de rappeler que préjuger des lieux ou des modes de
l’urbain n’est pas qu’un lieu de l’action, décision à l’oeuvre. La gouvernance peut
mais également de la représentation et de ainsi coexister avec d’autres modes de
la délibération. décision.
P E L
R A P Diplômes postgrades
en "Etudes urbaines"
Le DEA, le DESS/Master et le Certificat de formation continue en "Etudes urbaines" ont été conçus
en collaboration avec le Département de Géographie de l'Université de Genève, dans le cadre
du projet IRIS, afin de développer de nouvelles compétences et de former des professionnel(le)s
et des chercheurs polyvalent(e)s, ouvert(e)s à une approche intégrée des problèmes urbains.
Les programmes d’enseignement visent, d’une part, à développer chez les participant(e)s des
capacités qui leur permettront de jouer un rôle de conception et de coordination auprès des
administrations urbaines ou des autres acteurs locaux, et, d’autre part, à promouvoir de nouvelles
activités de recherche.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
1. Mettre en évidence les liens entre développement durable, aménagement urbain, régimes
institutionnels des ressources et gouvernance.
2. Passer des concepts de l’écologie urbaine à des méthodes et à des outils d’analyse en
matière d’évaluation urbaine, afin d’insérer la gestion des ressources dans le processus global
de décisions.
3. Proposer une clé de lecture permettant d’identifier les ressources de la «ville intelligente» et
d’utiliser les opportunités pour promouvoir le développement urbain durable dans des situations
d’action concrètes.
4. Echanger des expériences aux niveaux scientifique, pratique et politique, en s’appuyant sur des
études de cas et des projets menés en Suisse et à l’étranger.
PUBLIC CIBLE
Cette formation s’adresse aux urbanistes, aménagistes, personnels des administrations et
entreprises de service public, représentant(e)s des organisations professionnelles, consultant(e)s,
milieux associatifs, ainsi qu’aux étudiant(e)s, doctorant(e)s et chercheurs.
MÉTHODE D’ENSEIGNEMENT
Fondé sur des méthodes d’enseignement variées (exposé, discussion, étude de cas, travail en
groupe, conférence, vidéo), cet enseignement est dispensé en deux temps. Le matin est consacré
à la théorie et aux études de cas, tandis que l’après-midi est plutôt dévolu aux conférences de
praticien(ne)s et expert(e)s, et aux débats avec les participant(e)s.
CONDITIONS D’ADMISSION
Le programme s’adresse aux gradué(e)s d’universités et d’autres Hautes Ecoles, mais aussi aux
personnes ayant une activité professionnelle en relation avec le thème traité. L’admission se
fait sur dossier.
Evaluation de L’Observatoire Universitaire de la Mobi- les objectifs fixés par les autorités com-
la journée "En lité (UNIGE) et l'Observatoire de la Ville munales ? Ses objectifs sont-ils compris
et du Développement durable s'associent par les automobilistes ? Quelles sont les
ville, sans ma afin d’évaluer, sur mandat de la Ville de répercussions, d’une part, sur le com-
voiture" à Genève, les répercussions économiques, portement modal et la fréquentation du
Genève sociales et environnementales de la jour- centre ville, d’autre part, sur la qualité
née "En ville, sans ma voiture" du 22 sep- de vie et l’environnement ?
tembre 2002.
Le monitoring sera réalisé sur plusieurs
Il s’agit de la mise en place d’un moni- années consécutivement, afin d’assurer
toring permettant de répondre à plu- la validité et le suivi des indicateurs con-
sieurs questions: cette journée atteint-elle sidérés. • Gp
Les services "Bienvenue dans la nouvelle énergie qui du futur. Dans ce dernier cas, le con-
industriels de fait du bien à la vie". C’est par cette phrase sommateur soutient la recherche et le
que les Services industriels de Genève développement dans le domaine des
Genève (SIG) (SIG) incitent, dans leur dernier courrier, nouvelles énergies renouvelables (solaire,
entrent dans les habitants du canton de Genève à éolienne), puisque 2.5% de l’énergie de
le développe- devenir, dès le 1er juin 2002, acteurs du SIG vitale Vert comprend ce type éner-
développement durable. gétique. Le prix du kWh varie selon le
ment durable type d’énergie.
Pour ce faire, chaque ménage est invité à
choisir le type d’énergie dont il veut dis- Seul bémol : la possibilité pour les habi-
poser. Trois offres d’énergies renouvela- tants qui le souhaitent d’avoir recours
bles sont ainsi proposées. Il s’agit de SIG à un quatrième choix d’énergie, moins
vitale Bleu : l’énergie électrique 100% coûteux que les autres, SIG Mix, qui
hydraulique; SIG vitale Jaune : l’énergie combine plusieurs sources énergétiques
électrique produite à Genève qui soutient dont les énergies fossiles non renouve-
les ressources et l’économie locales; SIG lables. Les SIG s’engagent cependant à
vitale Vert : la nouvelle énergie électri- diminuer, avec le temps, la part de cette
que 100% renouvelable pour soutenir catégorie. • Ss
le développement durable des énergies
Soap ecologia La direction chargée de la protection blissement, soit des milliers de tonnes à
de l'environnement de la chaîne d'hôtel l'échelle de ce groupe, qui emploie plus
internationale Accor a calculé que chacun de 120'000 personnes dans 140 pays.
de ses clients qui se voyait proposer un
savon de 18 grammes pour prendre sa Reste à faire un bilan comparatif des
douche n'en utilisait en général que 3 conséquences écologiques de la dissolu-
grammes. tion du savon dans l'eau vs. sa mise en
décharge. Il sera alors possible de savoir
Comme on n'a pas trouvé le moyen de si Accor aurait intérêt à encourager ses
recycler les savons usagés, en moyenne clients à se savonner davantage... • Cm
plus de 2 tonnes de savon finissent par
an à la poubelle au niveau d'un seul éta-