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Les travaux antérieurs du SID sur l’enfance et la famille, puis sur la migration et l’interculturalité, ont remis
à jour un questionnement fondamental en travail social, celui du rapport de la personne à son environnement. Ainsi,
au vu des changements marquant nos sociétés, nous en sommes venus à nous demander comment celle-ci y prend
désormais place surtout lorsqu’émerge dans le même temps l’interrogation sur l’autre. Est-ce que nos pratiques
de soutien au lien sont-elles encore adaptées ? Certains proposent d’y répondre par la prévalence ou la promotion
d’un « individu » acteur de son destin, tandis que d’autres considèrent que cet « être soi » ne saurait aller sans
« l’être avec », affirmant ainsi le champ « vocationnel » du travailleur social à la recherche des équilibres en 1
société.
En ce prochain séminaire, il nous est donné d’observer et d’analyser cette tension dans un espace où elle
semble non seulement prendre origine mais aussi et bien souvent ne pas pouvoir se résoudre. Il s’agit de la ville,
lieu des mobilités par excellence où rien ne semble tenir dans la stabilité. Pour autant, s’y déploient programmes,
projets et actions par multiple dans le domaine du soutien au lien et à la personne. Pour reprendre la formule
kantienne, sans oser contraindre ou fixer le contour des contributions et discussions à venir : que nous est-il
permis d’espérer sous le vocable « Villes, mobilités et travail social » ?
D’après un rapport de l’ONU (2018) la moitié de la population mondiale vit de nos jours en milieu urbain et
ce chiffre devrait atteindre 70% de la population en 2050. La ville concerne donc déjà une personne sur deux et
bientôt les deux tiers de la population mondiale.
Cette croissance procède pour l’essentiel d’abord par l’exode rural, comme au siècle de l’industrialisation,
mais aussi par toute sorte de migrations à l’origine des grandes métropoles du monde. Cet état de fait vient
renforcer l’activisme des cités urbaines déjà prises dans la globalisation (Sassen, 2009) et tous ces mouvements
qui en font la trame. Par la mobilité, le monde s’ancre au cœur de la ville (Urry, 2005)
Aux formes classiques de la mobilité : « sociale » et « spatiale », verticale et horizontale, il faut associer
désormais la « globale », traversée par la question écologique. Il est acquis à présent que cette dernière ne saurait
se résoudre aux seules frontières de la ville. Ainsi, pour un développement durable, le local et le global sont à
prendre en un seul tenant.
La mobilité crée ou révèle des dépendances « ville-monde » (Sassen, 1991) et devient de ce fait
incontournable dans la fabrique de la ville durable (Émelianoff, 2007). En effet, les conséquences du
réchauffement climatique mettent fatalement au travail cette problématique à l’échelle spatiale (ville, relation
urbain-rural, exode rural) mais aussi mondiale. Or, ces réflexions interrogent rarement les inégalités d’accès et les
enjeux d’équité sociale en matière de mobilité (Feré, 2013). Pour autant, la transition vers un urbanisme durable
révèle l’importance d’un « droit à la mobilité » (Reiss, 2021) qui peut se décliner sous différentes formes, à l’image
d’une mobilité pour tous et partout, d’une mobilité solidaire ou inclusive. Le droit à la mobilité pose l’enjeu des
frontières spatiales et plus généralement celui des trajectoires migratoires et d’un « droit à franchir les
frontières » (Tiberghien, 2009).
Toutefois, lieu des enjeux contemporains les plus préoccupants : assignations, exclusions,
vulnérabilités... (Bourgoin et Diop, 2018 ; Guénard, 2012), la ville ne reste pas moins l’espace de toutes les
sociabilités ; il s’y déploie en effet des réseaux ayant une réelle capacité d’absorption démographique, tant
quantitativement que qualitativement. Elle est, par sa structuration spatiale et sociale, un territoire (ou un
ensemble de territoires) sur lequel s’inscrivent traditionnellement des enjeux de groupes en tout genre pouvant
être à l’origine de dysfonctionnements sociaux. Ce qui fonde l’implication des pouvoirs publics, entre autres par
des lois et dispositifs d’action, telles que des politiques transversales de la ville, pour garantir la cohésion sociale.
C’est ici que le travailleur social est convoqué à sa mission de veille et de soutien au bien-être individuel et collectif.
Mais celui-ci se retrouve souvent pris dans l’urgence réparatrice voire dans un faire se réduisant à des
actes palliatifs. Ainsi, des nouvelles méthodes et ressources supplémentaires s’imposent en vue d’une action
davantage préventive sinon intégrative tenant dans la durée. Sinon, dans le contexte des mobilités urbaines
endogènes ou exogènes, un travail social véridique, se transformerait immanquablement en action de
revendications, quoi qu’il demeure un engagement en faveur des droits fondamentaux (travail, logement,
nourriture…), de la citoyenneté, du vivre ensemble, du respect des migrants... du « bien-être global ».
Ainsi, la mobilité – trait majeur de l’urbanité - renvoie à la place du territoire qui s’est désormais « imposée
comme un nouveau paradigme de l’action sociale, en lien avec les idées de démocratie locale, de solidarité, de
proximité et de développement local » et bien entendu durable (Bouquet et Nivolle, 2007). En effet, le travailleur
social s’appuie sur des politiques sociales et leurs dispositifs qui s’inscrivent dans un cadre territorial. Or, cet
espace n’est pas un donné naturel, mais un construit social et politique (Micoud, 1989) auquel il a d’ailleurs vocation
à prendre part.
A noter aussi, nous assistons à un décloisonnement des institutions pour « aller-vers » les personnes, à
leur rencontre, au plus proche de leur réalité et de leurs besoins. « La permanence du lien par un “aller vers” prévaut
sur la permanence du lieu » (Chambon, 2018, p.1-2). La mobilité fonctionnelle des travailleurs sociaux devient un
incontournable professionnel, tout comme une approche avisée du territoire. La ville peut ainsi être perçue à la
fois comme une source et comme une ressource. Comment les travailleurs sociaux s’appuient sur cet espace
d’action et de production de pratiques ? Comment s’engagent-ils dans le développement d’un territoire lui-même
apprenant (Bier, 2010) ?
La recherche aurait ici son rôle à jouer à la fois dans l’innovation des approches mais aussi et avant tout
dans l’exploration et la compréhension des situations individuelles et collectives marquées par les mobilités
urbaines sur le plan social certes mais aussi global. C’est avec cet impératif à réinventer le travail social dans ce 2
contexte que nous en appelons aux communications pour cette 5ème édition du Séminaire International de Dakar,
cela selon les 3 axes ci-après.
La pédagogie appelle forcément une meilleure connaissance du territoire et de ses acteurs. Par
conséquent, on ne saurait ici faire l’économie de la recherche sur ses deux volets de la connaissance du territoire
et de la science pédagogique. Nos plans de formation devraient trouver ici matière à s’enrichir.
PROGRAMME
MARDI 21 MARS
OUVERTURE : 9h00
- Ouverture placée sous le haut patronage de Madame le
Ministre de la Santé et de l'Action Sociale : Dr Marie
Khemess Ngom Ndiaye.
PLENIERE 1 : 10h00
- Aspects conceptuels et approches théoriques en
sciences. Migration et ville-monde : faut-il réinventer le
travail social ? Issa NDIAYE, enseignant,
MATINEE
ENTSS (Sénégal).
PLENIERES
PLENIERE 2 : 10h45
- La ville et son impact sur la déconstruction des liens
sociaux. Cas des enfants en situation de rue à Agadir au
Maroc, Pr. Mhamed MADHANE, FLSH, Univ. Ibn Zohr
d’Agadir (Maroc).
PLENIERE 3 : 11h30 4
- Diversités des migrations climatiques et adaptation
AXE I nécessaire du travail social, Catherine WATRIN, Maître
assistant, HEH de Mons (Belgique)
APPROCHES ATELIER 1 : 14h00-15h00
THEORIQUES (EN - Mobilité et mutations de la ville de Dakar : quelle
SCIENCES HUMAINES) Transition vers une mobilité durable, Abdoulaye
Mamadou MBOW, directeur des études et stages,
ENTSS (Sénégal).
ATELIER 2 : 14h00-15h30
- Approches sociologiques de la ville fondées sur l’école de
APRES-MIDI
Chicago, Nfally BADJI (Dr.), enseignant, ENTSS.
ATELIERS
- Ville, clandestinité, marginalité et travail social : quand
les exclus prennent place, Olivier BERNET et Fabien
BUALLION, Enseignants, IFRASS (France) –
Intervention prévue en visioconférence
ATELIER 3 : 14h00-15h30
- Quand la ville perd son urbanité, le travail social peut
perdre le sens de la prévention, Jean Yves BOULLET,
directeur général. IFRASS (France).
16h-16h30 RETOUR SUR LA JOURNEE : 16h00
MERCREDI 22 MARS
PLENIERE 1 : 9h00
- De la mobilité à la mobilisation, appropriation de l’espace urbain
d’un groupe stigmatisé : le cas de Mineurs Non Accompagnés à
Toulouse, Céline PETRUS, Formatrice, et Amele LAKHOUACHE,
Responsables des études et des parcours, IFRASS (France).
- Analyse situationnelle de l’approche transdisciplinaire autour de
l’accueil et l’évaluation des mineurs primo-arrivants en France, Le
cas du DDAEOMI de Toulouse, Ibrahima SARR, Etudiant 2nd Cycle,
ENTSS (Sénégal)
PLENIERE 2 : 10h00
MATINEE - Mobilité des parents et soins psychiques des enfants, Nawel
PLENIERES HAROUCHI, psychologue (Dr.), Toulouse (France).
- Au-delà des modèles obsolètes d’appui aux enfants en errance :
tentatives du DIAP au Sahel, Rokhaya NDOYE MBAYE (Dr.),
enseignante, ENTSS (Sénégal).
PLENIERE 3 : 11h00
- Des méthodes de survie, des enfants talibés venant de la Gambie
dans la commune de Saint-Louis du Sénégal, Boubacar GANOH,
ENTSS (Sénégal).
- Enfants migrants pour le travail dans les grandes Villes de l’Afrique
de l’Ouest : un chantier à déconstruire par les travailleurs sociaux,
AXE II Khalifa SY, Conseiller en Travail Social, ENTSS (Sénégal).
ATELIER 1 : 14h00-15h30
INTERVENTIONS,
- Crise humanitaire et protection des enfants en mobilité
PRATIQUES ET
transfrontalière en Afrique de l’Ouest : Quelles stratégies 5
PERSPECTIVES
d’intervention pour le travailleur social ? Ameth THIAM, étudiant 2nd
ECO-SOCIALES
Cycle, ENTSS (Sénégal) ;
- Comment le travail social, comme discipline et comme profession,
peut-il permettre de comprendre le phénomène de la féminisation
de la mendicité à Dakar ? Mor WADE, Enseignant, ENTSS (Sénégal).
APRES-MIDI
ATELIER 2 : 14h00-15h30
ATELIERS
- Femme vivant avec le VIH-SIDA victimes d’inondation dans la
banlieue dakaroise : quel accompagnement psychosocial pour
réduire les vulnérabilités de dépression ? Sanou NDONG TOURE,
Travailleuse Sociale, ENTSS (Sénégal).
- Les conditions de vie des jeunes filles mineures vendeuses au
garage de Petersen à Dakar, Fatou Kiné TALL, Diplômée du travail
social, ENTSS (Sénégal).
ATELIER 3 : 14h00-15h30
JEUDI 23 MARS
½ PLENIERE 1 : 9h00
½ PLENIERE 2 : 9h00
½ PLENIERE 4 : 10h15