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Strasbourg, 22/02/2013
Thomas Sigaud
thomas.sigaud@dauphine.fr
1
e e ple su la elle de a de ui s e p i e autou des uestio s li es à la gestio
o o i ue, politi ue et so iale des d pla e e ts, ou su l i po ta e des p o l es
encore soulevés par le développement de « nouvelles » formes de mobilité comme les
mobilités numériques. Le paradigme des mobilités tire sa force de sa prétention à saisir
l a ti ité sociale dans son ensemble : ap s tout, est-il pas vrai que « all the world is on the
move » (Sheller et Urry 2006, p. 207) ? U e a o da te litt atu e s est do d elopp e au
fil des a es da s le sillage de e ou eau pa adig e, o stitua t e u o peut appele les
mobility studies1. Ces travaux portent sur des formes aussi variées de mobilité que les
d pla e e ts auto o iles, le aga o dage, les o ages d affai e, la navigation sur internet,
la marche, le tourisme, la danse, la i ulatio d i di idus uip s de « smartphones », la
mobilité imaginaire… Mais da s l i e tai e i puisa le des fo mes de mobilité u tudie t
les mobility studies, il y a toujours une absente : la mobilité résidentielle.
En effet, on ne trouve aucune trace de la mobilité résidentielle aussi bien dans les travaux
fondateurs que dans les récentes contributions synthétiques et programmatiques (Adey
2010 ; Cresswell 2010, 2011 ; Sheller 2011)2. Cette absence est révélatrice de la façon dont
les sociologies des mobilités se sont construites. Car les contributions aux mobility studies
partagent toutes la même conception de la mobilité, perçue comme un moyen de dépasser
les cadres contraignants hérités du monde industriel. Les individus mobiles peuvent accéder
à de nouvelles ressources, réinventer leurs identités, composer leurs trajectoires et leurs
modes de vie en puisant da s u o de d oppo tu it s et de od les ui a d aut es
limites que celles de la mobilité elle-même. Ainsi, les mobility studies mobilisent deux figures
o ati es. D a o d elle de la fluidité, p op i t d u o de d so ais fo d su des
mobilités individuelles réversibles et libératrices. Ensuite celle du nomadisme, mode de vie
insensible aux frontières et aux dispositifs localisés de contrôle (Makimoto et Manners
1997 ; Knafou, Touraine et Pierret 1998 ; D A d ea . O , les o ilit s side tielles ne
el e t d au u e de es deu figu es o ati es. D a o d pa e u elles e so t ue
difficilement et coûteusement réversibles (Schneider et Limmer, 2008) et donc peu fluides.
1
A l’instar de Cresswell (Cresswell 2010, p. 555), on peut choisir de mettre l’accent sur l’unité d’ensemble du
regard que ces auteurs portent sur le monde social tout en gardant à l’esprit que les « mobility studies »
regroupent des travaux à de nombreux égards hétérogènes et que tous les auteurs qui y contribuent ne
s’identifient pas à la même ambition paradigmatique.
2
Il n’y a à notre connaissance qu’une exception : l’article de Metcafle dans la revue Mobilities (Metcalfe 2006),
au demeurant fort stimulant.
2
E suite, et les deu so t li s, pa e ue l i di idu e o ilit side tielle est moins un
o ade u u s de tai e e ou e e t e t e deu i stallatio s. O peut d ailleu s ote
que les auteurs qui évoquent la mobilité résidentielle (Kaufmann 2011, p. 27-28) sont aussi
ceux qui entretiennent un rapport plus distant avec la double figure de la fluidité et du
nomadisme (Montulet et Kaufmann 2004 ; Kaufmann et Montulet 2008, p. 52- . Il e
este pas oi s ue les o ilit s side tielles so t pa d fi itio des o ilit s, et u elles
doivent être étudiées comme telles.
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Cusin. Intitulée « Entreprise, marché, territoire : les mobilités résidentielles des salariés liées
à l e ploi », cette thèse a pour objectif de saisir comment les individus composent et
e o pose t leu s odes de ie à l o asio d u e o ilit side tielle li e à l e ploi, et
d tudie la faço do t ils articulent les trois dimensions résidentielle, professionnelle et
familiale de leurs trajectoires. O a d a o d he h à dresser un tableau de la mobilité
side tielle e F a e et à e d e o pte de l olutio de ses pu li s et de ses effets su
les trajectoires individuelles en France. Cette communication propose d a o de les
problèmes méthodologiques que soulève ce questionnement : quelles sources sont-elles
disponibles, que permettent-elles et quelles sont leurs limites ? Les différentes sources
se o t alu es à l au e de uat e uestio s :
On se concentrera ici sur la question des conséquences de la mobilité résidentielle, sur les
changements observables en aval de la mobilité : promotion ou démotion sociale,
ha ge e t de statut side tiel, d oha itatio ou ise e ouple… Mais pa e u elle
suppose de comparer les situations des individus en amont et en aval de la mobilité, cette
réflexion peut permettre de poser la question des conditions sociales de mise en mobilité
des individus.
La mesure de la mobilité résidentielle en tant que telle pose comme première question celle
de la source à utiliser (Bonvalet et Brun 2002) ; ette uestio se pose d auta t plus ua d
o he he à saisi l a ti ulatio de la o ilit side tielle et des aut es di e sio s des
trajectoires des individus. O p se te a d a o d les ualit s et les li ites du ‘e e se e t
de la populatio puis de l e u te Loge e t, a a t de p se te les ualit s ui fo t u o
a choisi de t a aille su l e u te E ploi.
4
Les qualités du Recensement de la population parle t d elles-mêmes : avec une exploitation
au tiers, le Re e se e t pe et e pa ti ulie d adopte des d coupages territoriaux très
fins là où les autres enquêtes sont vites limitées par leur échantillon et par les règles de
confidentialité. L IN“EE et à disposition du public une base de données nommée
« Migcom », o te a t les a ia les ui pe ette t d ide tifie les i di idus a a t un lieu de
résidence différent en 2003 et en 20084. Au-delà des difficultés techniques u elle peut
occasionner (on parle ici d u e ase de plus de illio s de lig es , l utilisatio de cette
extraction du Recensement rencontre plusieurs limites. Tout d a o d, elle suppose de
prendre de réelles précautions méthodologiques pour mesurer les mobilités résidentielles.
En effet, la p iode d o se atio des o ilit s side tielles est de cinq ans : on dispose du
ode de la o u e de side e à l e u te et i a sa a tle u te. Ces i fo atio s
permettent bien d identifier les mobiles mais pas les mobilités, notamment les éventuelles
mobilités multiples au cours de la période. Il est délicat de produire des taux annuels de
mobilité résidentielle5 et donc impossible de suivre les évolutions conjoncturelles de la
mobilité. Qui plus est, ette p iode d o se atio des o ilit s de cinq ans fait que les
a a t isti ues de l i di idu o t pu ha ge e t e le o e t où a eu lieu la mobilité et la
date de l e u te. Plus la p iode d o se atio des o ilit s est lo gue, et plus et at
peut se creuser. De plus, les Recensements précédents couvrant des périodes de neuf ans,
les comparaisons dans le temps sont délicates. Enfin et surtout, la base « Migcom » ne
o p e d pas d i fo atio s su les o ilit s so io-professionnelles ou les changements de
situation familiale. Ces informatio s so t dispo i les da s d aut es extractions du
Recensement, ais l IN“EE e fou it pas de l d appa ie e t i d ide tifia t i di iduel
permettant de fusionner les diff e tes ases. Il est do pas possi le, e l tat des
données rendues disponibles à la diffusio pa l IN“EE, de oise les o ilit s side tielles
et les trajectoires professionnelles ou familiales.
4
http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/default.asp?page=recensement/resultats/doc/presentation-flux-
migration.htm
5
Voir toutes les réflexions autour du modèle « migrants-migrations » (Courgeau 1973 ; Courgeau et Lelièvre
2004 ; Royer 2007, 2009 ; Donzeau et Pan-Ké Shon-2009).
5
confortable (42 loge e ts o t po du à l e u te e et elle pe et d ta li des
s ies lo gues, l e u te la plus a ienne rendue disponible aux chercheurs étant
actuellement celle de 1970. Da s l e u te , deux blocs de questions sont
particulièrement intéressants en matière de mobilité : « mobilité résidentielle entre 2002 et
2006 » et « opinion et projets de mobilité ». Mais l e u te Loge e t p se te elle aussi
plusieurs li ites. D a o d, sa p iode d o se atio des o ilit s de uat e a s pose les
mêmes problèmes méthodologiques ue eu uo a o u s pou le ‘e e se e t.
Ensuite, elle ne donne aucune information sur la mobilité professionnelle des individus.
Enfin, la dernière enquête remonte à 2006 et les dernières mobilités identifiées peuvent
donc remonter à plus de dix ans.
6
O pou ait e o e o ue d aut es e u tes, o e l e u te “‘CV de ui o pte u odule
« dernier déménagement », l É ha tillo D og aphi ue Pe a e t Wol e et al. , le Pannel Européen
des Ménages (Gobillon 2001) ou encore les enquêtes DADS qui peuvent être détournées de leur objet initial.
7
“o o je tif ta t de pe ett e de esu e les olutio s o jo tu elles de la populatio a ti e, l e u te
Emploi a été semestrielle entre 1975 et 1981, mais cette semestrialisation étant coûteuse et peu exploitée,
l e u te E ploi est redevenue annuelle en 1981 (voir Affichard, 1987).
6
suivre les évolutions conjoncturelles de la mobilité résidentielle, ce que ni le Recensement,
i l E quête Logement ne permettent. Ensuite parce que les enquêtes annuelles sont
rapidement rendues disponibles, permettant de travailler sur des données récentes qui
permettent de rendre compte des évolutions des comportements en matière de mobilité 8.
On a ainsi pu accéder par le réseau Quetelet à la livraison 2011 de l e u te E ploi e
janvier 2013. Depuis 1964, et de manière systématique à partir de 1968, les individus sont
i te og s su leu situatio u a a a t l e u te. Pa la suite, o appelle a l e semble de
ces questions le « bloc n-1 ». Le « bloc n-1 » permet de mesurer deux dimensions des
mobilités des individus : la dimension professionnelle et la dimension résidentielle.
8
Contrairement à de nombreux travaux de so iologie, de d og aphie ou d o o ie sur le sujet qui
exploitent des données anciennes : celles de Nivalainen (2004) sont antérieures à 1996, celles de Van
Ommeren et al. (2002) datent de 1992-1993, Tenn (2009 e d passe pas …
9
Voir récemment Amossé 2002, 2003 ; Amossé et Ben Halima 2010 ; Lemoine et Wasmer 2010 ; Lalé 2010,
2012. Cela dit, et usage ne va pas sans difficultés méthodologiques, par exemple en ce qui concerne la mesure
des mobilités internes (Affichard 1987) ou des mobilités socioprofessionnelles (Lalé 2012).
7
2. Des résultats tirés de l’enquête Emploi10
Note : les dates retenues comme repères correspondent aux changements de méthodologie de
l’e u te E ploi.
Champ : individus de 15 ans et plus résidant en F a e t opolitai e à l’e u te.
Lecture : en 1991, 6% des individus de 15 ans et plus ont déclaré avoir déménagé hors de leur
d pa te e t au ou s de l’a e oul e.
10
Les résultats présentés ci-dessous so t ti s d u t a ail e ou s et e so t pas d fi itifs.
8
la part de mobiles est très sensible à la conjoncture ; on peut en particulier noter une
baisse brutale autour de 1975 et en 2009, alors que le taux de mobilité résidentielle
intercommunale connaît un pic en 2000.
PCS :
Employés - 4% - 17% + 1%
DIPLÔME :
On peut par exemple voir que depuis 2008, la sur-représentation des cadres parmi les
mobiles a fortement diminué, comme celle des individus les plus diplômés. La crise
économique de 2008 a contribué à faire converger le profil des mobiles.
Le u te E ploi pe et aussi de sui e l olutio de l effet de la mobilité résidentielle sur
différentes formes de mobilité socio-professionnelle des individus :
9
Tableau 2. Effet de la obilité réside tielle i terdéparte e tale sur la probabilité de…
Champ : individus de 15 et plus résidant en France métropolitaine, ayant connu une mobilité
résidentielle interdépartementale au ou s de l’a e précéda t l’e u te, hors indépendants.
Note : « montent » de PCS employés ou ouvriers qui deviennent cadres ou professions intermédiaires
et les professions intermédiaires qui deviennent cadres. « Descendent » de PCS les cadres qui
deviennent professions intermédiaires, employés ou ouvriers, et les professions intermédiaires qui
deviennent ouvriers ou employés.
Lecture : en 2003, les chômeurs ayant connu une mobilité résidentielle interdépartementale avaient
42% de chances de plus que les autres de trouver un emploi.
10
d u e pa t de t ou e u e ploi, et d aut e pa t de pe d e so e ploi. Pou e fai e, o a
testé deux modèles de régression logistique ayant chacun pour paramètres les mêmes
variables : sexe, âge, diplôme, PCS et mobilité résidentielle en trois modalités (pas de
mobilité, changement de commune mais pas de département, changement de
département). Chacun de ces modèles a été répété pour chaque année de 1968 à 2011,
e da t possi le de isualise l olutio de l effet de la o ilit side tielle su le fait de
trouver ou de perdre un emploi. Tous les odds ratios présentés ont été calculés à partir de
coefficients hautement significatifs (p<0,0001). Les résultats sont les suivants :
Graphique 2. Effet toutes choses égales par ailleurs de la mobilité résidentielle sur la
probabilité d’avoir trouvé un emploi (odds ratios)
Champ : ensemble des individus de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, au chômage un
a ava t l’e u te, do t l’âge, le se e, le diplô e et la PCS sont renseignés.
Note : sont présentés ici les odds ratios associés au fait d’avoi t o ile. U odds ratio inférieur à 1
sig ifie ue toutes hoses gales pa ailleu s le fait d’ t e o ile di i ue la p o a ilit d’avoi t ouv
un emploi, et réciproquement.
Lecture : entre 2000 et 2001, un chômeur ayant déménagé dans une commune du même
département avait % de ha es de plus u’u hô eu ’a a t pas changé de commune d’avoi
trouvé un emploi (odds ratio=1,05), à sexe, âge, diplôme et PCS égaux.
Entre 2000 et 2001, un chômeur ayant déménagé hors de son département avait 96% de chances de
plus u’u hô eu ’a a t pas changé de commune d’avoi t ouv u e ploi (odds ratio=1,96), à
sexe, âge, diplôme et PCS égaux.
11
On voit que la mobilité résidentielle a un effet positif sur la probabilité de trouver un emploi.
L a a tage do pa la o ilit a t t s fai le au ou s des a es et et s est
renforcé depuis. On note aussi que et effet est pas t s diff e t selo le type de mobilité
(intra- ou inter-départementale). Au contraire, le type de mobilité a une toute autre
importance quand on modélise la probabilité individuelle de perdre son emploi :
Graphique 3. Effet toutes choses égales par ailleurs de la mobilité résidentielle sur la
probabilité de perdre son emploi (odds ratios)
Champ : ensemble des individus de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en emploi un an
ava t l’e u te, do t l’âge, le se e, le diplô e et la PCS so t e seig s.
Lecture : Entre 2010 et 2011, un actif occupé ayant déménagé dans une commune du même
département avait 13% de chances de moins u’u actif occupé ’a a t pas changé de commune
d’avoi perdu son emploi (odds ratio=0,87), à sexe, âge, diplôme et PCS égaux.
Entre 2010 et 2011, un actif occupé ayant déménagé hors de son département avait 2,7 fois plus de
chances u’u actif occupé ’a a t pas changé de commune d’avoi perdu son emploi (odds
ratio=2,69), à sexe, âge, diplôme et PCS égaux.
12
La od lisatio de l effet de la mobilité sur la probabilité de perdre son emploi montre à
uel poi t les i di idus so t p alis s pa le fait de ha ge de assi d e ploi ou de ilieu
professionnel local. Ce résultat peut aussi indiquer que les individus qui déménagent hors de
leu d pa te e t peu e t a oi esoi de plusieu s ois oi e de plus d u a pou
retrouver un emploi. O ote epe da t ue l effet de la o ilit side tielle su la
probabilité de perdre son emploi suit une nette tendance à la basse depuis les années 1970,
ais u elle aug e te lo s des a es de o jo tu e o o i ue diffi ile o ee .
Malgré ses nombreuses qualités, l enquête Emploi présente de nombreux défauts et difficultés de
traitement. Du fait même u elle pe et de e o te plusieu s d e ies dans le temps,
le u te E ploi s est p og essi e e t o stitu e au fil du te ps et des p og s des
méthodes de collecte et de traitement des données. Mise au point du sondage aréolaire,
informatisation du traitement puis de la saisie, semestrialisation, passation en co ti u…
Re o te l e u te E ploi est aussi u t a ail d a h ologue su la faço do t o t t et
so t p oduits les hiff es. T aite l e u te E ploi e lo gue p iode suppose de ett e e
cohérence des nomenclatures modernes et des nomenclatures abandonnées parfois depuis
longtemps, ou encore de retrouver des définitions de termes peut-être évidents en leur
te ps ais d so ais o s u s. Depuis ,le u te e ploi a t is e uat e fois, e
13
1975, 1982, 1989 et 200311. E ,le u te est devenue trimestrielle et administrée en
continu, ce qui représente le changement le plus important de son histoire. Les enquêtes
E ploi peu e t t e t s h t og es, pa fois e au sei du e e s ie. Pa
exemple, les changements de périodicité peuvent avoir un impact sur les résultats obtenus.
Ce fut le as e ua d l e u te a t alis e e ja ie et o e a s, et e t e
et lo s ue l e u te fut e due se est ielle.
11
Les années de recensement ont été t aditio elle e t l o asio de ise l e u te E ploi. Pour une
p se tatio d taill e des olutio s de l e u te E ploi, oi http://www.cmh.ens.fr/greco/enquetes/serieee.php
12
Il est d ailleu s thodologi ue e t plus p ude t de li ite la esu e des o ilit s au loge e ts e t a t
da s l ha tillo ha ue a e, soit u tie s des loge e ts a a t .
13
Sur ce point, voir Toulemon (2011).
14
4. Ouvrir de nouvelles perspectives ? Une enquête ad hoc
On présentera ici une enquête dirigée en 2009 par F. Cusin et C. Juillard à la Chaire Ville et
I o ilie de l U i e sit Pa is Dauphi e. Po ta t su la de a de de loge e t des lasses
o e e, ette e u te s est e t e aut es appu e su u e e u te pa questionnaire à
laquelle ont répondu 4001 individus actifs résidant en Frane métropolitaine. L atte tio
portée à la question du logement a permis de révéler que celui-ci est un facteur
d late e t pou les lasses o e es Cusi et Juilla d , et u il joue u ôle
discriminant dans la sécurisation des parcours et des trajectoires individuels (Cusin 2012).
Les enquêtés ont été interrogés sur leur dernier déménagement ; un jeu de questions avait
pour objectif de saisir les enjeux résidentiels, professionnels et familiaux soulevés à
l o asio de et e e t, e i te ogea t les i di idus su leu situatio a a t et ap s
ce dernier déménagement. Plusieurs problèmes méthodologiques sont apparus au fil de la
création du questionnaire et, surtout, au fil de son traitement. Ainsi, la passation du
uestio ai e pa i te et a pos des p o l es de o st u tio de l ha tillo ,
notamment pour les individus les plus âgés parmi lesquels les cadres se sont trouvés être
nettement surreprésentés. Par ailleurs, la longueur du questionnaire (140 questions hors
filtres) a pu e e à u e e tai e f agilisatio des po ses des e u t s au fil de l e u te,
visible notamment dans le traitement des réponses ouvertes. Enfin, certaines questions
semblent avoir été mal comprises par les enquêtés. Par exemple, à la question « votre
dernier déménagement a-t-il été motivé par un changement dans votre vie familiale », 200
enquêtés ont répondu « oui » et ont précisé leur réponse en évoquant u e pe te d e ploi
ou une embauche. D aut es questions ont posé problème du fait du décalage entre un
uestio e e t o çu o e fe alo s ue les situatio s elles o espo de t pas
toujours. Ce fut le car par exemple quand des enquêtés indiquent u ils e so t pas
propriétaires de leur résidence principale et l e pli ue t par le fait u ils so t p op i tai es
de leur résidence principale... En rentrant dans le détail des réponses de ces enquêtés, on a
pu e a ue u il s agissait d i di idus poss da t u e side e u ils o sid ent comme
p i ipale ais da s la uelle ils ha ite t pas et u ils o t is e lo atio pou uel ues
15
a es e atte da t de s i stalle . Cette incompréhension est déjà un résultat : elle
appelle, s il e tait e o e esoi , ue le statut side tiel des i di idus est ja ais aussi
clair pour eux que ce que le sociologue pourrait être tenté de croire, et que la notion de
« résidence principale » est i u i o ue, i ide te.
L a ti ulatio des t aje toi es side tielles, p ofessio elles et fa iliales appa aît ie
quand les individus se p o o e t su les otifs à l œu e da s leu de ie d age e t.
% d e t e eu asso ie t leu de ie d age e t à u ha ge e t da s leu ie
fa iliale, % l asso ie t au fait u ils taie t pas satisfaits de leu loge e t p dent,
20% à un changement de leur situation financière14, et moins de 2% à un changement dans
leur vie professionnelle. Mais il s agit là de uat e uestio s disti tes, et o de uat e
odalit s d u e e uestio . Ce tai s i di idus o t ide tifi plusieurs motifs différents à
leu de ie d age e t alo s ue, au o t ai e, u tie s des e u t s e e o aît
aucun. Ce résultat est probablement sig e de l i o pl tude du jeu de uestio s posées et
de l e iste e de oti atio s late tes ui o t pas té identifiées, mais on peut aussi
14
Le uel ha ge e t est pas essai e e t négatif : le fait d a oi « fait un héritage » a été souvent
spontanément évoqué.
16
l i te p te o e u e i itatio à do e plus d i po ta e à l auto o ie de la
trajectoire résidentielle.
Conclusion et perspectives
17
multilocalité résidentielle. Leur élaboration et leur traitement ouvre des solides perspectives
de recherche.
On peut par exemple envisage d a oi e ou s à des ale d ie s t ospe tifs portant sur les
trois dimensions ou de s i spi e de l e u te « Biographie et entourage ». Ce dispositif
de u te est s duisa t ais lou d pou les e u t s et e d p o a le e t essai e u e
passation du questionnaire en face à face. Pour alléger le dispositif, il est possible de choisir
un ou deux événements fixes pour chaque individu (comme le dernier déménagement mais
aussi le départ du domicile parental, ou encore u e ise e ouple…) et de passer un jeu de
questions sur la situation des individus avant et après ces événements.
18
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