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No 01-2002
No 01-2002
Février 2002
Observatoire
universitaire de la Ville et
du Développement durable
DOSSIER :
DEVELOPPEMENT URBAIN
DURABLE
VUES SUR LA VILLE, s’adresse aux chercheurs et étudiants bien sûr, mais
Sommaire aussi et surtout aux professionnels de l’urbanisme et de l’aménagement
du territoire, aux élus, aux multiples acteurs de la ville, enfin aux citoyens
EN VUE curieux de mieux comprendre le monde urbain dans lequel ils vivent.
Qu'est-ce que Notre époque est marquée par la volonté de gérer les multiples interdépendances qui
l'Observatoire ? 2 relient la matière, le vivant et le sens. Inventions humaines, les villes constituent des
miroirs de nos sociétés. Leur «métabolisme», leur organisation, leur dynamique, les
instruments de leur gestion, les acteurs de leurs transformations et leur gouvernance
DOSSIER sont des thèmes d’une brûlante actualité. Les problèmes urbains imposent la
recherche de politiques intégrées pour répondre aux problèmes sociaux, politiques,
Développement économiques et environnementaux.
urbain durable 3
L’avenir des villes se joue dans les décisions de ses nombreux acteurs. Qu’ils
interviennent à l’échelon d’une entreprise, d’une association, d’un service administratif,
BONNES d’une commune ou d’une agglomération, tous ont besoin d’une information sur les
villes, qui soit interprétée, mise à jour, prospective et si possible comparable.
PRATIQUES 6
L’Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable constituera
un outil de recueil, d’analyse, mais aussi de valorisation de ces informations. Une
REFERENCES vingtaine de chercheurs réunis dans un Réseau d’Enseignement et de Recherche
IRIS 7 (Ecologie urbaine, gestion des ressources et gouvernance) créé dans le cadre du
projet triangulaire IRIS produiront, trimestriellement, des réflexions de fond et des
informations récentes et originales organisées dans une perspective commune : la
PRE-VUES 8 durabilité. Dans la diversité de leurs cultures scientifiques et de leurs approches,
les chercheurs des trois instituts (IGUL, IDHEAP, IEPI) apporteront leurs multiples
compétences à la réflexion collective sur la ville, villes dans lesquelles vivent les trois
quarts de la population suisse et déjà plus de la moitié de la population mondiale.
économique, social et
culturel. Ils sont lisibles 4.0 Héritage des générations passées, res-
à l’échelle de l’ag- source des générations présentes, la ville
glomération par un élar-
gissement des taches Centres
est dans sa substance et dans ses qualités
urbaines des grandes (symboliques, culturelles, écologiques,…)
Villes isolées
agglomérations, par une le patrimoine commun des générations
forte différenciation des 2.0
2. La ville est une réalité translocale : 5. Une ville plus compacte peut favo-
l’ordre de la ville se traduit par le riser la durabilité : l’urbanisation
désordre de ses enveloppes spatiales extensive est inefficace du point de
vue de l’utilisation des ressources
Le fonctionnement de la ville a une inci- collectives
dence qui déborde le territoire qu’elle
occupe. La ville s’entretient par l’échange. L’étalement urbain gaspille du sol,
D’où l’existence d’un ensemble de rela- demande des investissements et l’entre-
tions et de réseaux entre la ville et l’espace tien d’infrastructures coûteuses pour le
environnant qui sont autant d’instruments contribuable, encourage l’utilisation des
pour capter, puiser, mais aussi pour cana- transports privés et augmente les émis-
liser d’importants flux de matière, d’éner- sions polluantes.
gie et d’information. Le développement
de la ville suscite l’hyperdensité des flux. Les nuisances des flux de transport
comptent pour une part importante de
Tributaire des régions avoisinantes pour plusieurs impacts sur l’environnement
son approvisionnement et l’évacuation de et la santé. Il devient de plus en plus
ses déchets, elle leur inflige ses propres urgent de construire la ville dans la ville
problèmes. Du point de vue de l’écologie (cf. figures p. 5).
urbaine, le fonctionnement actuel des
villes apparaît comme une réalité essen- 6. Ecourbanisme et développement
tiellement prédatrice. durable : l’organisation de l’espace
urbain est une variable d’harmoni-
3. Les villes sont des écosystèmes sation des objectifs économiques,
Empreinte artificiels imparfaits : la valorisation sociaux et écologiques du dévelop-
écologique : Cette du patrimoine et la maîtrise des flux pement durable
technique permet de
connaître la capacité
urbains est insuffisante
biophysique qui devrait On ne peut analyser l’incidence envi-
être mis en jeu pour Le fonctionnement actuel des villes ronnementale de la ville uniquement en
fournir les ressources fonction des paramètres d’éloignement
répond mal aux critères de durabilité.
consommées par les
villes et absorber les Les modes de produire et les styles de ou de proximité, de concentration ou
déchets qu’elles produi- consommation urbains ont une forte de dispersion. L’écourbanisme est une
sent. Plus l’empreinte empreinte écologique. gestion intégrée du système de centrali-
écologique est forte et
plus la ville s’éloigne de
tés urbaines, des réseaux de transports
son modèle de ville éco- Le métabolisme urbain est encore impar- collectifs et de l’utilisation des sols qui
logique idéale. fait et insuffisamment intégré. Les villes permet de répondre efficacement aux
actuelles ont un très «grand pied». Elles défis du développement durable.
importent trop de ressources et exportent
trop de déchets et de nuisances. Une ville des courtes distances est éco-
Métabolisme urbain :
Chaque ville d’un million nome en ressources. L’organisation con-
d’habitants consomme 4. Les villes ne sont pas durables, mais jointe des transports collectifs et des
en moyenne 625 000 elles peuvent contribuer à la durabilité affectations spatiales améliore le bilan
tonnes d’eau, 2000
tonnes de nourriture,
économique, social et environnemental.
9500 tonnes de carbu- Les villes du futur doivent s’imposer une
rant, et génère 500 000 plus grande autonomie de fonctionne- 7. La qualité des espaces publics et
tonnes d’eaux usées, la distribution des équipements col-
ment, une gestion plus responsable de
2000 tonnes de déchets
solides et 950 tonnes leurs espaces, de leurs réseaux, de leurs lectifs expriment symboliquement
de polluants atmosphé- patrimoines et des flux de matière et le lien territorial à l’échelle des
riques par jour. d’énergie indispensables à leurs métabo- agglomérations : «Chaque lieu doit
lismes et à leurs développements. Elles devenir à la fois partie intégrante de
doivent mieux coordonner leur dévelop- l’agglomération et partie de la cen-
ment avec les territoires ruraux. tralité urbaine»
IRIS est l’acronyme d’un ambitieux «projet triangulaire» développé par les trois Hautes Ecoles lémaniques (UNIL, UNIGE, EPFL).
Le pôle de recherche et d’enseignement «Intégration, Régulation, et Innovations Sociales» est axé sur quatre objectifs princi-
paux visant la coordination et le renforcement des compétences actuelles : élaborer un regard croisé entre sciences humaines et
sciences du vivant ; analyser les problèmes d’intégration socioculturelle découlant des transformations de la société ; proposer
des régulations juridiques adaptées aux nouveaux défis collectifs ; penser de nouvelles stratégies de gestion dans les domaines
économique, social et politique.
Plus concrètement, le projet «Ecologie urbaine, gestion des ressources et gouvernance» vise à développer une offre d’enseigne-
ments de 3ème cycle et des recherches interdisciplinaires répondant aux problématiques soulevées par les interactions entre
le fonctionnement de la société, l’organisation de l’espace urbain, la qualité de l’environnement et les modes de gestion des
ressources par les acteurs. Parallèlement à la création de l’Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable le
projet proposera, dès octobre 2002, des enseignements permettant d’obtenir un Certificat de formation continue, un DEA, ou
encore un Master en «Gestion des ressources urbaines». Le projet «Ecologie» résulte d’une mise en réseau des compétences de
trois instituts universitaires (IGUL, IEPI, IDHEAP). L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et l’Université de Genève rejoindront
le projet dès le mois d’octobre 2002. • Ac
Rattaché à la Faculté des Lettres, mais Rattaché à la Faculté des Sciences L’Unité «politiques publiques et envi-
largement ouvert sur les autres Facultés sociales et politiques, l’Institut d’étu- ronnement» de l’IDHEAP développe
et Ecoles, l’Institut de Géographie avait des politiques et internationales (IEPI) en collaboration avec des chercheurs
«vocation» à jouer un rôle clé dans le est présent dans le projet «Ecologie suisses et étrangers, le concept de
cadre d’un projet interdisciplinaire consa- urbaine» à travers trois de ses collabo- «régimes institutionnels de ressources
cré à l’«écologie urbaine». Il appartient rateurs : Suzanne Stofer, Daniel Kue- naturelles» (RIRN dans le cadre de pro-
plus particulièrement aux enseignants- bler et Jean-Philippe Leresche. jets FNRS et de ses enseignements).
chercheurs de l’IGUL de contribuer à
répondre à la question de savoir dans Dans le cadre de ses activités de recher- Ce concept intègre les politiques publi-
quelle mesure, comment et à quel prix, la che et d’enseignement, l’équipe de ques d’exploitation et de protection
morphologie de l’habitat peut-être con- l’IEPI va traiter de différents enjeux des ressources naturelles ainsi que les
sidérée comme une ressource environ- de gouvernance urbaine (mise en droits de propriété réglant leur dis-
nementale, sociale et culturelle dans une œuvre de politiques urbaines, structu- position et leurs usages. Il opère une
perspective de durabilité. res d’agglomération, gestion des ser- conversion du regard permettant de
vices urbains, gestion des risques, du passer des seules politiques de l’envi-
En veillant à ne pas oublier les diffé- savoir et de l’information). ronnement vers des dispositifs intégrés
rents partenaires d’un débat qui s’ins- de gestion des ressources naturelles
crit dans une perspective systémique où Autrement dit, elle va s’intéresser tout nécessaires pour réguler les demandes
les questions matérielles de forme et de à la fois aux conditions politiques dans multiples en biens et en services déri-
structure morphologique et fonction- lesquelles se font les politiques urbai- vés de ces ressources et de relever ainsi
nelle de la vie économique et sociale nes et à l’évaluation des politiques de le défi de la durabilité.
sont inséparables du socio-affectif et développement urbain durable. Ces
de l’immatériel, des questions de sen- deux approches devraient ensuite per- Dans le cadre du RER IRIS seront notam-
sibilité, de sens et d’intention, telles mettre aux décideurs urbains de défi- ment traitées les ressources physiques
quelles sont vécues au quotidien par nir les conditions politiques nécessaires en milieu urbain (eau, sol, air, paysage,
les populations urbaines. • Jbr au développement durable. • Jpl patrimoine bâti). • Kn, Na
Vers une mobi- Après le relatif échec de l’exploitation intéressée par l’offre en transport public
lité durable ? de la «City Car» à Martigny, la Ville de conventionnelle.
Genève envisage de tester, entre 2003 et
2005, 60 voitures fonctionnant à l’éner- Avancée vers une mobilité durable ou
gie électrique (PICObus) permettant le génération d’une mobilité supplémen-
transport de personnes et de marchan- taire ? Economie d’énergie ou dépense
dises. Cette offre de transport individuel/ d’investissement exagérée ? Effet d’image
public, qui nécessitera des investisse- ou expérience généralisable ? La réalisa-
ments d’un million de francs, s’adresse à tion du projet répondra sûrement à ces
une nouvelle clientèle actuellement peu interrogations. • Gp
Bâtiments Le groupe Archigram avait imaginé des bilité et la réversibilité des aménage-
agglomérations se faisant et se défaisant ments, la mobilité des emplois et des
éphémères (à habitants, le recours à des financements
à volonté par regroupements et disper-
durée limitée) sion d’éléments mobiles, à base de struc- innovants, etc., n’est pas forcément en
et développe- tures démontables ou gonflables. C’est contradiction avec les principes du déve-
ce qu’ils appelaient la Dissolving City. Le loppement durable.
ment durable
jetable ou le remplaçable peuvent-ils être
durables ? La construction de bâtiments à Un habitat durable doit être aussi un
durée limitée, modulaires, permettant le habitat appropriable… là aussi il faut
renouvellement du paysage bâti, la flexi- dématérialiser… • Ac
Les vêtements Le e-textile du XXIe siècle va fonctionner photo de famille, annonce publicitaire,
non seulement comme une seconde peau oeuvre d’art, préférence politique ou avis
intelligents à la population.
intelligente, propice à diverses applica-
des citadins tions pour le confort et la santé, mais
branchés aussi comme un tableau d’affichage. Les On imagine les rues des villes parcou-
chercheurs de France Télécom ont déve- rues par autant de messages assumés -
loppé le premier «Vêtement communi- gratuitement? - par des porteurs qui les
cant», un blouson doté d’un écran souple transmettront sans plus avoir à parler, à
tissé, comme il convient, en fibres optiques. expliquer, à s’engager. S’ouvrira l’ère de
On pourra donc afficher sans complexe la communication ... tacite. • Yj