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No 1.

Février 2002

Observatoire
universitaire de la Ville et
du Développement durable

DOSSIER :
DEVELOPPEMENT URBAIN
DURABLE

VUES SUR LA VILLE, s’adresse aux chercheurs et étudiants bien sûr, mais
Sommaire aussi et surtout aux professionnels de l’urbanisme et de l’aménagement
du territoire, aux élus, aux multiples acteurs de la ville, enfin aux citoyens
EN VUE curieux de mieux comprendre le monde urbain dans lequel ils vivent.

Qu'est-ce que Notre époque est marquée par la volonté de gérer les multiples interdépendances qui
l'Observatoire ? 2 relient la matière, le vivant et le sens. Inventions humaines, les villes constituent des
miroirs de nos sociétés. Leur «métabolisme», leur organisation, leur dynamique, les
instruments de leur gestion, les acteurs de leurs transformations et leur gouvernance
DOSSIER sont des thèmes d’une brûlante actualité. Les problèmes urbains imposent la
recherche de politiques intégrées pour répondre aux problèmes sociaux, politiques,
Développement économiques et environnementaux.
urbain durable 3
L’avenir des villes se joue dans les décisions de ses nombreux acteurs. Qu’ils
interviennent à l’échelon d’une entreprise, d’une association, d’un service administratif,
BONNES d’une commune ou d’une agglomération, tous ont besoin d’une information sur les
villes, qui soit interprétée, mise à jour, prospective et si possible comparable.
PRATIQUES 6
L’Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable constituera
un outil de recueil, d’analyse, mais aussi de valorisation de ces informations. Une
REFERENCES vingtaine de chercheurs réunis dans un Réseau d’Enseignement et de Recherche
IRIS 7 (Ecologie urbaine, gestion des ressources et gouvernance) créé dans le cadre du
projet triangulaire IRIS produiront, trimestriellement, des réflexions de fond et des
informations récentes et originales organisées dans une perspective commune : la
PRE-VUES 8 durabilité. Dans la diversité de leurs cultures scientifiques et de leurs approches,
les chercheurs des trois instituts (IGUL, IDHEAP, IEPI) apporteront leurs multiples
compétences à la réflexion collective sur la ville, villes dans lesquelles vivent les trois
quarts de la population suisse et déjà plus de la moitié de la population mondiale.

Vues sur la ville 1


en vue
L’Observatoire universitaire de la
Ville et du Développement durable

Lieux de mémoire et de culture, ressources affectées à son fonction-


les villes constituent des champs nement et doit s’appuyer sur un
sociaux chargés d’histoire. Elles réseau de partenariats à construire.
sont aussi des écosystèmes arti- Mémoire active de la ville, il doit être
ficiels qui vivent et qui font un outil de suivi et d’aide à la déci-
vivre leurs habitants par un sion dans une visée prospective. Les
ensemble d’activités qui trans- principes de travail de l’Observatoire
forment en permanence l’envi- sont la transparence, l’interdiscipli-
ronnement. Indispensables au narité et l’anticipation.
métabolisme urbain, les flux éco-
nomiques modifient les cadres L’IGUL, l’IEPI et l’IDHEAP sont des par-
de vie urbains et les territoires tenaires institutionnels de l’Observa- IGUL :
environnants dans toutes leurs toire. Lieu de coopération scientifique Institut de Géographie de
l’Université de Lausanne
composantes, humaines et physi- interdisciplinaire et interuniversitaire,
ques. l’Observatoire a également comme IEPI :
ambition de constituer une interface Institut d’Etudes Politi-
Espaces de vie d’une grande majo- informelle d’échanges avec les acteurs ques et Internationales
rité de la population, les villes sont de la ville pouvant alimenter le débat
au coeur d’un ensemble de chan- public sur les enjeux et les politiques IDHEAP :
Institut de Hautes Etudes
gements tantôt bénéfiques, tantôt de développement urbain durable.
en Administration Publi-
menaçants. Elles doivent nécessaire- que
ment produire de l’innovation pour
trouver des solutions aux problèmes Objectifs
inédits qu’elles rencontrent - en leur
sein, comme dans leurs relations aux 1. Promouvoir l’activité de recherche
territoires périphériques. dans le domaine du développe-
ment urbain durable.
L’Observatoire universitaire de la Ville
et du Développement durable est un 2. Créer un inventaire des «bonnes
outil de connaissance des mécanis- pratiques» : élaborer et gérer une
mes–clés du développement de la ville base d’information relative aux
et d’analyse des réalités urbaines dans expériences urbaines innovatrices
leurs dimensions sociales, économi- (sociales, culturelles, économiques,
ques et écologiques. Issu du projet environnementales, etc.) en matière «On a souvent comparé
Ecologie d’IRIS (Intégration, Régula- de développement durable. la ville à une symphonie
tion, Innovations sociales) et rattaché ou à un poème, et la
comparaison semble aller
à l’Institut de Géographie de l’Univer- 3. Élaborer une base de données urbai- de soi. Il s’agit effec-
sité de Lausanne, il a pour mission nes : les bases de données informa- tivement de réalités de
première d’alimenter l’enseignement tiques constituent un premier outil même nature. (La ville)
de 3ème cycle et de soutenir les indispensable pour rassembler et est à la fois un objet
recherches menées dans le cadre du mettre à jour un nombre important naturel et un objet de
projet «Ecologie urbaine, gestion des de données, les traiter statistique- culture ; quelque chose
ressources et gouvernance». La ges- de vécu et quelque chose
ment et graphiquement, les carto-
de rêvé. C’est l’invention
tion des ressources urbaines et la mise graphier, élaborer des indicateurs humaine par excellence»
en œuvre de politiques de développe- de développement urbain durable.
ment durable supposent une bonne C. Lévi-Strauss
connaissance des dynamiques et des 4. Mettre en œuvre un système d’in-
structures des villes et des aggloméra- formation géographique (SIG) à
tions. Les villes sont naturellement des l’échelle des agglomérations et
milieux favorisant l’innovation écono- villes suisses. Le SIG a deux fonc-
mique, l’innovation en matière de ges- tions principales : intégrer et mettre
Illustration : tion des diversités et des différences à jour des informations géocodées
Quête amoureuse et itiné- socio-culturelles comme en matière de sur la ville, donner accès à ces infor-
raire initiatique, le ‘Songe production de l’habitat, en matière de mations aux utilisateurs autorisés.
de Poliphile’, de F. Colonna gouvernance enfin.
(1499), contient le dessin 5. Développer des activités de service
d’une ville idéale, l’île L’Observatoire est une structure orga- à la Cité : répondre à des deman-
de Cythérée, organisée en
cercles concentriques,
nisée de recueil et de traitement d’in- des ponctuelles, réaliser des études
représentative des idéaux formations sur la ville qui se fixe approfondies sur la ville et son
de la Renaissance. ses propres objectifs, possède des évolution.

2 Vues sur la ville


dossier

DÉVELOPPEMENT URBAIN DURABLE


L’histoire récente de la recherche et ble des tendances à l’œuvre. Un nouveau
de l’action dans le domaine du déve- régime d’urbanisation se met progressi-
loppement durable doit pouvoir con- vement en place depuis une trentaine
vaincre les plus incrédules : la notion d’années (cf. figure).
livre une nouvelle clé de lecture
du territoire et de ses transforma- Il se caractérise par la transformation du
tions ouvrant de larges avenues à la rapport spatial entre le «noyau urbain»
réflexion scientifique et à l’expérimen- de l’agglomération et des zones subur-
tation sociale. Appelant le lien entre baines et périurbaines qui s’exprime par
recherche et action, la notion peut la formation d’espaces urbanisés de plus
s’appliquer aux différents niveaux en plus étalés, hétérogènes et fragmentés.
d’analyse, du global au local.
Champ social et pôle de création et
Appliquée à la ville, l’approche durabiliste d’échanges économiques et culturels, la
Développement dura- établit les fondements éthiques, les con- ville gère et génère à des échelles de plus
ble : le développement cepts opératoires et les politiques publiques en plus vastes des mouvements de per-
durable est une amé-
lioration des conditions permettant d’articuler le développement sonnes mais aussi des déplacements de
de vie des communau- socio-économique et l’aménagement spa- capitaux et des flux d’informations et
tés humaines qui res- tial des agglomérations avec une gestion de services. L’étalement des surfaces
pecte les limites de la
capacité de charge des
prudente de l’environnement. urbaines et leur fragmentation traduisent
écosystèmes. une recomposition des interdépendances
Réalité translocale et transgénérationnelle, entre résidents, pendulaires, activités et
Union internationale pour la
protection de la nature. la ville est au cœur de la recherche actuelle usagers à l’échelle des agglomérations.
sur les avenirs de substitution. Pour les
sociétés contemporaines, il n’est pas exa- La «nouvelle question urbaine» souligne
géré de dire, que la réalité urbaine est l’ambiguité des modalités actuelles du
devenue la «nature» elle-même. C’est développement des villes et la nécessité
indiscutablement dans les agglomérations de maîtriser les effets physiques (décon-
urbaines que se joue l’avenir économique, nexions spatiales, discontinuités, ruptures
social et écologique de la planète. de la qualité résidentielle), économiques
(spécialisations fonctionnelles, zonage),
Tendances : fragmentation sociaux (ségrégations résidentielles, replis
urbaine, étalement spatial et communautaires), environnementaux (pol-
environnement lutions, nuisances), mais aussi politiques
(dispersion et foisonnement des acteurs
On ne peut réguler efficacement le chan- de la gestion et de la régulation urbaine).
gement urbain sans un diagnostic préala-
ECOLOGIE URBAINE ET
Rapport spatial et évolution démographique
RÉGULATION DU JEU SOCIAL -
10 THÈSES
L’indicateur retenu est 1ère phase 2e phase 3e phase
la croissance démo-
graphique. Les proces- 1. La ville est une réalité transgé-
6.0
sus démographiques ont nérationnelle : lieu d’accumulations
une expression morpho- symboliques et matérielles, l’espace
logique et environne-
mentale et un contenu
urbain est un patrimoine collectif
Indice (1850=1.00)

économique, social et
culturel. Ils sont lisibles 4.0 Héritage des générations passées, res-
à l’échelle de l’ag- source des générations présentes, la ville
glomération par un élar-
gissement des taches Centres
est dans sa substance et dans ses qualités
urbaines des grandes (symboliques, culturelles, écologiques,…)
Villes isolées
agglomérations, par une le patrimoine commun des générations
forte différenciation des 2.0

«aires sociales» et par Couronnes


futures à l’égard desquelles nous con-
une dégradation environ- Hors réseau
tractons une dette de transmission.
nementale.
1850 1900 1950 2000

Vues sur la ville 3


dossier

2. La ville est une réalité translocale : 5. Une ville plus compacte peut favo-
l’ordre de la ville se traduit par le riser la durabilité : l’urbanisation
désordre de ses enveloppes spatiales extensive est inefficace du point de
vue de l’utilisation des ressources
Le fonctionnement de la ville a une inci- collectives
dence qui déborde le territoire qu’elle
occupe. La ville s’entretient par l’échange. L’étalement urbain gaspille du sol,
D’où l’existence d’un ensemble de rela- demande des investissements et l’entre-
tions et de réseaux entre la ville et l’espace tien d’infrastructures coûteuses pour le
environnant qui sont autant d’instruments contribuable, encourage l’utilisation des
pour capter, puiser, mais aussi pour cana- transports privés et augmente les émis-
liser d’importants flux de matière, d’éner- sions polluantes.
gie et d’information. Le développement
de la ville suscite l’hyperdensité des flux. Les nuisances des flux de transport
comptent pour une part importante de
Tributaire des régions avoisinantes pour plusieurs impacts sur l’environnement
son approvisionnement et l’évacuation de et la santé. Il devient de plus en plus
ses déchets, elle leur inflige ses propres urgent de construire la ville dans la ville
problèmes. Du point de vue de l’écologie (cf. figures p. 5).
urbaine, le fonctionnement actuel des
villes apparaît comme une réalité essen- 6. Ecourbanisme et développement
tiellement prédatrice. durable : l’organisation de l’espace
urbain est une variable d’harmoni-
3. Les villes sont des écosystèmes sation des objectifs économiques,
Empreinte artificiels imparfaits : la valorisation sociaux et écologiques du dévelop-
écologique : Cette du patrimoine et la maîtrise des flux pement durable
technique permet de
connaître la capacité
urbains est insuffisante
biophysique qui devrait On ne peut analyser l’incidence envi-
être mis en jeu pour Le fonctionnement actuel des villes ronnementale de la ville uniquement en
fournir les ressources fonction des paramètres d’éloignement
répond mal aux critères de durabilité.
consommées par les
villes et absorber les Les modes de produire et les styles de ou de proximité, de concentration ou
déchets qu’elles produi- consommation urbains ont une forte de dispersion. L’écourbanisme est une
sent. Plus l’empreinte empreinte écologique. gestion intégrée du système de centrali-
écologique est forte et
plus la ville s’éloigne de
tés urbaines, des réseaux de transports
son modèle de ville éco- Le métabolisme urbain est encore impar- collectifs et de l’utilisation des sols qui
logique idéale. fait et insuffisamment intégré. Les villes permet de répondre efficacement aux
actuelles ont un très «grand pied». Elles défis du développement durable.
importent trop de ressources et exportent
trop de déchets et de nuisances. Une ville des courtes distances est éco-
Métabolisme urbain :
Chaque ville d’un million nome en ressources. L’organisation con-
d’habitants consomme 4. Les villes ne sont pas durables, mais jointe des transports collectifs et des
en moyenne 625 000 elles peuvent contribuer à la durabilité affectations spatiales améliore le bilan
tonnes d’eau, 2000
tonnes de nourriture,
économique, social et environnemental.
9500 tonnes de carbu- Les villes du futur doivent s’imposer une
rant, et génère 500 000 plus grande autonomie de fonctionne- 7. La qualité des espaces publics et
tonnes d’eaux usées, la distribution des équipements col-
ment, une gestion plus responsable de
2000 tonnes de déchets
solides et 950 tonnes leurs espaces, de leurs réseaux, de leurs lectifs expriment symboliquement
de polluants atmosphé- patrimoines et des flux de matière et le lien territorial à l’échelle des
riques par jour. d’énergie indispensables à leurs métabo- agglomérations : «Chaque lieu doit
lismes et à leurs développements. Elles devenir à la fois partie intégrante de
doivent mieux coordonner leur dévelop- l’agglomération et partie de la cen-
ment avec les territoires ruraux. tralité urbaine»

4 Vues sur la ville


dossier

L’espace public est la signature de la tervention de l’action publique, en repre-


Quelques modèles de ville. Une priorité doit être attribuée à l’es- nant l’ensemble de ces enjeux et en
villes compactes : pace public pour permettre un développe- proposant une vision de l’avenir.
ment plus équitable de l’accès aux services
(sociaux, sanitaires, moyens de transports, En identifiant à travers le diagnostic les
etc.), atténuer les mauvaises conditions faits porteurs d’avenir, les évolutions lour-
d’habitat individuel et augmenter l’attrac- des et les dynamiques structurantes, le
tivité résidentielle de la ville. projet urbain favorise une représentation
des problèmes et des objectifs clés. Il
L’aménagement de l’espace public valo- permet l’élaboration d’une stratégie se
risera la qualité du cadre de vie, la mixité traduisant par une mise en forme d’un
des affectations indispensable à la pré- programme d’action.
sence de pôles de sociabilité et à l’émer-
Ville unipolaire
gence de l’urbanité. 10. L’action publique durable doit
passer par de nouveaux modes d’in-
8. Les villes doivent intégrer des prin- tervention, indispensable à l’exercice
cipes de gestion similaires à ceux qui d’un apprentissage collectif garant
régissent les systèmes naturels comme d’une bonne gouvernance urbaine.
la gestion intégrée des ressources.
Les principes et les différents enjeux du
La gestion de ce patrimoine, de ces res- développement durable doivent trouver
sources, nécessite une approche inté- leur concrétisation dans des politiques
grant à la fois les politiques publiques urbaines adéquates (principe de précau-
(existantes et futures), les droits de pro- tion, approche patrimoniale, flexibilité
priété et d’usage et leur distribution dans les systèmes appliqués,…).
Ville linéaire parmi les acteurs publics et privés.
La ville en tant que système de gouver-
Les méthodes de gestion actuelles ne per- nance peut et doit articuler de manière
mettent que rarement de concevoir et de adéquate des institutions politiques, des
maîtriser la complexité des liens qui exis- acteurs sociaux et des organisations pri-
tent entre les processus physiques, éco- vées dans le processus d’élaboration et de
nomiques et sociaux en milieu urbain. mise en œuvre des choix collectifs relatifs
Les méthodes écologiques et systémiques aux ressources urbaines. Dans cette visée
aident à démêler les problèmes comple- elle intégre de nouveaux modes d’inter-
xes de la gestion urbaine et orientent les vention tels que la concertation, la con-
choix et l’application des outils politiques tractualisation et la régulation.
Ville polycentrique particuliers. Cette gestion suppose une
approche intégrée en vue de fermer le C’est dans l’exercice de la citoyenneté
cycle des ressources, de l’énergie et des que se créent les conditions d’une légi-
déchets au sein des villes spécialement timation de l’action politique en faveur
Gouvernance : dans le en raison de la forte interaction qui existe d’un projet de développement urbain
contexte urbain, la gou- entre ces trois paramètres clés. durable. La ville durable se réalise dans un
vernance devient «un
apprentissage collectif, dans une gouver-
système de gouverne-
ment qui articule et 9. Le projet urbain est l’indispensa- nance permettant d’éviter des évolutions
associe des institutions ble outil de la réflexion propective irréversibles par un arbitrage démocrati-
politiques, des acteurs sur la ville que des choix collectifs. • Ac, Bb
sociaux et des organisa-
tions privées, dans des
processus d’élaboration L’ensemble des divers enjeux du dévelop-
et de mise en œuvre des pement urbain durable favorise l’émiet- Illustrations, citations :
choix collectifs capables
tement des actions et des décisions
de provoquer une adhé-
sion active des citadins» politiques, ce qui nuit à une bonne ASCHER F. (1995), Métapolis ou l’avenir des
gouvernance urbaine. Le projet urbain villes, Paris : O. Jacob
F. Ascher, 1995
constitue la première étape prospective FREY H. (1999), Designing the city. Towards a
indispensable des nouveaux modes d’in- more sustainable urban form, Londres : Spon

Vues sur la ville 5


bonnes pratiques

Le Pédibus : un transport en terrains plus éloignés sous le coup d’un


commun hors du commun zonage à faible densité. Ainsi, le centre,
où l’on est parvenu à réduire considé-
Le Pédibus est un système d’accompagne- rablement la congestion et le bruit est
ment à pied des écoliers par les parents redevenu le domaine des piétons.
sur le trajet de l’école. Le premier Pédibus
a démarré, voilà deux ans, dans le quar- Grâce à ces efforts, le réseau d’autobus
tier Sous-Gare à Lausanne. Gratuit, ce est fréquenté par plus de 1.3 millions
transport en commun ‘hors du commun’ de passagers par jour, la consommation
marche à l’énergie humaine. Il fonctionne d’essence est de 30 pour cent inférieure
selon les principes du ramassage scolaire à celles de huit villes brésiliennes compa-
avec ses conducteurs, ses lignes, ses arrêts rables et les niveaux de pollution de l’air
et ses horaires. Les enfants attendent le sont parmi les plus faibles du Brésil…
Pédibus aux points de ralliement convenus
pour cheminer avec lui, jusqu’à leur école. Une politique volontariste de
création de services et de déve-
Aujourd’hui, plus d’une centaine d’éco- loppement social
liers (classes enfantines, 1ère et 2e années
primaires) de quatre écoles lausannoises La municipalité de Saint-Jean-de-Braye,
empruntent quotidiennement la quin- ville nouvelle située dans l’agglomération
zaine de lignes que compte désormais d’Orléans (F), s’efforce depuis quelques
le Pédibus. La simplicité du fonctionne- années de créer de nouveaux emplois dans
ment (quatre conducteurs motivés suffi- le secteur des services tout en veillant à
sent pour ouvrir une ligne) et l’utilité du ne pas concurrencer les entreprises pri-
système incitent de nouvelles personnes à vées du secteur. Ces responsables ont créé
y participer. un «office service» : une sorte de guichet
de proximité qui fonctionne comme une
Ce service d’entraide offre de multiples interface entre les demandeurs de services
avantages : sécuriser le chemin de l’école, et les associations.
sensibiliser les élèves aux dangers du trafic,
proposer à ces derniers une activité physi- Grâce à une forte campagne de publi-
que – la marche – journalière, simplifier la cité de la mairie, les habitants de la ville
vie des parents (moins de déplacements), sont maintenant au courant de l’offre de
diminuer la circulation autour des collèges services d’un grand nombre d’associa-
et donc réduire risque et pollution. tions locales.

Une politique d’intégration de la L’office en simplifie l’accès en propo-


planification du transport et de sant un seul numéro de téléphone qui
l’aménagement du territoire permet de demander le service dont on
a besoin. La mise en place de ce vérita-
L’équipe municipale de Curitiba a déve- ble syndicat d’initiatives des services de
loppé un projet consistant à canaliser l’ex- proximité a permis de multiplier par deux
pansion physique de la ville à partir du l’activité et donc les ressources financiè-
centre, sur cinq axes ou corridors linéai- res des associations pourvoyeuses d’em-
res ; chaque axe étant bâti autour d’une plois en la matière.
artère structurée, dotée de voies réser-
vées aux autobus express, de voies exclu- L’office est aussi devenu un véritable
sives pour la circulation locale, et de voies observatoire des services de proximité
rapides pour la circulation fluide des voi- permettant d’une part d’identifier quan-
tures qui entrent dans la ville ou qui en titativement et qualitativement les con-
sortent. Parallèlement, les lois du zonage sommateurs de ces services et d’autre
ont encouragé un développement com- part d’établir des possibilités de création
mercial à forte densité le long de ces corri- d’emplois liés à l’extension de ce service
dors de transport, tout en maintenant les à l’échelle de l’agglomération. • Bb

6 Vues sur la ville


références
IRIS : Intégration, Régulation, Innovations Sociales
Le projet «Ecologie urbaine, gestion des ressources et gouvernance» a pour but d’étudier de manière critique et
prospective, dans une perspective de développement durable, les écosystèmes urbains, les régimes institutionnels et
les modalités de gouvernance des ressources urbaines. C’est un des dix projets élaborés et financés dans le cadre du
programme IRIS.

IRIS est l’acronyme d’un ambitieux «projet triangulaire» développé par les trois Hautes Ecoles lémaniques (UNIL, UNIGE, EPFL).
Le pôle de recherche et d’enseignement «Intégration, Régulation, et Innovations Sociales» est axé sur quatre objectifs princi-
paux visant la coordination et le renforcement des compétences actuelles : élaborer un regard croisé entre sciences humaines et
sciences du vivant ; analyser les problèmes d’intégration socioculturelle découlant des transformations de la société ; proposer
des régulations juridiques adaptées aux nouveaux défis collectifs ; penser de nouvelles stratégies de gestion dans les domaines
économique, social et politique.

Plus concrètement, le projet «Ecologie urbaine, gestion des ressources et gouvernance» vise à développer une offre d’enseigne-
ments de 3ème cycle et des recherches interdisciplinaires répondant aux problématiques soulevées par les interactions entre
le fonctionnement de la société, l’organisation de l’espace urbain, la qualité de l’environnement et les modes de gestion des
ressources par les acteurs. Parallèlement à la création de l’Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable le
projet proposera, dès octobre 2002, des enseignements permettant d’obtenir un Certificat de formation continue, un DEA, ou
encore un Master en «Gestion des ressources urbaines». Le projet «Ecologie» résulte d’une mise en réseau des compétences de
trois instituts universitaires (IGUL, IEPI, IDHEAP). L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et l’Université de Genève rejoindront
le projet dès le mois d’octobre 2002. • Ac

IGUL IEPI IDHEAP

Rattaché à la Faculté des Lettres, mais Rattaché à la Faculté des Sciences L’Unité «politiques publiques et envi-
largement ouvert sur les autres Facultés sociales et politiques, l’Institut d’étu- ronnement» de l’IDHEAP développe
et Ecoles, l’Institut de Géographie avait des politiques et internationales (IEPI) en collaboration avec des chercheurs
«vocation» à jouer un rôle clé dans le est présent dans le projet «Ecologie suisses et étrangers, le concept de
cadre d’un projet interdisciplinaire consa- urbaine» à travers trois de ses collabo- «régimes institutionnels de ressources
cré à l’«écologie urbaine». Il appartient rateurs : Suzanne Stofer, Daniel Kue- naturelles» (RIRN dans le cadre de pro-
plus particulièrement aux enseignants- bler et Jean-Philippe Leresche. jets FNRS et de ses enseignements).
chercheurs de l’IGUL de contribuer à
répondre à la question de savoir dans Dans le cadre de ses activités de recher- Ce concept intègre les politiques publi-
quelle mesure, comment et à quel prix, la che et d’enseignement, l’équipe de ques d’exploitation et de protection
morphologie de l’habitat peut-être con- l’IEPI va traiter de différents enjeux des ressources naturelles ainsi que les
sidérée comme une ressource environ- de gouvernance urbaine (mise en droits de propriété réglant leur dis-
nementale, sociale et culturelle dans une œuvre de politiques urbaines, structu- position et leurs usages. Il opère une
perspective de durabilité. res d’agglomération, gestion des ser- conversion du regard permettant de
vices urbains, gestion des risques, du passer des seules politiques de l’envi-
En veillant à ne pas oublier les diffé- savoir et de l’information). ronnement vers des dispositifs intégrés
rents partenaires d’un débat qui s’ins- de gestion des ressources naturelles
crit dans une perspective systémique où Autrement dit, elle va s’intéresser tout nécessaires pour réguler les demandes
les questions matérielles de forme et de à la fois aux conditions politiques dans multiples en biens et en services déri-
structure morphologique et fonction- lesquelles se font les politiques urbai- vés de ces ressources et de relever ainsi
nelle de la vie économique et sociale nes et à l’évaluation des politiques de le défi de la durabilité.
sont inséparables du socio-affectif et développement urbain durable. Ces
de l’immatériel, des questions de sen- deux approches devraient ensuite per- Dans le cadre du RER IRIS seront notam-
sibilité, de sens et d’intention, telles mettre aux décideurs urbains de défi- ment traitées les ressources physiques
quelles sont vécues au quotidien par nir les conditions politiques nécessaires en milieu urbain (eau, sol, air, paysage,
les populations urbaines. • Jbr au développement durable. • Jpl patrimoine bâti). • Kn, Na

Vues sur la ville 7


pré-vues

Vers une mobi- Après le relatif échec de l’exploitation intéressée par l’offre en transport public
lité durable ? de la «City Car» à Martigny, la Ville de conventionnelle.
Genève envisage de tester, entre 2003 et
2005, 60 voitures fonctionnant à l’éner- Avancée vers une mobilité durable ou
gie électrique (PICObus) permettant le génération d’une mobilité supplémen-
transport de personnes et de marchan- taire ? Economie d’énergie ou dépense
dises. Cette offre de transport individuel/ d’investissement exagérée ? Effet d’image
public, qui nécessitera des investisse- ou expérience généralisable ? La réalisa-
ments d’un million de francs, s’adresse à tion du projet répondra sûrement à ces
une nouvelle clientèle actuellement peu interrogations. • Gp

Bâtiments Le groupe Archigram avait imaginé des bilité et la réversibilité des aménage-
agglomérations se faisant et se défaisant ments, la mobilité des emplois et des
éphémères (à habitants, le recours à des financements
à volonté par regroupements et disper-
durée limitée) sion d’éléments mobiles, à base de struc- innovants, etc., n’est pas forcément en
et développe- tures démontables ou gonflables. C’est contradiction avec les principes du déve-
ce qu’ils appelaient la Dissolving City. Le loppement durable.
ment durable
jetable ou le remplaçable peuvent-ils être
durables ? La construction de bâtiments à Un habitat durable doit être aussi un
durée limitée, modulaires, permettant le habitat appropriable… là aussi il faut
renouvellement du paysage bâti, la flexi- dématérialiser… • Ac

Flexibilité et La précarisation de l’emploi frappera la société et la démocratie locale des ser-


toujours plus les managers aussi, nous vices qu’ils pourraient lui rendre grâce à
Nomadisme leurs connaissances et à leur niveau de
rappelle Richard Sennett, professeur de
haut de sociologie à la London School of Eco- formation.
gamme : nomics. Non sans effets sur la ville : en
continuels déplacements d’une métropole Capitalisme néo-libéral, flexibilisation du
effets sur travail et mobilité géographique croissante
d’affaires à l’autre, les cadres supérieurs
la ville des multinationales perdent toute attache favorisent le développement d’un système
avec la ville où ils se trouvent momenta- de relations toujours plus superficielles et
nément domiciliés, privant du même coup distantes à la vie de la cité. • Yj

Les vêtements Le e-textile du XXIe siècle va fonctionner photo de famille, annonce publicitaire,
non seulement comme une seconde peau oeuvre d’art, préférence politique ou avis
intelligents à la population.
intelligente, propice à diverses applica-
des citadins tions pour le confort et la santé, mais
branchés aussi comme un tableau d’affichage. Les On imagine les rues des villes parcou-
chercheurs de France Télécom ont déve- rues par autant de messages assumés -
loppé le premier «Vêtement communi- gratuitement? - par des porteurs qui les
cant», un blouson doté d’un écran souple transmettront sans plus avoir à parler, à
tissé, comme il convient, en fibres optiques. expliquer, à s’engager. S’ouvrira l’ère de
On pourra donc afficher sans complexe la communication ... tacite. • Yj

Editeur : IRIS-Ecologie, IDHEAP/IEPI/IGUL Téléphone : 021/692 30 70


Rédaction : Béatrice Bochet (Bb), Micheline Cosinschi (Mcm), Antonio Cunha Fax : 021/692 30 75
(Ac), Yvette Jaggi (Yj), Peter Knoepfel (Pk), Jean-Philippe Leresche (Jpl), Chris-
tophe Mager (Cm), Stéphane Nahrath (Na), Giuseppe Pini (Gp), Jean-Bernard Courriel : Marcia.Curchod@igul.unil.ch
Racine (Jbr)
Impression : Institut de Géographie, Université de Lausanne Tirage: 1’000 ex.

Toute correspondance est à adresser à L’Observatoire universitaire de la Ville et


du Développement durable, Institut de Géographie, Université de Lausanne,
1015 Lausanne

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