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Le monde de demain se dessine dans les villes.

Face à la pression démographique, leur


développement équilibré sera, coûte que coûte,
placé au cœur des politiques publiques. De la
qualité et de l’intensité des réponses aux
demandes croissantes en infrastructures, en
services essentiels comme en participation
citoyenne, dépendra la capacité des villes à
constituer l’atout capital dans les dynamiques
sociétales, plutôt que de cristalliser les
frustrations nées d’inégalités sociales
grandissantes.
Les États et comme les collectivités ont mis
longtemps à anticiper ces besoins, mais
Lexique de la ville désormais, même si les efforts sont très inégaux,
les politiques de la ville s’installent et diverses
(70 mots et concepts pour activités s’épanouissent : conception et mise en
œuvre de plans d’orientation stratégique,
comprendre les défis de la ville en élaboration de politiques foncières, mise en place
devenir) de structures de concertation, budgets
participatifs, conception de normes de
constructions, plan sécurité climat, végétalisation
des espaces, valorisation des expressions
culturelles urbaines. Ces politiques et les appuis
correspondants ne sont pas exclusivement centrés
sur les métropoles, mais élargis à leur
agglomération et déclinées à l’échelle des villes
secondaires. Une tendance bien inspirée, sachant
que c’est en leur sein, qu’est attendue une grande
partie de la croissance urbaine dans les dix
prochaines années. Dans la majorité des cas, ces
politiques se formalisent autours de trois idées
que l’on retrouve exprimées dans les Objectifs de
développement durable (ODD n°11). D'abord,
maîtriser la croissance urbaine par des politiques
d'aménagement assises sur des prospectives
Pierre Jacquemot identifiant les tendances lourdes et évaluant les
Gret-Groupe Initiatives défis. Ensuite, poursuivre et amplifier
Mars 2016 l'équipement des infrastructures de transport et
de communication, des réseaux de fourniture
d’eau, d’assainissement et d'énergie, dans un
cadre qui favorise l’inclusion et la sécurisation,
notamment en matière d'accès au foncier. Enfin,
démultiplier à l'échelle de chacune des villes les
cadres de concertation entre les quatre acteurs
clés, les autorités publiques centrales, les
collectivités locales, les citoyens et les opérateurs
privés et associatifs
La ville en devenir est une affaire citoyenne.
L’objectif de ce lexique de 70 mots et concepts,
conçu dans le cadre d’une reflexion conduite par
le Groupe Initiatives (Traverses 45/2015-2016) est
précisément de faciliter l’« entrée en matière »
dans le riche et paradoxal monde de l’urbain.

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Adressage Agriculture périurbaine
Sans système de codification et de Notion englobant des activités agricoles
repérage, comment se retrouver dans une urbaines diverses qui vont de l’aquaculture à
ville ? Comment guider services de sécurité, l’élevage et de l’horticulture à
ambulances, pompiers, services postaux ? l’agroforesterie. Elle prend des formes
Comment localiser les pannes des réseaux multiples : jardins maraîchers dans le tissu
d’eau ou d’électricité́ ? Comment disposer même des villes; élevage de volailles, de
d’une fiscalité́ locale efficiente ? L’adressage moutons, de porcs ou de bœufs dans les
est l’opération qui permet de localiser une cours ; cultures de subsistance au bord des
parcelle ou une habitation, de définir son rues; production de plantes ornementales en
adresse à partir d’un système de cartes et de centre-ville...
panneaux mentionnant la numérotation ou la Tous les lieux sont investis : trottoirs,
dénomination des rues, des constructions et arrière-cours, jardins, fossés. À Kinshasa,
de divers « objets urbains ». Calcutta, Antananarivo ou Rio de Janeiro, les
Composante de la planification urbaine, vergers familiaux s’insinuent entre les
l’adressage est plus qu’une opération de immeubles. Au Caire, l’approvisionnement en
signalétique. Il est l’occasion de mener une lait des vingt millions d’habitants est assuré à
enquête systématique afin d’obtenir un 80 % par de petites exploitations situées à la
recueil utile d’informations urbaines et périphérie de la capitale. L’aquaculture quant
démographiques et de constituer un fichier à elle dépend de la présence d’étangs, de
d’informations assimilable à un recensement ruisseaux, d’estuaires, de lagons, tandis que
des constructions et des équipements, l’agroforesterie se pratique davantage quand
source d’informations urbaines. Il peut aussi il existe des ceintures vertes.
être l’occasion de créer une dynamique Cette agriculture à part entière est souvent
identitaire dans les quartiers autour du choix ignorée par les urbanistes et les élus locaux
du nom des rues ou des espaces publics. qui la considèrent comme dégradant l’image
« moderne » de la ville qu’ils promeuvent. Sa
Affermage situation foncière reste précaire: les terres
L’affermage, modalité du partenariat public- agricoles du périmètre urbain et périurbain
privé (PPP), étend une délégation de service sont d’abord perçues comme des réserves
public. Il confie à un opérateur privé foncières pour l’expansion de l’habitat ou des
moyennant un loyer qu’il paie à l’Etat infrastructures.
l’intégralité de l’exploitation et de la Pourtant ses productions jouent un rôle
maintenance des installations pour une durée important dans l’approvisionnement des
donnée. Il assume le risque commercial grandes capitales sud-américaines et
afférent en se rémunérant sur la tarification africaines. Par exemple, le programme
aux usagers. La rentabilité de l’affermage Prohuerta en Argentine a permis à des
dépend de sa capacité à réduire les coûts, tout milliers de ménages pauvres d’accéder à de
en respectant les critères de qualité stipulés petits lopins pour leur propre consommation
dans le contrat d’affermage. L’opérateur a mais aussi avec la possibilité de
donc tout intérêt à améliorer son efficacité commercialiser leurs excédents.
opérationnelle. L’État conserve quant à lui la L’agriculture urbaine constitue le principal
responsabilité du financement et de la grenier agricole de plusieurs villes africaines
planification des investissements. L’affermage en dehors des céréales en assurant une part
trouve des applications dans la gestion de importante de leurs besoins en légumes et
nombreux services essentiels comme la autres produits agricoles. À Dar-es-Salam,
distribution de l’électricité et de l’eau potable, c’est 90 % de la demande en légumes qui est
l’assainissement, la collecte et le traitement assurée par l’agriculture urbaine. A Kampala
de déchets et même dans la fourniture de (Ouganda), c’est 70 % de la demande en
soins de santé (hôpitaux, dispensaires de viandes de volailles et œufs qui est satisfaite
premiers soins et campagnes de vaccination).

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par l’agriculture de la ville. À Dakar, cette l’aménagement urbain. Les mesures
activité assure à hauteur des trois quarts de empruntent aux règles prescriptives de
la demande en légumes et sa composante lotissement, aux mesures fiscales incitatives,
avicole représente un tiers de la production aux subventions ciblées.
nationale. La même tendance est observée Si les finalités économiques ont dans le
dans la majorité des villes d’Afrique passé été dominantes, deux autres
subsaharienne. préoccupations sont désormais prises en
La proximité du marché est une considération en matière d’aménagement
opportunité qui incite à l’innovation. Cultures urbain:
intensives, les niveaux de productivité y sont  La préoccupation sociale concerne le
toujours plus élevés que dans les campagnes. bien-être de la population, l’organisation et
Le phénomène n’est pas limité aux pays du la qualité des équipements et des services,
Sud. À Montréal, New York ou à Detroit, publics essentiels.
l’agriculture se développe avec des jardins  La préoccupation écologique porte
partagés entre voisins installés sur les toits, l’accent sur les écosystèmes urbains fragiles
les balcons, ou dans les interstices urbains exposés à des déséquilibres irréversibles
pour créer la ville verte. ainsi qu’à des pollutions multiples.

Aménagement urbain Artificialisation foncière


Art de bâtir pour les générations futures. Entre 2000 et 2030, la surface urbaine
L’aménagement urbain désigne à la fois mondiale triplera, passant de 400 000 km² à
l’ensemble des mesures d’ordre 1,2 million de km². L’artificialisation est liée à
architectural, esthétique, culturel et cet étalement urbain. Une surface est
économique ayant pour but d’assurer le artificialisée quand elle passe d’un état
développement harmonieux et rationnel des naturel, comme une prairie, une terre
agglomérations urbaines. Il est un processus agricole, une forêt, une réserve naturelle ou
éminemment politique, tant dans son une friche, à un état plus artificiel, construits
contenu que dans son mode d’élaboration et ou revêtus. Les surfaces artificialisées
de pilotage. Il suppose une organisation et incluent les zones urbanisées, les zones
une méthodologie. industrielles et commerciales, les réseaux de
De plus en plus, les urbanistes réfléchissent transport, les mines, carrières, décharges et
sur la ville durable, fertile, résiliente et chantiers, ainsi que les espaces de loisir
intelligente (smart city), repose sur une (espaces verts urbains, équipements sportifs
gouvernance responsable des ressources et et culturels). Elles peuvent se situer à la
des infrastructures communicantes et périphérie de villes de moindre importance à
respectueuses de l’environnement et qui proximité des dessertes du réseau
recherche une qualité de vie élevée (confort d’infrastructures, ou encore en pleine
urbain, aménités, transport, habitat, accès à campagne (phénomène d’urbanisme diffus).
la santé, à l’éducation, à la culture), à côté En France on estime qu’en moyenne
d’un travail décent et d’une vie sociale riche. 165 hectares de milieux naturels et de
Liées à l'évolution du cadre de vie de surfaces agricoles utiles sont détruits chaque
chaque société concernée, les questions jour, remplacés par des habitations, des
d'aménagement des villes portent sur des zones d'activité ou des routes (INSEE, 2016).
aspects complexes et interdépendants : Les conséquences environnementales qui en
transports et mobilité des personnes, résultent sont importantes.
assainissement, demande de logements et L’imperméabilisation des sols compromet
d’espaces de loisirs, préservation des sites et définitivement leur utilisation à des fins de
du patrimoine bâti, accueil d’entreprises et production alimentaire. Elle favorise le
reconversion d’anciens sites, lutte contre les ruissellement de l’eau le long des pentes au
pollution sonores et physiques… La détriment de son infiltration ; elle provoque
coordination des multiples intérêts en l’érosion des sols, les coulées d’eau boueuse
présence est la principale mission de

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et le risque d’inondation. La concentration du préoccupations des élus locaux. Il est souvent
ruissellement intensifie le transfert de perçu comme un domaine technique, alors
sédiments chargés de contaminants des sols que dans la pratique, il fait appel de
vers les cours d’eau (engrais azotés ou nombreuses ressources, techniques et
phosphatés, hydrocarbures, produits financières, mais aussi de communication
phytosanitaires). Enfin, elle fragmente les (sensibilisation à l’hygiène) et d’organisation.
habitats naturels, les écosystèmes et les
paysages, affectant durablement la Bas de la pyramide
biodiversité. Le concept BoP (Bottom of the Pyramid) a
été forgé par Coimbatore K. Prahalad et Stuart
Assainissement L. Hart (2004). Il désigne la plus importante
Environ 2,5 milliards de personnes – dont frange de la population mondiale : la plus
les deux tiers habitent en Asie et un quart en pauvre, n’ayant pas d’accès aux services et
Afrique subsaharienne – n’utilisaient pas en biens proposés par le marché, du fait
2015 d’installations d’assainissement notamment de la faiblesse de ses revenus. Ces
améliorées (Unicef-OMS, 2016). Bien que quatre milliards de personnes n’étant pas en
cette pratique ait régressé dans toutes les mesure de satisfaire leurs besoins essentiels
régions, un milliard de personnes, dont 80% constituent à la fois un « marché », à condition
vivent dans 10 pays, déféquaient encore à de fournir une offre adaptée, mais aussi un
l’air libre. Un problème qui a de graves vivier potentiel d’entrepreneurs, acteurs de
répercussions sanitaires : chaque année dans leur développement. Les stratégies et des
le monde, deux millions d’enfants de moins modèles dits « inclusifs » réactivent le mythe
de cinq ans décèdent de diarrhée causée du xixe siècle de la réconciliation entre la
principalement par un manque logique capitaliste et l’équité sociale, en
d’assainissement et d’hygiène (J. Gabert, répondant aux besoins, auparavant non
Gret, 2012). Enfin, dernier constat, partout satisfaits car jugés peu rentables et seulement
dans le monde, les personnes aisées ont abordés par la philanthropie : par exemple
davantage accès que les pauvres à des l’accès à l’eau propre, à la santé, à la nutrition.
moyens d’assainissement. Ce sont donc les Le changement de paradigme consistant à
populations les plus pauvres qui sont les plus percevoir les pauvres comme des
exposées au « péril fécal » et aux risques consommateurs potentiels, offrirait des
sanitaires représentés par la prolifération des opportunités qui peuvent se révéler
ordures et des sacs plastiques qui économiquement pertinentes, en compensant
s’amoncellent dans des décharges sauvages la faiblesse des marges unitaires par des
constituant des abcès de fixation de diverses volumes potentiellement importants. De
contaminations. nombreux exemples de stratégies BoP
Selon le Programme des Nations unies pour impliquent une coalition entre acteurs privés
le développement (PNUD), un dollar investi classiques, société civile organisée et agences
dans l’assainissement rapporterait en de développement. La démarche requiert des
moyenne huit dollars en gains de modèles patients, prenant en considération le
productivité, du fait de la conjugaison de délai d’incubation indispensable à
plusieurs facteurs : l’accès à des installations l’innovation, la participation des bénéficiaires,
garantissant la séparation hygiénique des considérés comme des acteurs et non comme
excréments et des déchets de tout contact de simples consommateurs, et les contraintes
humain améliore les conditions de santé ; les liées à de tels projets, notamment leur
dépenses en médicaments se réduisent en rentabilité différée.
conséquence ; la protection des ressources Nonobstant les entraves liées au faible
en eau est augmentée, ce qui permet de pouvoir d’achat, des opérateurs sont parvenus
diminuer les coûts de sa potabilisation ; à développer des offres innovantes adaptées
l’estime de soi est rétablie ; les relations de au bas de la pyramide. La majorité des
voisinage sont meilleures. L’assainissement entreprises engagées dans les BoP privilégie
doit par conséquent être au centre des des démarches d’apprentissage, avec des

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projets pilotes perçus plutôt comme des en périphérie, appelés Slum, Kijiji ou
laboratoires. Cette démarche Korogocho. Le plus grand est Kibera (qui vient
d’expérimentation est privilégiée car elle du nubien Kibra qui veut dire « vie sauvage »).
permet de limiter l’investissement de départ Il est un chaudron de misère en ébullition
et de vérifier l’intérêt économique de telles permanente, qui se retient d’exploser tant que
initiatives et de mesurer leur impact sur les l’entraide, la religion des sectes ou l’alcool, y
conditions de vie des populations concernées. jouent la fonction de régulateurs des tensions.
La stabilisation des modèles économiques Les services publics, inexistants ou
après la phase d’expérimentation, le rudimentaires, se limitent à des sentiers de
changement d’échelle ainsi que le fait de terre, de rares canalisations, des points d'eau
savoir si les projets BoP touchent collectifs dont la moitié sont inopérants et des
véritablement et dans la durée les populations fosses d'aisances que se partagent jusqu'à 60
qu’elles visent, sont les principaux axes personnes. Bien que divers dans leur forme,
d’interrogation à l’heure actuelle. les bidonvilles sont toujours caractérisés par
un accès insuffisant aux infrastructures de
Bidonville base, une qualité de logement insatisfaisante
L’expression péjorative de bidonville et un relatif « surpeuplement ».Le phénomène
employée la première fois à Tunis dans un est associé à la pauvreté des habitants, à leurs
article de 1931, est proche de celle de quartier conditions d’existence et à l’illégalité de
précaire. Dans un bidonville, les occupants l’occupation du sol et de la construction.
s’agglutinent avant que n’arrivent, ou pas, les N'apparaissant sur aucun plan d'urbanisme,
services de base (eau, assainissement, les habitants ne peuvent bénéficier des
électricité) ; dans la ville formelle le processus aménagements urbains tel que les réseaux
est inverse, les habitant s’y installent après la routiers, l’assainissement, l'adduction en eau,
mise en place des services de base. Un tiers l'électricité. De nombreux problèmes socio-
de la population urbaine dans le monde y économiques en résultent. Délinquance,
vivent. UN-Habitat estime à deux milliards ce criminalité, toxicomanie, maladie. Le taux de
que sera le nombre de bidonvillois dans le mortalité infantile est trois fois plus important
monde en 2030. Un bidonville se décrit par ses dans les bidonvilles que dans les autres
taudis, ses baraquements, ses habitations quartiers.
construites avec des branchages ou des L’État n’apparaît souvent que lorsqu’il
matériaux de récupération. Chaque pays s’agit de s’attaquer aux effets indésirables et
accorde un nom évocateur à ses quartiers faits menaçants de la trop grande « spontanéité»
de l’enchevêtrement de cabanons aux toits de urbaine ». Il use alors des outils de sa
tôle: Favelas (du nom de la plante Favela « violence légitime » : expropriations sans
Jatropha abondante dans ces quartiers) au compensation, destruction des baraquements
Brésil, Kampung (« nouveau village ») en et des commerces illégaux,
Indonésie, Gecekondu (mot à mot « il s’est « déguerpissements » des quartiers irréguliers,
posé cette nuit ») en Turquie, Gazra lutte contre les «encombrements humains»...
(littéralement « pris de force ») en Mauritanie, C’est l’urbanisme du bulldozer. Mais les
Achwaiy (« aléatoire ») et Ghîr amena (« situations évoluent, et il est devenu possible
dangereux ») en Égypte. Ces noms témoignent de conduire des opérations d’aménagement
du regard porté sur ces territoires et leurs urbain mieux réfléchies et prévoyant un
habitants, et du traitement souvent autoritaire accompagnement social. Lors de la création
dont ils ont fait l’objet de la part des États. A d’UN-Habitat en 1978, le mot d’ordre était de
Karachi, Orangi Town est le plus grand faire disparaître les bidonvilles en développant
bidonville d’Asie. A Nairobi, siège d’UN- des programmes de relogement. Vingt ans
Habitat, l’agence des Nations-unies pour plus tard, le plan d’action « Villes sans
l’habitat, près de 60 % de la population, soit bidonvilles » du fonds multi-bailleurs Cities
1,4 millions sur les 2,3 millions d'habitants que Alliances avait pour but d’empêcher la
compte la ville, vit dans des bidonvilles. Ils création de nouveaux quartiers précaires en
sont plus d’une centaine éparpillés en ville et soutenant les politiques publiques de

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logement social. A présent, la politique d'Afrique, d'Amérique latine et d'Amérique du
préconisée est celle des opérations de Nord. Plus de 3000 expériences ont été
requalification (slum upgrading), la répertoriées à travers le monde avec des
réhabilitation in situ, sans négliger par ailleurs modalités et des objectifs différents. En
de « fournir davantage de ressources pour la Afrique, les budgets participatifs sont apparus
construction de logements abordables. On est au début des années 2000. En 2015, on en
passé d’une injonction à la « résorption » des recensait près de 300, principalement au
bidonvilles vers une préférence pour Cameroun, à Madagascar, en RD Congo et au
l’amélioration sur place, (évolution Sénégal.
notamment perceptible lors du 7ème Forum Chaque ville construit sa manière de
Urbain Mondial à Medellin de 2014). procéder, mais on retrouve normalement
L’amélioration sur place, moins onéreuse et quatre principes qui circonscrivent la méthode
plus souple, peut s’adapter à la spécificité de : créer de nouvelles relations entre
chaque contexte. Son coût social est moindre municipalités et citoyens, réorienter les
par rapport à celui du déplacement des ressources publiques en direction des plus
populations : les liens sociaux et la proximité démunis, reconstruire le lien social, inventer
des lieux d’emploi et d’échanges sont une nouvelle culture démocratique. Le budget
maintenus. participatif accroît la transparence de la
gestion municipale. Cet avantage est essentiel
Bornes fontaines : les contribuables sont plus susceptibles de
Il s’agit de points d’eau reliés au réseau payer leurs impôts et d’accepter de nouvelles
public d’adduction, situés sur l’espace public formes d’imposition s’ils perçoivent les
et auprès desquels la population non bénéfices des dépenses publiques qui y sont
raccordée au réseau vient directement associées, et donc considèrent les impôts
s’approvisionner. Le gérant peut être un comme légitimes.
employé d’une société de distribution de Peuvent être installées des « journées de
l’eau. La gestion et l’entretien de la borne- dialogue » (Mali, Sénégal) au cours desquelles
fontaine peuvent aussi être confiées à un le maire consacre la journée à dialoguer avec
comité d’usagers qui signent un contrat de les citoyens. Via internet, il maintient le
délégation avec les pouvoirs publics. Tel est dialogue avec la diaspora. Parmi les effets
le cas par exemple des 50 « Komité dlo » à notables, on observe effectivement une
Port-au-Prince qui représentent environ 800 réallocation des dépenses en faveur de la lutte
000 bénéficiaires potentiels. Le service assuré contre la pauvreté, une augmentation des
par une borne-fontaine est le plus souvent recettes fiscales et une réduction de la
rémunéré par un tarif variable correspondant corruption due à la transparence des
calé sur la différence entre le prix payé à discussions budgétaires et à la surveillance
l’opérateur et le prix facturé au client, une plus active par la société civile des travaux
fraction étant gérée pour assurer la engagés par les municipalités. Un autre atout
maintenance de l’installation. souvent mis en lumière relève de
l'amélioration de l’information budgétaire,
Budget participatif dans une perspective d'éducation à la
En 1989, Porto Alegre, une ville d’un citoyenneté. A noter toutefois, que les
million d’habitants au sud du Brésil, s’est lancé processus participatifs se révèlent très
le défi d’un budget établi en associant volatils : beaucoup se perdent à la suite des
conjointement le gouvernement local et la alternances locales tandis que d’autres ne
population. Une autre expérience significative résistent pas aux premières difficultés
est celle de Chengdu, « ville des hibiscus » et rencontrées sur le terrain (M. B. Kanouté,
capitale de la province de Sichuan, dans le 2015).
centre ouest de la Chine. Par la suite, les
expériences de budget participatif se sont Cadastre
multipliées dans plusieurs pays d'Europe, Le système d’information foncière est basé
sur le cadastre. Il enregistre des droits, des

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interdictions, des servitudes et des natures (revendicatives, festives) et des
responsabilités relatifs à chaque espace et expériences associatives des usagers, des
des données sur leurs caractéristiques résidents, des voisins, des consommateurs,
physiques, leur mise en valeur et leur des citoyens. Elle est un habitus qui
délimitation. s’épanouit dans un espace public partagé,
L’absence de cadastre conduit souvent les pluraliste, où les projets, les argumentaires,
autorités locales à envisager, pour des les réquisitoires peuvent se construire et se
raisons de temps et de financement, la mise défaire, et où des collectifs divers peuvent
en place de « cadastres simplifiés ». L’objectif s’exprimer. La citoyenneté urbaine établie
est de matérialiser les droits existants et ainsi les appartenances communautaires et
faisant consensus à l’échelle locale, en les identités parcellaires des urbains au
préalable à une éventuelle réforme bénéfice de la constitution de personnes
législative du foncier. Dans la majorité des inscrites dans des sociabilités proches,
cas, une analyse socio-foncière des types de « celles de ceux qui veulent être reconnus,
droits existants est entreprise. Les être entendus en tant que sujets politiques,
organisations locales doivent la compléter et participer à la transformation des relations et
élaborer des listes de propriétaires de des représentations au sein de la société et
parcelles, en vue de la délivrance de titres qui médiatisent leur engagement pour
fonciers. Une codification simple et un obliger la sphère politique à bouger, à parer à
adressage permettent d’affecter à toutes les l’urgence ou à changer les choses » (J.
constructions et terrains un code. L’analyse Donzelot, 2009).
socio-foncière des types de droits existants L’idée de citoyenneté locale n’est pas
reste cependant embryonnaire dans ces universelle et la société civile n’est pas partout
«plans de cadastre à mi-chemin». Les constituée à des niveaux comparables. Si, en
organisations locales doivent la compléter et Amérique latine, de véritables expressions de
élaborer des listes de propriétaires de la société civile existent, permettant d’associer
parcelles, en vue de la délivrance de les populations aux processus de prise de
véritables titres fonciers. décision, sur le continent africain, ces
expressions relèvent plus de pratiques de
Citoyenneté urbaine contournement des régimes politiques
Dans l’analyse courante de la ville, le ton autocratiques ou prédateurs.
adopté est souvent celui de la dénonciation La gouvernance urbaine tente de canaliser
de ses méfaits, de ses inégalités, de ses cette citoyenneté dans des circuits balisés
« incivilités », de ses violences, de sa capacité par les pouvoirs publics. La représentation
à détruire les solidarités et le lien social par élue est supposée l’appuyer et elle y parvient
les sortilèges néfastes de son attraction souvent. On pense à des engagements
pernicieuse. La question urbaine est alors lue autour des enjeux de protection de
à travers le prisme de la « crise de la vie l’environnement, ou autour de questions
urbaine ». Puisque, de cette manière, « les sociales, comme l’insalubrité ou l’insécurité,
villes offrent l’image du chaos » comme ainsi qu’à tout un ensemble de pratiques
l’annonçait Le Corbusier, il convient d’y liées au champ de la gestion de services
mettre de l’ordre. La citoyenneté urbaine, collectifs. Les élus comme les pouvoirs
une expression polysémique que l’on publics sont souvent débordés ou
retrouve à la fois dans les discours militants contournés. La méfiance à l’égard des élus,
(droit à la ville) et dans les travaux et, par extension, des mécanismes de
scientifiques, serait la réponse. délégation démocratique, se nourrit de la
Cette citoyenneté ne saurait se mesurer complexification croissante des processus de
strictement par sa dimension juridique. Elle décision qui rend l’action publique moins
devrait plutôt être perçue comme un facilement perceptible que par le passé. Les
ensemble de pratiques, comme une fabrique citoyens qui s’organisent sur des questions à
urbaine à l’intersection des politiques propos desquelles les élus et les
publiques et des mobilisations de diverses représentants de l’Etat ne font pas preuve de

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transparence (information carencée, 4. Sécuriser l’accès à la terre des habitants
insuffisante ou peu lisible) tentent de avant que d’imposer systématiquement la
s’autonomiser dans des collectifs ad hoc pleine propriété individuelle.
visant l’efficacité et la négociation avec les
pouvoirs publics, ou ne cherchant pas Concession de service public
nécessairement de lien avec ces derniers. De Elle est l’opération par laquelle l’Etat confie
l’illisibilité à l’impuissance des pouvoirs la gestion d’une activité de service public qui
publics, il n’y aurait qu’un pas que les relève de ses prérogatives à un opérateur
citoyens n’hésiteraient pas à franchir, signant privé. Le concessionnaire (ou délégataire) tire
là l’inutilité d’une quelconque confiance ou une part substantielle de sa rémunération
intérêt pour leur action. La démocratie des redevances perçues sur les usagers
participative apporte la solution : les acceptant le risque d’exploitation qui en
décisions ne sont « citoyennes » que si elles résulte et qui dépend pour une large part de
résultent d’un processus d’information et de la solvabilité de ceux-ci. Le tarif du service est
délibération auquel tous les individus doivent fixé de manière à couvrir les coûts
pouvoir participer et au cours duquel les d’exploitation et l’amortissement des
volontés et les intérêts vont se former investissements réalisés par le
progressivement. La citoyenneté devient concessionnaire. Cette option qui peut
alors un service urbain essentiel que vient prendre différentes formes (affermage,
consolider l’accès aux moyens de l’économie contrat de service, contrat de gestion,
numérique (information, participation). location) présente le double avantage de
conserver la propriété publique sur une
Concertation urbaine activité dont l’État ne prend plus en charge le
Une bonne interaction multi-acteurs est un fonctionnement courant et de lui permettre
préalable à la gouvernance urbaine sans de percevoir un revenu fixe sous la forme
lequel aucune avancée en matière d’accès
aux services essentiels urbains n’est Concession BOT
envisageable. Les modalités de la BOT : Build-Operate-Transfer. Il s’agit d’une
concertation sont diverses. Quatre priorités formule de partenariat public- privé qui prend
sont en règle générale proposées pour la la forme d’un contrat de concession confiant à
prise en compte des préoccupations des l’opérateur privé le soin de concevoir,
habitants dans les plans contemporains construire et exploiter les installations d’un
d’urbanisme et de rénovation : service public. C’est alors l’État qui le
1. Connaître les dynamiques sociales dans rémunère pour la prestation (fourniture d’eau
les quartiers pour définir les groupes ou d’électricité, par exemple) à un tarif
d’habitants éligibles à un logement, à une couvrant les coûts de construction et
indemnisation en cas de déplacement lié à d’exploitation, augmenté d’un taux de
des opérations de rénovation urbaine. rendement raisonnable du capital investi. La
2. Impliquer les habitants dans les formule du BOT est pertinente quand
décisions, avec le souci d’éviter les conflits et d’importants investissements d’infrastructures
de circonscrire les pressions qui seraient sont nécessaires. Elle trouve des applications
exercées au seul profit des habitants les plus dans des domaines variés: transports,
influents. aéroports, production électrique (barrages,
3. Accompagner les habitants avant, usines de production électrique), entretien
pendant et après les opérations : les routier, etc. La concession est d’une longue
informer, organiser la concertation, les aider durée de manière à permettre à l’opérateur
à constituer des dossiers administratifs ou de recouvrer les coûts des investissements
financiers, accompagner les constructions, qu’il porte. Les installations construites par le
l’accès aux services et le développement partenaire privé deviennent propriété de l’État
économique. à l’expiration de la concession, soit
généralement après 25 à 30 ans.

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Cultures urbaines et socialement, ils s’y imposent des épreuves,
La ville est décrite tantôt comme ils y testent leurs limites. Les rues en
malsaine, dépravante, à l’origine de particulier apportent ces espaces intimes qui
nombreux maux, tantôt comme un lieu de abritent les activités de ces groupes sous des
mouvement où la vie sociale s’accélère, où formes conviviales, agressives ou artistiques.
l’esprit s’ouvre à l’autre, au monde… En On évoque les « culture de rue » pour
réalité, elle est un champ où se retrouve une caractériser l’ensemble des valeurs et des
population agrégée et hétéroclite dans un comportements qu’ils partagent dans
espace densifié, différencié et circonscrit ; l'espace public. La ville est donc un creuset
elle est un lieu de confrontation entre une culturel d’où sortent de nouvelles manières
sociabilité inédite faite d’acteurs d’origine de penser, de sentir et d’agir qui se déclinent
diverse et une matérialité plus ou moins concrètement à travers une multiplicité de
cristallisée dans des institutions et des groupes d’appartenance et de cultures
bâtiments. Des multiples formes urbaines.
d’interaction entre ces deux dimensions de
l’urbain naît la ville « vivante », en Déchet
mouvement, toujours en cours de La gestion des déchets et l’évacuation des
production, toujours susceptible de déborder eaux usées constituent des problèmes
les cadres urbains constitués et qui met en majeurs de la politique de la ville. Les
jeu trois niveaux: la citadinité, la civilité et la décharges spontanées (« dépotoirs ») restent
citoyenneté. « Toute ville, toute souvent le mode de stockage des déchets le
agglomération a eu et aura une réalité ou plus répandu dans les quartiers pauvres des
une dimension imaginaire dans laquelle se mégapoles du Sud malgré les dangers
résout sur un plan de rêves, le conflit qu’elles représentent pour la santé et
perpétuel entre la contrainte et l’environnement avec l’éparpillement des
l’appropriation » (H. Lefèvre, 1968, p.223). déchets par le vent, la présence de vermines
Le concept de cultures urbaines (employé et de polluants qui peuvent s’infiltrer dans les
au pluriel) recouvre l'ensemble des pratiques nappes phréatiques et les rivières.
culturelles, artistiques et sportives situées Les solutions sont connues : pré-collecte,
dans cette ville vivante. Elles sont présentes stockage intermédiaire, tri sélectif,
dans des activités variées : danse (hip-hop, compactage, enfin enfouissement dans des
street dance), street workout battle, musique décharges contrôlées et viabilisées. Pour le
(rap, slam), sport (roller, skate, basket de rue, traitement et le stockage la difficulté consiste
parkour, foot de rue,…), street art, graff, etc. à organiser des filières qui soient capables de
Elles associent une dimension émotionnelle à faire face de manière organisée et dans la
un mode de vie, accorde un rôle important durée au volume de plus en plus important
au groupe comme réponse à d’ordures produit par les villes. Cela suppose
l’impersonnalisation de la ville, et une place un engagement politique, une grande
centrale à la créativité dans ses capacité de gestion municipale et un système
manifestations concrètes. Détournements du de recouvrement des coûts des opérations
mobilier urbain, occupation de places, accepté par les bénéficiaires.
marquages de rues, ces pratiques La gestion des déchets connaît des
représentent une remise en cause des évolutions importantes. Les déchets
normes d’usages des espaces de circulation ménagers organiques, les boues d’épuration
et de stationnement et une transgression des et les déchets d’origine agricole
réglementations. Ces productions apportent, appartiennent à la biomasse et peuvent être
tant au plan symbolique que matériel, une utilisés soit comme fertilisants naturels, soit
diversité des regards et des manières d’être, pour alimenter des installations de
autant de production d’identités production de biogaz composé de méthane
recomposées. Les pratiquants apprennent à et de dioxyde de carbone, produit lors de la
sentir la ville, ils s’y frottent corporellement fermentation des déchets. Certaines
décharges sont équipées de systèmes

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d’extraction de ce gaz dans le but de raccordées au tout-à-l'égout. Les ménages
produire de l’électricité ou de la chaleur. sont alors équipés en toilettes avec des
Dans l’industrie agro-alimentaire les résidus fosses, régulièrement vidées par des
de matières animales et végétales qui vidangeurs manuels qui déposent ensuite
n’entrent pas dans la chaîne alimentaire ces boues de vidange au mieux dans un site
(chutes de découpes de carcasses, graisses de traitement ou souvent directement dans
animales, pelures de fruits et légumes) ne la nature. Ce type d’assainissement
sont plus considérés comme des déchets représente la solution pour plus de 90% de
mais comme des « coproduits » à valoriser. la population des pays en développement.
Ces filières sont souvent prises en charge par
le secteur informel, à l’instar des Zabbalins Déchets solides
(chiffonniers) à Ezbet Al-Nakhl au Caire. Ils Les déchets solides, qu'ils soient de métal,
font du porte-à-porte, quartier par quartier, de verre, de papier, de carton, de caoutchouc
et demande aux familles de trier les ordures ou en plastique, s’ils sont mal gérés, souillent
en séparant l’organique du non organique. Ils l’espace public. Les déchets d’équipement
sont capables de recycler près de 80% des électrique et électroniques (D3E)
déchets qu’ils collectent. Plus de trente mille augmentent trois fois plus vite que les
personnes en vivent. déchets ménagers. Maltraités, ils sont un
Le traitement des déchets industriels est véritable fléau. En ville, la gestion des
quant à lui beaucoup plus complexe. Certains déchets solides passe par plusieurs étapes,
peuvent être recyclés (papier, métaux, du tri et du stockage à la source, à la collecte,
emballages plastiques) et d’autres non. Les au transport par des camions à ordures et,
déchets toxiques impliquent une démarche enfin à l’élimination ou la transformation.
particulière. Les nuisances des sacs plastiques sont
connues : d’une durée de vie de l’ordre de
Déchets liquides 400 ans, ils obstruent les canalisations et
Au cœur des politiques de santé publique et sont des vecteurs de maladie. Leur ingestion
d’environnement, on distingue deux est une des causes de mortalité du bétail.
modalités de traitement des déchets La gestion des déchets peut relever de
liquides : l’informel. Née du dénuement autant que du
 L’assainissement collectif, dans lequel refus du gaspillage, la récup’, comme on
les ménages sont connectés à un réseau appelle cet artisanat ingénieux que l’on
d’égout (appelé familièrement le tout-à- retrouve partout sur le continent africain,
l’égout) qui transporte les eaux usées ressuscite en les transformant des produits
jusqu’à une station d’épuration. Le importés hors d’usage. La liste des « objets
processus utilise des procédés physico- mutants » est infinie, depuis les sandales en
chimiques visant, après prétraitement, à pneu, les jouets en fil de fer ou les valises en
éliminer par décantation une forte boîtes de conserve en passant par des objets
proportion de matière en suspension, puis du quotidien en métal ou en plastique, fondus
permet d’éliminer les matières polluantes ou remoulés, jusqu’aux petits souvenirs
avant de décanter l’eau pour se débarrasser destinés aux touristes parfois dans les plus
des boues organiques et neutraliser les virus loufoques tentatives d’adaptation aux besoins
et bactéries pathogènes. Dans la majorité occidentaux.
des cas, les communes sont responsables de La gestion des déchets relève aussi du
la mise en place, de l'entretien, du secteur formel. La prise en compte croissante
fonctionnement de l'ensemble de la filière. des impacts de la production excessive de
Si elles sont défectueuses, ces installations déchets conduit certaines entreprises et
constituent un risque pour la santé ou certaines communes à en minimiser la
l’environnement. quantité mise en décharge, en s’inspirant des
 L'assainissement dit non-collectif ou principes du recyclage et de l’économie
autonome est la règle dans les zones non- circulaire.

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Le système de la récupération oblige les présenter des résultats tangibles en matière
entreprises à internaliser le coût de services essentiels, d’emplois, de gestion
environnemental en assumant la de l’espace, les gouvernements locaux
responsabilité du traitement des emballages, doivent témoigner d’une responsabilité et
en les récupérant et les traitant, et ainsi elles d’une écoute accrues. La légitimité des
sont encouragées à mettre en place des décisions publiques s’en trouve renforcée. La
emballages moins coûteux et moins dimension politique de la décentralisation
polluants. Le système peut aussi s’avérer doit contribuer de façon décisive à la
positif pour le recyclage du verre et de réorganisation de la « gouvernance locale »,
l’aluminium des canettes. Le plastique en introduisant une sorte de relation
connaît aussi de nombreuses initiatives de contractuelle relativisant les rapports de
récupération et de retraitement vers une force et les logiques d’intérêt.
seconde vie. Les critiques à l’encontre de la
décentralisation ne manquent pas. Dans
Décentralisation certaines circonstances de faible préparation,
Dans l’approche institutionnelle courante, elle conduirait à l’extension de pratiques
la décentralisation est une modalité délétères (corruption, népotisme, abus de
d’aménagement des structures de pouvoir et pouvoir). L’obstacle le plus souvent invoqué
de l’administration dans lequel l’État est celui de la réduction de la cohésion
transfère tout ou partie des attributions qu’il nationale, de l’égoïsme spatial, et du risque
exerce au niveau central, ou bien par d’accentuation des écarts entre régions
l’intermédiaire de ses représentants riches et régions pauvres. Il est vrai que sans
territoriaux (préfets, gouverneurs), à des contrôle démocratique, elle peut exacerber
institutions distinctes de lui, les collectivités des comportements de capture de rente au
publiques. Ces institutions, dotées de la profit des seules unités spatiales dotées de
personnalité juridique et de l’autonomie ressources naturelles facilement exploitables.
financière exercent librement, sous la
surveillance de l’État qui reste garant de la Démocratie locale
légalité, le pouvoir de décision. La désignation des organes délibérants et
L’approche politique contemporaine (new exécutifs des collectivités locales par
localism) prend le « local » comme point l’élection démocratique est un élément
d’appui: la décentralisation n’est pas essentiel de la responsabilisation des
considérée comme une concession de l’Etat dirigeants des collectivités locales vis-à-vis
mais comme la manifestation d’un pouvoir des citoyens. Elle agit en faveur d’une
de plus en plus territorialisé conquis par les meilleure gouvernance et de la délivrance de
acteurs, une « revanche des meilleurs services aux populations. Elle
territoires » contre la centralité abusive et contribue à l’amélioration des relations de
peu efficace. confiance entre les populations et les
La décentralisation repose institutions publiques locales et, par
fondamentalement sur la reconnaissance conséquent, à la solidité du processus de
concrète du fait que c’est à l’échelle du décentralisation. Mais la démocratie
territoire que se définit la pertinence des représentative est-elle suffisante pour
politiques et que doivent s’articuler les garantir que la voix des citoyens soit prise en
actions des différents niveaux de compte dans la gestion des affaires locales ?
gouvernance. Le territoire local est la La question est d’autant plus pertinente que
véritable « brique de base » (Calame, 2003) l’on relève, comme c’est fréquent, une faible
de la gouvernance, l’unité élémentaire à participation aux élections locales ?
partir de laquelle tout l’édifice se construit du L’élection doit être complétée par différentes
local au national, voire au mondial, selon une formes de participation citoyenne qui
architecture où la subsidiarité est le principe incluent divers processus de consultation
constructif essentiel. Plus étroitement dont les mécanismes doivent être formalisés
contrôlés par les citoyens, contraints de pour qu’ils soient efficaces: la possibilité pour

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les citoyens de présenter des pétitions; France dans un corpus juridique très dense
l’organisation de referendums d’initiative (accès garanti à un minimum de services
citoyenne; la pratique du budget participatif; urbains, occupation des sols, consultation
l’expression des avis citoyens à travers les des habitants) par la loi d’orientation pour la
enquêtes de satisfaction sur les différents ville de 1991 qui reconnaît le droit « à des
sujets qui les intéressent, etc. Le concept conditions de vie et d’habitat favorisant la
de gouvernance de la ville qui fait des cohésion sociale et de nature à éviter ou à
collectivités locales des acteurs légitimes faire disparaître les phénomènes de
traduit bien ces exigences. ségrégation ».
Quatre principes, formalisés dans la
Droit à la ville Charte mondiale du droit à la ville (2004),
Formule dont la paternité revient à Henri constituent aujourd’hui le cœur des
Lefebvre (1968), pourfendeur de la revendications : 1. la juste distribution des
technostructure et appelant à la bénéfices et des responsabilités, 2. le respect
« reconquête de la ville par le peuple ». Ce des fonctions sociales de la ville et de la
droit doit s’imposer à la suite du processus propriété, 3. la distribution du revenu urbain,
d'urbanisation toujours plus effréné et 4. la démocratisation de l’accès à la terre et
étendu, dicté par l’industrialisation, animé aux services publics. Ces revendications
par de puissantes classes dominantes et bénéficient de l’aménagement d’espaces de
ponctué de violentes phases de dialogue mondiaux (Forum Urbain Mondial)
restructurations urbaines qui produisent de et ont abouti à l’adoption de la Plateforme
l’exclusion et de la marginalisation, mondiale pour le droit à la ville en 2014
conduisant au remplacement de la ville et de reliant le respect des principes
la réalité urbaine comme valeur d’usage, par démocratiques à une nécessaire inclusion des
la ville comme valeur d’échange. intérêts sociaux, culturels et
L’urbanisation capitaliste, se calibrant selon environnementaux de tous les groupes
l’usage des terrains en termes de rentabilité, sociaux.
n’a en effet été rien d’autre à offrir qu’un
processus d’accumulation par dépossession à Eau urbaine (organisation)
travers l’éloignement sans cesse grandissant L’eau dans les villes intervient à plusieurs
des populations les plus modestes. La niveaux : l’eau potable, mais également les
marchandisation des espaces a poussé à la eaux usées, l’eau pluviale, les eaux en
spéculation foncière et immobilière, à la provenance des rivières, et enfin l’eau dédiée
transformation du rapport urbain-rural aux loisirs. La gestion de ces eaux renvoie à
traditionnel, à l’exode rural, la formation de des problématiques quantitatives, liées à la
quartiers précaires et l’informalité. (D. gestion de ces flux, qualitatives car toutes ces
Harvey, 2011). eaux rejettent des pollutions, ainsi que
Le droit à la ville est mobilisé dans le d’équité entre les personnes.
cadre de revendications et de luttes urbaines « Et si la ville prenait l’eau ! ». Le slogan
portées par la société civile. Il est constitutif d’UN-Habitat est séduisant. Il existe trois
de la citoyenneté urbaine. Il englobe le droit grandes options en matière d’organisation du
au logement, le droit aux services urbains et secteur de l’eau dans les grandes villes :
le « droit au temps ». Il ne se réduit ainsi pas 1. La régie publique reste privilégiée dans
à un droit d'accès individuel aux ressources certaines grandes agglomérations. La
incarnées par la ville : c'est un droit à changer commune gère elle-même le captage,
soi-même en changeant la ville de façon à la l’assainissement et la distribution de l’eau
rendre plus conforme à ses désirs les plus potable, soit par un service interne (régie
fondamentaux. C'est aussi un droit plus directe), soit par le truchement d’un
collectif qu'individuel, puisque, pour changer établissement public autonome. L’avantage
la ville, il faut nécessairement exercer un est de réallouer les marges bénéficiaires à
pouvoir collégial sur les nouveaux processus l’entretien du réseau et un meilleur contrôle
d'urbanisation. Ce droit est reconnu en des achats par le système des appels d’offres

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publics. De plus, la collectivité peut étaler le normes adaptées, susciter des dynamiques
remboursement d’investissements lourds sur de régulation et organiser la transition des
le long terme et n’est pas contraintes par acteurs privés ou associatifs vers des logiques
l’échéance de son contrat comme de service public.
délégataire. En pratique, toutes les
collectivités n’ont pas les moyens techniques Economie populaire urbaine
et financiers de ses constituer un service des Le paysage de l’emploi est dans de
eaux compétents. Des dysfonctionnements nombreuses villes du monde comme le
sont souvent rencontrés: faible paysage social de la ville, il est embrouillé.
investissement, absence d’entretien, faible Cohabitent les couches moyennes des
qualité de l’eau, distribution inégale, etc. fonctionnaires, des employés du secteur
2. La délégation de service public à un privé moderne et des petits patrons de
opérateur privé est accordée par une l’artisanat et du commerce, attachés à leurs
collectivité pour une période significative, de intérêts corporatistes et à leur fragile « petite
l’ordre de 10 à 20 ans, mais elle demeure prospérité », et la grande majorité des
propriétaire des infrastructures. Le classes pauvres qui vivent tant bien que mal
partenariat public-privé (PPP) peut aller du secteur informel : petits artisans,
jusqu’à la concession avec un contrat de travailleurs intermittents, manœuvres
longue durée incluant les investissements, occasionnels, tâcherons, petits prestataires
l’entretien, les règles de facturation, sur la de services, vendeurs ambulants... en quête
base d’un cahier des charges précis. Les quotidienne d’un revenu de survie. L’activité
questions centrales sont celle de la non salariale est la norme dans beaucoup de
tarification du service de l’eau et celle du villes du Sud plutôt que l’exception.
contrôle de la qualité de ce service. La ville est le royaume d’une économie
3. Dans les quartiers non couverts par un populaire prolixe mais confuse qui
service public conventionnel ou délégué fonctionne souvent comme une
d’eau, l’accès repose sur les initiatives « débrouille » de survie mais aussi avec sa
privées. Eparpillées, elles recouvrent une part de créativité et qui investit les territoires
large palette de services allant du colportage désertés par la loi. La notion d’ « économie
d’eau à domicile par camion-citerne ou par populaire urbaine » (J. Bugnicourt, 1963) se
charrette, à la gestion de mini-réseaux, en définit de manière plus scientifique que celle
passant par l’exploitation de bornes de secteur informel. Elle cache des réalités
fontaines. très bigarrées. Elle manifeste une forte
Les initiatives privées sont parfois appuyées préférence pour la liquidité et accorde un
par l’action des organisations de la société prix élevé accordé à l’immédiateté. Ses
civile ou de la coopération décentralisée et se acteurs ont des stratégies de minimisation
nourrissent de la diffusion des idées et des des risques : ils créent de la divisibilité pour
pratiques de « bonne gestion » : les agents à faible pouvoir d’achat, ils
transparence des décisions, responsabilité saisissent des opportunités par des
collective de la gestion de la ressource, polyactivités. N’ayant pas accès au crédit
paiement de l’eau au volume consommé. On bancaire, la logique est celle de la
rencontre aussi de véritables entrepreneurs diversification des risques et
qui ont su construire des structures plus d’accommodation de survie. L’économie
élaborées jusqu’à gérer des réseaux, en populaire est une « organisation
général sans aucune aide étatique, parfois apprenante » : elle produit et expérimente
même sans autorisation des pouvoirs publics. de nouvelles connaissances. Elles trouvent et
A l’expérience, concéder aux petits diffusent par capillarité des technologies
entrepreneurs une place dans le marché de appropriées dans sa confrontation
l’eau suffit rarement à assurer ni l’accès au permanente aux besoins essentiels des
plus grand nombre ni l’amélioration continue pauvres.
des services. Presque partout, l’intervention
publique reste centrale pour établir des

13
Ecoquartier morceaux de l’espace urbain deviennent la
L’écoquartier est un projet respectant les propriété de groupes privés, moyennant le
principes du développement durable. Il paiement d’une taxe et la réalisation
concilie autant que possible les différents d’aménagements, de travaux
enjeux environnementaux. L'échelle du d’embellissement et de sécurisation. Cette
quartier permet d'intégrer de la mixité socio- privatisation de l’espace requalifié à des fins
économique, culturelle et générationnelle et commerciales est symbolisée par les Business
de faire du quartier un espace que l'on Improvment Districts (BID), des mosaïques
s'approprie et où l’on échange. Son échelle d’enclaves urbaines sécurisées, avec leurs
réduite permet d'expérimenter des solutions vigiles et leurs interdictions, nées au Canada
et déterminer par une évaluation critique et qui se sont développées en Europe
celles qui sont applicables au reste de la ville. (Londres, Berlin, Hambourg, Toulouse…) ou à
Parmi les sujets traités à l’échelle du quartier, Istanbul. Les habitants voisins parfois se
sont privilégiés la réduction des rebellent pour rappeler l’exigence de gratuité
consommations énergétiques (les et d’accessibilité de l’espace public.
écoquartiers remarquables recourent tous
aux énergies renouvelables), la gestion des Effet d’aglomération
déplacements avec limitation de la voiture et Les politiques publiques en faveur des
l’incitation à l'utilisation de « transports clusters, des bassins d’emploi, des
doux » (transports en commun, vélo, marche technopoles, des districts industriels ou des
à pied), la réduction des consommations zones économiques spéciales trouvent leur
d'eau et la récupération des eaux pluviales, la fondement dans l’effet d’agglomération,
collecte sélective des déchets et le c’est-à-dire dans l’ensemble des incidences
compostage, la plantation d’arbres et positives associées au regroupement dans un
l’aménagement floral, le recours à des même lieu des entreprises. Elles bénéficient
écomatériaux. Dans un écoquartier, les alors d’externalités positives. Les entreprises
habitants sont impliqués dès la conception s’installent là où elles trouvent des
du quartier et au démarrage du projet de consommateurs, de la main-d’œuvre, des
réhabilitation. services et des infrastructures nécessaires. La
Porté par la nécessité de lutter contre le création la diffusion des connaissances se
dérèglement climatique, d’économiser trouve facilitées dans les zones les plus
l’énergie mais aussi les ressources naturelles densément peuplées. La proximité permet
tout en assurant un cadre de vie quotidien une meilleure diffusion des savoirs et des
décent et agréable, le développement nouvelles technologies. Une plus forte
d’écoquartiers apparaît comme une option densité spatiale réduit la distance physique
majeure de la rénovation urbaine. Le travail à entre les agents économiques et par là les
réaliser à l’échelle la plus fine de l’habitat, du coûts de transport.
pâté de maisons et au plus près du quartier, Depuis A. Marshall (1890), on retient quatre
génère une réflexion pour les urbanistes externalités liées à l’agglomération : la
sachant que l’on se situe autant dans une disponibilité des services aux entreprises ; la
perspective de renouvellement de quartiers présence d’une main-d’œuvre spécialisée ; la
existants que de nouveaux quartiers. La diffusion du progrès technique et des idées ;
dimension sociale doit être privilégiée. La l’existence d’infrastructures modernes. Il en
mixité intergénérationnelle, culturelle et résulte une multifonctionnalité urbaine
socio-économique est une priorité dans favorable au développement de plus en plus
l’élaboration d’un quartier durable. Elle n’est généralisé. Les effets positifs des économies
pas toujours facile à mettre concrètement en d’agglomérations sont observés à travers une
oeuvre. hausse de la productivité et une baisse des
Dans les grandes villes du Nord, de telles coûts subis par les entreprises.
préoccupations ne sont pas toujours au L’agglomération peut aussi être la source
centre des décisions municipales : des de surcoûts. D’une part, le coût des facteurs
de production, du travail, du capital du

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foncier est plus élevé́ dans les zones où entreprises, anciennes ou nouvelles. Ces
l’activité́ économique est concentrée. Par actions d’appui à l’entreprise ne se donnent
ailleurs, des externalités négatives de généralement pas comme objet premier
production, telles que la congestion des l’emploi des jeunes, qui est supposé en être
réseaux de transport ou diverses pollutions une résultante. Les partenariats
sont susceptibles de réduire la productivité́ entreprises/centres de formation entrent
des entreprises. dans la logique d’appariement, c’est-à-dire
d’ajustement de l’offre et de la demande
Emploi urbain d’emploi.
Quelles sont les possibilités d’insertion dans La première démarche est centrée sur
l’emploi urbain? Il n’existe pas de trajectoire l’individu et son parcours, la seconde sur la
unique et linéaire. Les parcours sont levée des obstacles au développement
multiples, ils varient selon les d’activités sources d’emplois. Plus les
caractéristiques personnelles, les dispositifs sont focalisés sur un objectif
opportunités saisies et les obstacles d’emplois à atteindre, plus ils proposent des
rencontrés. Dans de nombreux pays en appuis spécialisés (selon des critères de profil
développement, le secteur dit « informel » et de motivation). Moins ils le sont, plus ils
ne joue pas seulement un rôle économique sont ouverts et généralistes.
et social prépondérant, il est également un
lieu majeur d’apprentissage de ses membres. Enfant des rues
Il reste encore aujourd’hui le seul lieu « Il ne peut y avoir plus vive révélation de
d’acquisition de leur métier pour la très l'âme d'une société que la manière dont elle
grande majorité des travailleurs, des auto- traite ses enfants» (Nelson Mandela).
employés et des responsables des micro et L’UNICEF estime le nombre total d’enfants en
petites entreprises. situation de grande vulnérabilité, vivant ou
Les jeunes souffrent des imperfections du travaillant dans la rue à environ 120 millions
marché du travail. D’où l’importance de (30 millions en Afrique, 30 millions en Asie et
mettre en place des dispositifs d’insertion 60 millions en Amérique du Sud). Ces enfants
professionnelle qui protègent contre les ont en commun d’être en dehors de toute
séquelles potentielles d’une trop longue protection familiale d’ordre physique, affectif
attente au seuil de l’emploi. Deux grands ou éducatif. Ils relèvent de la sociologie de la
types de démarches sont majoritairement survie. On dispose de chiffres un peu plus
mis en œuvre. précis pour tel ou tel pays (une dizaine de
Dans la gamme des interventions en faveur millions en Inde, 500 000 au Bangladesh) ou
de l’emploi des jeunes, les actions d’insertion pour telle ou telle ville. A Dakar, la tradition
se fondent sur l’idée de parcours. La plupart du « confiage » à un marabout ou à un
des approches (de type « push ») intervenant maître coranique d’un enfant talibé est
sur la qualification des jeunes et le devenu un palliatif lorsque la famille élargie
renforcement de leurs capacités ne peut assurer ses besoins. A Nairobi, les
(information, formation, apprentissage, street kids sont une centaine de mille. Ils sont
stage) ou leur accompagnement (aiguillage, appelés en swahili Chokora, littéralement
mise en relation, crédit) vers le marché du « fouilleurs de poubelles ». A Kinshasa, les
travail. Elles affichent une préoccupation Shégués sont de l’ordre de 15 000. Chaque
d’accès à l’emploi par des appuis mois 500 nouveaux enfants viennent grossir
individualisés et d’équité dans cet accès. les rangs de ces « moineaux de la rue ». Ils
L’impact de ces actions est contraint par sont orphelins de parents morts du Sida ou
l’existence ou non d’opportunités simplement des proies de la violence
économiques. parentale qui les a fait fuir. Victimes de
Parallèlement, des actions de type « pull », maltraitance, la fugue devient alors un « état
plus ciblées sur la demande de main de sauvegarde » et la rue un « quartier de
d’œuvre, sont mises en œuvre en vue sécurité ».
d’accompagner le développement des

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Enfants des rues, chassés de leur famille, avec une flexibilité et une réelle capacité
réduit à la mendicité, les enfants accusés de d’adaptation à la demande. Il est admis qu’il
sorcellerie prolifèrent dans certaines serait absurde d’entraver des activités qui
capitales africaines, un phénomène associé à fournissent l’essentiel de l’emploi dans les
l’expansion des églises du réveil. Les plus services et la production de biens et qui,
vulnérables sont ceux qui présentent un souvent, pallient la carence des services
handicap (un simple bégaiement peut publics: transports urbains, ramassage des
suffire), qui vivent dans une famille ordures ménagères, gardiennage des lieux
recomposée ou qui sont nés d’un viol. publics, approvisionnement en eau et en
Maltraités et redoutés parce qu’ils portent combustibles. On peut aussi considérer ce
un mauvais sort, hantés par l’esprit d’un secteur comme un espace où se manifeste un
mort qui les pousse à « manger » (tuer), ils vrai dynamisme entrepreneurial, avec une
sont voués à des séances d’exorcisme, flexibilité et une réelle capacité d’adaptation
souvent assorties de brutalités parfois à la demande et une rigueur implacable dans
jusqu’à la mort. le recouvrement des créances au comptant.
Les enfants des rues cumulent les situations Dans nombre de villes, des projets de
d’exclusion : scolaire, familiale ou sociale. dynamisation de l’économie populaire
Dans leur confrontation à la grande urbaine ont ainsi été ouverts en faveur de la
disqualification dont ils sont victime, ils micro-entreprise: création de centres de
développent une « suradaptation formation artisanale, de zones d’ateliers
paradoxale », un mode particulier de relation bénéficiant de l’équipement minimal en eau
au corps, à l’espace et au langage (ni plainte, et électricité, de services d’aide à la gestion
ni commotion psychique apparente mais et de conseil technologique... L’accès au
vivant dans la peur permanente). L’espérance crédit est évidemment crucial, comme
moyenne de vie des enfants des rues à l’assurance, laquelle ne doit pas seulement
Kinshasa ne dépasse pas 25 ans, à cause des garantir les risques de l’entreprise mais aussi
maladies, des accidents, de la drogue, de la ceux du ménage, de manière à permettre aux
prostitution ou de la violence, les enfants entrepreneurs de réinvestir leur surplus dans
étant des proies faciles des gangs armés. l’entreprise.
Le soin médical est souvent la porte L’International Institute for Social Studies
d’entrée de la relation avec l’enfant des rues, appellent les entreprises informelles les
pour s’ouvrir ensuite sur un soutien « gazelles restreintes » (constrained
psychologique et une aide socio-éducative. gazelles) ; elle se frayent un chemin à côté
Destinée surtout à rétablir la confiance de des « éléphants », à savoir les grands
l’enfant en lui et en l’autre, l’action est groupes, et des « souris » qui n’ont pas
délicate. Il importe d’intervenir rapidement vocation à grandir. Elles sont « restreintes »
car la rue peut les affecter de manière dans la mesure où elles sont entravées par
irréversible. L’échec de la réinsertion et le un certain nombre de facteurs liés à leur
retour à la rue sera source de traumatismes environnement. Elles sont à dominante
encore plus profonds. Divers modes féminine ; elles ont un modeste niveau de
d’accompagnement sont mis en place par des capital mais le retour sur investissement y est
ONG spécialisées (Samusocial, Save the très élevé. Elles sont aussi des
Children, Citoyens des rues, Clowns sans « organisations apprenantes », produisant et
frontières…) : accueil de jour, hébergement expérimentant de nouvelles connaissances.
dans un centre jusqu’aux délicates tentatives Des interventions ciblées en faveur de
de renouement familial. La Charte de l’entrepreneuriat sont désormais conduites
Rufisque (1995) établit un code de conduite dans plusieurs directions :
pour réussir la réinsertion.  des actions de capitalisation des
pratiques innovantes susceptibles, après
Entrepreneuriat urbain avoir été validées par une méthodologie
Dans l’économie populaire urbaine se rigoureuse, d’être répliquées ou partagées ;
manifeste souvent un esprit entrepreneurial,

16
 des mesures de simplification de la d’assainissement... D’un point de vue social,
réglementation et des mesures pour l’étalement urbain concourt à la ségrégation
encourager les travailleurs du secteur et va à l’encontre des objectifs de mixité, tant
informel à adhérer à un régime de sociale que professionnelle et fonctionnelle.
protection sociale de type mutualiste; Les ménages périurbains retrouvent plus
 des opérations de formation difficilement du travail, ont moins accès aux
professionnelle et d’apprentissage en vue services clés, sont plus dépendants des
d’accéder aux connaissances techniques et véhicules particuliers et du renchérissement
de gestion; du coût de l’énergie. Enfin, du point de vue de
 des aides à la constitution du capital l’environnement, les conséquences sont
afin d’introduire un équipement de base multiples: une réduction de la surface des
susceptible d’améliorer la productivité ou espaces naturels; des effets de rupture des
de réaliser un investissement immobilier corridors biologiques et de fragmentation des
minimum; il s’agit le plus souvent de prêts à écosystèmes, selon les localisations de
faible taux d’intérêt accordés par des l’étalement urbain; un mitage du paysage ;
organismes de microcrédit bénéficiant de une imperméabilisation des sols entraînant un
garanties particulières (caution mutuelle, accroissement des risques d’inondation, une
fonds de garantie) ; moindre recharge des nappes, un lessivage
 des initiatives au niveau de la brutal des particules de pollutions déposées
commercialisation, notamment par la sur ces sols imperméabilisés, au cours
création de coopératives capables d’orages, d’où des risques accrus de pollution
d’organiser une sous-traitance avec une des rivières et des nappes phréatiques.
industrie ou de regrouper les productions En périphérie, la construction de logements
de plusieurs artisans pour les est majoritairement orientée vers les maisons
commercialiser en direction des marchés individuelles adaptées aux mobilités de
domestiques ou vers l’étranger. l’automobile. D’une part, on sait que la
densité plus faible des maisons individuelles
Etalement urbain entraîne une consommation d’espace plus
Les villes et métropoles s’étendent de plus importante que les logements collectifs et
en plus, tant en hauteur (densification) qu’en denses des zones centrales. D’autre part,
largeur (la « tache urbaine »). L’étalement lorsqu’elles sont groupées en lotissements,
urbain c’est l’extension urbaine qui se fait plus elles s’imposent souvent comme des
rapide que la croissance démographique : la excroissances en fin de réseau au sein du bâti
surface consommée par habitant s’accroît. Si urbain, dont la connectivité et les relations
l’étalement urbain constitue une question avec les constructions à venir posent la
d’importance c’est parce qu’il va à l’encontre question de l’optimisation fonctionnelle, qui
d’un certain nombre de principes clés du n’est souvent rendue possible que par le gel
développement durable qui préconisent d’espaces tampons, soit une nouvelle
d’éviter les irréversibilités, de découpler la consommation d’espace.
croissance économique des ressources
naturelles et de payer les vrais coûts Fabrique urbaine
d’occupation en réintégrant l’évaluation des La ville reste pour l’essentiel à penser : « ce
externalités. qui se joue aujourd’hui, au plus concret des
Les problèmes engendrés par l’étalement affrontements sociaux et urbains locaux,
urbain sont à la fois économiques, sociaux et dans les expériences diverses de
environnementaux. D’un point de vue gouvernance, ce n’est ni plus ni moins que
économique, l’étalement urbain ne paye pas l’intellectualité contemporaine de la ville, sa
ses coûts. Dans certains cas, il ne correspond nouvelle figure anthropologique où se
pas à l’allocation optimale qu’on peut faire du télescopent sans cesse des processus et des
sol. Il entraîne aussi des coûts accrus en enjeux transnationaux et des enjeux de micro
matière de voirie, de réseaux, territoires « (A. Bertho, 2006). Le concept de
« fabrique urbaine », inventé par les

17
urbanistes autant que par les sociologues, Une tontine est une association
cherche précisément à identifier le jeu d’épargnants qui, sur une base d’adhésion
complexe des acteurs et des processus diffus volontaire et contractuelle, mettent en
de production de la ville, évoluant dans un commun des fonds pour une période
cadre défini par des mécanismes de marché, librement déterminée. L’« argent chaud» où
des sentiers techniques (contraintes et se nouent des relations personnelles
opportunités) et des interventions l’emporte sur l’« argent froid» des circuits
publiques (réglementations, incitations bancaires. Le capital tiré des cotisations
économiques, investissements.). Alors que volontaires est reçu par un ou plusieurs
les villes connaissent des changements membres avec l’obligation de le faire
multiples (mobilité, opportunités liées au fructifier (tontines d’affaires) ou d’en faire un
numérique, etc.), et font face à des défis usage social précis (tontines de solidarité). Le
sociaux, comment intégrer les citoyens dans résultat est la création d’un esprit mutualiste
le processus de construction et qui limite les risques pour les participants.
d'amélioration de la ville L’approche par la A côté de la tontine, de nombreux systèmes
fabrique urbaine consiste à éclairer et voisins existent. Le stokvel est un régime
d’accompagner les divers acteurs (porteurs courant d’épargne de groupe en Afrique du
de projets urbains, collectivités territoriales, Sud, est proche des tontines: ses membres se
réseaux associatifs, propriétaires fonciers) réunissent sur une base mensuelle et
pour réorienter et gouverner les dynamiques déposent un certain montant d’argent dans
urbaines vers plus de soutenabilité. une caisse commune. Le montant cumulé est
ensuite versé à un membre, sur une base
Finance informelle rotative. En Afrique centrale on trouve le
Le système financier formel composé des chilemba, l’ibilemba, le likelemba… On trouve
banques et des établissements financiers aussi le paré au Tchad, le diari-moni en Côte
soumis à la réglementation officielle d’Ivoire, le mandjoun au Cameroun, le
importante, ne couvre qu’une fraction des gameya en Egypte, l’ekub en Ethiopie, ou le
transactions financières des villes du Sud. Une Susu au Ghana ou au Nigeria.
partie de l’épargne et des opérations de crédit La finance informelle est habituellement
lui échappe. basée sur les relations personnelles et la
Dans les pays africains par exemple, il n’est proximité socio-économique. Contrairement
pas rare que plus de la moitié des à ce qui se passe dans le cas de la finance
commerçants, des artisans ou des petits formelle, la plupart des fournisseurs
entrepreneurs utilisent les tontines pour informels privilégient un seul service :
financer leur activité. Il en est de même dans épargne, crédit, transfert d’argent ou
certains pays d’Asie, en Inde, au Népal, à assurance, plutôt que d’offrir un paquet de
Taïwan, en Thaïlande, où l’on rencontre services financiers. Deux limites sont
même des tontines organisées uniquement fréquemment mises en avant. L’une porte
par des hommes d’affaires. Fréquent en Asie sur le temps, l’autre sur l’espace couvert par
(appelé Hundi en Inde) et au Moyen-Orient, la finance informelle. Elle est une finance de
l’Hawala permet aux transferts d’argent de court terme. Elle permet de financer l’activité
s’effectuer en recourant à un réseau de l’entreprise au jour le jour, le commerce
d’intermédiaires (les hawaladars) qui qui fonctionne en cycle court ou les besoins
prélèvent une commission, en échange de de l’exploitation, mais non pas les besoins
leurs services. Le système est utilisé par les d’investissement qui s’inscrivent dans le long
membres des communautés expatriées en terme. La finance informelle ne permet pas à
Europe, dans le golfe Persique ou en l’entreprise de grandir réellement, de
Amérique du Nord pour envoyer des fonds à changer d’échelle, de se moderniser… en
leur famille restée sur le sous-continent d’autres termes de sortir de l’informel.
indien, en Asie de l’Est ou en Afrique. Les
travailleurs migrants ont relancé et revigoré
ce système

18
Financement de l’habitat banques, compléter leurs ressources en
La question du financement de l'habitat est participant aux marchés monétaires et
une préoccupation majeure dans la plupart financiers. À terme, elles devraient pouvoir
des Etats, en raison notamment de ses enjeux proposer des crédits longs assortis de
socio-économiques. En effet, l'accès au garanties hypothécaires.
logement est l'un des principaux axes des
stratégies nationales des pays pour la lutte Financement des services urbains
contre la pauvreté́. En outre, le secteur de Les services urbains essentiels (SUE) sont
l'immobilier est un levier de développement financés par trois supports possibles, les 3T : la
économique, en raison de ses effets tarification (la vente), la taxation (l’impôt
d'entraînement importants pour le reste de d’Etat ou la fiscalité locale) ou le transfert
l'economie. Ainsi la possession d’une maison provenant soit du budget national, soit, le cas
bien à soi, munie d’un titre de propriété́ échéant, de l’aide extérieure.
incontestable n’est le lot que d’une petite Lorsque les services sont marchands,
minorité́ dans les pays en développement. 90 comme celui de l’eau ou de transport parce
% des investissements logement des pays qu’ils sont divisibles, ils relèvent de la
industrialisés sont financés par des crédits tarification parce qu’il sont susceptibles d’être
hypothécaires. En Asie de l’Est, au Moyen- facturés directement aux usagers et de faire
Orient et en Afrique du Nord, cette proportion l’objet d’un recouvrement directs (partiel ou
est de 35% à 40%. En Afrique de l’Est et total) de ses coûts. L’entrepreneuriat y trouve
subsaharienne et en Asie du Sud, le alors naturellement sa place comme
développement du crédit hypothécaire reste prestataire du service public. D’autres services
très limité et représente moins de 10% des sont en revanche indivisibles et ne sont pas
investissements en logement. Dans la majorité marchands, ainsi la voirie, le drainage des eaux
des pays en développement, le financement ou l’éclairage public. Ils ne peuvent être
informel des investissements logement financés que par le biais de la taxation ou des
(tontines, usuriers, famille...) et les emprunts transferts.
courts et de montants faibles, assortis de Les investissements d’infrastructures les
garanties personnelles auprès des banques et plus lourdes qui supposent des financements
institutions de microfinance, restent donc la publics massifs relèvent explicitement de
règle. L'élargissement du marché de crédits à l’Etat. Des aides des bailleurs internationaux,
l'habitat, sa sécurisation et la création d'un associées à des possibilités d’accéder à des
marché financier capable de faciliter la emprunts à long terme, peuvent parfois
mobilisation de ressources longues demeurent permettre d’enclencher un cercle vertueux,
des objectifs recherchés. En attendant, des conférant aux collectivités locales la légitimité
financements externes et des appuis nécessaire pour accroître la fiscalité locale.
techniques et institutionnels à des projets Des modalités d’implication des opérateurs
ciblés et localisés, intégrant une participation privés sont envisageables et fréquemment
des habitants pour produire des logements à mises en œuvre (concession BOT). Cependant,
bas prix, restent indispensables. Le les espoirs mis dans les partenariats publics
développement du crédit à l’habitat par des privés pour financer l’extension des services
institutions financières mutualistes, proches essentiels ont souvent été déçus. La capacité
de la population, constitue dans ces conditions des investisseurs à drainer des fonds, obtenir
une piste prometteuse de formalisation des des taux d’emprunts préférentiels, des
mécanismes de financement de l’habitat dans garanties, etc. est un avantage dont peuvent
de nombreux pays pauvres. En situation seulement disposer les grands opérateurs
financière saine, elles ont des capacités de internationaux.
transformation permettant de financer des Pour le financement des infrastructures,
encours significatifs de prêt à court comme à plusieurs options peuvent être retenus. Les
moyen terme. Sous la surveillance des fonds peuvent provenir de dons
banques centrales, elles peuvent, comme les internationaux ou d’emprunts (remboursés
par la fiscalité, et parfois en partie

19
directement par les usagers). Pour être l’assiette augmente rapidement avec
envisageables, les emprunts doivent durer le l’urbanisation, qui reposent sur des valeurs
plus longtemps possible et avoir le coût le plus objectives, et qui sont progressives, car le
bas. Soit les fonds ont une origine permettant patrimoine est plus concentré que le revenu.
de faibles taux d’intérêt (épargne populaire, Évidemment, le problème à ce niveau n’est
fonds pour les retraites, prêts dans le cadre de pas technique. S’il faut améliorer le contrôle
la coopération internationale), soit des du processus physique d’appropriation de
garanties apportées par des bailleurs l’espace par des cadastres simplifiés, mettre
internationaux permettent de réduire les en place les registres des patentes et
primes de risques. l’immatriculation fiable des locataires, le
Pour des raisons de statut ou pour des problème est fondamentalement politique,
raisons techniques, dans la majorité des cas, les catégories sociales favorisées ayant le
les villes n'ont pas accès aux marchés plus de possibilités pour éviter la taxation
financiers. Les autorités locales ont dès lors foncière.
besoin d'un intermédiaire qui garantisse leur Par ailleurs, il importe de trouver des
prêt et puisse statutairement leur prêter de moyens pour développer une taxation
l'argent. C'est le sens des institutions raisonnable et non pénalisante du secteur
financières spécialisées (IFS) créées dans de informel car il pèse lui aussi sur les
nombreux pays pour prêter aux collectivités et infrastructures. Dans un premier temps, il est
collecter les remboursements. Une autre difficile de faire autre chose que de mettre
option est l’accès aux marchés financiers par en place une taxation forfaitaire et modérée.
l'émission d'obligations municipales. Ces Ceci devrait se faire prioritairement en
obligations peuvent avoir une portée générale améliorant en même temps la qualité des
mais elles sont plus souvent liées à un projet services fournis (assainissement, nettoyage).
d'équipement ou émises par une IFS pour Lier des taxes et impôts à des services
garantir un financement extérieur. effectivement rendus aux contribuables bien
identifiés est sans aucun doute le meilleur
Fiscalité locale moyen de stimuler le civisme fiscal et
Les écarts entre les besoins de financement d’accroître le prélèvement sur l’économie
en investissements urbains et les capacités locale.
réelles de financement des maîtrises
d’ouvrage urbaines sont souvent importants. Foncier urbain
L’enjeu du renforcement pérenne de La notion de propriété foncière n'est pas
l’autonomie financière des collectivités simple et univoque. Depuis l’usage totalement
locales par une augmentation de leurs informel d’un terrain, jusqu’à la pleine et
ressources propres est par conséquent entière propriété dûment cadastrée, existent
essentiel. toute une série de formes intermédiaires de
Le budget de la ville de Ouagadougou (1,5 propriété à contenu variable.
millions d’habitants) est égal à celui de Noyon Ici, la démarche en vue de l’immatriculation
en France (15 000 habitants). Les ressources des droits acquis se heurte au principe de
des villes sont souvent limitées aux taxes présomption du domaine public qui édicte
locales pour services rendus aux usagers: que toute occupation peut être remise en
assainissement, ramassage des ordures, droits cause par l’administration publique. Là, les
de place sur les marchés et les gares, marchés fonciers ne sont pas correctement
utilisation des abattoirs; et taxes sur toutes les régulés par l’Etat (préemption et
activités susceptibles d’être fiscalisées: taxis, réglementation, allocation et répartition,
charrettes, spectacle, artisanat de production, utilisation de l’espace urbain) faute d’une
distribution quelle qu’en soit la forme. gouvernance foncière affirmée.
Des possibilités importantes existent, en Bien souvent, la gestion du foncier des
matière de taxes foncières, qui constituent à villes est l’objet d’inconsistances juridiques, de
de nombreux égards l’impôt «idéal» pour les litiges et de spéculations. Il existe souvent une
villes. En effet, il s’agit d’impôts dont juxtaposition de droits sur un même espace

20
qui peut avoir été divisé et vendu en dehors résidentielles fermées brise la continuité du
du cadre légal. Une partie importante des tissu urbain et morcelle le territoire en des
urbains des quartiers précaires ne disposent fortins murés. La « bourgeoisie gentrifiée »
pas d’un titre de propriété reconnu par le agit ensuite avec autant d’efficacité que de
cadre juridique et institutionnel en place mais discrétion pour protéger ses zones de
tentent de se prévaloir d’un « droit résidence et de loisirs contre l’invasion de
d’occuper » qu’ils ont acheté et d’un bâti qu’ils populations et d’activités non souhaitées.
ont construit.
En Afrique, dans 80% des cas, les filières Gouvernance de la ville
informelles couvrent les besoins en accès en L’approche de la gouvernance des villes
terrains constructibles. Cette situation est questionne la qualité des autorités locales qui
assez symptomatique de l’inadaptation des en ont la responsabilité, et leur capacité à
cadres existants aux réalités locales dans une réduire les difficultés qu’y rencontrent les
grande partie des pays du Sud. habitants, notamment les plus pauvres
Le défi de la ville durable réside souvent majoritaires.
précisément dans le renforcement de la Particulièrement lorsque la croissance
capacité des autorités à équilibrer des rapide des villes complexifie l’organisation du
besoins fonciers parfois antinomiques. Pour territoire urbain, les collectivités locales
cette raison, elles doivent mettre en œuvre apparaissent comme les acteurs légitimes
des outils de gestion de l’utilisation des pour la mise en œuvre de la politique de la
terres, réguler les marchés fonciers, sécuriser ville à deux titres.
les droits d’occupations des sols, identifier les  D’une part, l'autonomie des
emprises servant à la réalisation des municipalités constitue un gage de qualité
installations publics et enfin mettre en place de la gestion des affaires publiques en
une fiscalité foncière équitable et dynamique. faveur du développement local. Si le
contexte institutionnel s’y prête, les
Gentrification prérogatives des gouvernements locaux sur
De l’anglais gentry, petite noblesse. le territoire de leur collectivité, peuvent
Concept couramment utilisé par les garantir une allocation la plus efficace des
urbanistes, la gentrification est un processus moyens financiers, techniques,
social d’embourgeoisement par lequel des administratifs et des ressources humaines,
espaces urbains antérieurement caractérisés et faciliter par là même, la meilleure mise
par un certain brassage des populations, se en valeur des territoires.
transforment socialement et  D’autre part, les municipalités ont un
morphologiquement avec l’installation des rôle essentiel dans l’amélioration des
classes moyennes ou supérieures et l’éviction conditions de vie des populations les plus
des classes modestes vers les zones pauvres. Leur position de médiateur de
périphériques ou les moins recherchées. proximité leur permet de mieux échanger
Rénovation des bâtiments, élévation du prix avec les différents groupes urbains par le
de l’immobilier, arrivée de nouveaux biais de mécanismes de concertation et
commerces, etc., les conséquences de la d’être au plus près des besoins des
gentrification sur la physionomie de la ville populations locales pour l’accès aux services
sont importantes. Rencontrée pratiquement essentiels (Isted, 2011). Le principe de
dans toutes les grandes agglomérations, elle redevabilité (accountability) oblige enfin les
exerce une pression sur les pauvres pour dirigeants politiques locaux à rendre des
qu'ils se déplacent vers des secteurs moins comptes aux citoyens et veille en théorie à
en demande et tue les tentatives de mixité les responsabiliser dans leurs missions.
sociale. La gated community qui n’accepte Le cas emblématique de Medelin en
pas la diversité, mais au contraire Colombie montre que les changements
l’homogénéité socioculturelle, se traduit introduits grâce à une gouvernance
aussi par une uniformisation architecturale et participative peuvent être spectaculaires.
végétal. La multiplication de ces enclaves

21
Avec les proyectos urbanos integrales, la auraient sans cela des difficultés à se loger
ville qui était l’une des plus violentes du sur le marché privatif. Une telle politique
monde est devenue en dix ans une ville de répond à une problématique de cohésion
référence en matière d’innovation sociale. sociale. Elle n’est pas si simple à conduire. A
l’expérience, on constate que quand elle est
Habitat spontané insuffisamment ciblée en direction d’une
Dans les villes du Sud, les trois quarts des catégorie précise de bénéficiaires et qu’elle
parcs de logement relèvent de ce qu’il est n’est pas inscrite dans un programme
convenu de nommer le « secteur informel de participatif de rénovation urbaine, elle ne
l’habitat »: auto-construction ou, plus parvient que très rarement à réaliser la
souvent, une combinaison de formules mixité sociale recherchée et à assurer l’accès
associant apports en matériaux, participation au logement des pauvres. Par un effet de
en travail et recours à des tâcherons au gré détournement, elle rejoint parfois plus les
des revenus disponibles. De nombreuses intérêts des classes sociales intermédiaires,
filières non réglementaires investissent le sans impact sur la bidonvilisation urbaine.
foncier. Elles organisent les extensions et la Les politiques publiques de l’habitat social
densification des zones habitées esteffectuée connaissent depuis deux décennies une
par des propriétaires de fait au travers un évolution significative et plus favorable aux
parc locatif privé. pauvres. Au fur et à mesure des évaluations
Face auxdéfaillances des politiques tirées des expériences réalisées dans
d’habitat social, les habitants pauvres font certaines grandes métropoles du Sud comme
appel aux filières informelles de production du Nord, est pris en compte l’objectif de
de logements ou à l’autoconstruction avec s’ouvrir à d’autres questions que celle de la
par exemple le recours à des techniques simple construction de logements à bas coûts
mettant en œuvre la terre crue comme : l’adaptation de l’habitat à l’évolution des
matériau de construction (banco, pisé, modes de vie et de la composition des
torchis). L’habitat spontané s’accroît alors familles, le rapport habitat-travail, la
dans des quartiers précaires de type conception des quartiers, la mixité des
bidonville, sans maîtrise spatiale, ni fonctions ou encore le rapport entre habitat
développement des infrastructures et et consommation
services de base.
Face aux défaillances des politiques Inclusion sociale
d’habitat social, les habitants pauvres font Promouvoir l’inclusion sociale consiste à
appel aux filières informelles de production faire en sorte que tous les individus aient les
de logements ou à l’autoconstruction avec moyens de participer en tant que membres
par exemple le recours à des techniques respectés et contribuant à leur communauté
mettant en œuvre la terre crue comme et à la société... Elle repose sur cinq socles
matériau de construction (banco, pisé, identifiés : la reconnaissance valorisée, les
torchis). L’habitat spontané s’accroît alors opportunités de développement humain,
dans des quartiers précaires de type l'implication et l'engagement, la proximité et
bidonville, sans maîtrise spatiale, ni le bien-être matériel (Laidlaw Foundation,
développement des infrastructures et Canada).
services de base. L’emploi est l’un de principaux facteurs
d’inclusion et de reconnaissance sociale. Pour
Habitat social cette raison, la commission européenne
Le droit au logement est considéré comme privilégie la notion d’inclusion active: Elle
l’un des droits fondamentaux. Une des consiste à permettre à chaque citoyen, y
réponses apportées est la politique d’habitat compris aux plus défavorisés, de participer
social, c’est-à-dire celle en faveur de la pleinement à la société, et notamment
promotion de logements décents destinés à d’exercer un emploi. Elle vise à traiter
des ménages à revenus modestes qui différents problèmes : la pauvreté,
l’exclusion, le chômage de longue durée, les

22
inégalités hommes-femmes. Concrètement, microcrédit (faible montant, délais courts de
pour atteindre cet objectif, il faut une aide au remboursement, caution solidaire). Les
revenu adéquate ainsi qu'un soutien pour approches rompent avec la vision classique de
trouver un emploi, par exemple en l’habitat et correspondent à un processus
établissant un lien entre les prestations d’amélioration progressif des conditions
octroyées aux inactifs et aux actifs, et en d’habitat, « briques par briques », en évitant
aidant les personnes à obtenir les avantages des engagements trop lourd et trop long qui
auxquels elles ont droit; seraient susceptibles de les fragiliser.

Latrinisation Métropolisation
Pour améliorer la situation en matière de La métropolisation désigne le mouvement
gestion des déchets liquides, il est souvent de concentration de populations et
fait appel à des actions d’envergure comme d'activités dans des ensembles urbains de
la latinisation qui consiste à construire des très grande taille. Les facteurs qui poussent
blocs de toilette publique. Amener les ce processus se résument dans l’effet
populations à abandonner des d'agglomération : l’avantage de la
comportements à risque comme la territorialité métropolitaine siège dans la
défécation à ciel ouvert ou les « toilettes diversité des interactions entre acteurs
volantes » (flying toilet) demande de mettre économiques susceptibles d’enclencher des
en œuvre des campagnes de sensibilisation à processus d’innovation.
l’hygiène. Depuis les années 1990 est promue Pour les géographes, la métropolisation
la méthode PHAST (Participatory hygiene and recouvre deux significations :
sanitation transformation) du PNUD et 1. La métropole globale. Elle est celle d’une
l’OMS. Elle est basée sur la recherche avec vaste aire métropolitaine étroitement
les populations locales des solutions liées à imbriquée dans l’économie mondiale par un
l’hygiène autour du trépied sensibilisation- faisceau de connections et d’échange de
adaptation technique-financement. Une nature diverse. Elle est « une traduction
autre approche dite « Assainissement total infranationale de la globalisation » (Ghorra-
porté par la communauté » (ATPC) joue sur Gobin, 2014). On pense à New York, Londres,
les interdits et le dégoût pour lutter contre la Tokyo ou Paris, mais aussi à Hong Kong,
défection à l’air libre et prône Shanghai, Singapour en raison de l’intensité
l’autoconstruction de toilettes par les de leurs activités globalisées (bourses,
ménages. Des programmes WaSH (Water, services, hubs aériens).
Sanitation and Hygiene) se mettent aussi en 2. La métropole territoriale. Elle renvoie
place dans les zones les plus sensibles, où les plutôt à l’idée de polarisation spatiale autour
populations sont en situation de stress, d’une vaste agglomération, d’une méga-cité
notamment parmi les déplacés et les raccordée à son hinterland. Elle est souvent
réfugiés. mais pas toujours raccrochée efficacement
Les formules classiques de politique de à l’économie globale (on pense par exemple
l’habitat s’avèrent souvent très difficiles à à Kinshasa).
mettre en œuvre, car l’épargne disponible des Le phénomène de la métropolisation peut
ménages est faible et leur capacité de s'apprécier à l'aide de toute une série de lois
remboursement est aléatoire. Pour surmonter (loi rang-taille, loi de Davis, Moricon-Ebrard,
cette difficulté, les pouvoirs publics proposent Ellison-Glaeser, etc.), de critères structurels
des formules de lotissements avec l’octroi de ou fonctionnels, ou encore de dynamiques
parcelles à bâtir mais préalablement qui permettent d'établir hiérarchies spatiales,
aménagées sur lesquelles les nouveaux classifications, typologies. La métropolisation
urbains peuvent construire librement. soulève aussi un certain nombre d’enjeux
Divers mécanismes de financement sont d’aménagement liés à l’étalement urbain,
expérimentés en faveur des groupes pauvres aux mobilités croissantes et à l’augmentation
pour l’amélioration progressive de leur de nuisances (pollution, engorgement) tout
logement. Ils empruntent au système du en prenant en considération les externalités

23
négatives sur l’environnement. Elle fait jouer transport du collectif à l’individuel. La
à plein les avantages de l’agglomération, « multimodalité », à savoir l'utilisation de
mais elle est confrontée à des questions de plusieurs moyens de transport pour
cohésion spatiale et sociale, de ségrégation effectuer un trajet, devrait s’imposer dans
dans les « quartiers de relégation », de de nombreuses agglomérations. Avec le
formation de ghettos et de sérieuses recours aux modalités les moins polluantes
disparités entre les multiples municipalités (transports en commun, véhicules hybrides
suburbaines qui composent le territoire et électrique, covoiturage), voire les plus
métropolitain. douces (marche à pied, vélo) et grâce à des
régulations restrictives (tarifications, taxes,
Mobilité urbaine zones interdites aux voitures…) ;
En ville, les multiples activités de transport  celle consistant à changer la relation
rencontrent plusieurs contraintes. Le taux de à l’espace des citadins, en encourageant des
motorisation progresse vite, alors que comportements à taux de mobilité
l’espace de voirie est souvent restreint. moindres, une réduction des distances
L’extension rend plus difficilement parcourues et une amélioration de la
exploitable un réseau métropolitain de qualité d’attraction des lieux de vie afin de
transports en commun pour lutter contre limiter les besoins de déplacements. En un
l’engorgement urbain. Les transports sont mot, il faut rendre la ville plus flexible et
reconnus responsables de nuisances accroître sa « mutabilité » comme disent les
résultant de la congestion de certaines urbanistes.
infrastructures et de différentes formes de
pollution dangereuses. L’étalement urbain Paradoxe de Todaro
s’accompagne d’inégalités entre groupes Le modèle dualiste d’Harris-Todaro,
sociaux. Les zones d’habitation suburbaines inspiré par la situation qui prévalait à Nairobi
sont mal desservies avec le risque de la dans les années 1970, est à la base de
formation de ghettos. l’analyse du processus d’urbanisation. Dans
L’accès au marché du travail pour les le modèle, le paysan migre en ville parce que
populations pauvres renvoie à la la différence de revenu ville/campagne est
problématique dite du spatial mismatch, le très importante et parce qu’il s’attend, dans
décalage entre les opportunités du marché une échéance relativement brève, à obtenir
du travail (emplois peu qualifiés) et la non- un travail urbain et qu’il est prêt à supporter
capacité des individus et des ménages le coût de la migration et le coût de l’attente
susceptibles d’y répondre en raison de la d’un emploi. Avec le temps, le cercle des
marginalisation résidentielle dont elles sont relations du migrant s’élargit et donc la
victimes et leur non-motorisation. probabilité de s’insérer dans l’emploi urbain
Les transports collectifs urbains chargés s’accroît. Que fera le migrant pendant la
d’assurer l’accessibilité du centre principal et période d’attente ? Il restera dans le secteur
des centres secondaires de l’agglomération, informel urbain où le salaire est indifférent
ainsi que des principales zones d’activités au nombre des emplois. Il sert de tampon, de
constituent la réponse la plus souvent refuge, de poste d’attente pour l’ « armée de
préconisée. Mais elle peine parfois à être réserve » du secteur moderne.
mise en place. Ainsi en Afrique, les transports L’accroissement de l’espérance du revenu
collectifs assurent seulement environ 60 % urbain incitera de nouveaux paysans à
des déplacements motorisés et cette offre migrer, de telle sorte que l’effectif du secteur
diminue avec l’obsolescence et le manque informel augmentera de nouveau. Le modèle
fréquent d’entretien du parc. Le secteur permet de comprendre pourquoi lorsque
informel profite de cette situation pour l’emploi urbain augmente, le chômage urbain
répondre de lui-même à l’accroissement des augmente aussi et plus vite : la réaction de
Deux tendances se dessinent : migration est stimulée par la croissance de
 -celle consistant à rechercher des l’emploi urbain et par l’écart du revenu. On
synergies entre les diverses formes de parvient alors au « paradoxe de Todaro » : la

24
hausse de l’emploi crée le chômage dans les Les PPP ne sont pas la panacée. D’abord
villes. parce que nombre de projets restent encore
hors de portée. Ensuite parce les résultats
Partenariat public-privé sont souvent discutables. « Socialisation des
La gestion des services publics comme des pertes, privatisations des profits ! » dit-on
infrastructures prend souvent la forme d’un parfois. Le Fonds monétaire international
partenariat public-privé (PPP) associant d’un constate que les PPP contiennent un taux
côté une autorité publique et de l’autre un d’échec de l’ordre de 25 à 35 % dans les pays
opérateur privé. Le champ d’application peut développés (en raison des retards, des
être le service dans son ensemble dépassements de coûts et d’autres facteurs) et
(exploitation, entretien et maintenance des ce taux est encore plus élevé dans les pays en
ouvrages, gestion des usagers) ou un ouvrage développement (FMI, 2014).
particulier (une station d’épuration, une
centrale électrique). En contrepartie, Périurbain
l’opérateur reçoit une rémunération couvrant Terme utilisé pour désigner un espace
au minimum la charge de l’emprunt et discontinu de lotissements et de
pouvant être modulée en fonction de constructions individuelles, situé en
performances qu’il obtient. Plusieurs périphérie d’une agglomération mais ayant
montages sont envisageables. un lien avec elle. L’espace périrurbain peut
conserver une forte proportion de paysages
Modalités du partenariat public-privé ruraux, mais reste polarisé par la ville, par ses
Source de la rémunération
Contrats Durée moyenne
du partenaire privé infrastructures, son habitat et le mode de vie
Tarifs payés par les de ses résidents. L'extension des zones
Privatisation Indéfinie
usagers périurbaines est fonction de la taille et du
Concession de Généralement tarifs payés
service public
20 à 30 ans
par les usagers dynamisme de l'organisme urbain : elle
Généralement tarifs payés s'étend jusqu'à 5-10 km pour une petite ville,
Affermage 10 à 20 ans
par les usagers 10-15 km pour une ville moyenne et 20-
Paiement de la part de
Contrat de l’autorité publique (avec 40 km pour une grande ville.
1 à 5 ans
gestion parfois intéressement dur La notion de périurbain regroupe des
recettes) réalités hétérogènes qui vont des pavillons
Durée
Contrat de BOT d’amortissement de
Paiement de la part de avec jardin en lotissements, symboles de la
l’autorité publique
l’investissement classe moyenne, aux maisons de campagne
isolées. La périurbanisation s'explique par
Les avantages attendus sont de pouvoir une conjonction de facteurs. Le coût très
disposer des technologies les mieux adaptées lourd des acquisitions immobilières dans les
et de bénéficier d’une maîtrise d’ouvrage de agglomérations urbaines, même en banlieue,
qualité et une gestion efficace. Mais une amène de nombreux ménages à s'installer en
procédure de type concession BOT (Build- zone périurbaine. Cette recherche d'un
Operate-Transfer) est particulièrement lourde logement moins dispendieux va de pair avec
et complexe. Le manque de visibilité à long le souhait d'un retour à une vie plus proche
terme dont disposent les investisseurs rend de la nature. Il se traduit en particulier par un
leur mise en œuvre difficile à porter par des net engouement pour la maison individuelle.
opérateurs peu expérimentés. Pour cette Le phénomène est rendu possible par la large
raison, les attributaires de gros contrats sont diffusion des véhicules individuels.
quasiment toujours des firmes occidentales ou
asiatiques, appuyées par une banque habituée Planification urbaine
à négocier des opérations de ce type. Ceci La planification urbaine aujourd’hui
étant, certaines firmes étrangères considèrent préconisée (Un-Habitat, Cités et
parfois que leur intérêt est ensuite de sous- Gouvernements Locaux Unis, Cities Alliance,
traiter ou de subdéléguer tout ou partie de Objectifs du développement durable n°11)
certaines prestations (entretien, maintenance) pour le ville de plus de 100 000 habitants, vise
à des entreprises locales.

25
à concevoir des agglomérations conçues main» dans des villes et métropoles, sans
comme un tout, économiquement relais réel par une ou plusieurs structures
performantes, humaines et conviviales, locales
modulables et extensibles, capables Expérimentés depuis les années 1990, les
d’accueillir un flux croissant de population, « Plans urbains de référence » et les
tout en prévenant la prolifération des « stratégies de développement urbain » (City
quartiers spontanés. Dès que la ville en Development Strategies, CDS) préconisées par
arrive à un stade de métropole (autour d’un la Banque mondiale, se limitent à un
million d’habitants) ou plus encore de « document simplifié, sans zonage détaillé,
grande » métropole (autour de deux millions servant de référence à l’implantation des
d’habitants), il est impératif que les autorités réseaux et des opérations futures
locales intègrent la nécessité de plusieurs d’équipement ils n’indiquent que le tracé de la
plans au rôle spécifique: 1/un document grande voirie et des principaux dispositifs de
stratégique à petite échelle (1/10.000 à services urbains, ainsi que les zones prévues
1/50.000), fixant les orientations stratégiques, pour la réhabilitation et l’extension des
les principales infrastructures, les contraintes quartiers dans les cinq à dix années à venir et
et les zones à risque, les zones urbaines et les réserves pour grands équipements. Les
urbanisables, etc. ; 2/un ou des documents par objectifs sont fixés en référence à un
secteurs existants ou nouveaux (1/5.000, diagnostic partagé des points forts et des
parfois 1/2.000), permettant une gestion faiblesses, ainsi que des opportunités et des
mieux localisée de la construction et des risques au travers de forums de participation
réseaux. citoyenne, de comités de suivi et de
Formellement, une planification urbaine commissions municipales spécialisées. Sur
s’articule autours de trois axes. cette base, sont ensuite formulées des
1. D'abord, réguler et maîtriser la stratégies de développement de la ville et une
croissance urbaine à la source, celle de série d’actions et d’investissements. Des
l'exode rural, par des politiques indicateurs sont par ailleurs élaborés afin de
d'aménagement du territoire renforçant permettre de suivre la réalisation des
les villes moyennes. objectifs.
2. Ensuite, poursuivre et amplifier Les Plans de référence offrent ainsi un
l'équipement et la modernisation des cadre de programmation et d’action à moyen
infrastructures de communication et de terme facile à gérer. Le document peut fixer
transport, des réseaux de fourniture les périmètres des zones destinées à la
d'énergie, et continuer également à construction, recommander un type
sécuriser le cadre d'action des opérateurs, d’occupation du sol (industrie, habitat à
qu'il s'agisse de l'accès au foncier moindre coût, équipement de proximité) et,
constructible, de la réglementation parfois, estimer la population attendue à
administrative et fiscale ou de la justice. terme. Il permet de calculer les besoins en
3. Enfin, associer les acteurs équipements collectifs et de pré-
économiques et démultiplier à l'échelle de dimensionner les voiries et les réseaux. La
chacune des grandes villes les cadres de démarche adaptée au contexte de villes
concertation entre les autorités faiblement dotées en capacité de
publiques, les habitants et le secteur privé gouvernance urbaine, s’opère à partir de la
titulaire de concession de services publics structure existante de la ville – ce que l’on
marchands. nomme la « grande maille urbaine», avec une
La plupart des plans s’inspirent désormais attention très poussée à l’articulation entre
des principes de la ville durable (proximité, planification et services urbains (eau potable,
mixité sociale, mobilité et transport, espaces assainissement, drainage, électricité et
verts et culturels). éclairage, transports en commun, etc.).
L’exercice est lourd à porter pour certaines
villes. En même temps, trop de plans et de
schémas directeurs ont été livrés «clé en

26
Politique de la ville 7. Assurer la mobilité urbaine. Les
Force est de constater que partout les déplacements en ville ne se limitent pas au
politiques urbaines s’organisent : élaboration développement des infrastructures. Elle
de normes foncières, de règles de demande des innovations en matière de
construction, mise en œuvre de plans gestion et de financement.
directeurs d’aménagement… Des mutations 8. Rendre les villes plus sûres. Au-delà du
sont à l’œuvre. Grâce à la décentralisation, là renforcement de la sécurité physique, créer
où elle a été mise en œuvre, les du lien social et impliquer les citadins dans la
administrations locales ont accumulé une vie municipale constituent deux outils
certaine expérience. Les politiques ne sont importants pour les politiques de la ville.
plus exclusivement centrées sur la capitale, 9. Rendre les villes durables. Protéger
mais élargies aux agglomérations et aux villes l'environnement, lutter contre les pollutions,
plus petites. choisir des énergies propres, traiter les
La politique des villes concerne un grand déchets urbains constituent autant de
nombre de sujets complexes et reliés entre domaines-clé pour le développement durable
eux. Ils peuvent être regroupés autour de dix des villes.
thèmes (Isted, 2011). 10. Préserver et valoriser le patrimoine
1. Décrire les villes. Toute démarche urbain. La mise en valeur du patrimoine
implique, d’abord, de repérer au mieux le architectural urbain est plus qu’une
territoire concerné, afin de bien en entreprise culturelle : c’est un facteur
comprendre les enjeux. important du développement urbain.
2. Gouverner les villes. La décentralisation
donne une importance accrue au Quartiers précaires
gouvernement des villes. Les facteurs Parmi les incidences négatives attribuées
déterminants de l’efficacité de la gestion à l’urbanisation, la plus emblématique est
locale sont indissociables de la culture l’existence de territoires situés dans les
politique propre à chaque ville. interstices ou à la « marge des villes », de
3. Financer les villes. Les besoins des villes quartiers précaires, pauvres, sans
demande aux autorités locales des capacités équipement. L’espace urbanisé se construit
de gestion et de diversification de leurs alors hors des cadres formels de l’urbanisme
sources de financement. administrés.
4. Orienter le développement urbain. Les Les réalités varient entre régions et pays ou
outils et les cadres de référence du entre villes, mais également au sein d’une
développement urbain, proposent à présent ville, voire d’un même quartier. Du bidonville
une vision à moyen terme et témoignent de surpeuplé aux quartiers anciens dégradés de
la mise en place de processus décisionnels la ville formelle, en passant par le quartier
participatifs. non planifié mais construit en dur et bien
5. Traiter la question du logement et la intégré à la ville, on trouve une série quasi
question foncière. Toute ville qui s'agrandit infinie de situations intermédiaires. Les
doit se poser la question du logement, avec interactions à l’œuvre sont riches. Trois villes
ses différentes problématiques: régimes regroupent une très forte densité de
fonciers, construction et financement de quartiers précaires ; Karachi, Nairobi et
l'accès aux logements. Mexico (où trois quartiers, Neza, Chalco et
6. Permettre l’accès aux services Itza forment le plus grand réseau de précarité
essentiels. La fourniture des services urbaine du monde). Les quartiers précaires
essentiels – eau potable, assainissement, ont tous en commun d’être toujours et
collecte et traitement des déchets, énergie et partout les victimes de trois types
transports sont des tâches incontournables d’exclusion : urbaine, sociale et foncière.
pour lesquels il convient d’équiper les La population mondiale vivant dans ces
autorités locales en expertise comme en quartiers est de près d’un milliard d’habitants
moyens financiers. et atteindra près de deux milliards aux
environs de 2030 selon les projections d’UN-

27
Habitat. Leur nombre se réduit en Asie du visant à consolider l’existant (amélioration de
Sud et de l’Est, notamment en Chine où l’Etat la chaussée, mise en place d’un réseau
éradique les bidonvilles, non sans brutalité, d’assainissement, installation de bornes
mais il augmente en Afrique où déjà les deux fontaines par exemple). Les habitants sont
tiers des urbains vivent dans des habitats alors enclins à participer à la requalification
précaires, des quartiers surpeuplés, sans de leur bâti observant que la menace d’un
accès adéquat à l’eau, à l’assainissement, déguerpissement disparaît.
sans sécurité foncière, sans habitat durable.  Les opérations de restructuration de
L’enjeu majeur des politiques de la ville est quartiers qui comprend en général un
précisément celui de l’intégration de ces redécoupage du parcellaire sur la base d’un
quartiers, et de leurs habitants, au reste de plan directeur, impliquant des
l’espace urbain, en favorisant aussi l’accès « recasements » partiels et ciblés des
aisé aux procédures administratives. Le habitants qui vivent dans des zones
meilleur moyen de s’assurer de la pertinence nécessaires à la réalisation d’infrastructures
de cette démarche est d’associer les ou présent des risques.
habitants à l’élaboration des opérations de  Les opérations d’éradication de quartiers
rénovation urbaine au nom du droit à la irréguliers et jugés insalubres qui portent sur
ville< ; des interventions lourdes. Ils disparaissent et
leurs populations d’origine sont souvent
Rénovation urbaine recasées, dans le meilleur des cas sur des
Le mot d’ordre, au cœur des politiques de terrains viabilisé et des logements à bas prix
la ville préconisée par UN-Habitat et la Banque produits par la puissance publique.
mondiale, a longtemps été celui de la « ville Nombre d’études mettent l’accent sur une
sans bidonville », impliquant démolitions des dimension insuffisamment prise en
quartiers précaires et le relogement de leurs considération, à savoir l’accompagnement
habitants. Puis, dans les années 1990 un social. Lorsque l’implication des habitants est
courant de pensée favorable à la faible, le danger est d’accentuer les inégalités
requalification urbaine (slum upgrading), à la de traitement. C’est la raison pour laquelle
réhabilitation et au désenclavement s’est de nouvelles approches, intégrant la
progressivement imposé sous la pression de la dimension sociale se diffusent depuis une
société civile mais également devant le coût et vingtaine d’années. Les anciennes méthodes
l’échec des actions de déplacement des « coup de poing » laissent la place à des
populations. Désormais, l’idée dominante est approches participatives qui engagent les
de considérer que le quartier manque habitants, sécurisent les occupations
principalement d’équipements et d’une voirie foncière, prévoient l’amélioration de l’habitat
acceptable. Il est alors considéré comme un et l’accès aux équipements publics. Leur
quartier « normal » susceptible de s’intégrer bonne exécution passe par des mécanismes
dans la ville. de concertation et de gestion des conflits,
« Refaire la ville sur la ville » telle est la avec des constructions juridiques parfois
formule qui ne vaut pas seulement pour les inédites (Mansion et Rachmuhl, Gret, 2012).
quartiers précaires. Les espaces disponibles
n’étant pas extensibles à l’infini, il faut Risques urbains
réinvestir les ghettos urbains, mais également Les villes n’échappent pas aux phénomènes
les zones résidentielles anciennes et bâtis à la environnementaux, associés au changement
hâte, les centres historiques, convertir les climatique, de plus en plus fréquents et
friches industrielles, investir les zones imprévisibles dans leurs formes. Leurs
portuaires. impacts destructeurs y sont démultipliés,
En matière de rénovation urbaine, on transformant fréquemment l’aléa en
distingue : catastrophe urbaine. Le plus souvent,
 Les opérations de réhabilitation de différents facteurs amplifient ces effets :
quartiers qui sont des interventions plus ou défaut de gouvernance, développement
moins ponctuelles et d’envergure variable

28
urbain mal maîtrisé, occupations dangereuses permet une meilleure utilisation du terrain
sur des territoires à risques. La plupart des local par la compensation de certains risques :
projets urbains, d’infrastructures et canaux permettant le stockage provisoire des
d’équipements sont engagés sans intégration eaux d'orage avant pompage, espaces verts
des risques majeurs dans les documents publics en saison sèche devenant zones
d’urbanisme. Absence d’anticipation, d'expansion en période de pluie, etc.
ignorance, oubli, quand ce n’est pas déni des
risques potentiels, sont autant de facteurs Secteur informel
d’impréparation aux risques. Mais les choses Bien que largement utilisée, le concept de
changent ! secteur informel continue de faire l’objet de
De plus en plus, les autorités comme les controverses, notamment en raison de la
populations ont conscience des enjeux que grande diversité des activités qu’il recouvre,
représentent les risques. Certaines villes ont de la difficulté de le mesurer, mais aussi en
commencé à doter d'outils de prévention ou raison de la confusion qui existe entre les
ont intégré cette dimension dans la gestion de notions de secteur informel et d’économie
l'espace. Des réglementations commencent à délictuelle. Le secteur dit « informel » est
être mises en place concernant l'occupation d’abord défini par ce qu’il n’est pas : ni
de l'espace ou les règles de construction. Les enregistré, ni fiscalisé, ni salarisé, mal
besoins dans ce domaine restent cependant comptabilisé. Il appartient à l’économie non-
très importants. déclarée. Son capital est limité et sa main
La dimension de « catastrophe naturelle » d’œuvre souvent peu qualifiée, d’un coût
est désormais incluse dans la réflexion sur les faible, régie par les lois du marché où jouent
services essentiels urbains. Dans un nombre à la fois la concurrence et la tradition. Cette
croisant de ville se mettent en place des plans petite production marchande précaire se
de prévention des incidents pose sur une structuration sociale
environnementaux. La démarche donne lieu à particulière. Les rapports de parenté y sont
une analyse préalable de risques prégnants. Les relations sont
environnementaux, qui se traduit par la interpersonnelles plutôt que juridiques,
définition des moyens techniques et donnant un poids important à la confiance
organisationnels pour prévenir les éventuels mutuelle dans les transactions et le
risques d’incidents environnementaux. règlement des litiges.
Protéger, c'est d’abord limiter l'aléa Dans les faits, il n’y a pas un strict
(construction d'ouvrages de protection contre cloisonnement entre formel et informel. L’un
les inondations, comblement de zones sous- se nourrit de l’autre et réciproquement. Les
minées...) ou réduire les conséquences de flux croisés de matières premières et de
l'événement. Surveiller, enfin, permet de biens de consommation existent : flux de
déceler l'approche du risque majeur et de biens et services à prix plus bas et vaste «
prévenir les populations. Au travers des réservoir de main-d’œuvre » dans lequel le
« comités transverses », les responsables secteur formel peut puiser en phase
environnement échangent sur leurs pratiques d’expansion, et dans lequel la main-d’œuvre
(benchmarking) et effectuent les retours trouve une source d’occupation et de
d’expérience indispensables pour prévenir les revenus en temps de récession.
risques. Mesurer l’activité du secteur informel
La connaissance des aléas et des enjeux présente de grandes difficultés, sa taille est
fournit une représentation dynamique des souvent estimée à partir d’indicateurs
zones exposées à des risques naturels ou globaux qui ne donnent que des
technologiques dans les documents approximations. Pour saisir le secteur
d’urbanisme. Elle permet d'identifier, à défaut informel dans toutes ses dimensions, des
de les anticiper, les impacts sur l’urbanisation Enquêtes 1-2-3 (1 pour le marché du travail,
existante. Elle indique des contraintes dont il 2 pour les entreprises du secteur, 3 pour les
faut tenir compte lors du développement revenus et les dépenses des ménages) ont
potentiel de nouveaux quartiers. Enfin, elle été lancées dans de nombreux pays. Ces

29
!

enquêtes très riches peuvent avoir de est celui qui associe étroitement les autorités
multiples applications (pour connaître les publiques décentralisées, les opérateurs
segmentations du marché du travail, les (publics, privés, mixtes, associatifs) et les
dépenses de consommation, le rendement usagers.
de l’éducation, les migrations). Elles servent à Comme pour tous les services publics
construire des groupes témoins pour évaluer d’intérêt général, les décision les concernant
l’impact des mesures prises en faveur de tel doivent répondre à trois principes :
ou tel groupe. Les résultats peuvent aussi !
être agrégés dans les comptes nationaux
pour mesurer de manière cohérente le
concours du secteur informel.

Service urbain essentiel


Comment renverser la tendance qui voit la
croissance urbaine prendre le pas sur le
développement des services aux urbains ? La
maintenance, la mise en place et les
extensions des réseaux d’eau et de drainage,
d’assainissement et de collecte et de
traitement de déchets, d’électricité et !
d’éclairage public, de transport et d’entretien
de la voirie... constituent des décisions  Le principe de l’égalité dans l’accès
cruciales en matière d’aménagement urbain. au service et dans ses prix est l’application à
Si l’on s’attache aux missions et aux ce domaine du principe républicain d’égalité
finalités, le service public est le produit d’un de tous devant la loi. Il signifie que toute
mode d’organisation sociétale particulier. personne a un droit égal à l’accès au
C’est à la fois, la garantie du droit de la service, participe de manière égale aux
personne d’accéder à des biens essentiels et charges financières résultant du service
celle d’exercer ses droits fondamentaux, (égalité tarifaire sauf pour les services
conditions du lien social; l’expression de facultatifs, tels que les écoles de musique,
l’intérêt général d’une collectivité pour assurer par exemple), et enfin doit être traitée de la
la cohésion sociale et territoriale (égalité même façon que tout autre usager du
d’accès, de fourniture, de service et de qualité, service.
recherche du moindre coût, péréquation  Le principe de continuité du service
géographique et temporelle des tarifs) ; un public repose sur la nécessité de répondre
moyen que se donne la puissance publique aux besoins d’intérêt général sans rupture
pour réguler le marché, conduire des dans le fonctionnement du service.
politiques publiques (protection de Toutefois, ce principe de continuité doit
l’environnement, politique énergétique, s’accommoder du droit de grève.
sécurité d’approvisionnement, recherche-  Enfin, le principe de mutabilité (ou
développement...), concourir au d’adaptabilité aux conditions et aux
développement économique et social en besoins) signifie que le service public ne
matière d’emploi. doit pas demeurer inchangé; il doit suivre
L’histoire des services urbains essentiels l’évolution des besoins des usagers ainsi
(SUE) dans la plupart des pays en que les innovations techniques.
développement a montré l’échec des modèles Le mode de gestion des SUE est variable.
d’opérateurs étatiques centralisés Mais dans la majorité des cas, quatre acteurs
bureaucratiques, privilégiant les approches sont impliqués et la manière avec laquelle leur
technicistes. Aujourd’hui l’accord se fait pour rôle respectif est réparti dépend du système
reconnaître que le cadre le plus pertinent de déconcentration et/ou de décentralisation
d’organisation des services urbains, du moins adopté par l’Etat.
ceux qui servent directement la population,

30
!
de chacun dans un cadre négocié.
Etat Usagers Si l’on entend par services essentiels les
services indispensables à une vie digne,
apparaissent également comme
indispensables les « utilités » comme la santé,
Élus locaux Opérateurs l’éducation, la culture, la sécurité qui sont
aussi des services essentiels. La promotion des
approches en faveur du droit à la ville conduit
Les principes et les règles, qui recueillent
à élargir le concept de services urbains
un relatif consensus, sont les suivants :
essentiels vers ceux qui renforcent la
 A l’Etat, qui dispose de la fonction de démocratie locale. Ainsi en est-il des services
régulation, les règles générales de de la citoyenneté : accès à l’information, accès
tarification, la mise en concurrence, les au numérique, espace de participation à la
normes de qualité, le respect de décision concernant les affaires de la
l’environnement, avec l’arsenal législatif et commune…
réglementaires et les moyens financiers
correspondants ;
Système d’information géographique
 Aux autorités locales, l’organisation du
Le déploiement des Systèmes
service, la définition du niveau de service à
d’Information Géographique (SIG) dans les
atteindre, la politique tarifaire, les
collectivités locales s’inscrit dans le contexte
modalités de financement des
de la dématérialisation du territoire et du
investissements et le choix du mode de
développement des services numériques. Un
gestion et de l’opérateur ;
SIG regroupe un ensemble de données
 Aux usagers/citoyens, le droit d’exercer géographiques numérisées et les organise, de
en amont une fonction dans la définition façon à pouvoir en extraire commodément
des besoins et en aval dans le contrôle et des synthèses utiles à la décision. Il offre
l’évaluation des résultats (en pouvant toutes les possibilités des bases de données
accéder aux informations et à une expertise (requêtes et analyses statistiques), au travers
autonome) et le droit d’intenter des recours d’une visualisation et d’analyse
contre des irrégularités ou les insuffisances cartographiques. Dans le domaine urbain, les
de continuité et de qualité des services. SIG traitent les modes d’occupation des sols
 A l’opérateur qui bénéficie d’une (sources photos, satellitaires et enquêtes), les
délégation sous la contrainte d’un cahier cartes d’aptitudes à l’urbanisation, les
des charges définissant des obligations de données habitat, emplois, équipements
performances et le respect de certaines (localisation et desserte), les espaces verts,
missions, la mission d’exploiter le service etc. Dans le domaine environnemental sont
sur une base professionnelle. aussi expérimentées des cartes du bruit et de
Le mode de gestion doit être laissé au libre la pollution atmosphérique.
choix des pouvoirs publics sur la base d’une La connaissance de la ville devient ainsi
approche raisonnée et adaptée au contexte. facilement archivable, diffusable et
Ce choix doit pouvoir être périodiquement actualisable. Par conséquent, l’usage d'un SIG
remis en cause et donc être réversible. permet d'améliorer sa lisibilité́ et sa gestion
L’émulation comparative (benchmarking) par une collectivité́. De telles capacités en font
constitue la meilleure voie d’éclairage de ces un outil accessible à un large public.
choix, de contrôle des opérateurs et
d’évaluation de la politique publique.
L’optimalité du mode gestion (disponibilité,
accessibilité, qualité, pérennité) repose
fondamentalement sur la bonne articulation
entre les quatre acteurs. La Charte des services
essentiels au niveau international fournit des
repères utiles pour définir les responsabilités

31
Tarification des services publics La réponse est la réparation des la
Un service public marchand n’obéit pas dépenses. Elle peut revêtir 3 formes : trouver
seulement à la rationalité économique. Il doit son équilibre afin de ne pas compromettre la
satisfaire plusieurs exigences que la pérennité du système.
tarification doit précisément rendre Pour ce faire, il faut réaliser une
conciliables. Elles sont représentées dans un péréquation autour de trois types de
triangle (triple A en anglais : availability, solidarités qui peuvent se conjuguer :
accessibility, affordability) : disponibilité une solidarité entre consommateurs qui
physique du bien qui sert le service (eau, permet d’alléger le prix de la tranche sociale
énergie, assainissement, déchets, moyen de basse et d’augmenter celle de la tranche
transport), son accès facile dans un rayon supérieure en partant du constat que la
d’action proche et son prix effectivement consommation d’eau et d’énergie ou de soins
abordable et équitablement établi. Une « d’un foyer augmente en fonction de ses
bonne tarification » revient à effectuer ressources ;
l’arbitrage conciliant ces trois contraintes. une solidarité géographique entre grandes
! villes et centres isolés, celles-là finançant ceux-
ci ;
une solidarité entre activités, les ressources
du service de l’électricité, s’il dégage un
surplus financier, finançant par exemple les
investissements du service de l’eau.
La diversité des contextes comme des
modalités de l’offre (compteurs individuels
d’électricité, compteurs ou bornes fontaines
pour l’eau, hôpitaux ou centres de santé...)
font que le problème n’est pas le même et
possiblement les outils sont différents.
!
Tarification de l’énergie
A ces critères doivent s’ajouter ceux de la La pression sociale amène certains Etats à
pérennité et de la mutabilité du service : le gérer la question de l’accessibilité à
tarif doit couvrir son coût immédiat et l’électricité en fixant des tarifs bas, inférieur
supporter les coût lié à son évolution au coût marginal de l’énergie produite. Le
(amortissement, amélioration). secteur de l’électricité est financièrement
Dans beaucoup de pays, les décisions non viable et dépendant des subventions
politiques devant le risque de colères des publiques. Tel est le cas par exemple en
usagers tendent à se traduire par des Afrique subsaharienne où les tarifs de
pressions à la baisse sur les prix des services l’électricité ne permettent le recouvrement
publics, à les fixer à des niveaux inférieurs non que d’environ 70 % des coûts (FMI, 2013). Le
seulement aux coûts moyens totaux de long système s’équilibre par des subventions. De
!plus, ces subventions se révèlent le plus
terme mais même aux coûts variables. Face à
de telles pressions, l’application du principe souvent inéquitables et socialement
économique du recouvrement intégral des régressives : elles avantagent en très grande
coûts se révèle irréaliste. Le recouvrement majorité les plus riches. En même temps, le
acceptable des coûts par le consommateur s’y système de tarification ne stimule en aucune
substitue. Pour être socialement acceptable, manière les économies d’énergie parmi les
un tarif de service public doit être adapté aux utilisateurs. Prétendument légitime du point
revenus de l’usager (affordability) mais alors de vue politique et social, la priorité
comment ne pas compromettre la pérennité exclusivement accordée au caractère
du service si l’équilibre financier n’est pas « abordable » du prix fait trop souvent l’objet
obtenu ? d’une approche restrictive et l’attribution de
subventions importantes au secteur de

32
l’énergie est contestable au plan de la unités de dépollution, réseaux d’eau et
rationalité économique, mais plus grave d’assainissement, réservoirs, etc.
encore au plan social. Le tarif au Pour les usagers, les tarifs affectent
kilowattheure doit donc inéluctablement directement leur capacité d’accès à l’eau et
respecter le principe du « grand l’équilibre », l’utilisation plus ou moins parcimonieuse
avec les péréquations qui s’imposent. Le tarif qu’ils feront de cette ressource rare. Les
de l’énergie doit aussi être apprécié familles nécessiteuses s’avèrent souvent
relativement. Lorsque les ménages ne prêtes à payer dès lors qu’elles estiment
disposent pas d’électricité, ils ont recours à accéder à une amélioration effectivement
des solutions de remplacement beaucoup constatée de leurs conditions de vie.
plus onéreuses et dangereuses comme le
bois-énergie pour la cuisson ou le pétrole Tarification des transports urbains
lampant pour l’éclairage. Quant aux Il est d’usage en matière de transport
entreprises, la seule option alternative est de d’établir un ratio entre d’un côté les recettes
disposer de générateurs produisant de commerciales (prix de vente et
l’électricité à un coût très élevé. Ces coûts complémentaires comme les recettes
constituent la limite haute du tarif finalement publicitaires) et de l’autre les dépenses
acceptable. d’exploitation (coûts du personnel, de
combustible ou d’électricité́, d’entretien
Tarification de l’eau courant, d’administration), l’idéal étant
L’eau représente un bien public. Lorsqu’elle d’atteindre un ratio au moins égal à 1 : on
est rare et que les aquifères se tarissent de atteint alors le « petit équilibre ». Mais pour
manière irrémédiable, elle ne peut pas être être en mesure de disposer de moyens de
gratuite. Son coût d’utilisation est croissant transports durables, il est également
et il doit être, d’une manière ou d’une autre, indispensable de prendre en compte les
pris en charge par les consommateurs. Fixer amortissements du matériel roulant. Un
un « juste prix » de l’eau est celui qui oriente autre ratio mesure le degré de réalisation du
les consommateurs les comportements vers « grand équilibre », et permet de mesurer le
l’utilisation la plus rationnelle possible de degré de couverture du coût total de
cette ressource rare. fonctionnement
Quelque soit la modalité de gestion du Des abonnements permettent de fidéliser
secteur de l’eau retenue, exploitant public ou les usagers et d’augmenter le taux de
partenariat public-privé (délégation, remplissage mais peuvent impliquer une
affermage, concession), la question la plus baisse de recettes, le prix unitaire du voyage
délicate à maints égards est toujours celle de étant dégressif. Des tarifs spéciaux visent
la tarification. Les capacités contributives des souvent certaines catégories de clientèle
ménages sont variables selon les pays. Ainsi (scolaires, étudiants, chômeurs, seniors) ; Ce
on estime que le taux de couverture du coût type de tarif discriminé conduit alors l’Etat à
de l’eau par le tarif est de 78% au Brésil, 45% subventionner le système à hauteur du
au Maroc et seulement 33% au Ghana (Afd, manque à gagner.
2016). Dans une agglomération cohabitent
Les tarifs retenus doivent permettre à souvent plusieurs modes de transport. Pour
l’opérateur d’entretenir et de développer ce que l’ensemble du système de transport
système au profit des usagers tout en le puisse entre cohérent et que l’intermodalité
conduisant à minimiser ses coûts et à réduire soit développée, il est essentiel qu’existe une
les externalités négatives dues à la vétusté intégration tarifaire entre les différents
des installations (pertes en réseau ou modes et réseaux afin de permettre au
pollution). On estime à 80% la part des coûts voyageur de les utiliser indifféremment et de
fixes dans le coût total. Il faut donc tenter manière complémentaire sans coût excessif.
d’optimiser l’exploitation des infrastructures Le principe de base de l’intégration tarifaire
existantes : usines de production d’eau et est qu’un seul titre permette d’utiliser tous
les modes de transport, même s’ils sont

33
gérés par des sociétés différentes. Les de la proximité forcée, et à faire charger sans
intégrations tarifaires entraînent une limite d’encombrement, leurs bagages sur le
augmentation de l’attractivité́ de l’offre toit. Échappant à un certain nombre de règles
induisant potentiellement des augmentations de service public, de taxes, dégagées du poids
de trafic susceptibles de compenser au moins de la législation du travail, le transport privé a
partiellement les réductions tarifaires pu s’approprier l’espace public. Certains
consenties. citadins s’équipent en moyens individuels
grâce aux importations asiatiques, notamment
Transport urbain en motos et tricycles motorisés, offrant une
L’étalement des villes génère partout dans certaine flexibilité, dessinant une carte de plus
le monde des besoins croissants de en plus différenciée de pratique des lieux et de
déplacements urbains. La voiture la mobilité quotidienne.
individuelle, marqueur du développement Une option connaît un fort engouement
mimétique et de la globalisation, a façonné depuis le milieu des années 2000 : le Bus
l’urbanisation au point qu’elle apparaît Rapid Transit (BRT) ou bus à haut niveau de
partout comme un moyen de mobilité service (BHNS) développé notamment au
indispensable. P. Newman et J. Kenworthy Brésil et en Colombie et que l’on retrouve à
(2006) ont établi la corrélation inverse présent dans plusieurs métropoles. D’un
existant entre densité urbaine et dépendance équipement moins onéreux que le tramway,
à l’automobile dans les pays développés : on ses caractéristiques sont proches : une forte
multiplie par 3 à 4 la consommation de fréquence tous les jours, un itinéraire en sites
carburant per capita quand on divise par 4 à spécifiques avec une priorité aux feux et aux
5 la densité urbaine. Cette dépendance ronds-points, la vente de titres de transports
restera : le parc automobile est estimé à 1,2 effectuée au niveau des stations. L’avantage
milliard de véhicules en 2020. Même quand tient à la rapidité et la fluidité des flux. A
les nuisances (pollution, bruit) sont fortes et Medellin, la ville a investi dans un système de
les embouteillages nombreux, l’urgence de télécabines, le Metrocable, et installé un
sortir du cycle voiture-pétrole est peu escalier mécanique permettant aux habitants
audible. Pourtant, les défis de l’urbanisation d’un des quartiers les plus précaires de se
forgent la nécessité de développer des déplacer gratuitement sur les contreforts
réseaux de transports collectifs, plus montagneux.
économes en énergie, moins émissifs en gaz Dans cette matière, comme dans d’autres,
à effet de serre, accessibles au plus grand aucune formule radicale, du type « tout
nombre et moins consommateurs d’espace. public» ou «tout privé », n’est satisfaisante. La
Dans les grandes villes, les transports tendance aujourd’hui est de rechercher des
collectifs assurent seulement en moyenne 60 synergies entre diverses formes de transport
% des déplacements motorisés et cette offre collectif, voire individuel.
diminue avec l’obsolescence du parc. Le Le marché des transports urbains doit
secteur informel profite de la situation de crise s’organiser en fonction de la demande, tout en
pour répondre de lui-même à l’accroissement intégrant le cas échéant des dispositifs
des besoins. Le tro-tro (qui tire son nom d’une incitatifs pour certains modes de transports, et
déformation de three-three qui correspondait reposer sur une hiérarchisation de l’offre
autrefois au prix d’une course dans la donnant sa place à chaque mode de transport
capitale) : une fourgonnette d’une origine dans un réseau structuré et organisé.
asiatique indéterminée, aménagée en minibus
est le moyen de transport le plus commode à Urbanisation
Accra (comme le fula fula de Kinshasa, le Alors que l’on comptait 600 millions
matatu de Nairobi, le gbaga d’Abidjan, d’habitants en 1950, les villes en accueillent
l’occasion de Brazzaville, le zémidjan de près de 4 milliards en 2016. Ils seront plus
Cotonou, le magbana de Conakry ou le car de 6,5 milliards en 2050. Un facteur 10 de la
rapide dakarois),. Quinze voyageurs fabrique urbaine en un siècle, sur un
parviennent à s’y entasser, déjouant les affres

34
modèle culturel forgé patiemment en 4000 Mais cet étalage d’atouts oublie que
ans. l’expansion urbaine dévore les terres arables
Le milieu des années 2000 a marqué un et l’empreinte écologique des agglomérations
tournant dans l'histoire de l'humanité : la dépasse leur emprise spatiale. L’extension
part des urbains dans la population mondiale spatiale des villes est plus rapide que la
a dépassé celle des ruraux et 50% des urbains croissance démographique (facteur 1,5 à 2
vivent dans des villes de plus de 500 000 selon UN-Habitat). Il en résulte de nouvelles
habitants (UN-Habitat, 2015). L’origine des difficultés : fragmentation sociale,
taux de croissance se répartit pour moitié allongement des temps de parcours,
entre croissance démographique intra-ville et empiétement sur les zones agricoles et
apports migratoires. En 2050, sur les 9,7 naturelles, coût exorbitant de l’équipement
milliards d’habitants de la planète, au moins des nouveaux quartiers et du raccordement
6,5 milliards seront urbains. des réseaux. En s’étalant, les villes puisent de
Le phénomène contemporain majeur est la l’eau lointaine, de l’énergie fossile, des
rapidité du processus d’urbanisation : Paris a ressources naturelles.
mis un siècle pour multiplier par 10 sa Si les politiques de la ville ne se mettent pas
population, Kinshasa seulement quarante en place pour les contrarier, le processus
ans. La ville de Lagos croît de 500 000 d’urbanisation empruntera une triple
habitant par an. L’urbanisation désigne en dynamique spatiale :
fait un double processus, celui de la  La relégation urbaine concerne les
concentration croissante de la population pauvres et les migrants qui sont contraints de
dans les agglomérations urbaines et celui de cohabiter dans des espaces paupérisés
l'extension spatiale des villes. Elle s’apprécie (quartiers précaires, ghettos), dans un espace
par le nombre d'habitants dans les villes par public dégradé, avec peu d’emplois, des
rapport à l'ensemble de la population, et par écoles surpeuplées, une police hostile ou
la densité de population (en 1970, seules absente…
Tokyo et New York dépassaient les 10  La périurbanisation qui concerne les
millions d'habitants ; en 2016, une trentaine classes moyennes qui fuient les quartiers
de villes avaient franchi ce seuil, dont 21 dégradés, leur insécurité et leurs écoles peu
faisaient partie du monde en prisées, pour s’installer dans une banlieue
développement). aseptisée mais au prix d’une hypermobilité
L’urbanisation est-elle vertueuse par elle- contrainte.
même ? A cette insolite question les théories  Enfin le gentrification dans pour la
développementalistes ont toujours répondu bourgeoisie qui se construit un entre soi
par l’affirmative. Elles ont toutes un biais sélectif dans des espaces privilégiés et
urbain. Elles véhiculent une image positive de relativement fermés.
la ville, souvent assimilée au secteur Ces tendances déjà en œuvre ne sont
moderne et capitaliste, à l'industrialisation et pas inéluctables, mais elles sont autant de
à la croissance de la productivité. La ville défis. La croissance démographique des
brasse les hommes et les idées. Elle favorise prochaines décennies sera en effet
les échanges et les innovations. Elle rend désormais un phénomène purement urbain,
accessibles les services publics essentiels sauf en Afrique.
(eau, santé, éducation). Elle engendre des
effets d’agglomération, de concentration Ville
d’activités offrant des opportunités d’emplois La définition de la ville varie d’un pays à
et de revenus. Elle favorise l’exercice de la l’autre. Il y a presque autant de définitions de
citoyenneté. Les villes possèdent aussi des ce qu’est une ville que de pays. En France, le
vertus écologiques en concentrant la moitié seuil est de 2000 habitants, au Sénégal de
de l’humanité sur 3% des terres émergées, 5000, en Norvège de 200. Certaines
elles font une utilisation intensive de agglomérations se définissent en fonction de
l’espace. critères purement physiques, la ville étant

35
limitée à la zone « totalement bâtie ». Ville compacte
D’autres intègrent les localités proches, parce Pour vivre mieux, faut-il donc vivre serrés ?
que leurs habitants et leurs activités Une ville compacte, densifiée, est moins
économiques sont en liaison étroite avec la consommatrice en sols, en eau, en énergie, en
ville. Les villes présentent des transport, en chauffage urbain. Elle permet de
caractéristiques bien différentes : denses en faire des économies d’échelle sur toutes les
Asie et au Moyen-Orient, étalées en infrastructures du fait qu’elle augmente le
Amérique latine et mêlant ruralité et nombre d’usagers par km2 investi et exploité
urbanité en Afrique. Certaines connaissent renforce les productivités… sauf sur la
un dynamisme économique élevé et d’autres construction. Construire en hauteur nécessite
sont dépourvues de tout stimulant de en effet des matériaux et des techniques
croissance. D’autres encore sont inscrites beaucoup plus chers que pour l’habitat
dans la dynamique de la métropolisation, horizontal.
traduction spatiale de la restructuration La ville compacte est un modèle reposant
économique locale, parallèlement à sur le postulat que la densification urbaine est
l’émergence de l’économie mondiale. Elles la solution aux problèmes posés par
sont devenues des « villes mondiales », l’automobile en milieu urbain, principalement
insérés dans les réseaux de la globalisation. grâce à la réduction de la distance moyenne
Mais la ville est plus qu’un espace et une du trajet domicile-travail. Ce modèle
population; elle est une société, des citoyens, d’aménagement urbain, préconisé et
des réseaux, des institutions qui la gèrent… expérimenté dans un certain nombre
Facteur de développement économique et d’agglomérations européennes, asiatiques et
culturel, les villes sont des lieux propices qui américaines, vise à limiter l'étalement urbain
permettent d’échapper aux pesanteurs de la et à favoriser la concentration des services
société traditionnelle. Mais elles sont quotidiens (commerces, équipements
également sources de tensions en termes administratifs, loisirs) dans un rayon d’action
d’équité sociale et les premiers responsables restreint (souvent moins de 800 mètres). Les
de la dégradation de l’environnement villes compactes privilégient par exemple une
(production des déchets, consommation accessibilité de services de type «20 minutes -
d’eau et d’énergie, pollution atmosphérique). 1 heure» avec une forte limitation des
La croissance urbaine non contrôlée pose de déplacements automobiles au profit des
manière accélérée la question de la prise en transports collectifs et des transports non
compte de l’environnement dans leur motorisés. On parle aussi de « ville de courtes
développement. distances ». La compacité urbaine, loin de se
Dans les faits, les vertus de l’urbanisation limiter à une question de rationalité
sont donc relatives, avec son lot d’inégalités, énergétique, recouvre une multiplicité
de misère, de quartiers précaires insalubres, d’enjeux. Avec des politiques d’urbanisme
de violence… La déshumanisation des appropriées, des villes compactes peuvent en
relations sociales est associée à l’accélération effet contribuer à protéger l’environnement et
du processus d’urbanisation, terreau pour de offrir une meilleure qualité de la vie.
nouvelles formes de la religiosité (églises du Autrement dit, à distribution des activités
réveil). Dans les grandes métropoles, les économiques donnée, la compacité urbaine
capacités d'attraction et de rayonnement, est compatible avec la préservation de
commencent à être sérieusement remises l’environnement. Elle intéresse aussi les
en question par l'accumulation des pouvoirs publics en quête d’économies, car
dysfonctionnements résultant d'un elle améliore l’efficience des investissements
urbanisme anonyme, désarticulé, non d’infrastructure et réduit les coûts d’entretien
régulé, polluant et d'un retard en matière des réseaux de transport, de distribution
d'équipements urbains. La politique de la d’énergie, d’eau, de collecte et d’évacuation
ville vise précisément à y remédier. des déchets. L’OCDE (2016) propose 18
indicateurs sur la ville compacte destinés à

36
aider les pouvoirs publics à comparer leurs gestion urbaine piloté par les acteurs publics,
résultats et à améliorer leurs actions. en forte synergie avec les forces de la société
Pour autant, mettre en place des mesures civile, dans le respect des dimensions
de densification nécessite de prendre en environnementales, sociales et économiques
compte d’autres mécanismes indirects qui du développement durable » (AFD, 2014). Il
peuvent à la longue modifier la donne. Ainsi, convient de dépasser les approches
renforcer la densité a des conséquences sur le sectorielles (transport, urbanisme, énergie...)
renchérissement des valeurs foncières, ce qui pour mettre l’accent sur les synergies et
peut conduire à une redistribution des promouvoir un mode de gouvernance
activités économiques et de lieux d’habitation, intégré.
avec des effets environnementaux L’approche cherche à prendre en compte
potentiellement inversés par rapport à ceux simultanément les enjeux sociaux,
escomptés. Une hausse des prix du logement économiques, environnementaux et culturels
inciterait alors les ménages à revoir leur de l'urbanisme pour et avec les habitants par
arbitrage entre coût du logement et coût du exemple lors d’une opération de construction
transport en faveur d’une suburbanisation ou de rénovation au travers d'une
produisant un allongement des distances architecture Haute qualité
domicile-travail (Afd, 2015). D’autres environnementale-HQE (choix de
objections au concept de la ville compacte l’implantation, des matériaux, des
doivent être entendues. D’aucuns identifient technologies), ou des modes de travail et de
les divers effets indésirables de la densité sur transport sobres en consommation
la qualité de la vie (congestion, dangers énergétique et en ressources naturelles non
d’incendie, risques sécuritaires) et s’éloignent renouvelables.
de la ville pour vivre dans un milieu plus aéré. Avec le primat donné à la lutte contre
La faible attirance des populations pour un l’artificialisation des sols qui accompagne
milieu densément peuplé est donc à prendre l’étalement urbain, à la limitation des
en compte afin de parvenir à une densité émissions de gaz à effet de serre et, par voie
intermédiaire, à la fois respectueuse de de conséquence, à la réduction de l’usage de
l’environnement mais aussi des goûts des l’automobile et à l’essor des transports
populations. collectifs, le débat sur la ville durable tend à
élargir l’espace pertinent de la planification
Ville durable urbaine bien au-delà de la frontière du bâti
La ville est un écosystème destiné à la continu.
satisfaction des besoins d’abriter, de De nombreuses associations mutualisent
protéger, de produire, d’échanger, de se les expériences des villes en matière de
mouvoir et de se cultiver. Il est fragile. Dès durabilité : United Cities and Local
lors, une véritable politique de la ville est Government, Comité 21, Energie-Cités,
indispensable afin de veiller à ce que les Eurocities, Climate Alliance, Cités et
agglomérations soient vivables et durables – Gouvernements Locaux d’Afrique…
notamment en matière de densification Ville durable, intelligente, verte… autant
urbaine, de qualité de vie, de nouvelles de slogans à la mode qui imposent et
formes de mobilité, de mixité sociale, de diffusent une vision consensuelle des réalités
qualité de l’air, de gestion des déchets, urbaines. Les projets urbains qui les
d’utilisation optimale de l’eau et de l’énergie invoquent sont-ils à la hauteur des enjeux
ainsi que d’investissements créateurs contemporains? La promesse d'une
d’emplois. transition écologique peut-elle inverser les
La « ville durable » (formule issue du conséquences négatives du régime de
Sommet Rio+20) est désormais appréhendée développement dominant? Le verdissement
comme un écosystème dont les différentes des projets urbains est-il une dérive de la
composantes interagissent entre elles. Elle "ville durable" ou une conséquence logique?
est avant tout considérée comme « un Les dispositifs de débat public qui
processus de conception, de fabrication et de accompagnent les projets d'aménagement

37
doivent être à la mesure des enjeux la population urbaine habitera dans des villes
démocratiques posés par les projets de la de moins de 500 000 habitants. D’ores et
ville durable ; déjà, les taux de croissance urbaine les plus
importants touchent les villes de rang
Ville intelligente secondaire et la tendance à la prolifération
Se déploie depuis une dizaine d’années le de nouvelles petites agglomérations qui
concept de « ville intelligente » (smart cities) franchissent chaque année le seuil de l’urbain
visant à proposer une approche systémique s’observe pratiquement partout, avec une
de l’urbain : une ville qui n’est plus intensité particulière depuis les années 1990.
seulement un lieu de vie mais qui se voit Se pose subséquemment la question de
améliorée par les réseaux toujours plus l’identification et de la reconnaissance de
puissants de l’ère numérique ; une ville ainsi cette strate d’agglomérations, espace
plus « intelligemment » peuplée par ses élus, tampon ou interface entre l’hinterland et la
ses habitants, ses collectivités et ses mégapole, dans le processus de
entreprises (ce sont les habitants qui sont développement. La difficulté est que ces
plus intelligents, pas la ville !). Le moyen d’y villes intermédiaires sont souvent moins
parvenir ? Le mixage équilibré des fonctions équipées en infrastructures, mais aussi en
urbaines essentielles (habitat, transport, ressources financières et en capacité
emploi, commerces, loisir) résulte d’une d’organisation que les capitale, véritables
optimisation des informations et des « primaties métropolitaines ».
circulations. Il diminue les besoins de
déplacement et partant la consommation Ville verte
énergétique. Il donne davantage de temps à Le concept de ville verte, « aimable avec
consacrer pour le lien social, la culture, les l’environnement », investit la conception
loisirs. Les villes intelligentes sont des contemporaine de l’aménagement urbain. La
mégapoles qui parviennent, grâce aux TIC et moitié des grandes villes du monde se sont
à des outils de gestion fine des besoins de engagées à réduire leurs émissions de gaz à
citadins, à créer des synergies entre effet de serre d’au moins 70% d’ici 2050.
aménagement du territoire, efficacité Certains sont en pointe, comme Copenhague
énergétique et mobilité urbaine. Le but est qui vise la neutralité carbone en 2025, mais
de mettre en place des solutions innovantes aussi Seattle et Vancouver en 2030. Au
et transversales face aux défis Canada et aux Etats Unis, de nombreux
environnementaux, sociétaux et de santé. territoires sont beaucoup plus ambitieux que
Les innovations vont de la gestion du trafic, les gouvernements centraux sur les questions
des consommations d’eau et d’électricité climatiques.
relevés automatiquement ; de l’éclairage L’enjeu «environnement» peut être relevé
public géré en fonction de la luminosité. par des politiques publiques qui
Cette approche « smart » n’est certainement interviennent sur des facteurs structurants
pas la panacée, la solution miracle aux tels que la densité et la compacité de la ville,
problèmes de la gestion urbaine, mais elle sa morphologie, son maillage, l’agencement
constitue une modalité pour innover dans les des fonctions ou l’organisation de la mobilité,
relations entre habitants et pouvoirs publics tous déterminants en matière de
consommation énergétique.
Ville secondaire Le concept de ville verte, « aimable avec
En 2025, 13 des grandes villes de plus de 20 l’environnement », investit la conception
millions d’habitants seront dans les pays du contemporaine de l’aménagement urbain. La
Sud (UN-Habitat, 2015). Mais nombre de moitié des grandes villes du monde se sont
mégapoles actuelles connaissent des engagées à réduire leurs émissions de gaz à
phénomènes de saturation. Dans ce effet de serre d’au moins 70% d’ici 2050.
contexte, il est fort probable que dans les Certains sont en pointe, comme Copenhague
prochaines années, la plus grande partie de qui vise la neutralité carbone en 2025, mais
aussi Seattle et Vancouver en 2030. Au

38
Canada et aux Etats Unis, de nombreux phréatiques aura une incidence sur les
territoires sont beaucoup plus ambitieux que approvisionnements en eau dans les
les gouvernements centraux sur les questions quartiers non desservis en eau potable.
climatiques. Les politiques urbaines doivent prendre
Puisque les villes ne cessent de s’étendre en compte en particulier le phénomène de
sur les campagnes, autant faire venir la l’îlot de chaleur qui est l’une des principales
campagne dans la ville ! Singapour – la « ville- caractéristiques climatiques des villes :
jardin » - est le référence la plus citée en pendant la journée, le soleil chauffe les
matière de ville verte avec son projet de constituants propres à la ville, tels que le
créer un espace restreint (710 km2) ou vivent bitume, les pierres, le béton, les briques. Or
5,4 millions d’habitants non par un jardin ces matériaux emmagasinent beaucoup de
dans la ville mais une « ville dans un jardin » chaleur et la restitue la nuit, empêchant l’air
avec comme règle « un pour un », c’est-à- de se refroidir. Alors que la température
dire que chaque mètre carré construit chute à la périphérie et à la campagne. C’est
implique en contrepartie l’aménagement l’artificialisation des villes qui crée l’îlot de
d’un mètre carré d’espace vert. Les adeptes chaleur urbain. La végétalisation de la ville,
de l’ « agriculture verticale » (D. de ses artères, de ses toits et des ses
Despommier, 2015) imaginent des fermes terrasses, est l’une des stratégies de réponse.
urbaines à la mesure des mégacités de Elle s’apparente à l’idée de faire revenir (un
demain. Toute l’énergie nécessaire est peu) la campagne dans la ville.
fournie en sous-sol par des unités de L'enjeu actuel des politiques urbaines pro-
retraitement des déchets organiques climat est de coupler actions d'atténuation,
alimentant les étages supérieurs où des afin de limiter le dérèglement climatique, et
panneaux solaires et éoliennes axiales actions d'adaptation afin de faire face à ses
complètent le dispositif. Il est même possible impacts. Or les villes opposent une grande
de se passer presqu’entièrement du soleil inertie au changement. Les infrastructures de
grâce aux diodes électroluminescentes. Les transport comme les bâtiments ont une
innovateurs n’hésitent pas à parler de longue durée de vie. Beaucoup des
« troisième révolution verte ». On les trouve adaptations nécessaires se heurtent dans la
à New York, à Paris, à Montréal, à Tokyo. pratique à des défaillances des politiques
publiques locales (gouvernance fragmentée,
Ville et climat faiblesse de la maîtrise d’ouvrage, etc.).
Le milieu urbain se caractérise par une L’intégration de nouvelles contraintes et de
concentration d’activités fortement manières de faire, la concurrence (réelle ou
consommatrice d’énergie, associée aux perçue) entre une stratégie climat et les
modes de transports et aux logements politiques publiques préexistantes expliquent
(chauffage, climatisation), qui en plus de aussi les résistances au changement des élus
générer une pollution locale, sont émettrices et des services.
de gaz à effet de serre. Il en subit en retour Face à ces inerties, un processus de
les conséquences. Le dérèglement climatique développement urbain climato-
transforme et transformera durablement compatibles doit s’appuyer sur la réunion de
l’environnement urbain. D’ici 2030, l’Un- plusieurs leviers permettant d’agir :
Habitat évalue à près de 900 millions le réglementation sur le respect de la
nombre des personnes qui seront topographie, mesures sur la préservation de
vulnérables aux risques climatiques avec un l’écoulement naturel des eaux et sur la
augmentation de la fréquence et de limitation de l’imperméabilisation des sols,
l’intensité de catastrophes naturelles de mesures de promotion des modes de
grande ampleur (montée du niveau de la déplacement doux et de limitation de
mer, inondations, glissements de terrains). l’étalement urbain, mesures directes (prix de
L’Asie du Sud sera la plus concernée avec 6 l’énergie, efficacité énergétique des
de ses 10 mégapoles qui bordent la mer. bâtiments) pour promouvoir une
Presque partout, la salinisation des nappes consommation énergétique plus sobre en

39
ciblant le comportement du consommateur séparation, non moins radicale, de l’espace
et la conception des bâtiments. Les mesures public et de l’espace privé, rationalisation
à disposition des collectivités locales relatives d’un urbanisme pris entre le vertige de la
à la réglementation sur la taille et le type de démiurgie sociale et la puissance de la
logement ont une incidence indirecte sur la réglementation étatique. La grande ville
consommation d’énergie résidentielle en anonyme conduit-elle à une « anomie »,
modifiant les besoins de chauffage et de c’est-à-dire à une dislocation des liens, à une
climatisation. Leur effet dépend néanmoins démoralisation et à une perte du pouvoir de
de la structure spatiale des villes et de la régulation des normes et des institutions ?
zone climatique concernée. De fait, la ville est un lieu paradoxal : de
Au-delà de ce volet technique, l’adoption déculturation par la perte de repère,
d’un plan urbain climat implique des d’acculturation par la fusion des apports et
approches participatives pluri-acteurs, les contacts prolongés entre urbains et
notamment dans les quartiers précaires où ruraux de diverses origines. Elle détruit et
les populations, exclues du droit à la ville, invente en même temps.
sont les plus vulnérables. Le sujet du climat La ville met à rude épreuve les équilibres
suppose une forte prise de conscience, subtils entre les générations et les sexes et
préalable à l’implication des acteurs. « C’est distend les filets sociaux de protection que
dans le cadre de processus de sensibilisation, constituent la famille, le lignage, la chefferie
de concertation, de mise en débat et de co- et les groupes communautaires de solidarité.
construction multi-acteurs que se jouent la La fracture sociale produite par l’urbanisation
définition de consensus politiques, a des aspects multiples, frustrants, féroces
l’engagement et la contribution des acteurs, parfois. Avec l’urbanisation, les individus se
la confiance dans les pouvoirs publics locaux détachent de leurs liens d’appartenance
dans un contexte d’incertitude des scénarios communautaire. Ils se déconditionnent des
climatiques et de leurs impacts » (R. contraintes du système lignager, l’espace
Colombier, Gret, 2015). originel de conformité qui se voit dépossédé
La pratique le confirme : dans les villes de ses multifonctionnalités (production,
des pays en développement, la prise en partage, socialisation, protection sociale,
considération des enjeux du climat dans le identification symbolique et politique) et
débat public sont souvent insuffisantes pour d’une fraction de son emprise et de son droit
pouvoir adopter des approches systémiques. de tutelle. Dans ce mouvement
Dans ce cas, il apparaît plus réaliste d’émancipation, les individus, se retrouvent
d’adopter des démarches progressives par alors de plus en plus intégrés dans d’autres
l’intégration de l’enjeu climat dans les espaces pluralistes de socialisation, dans le
politiques existantes (schémas et plans quartier, les corporations, les églises,
d’urbanisme, plans de mobilité, plans de l’urbanité cosmopolite et anonyme.
développement de l’habitat, déchets, etc.). Il faut inventer une nouvelle socialisation
Des actions ou des projets démonstratifs à travers des pratiques professionnelles,
climat ou à co-bénéfices climat (déchets, culturelles, associatives ou religieuses. La
éclairage public, pollution de l’air, transport) multiplication des mosquées à tendance
à effet perceptible sur le quotidien des wahhabite et des églises charismatiques
habitants permettent d’incarner les (pentecôtistes, adventistes, anabaptistes) est
opportunités liées à ces enjeux, pour également un fait urbain, lié à la perte des
convaincre acteurs locaux et populations. repères et la dissolution des liens de la
solidarité familiale. Leur expansion est un fait
Ville et solidarité social majeur. Elles freinent l’implosion d’une
La ville est le cadre et le moteur d’une urbanité cruelle et à bout de souffle en
remise en ordre profonde de la vie et des offrant une liturgie facile et une rédemption
rapports humains : séparation radicale, monétarisée aux plus crédules et aux plus
spatiale et temporelle du travail productif et désespérées. La conversion à une piété
de la vie sociale, parachèvement de la galvanisée par le renouveau prophétique

40
s’explique par la pauvreté ambiante d’une police, locaux publics (niveau 2), les
population qui mène une lutte de tous les agressions sur les porteurs d’uniformes
instants pour survivre et la profonde (contrôleurs, pompiers, militaires, vigiles),
crédulité qui lui est associée. travailleurs sociaux, enseignants (niveau 3),
le caillassage des voitures de police en
Violence urbaine patrouille et les attroupements hostiles à la
La ville est un espace doté d’un fort police (niveau 4), les attroupements
pouvoir d’attraction parce qu’elle offre un vindicatifs freinant les interventions et
accès aux services essentiels et au marché de l’invasion du commissariat (niveau 5), les
l’emploi. Mais c’est également un lieu où embuscades, guet-apens et pare-chocage
s’expriment les tensions sociales et où avec volonté de blesser (niveau 6) et les
apparaissent des formes de violence saccage des vitrines, de voitures, jets de
particulières. Comment en mesurer cocktails Molotov d’une durée brève. Cet
l’ampleur, en connaître les causes et outil a le mérite de proposer des indicateurs
proposer des remèdes durables ?Les concrets qui permettent d’appréhender un
interprétations abondent entre concept qui reste imprécis et susceptible
 d’un côté les thèses qui réduisent d’interprétations disparates et
l’insécurité au sentiment de peur pour idéologiquement marquées.
dénoncer l’incapacité de l’Etat à répondre Afin de réduire les facteurs de violence,
aux actes délictueux et qui en appellent à la beaucoup d’actions se construisent autour
répression et au tout-sécuritaire d’un sentiment d’appartenance et de
 d’un autre côté celle de la « culture solidarité. Il peut s’agir de groupes d’entraide
de l’excuse » qui expliquent les violences entre personnes connaissant le même
urbaines comme une réaction à la violence problème (vilence, toxicomaine, djihadisme).
du système social (inaccessibilité du marché On peut aussi mettre en place des médiations
de l’emploi, échecs des politiques nouvelles, notamment en faveur des enfants
éducatives et des politiques urbaines) au et des jeunes dont les parents sont défaillants
point de rendre légitime des actions qui ou absents. Qu’il s’agisse de découvrir un
relèvent de la protestation civile et qui métier ou la culture de la ville, c’est une
préconisent des solutions de nature communauté qui se mobilise.
structurelle.
Il y a toujours une graduation dans la
dégradation des relations sociales telles que
celles qui se nouent en ville. Lorsque les
« incivilités » (insultes, agressions, vols,
dégradations, bruit) ne rencontrent plus de
désapprobation directe par peur des
représailles, elles préparent le terrain à
d'autres actes potentiellement plus graves. Il
en résulte aussi un enfermement
individualiste qui renforce les incivilités en un
cercle vicieux.
L’échelle L. Bui Trong (du nom d’une
commissaire de police française) comporte
huit niveaux de violence urbaine, depuis le
vandalisme et le feu de poubelles ou de
cages d’ascenseur (niveau 1) jusqu’à
l’émeute avec affrontement collectif contre
les forces de l’ordre pendant trois à cinq
nuits d’affilée (niveau 8), en passant par le
vandalisme furtif contre les écoles, postes de

41
Les sites utiles Fonds mondial pour l’environnement :
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Académie de l'eau: www.academie-eau.org/ Groupe énergies renouvelables,
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Experts et Chercheurs (AITEC): www.geres.eu
aitec .reseau.ipma.org GRDR Migration - Citoyenneté –
Agence française de développement (AFD) : Développement : www.grdr.org
www.afd.fr Gret (Professionnels du développement
Association mondiale des grandes solidaire): www.gret.org
métropoles : www.metropolis.org Groupe Huit : www.groupehuit.com
Avise, portail pour développer l’économie Institutions et développement (ID) :
sociale et solidaire : www.avise.org www.ietd.net
Base de données Geopolis : www.e- Idée pour le développement:
geopolis.eu www.ideas4development.org
Centre for Sustainable Development & Institut de Recherches et d'Applications des
Environment (CENESTA): Méthodes de développement (IRAM) :
www.cenesta.org www.iram-fr.org
Center for affordable water and sanitation International council for local
technology (CAWST) : www.cawst.org Environmental Initiative (ICLEE) :
Centre d’études et d’expertise sur les http://www.iclei.org
risques, l’environnement, la mobilité et Ministère de l’écologie, du développement
l’aménagement (CEREMA) durable et de l’énergie:
www.territoires-ville.cerema.fr www.developpement-durable.gouv.fr
Centre de ressources documentaires du Partenariat français pour la ville et les
développement durable (Commissariat territoires (PFVT) : www.pfvt.fr/fr
général au Développement durable) : Partenariat pour le développement municipal
www.developpement-durable.gouv.fr/ – PDM : www.pdm-net.org
Centre International d’Etudes pour le Programme des Nations unies pour
Développement Local (CIEDEL) : l’environnement : www.unep.org/french
www.ciedel.org Programme solidarité eau (PSeau) :
Centre international de Recherche sur www.pseau.org
l’Environnement et le Développement Réseau Afrique jeunesse :
(CIRED) : www.centre-cired.fr Africajeunesse.africa-web.org
Centre régional pour l’eau potable et Réseau francophone sur l’eau et
l’assainissement à faible coût (CREPA) : l’assainissement : www.oieau.fr/ReFEA
www.reseaucrepa.org (Re)sources : www.thinktank-ressources.fr
Charte des services essentiels : Save the Children : www.savethechildren.org
www.fondation-igd.org SIDE : Système d'Information Documentaire
Cités et gouvernements locaux d’Afrique de l'Environnement :
(CGLU) : www.afriquelocale.org www.side.developpement-
Cités unies France (CUF) : www.cites-unies- durable.gouv.fr/
france.org Système d’information mondial
Cities Alliance : www.citiesalliance.org francophone pour le développement
Commission nationale de la coopération durable : www.mediaterre.org/
décentralisée : www.cncd.fr Un-Habitat: www.unhabitat.org
ENDA, Environnement et développement Villes en devenir : www.villesendevenir.org
du Tiers Monde: www.enda.sn Villes, Territoires et changement climatique
ESSOR Association de solidarité (ViTeCC) : www.cdcclimat.com
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45
Table des matières

Gentrification ..................................................21
Adressage.......................................................... 2 Gouvernance de la ville ...................................21
Affermage ......................................................... 2 Habitat spontané ............................................22
Agriculture périurbaine..................................... 2 Habitat social...................................................22
Aménagement urbain ....................................... 3 Inclusion sociale ..............................................22
Artificialisation foncière.................................... 3 Latrinisation ....................................................23
Assainissement ................................................. 4 Métropolisation ..............................................23
Bas de la pyramide............................................ 4 Mobilité urbaine .............................................24
Bidonville .......................................................... 5 Paradoxe de Todaro ........................................24
Bornes fontaines ............................................... 6 Partenariat public-privé ..................................25
Budget participatif ............................................ 6 Périurbain........................................................25
Cadastre ............................................................ 6 Planification urbaine .......................................25
Citoyenneté urbaine ......................................... 7 Politique de la ville ..........................................27
Concertation urbaine ........................................ 8 Quartiers précaires .........................................27
Concession de service public ............................ 8 Rénovation urbaine.........................................28
Concession BOT ................................................ 8 Risques urbains ...............................................28
Cultures urbaines .............................................. 9 Secteur informel..............................................29
Déchet ............................................................... 9 Service urbain essentiel ..................................30
Déchets liquides .............................................. 10 Système d’information géographique ............31
Déchets solides ............................................... 10 Tarification des services publics......................32
Décentralisation .............................................. 11 Tarification de l’énergie ..................................32
Démocratie locale ........................................... 11 Tarification de l’eau ........................................33
Droit à la ville .................................................. 12 Tarification des transports urbains .................33
Eau urbaine (organisation) ............................. 12 Transport urbain .............................................34
Economie populaire urbaine .......................... 13 Urbanisation....................................................34
Ecoquartier ..................................................... 14 Ville..................................................................35
Effet d’aglomération ....................................... 14 Ville compacte.................................................36
Emploi urbain .................................................. 15 Ville durable ....................................................37
Enfant des rues ............................................... 15 Ville intelligente ..............................................38
Entrepreneuriat urbain ................................... 16 Ville secondaire ...............................................38
Etalement urbain ............................................ 17 Ville verte ........................................................38
Fabrique urbaine............................................. 17 Ville et climat ..................................................39
Finance informelle .......................................... 18 Ville et solidarité .............................................40
Financement de l’habitat ................................ 19 Violence urbaine .............................................41
Financement des services urbains .................. 19
Fiscalité locale ................................................. 20 Les sites utiles .................................................42
Foncier urbain ................................................. 20 Ouvrages et articles ........................................43

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