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Professeur : B .DEBBAGH
SUPPORT DU COURS
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LES POLITIQUES PUBLIQUES TERRITORIALES
- Qu’est-ce que la question territoriale révèle dans les façons de penser les
changements de l’action politique ?
- Quelles sont les influences qui traversent la prise de décision politique
contemporaine à l’échelon local ?
- Y a-t-il une transformation radicale des normes de l’action publique
aujourd’hui ?
- Quels rôles jouent les institutions dans le développement local ? Comment
certaines collectivités locales en sont-elles venues à aller bien au-delà de leurs
obligations en matière de patrimoine par exemple, ou de promotion des produits
du terroir ?
- Comment des vertus comme la solidarité, la démocratie participative et
l’implication des citoyens, l’organisation et la coordination des acteurs locaux,
s’imposent au territoire, ou comment le local s’en empare-t-il ?
- Comment jouent dans les villes les anciennes valeurs (centralité, segmentation)
et les nouvelles (proximité, identité, réactivité) ?
- Quels systèmes de gouvernance en assurent le fonctionnement et la pérennité ?
Thèmes de recherche :
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6) Gestion durable de la ville et gouvernance urbaine.
3) L’approche néo-institutionnaliste
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Approche sémantique et théorique des concepts: espace; territoire; local;
politique publique; gouvernance locale.
Trois termes que les intellectuels manipulent depuis bientôt 20 ans en essayant de
s’approprier, pour le compte de leur discipline respective, les concepts cachés dans les
mots.
Pendant que l’Espace faisait fortune, conceptualisé par Henri Lefebvre en « produit
social », analysé sous tous les aspects dans la revue Espaces et Sociétés, le Territoire,
quant à lui, avait mauvaise réputation.
En effet, si dans les années 1970 le débat des sciences sociales concernait l’Espace
avant tout, c’est parce qu’il s’agissait de mettre en cause, de contester et de lutter
contre l’Aménagement du Territoire. L’Espace était social ; il fallait affirmer le droit à
l’appropriation de l’espace, à la pratique de l’espace, librement décidée et mise en
œuvre pour les individus alors que l’Aménagement du Territoire était défini,
commandé, mis en place par le pouvoir central et ses multiples représentants en
province.
Le débat des années 1970 privilégiait l’Espace et disqualifiait le Territoire car les deux
vocables renvoyaient à des pratiques parfaitement opposées et à deux manières
radicalement différentes de concevoir le maintien de la liberté des individus ou des
groupes à travers la définition du « bien collectif » et la «gestion de l’utilité publique».
Dans les années 80, avec l’entrée en crise et l’inaptitude de l’Etat à disposer de fonds
importants pour équiper les régions, apparait le concept de « développement
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local ».Sous sa forme restrictive ce concept au départ, évoque « de nouvelles
procédures d’aides aux communes » ; mais on ne peut parler de développement que
lorsqu’il y a production de valeur. Aussi, c’est le processus de valorisation de l’espace
local qui est le moteur du développement. Si l’espace est un produit social, le
développement local serait tout simplement la valorisation de l’espace d’une société
territoriale.
Ici l’espace renvoie à une forme d’organisation qui rassemble tous les flux nécessaires
au fonctionnement d’une société, quelle que soit l’échelle.
Et la territorialité serait selon Jean Claude Maurel une « relation polymorphe qui se
tisse entre un groupe social et son environnement dans l’activité de production et de
consommation » et qui implique une appropriation et un marquage de l’espace.
L’espace serait ainsi sans limite, le territoire est lui délimité.
Le territoire est « un construit socio économique produit par les interactions entre les
acteurs locaux: économiques, techniques, sociaux, institutionnels qui participent à
résoudre un problème productif ou à réaliser un projet de développement collectif…
Le territoire est caractérisé par sa gouvernance, définie comme l’ensemble des
processus institutionnels qui participent à la régulation locale du système économique
territorial ». (Pecqueur Bernard 2002).
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Philippe Bourdeau explique que le développement territorial vise à une répartition
optimale des personnes et des activités dans un espace donné. (Dorénavant, il doit
intégrer les principes de durabilité).
Il est maintenant admis qu'elle élargit celle de "développement local", voir la dépasse.
Principales raisons:
Alors qu’il s’agissait dans les premiers temps de mettre en œuvre une politique
globale sur un territoire national considéré de façon abstraite, la réalité a peu à peu
donné une vision multiple de l’espace : il ne s’agit plus de ne prêter attention qu’aux
territoires en difficulté mais de valoriser les potentialités de tous les territoires.
Ils constituent tous autant d’espaces présentant des enjeux différenciés et qui appellent
des politiques de développement sur mesure.
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A ce titre le territoire joue un rôle majeur:
Dans les années 80, avec les débuts de la décentralisation, le développement local sous
sa forme restrictive, était défini comme « une nouvelle procédure d’aide aux
communes », « toute initiative prise au niveau communal ».
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Ceci conduit à une complexification de l’organisation des activités et des rapports
sociaux qui comporte en elle-même des risques d’apparitions de tendances
contradictoires avec le développement local
On remarque ainsi que loin de s’effacer devant la globalisation, les territoires locaux
semblent au contraire trouver dans la crise actuelle de nombreuses raisons de
s’affirmer.
La crise amène à privilégier le plan local par rapport au plan national et rencontre sur
le terrain des poussées sociales, culturelles et identitaires. Le local s'approprie en
quelque sorte le développement pour en faire un concept et une pratique globale, une
stratégie territoriale intégrée, solidaire, durable
Pour comprendre l’analyse des politiques publiques et de leur champ intellectuel il faut
revenir à 3 grands courants de pensée qui constituent le socle intellectuel de l’analyse
des politiques publiques :
• La bureaucratie
• Le management public
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formes principales : les politiques publiques véhiculent des contenus, se traduisent par
des prestations et génèrent des effets» (Thoenig 2004)
Exemple : Dans un 1er temps, dans les sociétés traditionnelles le social reposait sur la
solidarité et l’assistance, mais avec l’affaiblissement des solidarités locales et
l’émergence de la forme sociale du salariat on voit se développer de nouvelles formes
de solidarités ou de lien social qui vont déboucher à terme, sur les différentes formes
d’Etat providence.
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fois dépendants les uns des autres et antagonistes pour l’obtention des ressources
rares).Ces moyens, ce sont les politiques publiques.
Il faut attendre les années 80 dans les pays développés (années 90 dans les PVD) et le
processus de décentralisation pour marquer un retour au territoire et parler d’une
« territorialisation des politiques publiques ». Des politiques publiques qui
s’inscrivent dans des cadres territoriaux, régionaux, communaux …Ces nouvelles
formes de gouvernance territoriale ne signifient pas la « fin » de l’Etat ni celle des
politiques sectorielles. Mais des changements d’échelle de l’action publique qui
contribue à la complexification croissante des modes de régulation de sociétés elle
mêmes de plus en plus complexes (transferts de compétences, nouveaux cadres
d’actions, nouvelles procédures…).
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Théorie des cycles d’action publique.
Selon Pierre Muller « un cycle d’action publique est un processus à travers lequel se
développe, se stabilise puis se désagrège une configuration globale définissant le rôle
et la place des politiques publiques dans le fonctionnement des sociétés ».
Cette configuration est fondée sur 3 dimensions dont l’articulation est essentielle pour
comprendre le système de contraintes et de marges de jeu :
Chaque cycle se caractérise par une période de montée en puissance pendant laquelle
se met en place l’articulation entre ces trois régimes, un moment de stabilisation et une
phase de désagrégation ou de désarticulation combinée avec la phase d’émergence
d’un nouveau cycle. C’est à ce moment là qu’apparaissent de nouvelles contraintes en
même temps que les marges de jeu des acteurs sont les plus importantes. Si l’on
remonte à la période où l’action de l’Etat se structure sous forme de politiques
publiques, à savoir la seconde moitié du 19ème siècle on peut mettre en lumière
l’enchaînement de 4 grands cycles d’action publique.
- Vision libérale fondée sur le « laissez- faire » : le rôle des politiques publiques qui
se mettent en place n’est pas de transformer la société mais d’accompagner le
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développement éco tout en préservant l’ordre social (Etat faiblement
interventionniste).
La crise de 1929 va apparaître comme une remise en cause du « laissez-faire », car elle
porte en elle la nécessité de penser autrement le rôle de l’Etat par rapport aux mondes
économiques et sociaux.
A partir de la crise des années 70 : remise en cause du rôle de l’Etat face au marché
et des politiques keynésiennes : stagflation, les systèmes de protection sociale
n’empêchent pas la montée de l’exclusion et le service public devient synonyme
d’archaïsme, les recettes de politiques publiques (comme la relance par la demande et
l’investissement public par exemple) ne fonctionnent plus.
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politiques industrielles, ouverture à la concurrence des services publics, réarticulation
du social et de l’économique avec une norme de limitation des dépenses sociales
Les modes de gestion privés sont érigés en modèle pour la gestion publique avec pour
objectif d’améliorer l’efficacité et surtout l’efficience (le rapport coûts résultats) des
politiques publiques.
Sans remettre en cause la norme de marché qui reste dominante, la crise actuelle
contribue à reformuler la question des régulations étatiques et plus généralement la
question des rapports entre Etats et marché ; reconfiguration du rôle et du
fonctionnement des institutions.
A côté des normes et des programmes d’action publique élaborés à l’échelle nationale,
il existe aussi des politiques publiques qui s’inscrivent dans des cadres territoriaux,
régionaux, communaux …Ces nouvelles formes de gouvernance territoriale ne signifie
pas la « fin » de l’Etat . Si ces processus de changement d’échelle peuvent ouvrir des
espaces de jeu, ils s’imposent aussi aux acteurs comme une contrainte dans la mesure
où ils correspondent à une modification de la règle du jeu.
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La nouvelle économie institutionnelle et l’approche par le développement local
L’économie va ignorer le rôle des institutions jusqu’aux années 70, à partir desquelles
l’économie standard va tenter de l’intégrer à son cadre d’analyse.
C’est Ronald Coase, en 1937 déjà, qui dans un article « the nature of the firm»
souligne la place de l’entreprise à travers la théorie « des coûts de transaction »(TCT),
et avance que le marché n’est pas l’institution exclusive dans nos économies.
La TCT s’écarte un peu plus du corpus néo classique en postulant que les agents ne
sont dotés que d’une rationalité limitée tout en se comportant de manière opportuniste.
L’idée de Coase n’a été redéveloppée qu’à partir des années 70 par Oliver
Williamson donnant ainsi naissance à la nouvelle économie institutionnelle (NEI).
Les institutions y sont définies comme « l’ensemble des règles et des normes qui
encadrent et régulent les comportements ».
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Leur principale problématique :
Un tel type de relation est en effet susceptible d’économiser une partie des coûts de
transaction. Face à l’économie comme théorie des prix la NEI se définit comme une
analyse des « règles du jeu » de l’économie.
Selon Douglas North les institutions sont « des contraintes humainement conçues qui
façonnent les interactions entre les hommes »elles constituent « les règles du jeu d’une
société ».
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Dans tous ces cas, les institutions sont interprétées comme des dispositifs de régulation
alternatifs au marché mis en place par les agents pour minimiser les coûts de
transaction.
- aux imperfections du marché: dans les PSD les marchés ne sont pas harmonieux
(segmentation du marché du travail, situation d’extrême pauvreté), les comportements
ne sont pas conformes à la rationalité néoclassique.
Les marchés sont imparfaits lorsqu’ils perpétuent les déséquilibres au lieu d’être
autorégulateurs, ou lorsque l’équilibre qu’ils déterminent est sous optimal en ce sens
qu’il serait toujours possible de le modifier par une intervention exogène (comme
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l’Etat) afin d’améliorer le bien être de certains agents sans détériorer celui des autres
agents
Exemple: imperfection du marché du crédit (la croissance ne profite pas aux pauvres).
Les institutions peuvent donc être inadaptées au bien être des pauvres : les
imperfections des marchés sont dues à la défaillance des institutions qui les
encadrent.
Selon Daron Acemoglu les déficiences des institutions interviennent dans 3 domaines:
- Elles ne garantissent pas l’égalité des chances ce qui ne permet pas à toute la
population d’accéder à l’éducation, à la santé, au crédit…
Pour Acemoglu « les institutions jouent un rôle essentiel dans la répartition des
revenus entre les individus et les groupes sociaux .Autrement dit , elles influent non
seulement sur la taille du « gâteau social » mais aussi sur son « partage ».
Aussi bien la croissance du revenu par habitant, que l’évolution de la répartition des
revenus et la réduction de la pauvreté absolue sont tributaires de nécessaires
changements institutionnels dont la réalisation est soumise aux rapports
sociopolitiques au sein des pays.
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L’approche par le développement local et la nouvelle gouvernance
territoriale
Pour maîtriser et gérer cette complexité il faut la participation de tous les acteurs
(approche participative). Il faut une « nouvelle gouvernance », de nouveaux
processus de décision fondés sur la négociation entre différents acteurs et sur la
décentralisation: c’est la nouvelle approche du développement local
C’est une approche « par le bas »c’est-à-dire que la croissance repose sur des
initiatives de la société locale et non pas sur des initiatives inspirées par l’extérieur :
- promouvoir, susciter, "construire ensemble" une dynamique territoriale apte à faire
surgir les initiatives de développement génératrices d'emplois et de richesses.
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« Le développement local est une organisation à construire par de l'information en
reliant des acteurs publics et privés, engagés dans une dynamique de projet sur un
territoire ». (Dynamiques territoriales)
Selon Coase R « l’économie institutionnelle moderne devrait étudier l’homme tel qu’il
est agissant sous le poids des contraintes imposées par les institutions existantes.
L’économie institutionnelle moderne c’est l’économie telle qu’elle devrait être ».
Développer une très forte capacité d’organisation des acteurs locaux leur permettant
de valoriser les ressources locales et/ou importées et de réinvestir sur place le produit
de la valorisation. Le territoire est ici un moyen et non une fin
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La dynamique ainsi créée par la capacité des acteurs locaux à investir et à réinvestir
sur place en vue de valoriser les ressources, et l’augmentation des hommes et des
activités qu’elle entraîne, conduisent à une complexification de l’organisation des
activités et des rapports sociaux.
3) Processus d’intégration:
La conscience que les acteurs concernés peuvent avoir de former un groupe cohérent,
les rendant unis pour des objectifs communs et surtout liés par l’appartenance à la
même unité spatiale. Elle revêt des formes multiples : mobilisation locale,
implication, citoyenneté.
Les cohésions des hommes entre eux et des hommes avec les lieux seraient les
supports actifs du développement local.
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décentralisés (collectivités locales, ONG, société civile).« Moins de gouvernement et
plus de gouvernance ».
La gouvernance se définit comme « l’exercice des pouvoirs économiques, politiques,
et administratifs pour gérer les affaires des pays à tous les niveaux. Il comprend les
mécanismes, procédés et institutions par lesquels les citoyens, les groupes articulent
leurs intérêts, exercent leurs droits légaux, remplissent leurs obligations et gèrent leurs
différences ».
Une bonne gouvernance doit reposer sur les principes généraux suivants :
L'action publique locale joue un rôle important de part l'intervention de divers acteurs
dans le champ des politiques publiques.
On peut parler d'une contractualisation des actions publiques car les acteurs
appliquent les directions fixées par les politiques publiques locales.
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L'Etat garde la régulation administrative et financière mais c'est au niveau local que se
décide la manière dont sera appliquée la politique publique par des groupes sociaux et
les institutions locales.
Une politique publique peut être élaborée et formulée en pleine autonomie par une
collectivité territoriale, dans son champ de compétence. C'est plus souvent, une
politique menée en partenariat avec d'autres acteurs, intervenant à plusieurs niveaux de
gouvernement (local, national).
Ainsi, dès lors que les collectivités ont l'autonomie suffisante pour développer, dans un
champ particulier, une action autonome, elles ont toute capacité pour mettre en œuvre
des politiques publiques : par exemple :
On peut dire que la territorialisation des politiques publiques locales permet de mieux
voir les résultats d'une politique publique car l'évaluation se porte mieux dans un
champ géographiquement délimité. En effet, il sera plus facile d'évaluer les problèmes
et les actions à mener sur un territoire géographiquement délimité
Les politiques locales ont donc un rôle très important car se sont les problématiques
de l'accumulation de ses territoires qui font les politiques publiques nationales.
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CONCLUSION :
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