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Lycée Moderne Coffi Gadeau Tiébissou CLASSE : 2 nd C2 2020-2021

INTRODUCTION
L’information géographique est partout. La Géographie apparaît alors plus
indispensable que jamais. Elle permet par exemple d’expliquer les nouvelles
spatialités liées à la mondialisation ou de comprendre et de posséder les clés des
conflits. Pourtant l’image de la géographie est brouillée. Dans l’imaginaire
populaire, la Géographie reste la science de l’érudition des localisations. Peut-
être peut-on l’expliquer par la géographie scolaire qui est elle-même considérée
comme une matière d’apprentissage. On « sait » la géographie, on ne comprend
pas la géographie. On peut donc dire que la géographie reste méconnue du grand
public et parfois même de ceux qui l’enseignent qui ont majoritairement reçu
une formation en histoire.

I- DEFINITION DE LA GEOGRAPHIE

C’est un mot géographie vient du grec ancien "η γη" (hê gê) la Terre et
"γραφειν" (graphein) écrire, décrire ou tracer.

Selon le dictionnaire Larousse:

 Sens 1: Science qui a pour objet la description et l'explication de


l'aspect actuel, naturel et humain, de la surface de la Terre.

 Sens 2: Ensemble des caractères qui constituent la réalité physique et


humaine de telle ou telle région.

"La géographie... se sont des faits qui se déplacent" Daniel Pennac (romancier)

II- L’OBJET DE LA GEOGRAPHIE

Il existe une incertitude sur les champs d’étude de la géographie. Le matériau de


la géographie est a priori illimité et inclut tout ce qui existe à la surface de la
Terre. Mais en étant partout, la géographie semble sans objet. Existe-il vraiment
une unité de la géographie ?
Comme toute science, la géographie s’est constituée progressivement, s’est faite
de « révolutions scientifiques ». Elle s’est adaptée aux mutations de la société et
aux accélérations de l’histoire. Ces mutations sont stimulantes et indispensables
à la formation d’une science. Mais il est aussi important de constituer un noyau
dur indiscutable, de déterminer une organisation autour d’un pôle central de
géographicité. Les géographes doivent tenter de se poser les mêmes questions
fondamentales autour du même objet en fonction des mêmes objectifs.
La notion de paysage, polysémique comme souvent en géographie, est
l’illustration de l’évolution de ses paradigmes. Le paysage est d’abord le terrain,
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le concret traduisant l’unité physionomique d’une aire donnée. La géographie


classique met l’accent sur le visible. Les déterminants physiques et biologiques
sont alors les plus importants. Puis le paysage apparaît comme la matérialisation
des rapports entre les sociétés et la portion de l’espace qu’elles occupent. Le
paysage est alors le « palimpseste conceptuel et matériel d’une transformation
incessante ourdie par l’histoire passée et présente » selon MARCEL. Il devient
ensuite une question sociale avec l’aménagement du territoire. Le paysage est
aussi un objet culturel. Le patrimoine est une ressource voire une marchandise
« fabriquée et consommée pour le tourisme par exemple ».
Les géographes ont donc d’abord privilégié l’étude des relations entre l’homme
et son milieu physique. Il s’agissait de repérer les influences de la nature sur les
actions et la répartition des hommes, de voir comment les groupes humains
occupent l’espace en s’adaptant à leur support matériel. La géographie a alors
souvent cédé aux facilités simplistes du déterminisme, suivant lequel tout
phénomène est engendré par une ou des causes nécessaires telles que dans des
conditions similaires, les mêmes causes génèrent les mêmes effets. Il naît de la
volonté d’expliquer l’organisation et le fonctionnement des sociétés uniquement
par les contraintes que leur impose le milieu physique. Parfois un retour de
balancier excessif a ensuite entraîné la négation de toute contrainte physique sur
l’organisation de l’espace des hommes. Aujourd’hui les géographes rejettent
l’usage mono-causal et monodirectionnel, le monopole explicatif et on peut dire
que leur objet d’étude n’est plus le cadre pour lui-même mais l’homme encadré.
La géographie est donc aujourd’hui considérée comme une science sociale,
longtemps restée sous la coupe de l’histoire en France mais capable d’échanges
fructueux avec la sociologie ou l’économie. C’est aussi une science spatiale.
Elle étudie l’organisation de l’espace. Toute société génère en effet des lieux et
produit de l’espace. Les acteurs de la production spatiale sont nombreux.
« L’homme est un animal spatial » selon LUSSAULT. On peut alors définir la
géographie comme l’étude de la spatialisation des groupes humains, de la
manière dont ils produisent, utilisent, aménagent, pratiquent ou se représentent
l’espace. Elle fournit une explication de la société par l’espace.

III- LES METHODES DE LA GEOGRAPHIE

Dans son histoire, la géographie a été successivement « énumérative »,


« descriptive », « explicative ». Décrire, c’est restituer les objets et les
phénomènes en énonçant le plus précisément et objectivement l’ensemble de
leurs caractéristiques. Expliquer, c’est les rendre intelligibles en les rattachant à
une structure logique, notamment causale. De la description à l’explication, les
géographes cherchent de plus en plus à aboutir à des théories (à une
généralisation, une abstraction), preuves que la géographie se veut une science

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avec une volonté d’objectivité, de rationalité, de restructuration des capacités


conceptuelles.
Dans une volonté de davantage de scientificité, la Nouvelle Géographie postule
qu’il existe des explications logiques à tous les phénomènes géographiques. Elle
vise à répondre à une nouvelle question : « pourquoi là plus ou moins
qu’ailleurs ? ». Ses 3 piliers sont la modélisation, la systémique et l’analyse
spatiale. Par exemple, l’analyse spatiale vise à faire apparaître les structures, les
fonctionnements, les dynamiques pour mettre en évidence une construction
théorique de l’espace, un ordre géographique raisonné. Elle consiste à montrer
l’existence de régularités, de règles voire de lois permettant d’expliquer
l’évolution du monde. L’analyse spatiale permet de décoder les signes
d’organisation spatio-sociale, les principes organisationnels majeurs. Cette
Nouvelle Géographie profite du formidable développement de l’outil
informatique. Les logiciels en libre accès sont nombreux pour fabriquer des
cartes fixes ou interactives. Les navigateurs géographiques (de géo-visualisation,
de géo-exploration ou de géo-analyse) se révèlent des outils très efficaces de
représentation. Ils peuvent aussi être des outils d’aide à la décision qui intègrent
des critères géographiques dans l’optimisation des actions commerciales.
Dans les sciences humaines en général et en géographie en particulier, on assiste
toutefois à un retour remarqué du subjectif et de l’affectif contre les excès des
spatialistes, centrés sur les structures, les dynamiques. Pour certains géographes,
il convient surtout d’étudier le rapport entre les hommes socialisés et
l’espace. C’est une approche plus sociologique des faits géographiques. Cette
géographie est centrée sur l’homme dans son individualité. Par exemple, la
notion d’habiter approfondit le rapport de l’homme avec son histoire, ses
pratiques sociales et culturelles, individuelles et collectives dans les dimensions
idéelles et imaginaires. Cette autre géographie souhaite ordonner les
problématiques autour du sujet plutôt que de l’objet. Ainsi, nos pratiques
spatiales dépendent des images que nous avons du monde et d’abord de nos
perceptions issus des informations recueillis à partir de stimuli sensoriels en
passant par des filtres cognitifs et affectifs. Un même paysage peut ainsi être
perçu très différemment. Par ailleurs, nos représentations spatiales naissent de
nos pratiques spatiales et influencent en retour nos comportements ou
conceptions de l’aménagement de l’espace. C’est un construit idéel par lequel
les hommes appréhendent l’espace. On peut ainsi distinguer espace vécu et
espace de vie. La priorité doit-elle donc aller à l’espace ou aux sociétés ? Les 2
pour FREMONT qui définit la géographie comme l’« analyse des rapports
sociaux au sein de systèmes spatialisés ».

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IV- LES OBJECTIFS DE LA GEOGRAPHIE


En premier lieu, la géographie devait rendre la planète intelligible autour de
deux actes fondamentaux : se situer et se déplacer. Les géographes ont en effet
commencé par repérer, mesurer mais aussi nommer. La géographie a été d’abord
descriptive et à vocation encyclopédique. Elle a d’abord été orientée vers des
finalités pratiques très diverses, à la demande d’utilisateurs variés, publics ou
privés avec une forte utilité sociale. Elle fournissait des renseignements
efficaces pour le commerce, la guerre, les marchands, les marins, les pèlerins.
Avec la géopolitique, ses liens avec les pouvoirs se sont renforcés, parfois avec
quelques dérives. Aujourd’hui elle est davantage au service de l’aménagement
en proposant des scénarios fiables. Malgré un désapprentissage spatial (lié par
exemple à l’utilisation du GPS), on assiste également à une sollicitation de plus
en plus de renseignements géographiques. La géographie doit donc aider les
hommes à mieux appréhender, mieux gérer les mutations spatio-fonctionnelles
contemporaines. Elle doit maintenant apprendre à s’interroger, argumenter,
discuter et favoriser la citoyenneté active. C’est le « mode d’emploi de l’espace
humain » LUSSAULT.
La carte, outil privilégié du géographe, est un exemple de ces évolutions. Elle
est d’abord un outil de repérage et de prévision (pour un déplacement par
exemple). Elle a une fonction de mémorisation/description de la surface
terrestre. C’est aussi un outil de travail, une aide à la décision et à la recherche.
On peut la définir comme un moyen d’information et de communication
délivrant une organisation d’informations localisées. Aucune carte n’est la
réalité. C’est toujours une « abstraction du réel perçu ». Toute carte traduit une
vision subjective du monde, une interprétation du monde. Elle est déterminée
par sa problématique et ses objectifs, par son message. Une carte n’est jamais
neutre. Il faut donc exercer un esprit critique, d’où une nécessaire une éducation
citoyenne à la cartographie du collège à l’université.
La géographie est en effet une science profondément marquée par sa fonction de
discipline scolaire. Quels sont donc les enjeux de l’enseignement de la
géographie scolaire ? Elle vise d’abord à fabriquer des citoyens acteurs,
utilisateurs de l’espace. Mais sur elle pèse le lourd handicap de simple science
de la mémoire des lieux. Il est donc important de construire des
questionnements, des outils généraux, des concepts, à apprendre à faire de la
géographie, à « apprendre à penser le monde ». Il est nécessaire d’accentuer
l’initiation de l’analyse spatiale, de fournir les clés fondamentales de la
géographie très tôt en renforçant les acquis notionnels, pour permettre aux
élèves de comprendre le monde. La formation et le recrutement des enseignants
ainsi que les programmes sont pourtant 2 freins pour atteindre ces objectifs.

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