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Université de Yaoundé I – Faculté des Arts, Lettres et

Sciences Humaines

Département de Géographie
GEO 412 DE LA GEOGRAPHIE A
L’ENVIRONNEMENT
Roger NGOUFO, Professeur, ngoufocew08@yahoo.fr
Mardi 14h15-16h15 NBP7
PLan
Introduction
I- La Géographie physique et ses branches : des liens évidents avec la nature
• Géomorphologie
• Hydrographie et hydrologie
• Climatologie et Biogéographie
• Autres disciplines en partage ou connexes
• Unité de la géographie physique ou atout pour l’environnement?
II- Quelques exemples de concepts et théories unificateurs
• TRICART et son « épiderme de la terre »
• Tricart, Kilian et l’écogéographie
• Biostasie et rhéxistasie
• Géographie physique et écologie : l’écosystème
• Paysage et Géosystème
• Territoire et environnement
III- Exemples d’itinéraires personnalisés: de la géographie physique à l’environnement
• L’exemple de géographes physiciens camerounais (département de Géographie, Université de
Yaoundé 1
• Un exemple Français de la géomorphologie à l’environnement : Yvette Veyret
IV Thématiques pertinentes ou actuelles interpellant les géographes
V-Implication des géographes dans des projets environnementaux concrets
Conclusion
Bibliographie provisoire
• Arnould P. et Simon, L. (2018). Géographie des environnements, Major, 271 p.
• BERTRAND G. et TRICART J.(1968), Paysage et géographie physique globale ; esquisse méthodologique, In: Revue géographiquedes Pyrénées
et du Sud-Ouest, tome 39, fascicule 3, 1968, RGPSO 3.DOI : 10.3406/rgpso.1968.4553

• BERTRAND G. (2009), “En passant par le paysage... parmi lieux et milieux, environnement et territoires”, Géodoc n° 59, Documents de
recherches de l’Institut Daniel Faucher-Université de Toulouse-Le Mirail,, 66 p.

• BERTRAND G. et Laurent Lelli (2009), “Le projet de paysage : alibi culturel ou ‘révolution copernicienne’”, Le projet de paysage. Un projet
politique, sous la direction de Mario Bédard, Presses de l’Université du Québec, pp. 197-201.

• BERTRAND G. et BEROUTCHACHVILI N. (1978), Le géosystème ou « système territorial naturel », RGPSO 49.

• BERTRAND Claude et Georges (2002), “Une géographie traversière. L’environnement à travers territoires et temporalités”, Editions
Arguments, Paris, 2002, 310 p.

• La crise de l’environnement et le retour du géographique ,G Bertrand , MERCREDI de la GÉOGRAPHIE du 13 janvier 2010

Compte rendu établi par Marie THOMAS, tutrice du Département de Géographie et Aménagement.https://geo.univ-
tlse2.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1265200633305&ID_FICHE=10295

• Gemenne, F. et Rankovic (2019). Atlas de l’anthropocène, Paris, Sc Po, 158p.

• Métailié Jean-Paul et BERTRAND G, “Les mots de l’environnement”, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2006, 128 p.
• Alexandre Moine (2006) . Le territoire comme un système complexe : un concept opératoire pour l'aménagement et la géographie , , Dans
L’Espace géographique 2006/2 (Tome 35), pages 115 à 132

• Reynaud Alain, Coque Roger, Durand-Dastès François, Enjalbert Henri, Joly Fernand, Kretz Jean-Louis. Qu'est-ce que laGéographie physique ?.
In: Travaux de l'Institut Géographique de Reims, n°45-46, 1981. Analyse écologique. Réflexionscritiques, concepts, techniques, études de cas. pp.
37-44;doi : https://doi.org/10.3406/tigr.1981.1096https://www.persee.fr/doc/tigr_0048-7163_1981_num_45_1_1096Fichier pdf généré le
28/03/2018

• ROBIC M.-Cl. (éd.) (1992), Du milieu à l’environnement. Pratiques et représentation du rapport homme/nature depuis la Renaissance,
Economica.

• TRICART J. et KILIAN J. (1978), L’éco-géographie, Maspéro.

• TRICART J. (1972), La terre planètre vivante, PUF.

• TRICART J. (1978), Géomorphologie applicable, Masson.

• Yvette Veyret, « La géographie physique des vingt-cinq dernières années en France. Etat des lieux », Belgeo [En ligne], 2 | 2003, mis en ligne le
30 juillet 2003, consulté le 15 avril 2020. URL : http://journals.openedition.org/belgeo/16228 ; DOI : https://doi.org/10.4000/belgeo.16228

• VEYRET Y. (dir.) (1998), L’érosion entre nature et société, SEDES.

• VEYRET Y. (1999), Géoenvironnement, Campus éd., SEDES.

• VIGNEAU J.-P. (2000), Géoclimatologie, Ellipses, Paris.


• https://www.geo.fr/environnement/quest-ce-quun-ecosysteme-193594 ; consulté le 18/04/2020

• https://youmatter.world/fr/definition/ecosysteme-definition-enjeux/ consulté le 18/04/2020


Introduction
L’existence d’un rapport de la géographie à l’environnement est indéniable. Restreint à la géographie
physique, le lien à la nature, composante cardinale de l’environnement, n’est que plus évident. En
envisageant l’homme et la société dans son cadre physique, la géographie contribue à la réflexion sur
l’environnement (Veyret, Y. 2004). Plusieurs auteurs ont mis en exergue ce rapport à travers des
expressions : Géo-environnement (Veyret, Y.) ou Géographie de l’environnement (Arnould,P. , Simon P. ,
2007, Géographie des environnements, 2018)
Mais le champ couvert par ce qu’on désigne sous le vocable « environnement » est bien plus large que
celui de la géographie car faisant appel à plusieurs disciplines. « On appelle ‘’environnement’’ en géographie l’ensemble
des relations entre l’homme et les milieux physiques (parfois appelés milieux ‘’naturels’’) à différentes échelles d’espace et de temps. […] La
géographie de l’environnement dépasse donc la seule idée de nature, et s’est constituée comme une science hybride, au croisement des données
physiques dites ‘’naturelles’’ et des données sociales, économiques et politiques au-delà du clivage entre géographie physique et géographie
humaine. »(Burlot, R. 2018).
La géographie, pour aborder la variété des questions environnementales doit donc occuper ses marges
pour s’ouvrir. Jusqu’aujourd’hui, et malgré les progrès accomplis, on observe un retard ou tout au moins
une timidité de la géographie sur ces questions. La géographie, malgré les enjeux contemporains
environnementaux, n’a jamais vraiment réussi à considérer la question environnementale,
fondamentalement politique, comme faisant ontologiquement corps avec son champ d’intervention.
En cherchant à garder sa capacité spécifique de distanciation, elle n’arrive pas à capitaliser un savoir
propre sur l’environnement alors que d’autres disciplines, comme la biologie, ont trouvé une visibilité
nouvelle par ce biais. Quand bien même les géographes s’intéressent à cette question, ils laissent trop
souvent de côté les réflexions sur les politiques de la nature et sur les tensions heuristiques
nature/culture pour rester dans une vision en phase avec le corpus historique de la discipline (Dennis
Chartier et Estienne Rodary) ; l’Atlas de l’anthropocène de F Gemenne (spécialiste de géopolitique et
environnement) et de Aleksandar Rankovic (spécialiste d’écologie) est un produit de l’atelier de
cartographie de Sciences Po(2019). Les géographes ont réalisé d’autres choses mais ne doivent-ils pas
rester en alerte.
I- La Géographie physique et ses branches : des liens évidents avec la
nature
La géographie physique, appelée aussi géographie « naturelle » ou
«physiographie » étudie de nombreux domaines : la végétation, les
formes de relief, les sols, le climat , les eaux courantes…
• C’est la branche de la géographie qui décrit la surface de la Terre.
C'est donc par définition une science de la nature qui permet de
comprendre la Terre actuelle, les évolutions passées et celles à venir.
• Elle s'organise en plusieurs spécialités : la géomorphologie
(structurale et dynamique), la climatologie, l'hydrologie, la
biogéographie et la paléogéographie. Il s'agit alors de décrire et
d'expliquer les formes du relief, les traits du climat, les aspects du
cycle de l'eau et la répartition des êtres vivants (des sols jusqu'à la
faune). Ces disciplines concourent à l'analyse du milieu naturel.
Géomorphologie
• la géomorphologie analyse l'une des composantes du milieu naturel, en relation étroite avec
les autres disciplines de la géographie physique et des sciences de la Terre (géologie).
• La géomorphologie (« géo », la terre, « morpho », la forme, et « logie » formé du grec logos,
que l'on peut traduire ici par loi ou science) est une discipline scientifique dont l'objet est de
nommer et de mesurer les formes du relief, mais aussi d’expliquer leur genèse et de prévoir
leur évolution. La complexité de cette discipline, et ce qui en fait aussi son originalité, est liée
à cette triple démarche puisqu'elle emprunte à de nombreuses autres sciences. Cela revient,
dans certains cas, à interpréter les conditions d'élaboration de paysages anciens tandis que,
dans d'autres cas, il s'agit de prédire et de mesurer la dynamique d'un processus en cours
comme le glissement de tout un versant de montagne.
• La géomorphologie est la science qui étudie les formes de relief, les formations associées,
leur évolution, les mécanismes – d’origine interne ou externe – qui les façonnent et les
facteurs qui les contrôlent. Le point de départ de la démarche géomorphologique est
l’observation des formes [de Martonne, 1909] ; le terme implique non seulement une
description mais également un décryptage des formes de relief.
• On distingue une géomorphologie structurale qui correspond dans le relief à l’expression
directe de la structure, d’une géomorphologie dynamique (voire climatique) dont les formes
sont liées à l’action d’un climat particulier. Une des formes élémentaires est le versant,
étendues de dimension kilométrique plus ou moins inclinées, zones d’actions météoriques et
de transfert de matières. Les versants sont caractérisés par des modelés qui reflètent les
processus d’érosion qui les ont façonnés
Hydrographie et hydrologie
• l'hydrologie est la science qui a pour objet l'étude des eaux, de leur nature et de leurs diverses propriétés (mécaniques, physiques et
chimiques). Cette discipline englobe l'eau des rivières, des lacs, les aquifères et dans une certaine mesure les glaciers. Elle comprend différents
sous-domaines qui examinent les masses d'eau spécifiques ou leurs interactions avec d'autres sphères, par exemple la limnologie et
l’écohydrologie ;
• L’hydrologie se subdivise en hydrologie continentale et hydrologie marine (océanographie. L’eau concerne à la fois l’atmosphère, les rivières
(lentique), les lacs (lotique), les glaciers. Les fleuves acheminent vers les mers une partie des eaux issues des pluies
• Les rivières sont alimentées par les eaux infiltrées dans les nappes phréatiques et restituées par les sources. Les modalités d’écoulement
répondent aux conditions du milieu car les régimes hydrologiques ne reflètent pas seulement les apports météorologiques. Les cours d’eau
représentent une résultante linéaire des données physiques
• Les rivières élémentaires drainant de petites unités topographiques offrent des conditions plus simples : les Cours d’eau pérennes nourris par
les sources s’opposent aux cours d’eau spasmodiques alimentés essentiellement par le ruissellement de surface lors de fortes averses (oueds,
mayo)
• Les organismes fluviaux sont des systèmes complexes alimentés par les apports d’affluents variés. Les régimes hydrographiques complexes
combinent les réponses de sous-bassins. Des fleuves des montagnes arrosées roulent les eaux vers des piémonts qui peuvent être secs (fleuves
himalayens : Indus, Gange, Brahmapoutre)
• Des fleuves « allogènes » acheminent d’importants volumes d’eau en dehors de leur domaine bioclimatique d’origine : le Nil alimenté par les
précipitations sur les plateaux d'Afrique orientale traverse une partie du Sahara où il est soumis à une intense évaporation avant d’atteindre la
Méditerranée. Le Mississipi traverse le domaine tempéré d'Amérique du nord pour atteindre les régions subtropicales du golfe de Mexique. Le
Niger décrit une large boucle entre les régions humides et le domaine sahélien ouest africain
• Les rivières ne représentent pas seulement un flux hydraulique, elles entretiennent les conditions naturelles particulières sur
leur lit, sur leur berge et leur plaine d’inondation. Les rivières font l’objet d’ménagements multiples et variés; les modifications
apportés aux chenaux et le contrôle des écoulements sont destines à maitriser la ressource en eau pour l’irrigation, la
production énergétique et la régulation des voies navigables
• Les transformations visent à réduire les risques d’excès et de pénurie
Climatologie et Biogéographie
la climatologie est la science qui étudie les caractéristiques et les évolutions des climats sur une
période temporelle dans le long terme. La climatologie examine aussi bien la nature des
microclimats (locaux) que des macroclimats (globaux), que des influences climatiques naturelles et
anthropiques. Cette discipline scientifique est subdivisée en d'autres sous-disciplines tel que la
paléoclimatologie ;
Biogéographie
la biogéographie est l'étude scientifique de la distribution des animaux et des végétaux dans la
biosphère, leurs groupements et leurs rapports avec le milieu, aux époques géologiques comme aux
temps modernes. Cette discipline est divisée en cinq sous-disciplines comme: la biogéographie, la
paléobiogéographie, la phylogéographie, la zoogéographie et la phytogéographie ;

• Branche de la géographie dont l’objet est la description du vivant sur la terre


• Fait référence à la vie et à sa répartition dans l’espace
• Couvre champ de recherche large; science partagée entre géographie, écologie, botanique
• Les découpages arbitraires des sciences sont des leurres
• Les géographes ne sauraient ignorer les apports de la biologie de même que les biologistes
intègrent de plus d en plus l’espace
• Zoogéographie, paléobiogéographie, la phylogéographie…parfois peu ou non enseignés
Autres disciplines en partage ou connexes
• la glaciologie est l'étude des glaciers, de leur répartition, de leur influence, de leur évolution. Cette
discipline peut également participer à l'analyse de l'évolution climatique et à comprendre les effets
du réchauffement climatique et des climats des ères précédentes ;
• la météorologie est la science ayant pour objet l'étude des phénomènes atmosphériques et de la
prévision du temps sur une période temporelle à court-terme, qui la distingue de la climatologie ;
• l'océanographie est l'étude scientifique du milieu marin (fonds océaniques, masse des eaux et les
zones limites des mers (surface et littoral). La discipline couvre un caractère généraliste et traite
également les organismes marins et les écosystèmes (océanographie biologique); les courants
marins, les vagues et les dynamiques des fluides géophysiques (océanographie physique); la
tectonique des plaques et la géologie du fond de mer (océanographie géologique); et les flux de
diverses substances chimiques et physiques dans l'océan et à travers ses frontières (océanographie
chimique) ;
• la paléogéographie est la science qui étudie les périodes géologiques anciennes et en particulier
celles de la formation des océans et des continents afin de reconstituer la géographie de la Terre à
travers les ères géologiques remontant à plusieurs milliards d'années. C'est donc une science à la
croisée des sciences géographiques, de la paléontologie et de la géologie puisqu'elle se sert de
preuves géologiques (fossiles) et du paléomagnétisme, ainsi que de l'évolution de la dérive des
continents et de la tectonique des plaques.
• la pédologie est l'étude scientifique des sols dans leur environnement naturel. Elle est l'une des
deux branches principales de la science des sols avec l'édaphologie. La pédologie traite
essentiellement la pédogenèse, la morphologie du sol et la classification des sols. En géographie
physique, la pédologie est largement étudiée en raison des nombreuses interactions entre le climat
(eau, air, température), la vie dans le sol (micro-organismes, plantes, animaux), les matières
minérales présents dans les sols (cycles biogéochimiques), ainsi que sa position et ses effets sur le
paysage.
Unité de la géographie physique ou atout pour l’environnement?
• La géographie physique a initialement pour objet principal le milieu. C'est la branche de la géographie qui a
dominé jusque dans les années 1950-1970 par le biais de la géomorphologie, en particulier structurale, et donc
l'ensemble de la discipline. L'étude de géographie physique et du paysage était la base de l'étude de la
géographie pour le père de la géographie française, Paul Vidal de La Blache. Pour comprendre l'organisation des
sociétés humaines, il fallait analyser le milieu dans lequel vivaient les hommes. L'historien Lucien Febvre a
qualifié cette démarche possibiliste, « la nature distribue les cartes, l'homme joue la partie » (J.-P. Alix, L'Espace
humain) (possibilisme). Les évolutions épistémologiques des années 1960 ont fortement affaibli la géographie
physique, des géographes tel qu'Yves Lacoste ont fortement critiqué une emprise trop forte de la géographie
physique comme élément explicatif de l'organisation des sociétés humaines (déterminisme).
• La place de la géographie physique fait débat au sein même de la géographie. Certains voient en la géographie
physique une science de la nature, profondément changé. Depuis quelques années, on parle de géographie,
physique globale, dans laquelle les branches n’apparaissent plus isolées. Y a-t-il une unité de la géographie
physique?; les auteurs répondent (Reynaud Alain et al., 1981) https://www.persee.fr/docAsPDF/tigr_0048-7163_1981_num_45_1_1096.pdf):
Jean-Louis kretz.- « C'est le problème de la synthèse en géographie ».
Henri Enjalbert.-. « On ne peut pas séparer les différentes disciplines qui ont donné naissance aux paysages
actuels. Et on ne peut pas non plus les séparer de la géographie humaine puisque celle-ci intervient comme l'un
des éléments qui ont contribué à faire évoluer le paysage. La géographie physique forme donc un tout. On peut
certes privilégier, dans certains cas, l'un des aspects suivant le but poursuivi, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il
s'agit d'un ensemble, qu'il s'agit du cadre naturel, que ce cadre naturel se situe par rapport aux activités humaines
avec des caractéristiques qui tiennent à la géomorphologie, à la climatologie, à la végétation, et que ces différentes
disciplines sont liées entre elles ».
François Durand-Dastes . « -Oui, il y a une unité de la géographie physique dans la mesure où il y a un système de
la nature, comme on disait autrefois. Ce système a des composantes extrêmement variées et l'étude de l'ensemble
de ces composantes peut faire l'objet d'une réflexion globale ».
https://www.persee.fr/docAsPDF/tigr_0048-7163_1981_num_45_1_1096.pdf
Fernand JOLY.- »Comme toute science, la géographie physique demande une double nécessité : d'une
part une analyse approfondie et d'autre part un point de vue, un retour â une certaine vue globale.
D'où selon les moments, selon les personnes, selon les moyens aussi, d'une part un émiettement des
spécialités : c'est ce qui s'est passé en gros durant la période 1900-1950 ; et d'autre part la recherche
ou le retour à une certaine géographie dite globale. Ce double aspect est nécessaire : de Martonne
enseignait autrefois qu'il était indispensable de prospecter à fond le détail, sans pour autant perdre de
vue l'idée directrice »
Roger Coque.-Est-ce qu'il y a unité de la géographie physique ? « Je dirais oui, en ce sens qu'elle a un
objet d'étude précis, qui est le milieu naturel. Mais il est bien certain que cette étude peut être abordée
d'une façon analytique, en portant l'attention sur les différentes composantes du milieu naturel, relief,
climat, biogéographie, hydrologie, etc. Mais elle peut être abordée d'une autre façon, disons plus
synthétique, plus globale »
• « lorsqu'on étudie une des composantes — comme le relief — toute étude géomorphologique
suppose que l'on tienne compte aussi des autres éléments du milieu naturel, c'est-à-dire le climat, la
couverture végétale et les eaux. De telle sorte, au fond, qu'il y a une simple différence dans la
hiérarchie des composantes du milieu naturel
• .Celle-ci en plus s'intéresse de plus en plus au rôle de l'homme dans la transformation de son
environnement physique. Parmi les concepts les plus utilisés, on trouve l'anthropisation Certains
géographes physiciens intègrent les concepts de la géographie humaine et des sciences sociales. Ils
plaident pour un renouveau de la géographie physique parfois appelée, géographie de
l'environnement
• Historiquement, c’est à la faveur de théories et concepts que la géographie physique a
participé/contribué à l’intégration des données ou communié les disciplines connexes dans un souci
de globalité ».
• De nouvelles approches voient le jour à la fin des années 1960 et au cours des années 1970 sous
l’impulsion de deux géographes physiciens qui me semblent majeurs pour comprendre l’évolution de la
discipline. Il s’agit de Georges Bertrand, biogéographe, et de Jean Tricart, morphologue.
A la suite des géographes soviétiques, Georges Bertrand définit le concept de géosystème,
Jean Tricart défend et pratique au travers de nombreuses publications (1972, 1978, 1981) et d’études de
terrain, ce qu’il nomme avec J. Kilian « l’éco-géographie ». Pour ces auteurs, l’homme et la société sont les
agents décisifs de l’écodynamique. Les structures économiques et sociales influent sur ce que les auteurs
considèrent aussi comme l’écosystème.
Peu à peu au cours des années 1980, l’évolution de la géographie physique s’affirme, de nouvelles
problématiques apparaissent concernant l’érosion d’origine anthropique (H. Vogt et Th. Vogt, 1979), ou le rôle
des sociétés dans la dynamique des milieux. En outre, l’émergence d’une géographie humaine privilégiant
l’organisation de l’espace et les modèles s’est effectuée assez largement en rejetant les données physiques
considérées par certains comme inutiles. Ces années sont aussi celles où la croissance économique (« les
Trente Glorieuses »), l’ampleur de la croissance urbaine et le poids grandissant des villes font oublier à
certains géographes que la nature existe encore. Jean-Louis Tissier (Robic, 1992) rappelle d’ailleurs qu’« en
développant l’analyse spatiale, de nombreux géographes ont, pour ainsi dire, mis la nature à distance
Dans les mêmes années 1980, la nature revient en force dans les médias au travers des discours écologiques.
Les thèmes les plus souvent évoqués alors sont ceux de la protection de la nature, de sa conservation face à
sa dégradation, voire sa destruction par les sociétés humaines. Ces inquiétudes liées directement au
développement de l’industrie, aux prélèvements de diverses ressources (énergétiques et autres) et à
l’industrialisation qui suivent la Seconde Guerre mondiale, sont apparues dans les travaux des experts du club
de Rome et dans leur appel à « la croissance zéro », puis dans les travaux de la conférence internationale de
Stockholm (1972) intitulée : « l’homme et son milieu, les bases d’une vie meilleure pour 1972 ».
Confrontée à ces deux aspects totalement antinomiques, un certain nombre de géographes physiciens,
suivant en cela les pistes ouvertes par Georges Bertrand et Jean Tricart, reconsidèrent leurs thématiques et
les finalités de leur recherche. Ils ouvrent un sillon qui n’a cessé depuis de s’approfondir et de s’enrichir de
nouvelles approches, et qui est celui de l’environnement
II-Quelques exemples de concepts et théories unificateurs
TRICART et son « épiderme de la terre »
• A l’interface directe avec l’atmosphère, le sol représente la pellicule la plus externe de l’écorce
terrestre : il s’agit du volume de matériau meuble qui est généralement issu de l’altération
naturelle de la roche sous-jacente ou d’un matériau allochtone, mais qui peut également avoir une
origine totalement anthropique
• Le sol, partie meuble et superficielle de la croûte terrestre, l'épiderme de la terre, constitue
l'interface entre la matière inerte et la matière vivante, un lien vital entre l'homme et sa planète
• Le sol est une ressource fragile Les plus importantes dégradations et destructions des sols sont
causées par l’Homme. La dégradation des sols n’est pas un phénomène récent : les premières
civilisations des vallées du Tigre et de l’Euphrate avaient déjà dégradé leurs sols
• Dans la note de lecture de l’épiderme de la terre de Tricart, Fénélon fait noter que les ingénieurs
des Services publics disposent d'une compétence, d'une expérience et de moyens techniques
considérables pour édifier un barrage, pour tracer une route ou pour amener l'eau dans les
champs à irriguer. Mais, agissant dans un secteur étroit, l'ensemble des conditions physiques, dont
ils modifient l'équilibre, leur échappe parfois ; une culture nouvelle, la tranchée d'une route, une
usine au fil de l'eau peuvent déclencher de graves dégâts dans un organisme harmonieusement
constitué au cours de longs millénaires d'interdépendance entre les phénomènes physiques. Avant
d'agir, il serait donc nécessaire d'avoir une vue d'ensemble du complexe naturel lentement
équilibré et que seul le géographe, par sa formation intellectuelle, est habitué à examiner.
• Tricart a participé à la mise en valeur du delta du Sénégal et du Moyen Niger, à la prospection des
sols en Guinée, au réaménagement des vallées du Queyras dévastées en 1957, à la protection des
vallées du Bas-Languedoc contre les crues désastreuses, à la correction de l'Adour, au
développement agricole de diverses régions du Brésil, du Venezuela, du Salvador, à des levés
géologiques en Alsace...
Tricart, Kilian et l’écogéographie
• La géographie n'était au fond qu'une écologie humaine. C'est le sens des
chapitres encore lisibles des « Histoires » d'Hérodote, dont le nom figure sur la
couverture du livre. Oikos, c'est la maison, le lieu où l'on habite. La géographie
humaine n'a-t-elle pas été définie par Maurice Le Lannou, dès 1949, comme la
science de l'homme habitant ? Ce géographe ne disait-il pas, après d'autres, ce
qu’ont répété J. Tricart et J. Kilian : qu'il ne faut pas opposer homme et nature,
que l'homme « est un élément de la nature, avec laquelle il est relié par de
multiples liens d'interdépendance », que « l'éco-géographie » — comme la
géographie de toujours — « consiste à étudier comment l'homme s'intègre
dans les écosystèmes ». Tricart et Kilian y ajoutent une préoccupation pratique,
qu'exprime dans le titre du livre le mot aménagement
• Tricart et Kilian lorsqu'ils écrivent que « la seule attitude rationnelle (de
l'homme envers le milieu) consiste à effectuer sur les écosystèmes le
prélèvement maximum qu'ils peuvent supporter sans se dégrader ni se détruire
». Ainsi sont justifiées les deux parties du livre. La première définit le point de
vue éco-géographique, se fondant sur les flux d'énergie qui structurent les
écosystèmes. La seconde traite de l'aménagement du milieu naturel
Biostasie et rhéxistasie
• Erhart, Henry, 1951. La genèse des sols en tant que phénomène géologique. Esquisse
d’une théorie géologique et géochimique. Biostasie et rhéxistasie. Masson, Paris 90 p
• La biorhéxistasie est une hypothèse de ce pédologue expliquant les relations existantes
entre la formation des sols sur les continents et la nature des dépôts marins synchrones.
Elle repose sur le concept d'une évolution discontinue de notre planète, caractérisée par
une alternance de phases de biostasie et de rhéxistasie.
Durant les phases de biostasie, des précipitations abondantes et régulières induisent une
forte pédogenèse caractérisée par une forte altération du matériau parental et une
lixiviation intense des alcalins et des alcalino-terreux ce qui se traduit par la formation
d'argiles, d'oxydes de fer et d'aluminium et la concentrations de minéraux résiduels dans
le sol. Un tel climat favorise aussi la végétation qui protège les sols de l'érosion.
Lire plus: https://www.aquaportail.com/definition-5040-biorhexistasie.html
• La lixiviation désigne dans le domaine de la chimie, de la pharmacie ou des sciences du
sol, toutes les techniques d'extraction de produits solubles par un solvant, et notamment
par l'eau circulant dans le sol ou dans un substrat contenant des produits toxiques
• Lixiviation : Percolation lente de l'eau à travers le sol permettant la dissolution des
matières solides qui y sont contenues. Le liquide résultant est appelé lixiviat.
Par exemple, l'eau peut ainsi se charger en substances toxiques lors de la traversée des
sols ayant servi de décharges
• Lessivage : Le lessivage est le transport d'éléments par l'eau de pluie en direction de la
nappe phréatique. On parle de lessivage des substances phytosanitaires, de lessivage des
constituants du sol (argiles, ions), etc.
• Dans le cas des sols, le lessivage entraîne les particules argileuses, limoneuses du sol, ou
les ions, des couches supérieures de celui-ci vers les couches plus profondes. Cela peut
avoir un impact sur la qualité des eaux souterraines, et des cours d’eau
• En agriculture, on emploie souvent les termes de lixiviation et lessivage dans le même
sens. Les deux termes désignent cependant deux variantes de ce phénomène de
transport de matériaux dans le sol. Le Lessivage concerne uniquement les particules
solides non solubles alors que la lixiviation concerne uniquement les éléments solubles
puisqu'ils sont entraînés par l'infiltration des eaux après avoir été dissous. Ainsi, on parle
de lessivage des argiles mais de lixiviation des nitrates.
• La période de biostasie se caractérise par une stabilité suffisamment longue pour
permettre le développement d'un couvert forestier ; la forêt joue un rôle de filtre, elle
contrôle la formation du sol et sépare une
• phase migratrice, composée principalement de carbonates de Na, K, Ca, Mg, et de silice hydratée,
d'une
• phase résiduelle, composée d'hydroxydes de Fe, d'Al et d'argiles (kaolinite principalement).

• On appelle hydrolyse toute réaction chimique au cours de laquelle il y a rupture de liaison d'une
molécule par l'eau

• La sédimentation autour du continent ayant alors pour base la phase migratrice, est
chimique et biochimique, elle montre particulièrement des calcaires, des dolomies, des
silex, etc.
• Le couple biostasie-rhexistasie est une grille de lecture développée par le pédologue Henri Erhart (1898-1982) permettant de
comprendre la genèse des sols et leur rôle d’interface avec les dynamiques érosives et le développement végétal.
• En situation de biostasie, les sols sont couverts de végétation : celle-ci les protège de l’érosion hydrique et éolienne, leur apporte
de la matière organique. En conséquence, les sols se développent : il s’instaure un équilibre vertueux entre la qualité du sol et le
couvert végétal.
• En période de rhexistasie, la disparition du couvert végétal, qui peut être d’origine climatique comme lors des périodes froides de
glaciation, ou d’origine anthropique, ne permet pas la bonne protection des sols contre l’érosion hydrique ou éolienne. Les sols
sont progressivement décapés, et fournissent une charge sédimentaire abondante. Appauvris, les sols ne peuvent constituer un
support efficace pour le développement végétal : la dégradation du couvert végétal s’exacerbe ainsi par un cercle vicieux. La
période de rhexistasie se caractérise par la destruction du couvert végétal pour diverses raisons (déformation tectonique,
modification climatique, cause anthropique, …). L'[[érosion, alors, s'attaque au sol et le déblaie avant de s'attaquer aux roches du
sous-sol.

• La sédimentation qui correspond à cette période est composée des éléments de la phase résiduelle remaniés. Ces éléments
donnent des argiles qui peuvent être riches en kaolinite, débris végétaux, matières organiques ; ce sont ensuite des dépôts plus
grossièrement détritiques, sableux et/ou calcareux, des conglomérats (lorsque les reliefs sont importants).
Ces périodes peuvent se succéder plus ou moins régulièrement, donnant des séquences ou des cycles sédimentaires…

Biostasie Rhéxistasie
Géographie physique et écologie
• Le terme écosystème est aujourd’hui très largement utilisé, mais il est souvent galvaudé. Pour revenir aux
sources du vocable, une définition scientifique de l’écosystème s’impose.
• Le terme d’écosystème est relativement récent puisqu’il a été mis au jour par le botaniste britannique Arthur
George Tansley en 1935. « Complexe d’organismes et de facteurs physiques », il s'analyse comme l’ensemble
des êtres vivants qui interagissent entre eux au sein d’un milieu spécifique et avec cet environnement.
• Il comporte des composants abiotiques, biotiques et anthropiques qui sont en interaction ; bon nombre de
composantes relèvent de la Géographie Physique.
• les composants abiotiques (« sans vie », les facteurs du milieu autres que ceux du vivant) relèvent :
• de la lithosphère (les roches) ;
• et de l'atmosphère, déterminant le climat. Le climat se manifeste dans le déplacement des masses d'air mais aussi au niveau
des milieux rocheux via des agents météoriques qui participent au climat du sol, aux processus de météorisation
(modifications intervenant dans les roches sous l'effet des phénomènes atmosphériques) ;
• et enfin, de l'hydrosphère (les eaux) dont l'étude générale est le domaine de l'hydrologie qui se subdivise en hydrologie
continentale et en hydrologie marine (ou océanographie). L'hydrographie concerne l'étude de la répartition des eaux (voir
réseau hydrographique). Dans le milieu naturel, l'eau ne concerne pas seulement l'eau atmosphérique, les rivières, les lacs,
les mers et océans et, les glaciers — l'eau doit être envisagée sous ses trois formes — mais aussi l'eau contenue dans la
lithosphère.
• les composants biotiques (bios, la vie) représentés par la biosphère (végétaux à travers la phytogéographie et
animaux y compris la faune du sol dans la pédofaune) ;
• les composants anthropiques (anthrôpos, l'homme). L'étude actuelle des géosystèmes est caractérisée par une
prise en compte plus grande de l'anthropisation, de même que l'accent est mis sur l'évolution dans le temps
Toutes les échelles sont permises offrant à la Terre une quantité infinie d’écosystèmes. La forêt amazonienne est
un écosystème tout comme peut l’être une simple flaque d’eau, un terrier ou une serre.
De là le problème d’échelle que doit résoudre le géographe

L’Ecosystème

Aurélien Boutaud et Natacha Gondran Les conditions de la soutenabilité


Source : N. Majewska, 2015-2016 écologique (2018), Cairn.info
Paysage et géosystème
• « Paysage » est un terme désuet et imprécis, donc commode, que chacun utilise à sa guise, le plus
souvent en y adjoignant un qualificatif de restriction qui en altère le sens (« paysage
géomorphologique », « paysage végétal » etc). On parle plutôt de « milieu », bien que ce mot ait
une autre signification. Le « milieu » est chargé d'une finalité écologique qu'on ne retrouve pas
dans le mot « paysage ». Le problème est d'ordre épistémologique. En effet, le concept de «
paysage » est resté presque étranger à la géographie physique moderne et il n'a suscité aucune
étude appropriée. Il est vrai qu'une telle tentative implique une réflexion méthodologique et des
recherches spécifiques qui échappent partiellement à la géographie physique traditionnelle. Cette
dernière est en effet déséquilibrée par l'hypertrophie de la recherche géomorphologique et par
de graves carences, en particulier dans le domaine des sciences biogéographiques a eu du mal à
innover.
• D’où la portée des travaux d’auteurs tels que Georges Bertrand qui, dans le cadre d'une
géographie physique globale a montré que le paysage n'est pas la simple addition d'éléments
géographiques disparates. C'est, sur une certaine portion d'espace, le résultat de la combinaison
dynamique, donc instable, d'éléments physiques, biologiques et anthropiques qui en réagissant
dialectiquement les uns sur les autres font du paysage un ensemble unique et indissociable en
perpétuelle évolution. Le système taxonomique doit permettre de classer les paysages en
fonction de l'échelle, c'est-à-dire de les situer dans la double perspective du temps et de l'espace
• Le qualificatif de zone doit être impérativement lié au concept de zonalité planétaire. Il est donc
réservé aux ensembles de première grandeur (zone tempérée)
• Le domaine correspond à des unités de deuxième grandeur. Le domaine méditerranéen
• La région naturelle, déjà présentée, se situe entre la troisième et la quatrième grandeur
• trois entités nouvelles : le géosystème, le géofaciès et le géotope. D’où la hiérachie suivante :
ZONE-DOMAINE -REGION NATURELLE-GEOSYSTEME- GEOFACIES- GEOTOPE
Le Géosystème, George Bertrand
Territoire et environnement
• Le territoire est aujourd’hui au cœur des préoccupations des scientifiques, des politiques, mais
également des acteurs économiques ; les géographes n’ont pas été les seuls à s’approprier cette
notion. Cependant ils ont fait de l’espace leur entrée principale, ce qui les distingue quelque peu
des approches des économistes ou des sociologues
• Tout d’abord, il y a de l’espace dans le territoire, on peut même affirmer que la référence spatiale y
est centrale. Mais nous souhaitons nuancer d’une part, l’entrée qui consiste d’emblée à qualifier le
territoire par l’espace (Maigrot, 1999 ; Brunet, 1992 ; Frémont, 1976 ; Pumain, Saint-Julien, 1997),
dont il est quelque fois un quasi-synonyme, et d’autre part, celle qui a fait du territoire la
matérialisation de l’étendue d’un pouvoir (Micoud, 2000). Pour G. Di Méo, qui semblerait se situer
à l’interface de ces deux tendances, le territoire « témoigne d’une appropriation à la fois
économique, idéologique et politique de l’espace par des groupes qui se donnent une
représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité » (Di Méo, 1998).
Selon cet auteur, le territoire repose donc sur l’existence d’un espace social et d’un espace vécu. Y.
Veyret ajoute, quant à elle, que le territoire repose sur le socle de l’espace géographique aménagé
(Caittoni, 2003). Le territoire est en fait tout cela, et plus que tout cela à la fois, selon les principes
liés à l’existence d’un système
• Le territoire est donc avant toute définition un système. Et pourtant il n’est jamais véritablement
défini comme tel, même si certaines approches le sous-entendent (Le Berre, 1992). Le territoire
doit aujourd’hui être abordé de manière globale tant la recherche de consensus est nécessaire à
toutes les étapes de son aménagement et de son utilisation. Les outils mis en œuvre à l’heure
actuelle doivent intégrer sa diversification et sa complexification en coordonnant notamment les
dimensions sociales, politiques, économiques et environnementales ; en considérant tous les
usages, sur la base d’une participation de plus en plus active de la population.
Les trois entrées du territoire constituent en fin de compte trois sous-systèmes en
interrelation, qui évoluent dans le temps, dans le cadre d’une boucle ininterrompue
fondée sur des principes de construction-déconstruction. Les relations sont
nombreuses, elles se créent, évoluent et disparaissent sans cesse selon des principes
de « ductilité » (un système fonctionne malgré la disparition de certaines relations), et
de « labilité » (des relations apparaissent et disparaissent sans cesse) (Leresche, Saez,
1997). Ces trois sous-systèmes sont :
• l’espace géographique, approprié par l’homme, aménagé et au sein duquel
apparaissent des organisations spatiales et de multiples interactions fondées sur les
interrelations entre les sous-systèmes qui le composent (naturel, anthropisé, social
et institutionnalisé) ;
• le système des représentations de l’espace géographique, ensemble de filtres
(individuel, idéologique, sociétal) qui influence les acteurs dans leurs prises de
décisions et les individus dans l’ensemble de leurs choix, selon deux temps : lors de
l’observation de ce qu’est l’espace géographique ; lors de la projection de ce que sera
l’espace géographique après le choix d’une action ;
• le système des acteurs qui agissent consciemment ou inconsciemment sur l’espace
géographique, influencés par leurs filtres, et suivant leur position au sein de ce
système.
Un système : le territoire
Alexandre Moine , Dans L’Espace géographique 2006

Boucle de rétroaction qui anime le territoire

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