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Géographie des sols


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LE GÉOGRAPHE

SECTION DIRIGÉE PAR PIERRE GEORGE

17
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COLLECTION SUP

Géographie
des sols
JEAN BOULAINE
Professeur à l'Institut National agronomique

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


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Dépôt légal. — 1 édition : 4 trimestre 1975


© 1975, Presses Universitaires de France
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous pays
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Introduction
La pédologie est un des domaines de la connaissance
dont l'approche géographique est absolument nécessaire.
Nécessaire et non simplement utile. Nécessaire, exigée,
inscrite dans la nature même des choses. Nous ne pouvons
pas, en effet, dissocier notre connaissance du sol en un
point donné de celle de son environnement géographique
et de celle aussi de la répartition de tous les sols identiques
que nous réunissons à lui soit dans une unité conceptuelle,
soit dans une unité cartographique. Une approche correcte
de la connaissance du sol ne peut résulter que de l'étude du
profil dans le paysage.
Du seul point de vue pratique d'abord, à quoi servirait
la connaissance de la nature et de la dynamique du sol en
un point précis, au niveau du pédon, si l'on ne pouvait
étendre cette connaissance à une certaine surface, c'est-à-
dire à tous les profils associés à cette certaine surface ?
Tous les pédologues sont financés par des organismes dont
le but immédiat ou indirect est une meilleure utilisation
de l'espace terrestre. Le but réel de la pédologie est donc la
connaissance conjointe des sols et de leur répartition. La
fertilisation du blé n'est intéressante à connaître que si on
peut extrapoler les diagnostics à des milliers d'hectares de
blé, les règles d'irrigation n'ont d'intérêt que si l'on sait
quelle surface et en quel lieu on peut irriguer avec ces
techniques, etc. Nous ne pouvons donc appliquer nos
connaissances théoriques sur le sol, quelles qu'elles soient,
que si nous les associons à un repérage de l'extension géo-
graphique des phénomènes étudiés.
Mais, sur le plan théorique, l'approche géographique
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est encore plus nécessaire. Le sol est d'abord un ensemble


complexe dont beaucoup de propriétés dépendent de son
environnement. Par exemple, la dynamique de l'eau du sol
dépend étroitement des pluies, mais aussi de l'évaporation,
donc des apports de chaleur et, d'une façon générale, du
climat. La topographie du lieu joue aussi en favorisant soit
les exportations, soit les apports d'eau. D'ailleurs, dès les
premiers travaux de Dokouchaev à la fin du XIX siècle,
c'est l'aspect géographique de la répartition des sols, la
fameuse loi de la zonalité, qui a fait la notoriété de la
pédologie.
Après avoir consacré trois volumes de la collection
«Que sais-je ?» à la vulgarisation des notions essentielles
de cette science, notre but est maintenant de montrer
comment la connaissance de la répartition d'un sol permet
de mieux comprendre sa genèse et son comportement. Et
naturellement de montrer aussi comment la connaissance
de la genèse du sol éclaire sa répartition et comment celle
de son comportement ne peut être utilisée que si sa réparti-
tion est connue.
Dissocier l'étude du sol considéré comme un simple
matériau de celle des facteurs de l'environnement, qui
conditionnent étroitement la dynamique de ses éléments
constitutifs, est une grossière erreur et ce n'est pas parce
que les hasards ou les contraintes du développement histo-
rique de nos connaissances ont amené certains chercheurs
à agir ainsi qu'il faut s'y résigner. Toutes les approches
sectorielles sont valables à condition d'être rigoureuses et
c'est sur elles que sont bâties nos connaissances les plus
solides. Mais ce n'est que par une approche globale que
chaque phénomène peut être jugé à son niveau.
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PREMIÈRE PARTIE

La démarche pédologique

CHAPITRE PREMIER

Les concepts élémentaires


de la pédologie

Avant d'étudier la répartition des sols, il faut d'abord


définir ce quel'on entend par sol et, s'il s'agit d'un ensemble
complexe comme cela est le cas, quels sont les sous-
ensembles de cet ensemble.
P. George (1970) l'a dit pour la géographie en faisant
remarquer que si elle «s'impose un inventaire qualificatif
total des unités d'espace auxquelles s'appliquent ses
recherches... (cela n'exclut pas), bien au contraire... une
typologie, et par là même, des classifications et des hiérar-
chies de formes, de facteurs, de structures ».
1- Le vocable sol a changé de signification au cours de
l'histoire de notre langue, d'une part, et durant le dévelop-
pement de la pédologie, d'autre part. G. Monnier (1966) a
passé en revue avec beaucoup de soins les différentes
approches du concept de sol et les nombreuses définitions
qui en ont été données.
Il précise : «Jusqu'au début duvingtième siècle, la concep-
tion que l'on avait du sol était imprécise, basée sur une appré-
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ciation contingente et empirique, et surtout très orientée vers


une application technologique particulière : la production
agricole. Elle englobait dans une même acception, ou à peu
près, les trois notions de terre, terrain, et sol.
« Après le tournant décisif qu'a représenté l'élaboration
par Dokouchaev du concept du sol, une science véritable et
autonome a commencé à se développer. »
On rappellera seulement que la pédologie moderne
découle, dans sa plus grande partie, d'une conception du
sol proposée par ce dernier auteur il yajuste un siècle. Pour
lui, le sol est en soi un objet d'étude, c'est un corps naturel
défini par de nombreux caractères et déterminé par un
complexe de facteurs.
Dokouchaev a donc vis-à-vis du sol une position de
naturaliste : il s'oppose soit aux agronomes empiristes de
la fin du XIXsiècle, soit aux tenants des sciences classiques
(botanistes, chimistes notamment) qui ne voient, à cette
époque, dans le sol, qu'un domaine marginal d'application
de leurs méthodes.
Pour notre part, nous donnons en accord avec l'activité
des pédologues, et notamment des pédologues de langue
française, les définitions suivantes : La pédologie étudie les
caractères, l'évolution et la répartition des sols.
Quant au sol lui-même, on en a donné de nombreuses
définitions, et nous avons proposé, avec G. Aubert (1967),
la définition suivante : «Le sol est le produit de l'altération,
du remaniement et de l'organisation des couches supérieures de
la croûte terrestre sous l'action de la vie, de l'atmosphère et
des échanges d'énergie qui s'y manifestent. »
Mais on s'aperçoit de plus en plus que les composants
du sol que nous observons, mesurons, dosons, étudions,
interprétons, comme s'ils appartenaient à un système de
corps matériels fixes, transitent à l'intérieur du pédon,
1. D'une manière générale, on supposera connues, dans tout ce qui
suit, les notions contenues dans les trois ouvrages de la collection «Que
sais-je ? »: Lapédologie, n° 352 ; L'agrologie, n° 1412, et Les sols deFrance,
n° 1375.
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venant de l'atmosphère (eau, azote, carbone), de l'hydro-


sphère (Na, K, SO4, Cl, etc.), de la lithosphère (P, oligo-
éléments, Ca, Mg, etc.) ou des pédons voisins.
Ces transferts continuels, alternés, cycliques ou épiso-
diques se font à des vitesses variées et variables, dans des
directions variées. Le « lessivage vertical », s'il est plus
important dans nos climats, n'est certes pas le seul processus
de migration des éléments du sol !
Le climat, le matériau, le relief, les êtres vivants, la
durée d'évolution et parfois l'eau libre du sous-sol font
qu'en un endroit donné il ne peut yavoir autre chose qu'un
certain type de pédon. Un jour, celui-ci contient certains
atomes d'azote, six mois après, d'autres auront pris leur
place. Pendant un siècle, des atomes de calcium y seront
piégés, quelques millénaires plus tard, ces atomes seront
dans le pédon voisin ou dans le sous-sol.
La silice elle-même va et vient si elle est amorphe, mais
elle est beaucoup plus paresseuse sous forme de quartz :
il faut des dizaines et des centaines de millénaires pour que
sa dissolution soit sensible. L'alumine n'est un élément
stable qu'en absence de matière organique complexante et
pour un certain intervalle de pH.
Le sol est donc une structure au sens le plus complet
du terme. Il nous paraît justifié d'en chercher une nouvelle
définition
Dans le langage courant, on dit «sur le sol »et «dans le
sol »—le sol est une surface et aussi un volume. On prend
des échantillons «de sol ». C'est un matériau. Toute la pédo-
logie nous a appris que ce matériau était complexe et que
ses éléments ont tous une histoire. Le sol est donc doué
d'une dynamique dans le temps. Le fait que nous décrivons
le sol au moyen de profils et les caractères de ces descrip-
tions indiquent que le sol possède des hétérogénéités ou
1. Pour l'école russe, l'accent est surtout mis sur le paysage, tandis
que l'école américaine étudie surtout le profil. En pratique, jusqu'à une
époque très récente, un sol était parfaitement transportable pour les Amé-
ricains. Pour les Russes, un sol transporté devient un autre sol.
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des discontinuités entre des masses plus homogènes. Nous


savons aussi que le sol a des caractéristiques très nombreuses
et très complexes : il suffit d'ouvrir une notice de carte pour
trouver une quantité de faits qualitatifs et de résultats
d'analyses fort variés dans leur nature. Ces caractères
varient dans le temps et dans l'espace.
Les constituants du sol sont les résidus de l'altération de
la matière minérale qui constituait l'état initial du sol,
mais ils proviennent aussi de l'atmosphère et des êtres
vivants associés à lui.
Nous savons que le sol est le résultat de l'action d'au
moinscinqtypes defacteurs :le climat,larochemère(mieux:
le matériau), le temps, le relief, les êtres vivants. Ces fac-
teurs réagissent par ailleurs les uns sur les autres.
Enfin, le sol est l'objet de nos projets : nous voulons le
connaître pour pouvoir agir sur lui dans l'avenir grâce aux
lois que nous aurons mises en évidence, et mieux l'utiliser
grâce à une technologie du sol dont le sujet majeur est
l'agronomie.
Résumons encore : le sol est une surface et un volume
évoluant dans le temps ; il est constitué de matériaux
complexes et nombreux, organisés, résidus et résultats
d'actions extérieures, variées et réagissant entre elles.
Ceci nous amène à proposer la définition suivante :
Lesolestunestructurequadridimensionnelle (temps, espace)
dans laquelle persistent ou transitent :
—les résidus et lesproduits del'altération de la couche miné-
rale superficielle du globe;
—les matières organiques mortes ou vivantes de la biomasse
associée à cette couche superficielle;
—les éléments provenant de l'atmosphère, soit de façon
accidentelle, soit defaçon cyclique.
L'organisation et l'évolution de cette structure sont le
résultat de variations desformes d'énergie de toute sorte qui se
manifestent à la surface duglobe.
Elles sont permanentes (pesanteur), cycliques (chaleur),
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cumulatives (êtres vivants au début de l'évolution du sol)


ou accidentelles (action de l'homme).
Cette structure se manifeste par l'existence de couches
le plus souvent parallèles à la surface (horizons) ou de
volumes fermés (agrégats, taches, amas, nodules, concré-
tions) soit de nature homogène, soit affectés d'un gradient
de variation concentrique ou unidirectionnel (le plus
souvent vertical).
Les limites du sol sont :
—A la partie supérieure, l'interface entre les parties
solides de la croûte terrestre et l'atmosphère.
—A la partie inférieure, la structure minérale géolo-
gique non affectée par la dynamique de la matière vivante.
Il est d'usage cependant de figurer dans la description du
sol ou profil une partie de celle-ci pour en rappeler l'exis-
tence et les caractères. L'épaisseur du sol varie de zéro à
quelques mètres.
—Sur les côtés, les limites du sol dépendent del'échelle
à laquelle on l'étudie. Elles doivent permettre au moins la
définition de toutes les hétérogénéités. Dans la plupart des
cas, l'ordre de grandeur minima des distances entre ces
limites est le mètre.
L'état initial du sol est une roche.
2 - Lepédon. —Le pédon a été défini en 1960 dans la
Septième Approximation de la classification américaine
rédigée sous la direction de G. Smith et d'après une défi-
nition proposée par Simonson et Gardner (1960). C'est :
«Lepluspetit volumepermettant l'étude de tous les horizons »
(traduction provisoire belge, 1962).
Les dimensions latérales en sont suffisamment grandes
pour permettre l'étude de la nature de tous les horizons.
L'ordre de grandeur de la surface varie de une à quelques
dizaines de mètres carrés. Un pédon a trois dimensions. Il
est grossièrement hexagonal.
Avec l'optique qui est la nôtre, la définition doit être
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légèrement modifiée. Le sol étant une structure chrono-


spatiale (4 dimensions). Le pédon est l'unité de volume qui
permet de le définir à l'instant de son étude.
—Pédon : volume élémentaire nécessaire et suffisant pour
définir à uninstant donnél'ensemble descaractères structuraux
et des constituants matériels du sol.
Mais la définition du sol nécessite son étude durant une
période minima d'évolution. Nous l'appelons la pédode
(J. Boulaine, 1969).
—Pédode : période nécessaire et suffisante pour définir
la dynamique d'un pédon.
3 - Legenon. —Le sol se forme sous l'action de forces
qui modifient un volume élémentaire de matériau originel,
mais aussi tout son environnement. Il y a des zones, de
surface relativement grande, où toutes ces forces ne pré-
sentent pas d'hétérogénéités notables. Comme il en est de
même du matériau et de la durée pendant laquelle ces
forces agissent, il existe des unités d'évolution de sol.
Nous avons proposé d'appeler genon ces unités.
—Genon : volume de sol comprenant tous les pédons
possédant la même structure, les mêmes caractéristiques et
résultant de la mêmepédogenèse.
Le sens de genon est très proche de celui d'individu-sol
(7th, 1960).
—L'individu-sol ou «un sol »se compose d'un ou de
plusieurs pédons contigus, ou par des pédons de caractère
différent au point de vue d'une ou plusieurs propriétés
diagnostiques d'une série de sols. Il convient denoter qu'un
sol peut entourer d'autres sols, tout comme l'eau entoure
une île, mais les limites d'un sol sont atteintes quand le sol
cesse d'exister ou quand les pédons présentent des carac-
téristiques diagnostiques d'une série différente de sols.
L'individu-sol ou «un sol »peut, pour cette raison, avoir
une surface minimum d'environ un mètre carré, et une
surface maximum indéterminée. Un sol peut avoir des
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propriétés, telles que formes, zones de transition, limites


naturelles, quenepossèdentpasles pédons quile composent.
4 - Leprofil. —C'est la description d'une coupe verticale
de sol allant depuis la surfacejusqu'à la roche mère comprise.
En pratique, le profil est l'une des faces latérales verticales
d'un pédon. En fait, la notion de profil a été la première
définie par les Russes (Glinka 1931) àla fin du siècle dernier
(imité de la géologie) : c'est une séquence d'observation et
de description des faits. Le pédon a été au contraire défini
beaucoup plus récemment par les Américains en 1960.
5- L'horizon. —Le concept d'horizon est intérieur à
celui de pédon. L'observation a montré que les pédons
comportent des couches parallèles à la surface du sol
d'épaisseur variable, et qui sont caractérisées par leur nature
et par leurs relations réciproques. Certains horizons sont
riches en matière organique : les horizons de surface, mais
aussi les horizons profonds de certains sols (podzols).
D'autres sont enrichis en calcaire (horizons CCa ou K),
d'autres en fer, certains sont appauvris (horizon A2), etc.
De plus, les relations entre ces horizons ne sont pas quel-
conques : suivant les sols, on trouve toujours un horizon B
enrichi enargile ouun horizon acide, ouun horizon calcaire
et la position de ces horizons est toujours la même dans le
pédon. Bref, le sol est un être organisé et son organisation
se traduit à l'observation directe par la différenciation en
horizons.
Si nous revenons à une définition du sol donnant la
première place aux caractères d'organisation : «Le sol est
le résultat structuré de l'évolution d'un matériau dans une
ambiance énergétique à l'intersection de l'atmosphère et de la
biosphère »(J. Boulaine et J. Trichet Nous dirons que le
gradient énergétique dûà la pesanteur donneà tous les sols une
anisotropie verticale quidétermine deszonations leplus souvent
parallèles à la surface dusol quenousappelons les horizons.
1. Non publié.
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6 - Unité dynamique. —On s'aperçoit de plus en plus


que les phénomènes qui déterminent la pédogenèse en un
point donné (d'un pédon donné !) sont modifiés par la
réaction des pédons voisins à ces mêmes phénomènes ou à
des phénomènes voisins. On ne peut donc pas aborder
l'étude du sol au seul niveau du pédon ou même du genon
sans risquer de négliger des interactions essentielles.
Il est donc indispensable de mener les études sur des
ensembles liés que l'on appelle des unités dynamiques ou
unités de paysage. Il s'agit pratiquement de bassins versants
ou de portions de bassins versants.
La coexistence de ces définitions et de ces concepts vient
de ce que la pédologie a été depuis un siècle partagée entre
deuxtendances extrêmes :l'une voit surtout le sol«ensemble
de constituants » (école américaine), l'autre considère le
sol comme un sous-ensemble d'un paysage vivant (école
russe). Les pédologues français ont une position intermé-
diaire : ils essaient de maintenir l'équilibre entre les deux
types d'approche et sont, pour la plupart, morphogénétistes.
7 - Les différents horizons. —Le catalogue des concepts
et des mots en usage pour désigner les horizons est fort
long. Un bon résumé a été donné par R. Maignien (1969).
De nombreuses tentatives ont été faites pour introduire
dans la notation classique (A, B, C) soit des nuances, soit
des sigles nouveaux correspondant à des concepts élevés au
niveau de l'horizon. Par exemple pour signaler l'accumula-
tion du calcaire, on a d'abord écrit CCa, puis K. Pour le
gley, on a écrit BG, puis G. A2s'écrit parfois E.
Dans la Septième Approximation, l'effort est allé plus
loin avec l'introduction et la définition des épipédons et des
horizons diagnostiques. Comme en bien des domaines,
faut-il seulement aménager le système classique ou bâtir
un système nouveau ?
Il faut constater que tous les essais de système nouveau,
sauf celui de la Septième, ont avorté. Encore faut-il noter
que ce dernier système se moule bien sur le système clas-
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sique, les épipédons étant pratiquement des horizons Aet


les horizons diagnostiques des horizons B.
Le problème reste Pour décrire schématiquement des
profils très variés (de la rendzine au sol ferrallitique, du
vertisol aupodzol), que nous savons analyser et décrire avec
ungrandluxe de détails et définir par demultiples variables,
souvent quantifiées, nous disposons actuellement de moins
de dix lettres majuscules, des chiffres 0, 1, 2, 3 et d'une
vingtaine de petites lettres. Toutes ces notations corres-
pondent à des concepts trop vagues. Il suffit par exemple de
se rappeler le vocabulaire que les botanistes ont à leur
disposition pour décrire les végétaux pour se rendre compte
qu'il y a là une déficience que les progrès de la pédologie
seront amenés à combler.
Dans ce qui suit, nous utiliserons la nomenclature
française de la Commission dePédologie et deCartographie
des Sols (C.P.C.S., 1967).
Certaines des définitions que nous venons de donner
sont classiques, d'autres sont plus personnelles. Malgré un
accordapparentsur des notions simplistes, la pédologie a de
grandesdifficultésàseconstituerenscienceoriginale, desorte
qu'au niveau des concepts de base une pensée cohérente
universellement acceptée n'a pas pu se constituer encore.
Parexemple, s'il est unenotion qui semblesolide puisque
toutes nos observations, toutes nos mesures s'appuient sur
elle, c'est bien la notion d'horizon. En fait, elle est encore
très contestée.
Pour ne citer que des ouvrages récents, G. Aubert et
J. Boulaine (1967) en définissent la nomenclature, mais ne
l'utilisent pas dans la description de leurs profils. A. Ruel-
lan (1970) décrit des «horizons »qui sont à la fois A(pour
le calcaire) et Bpour l'argile, ce qui est incompatible avec
les usages acceptés.
M. Lamouroux (1971), dans sa thèse sur les sols rouges
1. Les pédologues de l'O.R.S.T.O.M. proposent une nouvelle termi-
nologie pour décrire les sols ferrallitiques (cf. CHATELIN, 1972).
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du Liban, préfère utiliser les notions de«milieu »et G. Boc-


quier (1971) fait une critique du concept en montrant,
notamment, le rôle des entraînements latéraux dans la
formation des horizons des solonetz-solodisés du Tchad.
Quant aux commissions internationales, même si elles
se contentent de dresser une nomenclature des horizons
(Commission de l'Unesco, réunion de Rome, 1967), elles
ne parviennent pas soit à se libérer d'un système hérité de
l'histoire (A, B, C, etc.), soit à le perfectionner.
On pourrait tout aussi bien montrer l'hésitation des
pédologues actuels entre la notion de pédon et celle de
profil ; ou la difficulté à utiliser, et même concevoir, celle
«d'individu-sol », de genon ou d'unité de genèse et les réti-
cences devant la notion d'unité dynamique, etc. Tout cela
montre à l'évidence que la pédologie est encore une science
en pleine évolution dont le langage est loin d'être fixé et
les concepts encore mal cernés.
8 - Ledéterminismedusol. —Auniveau du pédon, le sol
peut être considéré comme un ensemble d'éléments maté-
riels et de caractères dont l'existence actuelle est déterminée
par un ensemble de phénomènes ayant agi pendant une
certaine durée sur un ensemble préexistant.
Nous exprimons ainsi, sous une autre forme, le fait déjà
souligné par Dokouchaev que le sol provient de l'action du
climat, pendant un certain temps sur une roche mère, en
présence de la vie et dans un ensemble topographique.
Pour traiter de pédogenèse et de typologie pédologique,
nous utilisons personnellement des concepts quelque peu
différents.
L'état initial du sol est un matériau (M), lui-même
formé de constituants doués d'organisation et d'une certaine
ambiance physico-chimique. Il subit pendant une durée (D)
des variations d'énergie (E) en présence defluides (F) et dela
vie (B). Ceci dans un environnement topographique (R) qui
modifie les transferts. La topographie et les êtres vivants liés
au sol sont par ailleurs des indices de la nature de celui-ci.
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Cet ensemble déterminant est la cause de l'existence du


pédon qui est doncun ensembledéterminéqui peut être défini
par trois sous-ensembles :
—les constituants du sol (C) ;
—l'ambiance physico-chimique (A) ;
—les caractères d'organisation (0).
9 - Echelles et niveaux. —Le temps et les distances
peuvent prendre en pédologie des valeurs très petites,

FIG. 1. — Echelles et niveaux de temps


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moyennes ou très grandes. Les figures 1et 2les rappellent,


ainsi que quelques phénomènes-repères et les niveaux
auxquels se situe la pensée lorsque l'on traite de ces
phénomènes.

FIG. 2 — Echelles et niveaux de distance

On voit que les gammes sont extrêmement étalées de


part et d'autre de celles de la perception humaine. Il est
extrêmement important, en pédologie, d'être conscient à
chaque phase du raisonnement, du niveau auquel celui-ci se
situe. En effet, la pédologie est une des sciences où ces
niveaux sont les plus nombreux et les plus étalés. C'est
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La connaissance des sols, c'est le thème de l'ouvrage, est indisso-


ciable de celle de leur répartition. De sorte que la pédologie, tout en
étant une science distincte de la géographie comme elle l'est de la géo-
logie ou de la biologie, procède d'une nécessaire approche géographique.
Un siècle après Dokouchaev qui en fut le fondateur et tout en s'ap-
puyant sur les autres sciences du monde concret telles que la chimie,
la physique, la microbiologie, la minéralogie, etc., la pédologie s'établit
de plus en plus comme une discipline autonome possédant ses concepts,
son langage et sa méthode propres.
Dans une première partie, l'auteur reprend d'abord les définitions du
sol et des concepts qui permettent son étude : horizon, pédon, profil,
héritage, transformation, néosynthèse, transferts, etc.
Puis l'accent est mis sur la nature des unités géographiques, séries,
séquences, combinaisons qui, seules, permettent de décrire les sols quant
à leur organisation en surface. Une rapide revue des méthodes, des
techniques et des résultats de la cartographie y est annexée.
La deuxième partie met en relief le jeu des facteurs qui différencient
les sols les uns des autres : l'héritage du matériau, le jeu des fluides et
des variations d'énergie, la sommation des phénomènes élémentaires en
fonction du temps, les implications du relief et du modelé et l'intervention
de la vie : micro-organismes, animaux, végétaux, et actions de l'homme.
Dans la troisième partie, les grandes zones de sols du globe sont
décrites à grands traits.
Il y s'agit moins d'un inventaire exhaustif, qui serait impossible, que
de dégager, en fonction des analyses et du vocabulaire précédemment
défini, les facteurs qui déterminent la pédogenèse dominante de la zone
étudiée.
Successivement, les zones polaires désertiques, l'héritage des derniers
épisodes périglaciaires, les zones tempérées ou continentales de transi-
tion, le domaine méditerranéen si original, les déserts subtropicaux et
leurs marges, les zones humides et chaudes subtropicales, intertropicales
et équatoriales sont passées en revue, ainsi que quelques ensembles
de sols relativement ubiquistes tels que les andosols, les vertisols, et les
sols alluviaux.

J. Boulaine, après avoir été jeune ingénieur agronome, chargé de


l'étude des sols des périmètres irrigables de l'Algérie Occidentale et fait
sa thèse sur les sols des plaines du Chélif, est nommé maître de confé-
rences de Botanique agricole à l'Université d'Alger. Il y crée un enseigne-
ment d'Ecologie agricole et de Pédologie. Professeur à l'Institut National
Agronomique de Paris, il a enseigné dans les Universités ou Instituts
Agronomiques d'Alger, Alep, Bari, Mexico, Montevideo, Saint-Paul (Min-
neapolis) et de Rabat. J. Boulaine est membre du Comité Directeur de
la Carte Pédologique de France, de la Commission 11 (Géologie) du
C.N.R.S. et du Comité Technique de Pédologie de l'O.R.S.T.O.M.
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