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GENERALITES
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La géomorphologie est la science qui étudie les formes du
relief à la surface de la terre, Elle est revendiquée à la fois
par les géologues et par les géographes, Le rôle des
géographes – est néanmoins déterminant.
Une première distinction s’impose. Il faut bien distinguer
la topographie qui est la présentation descriptive des
formes, et la géomorphologie, qui consiste en leur
interprétation. En matière de topographie, on peut
distinguer des plaines, des plateaux, des hautes et de
moyennes montagnes, des escarpements, etc. dont les
éléments respectifs, observés dans leur ensemble,
composent un paysage.
Ce terme englobe également les données de la végétation
et les activités humaines. Réduit à la présentation des
formes, il constitue le point de départ de l’étude
géomorphologique, qui classe et explique les différents
éléments. Un escarpement – terme topographie – peut
être un escarpement de taille, un front de cuesta, un
secteur de contact entre des roches de dureté différente,
voire une ancienne falaise. D’où la nécessité d’un
vocabulaire très précis.
Une seconde distinction est à la faire. On distingue,
traditionnellement, la géomorphologie structurale et la
géomorphologie climatique.
La première correspond dans le relief, à l’expression
directe d’une structure. Ce peut être une couche
dure faiblement inclinée dont le toit a été déblayé
par l’érosion. On parle alors de surface structurale,
de plateau structural. Ce peut être une faille, et on
aura alors un escarpement de faille.
Les formes structurales sont très nombreuses. Il faut
les distinguer des formes en rapport avec un long
travail de l’érosion, agissant à la surface des
continents. On aura alors des surfaces d’érosion, des
talus en rapport avec l’érosion différentielle.
Les formes structurales se distinguent des formes liées à
l’action d’un climat particulier agissant pendant une
longue période. C’est alors qu’on évoque la
géomorphologie climatique. Elle est en rapport avec le
modelé des formes. C’est-à-dire l’aspect particulier de telle
ou telle forme en fonction d’un climat déterminé. Un
escarpement qui évolue sous un climat chaud et humide
ne ressemble pas à un escarpement, dans une structure
identique placé sous un climat froid et sec. C’est ainsi que
les différences de modelé sont considérables entre le
Bassin parisien et les régions méditerranéennes.
Les formes du relief sont en relief sont en évolution
constante. Placées à l’interface entre l’atmosphère, les
continents, l’hydrosphère, elles subissent des influences
variées. La tectonique, en fonction de la dynamique des
masses continentales, crée constamment des volumes de
relief, dont les hautes montagnes constituent l’aspect le
plus significatif. L’érosion attaque ces volumes dès leur
genèse. C’est en fonction du rapport tectonique/érosion
que s’élaborent les formes du relief, objets d’étude de la
géomorphologie. Dès maintenant, on peut poser le
principe de base dont les grandes lignes ont été formulées
par P. Birot:
Toute région élevée correspond à un ensemble de
roches dure, ou récemment soulevé par la
tectonique. Toute région basse correspond à un
domaine de roches tendres, ou tectoniquement
abaissé (subsidence).
La création de reliefs, comme leur destruction, se
poursuit actuellement. La surrection du massif du
Mont-Blanc, comme de l’ensemble des Alpes et de
l’Himalaya, se poursuit à une vitesse de plusieurs
millimètres par an.
Les séismes affectent les secteurs fragiles des
continents et des océans (en rapport avec la
tectonique des plaques). Les coulées de boues, le
travail des torrents affectent de nombreuses régions
de montagne. Compte tenu de ces données, que
chacun peut observer de nos jours, il est clair que la
géomorphologie, loin d’être une science coupée des
préoccupations de l’Homme actuel, a une
importance de premier ordre dans l’aménagement
de la surface des continents,
SPECIFICITES DE LA GEOMORPHOLOGIE TROPICALE
Géomorphologie = description et explication des formes
du relief terrestre. La question qui vient en général à
l’esprit est comment ? Et comment dans le cadre tropical ?
La description du relief
Se fait sous forme de description topographique =
géomorphologie descriptive, basée sur la construction
de cartes, leur lecture, leur commentaire, leur exploitation.
C’est une partie essentielle, mais souvent négligée par les
géomorphologues. Ils préfèrent, à tort, d’abord expliquer :
en général, dans les ouvrages spécialisés, une faible partie
est réservée à la description.
Résultat, la description reste un exercice mal exécuté,
même par des spécialistes. La description est au cœur
de la géomorphologie tropicale.
En fait, la difficulté de la description réside à deux niveaux
: décrire quoi ? Comment ?
a) décrire quoi ? Il s’agit ici de définir l’unité de
description. Le géomorphologue tropical reste flou dans
ce domaine ; or, il est nécessaire de s’appuyer sur un
espace limité, sur la recherche de limites spatiales : il faut
délimiter les unités géomorphologiques décrites.
b) comment ? Pose le problème du vocabulaire, car
la naissance et l’attribution d’une notion, d’un
concept est un moment important dans toute
science. En effet, le concept doit faire l’unanimité
de la communauté scientifique concernée.
En géomorphologie, surtout dans les régions
tropicales, on se trouve confronté à un problème
de vocabulaire. La raison : le vocabulaire actuel
n’est pas spécifique, à la fois, de la
géomorphologie en général, et de
géomorphologie tropicale en particulier.
L’absence de consensus tient de l’idéologie propre
aux géomorphologues des différentes régions du
monde. Cela signifie qu’il n’y a pas de vocabulaire
universel spécifique.
Exemple : un interfluve peut correspondre à la
fois à un plateau et à une plaine ; un talus est
différent d’un versant. Mais, physionomiquement et
géométriquement, ils sont identiques.
comment ? Il s’agit ici de définir les critères de
description ; on inclure l’idée de mesure par la
morphométrie (mesure du relief) et l’hydrométrie
(mesure du réseau hydrographique)
L’explication du relief
Le passage de la description à l’explication
nécessite la recherche de facteurs pour expliquer
l’existence (mise en place et évolution) des unités
de relief. Les facteurs sont de deux ordres :
internes et externes.
On peut avoir recours à la géologie, aux données
géologiques : on fait de la géomorphologie
structurale. Par exemple, au niveau d’une unité
géomorphologique comme le talus, intervention des
facteurs internes (= facteurs de construction
comme la tectonique) et de facteurs externes (=
facteurs de destruction et d’évolution comme
l’érosion). Généralement, l’érosion est un facteur
négatif, mais ce n’est pas toujours le cas ; elle peut
être le départ d’une transformation, le départ d’une
création nouvelle.
La rencontre de la tectonique et de l’érosion
permet d’expliquer les processus d’évolution de la
plupart des formes structurales. Car il y a une
corrélation entre la nature des roches et la nature
des formes : à première vue, le géomorphologue se
pose des questions devant une forme structurale, et
il trouve des réponses liées à la géologie.
Un deuxième type de géomorphologie se base sur les
différents types d’érosion. Car, il existe bien une
différence entre par exemple une forme d’érosion
littorale et une forme d’érosion des régions arides.
Ici apparait la notion de système d’érosion : elle
fait appel à des facteurs d’origine climatique et
d’origine biologique, les deux étant par ailleurs assez
liés.
A un système d’érosion donné correspondent des
modelés spécifiques : exemple, on parle de
modelé dunaire, modelé littoral ou de modelé
morphopédologique (qui dépend de la nature du sol
et du climat ; figure 1).
Par exemple, un talus peut s’expliquer
différemment selon le système morphoclimatique
dans lequel il se trouve : la gélivation, dans le
système périglaciaire, l’érosion différentielle dans le
système tempéré, ou l’altération chimique en
système tropical (figure 2).
1 - Définition
L’érosion hydrique est composée d’un ensemble
de processus complexes et interdépendants qui
provoquent le détachement et le transport des
particules de sol.
Elle se défini comme la perte de sol due à l’eau qui
arrache et transporte la terre vers un lieu de
dépôt.
2 – Origine et mécanisme
La pluie et le ruissellement superficiel sont à l’origine
de l’arrachage du transport et du dépôt de la terre
enlevée.
L’arrachage est due à la fois aux gouttes d’eau (par
rejaillissement) et aux eaux de ruissellement et le
transport est assuré par ces eaux.
a) Impact de gouttes de pluies sur le sol
Les sols subissent un martèlement considérable
causé par les gouttes de pluie.
Les premières gouttes s’infiltrent dans le sol d’autant
plus aisément qu’il est meuble et que sa porosité est
élevée.
Cette première phase s’accompagne d’un
déplacement des particules et d’un tassement du sol.
Lorsque la couche superficielle s’humidifie, trois
processus se développent simultanément (figure 1) :
- La dégradation de la structure
- La formation d’une pellicule de battance
- L’érosion par splash ou érosion par rejaillissement.
b) Ruissellement
Comme les précipitations, le ruissellement agit sur le
sol par des actions de détachement et de transport
(figure 2).
Selon la nature du sol, la rugosité superficielle et la
pente de terrain, l’une ou l’autre de ces actions est
prépondérante.
D’une manière globale, il est admis que la vitesse de
l’eau est le paramètre prépondérant de l’action
érosive du ruissellement superficiel.
Réduire la vitesse de ruissellement revient à
pratiquer des techniques antiérosives. Il s’agira par
exemple:
- D’aménagement fonciers réduisant la pente de la
parcelle
- De technique améliorant l’infiltration
- Des techniques culturales augmentant la rugosité
de la surface du sol.
3) Les formes d’érosion
a) L’érosion en nappe ou ‘’sheet érosion’’
L’érosion en nappe (figure 3) est liée à 2 mécanismes:
Le détachement des particules de terre causé par le
choc de gouttes des pluies (effet splash).
Le ruissellement lorsque l’intensité devient
supérieure à la vitesse d’infiltration.
Cette forme d’érosion est caractéristique de la
plupart des sommets de bassin versant. Le
martèlement des pluies (splash) détache les
particules et les maintient en suspension par
turbulence.
L’érosion en nappe a un effet érosif maximal au
sommet des versants ou à l’aval d’un obstacle. Au bas
des versants, au contraire, il s’agit d’accumulation.
b) L’érosion linéaire (micro-channel ou rill erosion)
Un micro-filet ou une rigole est une dépression
suffisamment petite pour pouvoir être supprimée par
les façons culturales.
Sur un bassin versant ou une parcelle. L’érosion en
rigole succède à l’érosion en nappe par
concentration du ruissellement dans les creux. A ce
stade, les rigoles ne convergent pas mais forment des
ruisselets parallèles.
c) L’érosion par ravinement (Gully erosion)
La ravine est une rigole approfondie (figure 4) où se
concentrent les filets d’eau.
La rigole se transforme en ravine lorsque sa
profondeur interdit son nivellement par des simples
instruments aratoires.
Le ravinement constitue un stade avancé de
l’érosion. Les ravines peuvent atteindre des
dimensions considérables.
L’approfondissement des ravines remonte du bas vers
le haut de la pente (érosion régressive).
Cette forme d’érosion peut transformer le paysage
en ‘’badlands’’ et explique également la sape
d’ouvrages (ponts, radiers, digues filtrantes…).
Lorsque l’aménagement des ravines n’est pas
prolongé suffisamment en aval.
d) La sédimentation
Les particules arrachées aux terres se déposent entre
le lieu d’origine et les mers en fonction:
- De leur dimension
- De leur densité
- De la capacité de transport du ruissellement ou de
la rivière.
Les particules se déposent dans l’ordre suivant:
- Sable
- Sable fin
- Limon
Les argiles et l’humus colloïdal sont généralement
transportés jusqu’à l’embouchure du cours d’eau où
il se dépose soit après évaporation de l’eau, soit
après floculation.
4. Les facteurs de l’érosion hydrique
Les différents facteurs de l’érosion hydrique sont:
- Le climat et l’hydrologie
- La morphologie du site
- Le sol
- La végétation
- L’homme
V. EROSION EOLIENNE
1. Définition
L’érosion éolienne est le phénomène de
dégradation du sol sous l’action du vent qui
arrache, transporte et dépose des quantités
importantes de terre.
Elle s’installe quand:
- Il existe de vents violents et réguliers durant le
longues périodes dans la même direction (vents
dominants).
- Il s’agit d’un sol à texture grossière, sableux
notamment
- Il existe les reliefs atténués sur des grandes
étendues plates
- Le climat à une longue saison sèche entraînant la
dessiccation des horizons superficiels du sol et la
disparition du couvert végétal.
2. Origines et mécanismes de l’érosion éolienne
Les vents violents tels que définis ci-dessus sont à la
base de cette érosion.
L’arrache, le transport et le dépôt des particules de
sol sont fonction de la vitesse du vent, mais aussi de
la taille et de la densité de ces particules, de
l’humidité du sol et du couvert végétal.
Les facteurs de l’érosion sont donc:
- Facteurs causal: climat (vent, humidité)
- Facteur de conditionnement
. Nature du sol (texture, teneur en M.O)
. Topographie
. Couvert végétal
Du point de vie mécanique, le vent à les cinq modes
d’action suivants:
- La déflation : enlèvement des particules légères et
sables fins du sol ;
- Le transport des matériaux suivant 3 modes selon le
type de matériau (figure 17)
* La reptation: suite de déplacement infimes de
quelques mm de gros grains de sable qui roulent
sous du vent ; elle représente 50 – 80 % du transport
et est le principal déplacement des grands
ensablements dunaires ;
. La saltation: petit saut des grains de sable moyens
ou fins que le vent soulève brutalement et jette à
quelques dm, m ou dam. Elle présente 7 à 25 % du
transport.
. La suspension: transport sous forme de poussière,
même par vent léger sous des grandes distances
(milliers de km)
- La corrosion: creusement d’alvéoles et de gorges
dans les matériaux friables par les grains de sables
projetés par le vent ;
- L’ accumulation: dépôt de poussières et sables
transportés quand le vent perd de la vitesse ou
quand il est trop chargé
- L’évaporation sur la surface du sol.
Il apparaît qu’à la zone d’accumulation est toujours
associée la zone de déflation (figure 18) et la
conséquence est que:
- Une dune mobile avance par le mouvement de ses
propres sables et est à la fois zone d’alimentation et
d’accumulation
-Pour stopper les dunes, il faut traiter dune et zone
d’alimentation ou elles se forment et se mettent en
mouvement.
3. Effets et importance de l’érosion éolienne
Comme l’érosion hydrique, l’érosion éolienne est
néfaste pour le développement économique et
l’avenir de l’environnement de l’homme dans les
zones propices à son installation.
Les dangers sont notamment:
- La baisse de productivité des sols:
. entraînement des éléments fertilisants
Dégradation de la structure
Dessèchement du sol
Dégâts au niveau des plantes
L’ensablement des infrastructures
Réseaux d’irrigation
Parcelles de culture, pâturages
Voies de communication, villages
Etc.
4. Estimation de l’érosion éolienne et méthode de
prévention
L’estimation de l’érosion éolienne
Elle peut se faire directement par mesure qualitative
des effets sur la baisse de productivité des sols ou sur
l’ensablement des infrastructures.
Elle peut se faire également par l’utilisation de
l’équation universelle de l’érosion éolienne:
E=IRKTCADB (t/ha/an)
(1) I = indice d’érodibilité fonction de la texture de la
structure (facilité de dégradation du sol)
(2) R: couverture superficielle (végétation, résidus de
récolte)
(3) K=indice de rugosité du terrain
(4) T=texture
(5) C= indice climat, fonction du vent et de la
température
(6) A: dimension du champ dans la direction
parallèle au vent
(7) D: orientation r/r à la direction des vents
dominants
(8) B: protection artificielle brise-vent, chaumes
Chapitre 3 : influence du climat sur la formation des
reliefs
LES DOMAINES « GLACIAIRES »
1) LES GLACIERS
Ce sont des éléments notables des paysages de
nombreuses régions froides (Alpes, Groënland,
Antarctique). Leur puissance, comme agent de
transport et d’érosion, semble considérable. Plus de
10% de la surface des continents est couverte de
glaciers (Antarctique, Groënland). Leur étude est
l’objet d’une science particulière, la glaciologie.
Un glacier résulte de l’accumulation de glace, qui
provient elle-même d’un véritable métamorphisme
concernant les cristaux de neige:
Neige => Névé =>glace bulleuse => glace pure.
Les cristaux de neige se transforment
progressivement en cristaux de glace,
a) Types de glaciers. Il est possible de se baser sur les
critères morphologiques, les plus intéressants pour le
géographe. On distingue:
. Les glaciers régionaux (inlandsis), de type
groënlandais, qui se présentent sous l’aspect de
vastes coupoles au profil légèrement convexe.
Le glacier antarctique s’étend sur 13 millions de km²,
son altitude maximale est de 4 200 m, il se termine
sur l’océan par une énorme barrière de glace, celle
qui domine la Mer de Ross a 400 m de haut.
D'énormes icebergs se détachent de l’inlandsis
(vêlage des icebergs). La superficie de certains est
comparable à celle de la Corse. Il ne faut pas oublier
que ces icebergs sont formés d’eau douce.
L’épaisseur totale du glacier antarctique dépasserait
2 500 m. des lacs se trouveraient à la base. Ce point
est actuellement en cours d’étude.
Le Groënland est recouvert d’un inlandsis de 1,7
million de km², inlandsis qui a 1 500 m d’épaisseur et
est encadré de hautes montagnes. Des passages
(vallées, cols) existent dans la barrière montagneuse,
et permettent la circulation d’iceströms (fleuves de
glace) jusqu’à la mer.
Cette circulation est accélérée par « l’appel au vide »
des icebergs, et peut atteindre 7 000 m/an, soit 20
m/jour. Mais la masse de l’inlandsis est très peu
mobile.
Au total, le volume d’eau douce stocké dans les
inlandsis serait de 30 millions de km³, ce qui
représente 98% de l’eau douce des continents et 2%
de l’eau totale de l’hydrosphère. La fonte, même
partielle, des inlandsis, pourrait avoir les
conséquences les plus graves (élévation du niveau
des océans).
Les inlandsis sont considérés comme des glaciers
« froids » (température de -40% en profondeur), ils
ne fondent pas, exercent une action érosive assez
faible sur leur soubassement. Parfois, la glace se
« sublime » dans l’air sec (passage direct de l’état
solide à l’état gazeux).
Ils reçoivent de faibles précipitations à peine 100
mm/an, et assurent eux-mêmes le maintien de leur
propre climat froid, par phénomène d’auto-catalyse.
S’ils venaient à disparaitre, ils ne pourraient se
reconstituer, dans les conditions actuelles.
Les glaciers locaux (ou de plateau, comme en
Scandinavie), sont de taille beaucoup plus réduite. Le
plus souvent, il s’agit de glaciers de vallée, de type
« alpin » ou « himalayen », caractéristiques des
hautes montagnes bien arrosées des moyennes
latitudes. Il peut y avoir passage d’un glacier de
plateau à un glacier de vallée. Ces derniers peuvent
atteindre 30 km de long (Aletsch, dans les Alpes)
voire 120 km glaciers du Pamir.
Le profil en long des glaciers de vallée est
remarquable (croquis 26) avec une succession
d’ombilics, secteurs surcreusés, et de verrous, restés
en saillie. De nombreuses crevasses se trouvent à la
surface, crevasses longitudinales lorsque la vallée se
rétrécit, crevasses transversales lors des ruptures de
pente au droit des verrous.
Une langue glaciaire peut en rejoindre une autre et
un glacier unique se constitue de part et d’autre d’un
col. Il y a alors transfluence. Le cas est fréquent dans
les glaciers bien alimentés (Alpes du Nord).
Une langue glaciaire peut se détacher du glacier
principal, vers une vallée secondaire (diffluence).
Cette situation a été fréquente au Quaternaire lors
des périodes glaciaires dans les Alpes et les Pyrénées.
Un glacier bien alimenté peut s’étaler dans les
régions de piémont, en formant de vastes lobes. Ce
fut le cas actuel en Alaska. Lorsque l’alimentation du
glacier est insuffisante, il se forme un glacier de paroi
« cordillière des Andes », faiblement creusés des
versant pyrénéens.
Les glaciers rocheux correspondent à de petits
glaciers très riches en blocs, soudés entre eux par de
la glace, et qui sont coupés de leur source
d’alimentation (névés). Ils se déplacent en fonction
des alternances gel-dégel, qui permettent aux blocs
de progresser. Ils sont nombreux dans les Alpes du
Sud et les montagnes Rocheuses.
B) L’écoulement glaciaire.
C’est encore un sujet controversé. La glace est un
solide relativement plastique et visqueux.
L’écoulement de la glace est un fait certain.
La Mer de Glace, au Montenvers, s’écoule avec une
vitesse de 125 m/an. Les cadavres d’alpinistes disparus
vers 1880 ont été retrouvés près de Chamonix en
1910. En fonction des frottements sur la bordures. Il
en résulte la formation d’ogives très caractéristiques à
la surface du glacier. Chaque ogive correspond à un
élément de glace plus chargé en débris.
Dans ce solide qu’est la glace, les types d’écoulement
s’effectuent en fonction de la pente (l’écoulement est
plus rapide lorsque la pente est forte), et de
l’épaisseur du glacier.
Un glacier de 50 m d’épaisseur se met en
mouvement lorsque la pente dépasse 6°. Les glaciers
plus épais sont plus mobiles, à pente égale.
L’écoulement se fait parfois en régime extensif (sur
les verrous ce qui entraîne des tensions élevées et la
formation de crevasses. Dans les ombilics s’accumule
beaucoup de glace et l’écoulement est rapide dans
les glaciers « alpins », beaucoup plus lent dans les
inlandsis, sauf en ce qui concerne les iceströms.
Il est à signaler que la glace, dans les glaciers alpins,
se trouve au voisinage du point de fusion (0°C).
La base fond et regèle en permanence (observations
des techniciens de l’EDF sous le glacier de
l’Argentière, massif du Mont-Blanc). La glace n’adhère
pas toujours au soubassement rocheux, son
écoulement en est facilité.
Chapitre 4 : les modelés
I. LES RELIEFS DANS LES ROCHES CRISTALLINES,
SOCLES ET MASSIFS ANCIENS
Les socles et massifs anciens occupent de très
vastes régions du globe. Leur étendue est
supérieure à celle des bassins sédimentaires. Ils
sont formés principalement de roches cristallines
et métamorphiques, mais le matériel
sédimentaire n’est pas absent. Les types de
formes que l’on observe dans ces régions sont
très variées. On peut distinguer, à partir des
grands types de structure:
. Les régions de boucliers. Il s’agit de domaines de taille
considérable, de l’ordre de plusieurs millions de km²
(bouclier canadien, Sibérie centrale, Afrique occidentale).
Les reliefs correspondant sont en général de faible
ampleur. Ils ont été peu tectonisés;
. Les régions de massifs anciens. Ils font partie, en Europe,
des domaines calédoniens et hercyniens, de la Bretagne au
massif de Bohême. Leurs dimensions sont plus modestes:
quelques dizaines de milliers de km² (Massif central,
Massif schisteux rhénan). La plupart ont été fracturés et
tectonisés au Tertiaire (Espagne du Sud-Ouest, Vosges,
etc.);
. Des fragments de chaînes récentes (Alpes, Pyrénées)
qui englobent des éléments hercyniens réactivés
(massifs du Mont-Blanc, Pelvoux, Zone axiale
pyrénéenne, repris dans une tectonique récente.
Ces différents éléments peuvent être regroupés sous
la dénomination commode de « socles », formés
principalement de matériel cristallin. Tous ont été
rabotés par une ou plusieurs surfaces
d’aplanissement. Une chaine de plissement granitisée
dont les reliefs ont été aplanis se transforme en socle.
Les granitoïdes forment, fréquemment, les roches les
mieux représentés dans les socles. L’accent sera donc
mis sur les caractères particuliers de ces roches vis-à-
vis de l’érosion. Mais il ne faut pas oublier que
certains socles sont à dominance sédimentaire
(Ardennes).
Dans cette dernière région comme dans le Massif
armoricain ou le Sud-Ouest ibérique, les schistes
jouent un rôle fort important.
1) LE COMPORTEMENT DES GRANITOÏDES FACE A L’EROSION
1) Caractéristiques générales
Figure 19 : Formation d’une croupe gravillonnaire par érosion superficielle d’un plateau cuirassé
Figure 20 : Evolution d’un plateau cuirassé vers une croupe gravillonnaire convexe
En fait, on peut relever deux possibilités d'évolution,
soit par érosion régressive ou par érosion aréolaire en
même temps que la topographie s'abaisse d' environ 10-15
m sur une période de 2-10 millions d'années).
On pense que la « mise en profondeur » ou
enfouissement des gravillons est liée à l'action de
construction de la pédofaune par recouvrement en surface
ou par effondrement du sol par suite de l'effondrement
des galeries et cavités créées par les animaux. Cependant,
la présence de patine (sel d'oxyde de couleur noire) sur
des gravillons à 2-3 m de profondeur, découlerait d'une
évolution à l'air libre.
b) Les reliefs rocheux et formes associées
- Les inselbergs
Inselberg est un terme allemand qui signifie «
montagne-île »; c'est une forme de relief rocheux
d'allure montagneuse ou collinaire. Les termes équivalents
sont dôme rocheux, pain de sucre, morne rocheux. D'une
façon générale, c'est une petite montagne (sans crête ni
chaînon) où la roche affleure ou est située à très faible
profondeur. Sur une carte topographique, le dessin
présente un ensemble de courbes de niveaux amiboides
ou arrondies.
Les localisations les plus fréquentes sont les régions
de savane (dôme), en forêt (pain de sucre ou morne
rocheux), dans les géosystèmes arides (où le
terme est plus utilisé et plus adapté au contexte).
Les inselbergs ont une répartition irrégulière dans les
géosystèmes tropicaux; ils sont beaucoup plus
fréquents en savane qu'en forêt sans aucun
déterminisme. En Côte d'Ivoire par exemple, ils
sont nombreux à partir du 9ème de latitude nord, plus
dans les régions de savane, qu'en forêt :
- en savane, dans le secteur Odienné-Boundiali, sur
100 à 200 km, on observe une succession de dômes
rocheux; autour de Korhogo, on a un alignement
de dômes très isolés les uns des autres (Mont
Korhogo...) ; dans le secteur Dabakala-Katiola, il
existe des dômes rocheux isolés et épars (le Niangbo)
; le secteur Séguela-Mankono est caractérisé par
la présence d'un champ de dômes de taille et
formes variées;
en forêt, dans le secteur Soubré-Taï, Guiglo-Man et
Tabou, on observe des dômes très isolés et nus (le
Niénekoué, le Trokoi...).
En général, les inselbergs se présentent de façon
isolée ou en champ, adoptant des formes en dôme à
sommets isolés et bases soudées, en petits massifs à
sommets coalescents.
Fréquemment, on y distingue deux types de facettes
topographiques, le sommet et le versant ; les
facettes de bas de versant sont peu fréquents et les
talwegs sont de petits ruisseaux.
. Le contact entre les deux facettes se fait de deux
manières : soit contact direct par un angle droit net appelé
knick dans les régions arides, soit contact par
l'intermédiaire d'une pente progressive concave à la base
et souvent ennoyée par des accumulations d'éboulis (cas
plus fréquent en forêt).
Du point de vue genèse, on oppose 2 grandes
théories développées surtout par les géographes
allemands, une selon laquelle les inselbergs seraient
aussi bien des formes de résistance que de position, et
l'autre dans laquelle les inselbergs seraient des formes
résiduelles :
- les inselbergs de position ou tectoniques: au départ, on a
un dôme écrasé, l'individualisation d'un interfluve aux
pentes accentuées se fait par érosions successives. Ce
type d'évolution s'adapte parfaitement aux inselbergs en
position de ligne de faîte, de ligne de partage des eaux; par
contre, il explique mai la permanence de ces dômes dans
le paysage. Par exemple les champs d'inselbergs de
Madinani (nord-ouest de la Côte d'Ivoire) se situent en
moyenne entre 530 et 540 m d'altitude ; leur dénivelée
totale s'accroît à la périphérie et diminuent largement
au centre;
on pense ici à des inselbergs de dissection par érosion
régressive qui nettoierait toute la zone granitique.
- les inselbergs de résistance ou résiduels: ces
inselbergs existeraient par suite de la résistance à
l'altération chimique de la roche par rapport aux
autres secteurs. Par exemple, sur une carte, une plage
géologique entièrement granitique peut montrer des
secteurs en inselbergs et des secteurs sans; la nature
pétrographique n'influence pas la résistance; par
contre, la microstructure (c'est-à-dire la taille et la
disposition des grains, des minéraux)
jouerait un grand rôle. On a dans ce cas des
inselbergs d'origine lithologique, résultant d'une
érosion différentielle liée à la structure fine de la
roche.
En fait, plusieurs facteurs peuvent être évoqués pour
expliquer la formation des inselbergs :
- le degré d'altérabilité de certains minéraux: les
minéraux noirs ou verts (biotite, olivine...) riches en
ferro-magnésiens et en silicates basiques sont
plus altérables que les minéraux clairs
(quartz, muscovite) riches en silicates alcalins.
Ainsi, l'abondance des uns par rapport aux autres
expliquerait en partie la résistance des roches ;
- la microstructure concerne la taille des grains
des minéraux; les roches à petits grains ont une
porosité plus faible, donc sont moins facilement
altérées et susceptibles de dégager des dômes
rocheux; à l'inverse, les roches à gros grains ont
une porosité plus importante, donc sont plus
facilement altérées et sujettes à donner des croupes
molles.
- la macrostructure concerne le type de fragmentation de
l'ensemble de la roche; la géométrie des diaclases de la
roche joue un grand rôle dans son altération ; selon le type
de diaclase (courbe ou verticale), la vitesse de
l'altération change: dans les diaclases courbes, l'eau
pénètre superficiellement, la roche résiste mieux et on
observe peu de ou pas de sol ; dans les diaclases
verticales, l'eau pénètre dans la masse de la roche,
l'altération est plus rapide et plus facile et on observe
la formation d'un sol arénacé meuble et plus ou moins
argileux (figure 21).
Figure 21 : Rôle de la macrostructure de la roche
Ainsi, au fur et à mesure, il se développe une érosion qui
fait diminuer la topographie du côté des
diaclases verticales alors que sur les diaclases courbes,
s'installe un ruissellement superficiel peu efficace. Dès
lors un dôme « sort », son pourtour « s'abaisse » ; par
ailleurs, si la vitesse de l'érosion est supérieure à celle de
l'altération, on obtient des sols minces, tronqués, toujours
sableux.
Le facteur essentiel ici est l'efficacité de l'érosion qui
entraîne le départ des matériaux meubles libérés par
l'altération ;
puis vient la tectonique, dans le cas des structures
tectoniques héritées comme les filons, les zones de
broyage...
Du point de vue évolution, originellement, l'inselberg
se rencontre dans le domaine de l'érosion mécanique
(zone sèche caractérisée par une végétation xérophile
et une rareté de l'eau, donc des actions chimiques).
Son évolution revêt plusieurs formes: le mécanisme le
plus important est la 50 thermoclastie ;
elle se produit sur les surfaces où il existe les plus
fortes variations de température dans la journée,
35 à 40° de différence; ce qui produit une
désagrégation granulaire; un autre mécanisme non
négligeable est l'haloclastie ; toutes les roches
contiennent des sels qui gonflent lorsqu'ils
absorbent de l'eau ; cela se produit surtout au
niveau des fissures des diaclases; les ouvertures
s'agrandissent et la roche se débite en écailles
(desquamation).
Le facteur macrostructure est important pour expliquer la
plupart des inselbergs des géosystèmes tropicaux (Côte
d'Ivoire en particulier), augmenté de l'efficacité de
l'érosion. Ce dernier facteur permet de comprendre les
formes associées aux inselbergs.
- Les formes associées aux inselbergs
On peut retenir trois grands types de formes
associées: les inselbergs régolitiques, les croupes
régolitiques (qui dérivent directement de l'inselberg
orthique), les croupes et plateaux altéritiques (qui sont
taillées dans les altérites).
Les inselbergs régolitiques présentent un volume
topographique réduit, des versants raides, des
sommets convexes irréguliers et un pédiment de
nature variée. Cependant, le pédiment peut être une
unité de relief bien individualisée dans ce cas, le
contact (zone qui reçoit la majeure partie des eaux
venant de l'acroèdre) est une entaille
fonctionnant comme une gouttière dont le
creusement, progressif par ruissellement concentré,
accompagne une altération en profondeur (figure
22).
Les croupes régolitiques présentent un acroèdre
faiblement dénivelé, des chaos et blocs de roche qui
alternent avec des dos de baleine.
Les croupes et plateaux altéritiques : les croupes
altéritiques dérivent d'une dissection par un chevelu
hydrographique important dans un environnement de
roche leucocrate peu riche en oxydes de fer, d'où une
forte arénisation des sols; les plateaux altéritiques
bénéficient d'un léger apport d'oxydes de fer, qui avec
un ciment altéritique donnent une carapace réticuIée
et mal durcie; les formes fréquentes sont de petits
plateaux à corniche peu marquée (figure 23).
Figure 22 : Formes directement associées aux inselbergs