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 Introduction

 Le mot sédimentologie a été proposé par


WADELL en 1932. C’est une branche de la
géologie qui étudie les dépôts sédimentaires. C’est
la science des roches sédimentaires,
communément appelée « géologie sédimentaire ».
Cette science se propose d’expliquer l’origine des
constituants sédimentaires, leurs caractères et les
processus de mise en place des séries
sédimentaires.
 A l’instar de la tectonique, du magmatisme et du
métamorphisme, la sédimentologie a joué un
grand rôle dans la compréhension de l’histoire de
la terre. En effet, comme l’a si bien dit Pettijohn
(1957), la géologie est avant tout l’histoire de la
terre, et étudier les roches sédimentaires c’est
faire l’histoire des roches sédimentaires.
 L’importance des couches sédimentaires est
indéniable ; l’on doit savoir que les roches
sédimentaires et les métasédiments qui
représentent seulement 5% du volume de la
lithosphère, occupent cependant 75% des
surfaces des affleurements. En d’autres termes,
trois affleurements des roches sur quatre en sont
constitués. C’est par l’étude des couches
sédimentaires que l’échelle géologique a pu être
établie et que celle des milieux géologiques
modernes a débouché sur le concept de
l’actualisme et d’uniformitarisme (J. Hutton,
1727-1797 ; C. Lyell 1833-1873).
 Bien que de portée limitée, cette théorie a permis
de projeter un éclairage nouveau pour
comprendre les milieux anciens (C. Lyell,
1873) : « …les anciens changements produits à la

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surface de la terre sont dus à des causes


analogues quant à la nature et à l’intensité, à
celles qui agissent de nos jours ». « L’ordre naturel
a été depuis les périodes les plus anciennes, dans
le sens où nous le voyons aujourd’hui et où nous
nous attendons à le voir dans l’avenir ».

 Première partie : GENESE DES PARTICULES


o SEDIMENTAIRES

 CHAPITRE I : LES PARTICULES DETRITIQUES


TERRIGENES

 D’une manière générale, les constituants des


roches sédimentaires sont le résultat de
modifications résultant de l’action des fluides
atmosphériques et océaniques, des agents
biologiques et climatiques sur les roches de la
surface de la terre. A l’action de ces agents il faut
ajouter celle des sources hydrothermales
océaniques qui paraissent jouer également un rôle
important.
 Vues sous cet angle, les particules sédimentaires
sont des produits (matériaux) qui peuvent
provenir soit de l’érosion continentale ou marine,
soit aussi des restes (squelettes) ou secrétions
organiques, soit en fin de la précipitation
chimique. Les particules sédimentaires remaniées
sont dites détritiques ou clastiques et le fait
qu’elles tiennent leur origine des terres émergées
(continentales) elles sont appelées « terrigènes ».
 Les particules détritiques sont principalement
constituées des silicates (quartz, argiles) arrachés
aux formations continentales superficielles sous
l’action de la pesanteur, de l’eau, du vent, de
l’activité biologique, … par voie chimique et/ou

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physique. L’action de ces différents agents


contribue à la modification du paysage par
réduction (destruction) des reliefs montagneux et
recouvrement consécutif de celui-ci par une
couverture meuble (sol, altérite).
 L’ensemble des mécanismes qui permettent ces
transformations en libérant les particules des
roches et les éléments dissous s’appelle
altération. Cette altération est fonction de la
nature originelle de la roche en ce sens qu’elle
sera plus intense (rapide, profonde) pour une
roche poreuse, une roche tendre, une roche
diaclasée, …
 Les processus d’altération se groupent en deux :
altération chimique et altération physique ou
mécanique communément appelé érosion.

o Altération physique

 Également appelé « désagrégation mécanique »,


elle est liée au climat et est le fait des écarts de
températures qui peuvent être considérables dans
les déserts par exemple. L’alternance répétée de
températures élevées et moyennes ou
thermoclastie finit par fendiller et fragmenter la
roche.
 Dans les zones froides (climat périglaciaire) et
dans les montagnes, l’eau cristallise par le gel et
agit dans les fissures et vides des roches comme
un coin qui finira par les débiter en éléments de
toutes tailles. Comme la cryoclastie (alternance
gel-dégel), la cristallisation de sels joue également
le rôle de coin (phénomène d’expansion) et peut
provoquer la dissolution des roches poreuses,
délitées ou fissurées. Les roches argileuses des
zones à fortes variations d’humidité (lagunes,
marais, estuaires, …) peuvent être soumises à
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l’alternance de phases d’imbibition (humectation)


et de dessiccation et offrir de copeaux de boue
(argile sèche) à l’enlèvement par l’érosion.
 A cette liste non exhaustive il faut ajouter l’action
des agents biologiques tels que les animaux
fouisseurs, les racines d’arbres, les lichens, les
mousses et les bactéries dans la désagrégation
des formations superficielles.
 Ce qu’il faut retenir c’est que l’altération physique
n’affecte pas la composition chimique et
minéralogique de la roche, elle facilite le
morcellement du matériau initial. Par ce fait,
l’altération physique facilite l’altération chimique
par la multiplication des surfaces de contact entre
la roche et l’agent chimique (ex : eau).

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o Altération Chimique

 Généralités

 L’altération chimique transforme la composition


initiale des roches par mise en solution ou
précipitation d’éléments. A l’opposé de l’altération
mécanique elle favorise le développement des sols
au détriment des roches mères en libérant des
éléments chimiques qui seront évacués par le
drainage.
 Dans ce processus, l’eau reste le principal agent
de dissolution chimique parce qu’elle peut déjà, à
l’état pur dissoudre p.ex. CaCO3, SiO2 gélatineuse,
CaSO4, etc… Cette capacité dissolvante de l’eau
sera d’autant plus importante qu’elle sera chargée
de sel (eau de mer), de gaz carbonique (eau de
pluie) ou d’acides divers. En effet, l’eau de pluie
peut contenir jusqu’à plus de 2% de CO 2 et que la
roche elle-même peut fabriquer une grande
quantité d’acide si elle contient des sulfures qui,
en présence d’eau et d’oxygène, donnent de l’acide
sulfurique.
 Le rôle des organismes et des bactéries n’est pas à négliger
parce que ceux-ci interviennent de manière décisive dans les
phénomènes de mise en solution.

 Au contact de l’eau, les minéraux s’altèrent et


perdent facilement leurs éléments alcalins. C’est
le cas du mica par exemple qui incorpore dans
son réseau 4H2O par molécule d’alcali perdu. Le
minéral passe d’abord par le stade d’hydromica
qui, à son tour peut donner, en perdant de la
silice, la kaolinite. Ex. la transformation de
l’orthose en argile :

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 6SiO2.Al2O3.K2O + 2H2O + CO2 2SiO2.Al2O3.2H2O + 4SiO2 +


K2CO3

 Les facteurs climatiques, desquels dépendent la


température, l’humidité (précipitations) et la
végétation, sont également à mettre à
contribution. Dans les pays tropicaux par
exemple, où le climat est chaud et humide,
entrainant une végétation abondante, la vitesse
de décomposition peut être multipliée par 100.
 Réactions Chimiques
 Les transformations chimiques observées sont les
résultats des diverses réactions qui interviennent
dans ce processus. Ces réactions sont
principalement l’hydrolyse, la dissolution,
l’oxydation et l’hydratation.
 L’hydrolyse : c’est l’action de l’acide carbonique sur des
minéraux riches en cations :
 Ex : 2NaAlSi3O8 + 2CO2 + 11H2O Si2O5Al2(OH)4 + 2Na+ + 2HCO3- +
4H4SiO4
 Dans cette action, les ions H+ de la solution aqueuse sont
consommés. Donc, tant qu’il y en aura, la réaction va non
seulement se poursuivre mais aussi s’intensifier. De même,
la quantité de CO2 dissous dans l’eau va influencer la
réaction d’hydrolyse puisqu’il contribue à la quantité d’ions
H+ disponibles dans la solution.
 La dissolution : elle consiste en la décomposition d’un
minéral en ses ions constitutifs :
 Ex : CaCO3 + CO2 + H2O Ca2+ + 2 HCO3-
 L’oxydation : elle est réalisée lorsqu’il ya perte d’électrons
lors de la formation de nouveau corps :
 Ex : Fe++ Fe3+ + e-
 Dans la nature, le fer et le manganèse sont les éléments les
plus facilement oxydables.
 L’hydratation : cette réaction se réalise lorsqu’un minéral
incorpore (gagne) une ou plusieurs molécules d’eau dans sa
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structure cristalline. La déshydratation en est la réaction


contraire.
 Ex : 2 FeOOH (goethite) Fe 2O3 (hématite) + H2O
 CaSO4.2H2O (gypse) CaSO 4 (anhydrite) + 2H2O

o Produits de l’altération

 Ces produits sont le reflet des conditions qui ont


prévalu lors de leur formation. C’est le cas du
climat qui règle la température, la pluviosité et la
végétation. Mais c’est aussi la nature de la roche-
mère et le régime tectonique avec sa marque sur
le relief (topographie) qui jouent un grand rôle.
Les altérations physique et chimique sont à la fois
complémentaires et antagonistes. En effet une
altération à caractère physique dominant s’exerce
là où l’hydrolyse est ralentie. Elle est
caractéristique soit des climats froids ou secs
sous lesquels l’altération chimique est réduite, ou
soit des zones d’orogenèse où les mécanismes
d’érosion prévalent sur les mécanismes de
l’altération chimique. Au contraire, une altération
à caractère chimique dominant se développe là où
l’hydrolyse est favorisée, p.ex. dans une zone
stable en climat intertropical humide. L’ensemble
de tous ces produits issus de l’altération peut être
reparti en trois groupes :++
 Les produits résiduels ou d’héritage : ils sont généralement
constitués par les minéraux résistants de la roche-mère
(sédimentaire ou cristalline). Ce sont essentiellement le
quartz, le zircon, les silicates divers (feldspath, mica et
chlorite).
 Les produits de transformation : il s’agit de minéraux issus de
la transformation d’autres minéraux suite à l’action de
l’hydrolyse. Ces minéraux (nouveau) se forment sans que la

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structure (charpente) silicatée de leurs prédécesseurs soit


complètement détruite. A cette famille appartiennent de
nombreux minéraux argileux (ex. altération de la biotite en
chlorite).
 Les produits de néoformation : à partir des ions en solution
peuvent se produire des nouvelles synthèses minérales. Ces
processus se réalisent dans les zones d’accumulation des
sols et lors de la diagenèse. Parmi ces nouveaux minéraux il
faut citer les phyllosilicates, les oxydes et hydroxyde de fer.
 Les produits de l’altération chimique sont nombreux et
variés, ils forment un ensemble meuble communément
appelé sol. Celui-ci est constitué par un groupe des
minéraux composés d’argile. Les argiles sont des silicates
d’alumine hydratés constitués de silicium d’aluminium,
d’oxygène et d’ions hydroxydes (OH-).
 Formation des minéraux argileux
 Les minéraux argileux peuvent provenir soit de
l’héritage, soit de la transformation de minéraux
préexistants ou soit encore de la néoformation.
 Héritage : ces minéraux sont identiques à ceux de la roche-
mère qui est généralement sédimentaire. Quant aux roches
cristallines, celle-ci ne peuvent fournir que des
phyllosilicates tels que les micas et les chlorites.
 Transformation : en fonction de l’action croissante de
l’hydrolyse, on distingue trois grands stades de la
dégradation :
 α – La bisiallitisation au cours de laquelle la silice et les
cations basiques ne sont pas totalement lessivés. Ce
processus conduit à l’édification de silicates phylliteux de
type 2/1 (ex. montmorillonite, illite, vermiculite).
 Ex. l’altération de l’orthose
 3KAlSi3O8 + 2H+ + 12H2O Si3AlO10Al2(OH)2K + 6Si(OH)4 + 2K+
 Orthose + eau illite + solution
 β- La monosiallitisation correspond à une hydrolyse plus
poussée. Les cations basiques sont totalement éliminés et
une partie importante de la silice est entrainée. Ce

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mécanisme conduit à la formation des silicates argileux de


type 1/1 (ex. kaolinite).
 2KAlSi3O8 + 2H++9H2O Si 2O5Al2(OH)4+ 4Si(OH)4 + 2K+
 Orthose + eau kaolinite + solution
 Le lessivage de la silice est plus important (>66%) et le
potassium est totalement éliminé.
 γ- L’allitisation est le résultat d’une hydrolyse totale. La
silice et les cations (alcalins) sont évacués alors que
l’aluminium précipite sur place. Ils se forment les produits
résiduels qui s’accumulent sur place et correspondent à des
hydroxydes d’aluminium du type gibbsite ou de la boehmite.
 2KSi3AlO8 + 8H+ + 8H2O Al(OH) 3 + 3Si(OH)4 + 2K+ + 9OH-
 Orthose + eau gibbsite + solution
 La silice et le potassium sont totalement éliminés.
 NB : la transformation des minéraux argileux qui consiste
en la fixation des ions présents dans la solution s’appelle
aggradation. C’est la réaction inverse de l’hydrolyse.
 Néoformation : à partir des solutions saturées (en ions) une
nouvelle réorganisation du réseau cristallin peut aboutir à la
naissance (synthèse) d’un minéral argileux (ex. kaolinite de
néoformation). Les ions couramment rencontrés dans la
zone d’altération sont la silice, l’alumine et le magnésium.
Toutefois le phénomène de néoformation n’est pas l’apanage
de la seule altération continentale, mais il peut s’opérer
également en milieu marin : ex. synthèse de la glauconie sur
le plateau continental ; la formation des smectites et
attapulgites en relation avec l’hydrothermalisme sous-marin.
 Tableau … : Les différents stades de l’hydrolyse

o Figure … : Schéma d’évolution des feldspaths, micas et argiles


au cours des différents stades d’hydrolyse

 Structures et principaux types des minéraux argileux


 Les principaux éléments chimiques qui
composent les minéraux argileux sont le Si, Al, O
-
et OH . L’agencement de ces éléments en couches
octaédriques (O) et en couches tétraédriques (T)

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conduit à une structure en feuillets. C’est


pourquoi les minéraux argileux appartiennent à la
grande famille des silicates en feuillets ou
phyllosilicates (phyllon = feuille). Les tétraèdres
sont construits autour du Si entouré des ions
oxygènes, tandis que les octaèdres sont dominés
par Al3+ qui peut être remplacé (substitué) par
Mg2+, Fe2+, Fe3+. Les ions hydroxydes (OH-)
équilibrent la charge. Deux motifs d’association
des couches tétraédriques et octaédriques sont
possibles : motifs TO ou 1/1 et motif TOT ou 2/1.
L’intervalle (espace) entre deux feuillets voisins est
dit interfoliaire. Cet espace peut être soit vide, soit
occupé par des cations (anhydres, hydroxylés ou
échangeables hydratés) ou par une couche
octaédrique supplémentaire.
 La classification des minéraux argileux est
obtenue en tenant compte du type de motif
d’association, du remplissage interfoliaire et de
l’occupation des sites octaédriques.
 Dans le cadre des associations minérales issues de
l’altération, on peut distinguer :
 Les phyllosilicates à deux couches (TO ou 1/1) : ex. kaolinite
(Si2O5)Al2(OH)4
 Les phyllosilicates à trois couches (TOT ou 2/1) : ex.
smectites, montmorillonite, vermiculite, beidellite, illite
 Les phyllosilicates à quatre couches (TOTO ou 2/1/1) : ex
chlorite
 Les espèces intermédiaires : ce sont des minéraux
interstratifiés formés des feuillets élémentaires de nature et
de propriétés différentes. Ex. illite - vermiculite, illite-
smectite, kaolinite-smectite.
 Les pseudo-phyllites : silicates constitués de pseudo-feuillets
TOT. Ce sont des argiles fibreuses. Ex. palygorskite,
sepiolite.

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 CHAPITRE II : LES PARTICULES D’ORIGINE CHIMIQUE


ET BIOCHIMIQUE

 2.1. Les carbonates

 2.1.1. Introduction
 Les particules d’origine chimique ou biochimique
prennent leur source dans les phénomènes de
précipitation et de bioprécipitation. Ces
phénomènes peuvent se dérouler aussi bien dans
l’eau de mer que sur le continent, dans les
domaines lacustres. Toutefois sur les 95 éléments
chimiques recensés dans l’eau de mer, peu
d’entre eux seulement peuvent atteindre le niveau
de saturation optimal nécessaire pour leur dépôt
dans les conditions normales.
 C’est le cas des ions Ca, Ba, Fe, Mn et Si. Si les
organismes contribuent largement à
l’accumulation du carbonate de calcium, il n’en
demeure pas moins que ce dernier est lié à la vie
de ces organismes dont la majorité des tests et
coquilles en sont constitués.

 2.1.2. Facteurs de la (bio) précipitation


 Les phénomènes de précipitation relèvent de
processus chimiques lesquels sont régis par des
réactions chimiques entre les différents composés
(ions) contenus dans les eaux marines ou
lacustres. Ces réactions ne peuvent s’opérer que
sous certaines conditions qui prévalent dans ce
milieu. Il s’agit principalement de la teneur en Ca

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et CO2 de l’eau, du caractère acide, basique ou


neutre, donc du ph du milieu, la température, la
saturation des eaux en CaCO3, l’apport des
organismes en CaCO3, la salinité, …
 la teneur en Ca et CO2 de l’eau de mer
 Il est connu que l’eau de mer renferme des ions
Ca provenant des continents. Ces ions
proviennent en fait des substances minérales qui
sont plus facilement dissoutes dans les eaux
salées que dans les eaux douces. Les ions Ca sont
généralement accompagnés par des principaux
cations tels que Na, K, Mg dont la proportion est
souvent plus importante que celle de Ca. Ils sont
dus à l’hydrolyse des roches continentales
préexistantes (calcaires, granites, marnes, …).
Dans le domaine marin, il y a lieu de distinguer
deux niveaux, les eaux superficielles et les eaux
profondes. De manière générale les eaux de
surface sont sursaturées par rapport au
carbonate de calcium (calcite, aragonite). Il en
résulte que les précipitations directes des
carbonates se réalisent aisément dans les régions
de faibles latitudes (tropicales et subtropicales).
 Le rôle du pH, de la température, la pression et la salinité (sel)
 Il est établi que la précipitation des carbonates se
manifeste là où les conditions de température, de
pH, de salinité et de saturation en CaCO 3 sont
favorables. Les travaux de laboratoire ont
également montré que l’adjonction dans une
solution saturée en CaCO3 des composés basiques
augmente le pH de cette solution en même temps
que précipitent des carbonates (la calcite). Il
apparait aussi que la production carbonatée de
surface est favorisée par une température élevée,
une salinité et un pH forts. Ces conditions sont
généralement réalisées dans les régions de faibles
ou moyennes latitudes (régions tropicales).

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 Apport des organismes


 Il est une certitude aujourd’hui que la plupart des
carbonates marins sont sécrétés (ex :
constructions calcaires ou récifs) par des
organismes animaux et végétaux (H. et G. Termier
1952) ou résultent du dépôt (accumulation) des
squelettes organiques non construits. Ce sont des
bioclastes et constituent les lumachelles. On sait
également pour étayer cette observation que la
précipitation du calcium dépend en majeur partie
de l’intensité du processus de respiration.
Toutefois cette précipitation peut se faire aussi
dans les eaux douces si les conditions telles que
définies ci-haut sont réunies. Comme nous
venons de le voir, la construction carbonatée se
réalise par production (précipitation chimique)
directe du CaCO3 et par dépôt clastique des débris
de squelettes et de tests. Les organismes
contributeurs sont :
 Les Algues : leur rôle dans la sédimentation carbonatée est
connu depuis le Précambrien où elles participent soit
comme débris, soit comme pièges à sédiments ou encore
comme organismes perforants. Ces organismes connaissent
une grande diversité qui permet de distinguer les Algues
rouges (Rhodophycées) qui se développent surtout dans les
eaux chaudes (Carbonifère à Actuel), les Algues vertes
(Chlorophycées) qui existent depuis le Paléozoïque et
caractérisent les milieux d’eaux douces et saumâtres (ex. les
Characées), les milieux tropicaux lagunaires ou de petits
fonds (Dasycladacées) ou encore les petits fonds des plates-
formes carbonatées (Codiacées), les Algues bleues
(Cyanophycées) reconnues pour leur rôle dans la formation
de stromatolithes et de tapies algaires (algal mats), mais aussi
la formation d’une couche micritique sombre à la périphérie
de nombreux fragments calcaires. A cette liste il faut ajouter

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les Coccolithophoridés (Chrisophycées) qui sont des Algues


planctoniques flagellées développées depuis le Jurassique.
 Les Brachiopodes : actuellement peu abondants et de
profondeurs diverses, ils sont caractérisés autrefois par de
formes benthiques sessiles d’eau marine peu profonde.
 Les Bryozoaires : responsables de la sédimentation récifale et
de plate-forme (Paléozoïque), ils sont constitués de tests de
calcite et d’aragonite.
 Les Céphalopodes : connus jusqu’au Crétacé (Ammonites,
Nautiles, Bélemnites), ils sont strictement marins et surtout
propres aux eaux du large.
 Les Coraux : en association avec les Algues rouges, ils sont
responsables de la construction des récifs modernes
(biolithites, boundstones).
 Les Echinodermes : seuls les Echnides et les Crinoïdes
participent de manière active et significative à la
sédimentation calcaire marine. Contrairement aux temps
paléozoïque et mésozoïque où
 les Crinoïdes occupaient souvent les plates-formes
carbonatées, les Crinoïdes des milieux modernes sont
d’environnement relativement profond, et peu abondants.
 Les Foraminifères : sont des Protozoaires soit planctoniques
soit benthiques responsables de la sédimentation des boues
calcaires à argilo-calcaires des bassins océaniques de
moyenne profondeur (forme planctonique) ou des mers peu
profondes des régions tempérées et chaudes (forme
benthique).
 Les Gastéropodes : caractérisés surtout par la forme
benthique, ces organismes colonisent les fonds marins
meubles et peu profonds.
 Les Pélécypodes : également appelés Bivalves, ce sont des
Mollusques d’eaux douces ou salées participant notamment
à la constitution des sédiments marins peu profonds depuis
le Mésozoïque supérieur.

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 2.1.3. Les minéraux carbonatés


 Dans la sédimentation carbonatée, seuls deux
types chimiques, le CaCO3 (calcite et aragonite) et
le CaMg(CO3)2 (dolomite) jouent un grand rôle. Les
deux polymorphes de CaCO3 cristallisent
respectivement dans le système rhomboédrique
(calcite) et dans le système orthorhombique
(aragonite). Leur genèse se fait naturellement par
voie chimique ou biochimique dans l’eau marine
ou dans l’eau douce à l’exception de l’aragonite
qui ne précipite pratiquement que dans l’eau
marine (salée). C’est un minéral peu stable (sauf
sous haute pression) qui tend par conséquent à
évoluer en calcite. Il en résulte qu’elle est
rarement observée dans les séries anciennes.
 D’autre part il a été montré que la présence de Mg
en quantité importante dans le milieu favorise la
formation de l’aragonite et tend à inhiber celle de
la calcite. L’aragonite serait la seule forme
susceptible de précipiter directement à partir de
l’eau de mer actuelle. La calcite formée en milieu
marin incorpore dans son réseau une faible
proportion de Mg. Selon la teneur en Mg, on
distingue deux formes :
 La forme faiblement magnésienne (< 4% MgCO 3) que les
auteurs anglo-saxon appellent low-magnesian calcite ;
 La forme fortement magnésienne (> 4%MgCO3, cette teneur
pouvant atteindre 11 ou 19%) c’est la calcite magnésienne
ou high-magnesian calcite.
 Il semble en définitive que la répartition des sédiments
carbonatées soit liées à la fois à la température de l’eau de
mer et à la nature des organismes. En effet, dans la nature
actuelle on observe que les carbonates sont plus riches en
aragonite et calcite fortement magnésienne dans les régions
intertropicales, plus riche en calcite peu magnésienne dans
les régions tempérées.

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 La dolomite, carbonate double de calcium et de


magnésium [CaMg(CO3)2] est un minéral où
alternent des couches de CaCO3 et des couches de
MgCO3. Ce dispositif ordonné la distingue de la
calcite magnésienne où la réparation du Mg, en
solution solide, n’est pas ordonnée en couches.
 La dolomite ne se forme pas directement, elle
apparait essentiellement au cours de la diagenèse
précoce ou tardive. Les minéraux carbonatés sont
souvent accompagnés d’une association des
minéraux tels que le quartz, argile, opale,
phosphate, hématite, etc…

 2.1.4. Structures et éléments figurés


 Une observation simple des roches carbonatées
montre que celles-ci sont généralement
caractérisées par un aspect figuratif qui leur est
particulier, les différenciant ainsi des roches
détritiques terrigènes. Cet aspect figuratif est le
résultat soit d’un processus diagénétique soit de
la dynamique des fluides (eaux) dans lesquels se
sont formées ces roches ou soit des secrétions et
constructions dues aux organismes animaux et
végétaux.
 Les éléments figurés carbonatés sont donc formés
par tous les matériaux carbonatés manifestement
transportés ou bien individualisés par toute
structure particulière qui permet de les distinguer
du fond de la roche. Il s’agit principalement des
structures algaires, des structures ovoïdes, des
déjections et agrégats divers, mais également de
squelettes (coquilles) d’organisme et de débris
calcaires divers.
 les structures algaires
 Elles sont l’œuvre des algues bleues du nom de
cyanophycées. Ces algues participent à la
formation de tapis algaires (algal mats) et de

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stromatolithes. La formation de ces structures


peut être observée aujourd’hui dans les zones
intertidales et supratidales, mais aussi dans les
marais et les bordures des lacs de certaines
régions de basse latitude (Bahamas, Golfe
Persique, Australie). Les stromatolithes sont
constituées de couches laminaires successives
traduisant l’alternance nuit-jour et se présentent
sous la forme de dômes (collenia, cryptozoon) et
parfois sous la forme de nodules irréguliers à
contours convexes et concaves constitués de
couches algaires ± concentriques autour d’un
nucléus. Ce sont des oncolithes (algal balls) de la
famille des oncoïdes ou nodules à surface
irrégulière et à noyau.
 Les conditions du milieu telles que la profondeur,
l’énergie des vagues, le rythme et l’amplitude des
marées, les apports détritiques déterminent les
différences morphologiques caractérisant les
diverses structures algaires. Ainsi p.ex les
structures nodulaires et en dômes sont liées aux
zones de haute énergie tandis que les structures
planaires aux zones abritées.
 les structures ovoïdes
 Ce sont des structures nodulaires communément
appelées ooïdes. Ce sont des grains sphériques ou
subsphériques constitués d’un nucléus de nature
et forme quelconque et d’un cortex. Ils
comprennent les oolithes, les sphérulites et les
bahamites et leur genèse est à mettre au compte
des processus physico-chimiques dans les
secteurs de haute énergie hydrodynamique, mais
aussi à une évolution diagénétique des sédiments
calcaires. Toutefois une intervention biologique
dans un milieu peu agité a été observée dans la
formation des oolithes récentes de Bahamas
constituées principalement d’aragonite (micro-
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végétaux, résidus organiques insolubles, matière


organique diverse). Les oolithes ont un cortex
formé de couches concentriques dont les
individus de taille supérieure à 2mm sont appelés
pisolithes. D’origine essentiellement diagénétique,
les sphérulithes ont un cortex à structure radiaire
tandis que les bahamites ou pseudo-oolithes ont
un cortex micritique dépourvu de structure.
 Fig
 les déjections et agrégats
 Consécutivement à la vie grouillante observée
dans le milieu marin, de nombreux organismes
produisent de déjections fécales qui se déposent
abondamment dans les petits fonds marins des
régions tempérées à chauds. Parmi ces
organismes on peut citer les Crustacés,
Gastéropodes, Pélécypodes, Polychètes
benthiques,… Ces déjections peuvent se
constituer ou se désagréger en grains homogènes
sans nucléus ou squelette (sans structure interne)
qu’on qualifie dans l’ensemble sous le nom de
péloïdes. Ces déjections sont fréquemment riches
en argiles (au large) et en matière organique, ce
qui leur confère la couleur sombre ou brune au
microscope. Toutefois l’agglutinisation (ou la
micritisation) de vase aragonitique ou de
fragments de tapis algaires peut conduire à la
formation des structures comparables aux pelotes
fécales. Les péloïdes comprennent principalement
des pélotes fécales ou pellets, des grains micritisés
et de boue agglutinée.
 Des péloïdes, bioclastes et oïdes peuvent être
cimentés par de l’aragonite pour former des
agrégats irréguliers. Ils prennent le nom de
grapestones ou lumps lorsqu’ils résultent d’une
cimentation en milieu peu agité favorisée par des
organismes fixateurs du sédiment. Des particules
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de boue calcaire peuvent à la suite des processus


mécaniques s’agglutiner et former des boules de
boue (mud balls).
 les bioclast(e)s et les lithoclast(e)s
 Tout élément fossile entier ou en fragment
d’origine végétale ou animale, enrobé ou non par
une matrice (gangue) carbonatée s’appelle bioclast
. L’abondance de ces éléments dans les roches
carbonatées est visible et est liée à la multitude
des organismes qui peuplent les mers et les
océans. En revanche, les lithoclasts groupent
l’ensemble des débris de roches ou de sédiments
calcaires de taille et de nature variables
comprenant les intraclasts et les extraclasts. Les
intraclasts sont des particules détritiques
calcaires ou des fragments des roches calcaires
(carbonatées) pénécontemporaines de la
sédimentation et généralement peu consolidées
au moment de leur dépôt, arrachées de parties
contigües du fond de la mer et redéposées pour
former un nouveau sédiment. Ils sont
généralement arrondis ou subanguleux, parfois
déformés, leur taille variant du sable fin au galet.
Les extraclats ou exoclasts sont des fragments de
roche calcaire provenant d’une ancienne source
située en dehors et sans relation avec leur dépôt
où ils sont transportés.

 2.1.5. Répartition des occurrences carbonatées


 De manière générale la distribution des
occurrences carbonatées est liée aux conditions
de l’environnement par plusieurs facteurs tels que
la profondeur des eaux, la pénétration de la
lumière, la durée du jour, le régime des courants,
la teneur des eaux en éléments dissous, la
turbidité et la nature des substrats. A cette liste il

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faut ajouter la température et la salinité qui


représentent les facteurs déterminants dans cette
distribution, notamment celle du domaine
néritique.
 Domaine néritique : c’est le domaine de plate-forme, donc un
environnement d’eaux peu profondes. La sédimentation
carbonatée est l’œuvre des organismes benthiques. Pour les
particules biogènes (bioclastes), deux associations
faunistiques y ont été définies, l’association à Foraminifères
benthiques et Mollusques (FORAMOL) et l’association à
Algues vertes (chlorophycées) et coraux hermatypiques
(zoanthaires) qualifiée de CHLOROZOAN. L’association
Foramol caractérise un environnement tempéré frais et
comprend également les Bryozoaires, les Crustacés
Cirripèdes et les Algues rouges. Dans certaines conditions
les Bryozoaires peuvent jouer un rôle important par rapport
aux Foraminifères, on parlera alors de BRYOMOL. Les
assemblages Foramol et Bryomol sont principalement
constitués de calcite et de calcite magnésienne. En revanche
l’association chlorozoan est typique d’un environnement
chaud (t°>18°C). Dans les conditions de très forte salinité (>
40‰), conditions réalisées dans les mers tropicales, les
Algues vertes peuvent résister au détriment des Coraux qui
peuvent disparaître. On parlera alors de CHLORALGAL. Les
assemblages chlorozoan et chloralgal sont principalement
constitués d’aragonite et de calcite magnésienne.
 Quant aux particules inorganiques (sans squelette) on note
la répartition suivante :
 les pellets sont abondants dans le domaine chlorozoan et
dans les zones situées à la frontière des deux domaines ;
 les ooïdes et agrégats tapissent les fonds des zones
tropicales de l’Atlantique et des petits bassins à fortes
évaporations et salinité, correspondant au domaine
chlorozoan.
 Toutefois ces particules sont absentes dès que la
température moyenne est inférieure à 18°C.

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 domaine pélagique
 Au large, les sédiments calcaires ont pour origine
la production planctonique. C’est une
sédimentation dominée essentiellement par des
boues à Foraminifères, à Coccolithes et parfois à
Ptéropodes. Cette sédimentation est soumise à
des phénomènes de dissolution qui affectent en
profondeur le carbonate (calcaire) produit dans
les eaux de surface. En effet, d’après Chamley
(2000), Cojan et Renard (1999) les eaux
océaniques profondes sont sous-saturées par
rapport au carbonate de calcium. Cette sous-
saturation est consécutive à une dissolution
croissante en fonction de la profondeur, des
particules carbonatées produites en surface, au
cours de leur lente chute dans les eaux
océaniques profondes et de façon bien moindre
lors de leur séjour sur le fond.
 On appelle lysocline la profondeur à laquelle on
observe un brusque accroissement des
phénomènes de dissolution (ex pour la calcite :
vers 4000m) et le niveau de compensation de la
calcite (carbonate) la profondeur à laquelle les
processus de dissolutions ont totalement
compensé l’apport de calcaire provenant de la
production de surface [CCD= calcite (carbonate)
compensation Depth]. Ce phénomène est à mettre
en relation avec la pression qui augmente avec la
profondeur, laquelle détermine l’augmentation de
la teneur en CO2 et un abaissement corrélatif du
pH. Comme on peut le constater, la CCD et donc
la lysocoline ne sont pas fixes, ils varient dans
l’espace et dans le temps parce qu’ils représentent
les niveaux d’équilibre entre les processus de
production et de dissolution [ex. l’ACD (aragonite)
est moins profonde (-3000m) que la CCD]. En
dessous de la CCD, la silice p.ex. n’est pas
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dissoute, il en résulte l’accumulation des boues


siliceuses, argileuses, zéolitiques ou métallifères
dépourvues de carbonate de calcium.
 En définitive il faut noter que la distribution des
calcaires océaniques dépend en premier lieu des
conditions de dissolution (Chamley, 2000).
 Quelques exemples :
 les bassins profonds sont généralement pauvres en
carbonates : Cap-Vert (Atlantique-N), Brésil, Argentine,
Angola, Cap (Atlantique-S) ;
 la teneur en calcaire augmente sensiblement sur les zones
relativement peu profondes et situées à l’abris d’importants
apport terrigènes (2000-3000m hauts fonds) : la dorsale
et ses versants, les rides aséismiques de l’Atlantique-Sud ;
 la teneur en calcaire diminue à l’embouchure de grands
fleuves (Congo, Amazone) ainsi que les zones de haute
latitude où circulent des eaux profondes froides (eau
antarctique de fond).
 En résumé, la distribution générale des faciès
carbonatés se caractérise par une zonation
d’ensemble depuis le littoral jusque dans les fonds
marins du large. Les dépôts évaporitiques et les
constructions algaires prédominent dans les
zones intertidales et supratidales. Dans les zones
infratidales s’accumulent les sables à squelettes
d’organismes et les boues bioclastiques ou
chimiques. Les oolithes reflètent surtout les
secteurs de haute énergie et participent aux
dépôts de barres peu profondes et de chenaux de
marée. Des récifs isolés, ou des tumulus des
boues calcaires (mud mounds) se développent
sporadiquement au sein des sédiments meubles
en arrière de la barrière récifale.
 Les produits d’érosion des récifs et plates-formes carbonatés
sont distribués dans les fonds avoisinants en fonction de
leur taille, de l’énergie de courant et de la pente. Ils

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alimentent souvent les talus et les glacis adjacents aux


plates-formes. Au large prédominent les boues calcaires
d’origine planctonique, à des profondeurs n’excédant pas le
niveau de compensation des carbonates.
 Calcaires lacustres
 Pour l’étude des carbonates lacustres il y a lieu de
distinguer, d’après le taux de salinité, les lacs
d’eau douce (teneur en sel : moins de 1g/l), les
lacs saumâtres (de 1 à 5g/l) et les lacs salés
(>5g/l). D’après le contexte hydrologique, on
distingue les lacs ouverts et les lacs fermés. Le pH
des eaux lacustres varie d’environ 4 à 10.
 Lacs ouverts
 Ce sont des lacs avec exutoire. Ces lacs sont
avant tout des bassins de décantation des
rivières. La charge de fond dans sa totalité et la
majeure partie des matières en suspension se
sédimentent dans les lacs traversés par une
rivière. Ces taux de sédimentation élevés
favorisent la préservation de la matière organique.
Les lacs à forts apports détritiques ont, à l’échelle
géologique, une courte durée de vie (à cause du
comblement rapide du bassin). Au contraire des
lacs à faibles afflux terrigènes dans des zones
subsidentes peuvent persister sur des longues
périodes. Du fait de la faiblesse des vagues et des
courants engendrés par le vent, le remaniement
des sédiments est peu important. Pour les mêmes
raisons, les eaux des lacs sont souvent stratifiées,
de façon saisonnière ou permanente.
 Les stratifications permanentes peuvent être dues
à la température (c’est le cas des lacs tropicaux
aussi appelés lacs oligomictiques) ou à la salinité
(lacs méromictiques). Les eaux de fond
(hypolimnion) sont alors très appauvries en
oxygène et en nutriments ce qui réduit la vie
benthique et permet la préservation de la matière
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organique produite dans les eaux de surface


(épilimnion). Si ce phénomène persiste il aboutit à
la formation des boues organiques (sapropels).
 Si les flux hydriques entrant et sortant sont
faibles les eaux seront stratifiées. En hiver les
eaux de surface peuvent atteindre la même
densité que les eaux de fonds ou le processus
peut même s’inverser. Les eaux du lac seront
donc brassées et mélangées une fois (lacs
monomictiques) ou deux fois (lacs dimictiques) l’an
et il ne pourra pas se développer d’hypolimnion
stagnant et anoxique permanent.
 La traversée d’une rivière importante crée un
sous-écoulement (eau plus froide et plus dense)
qui assure l’oxygénation de l’ensemble des eaux
du lac et permet une relativement forte
production biogène saisonnière (diatomées et
algues diverses).
 En climat humide ces lacs présentent, suivant les
contextes, quatre types de sédiments : des
sédiments détritiques, des sédiments carbonatés
autochtones, des sédiments siliceux biogènes
autochtones et des sédiments riches en matières
organiques.
 Dans les lacs dont les eaux sont au moins de
façon saisonnière sursaturée par rapport au
CaCO3, les organismes sont des producteurs
importants de particules sédimentaires calcaires ;
de plus les charophytes et les cyanobactéries qui
consomment du CO2 pour leur photosynthèse,
provoquent la précipitation des carbonates sous
forme de croûtes ou des nodules à zonations
concentriques (oncoïdes). Une micrite calcitique
peut aussi précipiter directement notamment à la
saison chaude quand l’épilimnion devient
sursaturé par rapport au CaCO3 du fait de la

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température et de l’activité photosynthétique


intense.
 Toutefois, une partie de cette micrite se sédimente
sous forme d’une couche carbonatée claire qui
sera recouverte ultérieurement (par ex. en hiver)
d’une couche sombre d’argile et de matière
organique. Cet ensemble va constituer des varves
annuelles d’origine non glaciaire qui ne seront
conservées que si la vie benthique est absente ou
limitée.

 Les lacs fermés


 Ce sont des lacs sans exutoires. Ces lacs sont
fréquents en climat aride et semi-aride. Si
l’évaporation est inférieure aux apports hydriques,
il se développe un lac permanent sinon la
structure est temporaire. Ces lacs sont très
sensibles aux fluctuations climatiques (grande
variabilité verticale des faciès) qui affecte
fortement les zones de bordures qui présente des
alternances répétées d’inondations et
d’exondations.
 En climat aride ou semi-aride la nature des dépôts dans ces
lacs est commandée à la fois par la qualité des eaux
affluentes et par l’intensité de l’évaporation. Dans tous les
cas le premier minéral qui précipite ou bio précipite est la
calcite.
 NB : ajouter lignées géochimiques (voir pp 152-
153 Cojan)

 Les transformations diagénétiques des carbonates

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 La transformation aragonite (calcite magnésienne) en calcite


 L’aragonite et la calcite magnésienne sont des
formes métastables qui ont tendance à se
transformer en calcite au cours de la diagenèse.
De ce fait l’aragonite est très rare dans les séries
anciennes. On observe d’abord une disparition
précoce de la calcite-Mg qui s’accompagne d’une
perte de magnésium. Postérieurement, survient
un remplacement progressif de l’aragonite par de
la calcite au cours des processus de dissolution-
précipitation.
 La dolomitisation
 La dolomite est un minéral secondaire qui se
forme aux dépens d’un précurseur calcitique ou
aragonitique à partir de la réaction :
 2 CaCO3 + Mg2+ CaMg(CO3)2 + Ca2+
 Cette réaction peut être précoce lors de la diagenèse
synsédimentaire et faire croire à une origine primaire
(directe) de la dolomite. Elle est contrôlée par le rapport
Mg2+/Ca2+ du milieu. Au laboratoire on constate que la
dolomite se forme rapidement à partir de la calcite dans une
solution de MgCl2, NaCl et CaCl2 mais dépourvu de sulfates.
Cette action inhibitrice des ions sulfates (SO 42-) serait
responsable de la faible occurrence de la dolomite dans les
séries marines et de sa fréquence dans des nombreux lacs et
zones des mélanges eaux douces- eaux marines.

o La silice

 La teneur en silice des eaux marines (naturelles)


 Le silicium est l’un de trois éléments les plus
abondants de la croûte terrestre derrière l’oxygène
et loin devant l’aluminium. C’est elle (silice), en
combinaison avec l’oxygène qui assure l’armature
lithologique des continents. Par les eaux de
ruissellement, la silice arrachée aux terres
émergées va alimenter les fleuves qui à leur tour

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vont la déverser dans les eaux marines ou


lacustres. Elle y parvient soit sous forme
particulaire (débris d’organismes, débris lithiques)
ou soit sous forme dissoute (ions, molécules). Le
volcanisme et l’hydrothermalisme sous-marine en
constituent une autre source, quoique
négligeable.
 La teneur en silice dissoute des eaux naturelles
est faible et se présente sous forme de sel d’acide
orthosilicique H4SiO4. Avec la baisse de la
température qui règne dans les eaux profondes
Dans les eaux marines, elle obéit à une zonation
verticale : faible en surface (0,01mg/l), elle tend
par contre à augmenter dans les eaux profondes
(jusqu’à ±4mg/l). Cette tendance s’explique par le
fait, d’une part, qu’en surface l’essentiel de la
silice dissoute est extraite et fixée (consommée)
par l’activité biologique (organismes à tests
siliceux) et que, d’autre part, la solubilité de la
silice diminue.
 Accumulation des particules siliceuses
 Dans les conditions habituelles de température et
de composition chimique la silice demeure sous
forme dissoute tant que sa teneur n’atteint pas
120ppm (Chamley, 2000). Il en résulte que la
précipitation directe de la silice n’intervient
qu’exceptionnellement dans les milieux naturels
superficiels. Toutefois cette précipitation peut
s’observer dans certains lacs des régions
intertropicales (ex. Afrique orientale). En effet, à la
suite d’une forte évaporation, l’alcalinité des eaux
augmente sensiblement (pH qui peut atteindre 9),
plusieurs silicates (quartz, argiles, …) sont
particulièrement dissous et la silice suffisamment
concentrée peut précipiter sous forme de gel de
cristobalite.

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 En milieu marin, nous avons vu que les eaux


superficielles sont sous-saturées en silice, ce qui
entraîne une dissolution des tests (constitués
d’opale) d’organisme et la libération d’acide
silicique :
 SiO2 + 2H2O H4SiO4 .
 Cette silice est de nouveau fixée et le phénomène conduit à
un cycle de fixation et de dissolution qui caractérise les eaux
de surface. L’accumulation des tests siliceux et donc leur
fossilisation ne peut s’opérer qu’en profondeur. La
production se réalisant en surface, cette accumulation ne
peut être favorisée que dans les zones de haute productivité
biologique et de profondeur d’eau importante.
 La productivité est importante partout où existent de
remontées d’eaux profondes (upwellings) riches en matières
nutritives (azote, phosphore). C’est le cas des zones de
hautes latitudes des hémisphères sud et nord, zone du
Pacifique équatoriale, bordure ouest de l’Amérique et de
l’Afrique.
o Les organismes fixateurs de la silice dissoute
comprennent principalement les Diatomées et les
Radiolaires. D’abondance accessoire, les autres
organismes fixateurs sont les Spongiaires à spicules
siliceux et les Silicoflagellés. Les Radiolaires sont des
protozoaires planctoniques et marins, les Diatomées
des Algues marines (surtout) et planctoniques mais
également d’eau douce et benthique. Les Spongiaires
sont benthiques alors que les Silicoflagellées sont
planctoniques.
o Après enfouissement, la diagenèse des boues à
Radiolaires conduira à la formation des radiolarites ou
jaspes, celles à Diatomées à la constitution des
diatomites et celles à spicules des Spongiaires à
l’induration des spongolites. Les termes de transition
entre les roches détritiques et biosiliceuses constituent
les gaizes. Les roches siliceuses chimiques et

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principalement celles d’origine biochimique peuvent


être groupées sous le nom de cherts. Ceux-ci peuvent
constituer soit des bancs continus, soit des « accidents
siliceux » dans les grès et surtout dans les calcaires
(silex, chailles,meulières, …).

o Les évaporites

 Généralités

 Communément appelées roches salines les


évaporites correspondent à des dépôts d’origine
essentiellement chimique résultant de
phénomènes évaporatoires à partir des eaux
marines ou continentales (Cojan & Renard, 1999).
Ces produits jouent un rôle important dans
l’économie par leur utilisation dans l’industrie
chimique et alimentaire, mais aussi dans
l’exploration des pièges à pétrole ; dans le
domaine tectonique (tectonique salifère,
diapirisme) et dans la reconstitution
paléogéographique (marqueurs climatiques). Ces
évaporites constituent une famille de plus d’une
dizaine des minéraux parmi lesquels l’halite,
l’anhydrite et le gypse sont les plus importants.
Ce sont généralement des chlorures, des sulfates
et des carbonates de sodium, de potassium, de
magnésium hydratés ou anhydres.

 Conditions et milieux de formation

 L’eau de mer est sous-saturée par rapport aux


principaux ions des évaporites. Pour que ces ions
précipitent il faut donc une réduction sensible du
volume d’eau amenant leur concentration à un
niveau supérieur à celui de leur produit de

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solubilité. Plusieurs processus peuvent être


évoqués pour expliquer cette précipitation (Cojan
& Rénard, op cit) :
 évaporation d’eau de mer dans des bassins partiellement ou
totalement confinés ;
 évaporation d’eaux continentales dans des lacs sans (ou à
faible) exutoire ;
 évaporation des eaux de pluies saisonnières concentrées
dans des dépressions (chotts, playas) ;
 évaporation des eaux souterraines dans les sols ou
sédiments sableux (Sebkhas) ;
 prise en glace de l’eau de mer dans les régions polaires ;
 dissolution des sels de dépôts évaporitiques anciens.
 Si l’eau de mer et le climat chaud sont
déterminants dans la sédimentation des
évaporites, ils n’en constituent pas les seuls
éléments nécessaires. Dans l’eau de mer, la
teneur en sulfates et carbonates de calcium est
plus importante que celle en chlorure de sodium.
C’est pourquoi, au fur et à mesure de
l’évaporation, le gypse et la calcite précipitent
avant l’halite. Parmi les sels les moins concentrés
on note la présence des chlorures et sulfates de
potassium et de magnésium qui cristallisent
évidemment tardivement.
 Si les dépôts évaporitiques peuvent se réaliser sur
le continent (lacs), c’est surtout dans les eaux
marines que se forment de grandes séries
évaporitiques. Les plus grands gisements sont
anciens (primaires, secondaires et miocènes).
Leur formation peut s’être opérée dans les bassins
intracratoniques envahis par la mer dans lesquels
peuvent se développer les marges continentales et
bassins côtiers associés subsidents. Les dépôts
actuels peuvent s’observer dans les lagunes
côtières des pays chauds et secs (Sebkhas), dans

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les golfes semi-fermés (Kara-Bogaz en mer


Caspienne), ou dans certains deltas. Ce sont des
milieux d’extension limitée qu’on ne peut pas
comparer à ceux des périodes géologiques
marquées par des grands gisements salins. Trois
schémas sont envisagés pour expliquer la genèse
de ces grandes séries évaporitiques anciennes.
 Cfr figure 1.26 modèles de basssins évaporitiques.

 Schéma 1 : les bassins peu profonds (d’eau peu profonde)


 Ce sont généralement de bassins fermés ou semi-
fermés dont le comportement s’apparente à celui
de gigantesques Sebkhas subsidents. Les faciès
s’organisent concentriquement avec les sels les
moins solubles à la périphérie (carbonate) et les
plus solubles au centre (sels de potasse). Le relief
faible de ce type de bassin est peu satisfaisant
pour permettre une subsidence importante
compatible avec des dépôts épais.

 Schéma 2 : les bassins profonds, d’eau peu profonde


 Ce sont des bassins qui se sont totalement isolés
de l’océan ouvert par un seuil élevé par-dessus
lequel des débordements périodiques de la mer
rechargent les bassins en eau. Le renouvellement
en saumure peut se faire également par des
infiltrations. La distribution des faciès est proche
de celle des bassins fermés peu profonds. Les
dépôts présentent des figures d’émersion et de
resédimentation pouvant contenir des épisodes
continentaux.
 Schéma 3 : les bassins profonds, d’eau profonde
 Les conditions d’évaporation doivent y être
intenses et maintenues pour permettre une
sursaturation des eaux, la cristallisation des sels,

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puis leur chute vers le fonds marin. Les dépôts


correspondants sont généralement régulier et de
grande extension aussi bien horizontale que
verticale. Ce schéma est compatible avec les
grands bassins évaporitiques fossiles.

o Les phosphates

 Généralités
 Les roches sédimentaires contiennent
généralement de traces de phosphates (±0,1% de
P2O5), mais dans certains cas les concentrations
peuvent être plus importantes. Les roches
contenant plus de 37% de P2O5 portent le nom de
phosphates (Cojan Renard, 1999). Ces dépôts
revêtent un double intérêt, économique (engrais)
et scientifique (indicateurs de paléo
environnements particuliers). Durant l’histoire
géologique, les dépôts phosphatés sont connus
depuis le Protérozoïque jusqu’au Cénozoïque bien
qu’ils ne soient pas répandus sur la surface du
globe.
 Les minéraux phosphatés appartiennent
principalement au groupe de l’apatite Ca 5(PO4)
(F,Cl,OH). Les différentes et nombreuses variétés
sont déterminées en fonction des teneurs en fluor,
chlore et groupement hydroxyle (francolite ou
carbonate fluorapatite, dahllite, wavellite).
 Le phosphore existe dans l’ensemble des cellules
vivantes et se trouve en petite quantité dans un
grand nombre de roches. Il est particulièrement
concentré dans les os des vertébrés et certaines
parties dures des invertébrés, ainsi que dans
certaines déjections naturelles (guano, pelotes
fécales).

Prof. Charles Mpiana – Notes de sédimentologiePage 32


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 Accumulation du phosphore et milieux de genèse


des phosphates

 Exception faite de quelques rares gisements de


phosphates lacustres et des accumulations
continentales de guano, les phosphorites sont
pratiquement toutes d’origine marine. La
solubilité de phosphates étant faible, la teneur
moyenne en phosphate dissous dans l’eau de mer
est négligeable (0,07ppm). Il en résulte que la
précipitation directe des phosphates dans l’eau de
mer est impossible. Comme la silice, le phosphore
est fixé et concentré principalement par voie
biologique.
 Les dépôts phosphatés sont généralement
observés dans les zones de basses latitudes (entre
O et 4O°) et donc dans les eaux chaudes de la
partie supérieure des marges continentales
(bassins de plates-formes ou bassins péri-
océaniques intermédiaires entre domaines
continentaux et domaines marins du large, entre
milieux côtiers et ceux du large). Ce milieu est
favorisé par des organismes planctoniques.
Actuellement les upwellings sont observés au
large des côtes occidentales de l’Afrique et de
l’Amérique. Après la mort, les tests et la matière
organique s’accumulent sur le fond où les
conditions réductrices permettent le piégeage et la
conservation du phosphore. Tous les dépôts
phosphatés sont favorisés lors des épisodes de
faibles sédimentations (apports) détritiques.
 En dehors des organismes planctoniques et de la
matière organique, certains gisements spécifiques
de phosphates peuvent avoir comme origine
l’accumulation des débris de squelettes de
poissons en milieu sous-aquatique (bone beds).

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En milieu terrestres l’accumulation d’excréments


d’oiseaux ou de chauves-souris (chiroptères) peut
donner lieu à des dépôts de phosphates du nom
de guano.

o La matière organique

 La matière organique est le plus souvent présente


en très faible quantité dans les sédiments. Des
teneurs faibles en matière organique (environ 1%)
suffisent à colorer un sédiment en gris-sombre ou
noir.
 Pour que les restes biologiques puissent être
accumulés en proportion notable et conduire à
des véritables sédiments organiques, il est
nécessaire que la productivité soit élevée (ex.
plancton des zones d’upwelling enrichies en
phosphore et en azote mais aussi le benthos des
vases terrigènes côtières), que les eaux profondes
soient pauvres en oxygène ou mal renouvelées
(bassins clos ou semi-clos) ou encore qu’un
enfouissement rapide préserve le sédiment des
oxydations à proximité de la couche d’eau de
fond. Des telles conditions sont indépendantes de
la profondeur de dépôt. Des sédiments organiques
existent de ce fait dans divers milieux
continentaux mal drainés (tourbières étangs et
maraicages, lacs), ainsi que depuis les fonds
marins les plus littoraux jusqu’aux grands fonds
océaniques.
 Dans les mers ou grands lacs l’appauvrissement
des masses d’eau en oxygène qui conditionne la
conservation de la matière organique correspond
à deux situations principales :
 Faiblesse des échanges hydrologiques
verticaux et stratifications des eaux. Dans

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les bassins isolés ou de communication


difficile avec la mer ouverte, les échanges
entre masses d’eau de différentes
profondeurs s’effectuent mal. Il en résulte
une stratification des couches d’eaux et une
relative stagnation, amplifiée lorsque les
eaux peu denses d’origine fluviatile
recouvrent les eaux salées.
 Un résultat de même tendance s’observe lorsque
les eaux océaniques de fond en transit sur des
grandes distances ont été appauvries en oxygène
par suite de l’activité benthique. Tous les
intermédiaires peuvent exister entre un milieu
ouvert normal et un milieu très réducteur dit
euxinique (pauvre en oxygène, réducteur). Les
sédiments les plus riches en matière organique
sont caractérisés par l’absence de vie ou une forte
réduction spécifique sur le fond et au sein du
sédiment, la fréquence des laminations
sédimentaires déterminées par des
développements temporaires intenses de
plancton, la dissolution des tests calcaires et
parfois de certains minéraux argileux par les
acides organiques, la conservation relative des
tests siliceux et des restes végétaux (pollen,
spores) et la genèse en milieu réduit des sulfures
(marcasite, pyrite) diffus, en bâtonnets, en
plaquettes ou framboïdes.
 Difficulté du renouvellement des eaux
intermédiaires, existence d’une zone à
minimum d’oxygène. Dans certaines régions
du monde comme le nord de l’océan Indien
où l’oxygène est activement consommé grâce
à une activité planctonique élevée, son
renouvellement n’est assuré normalement
que dans les couches d’eaux superficielles,
brassées par les vents et les courants. En
Prof. Charles Mpiana – Notes de sédimentologiePage 35
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revanche les eaux sous-jacentes sont mal


renouvelées et donc déficitaires en oxygène,
et les sédiments situés à leur contact sont
réduits : c’est ce qu’on appelle la zone à
minimum d’oxygène. Plus profondément
encore, l’interface eau-sédiment redevient
oxydant, car l’activité planctonique et
benthique est insuffisante pour que la
consommation d’oxygène excède son
renouvellement. Il résulte de cette
distribution que des dépôts d’eau profonde
sont parfois plus oxydés que les dépôts
effectués au niveau des eaux intermédiaires
sus-jacentes, et que des sédiments
réducteurs peuvent se développer sur les
reliefs sous-marins situés au niveau de la
zone à minimum d’oxygène. Une situation
comparable, favorable à la conservation de la
matière organique, peut caractériser les
zones d’upwelling, lorsque les apports de
matière nutritive s’effectuent par des eaux
de profondeur modérée, issues de courants
marins parallèles à la marge continentale
(ex. l’Atlantique Sud-Est au large de
l’Afrique).

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 IIEME PARTIE : MECANISME ET PROCESSUS DE


MISE EN PLACE DES SEDIMENTS DETRITIQUES
ET STRUCTURES PRIMAIRES

 CHAPITRE III : TRANSPORT DES PARTICULES

 Le rôle de transport dans le processus


sédimentaire est capital. Ce rôle est tributaire des
agents tels que l’eau, l’air (vent) la glace (glacier),
la gravité (mécanismes gravitaires). Deux niveaux
de transport des particules peuvent être
envisagés : le transport particulaire et le transport
en masse.

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o Transport particulaire

 Les facteurs ou éléments qui interviennent dans


le transport des particules sont : la densité, la
viscosité, la vitesse et la force, la taille, la forme et
les propriétés de surface des grains. Toutefois, la
vitesse du courant (force) et la taille des particules
constituent les paramètres fondamentaux qui
conditionnent la mise en mouvement et le
transport suite aux processus d’érosion et de
sédimentation. On distingue 3 modes de
transport :
 Le charriage également appelé roulement (rolling) implique un
contact entre les particules arrachées et un fluide et inclut
un glissement qui peut également affecter les éléments
aplatis ;

 La saltation : c’est le déplacement par bonds successifs ; les


grains quittent le fond brutalement par un angle important
(>45°) sous l’action du courant puis retombe plus lentement
et de manière plus ou moins continue ;

 La suspension : c’est un déplacement qui se fait au dessus


du fond, les grains sont déplacés en pleine eau selon des
trajectoires irrégulières. Cela implique des mouvements
ascensionnels provoqués par la turbulence du fluide mais
aussi par des vitesses très élevées en ce qui concerne le
vent.
 Les courants plus forts favorisent les érosions et les reprises
sédimentaires qui conduisent à une augmentation de la
turbidité des eaux. C’est le cas dans les estuaires et les
milieux océaniques où les remises en suspension des boues
sous l’action des courants déterminent le dépôt d’une

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couche néphéloïde de fond susceptible de présenter des


concentrations particulaires comparables voire supérieures
à celles des eaux superficielles à forte productivité
planctonique. Entre les deux masses d’eau « chargées »,
superficielles et profondes se trouve une eau moins dense,
claire, pauvre en particules issues de la surface largement
dissoutes ou oxydées et en particules issues du fond trop
éloigné.

o Transport en masse

 L’un des aspects les plus importants en ce qui


concerne le transport en masse de particules et le
type de liaison qui peut exister entre les grains,
leur matrice et les fluides porteurs. Il définit le flot
(coulée). On peut distinguer 4 types de flots
gravitaires :
 Flots de grains (grains flows) qui peut se définir comme des
écoulements granulaires denses dont les particules
s’entrechoquent lors du déplacement. Il implique un liant
aqueux qui peut être absent (ex : avalanche des sables) ou
trop peu abondant (ex. avalanche sous aquatique). Il s’opère
dans les conditions d’une pente forte supérieure à l’angle de
stabilité maximum du matériel. Il en résulte un
granoclassement inverse par suite des frottements
différentiels à proximité du substrat ;

 Flots de débris (debris flows) : ce sont des écoulements qui


correspondent à un mélange de particules de tailles variées
portées par une matrice silto-argileuse et aqueuse, parfois
très peu abondante. Ils impliquent un écoulement en milieu
aérien ou sous-aquatique sur des pentes faibles et sur de
longues distances sans subir de classement ou de tri
notable ;

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 Flots liquéfiés (liquefied flows) : que l’on appelle aussi flots


fluidifiés. Ils correspondent à des ensembles des grains
portés au sein du sédiment par un courant d’eau souvent
ascendant. L’ensemble en mouvement à une consistance de
crème liquide homogène soumise à de faibles forces de
friction ;

 Flots turbides (turbidity flows) caractérisent des particules


en suspension dense dans un liquide à écoulement
turbulent. Ce sont des écoulements qui s’opèrent sur
longues distances le long de pentes très faibles pouvant
devenir nulles ou s’inverser à l’aval. L’ensemble constitue
une masse liquide en mouvement de densité décroissance
au fur et à mesure de sa dispersion puis de son dépôt. Il en
résulte des tris verticaux et horizontaux.
 En résumé, les flots sédimentaires sont surtout
répandus en domaines sous-marins en contrebas
des reliefs où prédominent d’autres mouvements
gravitaires tels que chutes de blocs (ex. éboulis,
étalement) et mouvements lents de terrain
(reptation solifluxion).
 Les Slumpings caractérisent principalement les zones
immergées amont soumises à des surcharges sédimentaires
et peuvent se résoudre vers le bas en flots de débris, flots
liquéfiés, flots turbides de diverses énergies.

 CHAPITRE IV : DEPOTS ET FORMATION


 DE STRUCTURES PRIMAIRES

 4.1. Introduction

 Lors du dépôt des sédiments dans le bassin, les


particules vont s’organiser de manière à aboutir à

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la formation des structures sédimentaires (figures


sédimentaires). Celles-ci seront plus nombreuses
et diversifiées dans le domaine côtier et sur les
marges continentales où la diversité et l’activité
des l’influences climatique, hydrodynamique et
biologique sont notables.
 Les sables riches en quartz du fait de leur granularité
moyenne, de leur faible cohésion et de la dureté élevée de
leurs grains représentent les matériaux les plus propices à
l’élaboration et la conservation des structures. En revanche
les dépôts plus fins (ex. argiles) ou plus grossier sont moins
favorables à l’enregistrement des structures sédimentaires.
Toutefois l’examen microscopique peut déceler ou révéler la
présence des structures sédimentaires dans un dépôt
argileux.
 Les structures se forment à la base où au sommet des bancs
en empreintes directes (marks) ou en contre-empreintes
(casts). Les structures répétitives complexes ou organisées
en séquence s’observent en coupe sur la section des bancs.
L’étude de ces structures est très importante parce qu’elle
fournit des informations très utiles sur les caractéristiques
hydrodynamiques de la sédimentation.

 4.2. Structures dues à un écoulement fluide

 L’existence, la taille et la forme des figures de


courant enregistrées par les faciès sédimentaires
en milieu sous aquatique dépendent
principalement de la vitesse et donc du régime
d’écoulement de l’eau et de la taille des particules.
On distingue deux régimes d’écoulement (Reineck
& Singh, 1980 in Chamley, 2000):
 Régime d’écoulement inférieur (lower flow regime) caractérisé
par une vitesse faible (quelques dizaines de cm/s), une
résistance forte à l’écoulement et un faible transport des
sédiments. Il en résulte que les tris granulométriques

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correspondent au vannage des particules les plus fines. Les


structures observées sont : les petites rides (dm), mégarides
(m à hm), des lits plans (plats).
 Régime d’écoulement supérieur (upper flow regime)
caractérisé par une vitesse élevée et une faible résistance à
l’écoulement. Il en résulte que le volume de sédiment
transporté est important et le tri granulométrique faible. Les
grains roulent sur le fond, les structures observées sont des
anti-dunes et des lits plans, des chutes et des pools.
 En fonction de la puissance (la vitesse) d’écoulement et de la
granulométrie des sédiments, on observe la construction des
formes suivantes :
 Lits plans (plats) sans mouvements : ils caractérisent les
fonds soumis à des très faibles courants. Ce sont des
milieux dominés par la décantation ;
 Petites rides ou simplement rides (ripples) : ce sont des
petites structures asymétriques fréquentes dans les rivières
et sur les plages (zones d’action des marées, vagues)
 Méga-rides ou grandes rides de courant se développent dans
les rivières au lit sableux, les chenaux de marée et même
sur les plages graveleuses ;
 Antidunes : ce sont des rides souvent symétriques dont la
longueur d’onde est en phase avec celle du courant
ondulatoire violant qui les détermine. Leur nom vient du fait
qu’elles progressent souvent dans le sens opposé à celui du
courant (longueur des quelques cm à plusieurs m, hauteur
peu marquée) et se développent principalement dans les
petits fonds soumis à des courants intenses (ex. chenaux
des courants de marée, rivières graveleuses en crue,
caniveaux après la pluie) ;
 Chutes (seuils) et pools (mouilles) : ils correspondent à un
écoulement de haut régime et à la formation des lits presque
plans. Ils sont suivis en aval par des pools caractérisés par
une épaisseur importante de l’écoulement fluide. Le régime
de haute énergie dont ils découlent provoque des transports,
des érosions et des dépôts très irréguliers et discontinus.

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 4.3. Dépôts et structures résultant des mécanismes


gravitaires

 4.3.1. Les slumps et les glissements


 Ils correspondent à des masses de sédiment qui
ont glissé suivant des plans de cisaillement
externes. Le mécanisme de transport correspond
à une préservation de la structure de la masse du
sédiment avec une rupture suivant ces plans de
cisaillement. La masse cohérente du sédiment
peut avoir gardé sa stratification originelle et
montrer des traces de déformation exprimées par
des replis et fractures internes.
 Le dépôt de sédiment se fait en masse suite à une
diminution de l’angle de la pente, de la pression
des fluides interstitiels ou à un accroissement du
frottement le long des plans de rupture. Ces
structures sont souvent associées à des milieux
de sédimentation rapide ou à des zones favorisant
les instabilités (ex. pente, déformation tectonique,
tremblement de terre).
 Les structures observées lors du glissement d’une
masse de sédiment dépendent largement de la
cohésion de l’ensemble. Un matériel avec une
forte cohésion sera fragmenté et le transport
donnera des structures chaotiques. En revanche
un matériel plus plastique sera déformé par des
plis et des replis d’entraînement et évoluera vers
des bancs contournés avec figures d’étirement et
de compression.

 4.3.2. Les coulées (flots)

 Elles correspondent au déplacement en masse


d’un matériel dont la cohésion est faible. Les

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dépôts associés ne présentent pas de structures


internes bien définies.
 On distingue :
 Les coulées de débris (debris flows) ; elles correspondent à
des mélanges de sédiments et d’eau qui se déplacent suivant
des plans de cisaillement internes à la coulée qui délimitent
des masses relativement rigides. Les éléments (sables,
graviers) sont transportés et soutenus par une matrice
constituée d’argile (+silt) et d’eau qui possède une force de
cohésion limitée et une densité supérieure à celle de l’eau.
Plus la coulée de débris devient fluide et moins elle est
capable de transporter des éléments de grande taille.
 Les coulées des grains (grains flows) : elles caractérisent un
transport du sédiment dans lequel les grains sont soumis à
des forces de pressions dispersives. De telles coulées ont
une force suffisante pour éroder leur substratum et se
déposent en masse. Elles sont caractérisées par des grains
épars qui flottent dans une matrice sableuse. On observe ce
type de coulée sur les faces sous le vent des dunes éoliennes
ou en milieu sous-marin dans la partie supérieure des
vallées sous-marines.
 Les coulées liquéfiées ou fluidifiées (fluidized flows) : elles
représentent un sédiment dans lequel la masse est liquéfiée
par l’injection d’un fluide.Dans ce cas c’est l’excès de la
pression inter-granulaire qui maintient les particules en
suspension. Le type de particules transportées correspond à
des sables et argiles. La concentration en sédiment est forte
et le tri est faible.

 4.3.3. Les séquences turbiditiques (turbidites)

o Le déplacement en flot turbide d’un mélange de


particules plus ou moins dissociée et d’eau constitue
un courant de turbidité plus dense que l’eau
environnante. Des tris se produisent au cours du
transport et une organisation à la fois verticale et
horizontale tend à s’établir au moment du dépôt. Il en

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résulte une séquence sédimentaire dont le type


classique est appelé séquence de Bouma ou turbidite.
Cette séquence comprend, lorsqu’elle est complète,
cinq divisions superposées correspondant à des
niveaux successifs dont l’énergie et décroissante. De
bas en haut on distingue :
 Division a (intervalle a) : c’est la division basale massive ou
à granoclassement normal avec à la base des figures
d’érosion telles que les flutes, grooves, galets mous, …et
comprend des sables de taille moyenne assez souvent
accompagnés de débris grossiers (galets, graviers). Le régime
hydrodyna-mique est violent et correspond à l’énergie
nécessaire à la formation d’antidunes.
 Division b (intervalle b) : c’est la division inférieure à lamines
parallèles constituée d’une alternance de niveaux
arénitiques de granulométrie plus ou moins fine. Il s’agit de
sable de taille moyenne, évoluant verticalement vers les
sables fins. Le passage de la division a à la division b est
souvent graduel.
 Division c (intervalle c) : c’est la division à laminations
obliques avec rides de courant plus ou moins déformées en
couches contournées (convolutes). Ce niveau comporte des
silts et d’argiles ; son contact avec la division b est souvent
net ;
 Division d (intervalle d) : c’est la division supérieure à
laminations parallèles formée de lamines silto-argileuses
plus ou moins visibles. La base est souvent nette ;
 Division e ; c’est la division pélitique. Elle est généralement
formée de boues argileuses à calcaire dépourvues de
structure sédimentaire discernable, et fréquemment
bioturbées de manière croissante vers le haut. La transition
avec la division précédente est graduelle. Cette division
correspond à un écoulement laminaire lent qui alimente la
couche néphéloïde de fond. Elle est également enrichie par
les apports de décantation qui correspondent en fait à la
reprise de la sédimentation pélagique.

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 Dans son ensemble chaque turbidite élémentaire est


granoclassée depuis les faciès grossiers jusqu’aux faciès fins
et l’idée de granoclassement ne doit pas être réduite à la
division a.
 La séquence complète (divisions a à e) n’est toutefois que
rarement observée dans les affleurements. Les figures
d’érosion observées à sa base sont généralement interprétées
comme la trace du passage de la tête du courant. La
séquence de Bouma qui est la séquence type de courant de
turbidité peut présenter des nombreux cas particuliers qui
ont donné lieu à des dénominations spécifiques et à des
interprétations particulières. Ces différences permettent de
distinguer : des turbidites proximales proches des sources et
indicatrices fréquentes de l’amont continental et des
turbidites distales déposées plus au large (aval). Les
fluxoturbidites représentent les turbidites très proximales,
grossières et mal classées.
 Les cas particuliers observés sont :
 La séquence de LOWE ;
 La séquence étendue synthétisé par MUTTI et RICCI-
LUCCHI (1975) ;
 La séquence gravitaire étendue.

 4.4. Stratification (bedding)

 Ce terme très général est employé à la fois pour


désigner les processus contrôlant le dépôt des
sédiments en strates et pour caractériser
l’organisation spatiale de ces strates. Une strate
correspond donc à une unité de sédimentation qui
s’est déposée sous des conditions physiques
relativement stables. Les strates ne comportent
donc pas de notion d’épaisseur ou de
composition. Un groupe de strates séparé des
autres unités sédimentaires par des surfaces
d’érosion, de non-dépôt ou de changement

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brusque de conditions de dépôt correspond à un


faisceau (set ou bedset).
 Suivant l’organisation verticale des strates et leurs
structures internes, on distingue différents types de
stratification.

 4.4.1. Les couches massives


 Ce sont des couches dépourvues de structures
internes. Elles correspondent à un dépôt primaire
comme dans le cas d’une sédimentation rapide,
de coulées de débris ou de turbidites de haute
densité, elles peuvent également résulter d’une
action biologique intense (bioturbation) ou d’un
processus inorganique (ex. expulsion de gaz ou
d’eau lors de la compaction) qui ont complètement
oblitéré les structures primaires.

 4.4.2. Les stratifications entrecroisées


 Qualifiées aussi de crossbedding, elles
représentent certainement le type de stratification
le plus répandu dans les couches dont l’épaisseur
peut varier de quelques mm à plusieurs dizaines
de m. Ces laminations internes sont obliques par
rapport à la direction moyenne de la surface de
stratification et l’on distingue deux grands types
de stratifications entrecroisées d’après les
caractères des surfaces enveloppes :
 les strates dont les surfaces d’intersection sont planes
définissent des ensembles de forme tubulaire ou en coin ;
 celles dont les surfaces limites sont incurvées définissent
des formes en auge.
 Figure ( Cojan p115)
o Ces figures permettent de déterminer la polarité des
couches et le sens des courants. Elles sont façonnées
dans les sédiments éoliens, fluviatiles, deltaïques et
marins.

Prof. Charles Mpiana – Notes de sédimentologiePage 47


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 4.4.3. Les stratifications parallèles

 On distingue :
 Le litage horizontal et les sables à laminations parallèles. Les
strates présentant les stratifications parallèles s’observent
aussi bien dans les sédiments sableux qu’argileux. Selon la
granulométrie on parle de litage horizontal pour les
sédiments grossiers et de laminations parallèles pour les
matériaux de granulométrie fine ;

 La Stratification à fort contraste granulaire. Ce type de


stratification correspond à l’alternance de couches de
granulométries contrastées. Ces couches ont une épaisseur
qui varie entre quelques millimètres et plusieurs
centimètres. Un premier type correspond à des alternances
de sable et d’argile d’épaisseurs voisines. On l’observe
fréquemment dans les milieux intertidaux. Les sables se
déposent sous l’action des courants et des vagues, les
argiles lorsque le courant est faible.

 4.4.4. Les strates granoclassées

 Ces strates sont caractérisées par une diminution de la


granulométrie moyenne selon un profil vertical. La base
comprend des grains relativement grossiers qui évoluent
verticalement vers un sédiment fin. Ces niveaux sont
généralement dépourvus de structures internes.
 En milieu aquatique profond ce type de couches s’observe
fréquemment dans les séries turbiditiques organisées en
séquences épaisses. Toutefois ce type de dépôt s’observe
également dans des sédiments déposés sous de faibles
tranches d’eau avec des séquences moins épaisses ne
dépassant pas guère quelques dizaines de centimètres. En
dehors des courants de turbidité, les autres mécanismes
responsables sont ceux relevant de processus de
décantation des sédiments mis en suspension au cours des

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tempêtes, des derniers apports de crues, ou des retombées


de cendres volcaniques après une éruption.

 Rythmites
 Ce type de stratification comprend toutes les
strates composées de l’alternance des fines
couches de composition, texture ou couleurs
différentes. Ces couches (lamines) ont en général
une épaisseur inférieure à quelques millimètres.
Un tel changement rythmique traduit des
changements réguliers dans les conditions
physiques de sédimentation qui sont caractérisés
par des périodes de durées variées. Aux courtes
périodes, correspondent par exemple les marées
(haute, basse), alors qu’aux périodes plus longues
sont associées les variations climatiques
saisonnières. Les rythmites tidales s’observent
facilement dans les zones intertidales et dans les
estuaires alors qu’elles sont assez rares sur les
plates formes ouvertes. Les rythmites contrôlés
par des changements climatiques saisonniers
s’observent en milieu marin tout comme en milieu
lacustre. Les milieux se différencient tout d’abord
par leurs contrastes de couleur (ex. clair/foncé).
 En milieu marin, on observe très souvent ce type
de stratification dans des milieux où les eaux sont
stagnates. Un autre groupe important des
rythmites saisonnières correspond aux varves en
milieu lacustre sous des conditions périglaciaires.
L’alternance des couches claire et sombre est
contrôlée par la fonte des glaciers. Le niveau clair
grossier est caractérisé par une surface de base
nette et un passage graduel vers la couche
sombre riche en argiles. Le niveau clair ou couche
d’été (saison de pluie en climat intertropical) se
dépose lorsque la fonte des glaces est importante

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et l’apport en matériel détritique substantiel. Au


contraire, au cours de l’hiver (saison sèche),
l’apport en sédiment est très réduit et le matériel
fin en suspension s’accumule.

 4.4.6. Orientation et imbrication de galets

 Les galets allongés ont tendance à s’orienter sous


l’action du courant. Il s’agit d’une orientation
préférentielle des éléments dans la strate. Dans le
cas de graviers ou de galets leur disposition
montre un angle par rapport au substratum et
une orientation préférentielle. Sur les plages les
grands axes des galets s’alignent parallèlement au
rivage par suite des mouvements de vagues. En
milieu fluviatile les grands axes des galets ont
tendance suivant le cas à se disposer
parallèlement ou perpendiculairement à la
direction des écoulements. Les galets de forme
irrégulière s’ancrent dans le sédiment par leur
extrémité la plus grosse et la partie effilée est
alors orientée vers l’aval.
 En d’autres termes, lorsque les galets plats sont
mis en place par un courant unidirectionnel ils se
disposent comme les tuiles d’un toit, le grand axe
plonge vers l’amont. Ce dispositif est
caractéristique des sédiments fluviatiles.

 4.5. Empreintes de surface

 On peut distinguer des empreintes qui résultent


de l’action directe du courant ou d’objet
transportés sur le sédiment, de celles qui sont
liées à des processus organiques dans le cas de
bioturbation par exemple qui affecte également la
masse de sédiments après son dépôt.

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 4.5.1. Les figures d’érosion et empreintes d’objets


transportés
 Ces structures de petite taille forment des reliefs
plus ou moins allongés à la surface du sédiment.
Elles résultent de l’action directe des courants ou
des objets déplacés par un courant sur un
sédiment cohésif mais non consolidé. On
distingue ainsi 2 grands types de figures :
 Les figures d’érosion (scour mark) qui correspondent à des
traces d’affouillement ;
 Les empreintes laissées par les objets (tool mark) qui
correspondent à des structures relatives aux objets
entrainés par un courant. La majorité de ces figures
possèdent une grande dimension alignée avec la direction du
courant d’origine.
 1°- Les figures d’érosion
 Ces formes d’érosion sont généralement bien
préservées grâce aux moulages qu’en font les
sables qui ultérieurement recouvrent cette
surface. On parle alors de moulage (cast) ou
empreinte de base de banc (sole marking). Elles
comprennent :
 Les flutes (flute mark) qui sont des creusements allongés
discontinus et d’axe parallèle au courant, ils sont affouillés
par de vigoureux tourbillons associés à des séparations
d’écoulement dans des zones de courant turbulent.
 Les figures en croissant (cressent mark) dont la dimension
dépend de la taille et de la forme de l’obstacle présent sur le
fond ;
 Les marques de ruissellement (rill mark) sont des marques
d’affouillement souvent finement ramifiées dont les rameaux
divergent majoritairement vers l’aval et s’étendent sur
quelques décimètres de long. Elles résultent de l’action des
courants de retrait de la mer sur des plages sableuses
(marée ou vent) ou par des eaux de ruissellement sur des
dépôts fins ;

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 Les chenaux d’érosion sont de figures creusées par l’action


d’un écoulement d’eau sur une surface meuble. La taille
variable, va de quelques centimètres de section jusqu’aux
chenaux à section décamétrique ;
 2°- Empreintes laissées par des objets (tool marks)
 Celles-ci sont produites par des objets présents
sur le substratum et qui font obstacle au courant
et qui laissent des traces sur le fond.
 Ex : - les figures de traction ou cannelures (groove marks)
elles ont la forme des rainures rectilignes pouvant atteindre
quelques mètres de longueur et de largeur, elles sont
produites par des objets soit roulés soit trainés sur le fond.
 Empreintes d’objet au repos (stationary marks)
 Figures en coin (prod marks)
 Figures d’impact répété (skip marks)
 Figures des traces en ricochet (bounce marks).

 4.5.2. Autres empreintes de surface


 Fentes de retrait
o Ces figures également appelés fente de dessiccation
sont le résultat de la dessiccation et de la compaction
des boues gorgées d’eau avec comme conséquence
l’apparition des fentes qui dessinent un réseau de
polygones à la surface du sédiment. Ces fentes se
développent préférentiellement dans les sédiments
saturés en eau qui sont par la suite exondés. Elles
fournissent un excellent critère de reconnaissance des
expositions aériennes temporaires du sédiment.

 Fentes de gel
o Les sols et la surface des sédiments des régions froides
sont souvent déformés est craquelés par l’action de gel
qui donne naissance à des réseaux de polygones,
fréquemment matérialisés par des galets.
 Moules de cristaux
Prof. Charles Mpiana – Notes de sédimentologiePage 52
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o Sous des conditions favorables, des cristaux variés


(glaces, sel, gypse, etc.) se développent à la surface de
sédiments non consolidés. Même si les cristaux sont
ultérieurement dissous, leurs empreintes peuvent être
préservées. La présence de tels moulages renseigne sur
l’environnement. Ainsi par exemple, les cristaux de
glace se développent dans des conditions
subaériennes ; ceux de sel suggèrent un milieu marin
(salin) ou continental.

 Linéations primaires de courant (parting lineations)


o Larges de quelques millimètres et pouvant atteindre
30cm de long, ces figures correspondent à une
orientation préférentielle de l’allongement des grains
parallèlement au courant. Elles sont espacées au plus
d’un centimètre et se développent sur la surface des
lits plans, des rides ou mégarides. Leur association
avec des lits plans témoigne d’un écoulement de régime
supérieur.

 4.6. Structures de déformation

 Elles se produisent au moment du dépôt ou peu de temps


après mais de toute façon avant consolidation du sédiment.
 Ex : - figures de charge (lood structures)
 volcans de boue et de sable
 convolutes
 Ces structures montrent à l’intérieure d’une unité
sédimentaire bien définie de laminations formant des plis et
replis.

 4.7. Traces d’activité biologiques

 L’activité des organismes produit également une


perturbation dans l’organisation des sédiments. Les

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laminations sont déformées, interrompues, perturbées. Des


structures biogéniques sont édifiées ou des dessins en forme
de mouchetés variés sans formes particulières sont laissés
par des bioturbations. Ces figures peuvent être utilisées
utilement pour caractériser un environnement bien donné.
o En effet, la densité de bioturbation dépend de l’oxygène
disponible, de nutriments présents et des conditions de
sédimentation. La présence des courants ou d’agitation
favorise l’oxygénation de la tranche d’eau et le
développement de l’activité biologique. Au contraire,
une sédimentation trop rapide ou érosion développée
rendront le milieu moins favorable au développement
des bioturbations.
o Dans la pratique, les traces fossiles d’activité organique
peuvent être utilisées pour donner des informations
sur le milieu de sédimentation et la bathymétrie
(mesure de la profondeur de l’eau). Elles ne serviront
que rarement d’indicateurs chronostratigraphiques.

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 CHAPITRE V : QUELQUES EXEMPLES DES MILIEUX


 SEDIMENTAIRES

 5.1. Le milieu fluviatile


 Les cours d’eau représentent les principaux agents de
transport de sédiments depuis le continent jusque vers
l’océan, la mer et les lacs. On distingue deux grands types
d’organismes hydrographiques :
 Le type linéaire au tracé défini et bien localisé dans un lit ;
 Le type diffus

 5.1.1. Les types de chenaux et dépôts fluviatiles

 Les écoulements linéaires (fleuve, rivière) s’effectuent dans


des chenaux dont la forme permet d’en distinguer 3 types :
 Chenaux rectilignes : ce sont des chenaux à sinuosité
inférieure à 1,5 et à chenal unique ;
 Chenaux en méandres : à sinuosité supérieur à 1,5 et à
chenal unique ;
 Chenaux en tresse : également appelés rivières
anastomosées, il s’agit de cours d’eau à chenaux multiples
caractérisés par un chenal principal ou central à l’intérieur
duquel de petits chenaux dessinent un motif complexe
autour de petits ilots.

o Dans tous les cas les dépôts des environnements


fluviatiles actuels peuvent s’observer :

 en amont au pied des reliefs sous forme de cônes alluviaux


constitués de sédiments grossiers ;
 à l’intérieur des chenaux sous forme de bancs sableux ;
 sur les plaines d’inondation (plaines alluviales) sous forme
de sédiments fins (limons argileux) déposés pendant les
crues ;

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 sur la côte et la plaine deltaïque sous forme de matériaux


fins transportés en suspension ;
 sur les terrasses sous forme de couverture argilo-limoneuse
avec lentilles sableuses

 5.1.2. Les faciès

 L’étude de systèmes fluviatiles actuels permet de


caractériser une vingtaine de lithofaciès à
caractère principalement conglomératique,
sableux, limoneux.
 Pour les cônes alluviaux
 La charge de fond est essentiellement composée de
sédiments grossiers. La surface de ces dépôts dessine le plus
souvent des traces d’érosion et d’émersion.
 Pour les chenaux en méandres
 Trois faciès sont à considérer :
 Du côté convexe où l’énergie est la plus faible la
sédimentation se fait en séquences à grain globalement
décroissant vers le haut, accolées obliquement les unes
contre les autres. Chaque séquence est le résultat d’une
crue ou d’une variation significative du régime fluviatile. Elle
s’organise en stratifications obliques concaves et
entrecroisées et se termine par des rides de courant, des
rides grimpantes, des stratifications planes et laminations
indiquant une faible épaisseur d’eau ;

 Du côté concave on assiste à une érosion très active de la


berge du chenal qui peut conduire à l’élaboration d’une
courbure de plus en plus accentuée pouvant dans les cas
extrêmes s’achever par une coupure, une rectification du
cours et un abandon du méandre initial.

 Au fond des chenaux, se déposent les particules les plus


grossières généralement recouvertes par des dunes sous
aquatiques sableuses. Celles-ci, généralement en migration

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vers l’aval, s’organisent en stratifications entrecroisées


concaves vers le haut.

 c) Pour les chenaux anastomosés

 Caractéristiques des milieux de haute énergie sur une pente


marquée, les dépôts sont à dominance sableuse parfois
argilo-sableuse. On observe des bancs longitudinaux
parallèles au courant soit accolés à la berge soit allongés
dans le lit même du chenal.
 La base de séquences sédimentaires est marquée par des
dépôts grossiers et des stratifications obliques concaves de
chenal. On observe également des bancs transverses
perpendiculaires au courant. Dans le cas des chenaux
situés à l’écart du cours principal, la sédimentation est
argilo-sableuse à laquelle s’associent de petites rides de
courant et des laminations.

 d) Pour les cours majeurs des fleuves et les secteurs situés entre
les chenaux
 On observe une sédimentation horizontale fine, irrégulière
dans le temps, au total peu abondante. Le grain est
habituellement décroissant vers les bordures et vers l’aval
où les pentes et l’énergie du courant décroissent.

 5.2. Milieu de plate-forme carbonatée

 5.2.1. Différentes géométries (types) de plates-formes


carbonatées
 Une plate-forme carbonatée est un vaste édifice
formé par l’accumulation des sédiments dans une
aire subsidente (le fond baisse suite au poids du
sédiment).
 En fonction de la morphologie, on distingue :
 Les plateaux qui s’étendent en bordure des continents et qui
présentent une rupture nette à leur limite externe où se

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développe une pente conduisant au bassin. Le continent


voisin est une source de sédiments clastiques terrigènes,
d’eau douce, de nutriments et de matière organique
continentale.

 Les Hauts-fonds (platiers) : ce sont des


plates-formes isolées au sein de l’océan
profond et qui, de ce fait, sont coupés des
apports continentaux.
 Dans les 2 cas, au niveau de la bordure externe, il
peut se développer une barrière de récifs ou de
bancs de sables carbonatés. C’est la plate-forme
barrée (rimmed platform). La barrière en
absorbant l’énergie de vagues, de la houle et des
tempêtes permet le développement
d’environnements protégés très diversifiés et
limite le déplacement de grains grossiers au
domaine du lagon et de la plate-forme peu
profonde. De plus en affaiblissant la circulation
des eaux, la barrière favorise le développement
des évaporites.
 En l’absence des barrières on parle de plate-forme
ouverte (unrimmed ou open platform), c’est le type
normal des environnements froids mais on le
trouve aussi à la bordure sous le vent des grands
hauts-fonds tropicaux. Une rampe est un type
particulier des plates-formes ouvertes qui descend
régulièrement en pente douce (<1%) vers le
bassin, sans rupture topographique.
 Les plates-formes ouvertes et les rampes sont
soumises directement à l’action des vagues et de
la houle. Il en résulte un développement des
faciès de haute énergie, une complexité des faciès
littoraux et un transport relativement facile des
produits de la plate-forme vers le bassin.

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 5.2.2. Modèles sédimentaires de plate-forme


 On distingue :
 1°- Plates-formes ouvertes
 La plate-forme ouverte actuelle est caractérisée par :
 + une extension de l’ordre de 10 à 300km en bordure des
continents ;
 + une zonation de faciès parallèle aux lignes
bathymétriques ;
 + un passage graduel des faciès de plate-forme interne aux
faciès de plate-forme externe et de bassin ;
 + la présence de faciès de haute énergie (sables
carbonatés) ;
 + des boues calcaires parfois coquillières dans les parties
plus profondes de la plate-forme externe. Ces
environnements calmes sont toutefois soumis aux actions
des vagues de tempêtes qui induisent des dépôts plus
grossiers particuliers qu’on appelle tempestites ;
 + l’absence d’édifices récifaux continus, mais il peut exister
des petits massifs et des barres calcaro-sableuses localisées.
 Exemples des plates-formes ouvertes actuelles
d’environnement chaud :
 Rampe de la côte des pirates du Golfe persique (Qatar et
Abu Dhabi ;
 Plate-forme ouverte du Golfe de Mexique à l’ouest de la
Floride.
 2°- plates-formes barrées (remmed shelves)
 Elles diffèrent des précédentes par la présence à
leur bordure externe de récifs, de barres
sableuses et/ou îles qui limitent leurs
connections avec l’océan.
 La typologie et la distribution spatiale des faciès
sont tributaires de la profondeur de la plate-
forme. Les plates-formes peu profondes
présentent des sables et des boues couvertes des
« prairies sous-marines » dans leurs parties
internes et des récifs dans leurs parties distales.

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 Dans les parties proximales des plates-formes


profondes, il se développe des lagons dont la
profondeur peut atteindre plus de 30m. Leur fond
est alors tapissé de boues tandis que leurs faciès
littoraux peu profonds sont constitués de sables à
débris coquilliers (mollusques). Dans leurs parties
externes on observe des récifs importants, à pente
brutale, entourés d’une couronne de sédiments
bioclastiques constituant le talus récifal.
 Quelques exemples actuels des plates-formes barrées ; on
peut citer :
 Le plateau de Queensland en Australie ;
 Le plateau de Bellize (SE de la péninsule du Yucatan dans le
golfe du Mexique);
 Le plateau de Floride (Est de la Floride )

 3°- Bancs ou hauts-fonds carbonatés


 Ce sont les zones de hauts-fonds (banks) isolées
de l’océan profond qui les entoure par un
système de failles pentues. Dans les
environnements chauds les bancs sont peu
profonds (< 20m) tandis qu’en zone tempérée la
profondeur peu atteindre 200 à 300m.
 Deux cas de figure se présentent :
 Les hauts-fonds carbonatés d’environnement chaud
 Ils présentent des sédiments grossiers à leurs périphéries où
les marées et les vagues sous l’action du vent produisent des
conditions de haute énergie. Les parties centrales, calmes et
profondes, sont couvertes de boues souvent riches en
pellets.
 Exemple le Grand banc de Bahamas. Il s’agit d’une vaste
zone de 96.000km2 peu profonde (<6m) pouvant atteindre
localement 15m se développant en arrière de l’île d’Andros,
elle est limitée par des failles très redressées, la
sédimentation y est principalement biogénique.

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 Les faciès chloralgal et les oolithes soulignent les marges


tandis que des faciès de grapestone et des boues calcaires
tapissent les zones internes. Les récifs prospèrent sur la
bordure Est où les vagues maintiennent un taux
d’oxygénation élevé. La turbidité des eaux reste faible tandis
que salinité et température sont normales.
 Durant l’été la stagnation des eaux au centre conduit à une
élévation de salinité qui modifie les communautés
benthiques.
 Les hauts-fonds carbonatés d’environnement froid
 Dans cet environnement, la sédimentation des
bancs est constituée de graviers biogéniques et de
sables bioclastiques à bryozoaires, mollusques,
échinodermes, coraux et gastéropodes.
 La zonation des faciès sur le banc n’est pas marquée par la
granulométrie mais par la nature des composants biogènes
des sables.
 Quelques exemples actuels :
o + Le banc de Rockall dans l’Atlantique nord au large de
l’Ecosse ;
o + Le banc de threekings Island au nord-ouest de la
Nouvelle Zélande. Il s’agit d’un banc de 10.000km 2
correspondant à une zone très active d’upwellings. Les
fonds marins sont couverts de graviers et sables
biogènes, les boues n’apparaissant qu’à des
profondeurs supérieures à 1500m.
o La zonation de faciès est commandée par la profondeur
et les communautés biologiques (fig. VII.24B).

 5.3. Milieu des éventails sous-marins (deep sea fans)

 5.3.1. Généralités
 Les éventails détritiques profonds s’observent
fréquemment sur les marges continentales où ils
s’étendent depuis le sommet du talus jusqu’au

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pied du glacis et de la plaine abyssale adjacente.


Ils constituent des appareils complexes dont le
matériel sédimentaire, bien que dominé par les
sables et les boues argilo-silteuses, s’étend depuis
les cailloux les plus grossiers aux particules les
plus fines. Les dépôts s’effectuent par des
mécanismes variés dans lesquels dominent des
mécanismes gravitaires et notamment les
courants de turbidité. Les éventails profonds se
développent à partir d’une source sédimentaire
localisée vers le sommet de la marge. Cette source
est le plus souvent constituée par un système
fluviatile débouchant dans un système de
canyons mais peut également consister en un
alluvionnement littoral et côtier sans fleuve
individualisé ou en produits de fonte glaciaire.
 La combinaison d’une source sédimentaire
principale d’origine continentale, de la diminution
des pentes depuis le talus jusqu’au glacis et à la
plaine abyssale, et de la prépondérance des
mouvements sédimentaires de nature gravitaire
détermine un ordonnancement d’ensemble des
systèmes de dépôt, qui s’organisent
schématiquement en unités morphologiques
amont à aval, proximales à distales, supérieures à
inférieures (Fig. ...).

 5.3.2. Organisation spatiale des éventails

 Les éventails détritiques présentent


classiquement 3 unités qui s’organisent de la
manière suivante, du haut vers le bas de la marge
continentale (Chamley, H., 2000) :
 Eventail supérieur (upper fan) se trouve dans l’axe du
dispositif d’alimentation (ex : système de canyons). Il
comporte principalement un chenal ou système de chenaux
plus ou moins sinueux très encaissés par rapport à ses
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berges ou levées. La longueur du chenal peut varier entre


quelque km à plusieurs centaines de km, sa largeur de
quelques centaines de mètres à plus de 25km. L’éventail
supérieur constitue un domaine particulièrement mobile et
instable où dépôts et reprises sédimentaires se succèdent.
Les dépôts comprennent (ex. piémonts alpins au cours du
Tertiaire) vers l’amont des successions désordonnées de flots
de débris et de cailloutis et graviers passant latéralement à
des slumps.

 Eventail moyen ou médian (mid fan) constitue le domaine de


lobes sédimentaires nourris par les apports du chenal
principal qui se résout en un réseau de chenaux ramifiés
plus ou moins sinueux parfois anastomosés. La pente
moyenne diminue fortement dans le domaine
d’accumulation sédimentaire qui progresse vers l’aval par
progradation et dont la surface est souvent convexe (ex.
cônes de l’Amazone, de l’Indus, du Rhône). Dans les régions
marquées par une tectonique active le fond de chenaux est
encore occupé par des séquences de graviers et sables
grossiers, avec des figures d’affouillement et des litages
lenticulaires ; les sables prédominent toutefois et leur grain
s’affine vers l’aval.

 Eventail inférieur (low fan), situé à l’aval du cône détritique,


s’étend largement au pied du talus continental en formant
un glacis progressant vers la plaine abyssale adjacente (ex.
cônes du Gange et de l’Indus). Sa pente est faible, sa surface
légèrement concave peut être parcourue de chenaux rares et
mal individualisés. Les apports gravitaires se limitent à des
turbidites distales alternant avec des hémipélagites qui
tendent à accroître en épaisseur et en fréquence vers l’aval.

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 Table des matières

 Introduction......................................................................................................................- 1 -
 Première partie : GENESE DES PARTICULES.......................................................- 2 -
 SEDIMENTAIRES............................................................................................................- 2 -
 CHAPITRE I : LES PARTICULES DETRITIQUES TERRIGENES........................- 2 -
 1.1. Altération physique....................................................................- 3 -
 1.2. Altération Chimique...................................................................- 4 -
 1.2.1. Généralités............................................................................................................- 4 -
 1.2.2. Réactions Chimiques.........................................................................................- 5 -
 1.3. Produits de l’altération..............................................................- 6 -
 CHAPITRE II : LES PARTICULES D’ORIGINE CHIMIQUE ET BIOCHIMIQUE. .-
10 -
 2.1. Les carbonates......................................................................... - 10 -
 2.1.1. Introduction........................................................................................................- 10 -
 2.1.2. Facteurs de la (bio) précipitation..................................................................- 10 -
 2.1.3. Les minéraux carbonatés................................................................................- 13 -
 2.1.4. Structures et éléments figurés......................................................................- 14 -
 2.1.5. Répartition des occurrences carbonatées..................................................- 17 -
 2.1.6. Les transformations diagénétiques des carbonates................................- 23 -
 2.2. La silice................................................................................... - 23 -
 2.2.1. La teneur en silice des eaux marines (naturelles)...................................- 23 -
 2.2.2. Accumulation des particules siliceuses.....................................................- 24 -
 2.3. Les évaporites..........................................................................- 26 -

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 2.3.1. Généralités..........................................................................................................- 26 -
 2.3.2. Conditions et milieux de formation.............................................................- 26 -
 2.4. Les phosphates........................................................................ - 28 -
 2.4.1. Généralités..........................................................................................................- 28 -
 2.4.2. Accumulation du phosphore et milieux de genèse des
phosphates......................................................................................................................- 29 -
 2.5. La matière organique...............................................................- 30 -
 IIEME PARTIE : MECANISME ET PROCESSUS DE MISE EN PLACE DES
SEDIMENTS DETRITIQUES ET STRUCTURES PRIMAIRES............................- 33 -
 CHAPITRE III : TRANSPORT DES PARTICULES..................................................- 33 -
 3.1. Transport particulaire..............................................................- 33 -
 3.2. Transport en masse..................................................................- 34 -
 CHAPITRE IV : DEPOTS ET FORMATION..............................................................- 36 -
 DE STRUCTURES PRIMAIRES..................................................................................- 36 -
 4.1. Introduction............................................................................ - 36 -
 4.2. Structures dues à un écoulement fluide....................................- 36 -
 4.3. Dépôts et structures résultant des mécanismes gravitaires-
38 -
 4.3.1. Les slumps et les glissements.......................................................................- 38 -
 4.3.2. Les coulées (flots)..............................................................................................- 39 -
 4.3.3. Les séquences turbiditiques (turbidites)....................................................- 39 -
 4.4. Stratification (bedding).............................................................- 41 -
 4.4.1. Les couches massives......................................................................................- 42 -
 4.4.2. Les stratifications entrecroisées...................................................................- 42 -
 4.4.3. Les stratifications parallèles..........................................................................- 42 -
 4.4.4. Les strates granoclassées...............................................................................- 43 -
 4.4.4.......................................................................................................................Rythmites
- 43 -
 4.4.6. Orientation et imbrication de galets............................................................- 44 -
 4.5. Empreintes de surface..............................................................- 45 -
 4.5.1. Les figures d’érosion et empreintes d’objets transportés......................- 45 -
 4.5.2. Autres empreintes de surface........................................................................- 47 -
 4.6. Structures de déformation.......................................................- 48 -
 4.7. Traces d’activité biologiques....................................................- 48 -
 CHAPITRE V : QUELQUES EXEMPLES DES MILIEUX.....................................- 49 -

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 SEDIMENTAIRES..........................................................................................................- 49 -
 5.1. Le milieu fluviatile...................................................................- 49 -
 5.1.1. Les types de chenaux et dépôts fluviatiles................................................- 49 -
 5.1.2. Les faciès.............................................................................................................- 50 -
 5.2. Milieu de plate-forme carbonatée.............................................- 51 -
 5.2.1. Différentes géométries (types) de plates-formes carbonatées........- 51 -
 5.2.2. Modèles sédimentaires de plate-forme.......................................................- 52 -
 5.3. Milieu des éventails sous-marins (deep sea fans).......................- 55 -
 5.3.1. Généralités..........................................................................................................- 55 -
 5.3.2. Organisation spatiale des éventails.............................................................- 56 -

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