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Introduction
Le sol, objet d'étude de la Pédologie, peut être défini comme étant la couche superficielle de
l'écorce terrestre ("couverture pédologique") qui possède des caractéristiques morphologiques et
minéralogiques ainsi que des propriétés physico-chimiques distinctes de celles du matériau originel
dont il dérive (un substrat géologique ou tout autre matériau apparenté), du fait de sa position à la
surface de la lithosphère et de l'influence des facteurs du milieu qui y agissent. Selon le "Référentiel
pédologique des principaux sols d'Europe", édité par l'INRA (Baize et Girard, 1992), il s'agit d'un
objet naturel (c'est-à-dire dont l'existence initiale ne dépend pas de l'homme), continu et
tridimensionnel.
Les "couvertures pédologiques" sont le plus souvent continues, mais il arrive qu'elles soient très
réduites, voire absentes. En outre, elles sont fréquemment modifiées par des activités humaines, sur
des profondeurs variables et de façon plus ou moins apparente.
L'étude des sols peut être abordée de diverses manières :
Une approche agronomique : le sol est envisagé comme le milieu naturel au sein
duquel croissent les plantes cultivées. C'est donc la gestion correcte de ce "capital sol" qui
intéressera l'agronome par l'amélioration de son niveau de fertilité ou par les mesures
conservatoires qu'il peut lui apporter.
L'approche écologique vise plutôt à replacer le sol dans un contexte écosystémique.
Un des objectifs majeurs sera dès lors l'étude causale des relations réciproques sol –
couverture végétale – facteurs climatiques.
L'accent peut aussi être mis sur le rôle de "filtre" que jouent les sols à l'interface
atmosphère - hydrosphère - lithosphère. C'est alors leur comportement spécifique vis-à-vis de
différents types de pollutions d'origine anthropique (métaux lourds, hydrocarbures, "pluies
acides", etc.) qui sera étudié. Cette approche environnementale a connu un fortement
développement ces dernières années. Elle vise non seulement à la compréhension des effets
des polluants sur les sols et, par voie de conséquence, sur les plantes qui y croissent, mais
aussi à la mise au point de normes de sauvegarde et de méthodes permettant leur revalidation
et leur assainissement.
Enfin, dans une approche proprement pédologique, le sol sera envisagé comme la
résultante de l'action des facteurs du milieu sur un matériau parent ou un substrat géologique
déterminé. Dans ce cas, le sol constitue en lui-même un objet d'étude et on s'attachera donc à
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analyser et interpréter ses propriétés en relation avec les processus qui ont déterminés son
développement, quel qu'en soit l'intérêt pratique.
La connaissance des constituants du sol, de leur composition et de leurs principales propriétés
physico-chimiques, constitue en tout état de cause un préalable indispensable à l'étude du milieu
édaphique. Ces connaissances fondamentales permettent d'entreprendre l'étude des processus de
formation des sols (processus de pédogenèse) en relation avec les conditions de milieu, ce qui
débouche sur la classification des sols mondiaux, leur cartographie, ainsi que l'étude de leurs
potentialités agronomiques en liaison avec leurs principales propriétés physico-chimiques.
1 – Composants minéraux
Toute couverture pédologique est un mélange de constituants minéraux et organiques, d'air, d'eau et
d'organismes vivants. Ces constituants sont organisés entre eux et dans l'espace, formant des
"assemblages" ou des "structures" spécifiques du milieu édaphique. Les "horizons pédologiques" en
constituent un bon exemple : ils résultent de la subdivision d'une couverture pédologique en volumes
considérés comme suffisamment homogènes. Par leur dimension verticale centimétrique à
métrique, ces horizons sont directement perceptibles à l'œil nu sur le terrain ; c'est pourquoi l'horizon
est le niveau d'appréhension le plus pratique pour observer et échantillonner une couverture
pédologique (Référentiel, 1992).
Par ailleurs, les couvertures pédologiques sont en perpétuelle évolution, ce qui leur confère une
dimension supplémentaire : la durée. L'étude des sols doit donc se fonder non seulement sur la
nature, les propriétés et l'organisation de leurs constituants, mais aussi sur leur dynamique au cours du
temps.
La subdivision des constituants du sol est inévitablement arbitraire. Dans une première approche, il
est toutefois commode d'étudier séparément les quatre constituants majeurs du sol dont la répartition
volumique et pondérale moyenne est la suivante (tableau 1 et fig. 1) :
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Fig. 1 - Composition moyenne d'un sol (en % volumiques, d'après Bear, 1964).
L'origine des différents constituants est évidente : les constituants minéraux sont hérités du substrat
géologique par désagrégation mécanique et/ou altération chimique plus ou moins prononcée. La
matière organique est majoritairement d'origine végétale.
Les vides du sol occupés par de l'eau et de l'air constituent la porosité du sol : porosité à l'eau et
porosité à l'air. Il y a bien entendu relation réciproque entre les volumes respectifs occupés. En
conditions naturelles, de fortes fluctuations des proportions relatives air/eau peuvent se produire au
cours du temps.
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Les processus pédogénétiques qui peuvent détruire certains minéraux, modifier plus ou
moins profondément d'autres minéraux (altération) ou en engendrer de nouveaux
(processus de néoformation). Par ailleurs, les minéraux les plus résistants à l'altération
peuvent s'accumuler sous forme résiduelle (c'est le cas du quartz) alors que les minéraux de
petite taille (< 2 µm) peuvent éventuellement être mobilisés et se concentrer
préférentiellement dans certains horizons (phénomène de lessivage des argiles).
Dans la fraction inorganique cristallisée, les pédologues distinguent habituellement deux types
principaux de constituants : les minéraux primaires et les minéraux secondaires.
Les minéraux primaires (une dizaine de minéraux essentiels) sont, à l'origine, les minéraux
constitutifs des roches magmatiques, c'est-à-dire ceux qui se sont formés lors de la cristallisation des
magmas, dans des conditions de température et de pression totalement différentes de celles qui
prévalent à la surface de la lithosphère. Ils sont en conséquence plus ou moins instables dans les
couvertures pédologiques où l'ambiance physico-chimique est plus oxydante et le milieu plus hydraté ;
ils peuvent alors s'y transformer en minéraux dits "secondaires", à l'issue de processus d'altération
plus ou moins intenses et plus ou moins complets.
Les minéraux primaires peuvent soit être hérités directement de roches magmatiques ou
métamorphiques, soit provenir de roches sédimentaires où leur présence est liée au cycle géologique.
Presque tous les minéraux primaires sont des silicates ou des aluminosilicates de composition
chimique variée. Quartz, feldspaths et micas sont les minéraux majeurs (constituants qualifiés
d'essentiels en pétrographie) ; les péridots, les pyroxènes et les amphiboles sont des minéraux
accessoires.
Les minéraux secondaires sont essentiellement des phyllosilicates (minéraux argileux), des
oxyhydroxydes (de fer, d'aluminium, de manganèse,...), des carbonates (de calcium, de magnésium),
des sulfates (de calcium : gypse) et des chlorures (de sodium : halite).
Les minéraux argileux et les oxyhydroxydes sont les constituants caractéristiques de ce que les
pédologues appellent le complexe d'altération des sols.
Comme le montre la figure 2, les minéraux primaires sont, dans la plupart des sols, principalement
distribués dans les fractions granulométriques grossières (sableuse : 2.000 à 50 µm et limoneuse : 50 à
2 µm). A l'opposé, les minéraux secondaires et particulièrement les argiles minéralogiques et les
oxyhydroxydes sont dominants dans la fraction fine du sol, c'est-à-dire celle dont la taille est < 2 µm
(= argile granulométrique).
Il convient toutefois de noter que si les fractions sableuses et limoneuses des sols sont en règle
générale dominées par le quartz et les silicates primaires, dans certains sols des régions tropicales, ces
mêmes fractions granulométriques peuvent être composées en ordre principal d'oxyhydroxydes de fer
et d'aluminium, donc de minéraux secondaires. En région aride également, les fractions grossières
peuvent s'enrichir en calcite (CaCO3) et/ou en gypse (CaSO4 .2 H2O).
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Inversement, si les minéraux primaires sont généralement absents des fractions < 2 µm des sols
ayant subi une forte altération (exception faite des moins altérables d'entre eux et notamment le
quartz), ils peuvent par contre être présents dans la fraction argileuse des sols jeunes et encore peu
altérés, surtout lorsqu'ils sont formés sur sédiments dont la granulométrie fine est due à des processus
de division mécanique, comme c'est le cas par exemple pour les sédiments morainiques et les lœss.
La répartition moyenne des minéraux primaires et secondaires dans les roches magmatiques et
sédimentaires est donnée pour rappel dans le tableau 2. Les minéraux les plus fréquents des roches
métamorphiques sont ceux des roches magmatiques (quartz, feldspaths, micas, pyroxènes et
amphiboles).
Il est bon de rappeler que si les roches sédimentaires ne représentent en volume que 8 % de la
croûte terrestre (roches magmatiques : 65 %, roches métamorphiques : 27 % ; tableau 3), leurs
affleurements couvrent en surface approximativement les 3/4 des continents. Les couvertures
pédologiques à matériaux parents d'origine sédimentaire sont donc majoritaires. Les roches
sédimentaires les plus abondantes sont des roches "argileuses" : 80 % des roches sédimentaires sont
des shales, des schistes ou des pélites ; les grès et les quartzites n'en représentent que 12 % et les
roches carbonatées (calcaires et dolomies) seulement 8 %.
Fig. 2 - Diagramme montrant la relation générale qui lie la taille des particules et leur composition
minéralogique (d'après Bear, 1964).
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Tableau 3 - Abondance (%) des principales roches dans la croûte terrestre (d'après Ronov et
Yaroshevsky, 1969)
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Fig. 3 - Modifications minéralogiques moyennes lors de l'altération d'une roche magmatique en roche
sédimentaire (% massiques) (d'après Garrels et Mackenzie, 1971).
Les minéraux les plus importants au point de vue pédologique (quartz, feldspaths, micas,
minéraux ferromagnésiens) sont examinés ci-dessous.
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1.1.2.2 - Principaux silicates et aluminosilicates
Quartz
Il s'agit d'un minéral quasi omniprésent et le plus souvent largement majoritaire dans les sols. Il
peut fréquemment y représenter plus de 50 % de la fraction minérale et jusqu'à 90 % ou plus des
fractions limoneuses et sableuses dans certains sols. Par contre, il est beaucoup moins abondant dans
la fraction argileuse (< 2 µm) : en règle générale, moins de 20 %.
Le quartz est présent dans les sols soit sous forme de grains polycristallins, soit sous forme de
cristaux isolés.
La composition minéralogique d'un sol sur lœss et la distribution granulométrique du quartz sont
données à titre d'exemple dans la figure 5.
Fig. 5 - Composition minéralogique de l'horizon éluvial (E) d'un sol lessivé sur lœss (Forêt de
Soignes) et répartition granulométrique du quartz.
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Feldspaths
Les feldspaths sont des minéraux essentiels de la plupart des roches magmatiques et de certaines
roches métamorphiques ; ils sont moins fréquents dans les roches sédimentaires, mais sont
virtuellement répandus dans tous les sols (particulièrement dans les fractions sableuses et limoneuses)
où leur abondance est fonction de la nature du matériau parent et de l'intensité de l'altération à laquelle
il a été soumis. Ils interviennent pour 60 % dans la composition moyenne des roches cristallines, mais
seulement pour 10 à 15 % de la moyenne des roches gréseuses, ce qui traduit leur instabilité en milieu
sédimentaire et dans les sols.
Il s'agit d'un groupe de minéraux important au point de vue pédologique car leur altération libère
non seulement des éléments nutritifs essentiels pour les plantes (calcium, magnésium, potassium),
mais aussi les constituants nécessaires à la néoformation de minéraux secondaires tels que les argiles
(silicium et aluminium).
Feldspathoïdes
Ce sont des aluminosilicates du groupe des tectosilicates, voisins des feldspaths, mais au sein
desquels la substitution Si/Al est beaucoup plus importante (ils se forment dans des magmas plus
pauvres en silice), avec pour conséquence un caractère plus alumineux, plus alcalin et moins siliceux
que les feldspaths (minéraux sous-saturés en silice). Les représentants les plus communs sont la
leucite et la néphéline.
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N'étant abondants que dans quelques roches volcaniques particulières, ils ne se rencontrent que très
exceptionnellement dans les sols.
Micas
Ce sont des minéraux abondants dans de nombreuses roches, qu'elles soient magmatiques,
métamorphiques ou sédimentaires. Ils constituent le troisième groupe par ordre d'importance, après les
feldspaths et le quartz, dans les roches cristallines "acides" (teneur en SiO2 > 65 %) ; ils sont moins
abondants dans les roches dites "basiques" (< 52 % de SiO2).
Les micas sont particulièrement abondants dans certaines roches sédimentaires (shales) ou
métamorphiques (schistes, micaschistes, gneiss).
Les micas sont dès lors fréquents dans les sols sous forme de minéraux primaires. Ils constituent en
outre des précurseurs de minéraux phylliteux secondaires et particulièrement de certains minéraux
argileux (illites et vermiculites, appelées pour cette raison "argiles micacées" ou "clay-micas").
Fig. 6 - Structure des couches tétraédrique et octaédrique des micas (Dixon et Weed, 1982).
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Les schémas du haut de page illustrent de différentes façons le mode d'agencement des tétraèdres
siliceux (couche tétraédrique) ; ceux du bas de page concernent la couche octaédrique.
Notons dès à présent que la couche octaédrique peut être aussi occupée par les cations Mg 2+ ou
Fe2+. Dans ce cas, pour que l'équilibre électrostatique soit satisfait, 3 positions octaédriques sur 3
doivent être occupées par Mg2+ ou Fe2+ (cations bivalents) ; par contre, dans le cas de Al (cation
trivalent), 2 positions octaédriques sur 3 seulement sont occupées (fig. 7). Dans le premier cas on parle
de structure trioctaédrique, dans le second, de structure dioctaédrique.
Il y a donc des micas dioctaédriques ou alumineux et des micas trioctaédriques ou ferromagnésiens.
Fig. 7 -Représentation schématique des deux types de couches octaédriques : (a) = trioctaédrique ; (b)
= dioctaédrique
A l'exception du talc [trioctaédrique, magnésien, de formule Mg3Si4O10(OH)2] et de la pyrophyllite
[dioctaédrique, alumineuse, Al2Si4O10(OH)2], qui sont des phyllosilicates dépourvus de substitutions
isomorphes, les micas présentent en couche tétraédrique des substitutions Si/Al dans la proportion 3/1
(1 atome de silicium sur 4 est remplacé par un atome d'aluminium). Le déficit de charge ainsi créé est
compensé par un cation sec de grande taille, le potassium (r = 1,33 Å), qui va se loger en position
interfoliaire, dans les sites cubo-octaédriques de coordinence XII (voir figure 8).
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Fig. 8 - Structure d'une muscovite (dioctaédrique) (d'après Dixon et Weed, 1982).
Les deux principaux types de micas sont :
Les micas dioctaédriques ou alumineux, dont le plus commun est la muscovite ("mica blanc"),
de formule KAl2AlSi3O10 (OH)2.
Les micas trioctaédriques, ferromagnésiens ou magnésiens, dont les plus communs sont la
biotite ("mica noir"), de formule K(Mg, Fe2+)3(AlSi3O10)(OH)2, et la phlogopite ("mica
blond"), de formule 3KMg3AlSi3O10(OH, F)2.
Dans les sols, les micas dioctaédriques (muscovite) prédominent généralement car ils sont moins
altérables que les micas trioctaédriques tels que la biotite ; cette dernière n'est généralement présente
que dans les sols jeunes ou à altération encore modérée. Les micas sont souvent présents dans les
fractions granulométriques limoneuses ou argileuses grossières.
Ils constituent dans les sols, avec les argiles qui leur sont apparentées (illites) et les feldspaths K, la
principale source de potassium.
Pyroxènes et amphiboles
Ce sont des inosilicates (silicates en chaîne), formés par l'assemblage de rangées de tétraèdres
siliceux, disposées parallèlement les unes aux autres. Les chaînes de tétraèdres, simples chez les
pyroxènes, doubles chez les amphiboles (en rubans), sont liées entre elles par des cations de liaison :
magnésium, fer et calcium (plus rarement le sodium).
Les pyroxènes constituent un groupe homogène au point de vue cristallochimique. On distingue :
Les orthopyroxènes (pyroxènes orthorhombiques), ferromagnésiens et non calciques, avec
l'enstatite MgSiO3 et l'hypersthène (Mg Fe) SiO3.
Les clinopyroxènes (pyroxènes monocliniques), ferromagnésiens et calciques ou alcalins
(sodiques).
Les pyroxènes sont des minéraux essentiels des roches magmatiques et métamorphiques.
Les amphiboles constituent également un groupe homogène de minéraux ferromagnésiens mais
dans la composition cristallochimique desquels interviennent des radicaux hydroxyles (OH-). Les
cations de liaison associant entre elles les doubles chaînes tétraédriques sont le fer et le magnésium.
On distingue habituellement des amphiboles ferromagnésiennes, non calciques (antophyllite) et des
amphiboles calciques, alumineuses (hornblendes avec substitutions Si/Al) ou non alumineuses (série
actinote-trémolite).
Les amphiboles sont communes dans les roches du métamorphisme de contact et du
métamorphisme général (schistes, micaschistes, gneiss) ; elles sont aussi fréquentes dans les
roches éruptives.
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Du fait de leur forte altérabilité, la plupart des pyroxènes et des amphiboles sont peu abondantes
dans les sols. Ils constituent néanmoins une source potentielle très importante en calcium, magnésium
et oligoéléments, d'où la fertilité généralement élevée des sols formés sur les roches riches en ces
minéraux.
Péridots ou olivines
Il s'agit de constituants fréquents dans beaucoup de roches magmatiques basiques (gabbros,
basaltes) et ultrabasiques (à teneur en SiO2 < 52 %). Très altérables, ils disparaissent rapidement de la
fraction minérale des sols au cours de leur évolution.
Ce sont des nésosilicates dont les tétraèdres siliceux, indépendants les uns des autres (pas
d'oxygène de coordination), sont néanmoins reliés par des cations compensateurs : magnésium et fer
(Fe2+). Cette structure en assemblage compact et plus ou moins équidimensionnel détermine chez ces
minéraux des densités élevées (ex : olivine, d = 3,22).
Ces silicates ferromagnésiens forment une série continue (solution solide) allant de la forstérite,
magnésienne (Mg2 SiO4) à la fayalite, ferreuse (Fe2SiO4).
La nature des minéraux constitutifs de la roche-mère détermine dans une large mesure le degré de
fertilité du sol qui en est issu, ou tout au moins sa fertilité potentielle (en dehors de tout apport
fertilisant). Il est clair que si les minéraux fournisseurs d'éléments nutritifs manquent dans la roche-
mère, ces éléments feront également défaut dans le sol. A cela une exception : des apports extérieurs
de minéraux par action éolienne, alluviale ou colluviale (ex : la contamination des sables par des
apports lœssiques augmente la fertilité potentielle des sols qui s'y développent).
Il est bien connu que les roches riches en minéraux ferromagnésiens donnent des sols plus fertiles
que ceux dérivés de roches acides (c’est-à-dire siliceuses), où le quartz domine. C'est pourquoi on
utilise parfois pour caractériser les sols l'indice de TAMM ou "Basmineralindex", c'est-à-dire la
proportion des minéraux denses (d > 2,88) par rapport aux minéraux légers.
Pyroxènes, amphiboles et péridots sont pour la plupart des minéraux dont la densité est
fréquemment supérieure à 2,9 (minéraux lourds). Leur extraction des fractions granulométriques
limoneuses ou sableuses du sol peut donc être obtenue par séparation densimétrique dans le
bromoforme (d = 2,88).
La couleur sombre de ces minéraux traduit la présence de fer et de magnésium dans leur réseau
cristallin, d'où la dénomination commune qui leur est donnée de minéraux ferromagnésiens ("mafic
minerals" des auteurs anglo-saxons). Ceci par opposition aux minéraux clairs (blancs ou incolores :
quartz, feldspaths, muscovite) ne contenant ni fer ni magnésium et de densité inférieure à 2,9
(minéraux légers ; "felsic minerals") ; la biotite appartient au groupe des ferromagnésiens.
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2 Une taille généralement inférieure à 2 µm et même souvent à 0,2 µm
(microcristaux). Les argiles minéralogiques ne sont pas strictement limitées à la fraction
granulométrique < 2 µm, mais lorsque leur taille est plus petite que ce diamètre, leur influence
sur les propriétés du sol est généralement accentuée (développement d'une grande surface
externe - et éventuellement interne - par rapport à leur masse ou leur volume). Les minéraux
argileux présentent donc une surface spécifique très importante : à titre d'exemple, la surface
spécifique d'une montmorillonite est d'environ 800 m2g-1 (surface externe = 82 m2g-1; surface
interne = 660 m2 g-1).
(La surface spécifique des minéraux argileux peut être déterminée par adsorption de molécules de gaz
(azote liquide à -195°C) ou de liquide (éthylène-glycol)
3 Une surface chargée électriquement. Elle a pour conséquence de créer des forces
ioniques inter particulaires et donc un comportement colloïdal des minéraux argileux : ils sont
susceptibles d'être dispersés en milieu aqueux pour former des suspensions colloïdales. Leur
charge électrique justifie aussi leurs propriétés d'échange (adsorption – désorption) vis-à-vis
des cations contenus dans la solution du sol.
Les minéraux argileux peuvent être présentés en termes de structure (composition
cristallographique et cristallochimique), de propriétés ou de mode de genèse.
La classification des minéraux argileux envisagée ici est essentiellement établie sur base de leur
structure cristalline.
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Fig 9 - Photos de microcristaux de kaolinite, observés en microscopie électronique (a = vue planaire et
b = vue en coupe) (Caillère et al., 1982).
Quant à la structure d'un microcristal argileux type, elle est représentée schématiquement dans la
figure 10.
Un microcristal résulte de l'empilement, plus ou moins ordonné, d'un grand nombre de feuillets
élémentaires ("layers") (une centaine chez la kaolinite par exemple). Ces feuillets élémentaires sont
séparés par un espace interfoliaire ("interlayer").
Comme chez les micas, le feuillet élémentaire est composé d'une succession de plans anioniques
("planes") empilés les uns sur les autres et à l'interface desquels, en fonction des possibilités de
coordinence, vont se loger les cations de l'édifice cristallin. Les anions constitutifs de ces plans
anioniques, O2-et OH-, sont des ions de grande taille par rapport à la plupart des cations (voir tableau
3) et ce sont donc ces anions qui détermineront la configuration spatiale de la structure cristalline.
Il existe trois types fondamentaux de plans anioniques (fig. 11) :
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1) plan anionique à assemblage hexagonal, constitué d'anions O2-;
2) plan anionique à assemblage compact, constitué d'anions O2- et OH- (2 O-2 pour 1 OH-) ;
3) plan anionique à assemblage compact, constitué uniquement d'hydroxyles.
Entre le plan à assemblage hexagonal et le plan à assemblage compact se localisent des cavités de
coordinence IV (motif de coordination = tétraèdre : voir tableau 4 et fig. 12a) ; cette cavité
tétraédrique, de rayon r = 0,224.R (avec R = 1,40 Å = rayon des atomes d'oxygène ; soit r = 0,296 Å),
est localisée entre trois atomes tangents d'un plan et l'atome du plan suivant qui repose sur eux. Entre
les deux plans à assemblage compact apparaissent au contraire des cavités de coordinence VI (motif de
coordination = octaèdre : fig. 12b) et de coordinence IV, mais seules les cavités octaédriques sont
occupées chez les silicates ; es cavités octaédriques, de rayon r = 0,414.R (soit r = 0,547 Å), sont
comprises entre 6 atomes, 3 étant situés au plan inférieur, 3 au plan supérieur en positions alternées.
Fig. 12 - Représentation des polyèdres de coordination tétraédrique (a) et octaédrique (b), résultant de
la superposition des différents plans anioniques ; le schéma de droite donne l'exemple de
deux plans à assemblage compact, ménageant entre eux des cavités de coordinence VI
(octaèdres) (d'après Chamayou et Legros, 1989).
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Tableau 4 - Rayons ioniques, rapports R du cation / R de l'anion (oxygène) et coordinences théoriques
et observées des principaux cations (d'après Mason, 1966) et représentation des polyèdres
de coordination (d'après Lameyre, 1975).
L'assemblage de deux plans anioniques constitue une couche ("sheet") : couche tétraédrique ou
couche octaédrique selon la nature du polyèdre de coordination.
L'empilement des couches tétraédriques et octaédriques compose un feuillet élémentaire.
La juxtaposition parfaite du plan anionique à assemblage hexagonal avec le plan anionique à
assemblage compact nécessite une déformation du réseau dans le premier plan, par rotation des
tétraèdres (fig. 13).
Fig. 13 - Structures théorique et réelle de la couche tétraédrique chez la kaolinite (in Dixon et Weed,
1982).
L'épaisseur du feuillet élémentaire, mesurée par son équidistance d001 (c'est-à-dire la plus petite
distance séparant 2 plans réticulaires identiques), et la nature des couches qui le composent sont deux
caractéristiques fondamentales des minéraux argileux.
L'association des couches tétraédriques et octaédriques s'effectue selon trois combinaisons
majeures et aboutit à 3 types de feuillets (fig. 14) :
Feuillet de type 1:1, associant une couche tétraédrique à une couche octaédrique.
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Feuillet de type 2:1, constitué de l'association d'une couche octaédrique et de 2 couches
tétraédriques qui l'encadrent.
Feuillet de type 2:1:1 ou 2:2, résultant de l'intercalation d'une couche octaédrique
complémentaire dans l'espace interfoliaire séparant deux feuillets de type 2:1 (= minéraux
2:1 à couche hydroxylique intercalaire).
Fig. 15 - Différents types de désordre obtenus par empilement des feuillets (d'après Calvet, 2003).
Parmi les minéraux argileux on distingue 5 groupes principaux :
Groupe de la kaolinite
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Groupe des illites (= argiles micacées)
Groupe des vermiculites
Groupe des smectites
Groupe des chlorites
Les groupes 3 et 4 (vermiculites et smectites) correspondent à des minéraux argileux dits
"expansibles", c'est-à-dire dont l'espacement interfoliaire - et donc l'équidistance d001 - sont variables et
fonction de la nature des cations compensateurs et de leur degré d'hydratation. Ces argiles expansibles
sont donc des microcristaux pourvus d'une très importante surface de contact (surface externe +
surface interne) et d'une grande accessibilité de l'espace interfoliaire.
A ces 5 groupes de minéraux argileux il convient d'adjoindre le groupe plus particulier des argiles
fibreuses (groupe sépiolite-attapulgite).
Les principales caractéristiques structurales des minéraux argileux sont reprises dans le tableau 5 et
à la figure 16.
Pour rendre compte de l'organisation minéralogique et chimique assez complexe des minéraux
argileux, on utilise une "formule" conventionnelle, rebutante à première vue, mais facile à décoder en
réalité : elle indique la composition des couches (tétraédriques et octaédriques) avec la nature et le
taux de la substitution éventuelle qui les caractérisent, la composition des couches anioniques, la
nature des cations compensateurs du déficit de charge. Ces formules sont souvent données pour la
demi-maille élémentaire.
Tableau 5 - Formules structurales des principaux minéraux argileux et des phyllosilicates apparentés.
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Groupe de la kaolinite
Le groupe kaolinite-serpentine est constitué d'argiles à feuillet de type 1:1, dépourvu normalement
de substitutions isomorphes, en sorte que le feuillet est théoriquement électriquement neutre et n'a pas
de charge permanente (uniquement des charges de bordure. Le réseau cristallin de ces argiles est très
stable. Deux minéraux argileux appartenant à ce groupe se rencontrent dans les sols : la kaolinite et
l'halloysite.
Kaolinite
De formule Si2O5Al2(OH)4, le feuillet est de type 1:1 (à deux couches : 1 siliceuse + 1 alumineuse),
dioctaédrique, à équidistance d001 stable à 7,2 Å. Observée en microscopie électronique, la kaolinite
se présente sous forme de microcristaux pseudo-hexagonaux très caractéristiques (photo p. 20), dont la
taille est comprise entre 0,2 et 2 µm. Ces cristallites sont constitués par l'empilement d'une centaine de
feuillets élémentaires dont la liaison interfoliaire est assurée par des ponts hydrogène. Il n'existe donc
aucune possibilité de gonflement ou de rétraction des feuillets.
La capacité d'échange cationique (CEC) de la kaolinite est très faible, de 3 à 15 cmol ckg-1 d'argile ;
sa surface spécifique n'est en moyenne que de 30 m2 g-1 (10 à 50 m2g-1).
Le rapport molaire SiO2 /Al2O3 de ce minéral hyper-alumineux est de 2, ce que traduit sa formule
équivalentaire : 2 SiO2 .Al2O3.2 H2O.
33
Fig. 16 - Représentation structurale des principaux minéraux argileux (d'après Bear, 1964).
La kaolinite est un minéral argileux très fréquent dans les sols. Elle est particulièrement abondante,
sinon exclusive, dans les sols acides des régions tropicales humides (sols ferrallitiques) où elle
apparaît massivement à l'issue des processus d'altération intense qui caractérisent ces sols. Il s'agit
donc d'une argile de néoformation. Formée lors des processus de pédogenèse en milieu continental et
transférée par érosion vers le milieu marin, la kaolinite constitue donc le minéral argileux dominant
des sédiments océaniques récents au niveau de la ceinture tropicale.
Du fait de sa grande stabilité, la kaolinite est fréquente dans diverses roches sédimentaires
détritiques ; c'est aussi le constituant majeur du kaolin, matériau argileux riche en kaolinite, utilisé
notamment pour la fabrication des porcelaines et des céramiques.
Halloysite
C'est un minéral argileux voisin de la kaolinite, mais à forme tubulaire très typique, due à
l'enroulement d'un feuillet plan de type kaolinique. Il s'agit par ailleurs d'un minéral hydraté, d'où une
équidistance d001 de 10 Å qui peut être ramenée à 7 Å par dessiccation (110°C).
La CEC de l'halloysite est fonction de son degré d'hydratation et comprise entre 5 et 50 cmolc kg-1.
L'halloysite est fréquente dans les gisements hydrothermaux, elle est plus rare dans les sols. Elle se
forme néanmoins sur cendres volcaniques (Andosols) ; elle y évolue par déshydratation en
métahalloysite et ensuite en kaolinite.
34
Les minéraux du groupe de la serpentine, antigorite (lamellaire) et chrysotile (fibreuse), de formule
Si2O5Mg3(OH)4, sont les homéotypes trioctaédriques (magnésiens) de la kaolinite. Il s'agit de
minéraux provenant de l'altération et/ou du métamorphisme de l'olivine oui des pyroxènes des roches
magmatiques basiques et ultrabasiques.
36
(Fe3+) chez la nontronite. Par contre, ces deux minéraux argileux développent une charge négative liée
à des substitutions Si/Al en couche tétraédrique.
La structure de trois smectites est représentée à la figure 17.
37
Toutefois, la surabondance des montmorillonites dans certains sols à texture fine (particulièrement
les Vertisols au sein desquels la teneur en argile excède 30 %), peut poser des problèmes d'ordre
physique (drainage déficient, phénomènes importants de gonflement et de rétraction défavorables pour
le système racinaire des végétaux).
38
Les vermiculites des sols proviennent habituellement de la transformation des micas et des illites,
par modification de la charge du feuillet et perte progressive de potassium interfoliaire, remplacé par
des ions hydratés, Mg2+ et Ca2+ (minéraux argileux dits de transformation).
Comme les illites, les vermiculites sont fréquentes dans le cortège argileux des sols des régions
tempérées.
39
chlorites alumineuses et la couche octaédrique hydroxylée interfoliaire est qualifiée de gibbsitique,
étant voisine par sa structure de l'hydroxyde d'aluminium cristallisé ou gibbsite [Al(OH)3].
Ces chlorites alumineuses sont formées dans les sols acides par un processus d'agradation (=
agradation alumineuse) aboutissant à la formation d'une couche parfaitement cristallisée au sein de
l'espace interfoliaire de minéraux 2:1 de type vermiculite ou smectite.
Ce phénomène d'agradation est progressif et entre les minéraux 2:1 non aluminisés et les chlorites
alumineuses typiques se place une série de formes intermédiaires présentant des degrés variables
d'aluminisation interfoliaire : ce sont les intergrades alumineux dont il sera question.
Le tableau 6 synthétise les principales caractéristiques structurales et les propriétés fondamentales
des minéraux argileux.
Argiles fibreuses
Comme l'indique leur nom, ce sont des minéraux argileux à faciès particulier, très caractéristique. Il
s'agit de "pseudophyllites" à habitus fibreux (fig. 18).
La structure de ces pseudophyllites résulte de l'association de couches siliceuses tétraédriques
continues, mais qui, à l'inverse des phyllosilicates "classiques", ne sont pas planaires ; les couches
siliceuses sont constituées de bandes de 4 à 6 tétraèdres de large selon les minéraux. L'association de
ces bandes détermine une structure en "brique creuse".
La largeur des bandes siliceuses est de 4 tétraèdres chez l'attapulgite (= palygorskite), de 6
tétraèdres chez la sépiolite. Les couches octaédriques de ces deux minéraux sont magnésiennes.
L'attapulgite est une argile de néoformation que l'on peut observer dans les sols de climat aride ou
semi-aride, notamment dans les sols à croûte calcaire des régions méditerranéennes ; elle se forme
dans les milieux confinés où s'accumulent des sels solubles.
40
Fig. 18 - Microcristaux d'attapulgite observés en microscopie électronique (in Dixon et Schulze,
2002).
Minéraux interstratifiés
Les minéraux interstratifiés (= édifices interstratifiés) sont constitués par un mélange de différents
types de feuillets ("mixed layers").
Lorsque la superposition de feuillets de nature différente (feuillets illitiques, vermiculitiques,
smectitiques, etc.) est régulière (ex : ABABABABAB), on parle d'interstratifiés réguliers ; lorsqu'elle
est irrégulière (ex : AAABBBABBAAB), d'édifices interstratifiés irréguliers.
Dans le premier cas, l'équidistance basale est égale à la somme des équidistances des 2 types de
feuillet : d001 du feuillet A + d001 du feuillet B ; dans le second cas, on assiste à un élargissement
irrégulier des raies de diffraction.
Les interstratifiés réguliers sont peu fréquents dans les sols et se forment surtout au cours des
phases tardives de la diagenèse des sédiments. Par contre, les édifices interstratifiés irréguliers sont
très fréquents dans les sols, notamment ceux des régions tempérées ; l'exemple classique est celui de la
transformation progressive d'un minéral de type micacé selon la séquence : Mica ---- mica-vermiculite
----- vermiculite ----- vermiculite-smectite ------ smectite
Minéraux intergrades
Ils sont communs dans les sols et particulièrement dans les sols acides des régions tempérées. Il
s'agit de minéraux 2:1 (vermiculites et smectites) dont la compensation interfoliaire de la charge du
feuillet n'est pas assurée par des cations hydratés mais par des ions hydroxylés plus ou moins
polymérisés et tout spécialement des hydroxydes d'aluminium (ions hydroxy-alumineux plus ou moins
condensés, avec ébauche de feuillet gibbsitique).
Comme nous l'avons signalé précédemment, ce phénomène d'aluminisation progressive des espaces
interfoliaires aboutit à terme à la formation de chlorites secondaires alumineuses, comme l'illustre la
figure 20.
Les intergrades alumineux (vermiculites alumineuses, smectites alumineuses) présentent donc des
structures et des comportements (notamment aux RX) intermédiaires entre minéraux 2:1 expansibles
41
et minéraux 2:1:1. On parle souvent de "pseudochlorites", de "chlorites gonflantes" ou de "chlorites de
sol".
Microscopie électronique
Elle peut être utilisée dans le diagnostic morphologique de certains minéraux argileux à structure
cristalline particulière (exemple : différenciation kaolinite/halloysite).
Associée à l'utilisation d'ultra-microtomes, la microscopie électronique à transmission et à haute
résolution permet aussi l'observation de coupes transversales dans les micro-cristaux argileux, mettant
en évidence l'empilement (et les irrégularités de l'empilement) des feuillets élémentaires.
Diffraction des RX
C'est une des méthodes le plus couramment utilisée. Les échantillons d'argile sont mis en
suspension et évaporés sur une lame de verre ; ils sont ensuite soumis à un rayonnement de courte
longueur d'onde (spectre RX, raie Kα= 1,54 Å) dont un goniomètre fait varier l'angle d'incidence θ.
42
Fig. 20 - Enregistrement diffractométrique d'un échantillon de kaolinite (in Tan, 1982)
Les ondes diffractées, obéissant à la loi de Bragg (n.λ = 2d.sinθ), sont enregistrées graphiquement
(les réflexions sur le plan 001 étant les plus intenses) et indiquent la périodicité entre feuillets c'est-à-
dire l'équidistance d001 (voir enregistrement type à la figure 21). (λ = longueur d'onde du
rayonnement ; d = distance entre deux plans réticulaires (équidistance) ; θ = angle d'incidence).
Le passage de l'échantillon aux RX est précédé par différents traitements chimiques (saturation par
divers cations : K, Mg, Li,...) et/ou physiques (traitements thermiques, hydratation par des polyalcools
: glycérol ou éthylène-glycol), susceptibles de faire varier l'équidistance d001. Ces tests de
comportement permettent d'aboutir à une bonne caractérisation de la composition qualitative du
cortège argileux des sols.
43
Fig. 22 - Enregistrements en analyse thermique différentielle (ATD) de différents minéraux argileux
(in Tan, 1982).
1.1.3.2 - Allophanes
Le terme d'allophanes désigne des aluminosilicates amorphes (ou très mal cristallisés) et hydratés,
de formule générale xAl2O3 ySiO2 zH2O, avec généralement x > y et y = 1 à 2, z = 2 à 3. Le rapport
molaire) SiO2 /Al2 O2 est fréquemment compris entre 0,5 et 1,3.
L'hydratation des allophanes est généralement importante : 20 % d'eau d'hydratation (H2O-) et
souvent plus de 20 % d'eau de composition (H2O+).
Les allophanes ont été initialement détectés et étudiés sur des matériaux d'altération de roches
éruptives basiques en région tropicale, c'est-à-dire dans un contexte édaphique où ils sont abondants
(Andosols). On a longtemps pensé que les allophanes étaient limités à ce type de sol, mais
actuellement on considère qu'ils sont beaucoup plus répandus ; ils ont notamment été détectés dans de
nombreux autres types de sols où ils représentent très probablement un produit intermédiaire
d'altération, à un stade de cristallisation encore très imparfait. On peut donc considérer que les
allophanes constituent l'ébauche de minéraux argileux.
45
1.1.3 - Oxyhydroxydes
Avec les minéraux argileux, les oxyhydroxydes (appelés anciennement sesquioxydes ou oxydes
hydratés) composent l'essentiel du complexe d'altération des sols. Ce sont des constituants
omniprésents dans les fractions fines du sol et notamment la fraction argileuse ; ils peuvent également
être présents dans des fractions granulométriques plus grossières : limons et sables (fig. 3, p. 5).
A l'origine, les oxyhydroxydes des sols proviennent en majorité de l'altération de minéraux
primaires, essentiellement des minéraux ferromagnésiens. En principe ce sont donc des minéraux de
néoformation. Cependant, dans le cas de sols formés sur des matériaux d'origine sédimentaire, une part
importante – sinon majoritaire – des oxyhydroxydes sont en fait des minéraux d'héritage puisqu'ils
préexistent dans le matériau parental.
En règle générale, les sols ont tendance à s'enrichir en oxyhydroxydes (de fer, d'aluminium, de
titane) par rapport à la silice (tout au moins la silice des silicates et des aluminosilicates) qui est
souvent éliminée plus rapidement au cours du processus d'altération.
Bien entendu, la silice présente sous forme de quartz peut également représenter un élément
résiduel.
Les oxyhydroxydes sont des solides cristallins, paracristallins ou amorphes résultant de la
combinaison de différents cations métalliques (fer, aluminium, manganèse,...) avec l'anion O2- et/ou
l'anion OH-. Il s'agit donc d'oxydes (les anions de coordination sont exclusivement des O2-),
d'hydroxydes (uniquement des OH-) ou d'oxyhydroxydes (O2- et OH-), d'où le terme général
d'oxyhydroxydes qui est souvent utilisé pour les désigner. En outre, ces constituants ne comprennent
théoriquement qu'un seul cation de coordination (Fe ou Al par exemple), par opposition aux
aluminosilicates qui comprennent eux ou plus de deux cations de coordination.
Exemple : la série Gibbsite – Boehmite – Corindon, dont les formules respectives sont : Al(OH)3,
- AlOOH.– Al2O3.
En pédologie, les éléments associés à ces oxydes, hydroxydes et oxyhydroxydes sont regroupés
sous le vocable d'éléments libres. On parle donc des "formes libres" du fer, de l'aluminium, etc., pour
désigner les constituants minéraux du sol qui contiennent ces éléments mais sans qu'ils soient engagés
dans un réseau cristallin de type silicaté ou aluminosilicaté.
Par opposition, le fer et l'aluminium inclus dans une structure de silicate, sont définis comme étant
sous forme combinée, c'est-à-dire liée au réseau cristallin.
A titre d'exemple, les formes du fer dans le sol sont donc les suivantes :
46
Fig. 23 – Les formes du fer dans le sol
Les oxyhydroxydes libres présentent des degrés d'organisation qui vont de l'état amorphe à l'état
cristallin parfait, en passant par des formes d'organisation intermédiaires, à structure cristalline plus ou
moins organisée (formes dites paracristallines).
Les oxyhydroxydes les plus abondants dans les sols sont à base de fer et d'aluminium. Il s'agit en
effet de deux cations qui s'hydrolysent aux valeurs de pH communes dans les sols, si bien que
lorsqu'ils sont libérés dans la solution du sol à l'issue de l'altération des minéraux, ils évoluent
spontanément vers des formes hydroxylées insolubles et amorphes. Elles peuvent ensuite évoluer
progressivement vers l'état cristallin. Ce passage plus ou moins progressif de l'état amorphe à l'état
cristallin est qualifié de vieillissement ("aging" des auteurs anglo-saxons).
La genèse des différentes formes d'oxyhydroxydes peut dès lors être schématisée comme suit :
Minéraux primaires Minéraux amorphes Formes paracristallines Formes cristallines
48
La goethite, de formule αFeOOH, est l'oxyhydroxyde de fer le plus commun dans les sols de toutes
les régions du globe. Il s'agit en effet d'une forme cristalline stable dans une large gamme de
conditions édaphiques, d'où son caractère ubiquiste.
La goethite est de couleur brun rougeâtre à l'état déshydraté et brun jaunâtre à l'état hydraté.
Observée en microscopie électronique, elle se présente en fins cristaux de forme aciculaire, de quelque
0,5 µm de long, parfois groupés en macles étoilées.
Sa structure cristalline est déterminée par l'association du cation Fe 3+ avec des anions O2- et OH-
dans un motif octaédrique (coordinence VI). Ces octaèdres sont eux-mêmes associés en doubles
chaînes parallèles et alignées ; elles sont reliées entre elles par des ponts hydrogènes.
Il n'y a théoriquement pas de substitutions isomorphes, donc pas de charges structurelles.
Cependant, la goethite des sols présente fréquemment de 10 à 20 % de substitutions Fe/Al (parfois
Mn), déterminant un degré de cristallinité souvent imparfait.
La goethite se rencontre soit à l'état dispersé dans les sols, soit associée à la fraction argileuse (avec
laquelle elle va d'ailleurs avoir tendance à migrer), soit encore sous forme de concrétions de tailles et
de degrés d'induration très variables.
La lépidocrocite, de formule γFeOOH, plus rare que la goethite, se rencontre plus particulièrement
dans les sols hydromorphes où elle se forme par oxydation brutale de Fe2+.
Sa structure cristalline est celle d'octaèdres associés en deux couches emboîtées (double feuillet) ;
les feuillets successifs sont reliés par des ponts hydrogènes.
Les microcristaux de lépidocrocite se présentent en microscopie électronique sous forme de petites
plaquettes allongées de 0,1 à 0,7 µm de long.
L'hématite, de formule αFe2O3, est très commune dans les sols des régions tropicales et
subtropicales, où elle est souvent un produit de néoformation. Elle est à l'origine de la couleur rouge
caractéristique de ces sols (processus de rubéfaction).
49
Sa coloration est en effet franchement rouge et son effet de pigmentation est d'autant plus prononcé
que sa taille est réduite ; toutes choses égales par ailleurs, son pouvoir de coloration est plus important
que celui de la goethite avec laquelle elle est fréquemment associée.
L'hématite est constituée de microcristaux, généralement de taille inférieure à 0,1 µm, se présentant
sous la forme de plaquettes hexagonales. Leur structure cristalline résulte de l'association planaire
d'octaèdres (Fe3+ lié à des atomes d'oxygène en coordinence VI).
L'équilibre électrostatique est réalisé par l'occupation de 2 sites octaédriques sur 3 (structure
dioctaédrique). Il n'y a donc pas de charge structurelle.
50
Il est essentiellement régi par le pH et le potentiel redox (Eh) du milieu édaphique. Le pH
détermine les domaines d'apparition des formes ioniques ou hydroxylées, insolubles (voir ci-dessus
l'exemple du fer ferrique) ; le potentiel redox (Eh) détermine quant à lui les domaines d'existence des
ions ferriques (Fe3+) ou ferreux (Fe2+). La relation pH-Eh pour les différentes formes du fer est donnée
dans la figure ci-dessous et met en évidence la possibilité d'existence d'ions Fe2+ dans la solution du
sol jusqu'à des valeurs de pH voisines de 6.
La plus grande solubilité du fer ferreux explique sa forte mobilité dans les sols hydromorphes où
les formes ferreuses deviennent – ne fut-ce que temporairement (période d'engorgement) –
majoritaires.
Outre le pH et le potentiel redox, la présence de matière organique complexante est susceptible de
modifier le comportement géochimique du fer dans les sols et dans les eaux. En effet, la formation de
chélates permet de maintenir le fer à l'état soluble dans des conditions de pH pour lesquelles le cation
ferrique (ou ferreux) non chélaté précipiterait normalement sous forme d'hydroxyde.
En résumé, la mise en solution du fer sous forme ionique dans les sols et donc sa mobilité, ne
peuvent se concevoir que dans trois circonstances :
Lors d'un abaissement suffisant du pH : ceci n'a pratiquement aucune chance de se
produire, puisque le seuil de pH à franchir (en milieu aéré) est d'environ 2,5 et qu'aucun sol
naturel n'atteint une telle valeur.
Lors d'un passage du fer de l'état ferrique à l'état ferreux : le cation Fe2+ peut se maintenir
en solution même à des pH modérément acides (pH < 6 - 6,5).
Quand le fer se lie à des composés organiques solubles et chélatants qui assurent sa mise en
solution dans des conditions de pH et de Eh qui normalement devraient entraîner son
insolubilisation.
Si les conditions ayant permis la réduction ou la chélation du fer viennent à disparaître, cet élément
précipite sous forme hydroxylée. C'est notamment le cas lorsque l'atmosphère du sol redevient
oxydante (aération du sol en phase de dessiccation) ou lorsque l'activité microbiologique dégrade les
chélates. Enfin, une élévation du pH dans un horizon peut aussi provoquer l'insolubilisation du fer.
1.3.4 - La silice
Le silicium – second élément en abondance dans la croûte terrestre – est un constituant majeur des
sols sous diverses formes cristallines : quartz, silicates et aluminosilicates (primaires et secondaires) ;
il intervient aussi dans la composition d'aluminosilicates amorphes ou paracristallins (allophanes).
Sous l'action des processus d'altération, le silicium est libéré dans l'eau du sol sous forme de
monomères d'acide silicique H4SiO4 (solution vraie).
Tous les formes de silice (SiO2) sont solubles, même la plus stable, le quartz, mais à des degrés très
variables.
L'acide mono- ou ortho-silicique ainsi formé est un acide très faible (pKa = 9 à 10) dont la
dissociation libère des ions siliciques H4SiO4- , selon la réaction :
H4SiO4 H3SO4- + H+ Log K + -9,71
La concentration habituelle en acide silicique (monomères H4SiO4) dans la solution du sol est très
peu élevée : de 2 à 50 mg L-1 de silicium. A titre comparatif, la concentration en silicium dans les
nappes aquifères est généralement inférieure à 16 mg L-1 (elle est d'environ 2mg L-1 pour l'eau de
mer).
Lorsque la concentration en monomères siliciques dépasse le seuil de 60 mg L -1 de Si (soit 140 mg
L-1 de SiO2), ces monomères évoluent par polymérisation progressive avec formation de
macromolécules s'associant pour former un gel amorphe (silice amorphe ou colloïdale) :
Fig. 24 - Solubilité comparée en fonction du pH de la silice (une seule courbe) et de l'aluminium (deux
droites coupant l'axe des abscisses au pH 5-6 lorsque la solubilité est nulle).
54
Le passage d'une solution vraie à une solution colloïdale puis un gel amorphe, peut s'observer
expérimentalement lorsque l'on provoque la précipitation de la silice : on obtient un composé amorphe
constitué par un assemblage désordonné de tétraèdres Si(OH)4 sans aucune périodicité dans
l'agencement spatial des tétraèdres siliceux.
La solubilité de la silice amorphe est constante dans la gamme de pH de 2 à 8 (fig. 29) mais
augmente considérablement vers pH 9, c'est-à-dire en milieu franchement alcalin.
La solubilité limite de la silice monomère, à 25°C et pour des pH inférieurs à 8, est donc
théoriquement de 60 mg L-1 (ppm) de Si ; mais l'équilibre qui s'établit à cette concentration entre la
silice soluble et la silice colloïdale est parfois très lent, en sorte que la concentration en acide silicique
peut temporairement s'élever au-dessus du seuil de 60 ppm (sursaturation temporaire) ; elle évoluera
toutefois progressivement vers l'équilibre par formation de polymères insolubles. Il est exceptionnel
que la concentration en silice dans la solution du sol atteigne son niveau critique de solubilité ; ceci se
produit néanmoins dans certains sols des régions arides, avec pour conséquence la cimentation par de
la silice amorphe ou cryptocristalline (opale) de certains horizons (accumulation de silice secondaire).
1.3.5 - Carbonates
Avec les chlorures et les sulfates, les carbonates sont caractérisés par leur solubilité
relativement forte comparée à celle des silicates.
Le carbonate le plus abondant est la calcite (CaCO3). Les autres minéraux carbonatés que l'on peut
rencontrer dans les sols sont la dolomite [Ca.Mg(CO3)]2, la sidérite (FeCO3) et le carbonate de sodium
(Na2CO3), ce dernier n'étant présent que dans les sols halomorphes alcalins, à pH supérieur ou égal à
8,5.
55
le CaCO3 contenu dans cette fraction et le calcaire dit "actif", c'est-à-dire la fraction carbonatée
susceptible de se solubiliser rapidement.
Tableau 9 - Teneurs en calcaire total, calcaire actif, Ca et Mg échangeables dans divers types de sols
carbonatés (d'après Bonneau et Souchier, 1979).
Le CaCO3 peut donc se présenter dans les sols sous diverses formes :
Eléments grossiers, de taille > à 2 mm, constituant le squelette du sol. Hérités en droite ligne de la
roche-mère (calcaire "primaire"), ils sont, du fait de leur taille, peu réactifs (dissolution lente).
Calcaire finement divisé, donc plus rapidement solubilisable (calcaire actif). Ce calcaire fin peut,
soit être hérité directement de la roche mère (sur roches carbonatées tendres, telles que les craies, ou
argileuses comme les marnes), soit être issu de l'altération physique d'une roche carbonatée
(essentiellement par gélifraction), soit encore provenir de la précipitation de calcite dans certains
horizons du sol sous forme de revêtements microcristallins (pseudomycélium), de ciment liant les
particules entre elles ou même de petites concrétions ou nodules carbonatés (calcaire "secondaire").
Fig. 30. - Corrélation entre CaCO3 des fractions 0-20 µm et calcaire actif (d'après Dupuis, 1975).
L'accumulation de calcaire "secondaire" nécessite une dissolution préalable d'un matériau
carbonaté, soit dans les horizons supérieurs d'un profil, soit en position amont dans une séquence de
sols ; ce phénomène est particulièrement développé dans les sols des régions méditerranéennes et
semi-arides où il aboutit à la formation de croûtes et encroûtements calcaires extrêmement
importants (voir cours "Pédologie approfondie").
L'enchaînement des processus de dissolution et de reprécipitation de la calcite dans les sols est lié
aux conditions de milieu déterminant la solubilité du CaCO3. Pour rappel, la solubilité du carbonate
de calcium dans l'eau augmente lorsque la pression partielle en CO2 croît : pour une pression partielle
de 0,0033 atm, 117 mg de CaCO3 sont dissous par litre d'eau ; lorsque la pression partielle est de 0,1
atm (cas fréquent dans les sols), la solubilité du CaCO3 s'élève à 390 mg L-1. Par ailleurs, la
température affecte également la solubilité de la calcite : celle-ci décroît au fur et à mesure
56
qu'augmente la t°. A titre d'exemple, 49 mg L-1 sont solubles à 25°C, 60 mg L-1 à 15°C et 84 mg L-1 à
0°C, pour une pression partielle en CO2 de 0,0003 atm.
Propriétés favorables
La présence de carbonates influence fortement la réaction du sol, les sols carbonatés se distinguant
par un pH toujours supérieur à 7. Un tel pH est bien entendu favorable au point de vue de l'activité
biologique et notamment celle des lombricidés et de beaucoup de bactéries.
D'où la pratique du chaulage dans les terres de culture et plus exceptionnellement en milieu
forestier.
Par l'intermédiaire des ions Ca2+ qui sont abondamment libérés lors de leur dissolution, les
carbonates jouent un rôle important dans la structuration des sols et la stabilité de cette structure. La
présence de CaCO3 dans les sols a donc généralement un effet bénéfique sur la porosité, la
perméabilité, la résistance à la battance, etc.
Propriétés défavorables
Le pH élevé (compris habituellement entre 7 et 8,5) a pour effet de déterminer une absorption
déficiente de certains oligoéléments : manganèse ("chlorose manganique"), zinc, cuivre, bore, etc.
Lorsque le taux de calcaire actif est supérieur à 7 % (anciennement la valeur seuil était de 10 %),
on observe également une adsorption déficiente du fer : c'est la chlorose ferrique.
Le pouvoir chlorosant des sols carbonatés constitue donc un important facteur limitant dont il faut
tenir compte lors de leur utilisation, notamment dans les domaines de l'arboriculture et de la
viticulture.
L'insolubilisation du phosphore sous forme de phosphate tricalcique insoluble est classique en erre
calcaire. C'est le phénomène de rétrogradation apatitique du phosphore, les phosphates insolubilisés
évoluant vers la carbonate-apatite. Cette insolubilisation se manifeste à des valeurs de pH > 8.
La surabondance d'ion Ca2+ peut avoir pour effet une adsorption déficitaire en Mg2+ et K+. On
considère habituellement que la balance cationique optimale Ca/Mg doit être voisine de 12/1.
Lorsqu'ils précipitent, les carbonates secondaires peuvent, par occlusion partielle ou totale de
fragments organiques qu'ils mettent à l'abri de l'activité microbienne, déterminer une baisse très nette
des taux de minéralisation de l'azote et donc limiter sérieusement la disponibilité en cet élément.
57
Enfin, bon nombre de sols carbonatés sont des sols superficiels et pierreux (les Rendzines par
exemple), parfois à profondeur utile limitée et à faibles réserves hydriques, ce qui peut réduire plus ou
moins sensiblement leurs capacités de production.
Pour apprécier au mieux le risque de chlorose ferrique, Juste et Pouget (1972) ont proposé un
indice de pouvoir chlorosant (IPC) qui combine la mesure du calcaire actif et celle du fer extractible
par le même réactif (oxalate d'ammonium) : IPC = CaCO3actif × 104 / (FeOX )2 (avec CaCO3actif exprimé
en % et Feox en ppm). Ces auteurs ont fourni une échelle de résistance des porte-greffes utilisée
couramment en viticulture ; le risque de chlorose est important lorsque IPC > 60.
58
mais répartis ici sur plusieurs dm de profondeur. Dès que la teneur en matière organique d'un horizon
dépasse 30 %, celui-ci est considéré comme étant holorganique (= horizon O).
Les horizons profonds de la grande majorité des sols (horizons minéraux) ont des teneurs en M.O.
inférieures à 0,1 %. Le contenu en matière organique des sols est influencé globalement par :
les facteurs climatiques,
la végétation,
la texture du sol,
les conditions topographiques, influençant le microclimat et le drainage,
les pratiques culturales.
Quant à l'évolution des matières organiques dans le sol, elle se caractérise par un grand nombre de
mécanismes et de voies de transformation qui interviennent simultanément.
Le mode de restitution est également très différent selon qu'il s'agit d'une formation forestière
(restitutions aériennes par l'entremise des litières) ou herbacée (restitutions aériennes + restitutions
souterraines d'origine racinaire).
Aspect qualitatif : on se référera au tableau 10 donnant la composition de différents organes végétaux
d'origines diverses.
Les résidus végétaux sont formés essentiellement de polysaccharides (celluloses, hémicelluloses et
pectines) et de lignines. En règle générale, les formations forestières sont à l'origine d'un apport de
débris riches en lignine, alors que les formations herbacées le sont en cellulose.
Tableau 10 - Composition de différents organes végétaux, en % de la matière sèche (d'après
Scheffer et Schachtchabel, 1973).
59
2.3 – Composition de la fraction organique du sol
La fraction organique du sol est excessivement complexe et il faut être conscient que certaines
subdivisions sont parfois arbitraires. On distingue habituellement au sein de la matière organique du
sol les catégories suivantes (voir aussi le schéma hors texte) :
Débris végétaux peu transformés, à structure encore organisée ; l'appellation "matière organique
fraîche" est consacrée à cette fraction qui peut comprendre des feuilles, des tiges, des racines
mortes, des résidus de récolte, des exsudats foliaires et racinaires, mais aussi des cellules
microbiennes mortes.
Matière organique fortement transformée, d'origine végétale, animale ou microbienne ; il s'agit de
substances humifiées regroupées fréquemment sous le terme "humus" (au sens strict) ou
matière organique humifiée. C'est la composante principale du carbone du sol (60 à 70 % du
C total du sol, sauf dans certains horizons holorganiques).
Produits de composition intermédiaire entre 1 et 2, c'est-à-dire encore plus ou moins proches de la
matière organique peu transformée.
Composés organiques hydrosolubles, généralement de structure "simple" ou tout au moins de
composition chimique déterminée : acides aminés, acides organiques, lucides, polyphénols,
etc. Ensemble de substances carbonées parfois regroupées sous e vocable de "substances
non humiques".
Biomasse du sol : pédofaune (à l'exclusion de la macrofaune), mais surtout microorganismes
(bactéries, champignons, actinomycètes, fungi imperfecti). Dans les terres arables, la
biomasse microbienne peut représenter de 1 à 3 % du carbone total du sol.
Parmi toutes ces composantes de la fraction organique du sol, les substances humiques sont sans
conteste les plus importantes et ce pour deux raisons majeures :
les composés humiques présentent une forte réactivité vis-à-vis des minéraux argileux, des
oxyhydroxydes et des cations.
leur structure biochimique, très complexe, leur assure généralement une stabilité plus
grande que les composés carbonés originels dont ils dérivent ; leur vitesse de
décomposition (= de minéralisation) est donc souvent beaucoup plus faible que celle des
substances carbonées non humifiées. En d'autres termes, les substances humiques ont une
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"durée de vie" (ou "temps de résidence") beaucoup plus longue dans le milieu édaphique
que les composés carbonés dont ils sont issus.
En outre, les composés humiques sont des substances hydrophiles et présentent de ce fait une
importante capacité de rétention pour l'eau, particulièrement appréciable en sol sableux.
En règle générale, les composés humiques sont des substances de couleur foncée, hydrophiles, à
caractère acide et d'une grande complexité chimique, avec dominance des structures aromatiques.
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composés carbonés à des pH voisins de 10. Ces agents alcalins extraient
approximativement les 2/3 de la matière organique humifiée.
Dans certains cas, on utilise plutôt des agents chélatants (EDTA ammoniacal à pH 7) dont l'action
est plus spécifique et permet d'extraire les composés organiques liés au fer et à l'aluminium.
Précipitation de la fraction humique en milieu acide : par adjonction d'acide (HCl
jusqu'à pH 2), on provoque la dénaturation d'une partie des composés humiques qui
peuvent alors être séparés par centrifugation de ceux qui restent en solution.
Purification des fractions extraites par élimination des argiles, des cations (résines
échangeuses, dialyse), etc. Ultra-centrifugation et lyophilisation des extraits purifiés.
A l'issue de ce procédé de fractionnement, on obtient donc trois grandes catégories de
produits humifiés :
Une fraction non extractible par les réactifs alcalins = Humine.
Une fraction extractible en milieu alcalin mais insoluble dans les acides = Acides
Humiques.
Une fraction extractible en milieu alcalin et soluble dans les acides = Acides Fulviques.
Les premiers chercheurs étaient persuadés que chacune de ces trois fractions correspondait à des
composés chimiques de compositions différentes. On sait aujourd'hui que ces fractions ne sont
nullement des entités biochimiques bien déterminées et qu'il s'agit en l'occurrence d'un mélange,
encore assez mal connu, de nombreux composés organiques. En d'autres termes, les propriétés
physiques et chimiques de ces fractions ne peuvent pas toujours être traduites en termes de structure
moléculaire.
Les recherches des 20 dernières années ont cependant permis d'aboutir à une meilleure
connaissance de la composition biochimique des 3 fractions précitées et de proposer un modèle
structural élémentaire (fig. 32).
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Fig. 26 - Fractionnement de la M.O. du sol et substances humiques, montrant la variation de certaines
propriétés dans la séquence AF → Humine (d'après Greenland et Hayes, 1978).
Ces processus de transformation sont de deux types :
un processus de minéralisation,
un processus d'humification au sens strict.
Ces deux processus sont schématisés dans la figure 34. Il s'agit, dans une certaine mesure, de deux
processus "antagonistes", puisque la minéralisation entraîne la décroissance du taux de matière
organique du sol alors qu'à l'opposé, l'humification, en rendant les composés organiques plus résistants
à la biodégradation, a tendance à stabiliser le taux humique. En réalité dans un horizon humifère arrivé
à maturité, restitution, minéralisation et humification s'équilibrent.
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Fig. 27 - Processus d'humification et de minéralisation.(HR = humine résiduelle ; H1 = humine
d'insolubilisation ; HM = humine microbienne.
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Les transformations ultérieures, de nature enzymatique, sont assurées par l'activité microbienne et
fongique. Les champignons assurent généralement avec les Actinomycètes la minéralisation des
résidus végétaux les plus résistants.
Trois types de dégradation enzymatique dominent dans les sols :
La cellulolyse qui libère des glucides simples (hexoses, pentoses), des acides uroniques et
de l'acide galacturonique au départ des polysaccharides (cellulose, hémicellulose) et des
polyuronides (pectine) constituant les parois cellulaires. La cellulolyse est essentiellement
le fait d'organismes microbiens et elle est particulièrement rapide lorsque les conditions de
milieu sont favorables ; elle peut aussi être assurée très efficacement dans les litières
forestières par des champignons qui sont aussi des ligninolytiques.
La protéolyse du contenu cytoplasmique des cellules végétales et bactériennes. Cette
hydrolyse enzymatique libère des polypeptides et des acides aminés. La protéolyse est
également assurée par des agents bactériens.
La ligninolyse des parois et des tissus lignifiés des végétaux. Il s'agit d'un processus
beaucoup plus lent car la lignine est une macromolécule polyphénolique très stable et donc
difficilement biodégradable. La transformation partielle ("pourritures brunes") ou
complète ("pourritures blanches") de la lignine est assurée essentiellement par des
champignons et aboutit à terme à la libération de composés phénoliques simples
("monomères").
Les produits issus des trois processus de dégradation enzymatique précités sont soit assimilés par
les organismes du sol, soit intégrés aux macromolécules humiques et notamment les dérivés de la
lignine.
Théorie polyphénolique
Cette théorie est due à Flaig (1966). Sous l'action enzymatique des microorganismes du sol, une
série de constituants sont libérés à partir des résidus végétaux, lignine comprise. Ces produits de
décomposition sont essentiellement des polyphénols, soit de décomposition directe de la lignine (voie
3), soit de néosynthèse microbienne ou fongique au départ de produits initiaux non lignifiés (cellulose
transformée en polyphénols de synthèse par exemple) (voie 2). Par ailleurs, certains végétaux
fourniraient directement des composés phénoliques (diphénols des feuilles de Calluna, composés
phénoliques mélanisants du noyer).
Ces composés phénoliques sont ensuite transformés par oxydation enzymatique en quinones dont
la polymérisation en présence de composés aminés engendre des macromolécules de type humique
(humine d'insolubilisation). Il semble que des bactéries, des actinomycètes et surtout des
champignons contribuent activement au processus d'oxydation enzymatique et à la formation des
groupes quinoniques.
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Fig. 28 - Principales voies de synthèse de la matière organique humifiée (d'après Stevenson, 1982).
2.5 - Influence des facteurs du milieu sur l’évolution de la matière organique du sol
Les conditions stationnelles influencent de façon décisive les cycles de minéralisation et
d'humification. Elles déterminent notamment la genèse de composés humiques spécifiques ou tout au
moins la répartition de ceux-ci dans une proportion déterminée, souvent caractéristique d'un type
d'humus.
Les conditions de milieu englobent à la fois des conditions climatiques (ou microclimatiques), la
nature des roches-mères, la composition du couvert végétal, la topographie et les conditions de
drainage, les pratiques culturales, etc.
Les facteurs de station agissent de deux façons : 1) par action directe (climat, roche-mère,
topographie,...) ; 2) par action indirecte via le type de couvert végétal.
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Les conditions climatiques affectent à la fois la vitesse de décomposition de la matière organique et
le degré d'humification. En climat boréal, on assiste à un fort ralentissement de la décomposition de la
matière organique fraîche, avec pour conséquence son accumulation à la surface du sol (horizons
holorganiques O très développés dans les mors boréaux) ; en climat steppique c'est au contraire le
processus d'humification qui devient prépondérant, générant des horizons hémiorganiques Ah épais et
fortement humifiés (mulls chernozémiques à fort degré de polymérisation des acides humiques).
La composition de la roche-mère ou du matériau parent détermine souvent le statut chimique du sol
et donc la nature et le niveau de son activité biologique ou microbiologique (sols acides à faible
activité vs sols neutres à forte activité) ; elle oriente donc l'humification dans l'une ou l'autre voie de
synthèse précédemment décrite.
La topographie influence le microclimat et le drainage du sol et peut créer des conditions
d'anaérobiose plus ou moins prolongées avec pour conséquence une évolution de l'humification vers
les humus très organiques et tourbeux.
La végétation reflète très fidèlement les conditions stationnelles et constitue la "matière première"
des humus ; par la nature (litières de feuillus, de résineux, ...) et l'abondance des restitutions, le couvert
végétal orientera donc l'humification dans une voie déterminée.
Pour rappel, en milieu forestier, l'action conjointe des différents facteurs stationnels précités se
traduit par un type d'humus déterminé.
Ces types d'humus (dont les trois formes principales sont le mull, le moder et le mor) peuvent être
caractérisés par des critères morphologiques, chimiques et biochimiques.
La morphologie des types d'humus (fig. 36 et 37) concerne notamment l'importance relative des
horizons holorganiques O (anciennement A0 : O1 = horizon de litière, Of = horizon de fragmentation,
Oh = horizon humifié), contenant plus de 30 % de matière organique et hémiorganiques Ah
(anciennement A1), qui donne une indication sur la vitesse de décomposition de la matière organique
et sur son degré d'incorporation à la fraction minérale (reflet de l'activité biologique).
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Fig. 29 - Représentation schématique d'un humus forestier (d'après Babel, 1971).
Les caractéristiques chimiques (pH, taux de saturation, rapport C/N,...) des principaux types
d'humus sont reprises au tableau 12.
Quant aux caractéristiques "biochimiques", elles concernent la proportion des différents
constituants humiques : AF, AH et humine. Un exemple de fractionnement des composés humiques
de quelques types d'humus forestiers est donné dans la figure 30.
Fig. 30 - Représentation schématique de quelques types d'humus (d'après Brun, 1979 et Babel, 1971).
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Tableau 12 Caractéristiques analytiques des principaux types d'humus forestiers. (S/T = taux de
saturation apparent ; N /Nt = taux de minéralisation potentiel de l'azote ; N.NO /Nm = taux
de nitrification potentiel)
Fig. 31 - Fractionnement des composés humiques de quelques humus forestiers (horizons Ah, fractions
liées). La surface des cercles est proportionnelle à la quantité globale de composés humiques
(d’après Bonneau et Souchier, 1979).
Les minéraux primaires sont appauvris, ils perdent par dissolution des éléments chimiques ou en
gagnent et se transforment en minéraux secondaires dits hérités. Certains éléments chimiques en
solution se combinent, cristallisent (néoformation*) en nouveaux minéraux secondaires dits
néoformés. Les principaux minéraux secondaires néoformés sont : les argiles, les oxyhydroxydes de
fer, d'aluminium, de manganèse, de silicium.
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Les silicates et les oxydes de fer et d'aluminium se décomposent très lentement et sont rarement
lessivés. Quand certains de ces éléments entrent en contact avec l'air du sol, il se produit des réactions
chimiques, d'oxydation en particulier, qui ont pour effet de transformer les substances chimiques
originelles en substances plus solubles ou plus fragiles. Il s'ensuit une accélération des processus
d'altération, un lessivage plus intense des éléments chimiques et de nouvelles modifications de la
composition chimique du sol.
Quand un sol engorgé contenant des sulfures de fer (pyrites) est exposé à l'air, lors de la
construction d'étangs par exemple, il peut devenir un sol à sulfates acide d'eau douce. Les pyrites
s'oxydent et le sol devient acide. Il est probable dans ce cas que l'eau de l'étang sera trop acide pour un
élevage de poissons.
L'air qui se trouve dans le sol contient aussi du gaz carbonique. Ce gaz, combiné à l'eau, peut se
transformer en un acide faible (acide carbonique) qui réagira avec certains éléments chimiques pour en
former de nouveaux.
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Il importe d'identifier un sol à sulfates acide en puissance lors de l'étude pédologique du site des
étangs. On peut alors concevoir la construction de l'étang de telle sorte que ce type de sol ne soit pas
exposé à l'air, et éviter ainsi la forte acidification des digues et de l'eau de l'étang.
Pour identifier un sol à sulfates acide en puissance, procédez comme suit:
Prenez une poignée du sol à analyser.
Si l'échantillon est sec, mouillez-le.
Modelez l'échantillon humide pour obtenir une galette de 1 cm d'épaisseur.
Placez la galette humide dans un sac en plastique que vous fermez hermétiquement.
Au bout d'un mois, mesurez le pH du sol de la galette.
Si le pH est descendu au-dessous de 4, le sol est un sol à sulfates acide en puissance.
Note. Il importe que l'échantillon de sol reste humide, l'humidité devant favoriser une forte activité
bactérienne et une acidification plus rapide. Dans des échantillons secs, le pH n'atteindra sa valeur
minimale qu'au bout de quelques mois.
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