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Institut Agronomique & Vétérinaire Hassan II

Département des Ressources Naturelles et Environnement

Notes de cours de base de Sciences du sol

Prof. Brahim SOUDI


Réédité par Prof. Mustapha NAIMI
Avant-propos
Ce document est destiné à l’usage purement pédagogique et interne à l’Institut Agronomique et
vétérinaire Hassan II. Il est destiné aux étudiants de première année d’ingénieur. Son contenu
constitue un support du cours de base en Sciences du sol et couvre les principales notions sur la
formation du sol, ses constituants minéraux et organiques ainsi que ses propriétés physiques, physico-
chimiques et biochimiques. Sa position chronologique en début de la première année d’ingénieur se
justifie par le fait qu’il constitue un pré requis à d’autres cours en relation avec la production végétale
et les pratiques culturales (irrigation, fertilisation, etc.).
L’architecture de ce cours consiste en un mixage entre des propos théoriques, de l’illustration, des
applications pratiques, des exercices et des questions de réflexion. Toutefois, il ne peut se substituer aux
séances de cours animées par l’enseignant en salle. En effet, ce support doit être complété par les notes
personnelles que l’étudiant doit prendre en écoutant des explications et des approfondissements
concernant certains aspects. Des espaces réservés à cette fin sont disponibles dans ce support. Cela
permet aux étudiants d’ajouter les notes là où il faut et de manière juxtaposée aux notions déjà
rapportées. Cela fait de ce document « un book et un notebook mais physiquement associés ».
En plus de ce document, d’autres supports sont diffusés aux étudiants ou exposés en PowerPoint ou
sous forme audiovisuelle. Aussi, des visites de laboratoire et des démonstrations sont organisées pour
familiariser les étudiants à certaines mesures et analyses en relation avec les paramètres traités dans le
cours.
Je termine cet avant-propos par dire que « L’interaction entre l’enseignant et l’apprenant est la clé qui
permet de faire arriver au haut degré la perfection naturelle que comporte ce dernier »

Brahim SOUDI
Introduction
Le sol est une ressource naturelle de première importance qui occupe une position
interraciale de l’environnement. Il assure plusieurs fonctions nobles: support physique et
nutritif des plantes cultivées, épurateur, support des infrastructures urbaines et routières et
réservoir d’un grand patrimoine génétique. L’attention qui lui est accordée,
comparativement à l’eau par exemple, est malheureusement minuscule. Toutefois, son
importance commence à être de plus en plus reconnue. Il s’agit là d’un défi de la communauté
des spécialistes en sciences du sol qui doivent focaliser leur attention sur la sensibilisation de
toute la communauté internationale et en particulier les décideurs sur l’importance de cette
ressource et sur les menaces de sa dégradation qui varient d’intensité en fonction des
écosystèmes et du niveau de pression des activités humaines.
La connaissance du sol et la compréhension de son fonctionnement et des phénomènes
physiques, chimiques et biologiques qui s’y déroulent représentent des acquis de base pour
l’ingénieur agronome. Celui-ci est appelé aujourd’hui, à améliorer la productivité agricole
pour répondre aux besoins alimentaires d’une population croissante mais aussi à préserver la
qualité des ressources en sols contre les divers processus de détérioration pour garantir leur
durabilité.
Objectifs du cours
A la fin de ce cours, les étudiants auront compris et assimilé l’importance du sol en tant que
composante de l’agro - système qui conditionne la production et la productivité agricole. Aussi, ils
seront en mesure de juger la qualité globale d’un sol (fertilité physique et chimique) et de proposer
certaines actions de préservation de sa qualité et d’autres de restauration et de réhabilitation. Ce cours
offre aussi un certain nombre de pré - requis indispensables pour la suite du cursus (Agronomie,
irrigation, fertilisation, travail du sol etc.).

Quelques chiffres sur les sols cultivables au Maroc :


- SAU : environ 9 Millions d’hectares
- Superficie irriguée : 1.2 Millions d’hectares
- Plus de 70% des sols sont soumis à une aridité climatique
Chapitre 1: Définition, facteurs et étapes de formation du sol
1. Définition du sol Notes
La définition du sol a évolué avec le progrès
scientifique dans les disciplines de géologie, de
chimie, de physique et de biologie.
Selon la définition du Glossaire de la Science du Sol
(Société américaine de Science du sol) le sol est
défini comme étant (i) « un minéral meuble ou
matériau organique à la surface immédiate de la
Terre qui sert de milieu naturel de la croissance des
plantes, (ii) un minéral meuble ou matériau
organique à la surface immédiate de la Terre qui
résulté des effets de facteurs génétiques et
environnementaux: le climat incluant les effets de
toutes ses composantes (eau, température, vent,
etc.), les organismes vivants, le relief sur le
matériau parental (roche mère) durant ne période
donnée de temps. Le sol ainsi produit diffère du
matériau parental, duquel il est issu, pour la plupart
des propriétés physiques, chimiques, biologiques et
morphologiques.
Les spécialistes ou tout simplement les gens
attribuent aussi au sol des définitions selon leurs
préoccupations :
- Le géographe définit le sol en tant que
morceau de paysage
- Le géologue définit le sol comme une roche
fortement altérée
- L’aménagiste des espaces verts définit le sol
comme un support physique du gazon ou
autres plantes ornementales
- L’ingénieur civil définit le sol comme étant un
support ou matériel qui utilisable à des fins de
construction
- L’agronome définit le sol en tant que milieu
vivant ayant des propriétés physique chimique
et biochimique et qui est capable d’assurer une
croissance et un développement normal des
plantes cultivées.
- Etc.
Globalement, la définition du sol est tournée soit
sur la formation du sol ou sur les préoccupations
liées à son usage.
2. Limites physiques du sol
La limité supérieure est la frontière entre la surface du sol et l’air. La limité inférieure est
celle qui sépare le sol de ce qu’on appelle communément le sous-sol. Sur le plan pédologique,
cette limite correspond à la limite supérieure du matériau parental ou de ce qu’on appellera
roche - mère qui a donné naissance au sol. Les limites illustrées par la figure ci-après.

Notes
3. Facteurs de genèse d’un sol
Les principaux facteurs de genèse d’un sol sont au
nombre de cinq:
- la roche-mère ou matériau parental
- Le relief ou la topographie
- Le climat
- Les organismes vivants végétaux et animaux
- Le temps
L’équation de formation du sol d’après Jenny
s’écrit :
s = f(cl, o, r, p, t, h)
- cl : climat
- O : organismes vivants
- r : relief
- p : matériau parental
- t : temps
- h : Homme
3.1. Roche-mère
La roche-mère est un complexe qui résulte de la mise en association de deux ou plusieurs
minéraux. Il existe plusieurs types de roches : roches sédimentaires, roches volcaniques, roches
métamorphiques selon le cycle de formation.
En tant que facteur, la roche-mère intervient par sa nature, sa composition chimique et
minéralogique, sa dureté, son état de division et sa perméabilité.

3.2. Le climat L’eau pénètre dans une fracture de roche


Le climat intervient par ses différentes
composantes : la température, les précipitations
(l’eau), le gel, les vents etc. La température et
les précipitations sont les principaux facteurs
climatiques qui interviennent dans la formation
et l’évolution des sols.

Lorsque l’eau, qui se trouve dans les fissures,


se transforme en glace, son volume augmente
ce qui cause une fracturation de la roche
(phénomène de gélifraction). Ceci augmente
l’état de division de la roche et donc son
accessibilité aux facteurs de transformation
(altération).
Température Notes
La température intervient dans divers processus :
L’expansion ou l’exfoliation de la roche qui résulte
d’une différence de température entre la surface et
l’intérieur de la roche et par conséquent sur le
stock ou le niveau de la matière organique du sol à
un moment donné.
Precipitations
- Les précipitations augmentent la production
de la biomasse végétale et donc de la matière
organique du sol si les niveaux des
températures sont optimaux.
- Les excès de précipitations engorgent les
sols et diminue le taux de biodégradation de
la matière organique
- Les précipitations intenses augmentent le
taux d’érosion (cas du Rif au nord du
Maroc). L’érodibilité dépend bien entendu
d’autres facteurs (pente, végétation, nature
du sol, etc.)
Abrasion ou corrosion
Ce phénomène est causé par l’eau et le vent qui
transportent des sédiments ou particules
tranchants et abrasifs qui corrodent (forme
d’érosion) les roches qui affleurent à la surface de
la terre.

Notes
3.3. Relief ou topographie Notes
Le relief ou la topographie interviennent en tant
que facteurs de formation et/ou d’évolution du sol
par différentes composantes :
La pente
(Distance verticale/distance horizontale) x 100
lorsque la pente est supérieure à 15 %, on assiste à
une augmentation du ruissellement et du risque
d’érosion.
Ces phénomènes persistent mais à moindre
intensité lorsque la pente est inférieure à 5 %.
L’altitude
- Les zones hautes sont généralement plus
drainées que les bas fonds.
- La température diminue avec l’altitude
- Le facteur relief conditionne le facteur climat

3.4. Les organismes vivants Notes


On entend par le facteur « organismes vivants »
l’Homme, les végétaux et les animaux (faune et
flore du sol).
L’Homme peut agir sur l’évolution du sol à
travers la déforestation, la mise en culture d’une
végétation naturelle, l’addition de substances
chimiques etc.
Les végétaux ont la plus grande influence sur la
formation et l’évolution du sol :
Action mécanique de fissuration et altération
par les racines des plantes : Les plantes, en
pénétrant leurs racines, en croissance et
développement continus, dans les fissures des
matériaux rocheux, elles provoquent leur
écartement. A côté de cette action mécanique, les
végétaux peuvent avoir une action chimique
notamment de solubilisation des matériaux à
base de carbonate de calcium par la sécrétion des
acides organiques dans les exsudats racinaires.
Organismes vivants (suite)
La faune du sol et sa microflore jouent des rôles importants dans la formation du sol :
- Décomposition de la matière organique
- Mobilité de la matière organique
- Production de CO2

Notes
3.5. Le temps
Notes
Le facteur temps se traduit par l’âge chronologique
du sol et le degré de développement du profil du sol.
Sol jeune peu développé Sol mûr développé
Faible développement du Profil très développé
profil
Faible profondeur
NB. On verra plus loin d’autres paramètres liés au profil
qui renseignent sur le développement du sol.
Le facteur temps détermine le degré d’expression
des autres facteurs.
Sur granite (roche dure, difficilement altérable), il
faut plus de temps pour former un sol que sur des
marnes calcaires.

Résumé Notes
s = f(cl, o, r, p, t, h)
Tout changement dans un facteur donnera un type
de sol différent et/ou influencera la vitesse de
développement du sol.
Tous les facteurs jouent de manière interactive et
simultanée.
4. Etapes de formation d’un sol
Trois étapes :
(i) Désagrégation physique et altération chimique
(ii) Enrichissement da la matrice minérale en matière organique
(iii) Differentiation des horizons

4.1. Désagrégation physique et altération


chimique
Par le biais des facteurs physiques de Roche
formation du sol, la roche mère subit une
désagrégation (fragmentation, fracturation,
division, etc.). Il en résulte des pierres, des
cailloux, des graviers, etc. Cette désagrégation
Produits de désagrégation
se traduit par une augmentation de la surface (silice, oxydes, etc.)
spécifique et donc de l’augmentation de
l’accessibilité des agents d’altération.
Les produits de la désagrégation physique
subissent une altération chimique pour aboutir Complexe d’altération
à ce qu’on appelle une pâte ou complexe (pierres, cailloux, etc.)
d’altération composé de plusieurs composés :
silice, oxydes, etc.

4.2. Enrichissement du sol en matière Notes


organique
Le sol ne mérite l’appellation sol au sens
agropédologique du terme que lorsque vient
s’ajouter à la matrice minérale résultant de
l’étape 1, de la matière organique.
L’origine première de la matière organique :
fixation de CO2 et de l’azote de l’air
L’origine actuelle (la plus importante) : résidus
végétaux.
4.3. Différenciation des horizons
Les horizons sont les couches du sol qui se
succèdent verticalement depuis la surface du
sol jusqu’à la roche mère.
La différenciation des horizons s’opère par
plusieurs phénomènes dont le plus important
réside dans les migrations verticales,
ascendantes et descendantes, de substances
sous formes solubles ou particulaires. Notes
Les migrations ascendantes se passent
essentiellement dans les régions
caractérisées par une forte évaporation à une
saison donnée.
Les mouvements descendants ont lieu
lorsque la hauteur de pluie est supérieure à
celle de l’évaporation

Notion de profil pédologique et d’horizon


Le profil pédologique est la succession verticale des horizons pédologiques depuis la surface
du sol jusqu’à la roche mère.
A retenir
- Facteurs de genèse et leur interaction
- Etapes de formation d’un sol
- Notion d’horizon pédologique
Chapitre 2. Constituants minéraux
Le sol : système triphasique
1. Le sol est un système triphasique
Le sol est constitué de trois phases :
- La phase solide comprenant les constituants
minéraux et organiques du sol
- La phase liquide: eau du sol ou plus
exactement la solution du sol (eau + éléments
dissous).
- La phase gazeuse ou atmosphère du sol : cette
phase a la même composition en gaz que l’air
ambiant mais les proportions de gaz sont
différentes et moins stables à cause de l’activité
biologique de décomposition de la matière Architecture réelle
organique (production de CO2 et
consommation de O2), de la respiration
racinaire, et d’autres réactions chimiques. Le
tableau suivant relate les compositions
comparées de l’air atmosphérique et de l’air du
sol.
Compositions comparées de l’air atmosphérique et
de l’air du sol
Gaz Air atmosphérique Air du sol
Oxygène 21.0 % 10 à 20 %
Azote 78.0 % 78.5 à 80.0 %
Gaz carbonique 0.03 % 0.2 à 3.5 %
Vapeur d’eau Variable A saturation
Autres gaz Environ 1 % ? S : Solide, A : Air, E : Eau
Les proportions relatives (en volume) de la phase
gazeuse et de la phase liquide sont variables selon
le taux d’humidité. Comme on va le voir, dans un
sol saturé par exemple, le volume de l’air est nul.
1. Relations massiques et volumiques entre les trois phases du sol
Les relations entre la masse et le volume des trois phases du sol permettent de dégager un
certain nombre de paramètres importants : la densité réelle, la densité apparente, la porosité,
l’indice des vides, le taux de saturation etc. qui sont relatés dans le tableau ci-après :
Paramètre Formule Unité Observations
Densité réelle dr = Ms/Vs cm3/cm3 2.6 à 2.7
Moyenne = 2.65
Masse volumique Mv = MSol sec/Vt g/cm3 ou Kg/m3
Densité apparente da : (Msolsec/Vt)/1 sans d’unité 1.1 à 1.7 en
(Rapport de la masse moyenne dans les
volumique du sol et de celle sols cultivés
de l’eau (1 g/cm3))
Porosité P (%) = [Vv/Vot] x 100
Ou
P = 100 (1 - Da/Dr)
Vtot = Va + Ve + Vs Vv =
Va + Ve
Indice des vides Ee = Vv/Vs sans d’unité
Taux de saturation (Ve/Vvides) x 100 %
Humidité massique ou Hm = (Me/Msol sec) x 100 % ou g/g
teneur en eau massique
Humidité volumique Hv = (Ve/Vt) x 100 % ou cm3/cm3 Hv = da. Hm

Densité réelle de divers matériaux pédologiques et


de différents sols
Matériau/sol Densité réelle
Quarts et Feldspaths 2.6 à 2.7
Mica 2.8 à 3.2
Craie blanche 2.25 à 2.35
Sables 2.6 à 3
Argile 2.52
Matière organique du sol 1.5 à 1.6
Sols calcaires 2.45
Sols humifères 1.8 à 2.45
V total = Vs + Ve + Va V vide = V a + Ve
M totale = Ms + Me
Application pratique
La densité apparente est un paramètre important. En effet ce paramètre est indicateur de
tassement du sol et de son degré d’aération. L’augmentation de la densité apparente d’une
couche ou de plusieurs couches (horizons) d’un sol donné signifie la diminution du volume total
(dénominateur de la formule de la formule de densité apparente). Comme le volume de solide est
plus ou moins constant, la diminution du volume total correspond à une diminution du volume
de vides et par conséquent de la porosité. Cela signifie aussi, que le volume susceptible d’être
occupé par l’air et/ou par l’eau diminue. Il en résulte une diminution de la capacité de stockage
de l’eau et de l’aération. Comme on va le voir, ces aspects sont de première importance pour
l’activité biologique du sol, le développement racinaire, l’absorption des éléments nutritifs, la
circulation de l’eau etc.
Ce paramètre doit faire partie de la liste des paramètres de suivi de la qualité d’un sol.

Notes
Mesure la densité apparente
On peut mesure la densité apparente de la surface du sol ou la densité apparente pour chaque
horizon en enfonçant dans le sol un cylindre de volume connu et de diamètre plus ou moins
standard. Selon l’état de surface et en particulier selon la charge en éléments grossiers (cailloux,
graviers, concrétions etc.) dans la couche superficielle, le diamètre peut être adaptée. Il est de
plus en plus grand quand la charge en éléments grossiers augmente ou lorsque le sol présente
des fissures. Cela permet de diluer l’erreur de mesure. Le principe de mesure est schématisé ci-
après :

Une fois le cylindre est prélevé, il est transporté au laboratoire et mis dans une étuve réglé à 105 °C
pendant 24 à 48 heures. L’échantillon du sol sec est pesé pour obtenir la masse du sol sec (Msol sec). Le
volume de cylindre est connu.

Notes
La mesure pour tous les horizons peut être Notes
effectuée comme le montre la figure suivante

Répondre aux questions suivantes :


1. Expliquer pourquoi la densité apparente est
différente à travers les différents horizons
du sol.
2. Si dans un sol donné, la densité apparente
augmente, à quoi peut être due cette
augmentation? Quelles conséquences?
3. Constituants minéraux
3.1. Minéraux primaires et minéraux secondaires
Deux types de minéraux sont rencontrés dans les systèmes naturels: les minéraux primaires
et les minéraux secondaires. Cette catégorisation est basée sur le mode de formation et non
sur la composition (Voir schéma suivant).

Les minéraux primaires se sont cristallisent à partir de refroidissement de magma et les


minéraux secondaires proviennent de l’altération des minéraux primaires.
Les principaux minéraux primaires sont rapportés dans le tableau suivant :
Principaux types de minéraux primaires
Type de minéral Formule chimique de base
Quartz SiO2
Orthoclase/feldspath KAlSi3O8
Plagioclase (Ca, Na)AlSi3O8
Muscovite/micas KAlSi3O10(OH)2
Biotite KAl(Mg, Fe)3Si3O10(OH)2
Amphibole Ca2Al2Mg2Fe3Si6O22(OH)2
Augite/Pyroxène Ca2(Al, Fe)4(Mg, Fe)4Si6O24
Les principaux minéraux secondaires sont rapportés dans le tableau suivant :
Principaux types de minéraux secondaires
Type de minéral Formule chimique de base
Silicates Différents types d’argiles
Oxydes de fer :
 Hématite Fe2O3
 Goethite FeOOH
Oxyde d’aluminium :
 Gibbsite Al(OH)2
Carbonates :
 Calcite CaCO3
 Dolomite CaMg(CO3)2
Sulfates (essentiellement le gypse) CaSO4(H2O)2
Les principaux minéraux secondaires qui nous intéressent dans ce cours sont les argiles
(phyllosilicates).

Notes
Notion de texture du sol
La texture est la composition centésimale du sol en sable, limon et argile. Les tailles de ces
particules élémentaires du sol sont: Argile: < 0.002 mm, Limon: 0.002 - 0.05 mm, Sable: 0.05 - 2
mm. L’importance de ce paramètre texture réside dans le fait qu’il conditionne l’infiltration de
l’eau dans le sol et la rétention de l’eau par le sol. Ces éléments sont importants dans la
détermination de la réserve en eau du sol, pour le choix du système d’irrigation et pour le
pilotage de l’irrigation.
La texture est déterminée au laboratoire par l’analyse granulométrique (Cf. Visite du
laboratoire et principe de la loi de Stockes). Lorsque les proportions d’argile, de limon et de
sable sont déterminées, la classe texturale du sol se détermine par report des valeurs dans le
triangle texturale (figure ci-dessous).

Classes texturales
A : Argileux L : Limoneux
As : Argilo-sableux Ls : Limono-sableux
Al : Argilo-limoneux Lfa : Limoneux fins argileux
La : Limono-argileux Lf : Limoneux fins
Laf : Limono-argileux fins Ltf : Limoneux très fins
Las : Limono-argileux sableux Sl : Sablo-limoneux
S : Sableux
On peut aussi adopter, pour la représentation graphique des résultats de l’analyse
granulométrique le triangle rectangle comme le montre la figure suivante :

Exemple d'utilisation : Si une terre a, par exemple, 25% d'argiles et 30% de limons, la droite horizontale
passant par le niveau 25% d'argiles et la droite verticale passant par le niveau 30% de limons se coupent
au point situé dans la zone LAS. Ce sol est donc qualifié de limono-argilo-sableux.
Important pour le stage en exploitation: détermination de la texture in situ (Test tactile)
3.2. Les argiles
3.2.1. Eléments de structure (a) (b)
Deux motifs élémentaires sont à la base de
la structure des argiles : le tétraèdre (a) et Si2O5-2 Al(OH)6-3
l’octaèdre (b).

Oxygènes
Si Al

Les tétraèdres s’associent pour former des


couches tétraédriques et les octaèdres pour
former des couches octaédriques.
Selon l’empilement et l’agencement de ces couches, on a différents types d’argiles. Voici
quelques exemples :

Notes
Deux grandes catégories d’argiles :
1/1 : Tétraèdre- Octaèdre
2/1 : Tétraèdre-Octaèdre-Tétraèdre

Exemple : Kaolinite (type 1/1)


Quelques exemples :
La Kaolinite (1/1, d=7 A°)
Les Illites (2/1, d=10 A°)
Les Smectites (2/1, d= 14 A°)
Les Chlorites (2/1, d= 14 A°)
La Vermiculite (2/1, d= 12 A°)

Exemple : Muscovite de (type 2/1)

Notes
3.2.2. Propriétés des argiles
a) Adsorption d’eau et gonflement
Trois (3) états de l’eau :
- Eau adsorbée à la surface,
- Eau absorbée dans les positions inter-foliaires entre les feuillets,
- Eau cristalline faisant partie de la structure.
L’eau absorbée provoque un gonflement de certains types d’argiles. Celles-ci s’appellent des
argiles gonflantes (Smectites, beidelite, vermiculite, etc.)

Conséquence du gonflement des argiles dans la déstructuration d’un sol (La Nature, 1981)

Ce phénomène est assez prononcé dans les sols à argile gonflante comme le cas de Tirs
(Vertisol). Au Maroc, les sols à argiles gonflantes se trouvent en grande partie dans la Chaouia
et dans la plaine du Gharb.
b) Surface spécifique élevée
Comme nous allons le revoir lors de la définition de la texture, les argiles sont définies comme
des minéraux de petite taille. Cette taille très fine leur confère une grande surface spécifique
(Surface (m2)/unité de poids (gr)).
Voici quelques ordres de grandeurs de surface spécifique (m2/g) d’après plusieurs références :
- Smectite et montmorillonite : 800
- Vermiculite : 750
- Chlorite : 15
- Kaolinité : 15
- Illite : 30

Effectuez ce calcul :
Calculer la surface spécifique développée par un hectare d’un sol ayant une teneur en argile de type
smectite de 20% sur la couche 0-20 cm. Le sol a une masse volumique de 1500 kg/m3. Comparer cette
surface à d’autres repères : la superficie du Maroc ou autres.
Notes
c) Les argiles ont d’autres propriétés
Nettoyage par adsorption : ex. Shampoing à base de la Ghassoulite (type d’argile) ou savon
traditionnel (Ghassoule).
Propriété de plasticité : usage en poterie etc. Cette propréiéte offre la possiblité de modelage.
d) Les argiles sont des colloïdes minéraux chargés négativement
Les minéraux argileux se caractérisent par une surface électrique chargée négativement. Ces
charges proviennent des substitutions ioniques qui consistent en le remplacement du cation
central des tétraèdres ou octaèdres par un cation de morphologie identique mais de valence
inférieure (Al3+ pour Si4+ dans le tétraèdre, Mg2+ ou Fe2+ pour Al3+ dans l’octaèdre).
Ces charges peuvent aussi provenir des ruptures accidentelles des liaisons Si-O.
Nous gardons en mémoire cette propriété qu’à laquelle nous allons revenir dans le chapitre
physico- chimie du sol.

Notes
Chapitre 2: Constituants organiques
1. Rappels
Un sol ne mérite pas l’appellation « Sol » au sens
agropédologique du terme si la matière organique
ne vient pas s’ajouter à matrice minérale lors du
processus de pédogenèse.
Les constituants organiques constituent, avec les
constituants minéraux, la phase solide d’un sol.
Soulignons que la fraction organique en représente
qu’une faible proportion comparée à la fraction
minérale.
2. Principales catégories de matière organique

 matière organique fraîche ou résidus de


cultures (restes de cultures)
- Cas des grandes cultures (céréales,
betterave sucrière, cultures fourragères,
etc.): 1-10 t/ha
- Cas des cultures légumières en plein
champ: 5-15 t/ha
- Cas des cultures de fruits et légumes sous
serre: 20-50 t/ha (45 000 ha de tomates,
haricots, bananier produisent plus de 800
000 t/an)
 Matière organique en décomposition :
transformation de composés organiques de
la matière organique fraîche en sous
produits de la biodégradation (les maîtres
d’œuvre sont les micro-organismes du sol.
Résidus de MO MO en décomposition
 Matière organique humifiée riche en humus
ou substances humiques : Substances
humiques : macromolécules complexes
résultant des produits de la matière
organique fraîche et des sous produits de sa
biodégradation.

Complexité moléculaire d’une substance humique


Principaux types de substances humiques :
- Acides humiques
- Acides fulviques
- Humine
On ne connaît pas à nos jours la formule et la structure biochimique de ces substances humiques.
Seules des formules hypothétiques sont proposées (Voir modèle ci-joint Modèle de structure des
composés humiques (Andreux and Munier-Lamy, 1994).
Pour mémoire
Ces composés se distinguent par leur poids moléculaire et par le nombre de groupements
fonctionnels (COOH, OH et phénols).
Caractéristiques des substances humiques (Stevenson and Cole, 1999)
Acides fulviques Acides humiques
Couleur Jaune Brun
Degré de polymérisation Faible Elevé
Poids moléculaire (Da) <1000 300 000
Carbone 45% 62%
Oxygène 48% 30%
Acidité échangeable 1 400 <500
Degré de solubilité Elevé Faible
Fractionnement des substances humiques

Notes
Propriétés des substances humiques
(i) Les substances humiques (SH) sont des acides polyfonctionnels
(ii) Les SH sont des colloïdes chargés négativement
Origines des charges négatives des substances humiques :
(i) Dissociation des groupements carboxyliques

(ii) Déprotonation des groupements phénoliques :

Notes
3. Schéma général d’évolution de la matière organique
Schéma général d’évolution de la MO

Min
érali
satio
n Minéralisation
prim secondaire
aire

Composition de la matière organique fraîche


• Eau (~75%)
• Matière sèche (~25%)
• Cellulose, lignine, hémicellulose, lipides
• Protéines, sucres, amidon
• Plus de 90 % (de matière sèche) : C, O et H
• Reste 5-10% de cendres
• Autres éléments : N, P, K, S, Ca, etc.
Minéralisation primaire : biodégradation de la matière organique fraîche. Différents composés
en résultent. La biodégradation des composés de la matière organique fraîche peut être plus ou
moins rapide selon la nature de ces composés :
• Composés facilement biodégradables : amidon, sucre, pectine, acides aminés etc.
• Composés de biodégradabilité moyenne : protéines, hémicellulose, cellulose.
• Composés récalcitrants : ligno - cellulose, lignine
Minéralisation secondaire : biodégradation de la matière humique (même prinvipe que la
minéralisation primaire)
Humification : édification de macro-molécules appelées substances humiques. Cette édification
consiste en une polymérisation et/ou polycondensation des composés organiques de la matière
organique fraîche et des substances intermédiaires résultant de la minéralisation primaire.
Remarque :
• Les processus de minéralisation Iaire et IIaire et le processus d’humification se
déroulement de manière simultanée.
La minéralisation de la matière organique (minéralisation primaire) est plus rapide que la
minéralisation des substances humiques (minéralisation secondaire).
4. Bilan de l’humus (MO)
Humification : Hp = Kh x (MOF) (Production)
Minéralisation : Hd = Km x Hsol (Destruction)
• Kh est fonction de la nature de MOF et
des facteurs pédo-climatiques
• Km dépend de la température et de
l’humidité
3 cas possibles :
• Hp < Hd (déficit humique)
• Hp > Hd (enrichissement)
• Hp = Hd (équilibre)

Humification modérée à élevée : 10 à 40 % Notes


selon la nature de MOF :
Ordre de grandeur du taux d’humification (kh)
 Paille : 30-50 %
 Engrais vert : 10-15 %
 Fumier bien décomposé :15-20 %
 Bois de taille broyé : 20-35 %
15-30% de résidus de cultures est convertis en
humus
Minéralisation (Km) :
 2 % en zones d’agriculture pluviale
 2.5 % à 3 % en irrigué
 3 % à 4 % sous serre
Exemple :
Si MO = 2% sur la couche 0-20 cm (masse volumique = 1500 Kg/m3) et Km = 3% Hd = 1.8 tonnes/ha.an
Apport de MOF (kh = 20 %) pour compenser la perte : 1.8 : 0.20 = 9 tonnes/ha.an
Attention : maintenir l’équilibre vaut mieux que combler le déficit !
Le temps de compensation de déficit peut être plus grand que le temps durant lequel la perte
s’est opérée (notion de temps de demi-vie).
En supposant que la minéralisation obéit à une cinétique de premier ordre (dH/dt = - kmH)
et sachant que le temps de demie vie correspond au temps nécessaire de minéralisation de la
moitié de H0 (humus initial à l’équilibre), on peut démontrer que le temps de demi-vie est
calculé comme suit :
T1/2 = ln2/Km
T1/2 : en semaine ou année selon que la fraction de la matière organique est facilement ou
difficilement minéralisable.
Km en sem-1 ou année-1

Détermination de la matière organique du sol


On analyse le carbone organique dans un échantillon de sol représentatif
La méthode chimique est celle de Walkley and Black. Cette méthode consiste en une oxydation du
carbone organique avec du bichromate de potassium en milieu sulfurique. L’excès de bichromate
n’ayant pas réagi avec le carbone organique est titré en retour par le sel de Mohr (FeSO4).
La réaction globale d’oxydo-réduction et les volumes et titres de bichromate et du FeSO4 permettent de
calculer la teneur en carbone organique du sol (Corg (%))
La teneur en matière organique est estimée comme suit :
MO (%) = Corg (%) x 1.724
Le coefficient 1.724 correspond au fait que la matière organique contient en moyenne 58% de carbone
organique.
5. Rôles de la matière organique
1. Effets de la matière organique sur la croissance des plantes (via le sol)
Amélioration des propriétés physiques :
• Amélioration de la structure du sol
• Amélioration de la capacité de rétention d’eau et de l’aération du sol
• Protection de la surface du sol par le mulching
• Diminution de l’érosion
2. Effets de la matière organique sur la croissance des plantes (via le sol)
Influence sur les propriétés chimiques :
• La sorption d’éléments nutritifs par les acides humiques
• La fourniture des éléments nutritifs par voie de minéralisation
Exemple : Calculer la quantité d’azote minéral apportée (sous forme de nitrate d’ammonium dosé à
33.5%) par 40 tonnes de fumier ovin par hectare sur la couche de 20 cm. La teneur en azote organique
du fumier est de 3 %. Le taux de minéralisation annuel (première année est de 70 %).
La masse volumique du sol est de 1500 kg/m3
• Fixation d’éléments nutritifs dans les complexes organiques (influence négative à court
terme)
• Effets des régulateurs de croissance (ex. antibiotiques protégeant la plante contre des
maladies : biofumigation).

MO : rôle pivot dans le sol (Interpréter le schéma relationnel suivant)


Voir les chapitres : Physico-chimie du sol, structure du sol

Activité
biologique

Rétention en Capacité d’échange


eau cationique

Stabilité de
la structure Fertilité chimique
Matière (éléments nutritifs
organique et biodisponibilité
Densité
apparente

Aération du Taux
sol/Porosité d’infiltration
6. Amendements organiques

Divers produits :
• Résidus de cultures (paille, feuilles, etc.)
• Fumiers
• Compost
• Engrais verts (légumineuses incorporées au sol)
• Autres déchets : déchets ménagers, boues résiduaires, déchets de bois, etc.)
Cas de fumier
Le fumier est un excellent produit d’amendement organique du sol (amélioration de la
fertilité physique et chimique du sol)
Mais :
• Il véhicule des graines de mauvaises herbes
• Il véhicule des agents pathogènes (nématodes etc.)
• Il a une composition hétérogène et instable
La composition est très variable en fonction de :
• L’espèce animale
- Fientes de volaille: 2 à 4 % d’azote
- Fumier ovin : 0.7 à 2.5
- Fumier bovin : 0.6 à 1.5
• La ration alimentaire
• Le mode et l’état de stockage
• L’état de décomposition avant incorporation au sol
Important : Animation d’une discussion sur les rôles des acides humiques et acides fulviques en
agriculture moderne (amélioration de la qualité des fruits, amélioration du calibre de certains fruits,
renforcement de la cuticule racinaire, amélioration de l’absorption des éléments nutritifs et leur
biodisponibilité, développement racinaire etc.)

Pour capitaliser les avantages des matières organiques fraîches (fumier, déchets verts, etc.) et éviter les
nuisances associées à leur utilisation à l’état frais, il est recommandé de les composter.
Le détail sur le processus de compostage est rapporté dans la fiche technique publiée dans bulletin de
Transfert de Technologie N° 129 (2005) (http://www.vulgarisation.net/bul129.htm)
7. Distribution de la matière organique

Facteurs de distribution géographique Exemple :


Texture Couche Couche
- Climat superficielle profonde
- Types de sols (texture) (<40 cm) (>40 cm)
Sableuse 0,80 0,50
L’argile protège la matière organqiue contre la Argilo limoneuse 1,30 0,55
biodégradation via le phénomène d’adsorption Argileu 1.45 0,65

Le même type de sol peut contenir des Distribution de la biomasse dans le profil du sol
teneurs différentes de matière organique
selon le mode de son exploitation (travail du
sol, amendements, systèmes de cultures, etc.)
Verticalement, la teneur en matière organique
diminue avec la profondeur du sol. Cela
s’explique par la diminution de la biomasse
microbienne et son activité avec la
profondeur et aussi de la diminution de la
biomasse racinaire avec la profondeur.

Interprétation de la figure suivante

8. Effet du rapport C/N (voir séances de travaux dirigés)


Illustration de la réorganisation Commentaires
(interpréter)
Chapitre 3 : Physico-chimie du sol
1. Introduction
En plus des relations massiques et volumiques entre les trois phases du sol (phase solide, phase
liquide, phase gazeuse, il existe des relations de nature physico-chimique entre ces trois phases et
en particulier entre les constituants organiques, les constituants minéraux et la phase liquide,
plutôt appelée ici solution du sol.
2. Complexe absorbant ou complexe Conventionnellement, on adopte la représentation
argilo-humique (CAH) suivante pour les deux types de colloïdes :
Dans les deux chapitres précédents, nous Colloïde argileux
avons appris que les colloïdes argileux et les
colloïdes humiques sont chargés
négativement. Ces deux entités s’associent
entre elles pour former ce qu’on appelle le
complexe argilo humique.
L’association entre ces deux entités chargées
négativement se fait à travers un pont
calcique, des oxydes de fer et d’aluminium Colloïde humique
(voir schéma ci-contre)
Le CAH peut être schématisé classiquement
comme suit :

Association organo-minérale (argile + humus)

Ou
Ca

CAH

Al
3. Valeurs caractéristiques du CAH
3.1. Capacité d’Echange cationique (CEC)
La CEC est la capacité maximale de cations que peut retenir un poids déterminé d’un sol
(généralement 100 grammes) car la CEC est exprimée en méq/100 g de sol sec.
En d’autres termes la CEC correspond à l’ensemble des charges négatives susceptibles de
retenir les cations.
Chaque type de sol est doté d’une CEC qui le caractérise. L’ordre de grandeur et la valeur de
CEC est fonction de la teneur en argile (colloïdes chargés négativement) et des substances
humiques (colloïdes chargés négativement) mais aussi de la nature minéralogique des argiles.
En effet, les argiles sont différentes en terme charge négative totale étant donné que la
structure des argiles, touchées par la substitution isomorphique et des ruptures accidentelles
des liaisons internes, est différente.
Voici quelques ordres de grandeur de la CEC des sols selon le type d’argile dominant :
Type de colloïde argileux CEC (meq/100g de sol)
Argile type 1/1 3 - 15
Argile type 2/1 10 - 40
Illite 10 - 40
Montmorillonite 80 - 150
Vermiculite 100 - 150
Les colloïdes humiques ont une CEC qui varie de 200 à 300 méq/100g
Pour chaque pourcent d’humus dans le sol, la CEC augmente d’environ 2 méq/100g de sol.
3.2. Taux de saturation en bases Notes
échangeables (TSBE)
Les bases échangeables sont : Ca++, Mg++,
Na+ et K+
TSB = 100 x [Somme de bases échangeables]
/CEC
Les bases échangeables sont exprimées en
méq/100g de sol.
Le TSBE exprime le niveau d’occupation de la
CEC (ou de charges négatives du CAH) comme
le montre bien la formule précédente.
Ces bases échangeables se trouvent sur le CAH
mais peuvent être échangées avec des cations
en solution du sol.
On peut aussi calculer un taux de saturation en
cations acides
3. Echange cationique
Entre la solution du sol et le CAH, il existe un
échange perpétuel de cations.
On distingue deux types d’échange :
- Echange homovalent : échange entre
cations de même valence
- Echange hétérovalent : échange de valence
différente
On définit un pouvoir de remplacement d’un
cation par un autre sur le CAH. On dit aussi
qu’un cation est plus sélectif qu’un autre cation. Dans le schéma suivant, la longueur de la
Le cation le plus sélectif est celui qui a le plus flèche entre le cation et le CAH est
d’affinité à s’adsorber sur le CAH. proportionnelle à la sélectivité du cation.
L’épaisseur du trait de contour indique la
Pour un échange homovalent, le cation le plus grandeur de rayon d’hydratation.
sélectif est celui ayant le rayon d’hydratation le
plus faible.
Pour un échange hétérovalent, le cation le plus Ca++
sélectif est celui qui a la valence la plus élevée
et le rayon d’hydratation le plus faible.
Ordre de sélectivité : K+
Al(3+)>Ca(2+)>Mg(2+)>NH4(1+)=K(1+)>Na(+1)

Na+

Exemple d’échange cationique

Na
+ Ca2+ Ca
Na
4. pH du sol Notes
pH = - log (H+)
(H+) : concentration en proton H+ dans la
solution du sol On distingue deux types de pH :
- pHeau qui correspond à la concentration de
H+ dans la solution du sol. La mesure est
donc effectuée dans une suspension du sol
préparée avec un rapport sol : eau de 1 :2.5.
Ce pH renseigne sur l’acidité actuelle ou
réelle du sol.
- pHKCl qui correspond à la concentration en
H+ dans la solution du sol et celle provenant
du CAH après avoir été remplacés par e
potassium ajoutée sous forme de KCl à la
solution du sol.
La différence pHeau - pHKCl renseigne sur
l’acidité de réserve ou l’acidité d’échange
(représentée par les H+ sur le CAH).
On distingue des sols acides, des sols neutres
ou au voisinage de la neutralité et des sols
alcalins ou basiques.
- Sols franchement acides : pH<5,5
- Sols franchement basiques : pH>8,5
Au Maroc la plupart des sols sont autour de la
neutralité à basique (6,5 - 8,5). Des sols acides
sont très localisés dans certaines régions.
6. Pouvoir tampon du sol
Le pouvoir tampon du sol est son aptitude de
résister à l’acidification et à l’alcalisation. Ces
phénomènes peuvent s’opérer après addition
des composés acides ou alcalins au sol ou
naturellement suite à des réactions chimiques
ou biochimiques (Ex. : Nitrification, pluies
acides, engrais, chaulage, etc.)
Le pouvoir tampon peut être déterminé au
laboratoire en élaborant des courbes de x = Base (en méq/100 g de sol)
titration en ajoutant un acide ou une base. Pouvoir tampon = 1/pente de la portion
Le pouvoir tampon est plus élevé dans un sol linéaire de la courbe de titration. Cette
ayant un CAH plus développé (riche en argile supposition qui ne considérer que la portion
et en humus). linéaire correspond à une réalité qui réside dans
le fait qu’on ne peut pas augmenter en une
seule fois le pH de plus d’une unité.

Illustration du mécanisme de résistance à l’acidification et à l’alcalinisation :


a) Ajout de HCl (acidification)
H+ (HCl)

Solution du sol
H+

Dans ce cas, le sol s’oppose à l’acidification en fixant les protons H+ sur le CAH pour maintenir
l’équilibre entre le CAH et la solution du sol
b) Ajout de NaOH (alcalinisation)
OH- (NaOH)

Solution du sol
OH- + H+ = H2O
Dans ce cas, le sol s’oppose à l’alcalinisation en neutralisant les anions OH- par H+
(formation d’une molécule d’eau). Pour maintenir l’équilibre entre des protons en solution et
de ceux sur le CAH, pour chaque OH ajouté, un proton H+ s’adsorbe sur le CAH.
Attention : Le pouvoir tampon a une limite. Les sols peuvent subir une acidification et une
alcalinisation.
Importance du pH :
Le pH est en relation avec plusieurs propriétés du sol et plusieurs aspects de comportement
du sol et de la culture :
- Le pH influence l’activité biologique du sol puisque les espèces de microflore du sol
n’ont pas le même niveau de tolérance au pH (basophiles, acidophiles, neutrophiles).
- Le pH conditionne la biodisponibilité et l’assimilabilité des éléments nutritifs. Cette
biodisponibilité est déterminée par plusieurs facteurs : perte des éléments nutritifs par
exemple par volatilisation de l’ammonium, précipitation en pH basique de certains
éléments mineurs (oligo-éléments), compétition électrostatique entre H+ ou OH- avec
des éléments nutritifs cationiques et anioniques etc.).
Le diagramme suivant illustre la biodisponibilité des éléments nutritifs pour les cultures en
fonction du pH.
Remarques
Un pH basique du sol permet de réduire la solubilité de certains éléments traces
métalliques (métaux lourds) comme le Cd, le Hg, etc. et réduit par conséquence le risque
de phyto - toxicité.
Les plantes ont des tolérances variables vis-à-vis du pH du sol. Ceci est en relation avec la
biodisponibilité des éléments nutritifs ou avec les mécanismes d’absorption de ces élents
nutritifs.
Certaines plantes peuvent modifier le pH de leur environnement racinaire en secrétant par
exemple des acides organiques qui solubilisent le calcaire. Cela permet d’absorber le
calcium pour fortifier la cuticule racinaire et aussi pour assurer une exploration maximale
de la matrice du sol.
7. Salinité des sols et des eaux SOLS
Un sol salé est un sol ayant une concentration élevée en sels solubles. Celle-ci provoque
deux effets majeurs sur les plantes cultivées :
- Le déséquilibre nutritionnel induit par un excès de cations et d’anions qui interfèrent
avec les ions nutritifs vis-à-vis de l’absorption (effet faim)
- La diminution de la capacité d’absorption de l’eau par la plante suite à une
augmentation de la pression osmotique de l’environnement racinaire (effet soif).
On peut imaginer qu’un sol humide et très salé est synonyme à un sol sec. Résultat :
diminution des rendements
Principales causes de salinisation des sols :
Salinisation primaire : roche mère.
Salinisation secondaire :
- Irrigation avec les sols salés
- Forte évaporation par rapport aux
précipitations
- Déficience du drainage et remontée de la
nappe
Mesure de la salinité :
- Conductivité électrique dite 1/5 (CE1/5) dans une suspension de sol (1 part de sol
dans 5 parts d’eau)
- Conductivité mesurée dans l’extrait d’une pâte saturée (ajout progressif d’eau sur un
échantillon de sol et puis centrifugation). On note cette conductivité Ceps
- Expressions : mmho/cm ; μmhos/cm ; mSiemens/cm, dS/cm)
On observe sur les deux photos des
fluorescences salines.

Sodification du sol
La sodification correspond à un enrichissement du complexe argilo -humique en sodium
échangeable.
Un sol se qualifie de sodique lorsque le Pourcentage de Sodium Échangeable (ESP) dépasse 15
%

CEC : Capacité d’Échange Cationique

Conséquence :
Un sol sodique est un sol qui se disperse physico-chimiquement. Le sodium entretient avec les
colloïdes argileux une faible liaison à cause de son grand rayon d’hydratation. De ce fait, les
argiles se repoussent et crée une dispersion des particules des sols (peptisation) et donc une
détérioration de sa structure.
Contrairement au calcium et au magnésium qui sont des actions floculantes très favorables à la
formation et au maintien d’une bonne structure, le sodium est un cation dispersant.

Notes

Classification des sols salés


En raison de l'importance particulière de l'ion sodium on classe généralement les sols salés de la
façon suivante :
- Les sols salins non alcalins
- Les sols alcalins
- Les sols salins alcalins

Type de sol CE (mmhos/cm) ESP pH


Sols salins non alcalins >4 <15 <8,5
Sols alcalins <4 >15 >8,5
Sols salins alcalins >4 >15 <8,5
Eaux
La salinité est mesurée par la conductivité électrique :
- CE < 0.7 mmho/cm : aucune restriction à l’usage pour l’irrigation
- 0.7 > CE > 3 mmhos/cm : restriction modérée
- CE > 3 : restriction sévère
On définit aussi pour l’eau d’irrigation un paramètre qui renseigne sur le risque d’alcalinisation
sodique du sol. Ce paramètre est le SAR.
La valeur de ce paramètre est calculée et définie par l'équation :

Lorsqu’on irrigue avec une eau de SAR élevée, on provoque une sodification du sol. Ainsi, on
peut définir des relations empiriques entre l’ESP et le SAR

Type de relation ESP-SAR


C1 : Bon pour l’irrigation
C2 : Léger lessivage - Plantes moyennement tolérantes au sel
C3 : Drainage - Contrôle de salinité - Plantes tolérantes au sel
C4 : Drainage- Sol très perméables - Plantes très tolérantes au sel
S1 : Bon pour toute irrigation
S2 : Sol grossier à bonne perméabilité - Gypse
S3 : Drainage - Lessivage - Addition de matières organiques
S4 : Drainage - Addition de calcium si faible salinité
Dessalage des sols
Pratique commune : le lessivage des sels
Pour que la salure se produise, il faut que la quantité de sels éliminée par drainage soit inférieure
à la quantité apportée par l’eau d’irrigation. Donc pour éviter l’accumulation des sels dans la
zone racinaire, il faut que :

- Ci : concentration de sels dans l’eau d’irrigation


- Cd : concentration de sels dans l’eau de draingae
- Hi : hauteur d’eau d’irrigation
- Hd : hauteur d’eau drainée
Lavage requis
La relation entre Hd et Hi est donnée par l’équation du bilan de l’eau : Hi + Hpluie = Hd + Het
(évapo-transpirée)
Par définition, le lavage requis LR = Hd/Hi
Formule très simplifiée : LR = Hd/Hi = (CEi/CEps) x (Hcc/Hps)
Exemple de calcul : Calculer Hi pour éviter l’accumulation de sels si Hp = 100 mm, Het = 300 mm,
CEi = 1 mS/cm, CEps = 1.5 dS/cm
Correction de la sodicité
Amendements chimiques : cas du gypse (CaSO4)
Réaction de base :

Na
+ Ca2+ Ca
Na

L’addition du gypse permet un apport de calcium qui prend la place du sodium (en excès) sur le
CAH. Ainsi, comme produits de réaction on aura le sulfate de sodium dans la solution du sol. Ce
produit est très soluble. Ainsi, il convient d’irriguer immédiatement après l’apport de gypse
(sans dépasser la capacité maximale de rétention de l’eau par le sol, notion qui sera traitée plus
tard) pour faciliter le déroulement de cette réaction.
Appliquer par la suite (48 heures après) une irrigation percolante pour lixivier l’excès de
sodium.
Exercice d’application : Calculer la quantité der gypse (CaSO4) à apporter à un sol pour baisser son
ESP de 16 à 12 sur la couche 0 - 30 cm. Exprimer le résultat en Kg ou tonnes/ha. Ce sol a une CEC de
30 méq/100 g de sol. La masse volumique du sol sur cette couche est de 1 400 kg/m3.
Interpréter ces courbes (les petits points et triangles correspondent aux valeurs de SAR et de Ce de 10 situations.
8. Tolérance des plantes
Les plantes n’ont pas les mêmes tolérances à la salinité (voir tableaux suivants)
Tolérances des espèces ligneuses (D’après Firmin R. – Forestery trials in Koweit)
CE.103 Espèces
Mmhos/cm-1
50 Avicennia marina
40 Casuarina glauca, Tamarix Jordanis, Tamarix marismortui.
35 Atriplex nummularia, Atriplex vesicaria, Prosopis stephanianna, Prosopis tamarugo,
Tamarix aravensis, Tamarix deserti, Tamarix mannifera, Tamarix orientalis, Tamarix
pentandra, Tamarix meyeri.
30 Acacia ligulata, Casuarina equisetifolia, Prosopis juliflora, Tamarix aphylla, Zizyphus
vulgaris.
25 Acacia sowdenii, Tamarix nilotica.
18 Acacia pendula, Acacia salicina, Casuarina stricta, Eucalyptus camaldulensis, Eucalyptus
sargentii, Eucalyptus spathulata, Nerium oleander, Parkinsonia aculéata.
16 Acacia farnesiana, Callistemon lanceolatus, Casuarina cristata, Eucalyptus camadulensis
var. Obtusa, Eucalyptus porosa, Eucalyptus kondininesis, Eucalyptus microtheca,
Prosopis chilensis (algarobilla), Prosopis juliflora var. velutina.
14 Acacia arabica, Albizzia chinensis, Casuarina lehmanii, Clerodendron inerme, Eucalyptus
pimpiniana, Haloxylon salicornicum, Sesbania grandiflora.
12 Acacia stenophylla, Bassia latifolia, Callitris glauca, Dodonaea viscosa,
Eucalyptusgomphocephala, Eucalyptus kruseana, Melaleuca pauperifolia, Melia
azedarach, Punica granatum, Thevetia neriifolia
10 Albizzia lebbek, Butea monosperma, Eucalyptus annulata, Eucalyptus comitae- vallis,
Eucalyptus cornuta, Eucalyptus melliodora, Eucalyptus stricklandii, Ficus carica, Ficus
religiosa, Hakea laurina, Lagunaria patersoni, Ricinus communis var.
Persicus, Salvadora oleoides, Thespesia populnea, Vitex agnus-castus.
8,5 Casuarina cunninghamiana, Caesalpinia gilliesii, Calligonum comosum, Dalbergia sissoo,
Dodonaea attenuata, Eucalyptus cladocalyx, Eucalyptus forrestiana, Eucalyptus grossa,
Eucalyptus largiflorens, Eucalyptus le souefii, Eucalyptus robusta, Eucalyptus saubris,
Inga dulcis, Terminalia arjur.
8 Brachychiton gregorii, Eucalyptus brockwayi, Eucalyptus dundasi, Eucalyptus
intertexta, Eucalyptus woodwardii, Ficus bengalensis, Myrtus communis, Prosopis
spicigera, Schinus molle, Terminalia catappa.
6 Acacia deanei, Agonis flexuosa, Balanites aegyptiaca, Cupressus arizonica, Eucalyptus
torquata, Grevillea robusta, Olea europea, Pritchardia filifera, Salix acmophylla,
Tamarindus indica, Tecomastans.
5 Cordia myxa, Cupressus sempervirens var. Stricta, Elaeagnus angustifolia, Eucalyptus
astringens, Eucalyptus campaspe, Eucalyptus flocktoniae, Eucalyptus lansdowneana,
Eucalyptus longicornis, Eucalyptus patellaris, Eucalyptus redunca, Eucalyptus oleosa,
Lantana aculeata, Populus euphratica, Terminalia belerica.
4,5 Bombax malabaricum, Eucalyptus citriodora, Populus bolleana.
3 Acacia tortilis, Albizzia julibrizzin, Ficus sycomorus, Robinia pseudoacacia, Salix alba.
2,5 Acacia cyanophylla, Acacia mellifera, Acacia raddiana, Acacia forestiana.
2 Eucalyptus tereticornis, Hyphaene thebaica, Poinciana regia, Duranta plumieri, Populus
oblegata.
1 Azalea, Bougainvillea, Populus thevestiva, Populus euramericana.
Effet de la salinité totale du sol sur le rendement des cultures de plein champ (T=tolérance ;
MT=modérément tolérante ; MS=modérément sensible ; S=sensible).
CE
Appr.
Diminution de rendement (%) 0 10 25 50 100
Orge (Hordeam vulgare) 8,0 10 13 18 28 T
Coton (Gossypium lirsutum) 7,7 9,6 13 17 27 T
Betterave sucrière (Beta vulgaris) 7,0 8,7 11 15 24 T
Blé (Tritieum aestinum) 6,0 7,4 9,5 13 20 M.T
Carthame (Cathamus tinctorius) 5,3 6,2 7,6 9,9 15 M.T
Soja (Glycine max) 5,0 5,5 6,2 7,5 10 M.T
Sorgho (Sorghum bicolor) 4,0 5,1 7,2 11 18 M.T
Arachide (Arachis hypogea) 3,2 3,5 4,1 4,9 7 M.S
Riz Paddy (Ozyza sativa) 3,0 3,8 5,1 7,2 12 M.S
Sesbania (Sesbania macrocarpa et Sesbania exaltata) 2,3 3,7 5,9 9,4 17 M.S
Maïs Grain (Zea mays) et Lin (Linum usitatissimum) 3,5 5 3,8 5,9 10 M.S
Canne à sucre (Saccharum officianrum) 1,7 23,5 M.S
Fève (Vicia faba) 1,6 2,6 4,2 6,8 12 M.S
Delique de Chine (Vigna sinensis et Vigna unquicilata) 1,3 2,0 3,1 7 9 M.S
Haricots (Phaseolus vulgaris) 1,0 1,5 2,3 3,6 5 S

Effet de la salinité totale sur le rendement des cultures fruitières (T=tolérante ;


MT=modérément tolérante ; MS=modérément sensible ; S=sensible).
CE
Appr.
Diminution de rendement (%) 0 10 25 50 100
Palmier Dattier (Phoenix dactylifera) 4,0 6,8 10,9 17,9 32 T
Figuier (Ficus carica)
Olivier (Odea europaca) 2,7 3,8 5,5 8,4 14 M.T
Sunadies (Puncia granatum)
Pamplemoussier (Citrus pardissi) 1,8 2,4 3,4 4,9 8 S
Oranger (Citrus sinensis), Citronnier (Citrus limonia) 1,7 2,3 3,3 4,8 8 S
Pommier (Malus pumila, Malus sylvestris) 1,7 2,3 3,3 4,8 8 S
Noyer (juglans regia)
Poirier (Pyrus communis)
Pêcher (Prunus persica) 1,7 2,2 2,9 4,1 6,5 S
Abricotier (Pyrus armeniaca) 1,6 2,0 2,6 3,7 6 S
Vigne (Vitis spp) 1,5 2,5 4,1 6,7 12 M.S
Amandier (Prunus amygdalus Var. dulcis) 1,5 2,0 2,8 4,1 7 S
Prunier (Prunus domestica) 1,5 2,1 2,9 4,3 7 S
Mûrier Ronce (Rubus spp), Ronces Diverses (Rubus spp) 1,5 2,0 2,6 3,8 6 S
Avocatier (Persea americana) 1,3 1,8 2,5 3,7 6 S
Framboisier (Rubus idaeus) 1,0 1,4 2,1 3,2 5,5 S
Fraisier (Fragaria vesca) 1,0 1,3 1,8 2,5 4 S
Effet de la salinité totale du sol sur le rendement des cultures maraîchères. T = tolérante ; MT =
modérément tolérante ; MS = modérément sensible ; S = sensible).
CE
Appr.
Diminution du rendement 10 25 50 100
Betterave Potagère (Beta Vulgaris) 4,0 5,1 6,8 9,6 15 M.T
Chou Brocoli (Brassica italica) 2,8 3,9 5,5 8,2 14 M.T
Tomate (Lycopersicon esculentum) 2,5 3,5 5,0 7,6 13 M.S
Concombre (Cucumis sativus) 2,5 3,3 4,4 6,3 10 M.S
Melon (Cucumis Melo) 2,2 3,6 5,7 9,1 16 M.S
Epinard (Spinacia oleracea) 2,0 3,3 5,3 8,6 15 M.S
Choux (Brassica oleracea) 1,8 2,8 4,4 7,0 12 M.S
Pomme de terre (Solanum, tuberosum), Maïs Doux, (Zea Mays) 1,7 2,5 3,8 5,9 10 M.S
Patate Douce (Ipomea batatas) 1,5 2,4 3,8 6,0 11 M.S
Poivron (Capsicum frutescens) 1,5 2,2 3,3 5,1 9 M.S
Laitue (Lactuca sativa) 1,3 2,1 3,2 5,2 9 M.S
Radis (Raphanus Sativus) 1,2 2,0 3,1 5,0 9 M.S
Oignon (Allium cepa) 1,2 1,8 2,8 4,3 8 S
Carotte (Daucus carota) 1,0 1,7 2,8 4,6 8 S
Haricot (Phaseolus vulgaris) 1,0 1,5 2,3 3,6 5 S
Okra (Hibiscus esculentus) S
Effet de la salinité totale du sol sur le rendement des cultures herbagères (T = tolérance ;
MR = Modérément Tolérante ; MS = Modérément sensible ; S = sensible)
CE
Appr.
Diminution de rendement (%) 0 10 25 50 100
Chiendent allongé (Agropyron elongatum) 7,5 9,9 13,3 19,4 32 T
Chiendent à crête (Agropyron elongatum) 7,5 9,0 11,0 15,0 22 T
Cynodon ou Chiendent Pied-de-poule (Cynodon 6,9 8,5 10,8 14,7 23 T
Orge fourragère (Hordeurn vulgare) 6,0 7,4 9,5 13,0 20 M.T
Ray grass anglais (Lolium perenne) 5,6 6,9 8,9 12,2 19 M.T
Lotier corniculé (Lolium corniculatus tenuifolius) 5,0 6,0 7,5 10,0 15 M.T
Herbe de Harding ou Alpiste Bulbeux (Phalaris 4,6 5,9 7,9 11,1 18 M.T
Fétuque élevée (Festuca elatior) 3,9 5,8 8,6 13,3 23 M.T
Chiendent désertique (Agropyron desertorum) 3,5 6,0 9,8 16,0 29 M.T
Vesse commune (Vicia sativa) 3,0 3,9 5,3 7,6 12 M.S
Herbe du Soudan ou Sorgho menu (Sorghum 2,8 5,1 8,6 14,4 26 M.T
Riz Sauvage (Elymus triticoides) 2,7 4,4 6,9 11,0 M.T
Lotier velu des marais (Lotus uliginosis) 2,3 2,8 3,6 4,9 7,5 M.S
Luzerne (Medicago sativa) 2,0 3,4 5,4 8,8 16 M.S
Eragrostide (Eragrostis spp) 2,0 3,2 5,0 8,0 14 M.S
Maïs Fourrager (Zea mays) 1,8 2,1 5,2 8,6 16 M.S
Trèfle d'Alexandrie ou Bersim (Trifolium 1,5 3,2 5,9 10,3 19 M.S
Dactyle pelotonné (Dactylis glomerata) 1,5 3,1 5,5 9,6 18 M.S
Vulpin des près (Alopecurus pratensis) 1,5 2,5 4,1 6,7 12 M.S
Trèfles divers (Trifolium ssp) 1,5 2,3 3,6 5,7 10 M.S
Agrostide (Agrostis palustris) M.S
Brome Inerme (Bromus inermis) M.T
Herbe des Canaries (Phalaris canaviensis) M.T
Fleole (Chloris gayana, Phleum pratense) M.S
Chiendent (Agropyron cristatum) T
Chiendent (Agropyron trachycaulum) M.T
Riz Sauvage Altai et Russe (Elymus angustus et T
Action de la salinité totale du sol sur le rendement des cultures herbagères.
Ces données nous permettent de déduire deux points importants :
- Les cultures doivent être choisies en fonction de leur tolérance à la salinité et en
fonction du taux de rendement économiquement acceptable dans un cotexte donné.
- L’amélioration génétique des plantes peut permettre de développer des cultures plus
résistances à la salinité
Remarque : Les taux de réduction des rendements sont relativement sévères compte tenue des
normes adoptées.
Discussion/illustrations :
- Qu’est-il de la salinité de l’eau ?
- Qu’est-il de l’effet de la sodicité ?
- Importance du drainage des sols salés ou potentiellement salables ?
Nécessité de mise en place d’un système de suivi de la qualité des sols et des eaux (dont la
salinité et l’alcalinité sodique)

Notes
Chapitre 4 : L’eau dans le sol
1. Introduction
Ce chapitre offre des notions de base sur les relations sol-eau :
- Le potentiel de l’eau dans le sol
- Les forces de rétention de l’eau par le sol
- Les caractéristiques hydriques du sol
- La courbe caractéristique de rétention de l’eau par le sol
- La notion de réserve utile et de réserve facilement utilisable
- Une initiation sommaire sur le mouvement de l’eau par le sol
Ces notions constituent un pré requis pour les cours d’agronomie, d’irrigation.

2. Mesure de la teneur en eau du sol


2.1. Mesures directes
La principale méthode de mesure directe est la gravimétrie. Cette méthode permet de
déterminer la teneur en eau pondérale ou massique (%). Elle consiste à placer une masse (Mf)
d’un échantillon de sol frais (à son humidité actuelle) dans une étuve réglée à 105°C pendant
48 heures et à mesurer sa masse sèche (Ms).
Teneur en eau (Hm ou en %) :

2.2. Mesures indirectes


Les mesures indirectes consistent en la mesure d’un paramètre physique qui augmente ou
diminue avec l’humidité du sol (ex : conductivité ou résistivité du sol, pulsation magnétique,
réflexion des neutrons, etc.).
[une visite du labo de physique du sol permettra aux étudiants de voir les appareils de mesure et de
noter leurs principales de fonctionnement]
TDR et Sondes de TDR Sonde à neutrons


3. Potentiel de l’eau du sol
Ψt = Ψg + Ψp + Ψo
Où :
Ψt : Potentiel total
Ψg : Potentiel gravitaire
Ψp : potentiel de pression, potentiel capillaire ou potentiel matriciel (Ψm)
Ψo : potentiel osmotique (cas des sols très salés, autrement cette composante est nulle)
4. Etats de l’eau dans le sol
L’eau dans le sol se trouve sous forme de trois
états :
Eau adsorbée sous forme d’un film
pelliculaire d’eau intimement liée aux
particules du sol (Seule une température de
l’ordre de 900 °C permet de l’évaporer). Il
s’agit donc d’une eau agronomiquement non
intéressante car elle est inaccessible par les
plantes. On peut considérer que cette eau fait
partie de la constitution du sol
Eau capillaire : c’est l’eau qui se trouve dans
les micropores et mésopores du sol (<0.2 μm
et entre 0.2 et 1 μm). Le terme de capillarité
rappelle un tube capillaire (voir schéma ci
contre).
Eau gravitaire : c’est l’eau contenue dans les
macropores et qui n’est pas retenue par le sol
: elle percole sous la force de gravité
(potentiel gravitaire)
4. Potentiel capillaire
Le potentiel capillaire est donc la composante de potentiel total du sol qui mérite d’être
étudiée et comprise car elle est en relation directe avec la disponibilité de l’eau pour la plante
et les facteurs qui l’influencent.
Retenir les relations terminologiques suivantes :
Potentiel capillaire : pression avec laquelle les capillaires du sol (micropores et mésopores)
retiennent l’eau du sol. Il s’agit d’une pression négative souvent appelée aussi succion de l’eau
par le sol.
Capillarité : l’absorption de l’eau par capillarite
Le potentiel de pression ou capillaire s’appelle aussi potentiel matriciel (terme relatif à la
matrice du sol constituée de particules de sols agencées pour former des macropores, des
mésopores et des micropores selon la taille des particules élémentaires).
Le potentiel capillaire est noté : pF
pF = log10 |Ψm|

Ψt : potentiel matriciel exprimé en cm H2O


Pression statique (valeur absolué) Humidité
pF Cm eau (L) Atmosphère (bar) Bar (ML-1T-2) KPa
1 10 0,0098 (0,1) 0,98 Très humide
2 100 0,098 (0,1) 9,8 Humide
3 1 033 1 1,013 101,3
4,2 15 296 14,8 15 1 500 Très sec
5 105 96,8 100 10 000 Séchée à air
7 107 10 000 10 000 106 Séchée à 105 °C

Notes
5. Potentiel capillaire et diamètre des
pores (ou des tubes capillaires par
analogie)
Constatation : l’eau remonte (succion,
remontée capillaire) plus haut lorsque le
diamètre des capillaires est petit (voir schéma
ci-contre)
Loi de Jurin-Laplace :

: remontée capillaire ou succion


: Tension superficielle (dynes/cm2)
r : Rayon du capillaire (des pores)
: Angle de contact (eau-paroi du capillaire)
Pour un capillaire fin, tend vers 0.
Simplification de la loi Jurin - laplace:

Discuter des applications pratiques de la remontée capillaire :


- Une fois les couches superficielles du sol se dessèchent par évaporation ou par
évapotranspiration (utilisation de l’eau par le sol), les couches plus profondes
approvisionnent ces couches superficielles (interpréter en utilisant les notions de
capillarité, de différence du potentiel etc.)
- Remontée capillaire et remontée des sels, des nitrates ?
Un dicton dit « un binage vaut deux arrosages » interpréter en utilisant la loi de Jurin-
Laplace ainsi que l’analogie physique suivante :
6. Signification thermodynamique du L’eau passe d’un échantillon humide à un
potentiel capillaire échantillon sec par différence de potentiel
Soit la réaction simple suivante : capillaire ou gradient du potentiel (Δψ/ΔZ).

Il s’agit d’une réaction spontanée qui est donc


accompagnée d’une variation négative
d’énergie libre (ΔG<0). En effet, l’eau passe
d’un état libre à un état lié au sol (pression
négative, succion). Pour pouvoir libérer cette
eau, il faut appliquer une pression équivalente
à ΔG (d’où le principe même de mesure de F)

7. Mesure du pF et courbe caractéristique


de l’humidité du sol
On utilise généralement la presse à
membrane
[une visite au laboratoire est organisée pour
les étudiants pour voir l’appareillage et
comprendre le principe en assistant à une
démonstration]
(Voir schémas d’illustration ci-contre)
Principe :
- Saturer préalablement les échantillons de
sol par capillarité
- Les mettre dans des anneaux réservés pour
presse à membrane
- Appliquer à chaque fois des pressions
croissantes et mesurer l’humidité massique
par gravimétrie
- Etablir la courbe (pF en fonction de
l’humidité)
Mise en place des échantillons sur la plaque
poreuse de la presse à membrane
Courbe de pF
L’allure générale de la courbe de pF est illustrée par le schéma ci-après.
Cette courbe est caractérisée par deux valeurs caractéristiques très importantes : le pF 4.2 et le
pF 2.7 qui correspondent respectivement aux pressions (succions) de 15 000 cm H2O et 500 cm
H2O).
Le pF 2.7 correspond à une valeur d’humidité du sol qui correspond à ce qu’on appelle
l’Humidité à la Capacité au Champ (Hcc). Physiquement, cette humidité correspond à l’eau
retenue par la matrice du sol avec une succion de 500 cm H2O ou 0.5 bars). L’Hcc correspond à
la quantité maximale d’eau que peut retenir le sol.
Le pF 4.2 correspond à une valeur d’humidité du sol qui correspond à ce qu’on appelle
l’Humidité au Point de Flétrissement Permanent (Hpfp). Physiquement, cette humidité
correspond à l’eau retenue par la matrice du sol avec une succion de 15 000 cm H2O ou 15 bars.
A ce niveau d’humidité la plante ne peut pas absorber l’eau du sol car celle-ci y est fortement
retenue avec une succion qui dépasse la capacité d’absorption par la plante
Allure générale de la courbe de pF Attention : les valeurs caractéristiques de Hcc
et Hpfp sont relativement fixes pour un sol
donné. Ainsi, l’humidité ou la teneur du sol
peut varier autour de ces deux valeurs selon
4,2 les apports d’eau (irrigation, pluie) ou selon le
processus de dessiccation du sol.
De ce qui précède, on déduit que : au-delà de
l’Hcc, le sol ne reteint plus d’eau et en deçà de
l’Hpfp, l’eau n’est as disponible pour la plante.
Donc, l’eau utilisable par la plante, appelée
2,7 Eau
aussi eau « utile », se trouve entre ces deux
utilisable
valeurs d’humidité (Hcc et Hpfp). La réserve
Humidité utile (RU) est donc située entre ces deux
HpFp Hcc du sol (%) humidités caractéristiques

Observer ce schéma
Calcul de la réserve utile
Expression en termes d’humidité :

Expression en mm ou cm pour pouvoir la comparer aux autres termes de bilan de l’eau


(précipitations, évaporation, etc.)

- Z : profondeur du sol considérée (on peut aussi considérer la profondeur de la zone


exploitée par les racines)
- Da : Densité apparente du sol (sans unité car elle résulte du rapport de masse volumique
du sol/masse volumique de l’eau)
Attention : un calcul précis de la RU doit tenir compte de la densité apparente et des valeurs
caractéristiques qui peuvent varier en fonction de la nature des horizons et/ou couches du sol.

Surface du sol

Da1, Hcc1, HpFp1

Da2, Hcc2, HpFp2

Da3, Hcc3, HpFp3

Da4, Hcc4, HpFp4

Dans ce cas la RU est calculée comme suit :

Pour tenir compte de la profondeur d’enracinement, il conviendrait de pondérer ces valeurs ou de procéder
à une estimation sur base des valeurs moyennes de ces paramètres si ces dernières ne sont pas très
différentes.
Notion de réserve facilement utilisable (RFU)
Courbe de pF et type de sol
La courbe de pF et ses valeurs
caractéristiques varient en fonction du
type de sol et particulièrement en
fonction de la texture. En effet, celle-ci
détermine en grande partie la taille des
pores et donc la rétention capillaire de
l’eau.

Notes

Illustration pour 2 types de sols (un à dominance de sable et l’autre à dominance d’argile)
Observer et commenter ces courbes :
- Allure des courbes
- Comparer les valeurs caractéristiques (Hcc et Hpfp) pour ces deux cas de texture
- Comparer graphiquement les RU et les calculer (données : da_sol sableux : 1.2 ; da_sol
argileux : 1.5 ; profondeur pour les deux sols : 40 cm, estimer graphiquement les valeurs
de Hcc et Hpfp).
8. Mouvements de l’eau dans le sol
Conditions non saturées
L’eau se déplace dans le sol dans le sens des
potentiels décroissants.
Si dh/dz<0 : déplacement descendant
Conditions saturées
L’eau se déplace selon la loi de Darcy :

Le Ks varie avec la texture


9. Caractéristiques hydrauliques : détermination-relation avec la texture, etc.
a) Vitesse d’infiltration
La vitesse d’infiltration (également appelé taux d’infiltration) est liée à la conductivité
hydraulique par la relation (loi de Darcy) :

Avec
V = Vitesse d’infiltration (cm/h)
K = conductivité hydraulique (cm/h)
I = gradient hydraulique (m/m)
La conductivité hydraulique, parfois appelée perméabilité, caractérise la vitesse avec laquelle
l’eau circule dans le sol quelque soit le sens de l’écoulement (horizontal ou vertical) et dépend
des conditions auxquelles le sol est soumis. Par contre la vitesse d’infiltration cherche à définir
la vitesse avec laquelle l’eau quitte la surface libre du sol pour rejoindre la nappe. La mesure de
terrain (méthode du double anneau ou du trou) définit directement la vitesse d’infiltration et non
la conductivité hydraulique.
b) Normes marocaines d’interprétation (Administration de génie rural)
Les valeurs du taux d’infiltration sont comparées aux normes rapportées dans le tableau ci-bas :
Symbole Appellation V (cm/h)
V1 Très élevée > 20
V2 Elevée 10 à 20
V3 Moyenne 2 à 10
V4 Faible 0.5 à 2
V5 Très faible < 0.5
c) Relation entre texture du sol et vitesse d’infiltration.
Corrélation entre la texture du matériau sol et sa vitesse d’infiltration
Texture du sol Vitesse d'infiltration Vitesse d’application maximum
(m/s) (cm/h)
Sable moyen 4.10 à 1.10-4
-4 147,6
Sable fin 1.10-4 à 8.10-5 39,6
Sable limoneux 7.10-5 à 3.10-5 25,6
Limon sableux 3.10-5 à 1.10-5 11,2
Limon argileux 1.10-5 à 7.10-6 4,0
Argile sablonneuse3 9.10-6 à 7.10-6 3,3
Argile limoneuse 7.10-6 à 4.10-6 2,6
Argile, marne < 4.10-6 Non souhaitable

d) Mesure de la conductivité hydraulique


La vitesse d’infiltration peut être déterminée par la méthode du double anneau de Munts ou par
la méthode de Porchet. Dans le domaine agricole, la méthode du double anneau est largement
utilisée. Elle demande peu de matériel et permet, par une formulation adéquate, de définir la
vitesse d’infiltration. C'est de la valeur de cette vitesse que l'on déduit la valeur du coefficient de
perméabilité en utilisant la loi de Darcy.
d1. Méthode du double anneau de Munts

L'appareil est composé de deux anneaux (diamètres 30 et 50 cm sur la photo) enfoncés dans le
sol de quelques centimètres (15 cm sur la photo) et rempli d'eau. Le principe est de suivre
l'évolution du niveau d'eau en fonction du temps dans l'anneau interne pour connaître la vitesse
d'infiltration sur chaque pas de temps. Durant toute la mesure il faut veiller à ce que les niveaux
d'eau dans les deux anneaux restent les mêmes (au besoin, on ajuste celui de l'anneau externe).
On peut alors supposer que sous l'anneau interne l'infiltration est verticale. Au bout d'un certain
temps un régime permanent s'installe et la vitesse d'infiltration devient constante.

V = vitesse d’infiltration verticale (cm/h)


Δh = variation de hauteur d’eau (cm)
Δt = temps de mesure (minutes)
d2. Méthode du double anneau de Munts
Parce qu’elle demande peu de moyens, la méthode de mesure de la vitesse d'infiltration in situ
par la méthode Porchet est recommandée. Celle-ci doit être réalisée selon un protocole
expérimental défini afin de fournir une valeur de vitesse d'infiltration la plus proche des
conditions réelles de fonctionnement.
Les étapes suivantes décrivent la procédure d'un test standard :
1. Creuser un trou de 15 cm de diamètre à la profondeur proposée pour le fond de la tranchée
(généralement 0,8 m) le trou doit être cylindrique sur une hauteur minimum de 30 cm,
dans la zone racinaire ;
2. Griffer les parois et le fond du trou afin de retrouver la texture naturelle du sol.
3. Enlever toute la terre excédentaire ;
4. Placer au fond du trou une couche de 5 cm de gravier fin (de diamètre de 1,2 à 1,8 cm) ;
5. Remplir le trou avec de l’eau claire sur une hauteur minimum de 30 cm ;
6. Laisser le sol se pré-saturer pendant au moins 4 h mais de préférence pendant une nuit.
L'eau doit être claire, exempte de produits organiques ou de fortes teneurs en sodium ;
7. Effectuer la mesure :
a) Si l'eau demeure dans le trou après la période de pré-saturation. On ajuste la profondeur
de l'eau à 15 cm. On mesure ensuite la baisse du niveau d'eau toutes les 30 minutes.
Continuer l'essai jusqu'à ce que la dernière lecture soit identique à la précédente ou
alors après 4 heures ;
b) S'il ne reste plus d'eau dans le trou après la période de pré-saturation. On ajoute 15 cm
d'eau dans le trou. On mesure ensuite la baisse du niveau d'eau par intervalle de 30
minutes, et on ajuste la hauteur d'eau à 15 cm en apportant l'eau manquante. Continuer
l'essai jusqu'à ce que la dernière lecture soit identique à la précédente ou alors après 4
heures ;
c) Si les 15 cm d'eau apportés ont disparu avant que le délai de 30 minutes ne se soit
écoulé, dans ce cas, l'intervalle de temps entre les mesures doit être de dix minutes.
8. Calculs :
Vitesse d’infiltration = Abaissement du niveau d’eau (cm)/Temps (min)
9. Au moins trois essais de percolation doivent être réalisés
Schéma du système de mesure à niveau variable
Légende
1. Eau de ville utilisée pour le test (niveau
variable)
2. Gravier de protection
3. Flotteur
4. Système de mesure du niveau du flotteur

Prise de mesure de la vitesse d'infiltration par la méthode à niveau variable. (Photo Epuvaleau asbl)
Source : Grela et al., 2004
Une bonne conductivité hydraulique doit être supérieure à 5 cm/heure.
Remarque générale : la plupart des sols marocains ne posent pas de contrainte d’infiltration
Chapitre 5 : Structure du sol
1. Définition
La structure du sol est l’agencement spatial et géométrique de ces particules
2. Eléments de structure
Le clivage progressif d’une motte ou sa dislocation dans l’eau (sans agitation) permet
d’obtenir différents éléments de structures : petites mottes, agrégats, méso agrégats,
microagrégats jusqu’aux particules élémentaires.
3. Motif élémentaire : le micro agrégat
Le microagrégat est le motif élémentaire de la structure du sol. Il comprend les particules
élémentaires comme le sable, l’argile et le limon ainsi que les colloïdes humiques et colloïdes
organominéraux.

4. Les principaux types de structure

Structure massive
Structure en blocs
(fermée)

Notes
Structure granulaire ou
grumeleuse

Structure en colonnes

Structure prismatique
4. Facteurs de dégradation de la structure et actions de préservation et d’amélioration
Les principaux facteurs de dégradation de la structure sont :
- Le passage des engins lourds en particulier lorsque la texture est argileuse et le sol est
humide (voir différentes variantes illustrées par le schéma suivant).

- Les facteurs de dispersion des microagrégats comme la sodicité du sol (dispersion


physicochimique). En effet, comme les argiles et les colloïdes humiques ou leur
association en CAH sont les éléments de base d’un micro agrégat, leur dispersion cause
un éclatement de celui-ci et donc une détérioration de la structure du sol
- La perte en matière organique du sol : la matière organique joue plusieurs rôles dont
les plus importants sont : le lien avec les colloïdes minéraux pour constituer mes
éléments de base de micro agrégats, le ralentissement de l’effet dégradant de l’eau en
diminuant la vitesse de mouillabilité et le rôle qui réside dans le fait que la matière
organique joue un rôle de ciment et augmente la cohésion des agrégats.
Nous comprenons que les colloïdes argileux et humiques constituent les éléments de
base de la structure du sol.
Phénomène de battance : la battante est un phénomène qui résulte de la dispersion des
particules du sol au niveau de la surface du sol suite à une pluie et à la formation (après
ressuyage) d’une croûte de surface appelée : croûte de battance (à ne pas confondre avec des
croûtes de surface qui résultent de la dispersion physico-chimique suite à la sodification du
sol (Cf. chapitre physico-chimie du sol).
Le phénomène de battance est assez fréquent dans les sols de texture limoneuse en surface et
les sols pauvres en argiles et en matière organique. La matière organique et l’argile sont les
éléments importants qui préservent contre ce phénomène de dégradation de la structure du
sol en surface.
On définit empiriquement l’indice de battance Ib :

Qu’est ce qu’on peut déduire de cette relation ?

Illustration du phénomène de battance

Notes
Actions d’amélioration
Exercice : Sur la base des facteurs de dégradation, formuler les actions de préservation et/ou
d’amélioration de la structure du sol.

5. Stabilité structurale
L’état de la structure à un moment donné s’appelle l’état structural
La stabilité structurale est l’aptitude du sol à résister à la dégradation de sa structure. Le
facteur utilisé pour évaluer cette résistance est le facteur « eau » en situation d’agressivité.

Sol à gauche : bonne stabilité structurale car les agrégats restent unis malgré la dislocation dans l’eau
Sol à droite : mauvaise stabilité structurale car les agrégats sont disloqués et les particules sont
dispersées
Visite du laboratoire (détermination de la stabilité des agrégats, stabilité structurale,
indice d’instabilité, etc.)

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