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REPUBLIQUE DU SENEGAL

Un Peuple – Un But – Une Foi

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, DE LA RECHERCHE DE L’INNOVATION


(MESRI)
------------------
UNIVERSITÉ DU SINE SALOUM EL-HADJ IBRAHIMA NIASS

Cours d’Agropédologie
Chapitre II: Genèse, évolution et
composition des sols
Mbaye DIOUM, Ingénieur Agronome
1
Agropédologie Chapitre II
Constituants du sol

La connaissance des constituants du sol, de leur composition et de


leurs principales propriétés physico-chimiques, constitue en tout état
de cause un préalable indispensable à l'étude du milieu édaphique.
Ces connaissances fondamentales permettent d'entreprendre l'étude
des processus de formation des sols (processus de pédogenèse) en
relation avec les conditions de milieu, ce qui débouche sur la
classification des sols mondiaux, leur cartographie, ainsi que l'étude
de leurs potentialités agronomiques en liaison avec leurs principales
propriétés physico-chimiques.

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Agropédologie Chapitre II
Constituants du sol

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Agropédologie Chapitre II
Constituants du sol
L'origine des différents constituants du sol est évidente :

 La fraction minérale est composée de constituants minéraux qui


sont hérités du substrat géologique par désagrégation mécanique
et/ou altération chimique plus ou moins prononcée. Elle est faite
de sable, limon, d’argile et de substances minérales en solution
dans l’eau, constitue la fraction dominante du sol.

 La fraction organique ou matière organique est majoritairement


d'origine végétale et est composée de petits organismes terricoles
(vers, millepattes, etc.), d’humus, de microorganismes, d’animaux
morts, de feuilles mortes.

 Les vides du sol occupés par de l'eau et de l'air constituent la


porosité du sol : porosité à l'eau et porosité à l'air.
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Agropédologie Chapitre II
Grandes étapes de la pédogénèse

La formation des sols (pédogenèse) résulte, selon Ramade (1984), de


l’action des facteurs abiotiques et biotiques sur les couches
supérieures de la lithosphère.

Démelon définit le sol comme la formation naturelle de surface,


meuble et d’épaisseur variable, résultant de la transformation de la
roche sous jacente sous l’influence de divers processus physiques
chimiques et biologiques.

La formation et l’évolution d’un sol se fait sous l’influence de facteurs


qui incluent : le climat, la roche mère ou matériau d’origine (matériau
parental), les organismes du sol, la végétation, la topographie ou le
relief et le temps.
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Agropédologie Chapitre II
Grandes étapes de la pédogénèse
1. La fragmentation de la roche mère
La décomposition ou désagrégation de la roche mère se fait sous
l’effet de processus simultanés qui fragmente la roche mère (roche
saine, entière) et la transforme chimiquement en la dissociant en ses
composés initiaux. Ces deux processus déterminent la formation de la
fraction minérale du sol, principal constituant des sols dits jeunes.
 Altération physique
L'altération des roches mères commence par un phénomène de
désagrégation physique et mécanique. Cette désagrégation
physique caractérise les climats arides ou froids et fait intervenir
des changements, brusques de température comme le gel et le
dégel. Elle se fait sous l’action des écarts de température, par
écartement des fissures, par corrosion éolienne, etc. Elle est
provoquée par l'action des facteurs climatiques tels que les
variations de température et de précipitation.
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Agropédologie Chapitre II
Grandes étapes de la pédogénèse

La désagrégation physique aboutit à la formation d’éléments


grossiers.

 Altération chimique et biologique


La seconde étape est surtout une altération chimique qui résulte de
processus complexe : oxydation, réduction, hydratation, hydrolyse
(eau enrichie en H+ ou –OH) ou par dissolution (eau + CO2), les
acides organiques, l’oxygène.
Le processus d’altération chimique par oxydation est favorisé par
l’action de végétaux qui peuvent produire dans certains cas des
sécrétions pouvant exercer une action corrosive intense sur les
minéraux constitutifs des roches.
De plus, les racines des plantes, outre qu’elles fissurent le
substratum rocheux, accélèrent la dissolution des minéraux par
leurs exsudats, conjointement au CO2 dissous dans l’eau. 7
Agropédologie Chapitre II
Grandes étapes de la pédogénèse
L’altération chimique aboutit à un ensemble de produits solubles ou
pâteux appelé complexe d’altération qui est constitué : d’argiles, de
silice, d’oxyhydroxydes de fer et d’alumine, de sels plus ou moins
solubles (Ca, Mg, K, Na, etc.).
Le sol est colonisé par les végétaux après la formation du complexe
d’altération.
 La formation de l’humus
Il s’agit de la troisième étape de la pédogenèse. Elle s’effectue par
l’addition de matière organique aux constituants minéraux des sols.
Cette matière est assurée par les êtres vivants (animaux et végétaux).
Ainsi la matière organique incorporée aux sols provient
essentiellement de la litière (feuilles mortes, brindilles, fragments de
végétaux, branches, troncs morts, excréments d’herbivores, etc.). La
matière organique est décomposée par les microorganismes et il y a
formation de CO2 et d’humus qui, par leur acidité accélère l’altération
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des minéraux.
Agropédologie Chapitre II
Grandes étapes de la pédogénèse
L’argile et l’humus peuvent s’associer pour former le complexe argilo
humique. La floculation de ce complexe n’est possible que grâce aux
cations (Ca ++ et Mg++ surtout).
Par le jeu de la photosynthèse, les végétaux apportent beaucoup plus
de matières aux sols qu’ils n’en prélèvent. La nutrition des plantes par
les éléments minéraux peut se faire mais le sol reste encore jeune.
 Différentiation des horizons
La quatrième étape est constituée par la différentiation des horizons
par migration et accumulation de matières. On distingue ainsi la
lixiviation qui correspond à un transport sous l’influence de l’eau
d’infiltration des éléments solubles ou fluides en profondeur. La
lixiviation dépend de la pluviométrie, de la perméabilité et de la
nature de l’humus. Un autre type d’entrainement, dépendant des
mêmes facteurs appelé lessivage concerne l’argile qui peut aussi
s’accumuler en profondeur et être accompagnée d’une libération
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importante de fer et d’alumine.
Agropédologie Chapitre II
Grandes étapes de la pédogénèse

L’insobulisation de ces cations (fer et aluminium) libérés est rapide


dans la plupart des cas. Si le sol est riche en MO, cette insolubilisation
peut être retardée ou empêchée (formation de complexes organo-
métalliques dans les podzols).

Au fur et à mesure de son évolution, le sol s'approfondit et se


différencie en horizons. Plus un sol évolue et s'épaissît, plus
nombreux sont les horizons (O, A, B et C). Ces horizons résultent de
l'action combinée du climat, de la végétation, des organismes du sol
(pédofaune) et de la topographie.

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Agropédologie Chapitre II
Grandes étapes de la pédogénèse

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Agropédologie Chapitre II
La fraction minérale du sol

La fraction minérale du sol est constituée en majeure partie de


fragments de roches et des minéraux qui en sont issus. Il s'agit de
minéraux originels inaltérés ou de minéraux originels plus ou moins
profondément transformés par les processus d'altération, auxquels
peuvent s'ajouter des minéraux de néoformation, spécifiques du
milieu édaphique.

On note également qu'une partie des éléments minéraux du sol est


présente sous forme d'ions (cations et anions), soit à l'état dissout
dans la solution du sol, soit adsorbés à la surface des colloïdes
organo-minéraux (éléments dits "échangeables").

La nature des minéraux constitutifs de la roche-mère détermine dans


une large mesure le degré de fertilité du sol qui en est issu, ou tout au
moins sa fertilité potentielle (en dehors de tout apport fertilisant).12
Agropédologie Chapitre II
La fraction minérale du sol

Dans la fraction inorganique cristallisée, les pédologues distinguent


habituellement deux types principaux de constituants : les minéraux
primaires et les minéraux secondaires.
 Minéraux primaires
Les minéraux primaires (une dizaine de minéraux essentiels) sont, à
l'origine, les minéraux constitutifs des roches magmatiques, c'est-à-
dire ceux qui se sont formés lors de la cristallisation des magmas.
Presque tous les minéraux primaires sont des silicates ou des
aluminosilicates de composition chimique variée.
• Minéraux secondaires
Les minéraux secondaires sont essentiellement des phyllosilicates
(minéraux argileux), des oxyhydroxydes (de fer, d'aluminium, de
manganèse,...), des carbonates (de calcium, de magnésium), des
sulfates (de calcium : gypse) et des chlorures (de sodium : halite).
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Agropédologie Chapitre II
La fraction minérale du sol

Genèse des argiles


L’eau attaque les minéraux et les roches lorsqu’elle est plus ou moins
chargée d’éléments agressifs (H+ : hydrolyse acide ; OH- : hydrolyse
alcaline), on parle d’hydrolyse.

L’hydrolyse peut être plus ou moins agressive suivant les conditions


du milieu. On sait que toute élévation de température accélère la
vitesse des réactions chimiques. Aussi faut-il distinguer deux types
d’hydrolyse :
o l’hydrolyse totale aboutissant à la libération des constituants des
minéraux primaires (Si, Al, Fe, cations basiques : Ca, Mg ; K ; Na)
caractéristique des climats tropicaux et équatoriaux ;
o l’hydrolyse progressive et ménagée souvent incomplète
caractéristique des climats tempérés.
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Agropédologie Chapitre II
La fraction minérale du sol
C’est ainsi qu’en climat chaud et humide l’origine des argiles n’est pas
la même qu’en climat tempéré. Dans le premier cas l’argile est le plus
souvent de néoformation car constituée au dépend des éléments
libérés par l’hydrolyse totale, dans le second cas (climat tempéré)
l’argile résulte de transformation progressive des minéraux primaires
notamment les minéraux phylliteux comme les micas.

 La néoformation
L’hydrolyse totale est particulière aux sols tropicaux et équatoriaux.
Les minéraux primaires et leurs constituants notamment la silice et
l’Al sont libérés. Ce type d’hydrolyse favorise en outre non seulement
l’élimination des cations basiques (Ca, Mg, K, Na) mais aussi du
silicium qui est presque aussi mobile que ces cations. A l’inverse les
oxydes de Fe et Al (sesquioxydes) sont peu mobiles et s’accumulent
sur place.
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Agropédologie Chapitre II
La fraction minérale du sol

Exemples d’argiles de néoformation :


o La montmorillonite se forme si le milieu est neutre ou alcalin
(présence de Ca2+ et Mg2+ nécessaire), l’humidité du sol est élevé
(milieu mal drainé) et si le milieu présente une saison sèche
marquée favorable à la recristallisation de l’argile ;
o La kaolinite se forme si le drainage est plus accentué (élimination
d’une plus grande quantité de silice) et de ce fait le milieu plus
acide (élimination des bases : Ca, Mg, K, Na). La kaolinite est
caractéristique des sols ferrugineux tropicaux.

Si le drainage et l’acidité sont plus accentués (élimination totale de la


silice) aucune néoformation d’argile n’est possible : seuls les oxydes
de fer et d’aluminium vont subsister dans le profil (Goethite Fe2O3 et
Gibbsite Al2O3).
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Agropédologie Chapitre II
La fraction minérale du sol
 La transformation
En climat tempéré l’hydrolyse est progressive ; l’argile provient de
transformation. La transformation d’un minéral en argile varie. Si la
transformation est faible on parle d’héritage. Il s’agit alors d’une faible
modification par rapport aux minéraux primaires. Les argiles formées
sont dites héritées car très proches des minéraux qui leur ont donné
naissance.

Exemples d’argiles de transformation :


o les illites issues des micas dont les feuillets gardent leur structure
perdant seulement une partie des K+ intercalaires entre les
feuillets ;
o les vermiculites proches des montmorillonites mais moins
gonflantes avec moins de charges négatives ;
o les vermiculites alumineuses qui se forment en milieu encore plus
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acide mais drainé.
Agropédologie Chapitre II
La fraction organique du sol

Elle est constituée d'un ensemble de substances de natures et de


propriétés très variées. La matière organique du sol est composée
d’organismes vivants, de résidus de végétaux et d’animaux et de
produits en décomposition. Elle provient essentiellement de la litière
(feuilles mortes, brindilles, fragments de végétaux, branches, troncs
morts, excréments d’herbivore, etc.).

Les teneurs en matière organique des sols sont extrêmement


variables : moins de 0,1 % dans les sols des régions arides à près de
100 % dans les sols hydromorphes tourbeux. Dès que la teneur en
matière organique d'un horizon dépasse 30 %, celui-ci est considéré
comme étant holorganique (= horizon O). Les horizons profonds de la
grande majorité des sols (horizons minéraux) ont des teneurs en M.O.
inférieures à 0,1 %.
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Agropédologie Chapitre II
La fraction organique du sol

Composées de 58 % de carbone organique en moyenne, les matières


organiques du sol libèrent du dioxyde de carbone (CO2) et des
composés organiques et des minéraux en se décomposant sous
l’influence du climat et des conditions ambiantes du sol.

On distingue habituellement au sein de la matière organique du sol


les trois catégories suivantes :
1. Les débris d’origine végétale ou animale (matières organiques
fraîches)
L'appellation "matière organique fraîche" est consacrée à cette
fraction de débris peu transformés " et à structure encore organisée,
qui peut comprendre des débris d’origine végétale (feuilles, tiges,
racines mortes, résidus de récolte, exsudats foliaires et racinaires) et
d’origine animale (déjections, cadavres) liés aux activités de surface et
au couvert végétal (forêt, prairies, culture). 19
Agropédologie Chapitre II
La fraction organique du sol

2. Matières Organiques Vivantes (MOV)


D’origine animale et végétale les MOV englobent la totalité de la
biomasse en activité (racines, vers de terres, microflore du sol…). La
Biomasse du sol ou pédofaune (à l'exclusion de la macrofaune), est
constituée surtout de microorganismes (bactéries, champignons,
actinomycètes,).

3. Les composés organiques stabilisés (« MO stable ») : humus


Il s’agit ici de matière organique fortement transformée, d'origine
végétale ou animale constitué de composés organiques stabilisés
(«MO stable»), les matières humiques ou humus, provenant de
l’évolution des matières précédentes. L’humus représente 70 à 90 %
des matières organiques du sol.
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Agropédologie Chapitre II
La fraction organique du sol

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Agropédologie Chapitre II
Les fonctions de la matière organique dans les sols

Dans le sol, les MO assument de nombreuses fonctions agronomiques


et environnementales :
o Elles assurent le stockage et la mise à disposition pour la plante,
par minéralisation, des éléments nutritifs dont elle a besoin. Le
Complexe Argilo-Humique (CAH), chargé négativement sur sa
surface peut fixer les cations du sol et est ainsi le garde-manger de
la plante.
o Elles participent à l’amélioration des propriétés physiques du sol,
elles sont le liant des particules minérales (argiles, limons et sables)
à travers le complexe argilo-humique, et de ce fait, participent à la
qualité de la structure du sol et à sa stabilité vis à vis des agressions
extérieures (pluie, compaction...).
o Elles stimulent l’activité biologique, étant à la fois source d’énergie
et d’éléments nutritifs pour les organismes du sol.
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Agropédologie Chapitre II
Les fonctions de la matière organique dans les sols
o Elles contribuent à la perméabilité, l’aération du sol et la capacité
de rétention en eau.
Les matières organiques sont donc importantes pour les propriétés
physiques et chimiques. Elles sont, cependant, considérées comme un
« amendement » et non pas un engrais à cause de leur impact
important sur la structure du sol.

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Agropédologie Chapitre II
Processus de formation de l’humus

Au sens large, l'humification correspond à l'ensemble des processus


de transformation de la matière organique restituée au sol
aboutissant à la formation d’humus. L’humification et la
minéralisation sont de deux processus "antagonistes", puisque la
minéralisation entraîne la décroissance du taux de matière organique
du sol alors qu'à l'opposé, l'humification, en rendant les composés
organiques plus résistants à la biodégradation, a tendance à stabiliser
le taux humique.

En réalité dans un horizon humifère arrivé à maturité, restitution,


minéralisation et humification s'équilibrent.

Les transformations des matières organiques se réalisent


essentiellement par les processus de recombinaison (humification) et
de dégradation (minéralisation). 24
Agropédologie Chapitre II
Processus de formation de l’humus

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Agropédologie Chapitre II
Processus de minéralisation

C’est le passage du monde organique au monde minéral. Ce


processus se déroule en plusieurs étapes : la minéralisation primaire
qui concerne les matières organiques jeunes et la minéralisation
secondaire ou minéralisation des produits stables (communément
appelé «minéralisation de l’humus »).

Il est capital au point de vue du recyclage des éléments contenus


majoritairement dans la fraction organique : azote et éléments
associés (phosphore, soufre, oligoéléments), les rendant disponibles
pour la végétation. Les plantes absorbent des éléments nutritifs du
sol sous forme « minérale » et les transforment en molécules «
organiques » (cellulose, lignine, fleurs...).

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Agropédologie Chapitre II
Processus de minéralisation

Ce processus de minéralisation affecte aussi bien les composés


organiques peu transformés que la fraction humifiée du sol. Mais si la
matière organique "fraîche" est rapidement dégradée sous l'action
des organismes du sol, les composés humiques sont quant à eux
minéralisés plus lentement, cette fraction étant de par sa composition
plus résistante à la biodégradation.

A terme, la minéralisation aboutit à la libération de composés


minéraux simples et solubles (NO3-, NO2-, NH4+, H2PO4-, HPO42-,
SO42-,...) ou libérés à l'état gazeux (NH3 , CO2).

La libération de CO2 correspond à ce que l'on appelle la "respiration


du sol" ; elle est le reflet de son activité biologique et
microbiologique.
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Agropédologie Chapitre II
Processus de minéralisation

La pédofaune joue un rôle de premier plan dans la décomposition


initiale de la matière organique fraîche en assurant la fragmentation
des tissus végétaux et en accroissant par conséquence leur surface
d'attaque (rôle des lombricidés dans les humus de type mull, des
microarthropodes phytophages dans les moders). Par son activité, la
faune du sol (pédofaune) disperse dans les couches profondes la
matière organique morte présente en surface et ramène dans les
couches superficielles leurs excréments contenant les produits de
digestion de la litière.

Les transformations ultérieures, de nature enzymatique, sont


assurées par l'activité microbienne et fongique. Les champignons
assurent généralement avec les Actinomycètes la minéralisation des
résidus végétaux les plus résistants.
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Agropédologie Chapitre II
Processus de minéralisation

Trois types de dégradation enzymatique dominent dans les sols :


o La cellulolyse qui libère des glucides simples (hexoses, pentoses),
des acides uroniques et de l'acide galacturonique. La cellulolyse est
essentiellement le fait d'organismes microbiens et elle est
particulièrement rapide lorsque les conditions sont favorables ;
o La protéolyse du contenu cytoplasmique des cellules végétales.
Cette hydrolyse enzymatique libère des polypeptides et des acides
aminés. La protéolyse est assurée par des agents bactériens.
o La ligninolyse des parois et des tissus lignifiés des végétaux. Il s'agit
d'un processus beaucoup plus lent car la lignine est une
macromolécule polyphénolique très stable et donc difficilement
biodégradable. La transformation partielle ("pourritures brunes")
ou complète ("pourritures blanches") de la lignine est assurée
essentiellement par des champignons et aboutit à terme à la
libération de composés phénoliques simples ("monomères"). 29
Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

Il s’agit de la dernière phase de la pédogenèse. La deuxième phase


ayant abouti à l’incorporation de la M.O aux matières minérales fines
pour former le complexe argilo humique (CAH) a conduit à la
formation d’un véritable sol. Celui-ci demeure toutefois peu évolué,
car constitué, hormis les couches organiques que d’un horizon
organo-minéral (A) et d’un matériel parental (C).

Peu à peu d’autres horizons vont se former et on explique l’apparition


de ces horizons par des transferts variés de matières au sein du sol.
Les agents de transferts de matières dans les sols sont relativement
peu nombreux : eau, pédofaune, pédoflore, gravité, etc. Les
champignons et les plantes qui interviennent le font par des
circulations internes de l’eau et des solutés (translocation).
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Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

L’eau est le principal vecteur des transferts, capable de transferts en


tout sens :
 quand les précipitations sont supérieures à l’évaporation les
migrations descendantes dominent ;
 quant aux transferts latéraux, en plus de l’eau, ils dépendent aussi
des conditions locales comme la pente, la perméabilité des roches
sous jacentes, etc.

D’autres transporteurs sont représentés par les animaux du sol en


particulier les vers de terre, les fourmis et les termites, capables de
forts brassages (processus de bioturbation).

Enfin la gravité, combinée au ruissellement, est un agent important


d’incorporation de la matière organique (MO) en profondeur dans les
vertisols où de larges fentes de retrait s’ouvrent en saison sèche. 31
Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons
 Les migrations descendantes dues à l’eau
La lixiviation : migrations en profondeur des cations, des anions ou de
petites molécules et ou de sels solubles. La lixiviation a trois effets sur
l’évolution du sol :
o désaturation du complexe (milieu non calcaire) et corollairement
l’acidifie par les mécanismes d’échanges ;
o décarbonatation des sols calcaires : entraine les carbonates, après
dissolution de la calcite; fixé sur le complexe, le calcium résiste
mieux mais il finit lui aussi par être évacué;
o en climat équatorial humide, le silicium peut être éliminé laissant
seuls l’aluminium et le fer (sols ferralitiques).

Chéluviation : c’est l’entrainement de complexes organo-métalliques,


les chélates dans des conditions généralement réductrices et acides.
La chéluviation est le processus de base de la formation des podzols,
sous une végétation à lisière acidifiante. 32
Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons
Pendant la chéluviation, les feuillets d’argile éclatent, libérant
l’aluminium et le fer qui se fixent alors à des molécules organiques
complexantes, notamment les acides fulviques (acido-complexolyse).
Les chélates ainsi formés sont entrainés en profondeur.

Lessivage : dans le langage courant, lessivage est souvent synonyme


de lixiviation. Ce qui n’est pas vrai car les deux processus sont
différents. Le lessivage correspond à un entrainement mécanique
vertical par les eaux gravitaires de l’argile des sols depuis les horizons
supérieurs (éluviaux, appauvris et décolorés) vers les horizons
profonds (illuviaux, enrichis et plus colorés).

Dans les sols riches en calcaire actif et en carbonates, l’argile est


floculée, ce qui empêche tout lessivage. Mais dès qu’apparait la
décalcification (lixiviation du calcium), la liaison argile-humus
s’affaiblit, provoquant l’entrainement de certaines argiles très fines.
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Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

Si la décalcification se poursuit, accompagnée d’une forte baisse du


taux de saturation et du pH, le lessivage s’intensifie et se traduit par la
formation des horizons éluvial E et illuvial Bt (riche en argile).

 Les migrations ascendantes dues à l’eau


Dans les climats chauds et humides, les mouvements ascendants de
l'eau dus à l'évaporation sont dominants, allant jusqu'à la formation
de croûtes salines superficielles dans les zones de forte aridité. Trois
types de migrations ascendantes où l’eau est le vecteur principal ont
été reconnus :
o les remontées par évaporation ;
o les remontées physico chimiques de certains sels en solution, par
remontée capillaire, par ascension capillaire et/ou fluctuations
d’une nappe phréatique.
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Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

En climat chaud et sec, au moins saisonnièrement, l’eau remonte par


ascension capillaire puis s‘évapore au contact de l’air. Elle entraine
avec elle des éléments dissous qui précipitent dans les couches
supérieures du sol ou à sa surface au moment de l’évaporation. C’est
le cas du fer et de l’aluminium en régions tropicales, le premier
colorant le sol en rouge intense par ses oxydes (horizon FS). Le
sodium forme des efflorescences blanches à la surface des sols à forte
évaporation.

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Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

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Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

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Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

 Mécanismes de transferts dus à des déplacements de masse : la


pedoturbation
La bioturbation : La notion de bioturbation désigne le phénomène de
transfert d'éléments nutritifs ou chimiques par des êtres vivants au
sein d'un compartiment d'un écosystème ou entre différents
compartiments. La bioturbation fait référence à l’ensemble des
dérangements dus à des déplacements par les organismes vivants
(Lozet et Mathieu, 2002).

La bioturbation est assurée en très grande partie par les vers de terre
qui sont considérés comme des agents biologiques majeurs qui
déplacent horizontalement ou verticalement (selon l'espèce) de
grandes quantités de matière et d'éléments chimiques. Il enfouit
notamment dans le sol les feuilles mortes décomposées.
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Agropédologie Chapitre II
Transferts de matières et différentiation des horizons

Certaine espèces de vers de terre (endogés) diffusent les matériaux


horizontalement, d'autres espèces (épi-endogés) remontent ces
éléments à la surface ou les enfouissent, enrichissant et
homogénéisant de manière continue l'horizon superficiel.
Certaines fourmis transportent des feuilles découpées par leurs
ouvrières sur des centaines de mètres.
La cryoturbation : Dans les régions nordiques (très froides) et les
hautes montagnes, la partie inférieure du sol reste en permanence
gelée (le permagel). Les Températures < 0°C (gel) conduisent à une
cristallisation des eaux du sol et la masse de l’horizon devient
imperméable. Les horizons superficiels dégèlent mais restent gorgés
d’eau; la différence de température entre la partie inférieure et la
partie supérieure provoque des mouvements de convexion qui
forment des figures hexagonales en surface : c’est la cryoturbation.
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Agropédologie Chapitre II
Profils et horizons des sols

Les pédologues dénomment «horizons» les couches horizontales


superposées en strates successives de couleur, texture et structures
différentes, dont l’ensemble constitue le profil d’un sol, mis à jour
par une coupe verticale. Ceux-ci se différencient par de nombreux
caractères: épaisseur, couleur, teneurs en sables, limons et argile,
composition chimique, colonisation par les racines, etc.

Le profil de sol s'étend vers le bas jusqu'à la roche sous-jacente, la


roche-mère si elle est bien à l'origine du sol qui la surmonte.

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Agropédologie Chapitre II
Profils et horizons des sols
On peut en principe observer cinq types d'horizons superposés dans
une coupe de sols évolués, dénommés :
1. La couche organique
2. Horizon A – zone de perte
3. Horizon B – zone d’accumulation
4. Horizon C– matériel parental peu altéré
5. R - roche mère (bedrock)

41
Agropédologie Chapitre II
Profils et horizons des sols

 Horizons – Couche organique


La couche organique consiste en:
o L (Couche Litière) – À la surface: composée de feuilles, branches et
autres.
o F (Couche Fermentée) – matériel organique partiellement
décomposé, tels que les aiguilles, feuilles et branches.
o H (Couche Humus) – matériel organique pleinement décomposé,
souvent de couleur brun-noire à noir.
 Horizon – A
Dans les horizons A, on distingue des horizons A0 et A1 dans lesquels
se concentre la majorité de la matière organique, un horizon A2,
intermédiaire et un horizon A3 minéral.
En raison de l’activité biologique, la matière organique s’accumule
résultant en une couche Ah. La couche Ae est identifiables par
l’absence d’argile, de fer, d’aluminium et de M.O. 42
Agropédologie Chapitre II
Profils et horizons des sols
 Horizon B
Dans les horizons B s'effectuent les dépôts de sels minéraux et la
floculation des matières colloïdales ayant été entraînées par les
phénomènes de migration hors des horizons A. L’horizon B est
caractérisé par un ou plusieurs des traits suivants :
o Enrichi avec de l’argile, du fer, de l’aluminium ou de l’humus,
résultant en une couche Bf.
o Altération par hydrolyse, réduction ou oxydation provoquant un
changement de couleur ou de structure à partir du dessus ou du
dessous. Résultant en une couche Bm.
 Horizon C
L'horizon C est constitué par de la roche mère érodée, en voie
d'altération, et; peut être caractérisé comme du matériel parental,
relativement non-affecté par le processus de formation du sol.
 Horizon D
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Roche mère intacte.
Agropédologie Chapitre II
Sols allochtones et sols autochtones

Les formations allochtones sont les sédiments fluviatiles, lacustres,


côtiers, glaciaires, ou éoliens, les éboulis, les colluvions et les
formations de pente.

Les formations autochtones sont les profils d’altération formés in situ


(sur place) sur tous types de roches. Les « altérites » formées dans ces
profils sont des roches dont la genèse ou les propriétés actuelles
résultent de processus d’altération, quel qu’en soit l’âge.

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