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INTRODUCTION
S’occupant de l’étude des sols, la pédologie est une notion dont l’origine remonte au 19è
siècle. Mais la notion de sol est très ancienne et son étude revêt une importance capitale en
agronomie et en sciences de la nature (géomorphologie, biogéographie, botanique, géologie,
etc.). Depuis plus d’un siècle, de nombreux chercheurs ont utilisé plusieurs méthodes pour
étudier les sols. Ces différentes méthodes ou techniques appliquées révèlent que les sols sont
constitués par des éléments minéraux et des éléments organiques de nature différente. Mais
du fait des variations climatiques, les états du sol varient, montrant que le sol est un complexe
dynamique qui évolue dans le temps et dans l’espace. Outre les généralités, ce cours va porter
successivement sur les constituants du sol, les propriétés du sol et la classification des sols.
I- GENERALITES
- Deuxième étape : colonisation des altérites par la vie végétale et animale : la surface ainsi
décomposée et recouverte d’une mince couche de matières minérales et organiques va être
colonisée par des microorganismes vivants tels que les bactéries, insectes, lichens, mousses
et champignons. Cette activité biologique décompose davantage les roches en créant une
couche épaisse de débris organiques qui permet le développement des ligneux. Pendant que
les racines de ces ligneux secrètent des acides qui attaquent la partie superficielle des roches,
l’altération des minéraux se poursuit. La couche humique devenue très épaisse retient des
quantités d’eau beaucoup plus importantes.
- Troisième étape : formation des différents horizons du sol : elle passe successivement par la
phase minérale (restes des débris de la roche altérée), la phase résiduelle ou partie supérieure
du sol (mélange de matières organiques, des éléments fins comme les sables et limons et des
colloïdes comme les argiles et les carbonates), la phase aqueuse qui se traduit par la
circulation de l’eau qui provoque la migration des substances solubles se déposant à différents
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niveaux dans le sol et la phase vivante qui est la partie vivante du sol correspondant aux
végétaux et animaux.
Les quatre phases du sol se disposent les unes par rapport aux autres en fonction du climat,
de la pesanteur, des saisons au cours de l’année, de la perméabilité de la roche, etc, ébauchant
ainsi les horizons du sol.
- Quatrième étape : sol développé : peu à peu, la phase minérale et organique s’intensifie
avec la fragmentation des cailloux et la mise en solution de la plupart des minéraux (seuls
quelques minéraux lourds, les oxydes de titane et l’alumine restent sur place). Les solutés se
recombinent en grande partie pour donner des édifices cristallins comme les argiles. La
matière organique elle aussi se décompose plus ou moins rapidement selon qu’elle est
d’origine animale (putréfaction très rapide) ou végétale (rapide pour une partie, lente pour
celle qui va donner l’humus). Progressivement, les conditions physico-chimiques se
différentient en couches horizontales : passage en solution ou précipitation des composés du
sol. Les horizons sont ainsi définitivement mis en place.
- Pédon : notion introduite en 1960 par les Américains, le pédon est le plus petit volume qui
permet de définir un sol. C’est l’unité de volume qui résulte de l’évolution au cours du temps
de la roche sous l’action des facteurs de la pédogenèse. C’est un prisme grossièrement
hexagonal de quelques mètres carrés de surface, limité à la partie supérieure par la surface
du sol et à la partie inférieure par la roche-mère sous-jacente.
- Profil pédologique : défini pour la première fois à la fin du 20è siècle par les Russes, le profil
est une coupe verticale du sol allant depuis la surface jusqu’à la roche mère comprise. C’est
une séquence d’horizons caractéristiques d’un sol donné. En pratique, c’est l’une des faces
latérales verticales d’un pédon.
- Horizon : les horizons sont des couches parallèles à la surface du sol, d’épaisseur variable et
caractérisées par leur nature et par leurs relations. Ce sont à la fois des couches de matériaux
différents et des zones dont l’ambiance physico-chimique est en même temps bien définie et
différente de celle des autres horizons. Un pédon peut être constitué par plusieurs horizons.
L’organisation du sol se traduit à l’observation directe par la différentiation en horizons. Les
horizons sont à la base de la classification des sols.
- Humus : selon P. Duchaufour, l’humus est la matière organique transformée par voie
biologique et chimique et incorporée à la fraction minérale du sol, avec laquelle elle contracte
des liens physico-chimiques plus ou moins étroits. Par extension, le mot « humus » désigne
l'ensemble de la matière organique du sol, y compris les résidus d'origine végétale, peu
transformés et incomplètement incorporés au sol minéral.
La terre fine est constituée de particules dont le diamètre est inférieur à 2mm. Les plus fines
de ces particules sont liées entre elles par des ciments naturels comme la matière organique
et sont floculées.
Diamètre 2 mm – 50 µm 50 µm – 2 µm < 2 µm
La texture est la proportion des éléments du sol, classés par catégories de grosseurs. C’est
donc l’agencement des particules du sol suivant leurs dimensions (taille, forme). Quand les
sables grossiers sont en proportion importante, le sol est alors perméable. Par contre, quand
les éléments fins sont majoritaires, ils constituent une masse plus ou moins compacte surtout
à l’état humide, et le sol est imperméable. Il est donc clair que les caractères physiques du sol,
en l’occurrence la plasticité, la cohérence et la stabilité des agrégats dépendent des
proportions des différentes classes granulométriques du sol. On appelle terre fine, l’ensemble
des éléments inférieurs à 2mm obtenue après tamisage, le refus du tamis étant l’ensemble
des éléments grossiers (pierres, graviers, granules, galets). Pour déterminer la texture du sol,
on fait l’analyse granulométrique de la terre fine du sol, en utilisant la méthode de tamisage.
L’analyse granulométrique permet de fixer le pourcentage des divers constituants du sol. Les
classes de texture sont déterminées d’après un graphique triangulaire (triangle de texture qui
est un triangle isocèle) représentant la répartition des éléments constituants du sol suivant
leurs dimensions. Le point de concours des trois droites parallèles aux côtés, définit la classe
texturale. La dénomination des classes de texture commence par l’énonciation de la classe
granulométrique prédominante, puis de celle qui lui succède en %. Exemple : texture limono-
sableuse ou limon sableux désigne une texture où la fraction prédominante est celle des
limons et contenant une teneur non-négligeable de sables.
- Les sables : on y distingue deux sous-classes à savoir les sables grossiers (diamètre entre 2
mm et 0,2 mm) et les sables fins (taille comprise entre 200 µm et 50 µm, c’est-à-dire 0,2 mm
à 0,05mm). En fonction de la densité des minéraux sableux, le spectre de la répartition laisse
distinguer les minéraux lourds (d>0,29) et les minéraux légers (d<0,29). Les minéraux lourds
(reliques du matériau originel du sol) sont plus résistants aux attaques des agents de la
pédogenèse. Quant aux minéraux légers (quartz, feldspaths, micas, feldspathoïdes), ils ont un
rôle important, car ils constituent une réserve de potasse et d’autres ions (Na, Ca, Fe, Mg, K,
etc.) dans le sol. L’étude de l’aspect extérieur des minéraux tels que le quartz relève de la
morphoscopie. La forte résistance du quartz à l’altération en fait un enregistreur des actions
physiques et chimiques auxquelles il a été soumis pendant longtemps.
- Les argiles : Ce sont des édifices minéraux microcristallins. C’est une fraction minérale
feuilletée du sol comportant des particules de diamètre inférieur à 2 µm. Les argiles
minéralogiques sont donc des phyllosilicates d'aluminium dont les feuillets sont constitués de
couches d'octaèdres Al(OH)6 et de couches de tétraèdres SiO4 reliées par les atomes O et OH
mis en commun. La distance inter-réticulaire d sépare 2 feuillets successifs. Les substitutions
d'atomes sont fréquentes dans les feuillets. L’édifice cristallin peut être désorganisé (la
cristallinité est moins bonne). D'autre part, il y a des déséquilibres au niveau des charges ; ce
déséquilibre est compensé par adsorption de cations dans l'espace inter-foliaire (capacité
d'échange des argiles), d’où l’importance des argiles dans le sol. En effet, les minéraux argileux
migrent facilement dans le sol, se gonflent ou se rétractent en fonction de l’humidité du sol.
C’est la partie du sol qui possède la propriété de fixer provisoirement certains éléments
chimiques tels que les bases échangeables indispensables aux plantes. Les argiles constituent
des formes stables de la matière minérale silicatée dans les conditions physico-chimiques du
sol.
Le carbonate le plus abondant dans les sols est la calcite (CaCO3). Les autres minéraux
carbonatés rencontrés sont le carbonate de sodium (Na2CO3) uniquement dans les sols
halomorphes alcalins où le pH est supérieur à 8,5, la sidérite (FeCO3), la dolomite (Ca.Mg
(CO3)2). Contrairement aux silicates, les carbonates tout comme les sulfates et les chlorures
sont très solubles dans l’eau chargée de CO2.
Avec les minéraux argileux, les oxyhydroxydes constituent l’essentiel du complexe d’altération
des sols. Provenant essentiellement des minéraux ferromagnésiens, ils sont omniprésents
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dans la matière fine des sols, notamment dans les argiles, mais aussi dans les sables et limons.
Regroupés sous le vocable d’éléments libres en pédologie, les oxyhydroxydes les plus
abondants dans les sols sont à base de fer et d’aluminium.
- Les oxyhydroxydes de fer : provenant de l’altération des roches, notamment des roches
basiques, le fer est présent dans tous les sols, mais avec des proportions fort variables (entre
1% et plus de 80%). Du fait de l’insolubilité des oxyhydroxydes, la concentration du fer a
tendance à s’accroître par accumulation relative au cours de la pédogenèse. À l’échelle des
grandes zones climatiques, les teneurs en fer dépendent plus du climat que des roches mères.
C’est pourquoi, en zone intertropicale chaude et humide où l’altération est très poussée, les
teneurs en fer sont plus fortes qu’en zone tempérée.
Le fer dont le comportement géochimique est régi par le pH et le potentiel rébox (Eh) du milieu
ambiant joue un rôle important sur le plan pédo-morphologique : ils déterminent la couleur
des sols et peuvent évoluer par induration pour donner naissance aux cuirasses ferrugineuses
en milieu tropical.
Dans les sols, le fer précipite sous deux principales formes : les formes cristallisées et les
formes amorphes ou paracristallines. Les formes cristallisées comprennent la goethite (α-
FeO.OH) de couleur brun-rougeâtre et présente dans les sols de toutes les régions du globe,
la lépidocracite (¥-FeO.OH) qu’on rencontre particulièrement dans les sols hydromorphes où
elle se forme par oxydation spontanée de Fe2+ et l’hématite (α-Fe2O3) de couleur rouge et
présente dans les sols des régions tropicales et subtropicales. Les formes amorphes (),
présentes dans la plupart des sols, sont des oxyhydroxydes plus ou moins hydratés constituant
des gels colloïdaux.
Il s’agit des sels solubles se retrouvant particulièrement dans les sols (sols halomorphes) des
régions semi-arides et arides. Lorsqu’ils n’ont pas été lessivés, les remontées capillaires
entraînent la formation des efflorescence salines à la surface des sols. Les sels les plus
fréquents sont l’halite (NaCl) responsable des efflorescences blanches des sols de type
solontchaks, le sulfate de sodium (Na2SO4) et le gypse (CaSO42H2O).
Il s’agit des restes d’animaux morts et de végétaux jouant un rôle très important dans la
dynamique du sol. Les restes d’animaux morts se décomposent rapidement, alors que la
matière végétale donne naissance à de l’humus qui est un composé à évolution complexe, la
vitesse de transformation variant de moins d’un an à plus de dix ans selon les cas.
- les acides humiques ou humus stable qui comprend les résidus de lignine et de cellulose
oxydées, les matières azotées (protéines, acides aminés…) et les sels minéraux.
Suivant qu’ils se forment en milieu aéré ou non, on distingue deux grands groupes d’humus :
- En conditions aérobiques : on a mull>moder >mor. La formation de ces trois types d’humus
diffère suivant la nature de la végétation et le pH du sol ;
- les acides humiques gris : dominant en sol calcaire, ils proviennent de synthèses
microbiennes actives en sol riche en calcium et à partir des végétaux cellulosiques. Formés de
grosses molécules, ils sont riches en azote et facilement floculés par le calcium. Ils s’unissent
à l’argile pour former le complexe argilo-humique très stable.
- Les acides humiques bruns : formés à partir des végétaux plus ligneux et en sol légèrement
acide où l’activité microbienne est moins intense, ils constituent un humus peu stable. Ils
proviennent plus d’une modification des molécules de lignine par oxydation que de l’activité
microbienne : c’est donc plus un humus résiduel qu’un humus de synthèse. Pauvres en azote,
formés de plus petites molécules, difficiles à floculer par le calcium, ils forment avec l’argile
un complexe moins durable, car rapidement minéralisé, il disparaît vite du sol.
c)- L’humine : c’est un produit complexe et hétérogène, insoluble dans les réactifs
d’extraction. Faisant partie de la matière organique liée et donc différente de la matière
organique fraîche. On y distingue (i) : des composés résultant d’une évolution rapide de la
matière organique, comme la lignine à peine transformée en sol calcaire, (ii) : des composés
très polymérisés résultant d’une décomposition lente de la matière organique et liés aux
matières minérales (cas de l’horizon Bh des podzols et des chernozems).
d)- Le résidu : le résidu (ou débris organiques ou matière non liée) est l’ensemble des éléments
dont on peut encore déterminer la structure de tissus organisés. Ils sont très légers et flottent
sur les solutions.
e - Les éléments chimiques associés à la matière organique (MO) : ce sont les éléments issus
de la décomposition ou minéralisation de la MO. La minéralisation primaire est un processus
assez rapide qui aboutit à la libération de substances nutritives (eau, CO2, azote nitrique,
phosphates et sulfates, etc.) par désagrégation et dépolymérisations successives des matières
organiques que la faune du sol (insectes et arthropodes) et la flore tellurique (champignons
et bactéries). Par contre, la minéralisation secondaire est un processus très lent, à raison de 2
à 3 % par an qui affecte l’humus formé depuis de nombreuses années et libère des quantités
annuelles d’éléments nutritifs considérables (CO2, SO4 2- , PO4 3- , NO3 , Ca++, Na+ , K+ ,
Mg++, NH4 + , … Minéralisation primaire: CO2 , SO4 2- , PO4 3- , NO3 - Ca++, Na+, K+, Mg++ ,
NH4 +, etc.) qui sont mis à disposition des plantes.
L’azote, le phosphore et le soufre sont surtout les plus associés à la MO. Le rapport
Carbone/Azote (C/N) est un indice qui renseigne sur la richesse en azote de l’humus. Au cours
de la décomposition, la matière organique perd plus de carbone (qui s’échappe sous forme de
CO2) que d’azote, dont une grande partie est incorporée dans les molécules de l’humus. Le
rapport C/N traduit la capacité minéralisatrice annuelle de l’azote : plus C/N diminue
rapidement, plus la capacité minéralisatrice est importante. Mais si le sol est enrichi en engrais
par exemple, et si les conditions physico-chimiques sont favorables, il y aura la prolifération
de la vie microbienne et la réorganisation de cet azote sous forme d’azote organique
permettant progressivement la stabilité du sol si celui-ci n’est pas surexploité.
- Complexes chimiques : c’est l’ensemble formé par les oxydes, les produits organiques et les
ions dans le sol. Ils sont généralement très solubles. Tant que le complexe n’est pas détruit,
les éléments qui les composent peuvent migrer facilement dans le sol. L’élément qui a migré
grâce à la formation du complexe est alors fixé sous forme insoluble. Par exemple, le fer
ferreux n’est pas soluble dans les conditions physico-chimiques ordinaires. Il migre grâce à la
formation de complexes organiques et précipite par oxydation en fer ferrique. Les complexes
les plus importants en pédologie sont ceux que la fraction soluble de la matière organique
libre (acides fulviques) peut former avec les cations Fe2+, Fe3+, Mn2+ et Mn4+. Sous forme
échangeable, ces ions n’existent dans le sol qu’à des pH ≤ 6,5. A des pH élevés (acides), ils sont
sous forme d’hydroxydes insolubles.
Les meilleures conditions de croissance des plantes cultivées sont réalisées lorsque le
complexe absorbant est saturé par des cations alcalino-terreux, surtout le calcium. Cela exige
un pH ≤ 7, c’est-à-dire un pH basique ou neutre. Les plantes se nourrissent en échangeant les
cations (K+, Ca++, Mg++) dont elles ont besoin contre les ions H+ qu’elles puisent dans l’eau.
- Le complexes argilo-humique : comme son nom l’indique, c’est l’association des composés
organiques avec les minéraux argileux du sol. De nombreuses études ont montré qu’une
grande partie de la matière organique humifiée (50 à 80%) est liée à la fraction argileuse du
sol. Mais il est difficile de donner avec précision la surface des particules argileuses fixée par
les composés humiques. Plusieurs types de liaisons sont évoquées entre les polymères
organiques et les particules argileuses : attraction électrostatique, liaison par ponts
hydrogène, absorption physique et complexes de coordination. Lorsqu’il y a un grand nombre
de points de contact entre les composés organiques et l’argile, il devient apparemment
impossible de séparer les deux constituants.
2.2.3- Avantages de la matière organique du sol : la matière organique (MO) a des avantages
multiples, surtout dans le domaine agricole.
- Dans le domaine agricole : ici, c’est la matière organique humifiée qui est considérée, car
c’est elle qui agit sur la fertilité des sols par l’évolution biochimique qu’elle y subit et par les
propriétés physico-chimiques induites.
La matière organique joue un rôle nutritionnel : elle fournit les éléments nutritifs du sol (dont
ont besoin les plantes) par le biais des processus de minéralisation (azote, phosphore, soufre,
potassium…). Elle a aussi un effet favorable sur les propriétés physico-chimiques du sol. Elle
régularise l’humidité de tous les types de sol en favorisant l’évacuation de l’eau en excès des
sols argileux et en augmentant la capacité de rétention en eau des sols sableux. Elle améliore
les qualités chimiques du sol : par sa réaction acide, ses propriétés colloïdales et sa
minéralisation continue, l’humus agit sur les caractères chimiques du sol et sur la nutrition des
plantes. Elle augmente l’activité microbienne dans le sol, car elle constitue une source
d’énergie pour les micro-organismes.
Reflet de la teneur en matière organique, la couleur est l’indice le plus visible des variations
de comportement du sol. Le sol est d’autant plus foncé qu’il est riche en humus. Mais un sol
rouge signifie qu’il contient des oxydes de fer hydratés. Malheureusement, il n’y a pas de
relations quantitatives entre la couleur et ce qu’elle révèle. Par exemple, il faut peu de fer
pour colorer un sable, et dans certains sols comme les vertisols de faibles quantités de matière
organique donnent une coloration noire. Les pédologues utilisent le code Munsell pour
déterminer la couleur du sol.
a- Définition de la structure
La structure est la manière dont les minéraux sont groupés en agrégats dans le sol. Elle désigne
le mode d’assemblage des particules qui composent un sol. C’est donc l’organisation ou
l’agencement des agrégats dans la couverture pédologique. On distingue la structure
proprement dite observée et décrite à l’échelle macroscopique et la microstructure ou
micromorphologie à l’échelle microscopique. La structure détermine la répartition spatiale de
la matière solide et des vides. Cette répartition conditionne l’ensemble des propriétés
physiques fondamentales du sol, permettant ainsi à la structure de jouer son rôle dans le sol :
aération du sol, résistance à la pénétration des racines, respiration des racines, rétention de
l’eau ; elle joue un rôle dans la résistance à l’érosion, intervient dans le lessivage et la
perméabilité des sols.
La structure du sol résulte des processus physique, mécanique, biologique et chimique. Les
types de structures sont déterminés par la dominance de tel ou tel processus. Dans
l’organisation des particules du sol les ciments floculés à savoir les éléments fins ou colloïdaux
jouent un rôle important. Ce sont eux qui forment des ponts ou revêtements autour des
particules minérales plus grossières en liant ces dernières plus ou moins intimément.
- structure particulaire ou meuble : elle est définie par l’absence totale de cohésion entre les
particules constitutives du sol. Elle caractérise les sols à texture grossière, sableuse et sablo-
limoneuse ;
- structure cohérente ou massive : elle se remarque par l’assemblage continu et cohérent des
particules minérales du sol. Les ciments argilo-humiques floculés y sont insuffisants pour
former des agrégats, mais l’existence des ciments minéraux très diffus disposés en pellicules
autour des particules minérales permet la cohésion de l’ensemble. Ce type de structure
caractérise les sols à texture limoneuse ou limono-sableuse ;
- structures construites : l’élément constructeur de base ici est le ciment ou solution d’origine
biologique. Selon la forme ou les dimensions des agrégats formés, on y distingue :
* structure grenue ; elle se caractérise par des agrégats subsphériques peu poreux, de 1 à
10mm ;
* structure nuciforme : ici, les éléments agrégés ont une forme arrondie irrégulière de taille
supérieure à 1 cm ;
- structure par fissuration : elle est régie par le retrait-gonflement, preuve d’une structure
caractéristique des sols à texture très fine (argileuse ou argilo-limoneuse). L’orientation et la
taille des éléments cimentés permettent de distinguer :
d- La porosité du sol
La microporosité correspond au volume des pores capillaires retenant l’eau après ressuyage
du sol. Elle comprend la microporosité proprement dite (pores de réserve de 8 à 2 µm,
retenant l’eau capillaire absorbable par les végétaux) et la microporosité très fine (pores
résiduels de diamètre inférieur à 2 µm et retenant l’eau capillaire non absorbable).
La macroporosité correspond au volume des vides du sol occupé par l’air après ressuyage du
sol. Il s’agit des pores assurant la circulation de l’eau et de l’air. Ce sont donc ces pores de
transmission qui permettent le drainage du sol et rendent aussi possible la mobilisation des
substances solubles dans les profils et l’évacuation des produits de l’altération.
a - Généralités
L’eau du sol comporte deux aspects qui sont directement ou indirectement liés à la porosité
du sol et aux types de porosité qui y sont développés.
- Aspect statique : il traduit la capacité de rétention en eau du sol, en relation directe avec la
disponibilité en eau pour les plantes ;
- aspect dynamique : c’est la circulation de l’eau dans le sol, c’est-à-dire les transferts
verticaux ou latéraux de l’eau dans le sol.
- eau hygroscopique : c’est l’eau absorbée par le sol aux dépens de l’humidité atmosphérique.
C’est une mince pellicule d’eau entourant les particules minérales et organiques, sans
mouvement, et donc non absorbable par les plantes.
Les sols retiennent l’eau avec une certaine énergie qui dépend de leur texture ou de leur
contenu en matière organique. Les forces de rétention de l’eau par les sols peuvent être
évaluées, d’où la notion de potentiel capillaire ou matriciel ¥, défini en 1907 par Bruckingham.
Depuis 1935, on utilise l’expression logarithmique du potentiel capillaire pF = log10 ¥, proposée
par Schoffield.
- Mouvements latéraux : la circulation latérale des nappes s’explique par une topographie
favorable (sur les versants). Ce mouvement latéral des eaux d’infiltration, que les pédologues
désignent lessivage oblique, joue un rôle important dans la formation de certains sols à
horizons profonds indurés (cuirasses ferrugineuses tropicales, sols isohumiques à croûtes
calcaires…).
Ce sont les mêmes que ceux atmosphériques. Cependant, du fait des fermentations
biologiques de la matière organique et de la respiration des racines, la quantité du CO2
augmente, entraînant du coup l’augmentation de la pression partielle de ce gaz (3% au lieu de
3/100 000 de l’atmosphère normale). Ce phénomène est très remarquable dans le cas des sols
calcaires. Dans les sols engorgés ou les sols gonflants, les gaz sont chassés du sol. L’oxygène
peut alors manquer si des fermentations ont lieu ou si les racines absorbent de l’oxygène : le
sol devient asphyxiant pour les plantes et réducteur, facilitant ainsi la migration du fer.
L’oxygène et le CO2 sont donc des gaz qui jouent un rôle important dans le sol. Ils existent soit
à l’état libre dans l’atmosphère du sol soit à l’état dissous dans les solutions du sol. Des
transferts perpétuels s’effectuent ente l’atmosphère terrestre, l’atmosphère du sol et les
solutions du sol.
Par ses propriétés d’échange, un sol est capable soit de prélever des ions aux solutions qui
sont à son contact, soit de leur en fournir. Le complexe absorbant est donc l’ensemble des
colloïdes (composés humiques et argiles minérales)) doté de charges négatives susceptibles
Par exemple, prenons un sol à complexe absorbant saturé d’ions Ca2+, enrichi en engrais
potassique :
1 cmole(+)/kg = 1 meq/100g.
L’échange des cations dépend de la nature des colloïdes : Kaolinite = 3 à 15meq/100g ; Illite =
10 à 40 meq/100g ; montmorillonite = 80 à 150 meq/100g ; vermiculite = 100 à 150
meq/100g ; Matière organique = 100 à 450 meq/100g. Pour un même colloïde, les valeurs de
la CEC dépendent du pH. En règle générale plus le pH est acide, plus la CEC diminue.
Le pouvoir hydrogène du sol donne des indications sur l’activité des protons dans le système
sol-eau ou sol-solution saline, compte tenu des réserves que peut comporter une telle
détermination. Le pH mesure donc l'activité chimique des ions hydrogènes H+ (appelés aussi
couramment protons) en solution. Il est généralement réalisé sur une suspension du sol et
non sur une solution vraie. Dans le sol, on distingue :
- l’acidité d’échange ou acidité de réserve : elle prend en considération non seulement les
protons dissociés dans la solution du sol, mais aussi ceux qui sont absorbés par le complexe
d’échange. Le cation alumineux Al3+ ou l’aluminium cationique qui fait aussi partie de l’acidité
d’échange ne se retrouve que dans les sols à pH < 5. C’est un élément toxique pour les
végétaux, et sa détermination dans le sol acide est indispensable ;
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- l’acidité totale ou potentielle : elle correspond à l’ensemble des protons titrables par une
base forte (NaOH 0,1 N, par exemple).
Selon le taux d’acidité, le pH du sol varie de 1 à 14 sur l’échelle du pH : sol à pH basique (pH <
7), sol à pH neutre (pH = 7) et sol à pH acide (pH > 7).
Un sol désaturé est un sol dont le complexe absorbant est riche en protons H+, donc tend vers
l’acidité (sols sur schiste, granite, quartzite…).
Meilleur paramètre qui permet de connaître les propriétés oxydantes ou réductrices du sol,
le Eh est l’expression en millivolts du potentiel électrique qui résulte du transport d’électrons
d’un donneur d’électrons vers un accepteur d’électrons. En effet, les réactions d’oxydation et
de réduction se traduisent par des échanges d’électrons. L’oxydation est l’incorporation
d’oxygène par perte ou libération d’électrons. Une réduction est une perte d’oxygène ou une
incorporation d’électrons.
Les facteurs qui influencent Eh sont : la concentration globale de l’élément actif (ex : Eh croît
quand le fer augmente), les variations de l’humidité, le pH (l’addition des ions H+ dans le
système redox diminue Eh), le rôle joué par la microflore (Eh diminue quand la microflore est
importante) et la présence des substances organiques (Eh diminue quand ces substances sont
en quantité importante).
L’aération et le niveau d’oxydo-réduction ont une influence sur l’évolution du sol, car ils
règlent un grand nombre d’équilibres physico-chimiques et biochimiques dans le sol. Cette
influence est liée à la pédogenèse, selon que celle-ci se réalise en milieu riche en oxygène,
déficient en oxygène ou très pauvre en oxygène.
- Évolution progressive : La dynamique évolutive est dite progressive dans le cas d’une
stabilité climatique sans perturbations. Dans ce cas, le cycle d’évolution se traduit d’abord par
la formation de l’horizon humifère ou organique (profil AC), succède ensuite la phase de
formation d’un horizon minéral d’altération (profil A(B)C). Suite à la migration verticale,
l’horizon peut se subdiviser en un horizon éluvial A2 et un horizon illuvial B (profil A1A2BC).
L’évolution peut être totale ou partielle. Elle est totale, lorsque le sol est réduit à sa roche-
mère, et on aura un lithosol sur roche dure ( lithosol : sols superficiels de type A/R caillouteux)
ou un régosol (roche tendre). Si l’évolution est partielle ou incomplète, elle empêche
l’individualisation des horizons B d’altération dont la formation est lente. Dans ce cas seuls les
horizons humifères A0 et A1 à formation rapide se forment, et le profil est de type AC.
Le temps nécessaire pour l’accomplissement d’un cycle d’évolution varie entre un millénaire
environ pour certains sols à développement rapide (cycles courts) à plus d’un million d’années
pour ceux à évolution lente (cycles longs). Lors des cycles courts, l’orientation de la
pédogenèse ne change pas. Par contre, pour les cycles longs, les interférences avec des
variations climatiques importantes peuvent modifier la pédogenèse. La distinction entre
zones à climat tempéré ou froid et zones à climat tropical chaud s’impose alors.
Il existe plusieurs types de classifications des sols : les classifications hiérarchisées, les
référentiels et la classification référentielle FAO-UNESCO. La plupart de ces classifications
utilisent la notion de profil composé d’une succession d’horizons. Donc, de façon générale,
l’horizon avec ses caractères physiques et chimiques propres reste le critère de base de la
classification des sols. Comment désigne-t-on ces différents horizons fondamentaux des
profils de sol ayant évolué en milieu bien drainé (drainage vertical) ?
On utilise les trois lettres majuscules A, B et C pour les désigner. Des signes, chiffres et lettres
en indice désignent soit les caractères particuliers, soit les subdivisions de ces principaux
horizons.
Pour les profils très évolués, il y a également transfert de matière : les horizons A sont
appauvris (horizons éluviaux) et les horizons B enrichis en certains éléments biogènes
(horizons illuviaux). Cela conduit à subdiviser d’une part A en A0 (horizon organique), A1 ou Ah
(horizon organo-minéral), A2 ou Ae (e = éluvial) appauvri, de couleur claire et, d’autre part à
distinguer deux types d’horizons B, les uns montrant seulement l’altération ou une structure
particulière, désignés par (B) et Bw (w = weathered = altéré), les autres enrichis par illuviation,
désignés par B accompagné d’une minuscule indiquant la nature de l’illuviation (t : argile ; h :
humus ; s : sesquioxydes).
Il existe plusieurs types de sols. Dans ce cours, ils sont organisés suivant leurs ressemblances
morpho-analytiques ou physico-chimiques et géographiques.
Ce sont des sols qui se caractérisent par leur faible épaisseur (altération faible), leur profil de
type AC, peu coloré (par le fer), la faible quantité de matière organique et l’absence de
complexes organo-minéraux pouvant permettre l’élaboration d’une structure. On y distingue :
- les sols mécaniques des régions désertiques et subdésertiques marqués par l’édification des ergs et
des regs ;
Il s’agit des sols à cycle court, qui caractérisent les milieux bien drainés des zones à climat
tempéré et froid. Ils contiennent une bonne quantité de matière organique et des complexes
organo-minéraux créés par la MO. On y relève :
- les sols humifères désaturés : ils ont un profil de type AC (voire A(B)C), sont plus ou moins
fortement colorés par la MO, peu épais, mais rapidement appauvris en cations. Ils
comprennent les rankers à profil AC (rankers proprement dits et ranker crypto podzolique) et
les andosols à profil AC, mais aussi (B) peu épais ;
- les sols calcimagnésiques qui sont des sols carbonatés dont les principales propriétés sont
dues à la présence du calcaire actif (rendzine). Ils sont donc riches en cations Ca2+ et/ou Mg2+.
Ils sont foncés et ont un profil de type A1C (ou A1R).
- Les sols brunifiés : leur profil est de type A(B)C ou ABC. Leur humus A1 est un mull
modérément acide, plus ou moins coloré et plus ou moins épais. L’horizon (B) ou B1 est de
couleur brune. Brunification et lessivage se combinent ou se relayent pour donner naissance
à trois sous-classes à savoir les cambisols, les luviosols et les alisols. Les cambisols sont des
sols brunifiés dont l’argile et le fer libre ne sont pas lessivés (cambisol dystrique ou sol brun
acide à complexe désaturé et cambisol eutrique ou sol brun eutrophe à complexe saturé). On
a aussi les sols bruns lessivés avec un horizon A2 clair, appauvri en argile et en fer, alors que
l’horizon B, bien coloré, est enrichi par les éléments lessivés.
- Les sols podzolisés : le podzol est un sol cendreux de la zone boréale de la taïga avec un
profil à horizons bien distincts. L’horizon A0 est brun ou noir et son humus est le mor. L’horizon
A2 cendreux et san structure ; l’horizon B très colorés par l’accumulation des composés
organiques et minéraux amorphes ;
4.3.3. Les sols à pédoclimat contrasté : l’alternance de saturation par l’eau et de dessication
des profils en raison des contrastes saisonniers influencent fortement la pédogenèse qui se
traduit par la néoformation d’argiles gonflantes, la minéralisation très poussée de la MO et la
décarbonation des horizons humifères accompagnée d’une précipitation des carbonates
entraînés vers C. Ces processus permettent d’y distinguer :
- les sols mélanisés ou isohumiques : ce sont les sols des régions à climat sec ou steppique.
Les plus représentatifs sont les chernozems et les sols châtains. Ces sols comprennent les sols
mélanisés à complexe saturé (A1 homogénisé par bioturbation sur près de 80 cm, totalement
décarbonaté avec une structure en grumeaux irréguliers, capacité d’échange élevée, saturée
en ions Ca2+ et Mg 2+, horizon (B)polyédrique ; horizon Cca formé de loess peu altéré) et des
- les vertisols : ils diffèrent des chernozems par leur forte teneur en argiles gonflantes
(montmorillonites) ou semi-gonflantes, soit néoformées, soit héritées. La fraction organique
est réduite, ce qui donne une structure grossière : A1 prend l’aspect d’un (B) structural
(prismatique), de couleur noire. Ces sols se caractérisent aussi par des phénomènes de fentes
de retrait en période de dessication et de gonflement en période humide.
Ce sont les sols des régions tropicales, subtropicales et équatoriales. Ils se caractérisent par
une altération poussée des minéraux ; ils sont épais ou profonds. Mais la MO reste
superficielle et subit une biodégradation rapide. L’altération dite géochimique est dominée
par l’hydrolyse neutre ou légèrement acide conduisant à une forte concentration des oxydes
libérés qui sont essentiellement des oxydes de fer et d’aluminium. Ici, les cycles d’évolution
ont été longs. Trois processus d’altération (fersiallitisation, ferruginisation et ferrallitisation)
qui permettent de décrire trois principaux types de sols.
- Les sols fersiallitiques : ce sont des sols subtropicaux ou tropicaux, bien drainés, très riches
en fer et en alcalino-terreux et pouvant se former en quelques milliers d’années seulement.
Les plus représentatifs sont les sols rouges fersiallitiques des régions méditerranéennes. Dans
la zone tropicale plus humide, on peut décrire les sous-classes comme les sols fersiallitiques
modaux rubéfiés, les sols bruns fersiallitiques, les sols fersiallitiques appauvris et acidifiés en
surface formant la transition vers les sols ferrugineux.
- Les sols ferrugineux : ils représentent une phase d’évolution intermédiaire entre celles des
sols fersiallitiques et ferrallitiques. Les argiles qui y dominent sont la kaolinite (gibbsite
absente). Ils sont très riches en oxydes ferriques à l’état cristallin, qui leur confère une teinte
vive (rouge ou ocre-jaune), mais ils sont lessivés. En tenant compte du degré de saturation en
bases de l’horizon Bt, on y distingue les sols ferrugineux peu saturés et les sols ferrugineux
désaturés, donc acides. Les sols ferrugineux sont marqués par la présence des cuirasses
ferrugineuses.
- Les sols ferrallitiques ou ferrasols : Ce sont des sols très profonds. L’altération des minéraux
primaires (excepté le quartz) étant totale, toues les argiles sont néoformées, de type kaolinite.
Les oxydes libres cristallisés sont abondants : gibbsite, hématite et/ou goethite colorent le sol
en ocre vif ou rouge. La CEC des argiles est très faible et le taux de saturation est généralement
bas, ce qui traduit leur pauvreté en cations basiques. Le déficit en silice conduit à la
cristallisation en gibbsite libre en quantité importante. Trois phénomènes particuliers s’y
produisent : l’altération biochimique qui se superpose à celle géochimique, le processus de
durcissement en masse ou formation des cuirasses liée à une forte concentration d’oxydes
libres cristallisés (gibbsite, hématite, goethite) et la dégradation hydromorphe de l’ensemble
Il s’agit des sols hydromorphes et des sols salsodiques ayant bénéficié des conditions d’une
évolution particulière : milieu rendu réducteur par excès d’eau (hydromorphie), présence
d’ions Na+ provenant d’une nappe salée ou d’altération en quantité importante dans le profil
(salinisation et sodisation).
- Sols hydromorphes : ils sont caractérisés par des phénomènes de réduction liés à une
saturation temporaire ou permanente par l’eau entraînant le déficit en oxygène. On y
distingue les pseudogleys (liés à la formation d’une nappe perchée temporaire d’origine
pluviale) et les gleys (liés à la formation d’une nappe phréatique profonde). Les pseudogleys
ont un profil de type A1A2gBg. L’humus de A1 est le mull. L’horizon A2g est de couleur gris-beige,
de structure massive, tacheté de rouilles et de concrétions ferromagnésiennes noires.
L’horizon Bg (plancher de la nappe) est de texture fine, de couleur ocre, présentant des
trainées verticales blanches et même des fentes de retrait (pseudogleys glossiques). Les
pseudogleys podzoliques sont les plus évolués, avec pour humus un hydromoder très acide.
Pour les gleys, les horizons profonds occupés en permanence par la nappe sont caractérisés
par la réduction du fer libre en grande partie. A des pH élevés (milieu calcaire ou peu acide),
le fer ferreux s’insolubilise et s’accumule dans ces horizons profonds sous forme de FeCO 3 ou
de sels mixtes ferreux-ferriques.
On distingue aussi des sols hydromorphes organiques appelés tourbes qui se forment dans
des nappes permanentes à faibles oscillations et très réductrices. Dans les vallées alluviales
où la nappe phréatique plus proche de la surface empêche la décomposition de la végétation
hydrophile, il se forme une tourbe eutrophe. Dans les dépressions mal drainées sur matériaux
acides dans les montagnes humides se forme une tourbe très acide appelée tourbière haute.
- Sols salsodiques : ce sont des sols dont la formation est en lien avec la présence de Na+. Donc
leur formation est conditionnée par l’existence d’une source locale de sodium et d’un climat
sec permettant la conservation de Na+ dans le profil. En régions côtières, l’eau salée très
proche de la côte permet le renouvellement périodique du sel (sodium) même après son
lessivage par la pluie.
L’étude des sols revêt une importance capitale au regard des multiples fonctions qu’ils jouent,
en l’occurrence l’intérêt agronomique que présente la matière organique. Fruit de la
pédogenèse sous ses différents processus, le sol demeure un milieu très dynamique et
fonctionnel dont l’évolution plus ou moins lente est régie par un certain nombre de facteurs
à la fois naturels et anthropiques. De par sa texture et sa structure, le sol résiste plus ou moins
à l’action des agents agresseurs dont l’eau. Ses propriétés physiques et chimiques font de lui
un écosystème où s’effectuent des interactions et des transferts de toutes sortes.
Les conditions qui ont présidé à la formation des sols, leurs différents caractères physiques,
chimiques, biochimiques et géochimiques et l’individualisation des horizons de leurs profils en
lien avec le drainage vertical justifient la variété des sols dans le monde. Née seulement à la
fin du 19ème siècle, la pédologie moderne reste une science fascinante, très utile à faire
découvrir aux étudiants, et dont l’objet d’étude, le sol, constitue aujourd’hui un enjeu
environnemental, économique, social et géopolitique majeur pour tous les acteurs du
développement.
2-- CAILLERE, S., HENIN, S. et RAUTUREAU, M. (1989) : Les argiles. Ed SEPTIMA, Paris, 126 P.
6- FAURE, P. (1985) : Les sols de la Kara (Nord-Est du Togo), relations avec l’environnement.
Collection Travaux et Documents, ORSTOM, Paris, 290 p.