Vous êtes sur la page 1sur 9

UNIVERSITE DE LOME

Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société (FSHS)


Département de Géographie

Unité d’enseignement de géomorphologie (UE 202)


Niveau : semestres 3

DYNAMIQUE DES RELIEFS, FORMATION DES


MODELES
(Séance 2)

CHARGES DU COURS : Prof Tak Youssif GNONGBO,


M. Pessièzoum ADJOUSSI, (MC)
Mme HOUEDAKOR Koko Zébéto (MA)
Janvier 2021

1
Objectif global : montrer aux étudiants que les reliefs et modelés continentaux ont été mis en
place sous la double influence des forces endogènes et exogènes et que leur évolution se poursuit
de nos jours avec les retouches sur les différents modelés. Des retouches réalisées principalement
par les forces exogènes (climat, hydrographie, actions anthropiques, éléments biologiques, etc.).
La surface de la terre est donc modelée sous l'action de la nature mais aussi de l'homme.

Bibliographie sommaire

- COQUE, R. (1977) - Géomorphologie, collection U, Armand Colin, Paris, 452 p. (manuel solide)

- DERRUAU, M. (1974) – Précis de Géomorphologie, 6 è éd., (Masson, Paris 453 p. (le grand
classique)

- DERRUAU, M. (1979) – Les formes du relief terrestre, notion de géomorphologie. 3 è éd.,


Masson, Paris, 120 p.

- FORT Monique, BETARD François, ARNAUD-FASSETTA Gilles, (2015) - Géomorphologie


dynamique et environnement, collection U, Armand Colin, Paris, 336 p

- TRICART, J. (1968) – Précis de géomorphologie, tome 1. Géomorphologie structurale, CDU et


SEDES, Paris, 322 p.

- TRICART, J. (1977) – Précis de géomorphologie, tome 2. Géomorphologie dynamique générale.


CDU et SEDES, Paris, 345 p.

- VALADAS Bernard (2005). Géomorphologie dynamique, Armand Colin, Paris, 192 p.

- VIERS, G. (1967) – Eléments de géomorphologie, Fernand Nathan, Paris, 207 p.

2
Introduction

Les déformations de la lithosphère engendrées par les forces internes déclenchent des réactions de
la part des forces externes. L’analyse des processus et des mécanismes de fonctionnement des
forces externes permet d’entrevoir la manière dont ces dernières agissent sur les irrégularités de la
surface terrestre crées par les déformations tectoniques sous le contrôle des influences
bioclimatiques qui y jouent un rôle capital.

Les modelés constituent un ensemble de formes de la surface terrestre dont l’élaboration est liée à
un agent ou un processus d’érosion. Parmi les modelés sur lesquels s’exercent les agents d’érosion,
il faut distinguer, d’une part les modelés d’aplanissement (glacis1, pédiments2, pénéplaines) et,
d’autre part, les modelés de dissection ou encore modelés d’érosion normale dont les modelés
fluviatiles.

Nous verrons successivement la nature des processus qui entrent dans la préparation du matériel
et qui entraînent le façonnement des interfluves en fonction du comportement lithologique et
morphologique de certaines roches. Nous aborderons les mécanismes fluviatiles et leur
façonnement des lits dans le schéma d’évolution du relief.

1- La préparation du matériel : la météorisation et les actions biologiques

Dans la préparation du matériel intervient pour l’essentiel la météorisation ; les actions biologiques
n’y étant pas pour autant négligeables. L’action directe et indirecte des agents atmosphériques sur
la roche est appelée la météorisation. Les actions météoriques peuvent être d’ordre mécanique : il
s’agit alors d’une désagrégation. Elles concernent également les processus de décomposition
chimique des roches. L’ensemble de ces phénomènes assure la transformation des roches en
produits meubles. Précisons que les roches et les minéraux sont rarement en équilibre avec les
conditions de surface.
1.1- Les processus mécaniques de la météorisation

Ils consistent en la production de débris par la fragmentation mécanique. Ce sont les processus qui
ne s’accompagnent d’aucun changement de la nature chimique des corps minéraux et qui n’ont

1
Talus, pente douce et unie
2
Formation rocheuse recouverte d’alluvions au pied des montagnes désertiques ou semi-désertiques

3
pour effet que de réduire les roches en particules plus petites. Les mécanismes physiques agissent
à travers l’hydroclastie, la thermoclastie, la cryoclastie et l’haloclastie.

1.1.1- La thermoclastie ou le thermoclastisme

Elle se traduit par la fragmentation d’une roche cohérente sous l’effet des variations de
température. Ces oscillations thermiques provoquent une alternance de phénomènes de dilatation
et de rétraction qui affectent inégalement la roche. Il en résulte des tensions entre la surface et la
profondeur, aboutissant à un effet de cisaillement (fissuration) relativement parallèle à la surface.
Par exemple les roches, sans grande couverture végétale, sont exposées aux rayons solaires qui les
atteignent plus ou moins directement. Lorsqu’une pluie s’abat, elles sont brusquement refroidies.
Ces différences thermiques très sensibles et efficaces provoquent leur dilatation et leur contraction
et par conséquent leur émiettement ou mieux leur éclatement (écaillages superficiels). En outre les
refroidissements nocturnes et les réchauffements de la journée peuvent engendrer d’importantes
variations de la température des roches, source de leur désagrégation mécanique.

Le détachement des plaques ou des copeaux3 liés à un tel type de fragmentation est désigné sous
le terme de desquamation. Celle-ci est fréquente dans les roches dont la nature pétrographique
rappelle les roches mélanocrates (couleur noirâtre) par opposition aux roches leucocrates (couleur
blanchâtre). La thermoclastie est beaucoup plus efficace en milieu sec ou aride.

1.1.2- L’hydroclastie ou l’hydroclastisme

L'hydroclastie est la fragmentation provoquée par les variations de la teneur en eau dans les roches
ou dans les minéraux par des phénomènes alternant dessiccation/humectation. L’eau qui s’insinue
dans les moindres failles ou discontinuités structurales mineures de la roche fait gonfler les
minéraux capables de l’absorber. Il s’agit donc d’un phénomène purement physique et non d’un
mécanisme chimique d’altération qui ne peut fonctionner qu’en milieu argileux. Le coefficient de
rétraction est faible pour la kaolinite et très élevé pour la montmorillonite. L’influence de ce
phénomène aboutit à favoriser la dégradation granulaire qui se traduit par une exfoliation4 ou
effeuillage avec détachement des feuillets ou plaquettes.

3
Eclat de bois ou de métal
4
Séparation sous forme de petites lames ou de feuillets minces

4
1.1.3- La cryoclastie

Encore appelée gélifraction ou gélivation, la cryoclastie est la fragmentation engendrée par les
effets propres du gel et dégel. Elle est commandée par les variations de volume d’eau se
transformant en glace. Le passage du gel au dégel caractérise le phénomène de gélivation des
roches qui ne s’opère que dans les roches finement poreuses ou fissurées, suffisamment remplies
d’eau. On distingue :
- la macrogélifraction qui exploite les fissures hautes telles que les joints de stratification et les
diaclases. Elle libère les produits grossiers ;
- la microgélifraction qui s’effectue par circulation capillaire de l’eau en libérant des produits fins
(sables-limons). La microgélifraction est un mécanisme de dégradation granulaire.
Dans le cas contraire, l’air comble les vides et soumet les parois à des fissures ou à de fortes
pressions susceptibles de les agrandir. Il s’agit d’un effet pneumatique induit.

1.1.4- L’haloclastie ou l’haloclastisme

L’haloclastie est la fragmentation due à la cristallisation du sel. Elle se produit par évaporation de
l’eau suffisamment riche en sels dissouts dans les cavités des roches, entraînant une désagrégation
granulaire. L’haloclastie ne peut fonctionner que dans les régions arides et semi-arides.

1.2- Les processus physico-chimiques de la météorisation : l’altération :

Les eaux météoriques sont suffisamment agressives pour provoquer des échanges chimiques qui
déstabilisent certains minéraux, source de la décomposition des roches ou altération. Au sens strict,
le terme d’altération désigne les actions chimiques variées transformant la totalité ou une partie
des constituants minéraux des roches. L’altération se fait très rarement à sec.

1.2.1- Les conditions de l’altération


- Les facteurs de l’altération des roches : Le mécanisme d’altération tient d’abord à la nature
même de la roche, c’est-à-dire son architecture (structure, texture, débit et grain) et sa composition
chimique. Il est surtout lié aux conditions climatiques qui constituent les agents agresseurs. En
effet, liée à l’eau mais aussi à la température, l’altération est presqu’exclue des déserts chauds et

5
des milieux très froids. Elle est particulièrement efficace en milieu tropical humide où la chaleur
constante et l’humidité persistante entretiennent une grande activité biochimique.
- La structure atomique de la roche : L’élément de base du minéral de la roche est l’atome
constitué d’un noyau central. Ce noyau, électriquement positif, comporte deux types de nucléons
que sont les protons (charge électrique positive) et les neutrons de charge nulle. Autour de lui
gravitent les électrons de charge négative : l’atome est donc électriquement neutre. Cette neutralité
peut être modifiée par une perte (ion positif) ou par un gain (ion négatif) d’un ou de plusieurs
électrons, rompant ainsi l’équilibre minéral de la roche, d’où son altération.
- Les réactions d’échange : L’eau pure peut agir comme un solvant et de ce fait peut éliminer de
la surface des minéraux les éléments les plus solubles. En outre, par dissolution du CO2
atmosphérique, l’eau devient acide après dissolution de composés organiques. Cette eau acide
(devenue agressive) altère certains minéraux de la roche par échange d’ions en fournissant à ces
derniers des ions H+.

D’une façon générale, l’eau agit simultanément à la fois en combinant les effets de dissolution,
d’hydratation, d’oxydation et d’hydrolyse. Contrairement aux actions mécaniques, les actions
physiques et chimiques aboutissent à des produits plus ou moins différents des roches qu’elles
affectent.

1.2.2- Les différents processus mis en jeu


a)- La dissolution

C’est la dissociation d’une molécule en ions sous l’action d’un solvant ou mieux une réaction
chimique simple qui transfère certains éléments de la roche dans le liquide solvant. L’eau
météorique peut capter les ions les moins stables et les évacuer dans des solutions. Il ne s’agit que
d’un entraînement des éléments solubles par le liquide qui fait fondre la roche.

La dissolution est très inégale suivant les matériaux. Les roches sédimentaires y sont plus sensibles
que les roches magmatiques et métamorphiques. Les évaporites constituées par des chlorures (sel
gemme) ou des sulfates (anhydrite, gypse) et surtout les roches carbonatées et les dolomies
comptent parmi les plus solubles. Certains oxydes sont également particulièrement mobiles (ex :

6
le carbonate de calcium). A l’inverse, la silice apparaît comme presque insoluble dans des
conditions atmosphériques.

L’activité de la dissolution dépend de la constitution minéralogique des roches et de leur


perméabilité liée à leur porosité et à leur fissuration. Il faut aussi, dans certains cas, que l’eau soit
chargée de gaz carbonique, condition nécessaire pour l’attaque des calcaires. La dissolution peut
se développer à la surface, sous l’effet de la pluie et du ruissellement qui ronge les affleurements
rocheux ; elle se produit aussi en profondeur, pourvu que l’eau s’infiltre dans des fissures. La
pénétration des circulations dans les couches d’évaporites peut ouvrir rapidement des poches
capables de provoquer des effondrements du sol : c’est également l’origine des réseaux de cavités
karstiques, grottes et conduits souterrains développés par dissolution sous des massifs calcaires.
L’eau de mer agit également comme un solvant : à la corrosion des roches exposées aux vagues,
s’ajoutent les phénomènes de dissolution des calcaires et des sels dans les profondeurs océaniques.
La dissolution aboutit à la constitution de deux sortes de solutions. L’eau se charge parfois de
molécules isolées et forme ainsi des solutions vraies ; mais, plus souvent, les corps solides forment
dans l’eau de petits agrégats constitués de plusieurs molécules. Dans ce cas, on dit qu’on a affaire
à une solution colloïdale. L’eau qui s’infiltre dans la roche et qui s’est chargée de molécules,
isolées ou groupées, constitue ce qu’on appelle le complexe d’altération ou le complexe absorbant.
Outre son action directe dans la météorisation, la dissolution crée des conditions favorables au
développement d’actions chimiques variées.

b)- L’hydratation et l’oxydation : La simple hydratation ou oxydation suffit à faire gonfler


certains minéraux comme les micas et à briser l’assemblage des grains dans la roche. On parle
d’ion hydraté lorsque celui-ci est associé à des molécules d’eau. Primitivement peu hydratés, les
sels ferriques qui constituent le ciment de certaines roches comme les grès s’hydratent au contact
de l’eau. Sous l’effet de l’augmentation du volume qui résulte de cette hydratation, la roche se
décompose et devient meuble.
On parle d’oxydation quand l’air remplit les vides ou les interstices de la roche et que l’oxygène
se combine à certains éléments chimiques des minéraux constitutifs. Dès lors, les parois des
fissures sont soumises à de fortes pressions susceptibles de les agrandir, affaiblissant ainsi les
minéraux de la roche.

7
c)- Les modalités de l’hydrolyse et les produits de néoformation

- Les facteurs de l’hydrolyse : Le premier facteur reste l’eau à laquelle s’ajoute la température.
En effet, la température intervient pour régler la vitesse des réactions dans le mécanisme de
l’hydrolyse. La loi de Van t’Hoff indique que la vitesse des réactions augmente avec la
température : en moyenne, un accroissement de température de 10°C multiplie la vitesse de
réaction par 2,5 (avec 25°C, la vitesse sera de 6,25). Par ailleurs, la température élevée favorise le
développement de microorganismes dans le sol avec libération du CO2 qui accentue l’acidité de
l’eau ou du milieu et accélère le processus d’hydrolyse. A ces facteurs, il faut ajouter l’état
physique et chimique de la roche.
- Le principe de l’hydrolyse : ce principe repose sur la substitution ionique. Les ions H+ de l’eau
préalablement dissociés en H+ et OH- (H2O H+, OH-) se substituent aux cations5 des silicates6
des roches. Tout se passe comme si les cations silicatés étaient expulsés et à leur place se fixent
les ions H+.
- Le processus d’attaque :

La circulation de l’eau dans les interstices de la roche provoque à l’intérieur ou entre les grains des
réactions chimiques complexes qui modifient les caractères d’origine de ces derniers. En effet,
l’eau de percolation se dissocie en ses ions H+ et OH-. En temps ordinaire, le degré de dissociation
d’une eau pure à 24°C est très faible. On estime que dans un litre d’eau, il y a 10-7 grammes d’ions
H+. C’est la nature du pH de la roche ou du milieu qui détermine la capacité à échanger des ions
H+, donc de jouer le rôle d’un acide ou au contraire d’une base susceptible d’accepter les ions.
L’eau mouille la surface du minéral et de la roche et provoque des échanges entre ceux-ci et les
ions H+. Ce faisant, l’hydrolyse détruit progressivement les minéraux pour combiner les silicates
dans des néoformations argileuses, c’est-à-dire des minéraux très fins susceptibles de retenir l’eau.
En profitant des minéraux les plus solubles, l’hydrolyse déclenche donc l’altération des roches. La
formation de la roche pourrie résulte du départ en solution d’une certaine quantité de fer, libérée

5
Ions positifs
6
Sel produit par la combinaison de l’acide silicique avec une base

8
par les biotites7, de silice provenant surtout des silicates, d’ions alcalins8 issus des feldspaths. Une
partie de la silice se recombine sur place à l’alumine pour donner de l’argile néoformée ou de
néoformation. Mais d’aventure, si les oxydes de fer sont les seuls à accompagner l’alumine, il se
forme de la gibbsite9.

L’altérabilité potentielle des roches résulte des combinaisons entre leur composition chimique et
minéralogique. L’attaque par les solutions est commandée par l’ouverture des interstices
permettant une percolation efficace à l’intérieur de la roche. En ce sens, la porosité et la fissuration
jouent aussi un rôle essentiel.

d) - Les principaux types d’altération : Les modalités de la décomposition répondent aux


conditions climatiques.
En conditions tempérées, une altération ménagée résulte d’une hydrolyse lente produisant
des minéraux hydratés et quelques argiles de type montmorillonite ; on parle d’une évolution
bisiallitique qui entraîne la désagrégation complète de la roche en arène10, sable grossier pauvre
en argiles.
En conditions chaudes et humides, une décomposition plus poussée peut entraîner une
partie de la silice et conduit à la formation d’argiles (montmorillonite et kaolinite) qui caractérisent
une évolution monosiallitique. Le terme ultime de l’altération est l’allitisation qui correspond à un
enrichissement en oxydes de fer et d’alumine par départ de silice et des bases échangeables.
On retient donc qu’en fonction de la proportion de la silice (oxyde de silicium SiO2) dans
les minéraux de néoformation, on a différents types d’altération :
- lorsque la silice est totalement éliminée, l’alumine (oxyde d’aluminium Al2O3) s’individualise,
et on parle d’allitisation ou bauxitisation avec naissance fréquente de gibbsite ;
- lorsque la silice n’est que partiellement évacuée, l’on obtient des minéraux dont le rapport
silice/alumine est variable. Ce rapport est égal à 2 dans la kaolinite, ce qu’on appelle type
d’altération monosiallitisation. Ce rapport est supérieur à 2 et même compris entre 3 et 6 dans les
montmorillonites et dans la vermiculite, et on parle de bisiallitisation.

7
Mica de couleur noir
8
Qui ont les propriétés d’une base
9
Minerais d’aluminium
10
Sable de consistance grossière

Vous aimerez peut-être aussi