Vous êtes sur la page 1sur 142

1

UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DES SCIENCES

Département des Géosciences


Géologie-Geomatique

B.P. 190 KINSHASA XI

COURS DE GEOLOGIE HISTORIQUE

Conçu par le Professeur Dr. Emmanuel CIBAMBULA CIA MUSAU à


l’intention des étudiants en Première licence Génie-Géologie

Edition 2016-2017
1

INTRODUCTION

Dans tous les rapports (tectoniques, sédimentologique, magmatique,


métamorphique, métallogénique, minéralogique, paléontologique, paléomagnétique, de
terrain, le géologue s’applique à retracer la chronologie des événements et à en déduire les
conditions physiques ayant prévalu lors de la mise en place des roches et de leurs
déformations. En ce sens, la géologie, science s’occupant d’expliquer la constitution de la
croûte terrestre et les multiples phénomènes dont elle est le siège, appartient totalement
aux disciplines historiques et, sans nul doute le vieux vocable de « Géologie Historique »
lui va comme un gant. L’histoire de la terre, plus précisément celle de ses sphères :
atmosphère, hydrosphère, biosphère et géosphère, est pareille à un édifice dont les
matériaux fournis par les campagnes de levé géologique sont les histoires particulières
reconstituées pour des intervalles donnés de temps géologiques dans les diverses régions.
Le cours de Géologie Historique est donc le maître d’ouvrage.

Et c’est depuis l’aube de l’Humanité que l’homme s’interrogea sur les origines de la
Terre et de tout ce qu’elle renferme. Plusieurs littératures sacrées font mention des
origines des éléments, des êtres vivants et de leur évolution peut être sous formes
allégoriques difficiles à comprendre. Parmi les plus belles illustrations des cosmogonies
antiques figurent le Livre des Origines ou Genèse du prophète égyptien Moussa. Dans ce
Livre, les cinq premiers jours de la création de la Terre, des végétaux et des animaux
correspondent à l’Archéen, Protérozoïque, Paléozoïque, Mésozoïque et au Tertiaire ; le
sixième jour de la cosmogonie égyptienne correspond au Quaternaire avec la création de
l’homme ; la période qui suivit sa prise de conscience du soi serait l’équivalent du
septième jour consacré au repos de l’Eternel.

L’analyse chronologique des roches de diverses origines constituant les continents


montre que ceux-ci sont une accumulation de messages d’âges variés, mélangés par les
cycles orogéniques et transformés par la superposition de phénomènes géologiques divers.
Ces informations ne peuvent être utilisées qu’à travers une analyse chronologique et
physiographique. L’histoire de la Terre devient ainsi celle de ses paléogéographies
successives en prenant pour leitmotiv les traits permanents de la physionomie terrestre et
la genèse des principales unités tectoniques.

Ce cours, subdivisé en cinq chapitres, trouve son intérêt dans la prédiction des
découvertes des substances minérales utiles : combustibles fossiles, minerais métallifères
ou non métallifères.
2

CHAPITRE I. TRAITS PERMANENTS DE LA PHYSIONOMIE TERRESTRE

I.1. Structure et composition du globe terrestre

L’ensemble des données sismiques ont permis d’établir le Preliminary Reference


Earth Model (PREM) publié par Dziewonski et Anderson (1981). C’est un modèle à
symétrie sphérique avec des modifications de vitesse à 17 km, limite entre la croûte
continentale et la croûte océanique (discontinuité de Conrad), à 30-50 Km. limite entre la
croûte terrestre et le manteau (discontinuité de Mohorovicic) ; à 80-100 Km, base de la
lithosphère (ensemble croûte- manteau supérieur) ; à 220 km, base de l’asthénosphère ; à
400 Km (limite manteau supérieur) et 670 Km, zones de transition ou changements et
réarrangements des structures cristallines de l’olivine dans la mésosphère solide à 2700-
2900 Km, couche D à la base de la mésosphère, juste avant l’interface de Gutenberg à
2900 Km ; et à 5.000 Km, limite entre le noyau externe et la graine (discontinuité de
Lehman).

Grâce aux observations directes, des forages de la presqu’île de Kola, aux dragages
des fonds océaniques, à l’étude des inclusions dans les laves d’origine profonde, on a pu
établir la distribution des types pétrographiques dans les différentes enveloppes du globe,
et leur composition chimique

1. La croûte continentale à granites, gneiss, micaschistes et roches sédimentaires issues


de l’altération des précédentes, est constituée de la silice pure et d’aluminosilicates
de K et Na;
2. La croûte océanique, moins hétérogène et formée de basaltes et gabbros, comprend
des aluminosilicates de Na, Ca et des aluminosilicates complexes de Ca, Fe, Mg.
Plus profondément, on trouve des silicates de Fe et Mg;
3. Le manteau supérieur est connu directement, il est formé de péridotites, roches â
péridots Le manteau inférieur est connu de manière indirecte avec une petite
incertitude.
3

4. Le noyau serait un mélange de fer et nickel.

On remarque un appauvrissement en Si et un enrichissement en Fe, Mg de la croûte


au manteau. C’est la conséquence des propriétés atomiques de ces éléments, mais aussi de
l’augmentation de pression. Comme la pression croît avec la profondeur, la structure des
silicates beaucoup plus lâche près de la surface accepte des cations à gros rayons, tandis
qu’en profondeur, dans le manteau, le réseau â tétraèdres isolés comprend des cations à
petit rayon. Cette répartition explique les différences de densité entre les différentes
enveloppes de la Terre : 2,7 pour la croûte continentale, 2,9 pour la croûte basaltique, 3,3
par le manteau lithosphérique, 3,25 pour l’asthénosphère, et 10 à 12 pour le noyau.

En simulant au laboratoire les pressions qui règnent dans le manteau grâce à une
presse performante, la cellule à enclumes de diamant, on a pu reproduire des pressions de
l’ordre de plusieurs millions d’atmosphères et des températures de 3.500 à 4.500°C par
surchauffage au laser, et établir une relation entre les variations de vitesse des ondes
sismiques dans la mésosphère et les changements de structures de l’olivine, sans
changement de composition chimique. En analysant les variations des propriétés optiques
du péridot, son comportement se déduit comme suit:

- vers 400 Km de profondeur, l’olivine acquiert une structure plus dense, nommée
structure spinelle.
- Vers 670-700 Km, la structure spinelle passe à la structure pérovskite encore plus
dense. C’est cette zone qui sépare le manteau supérieur du manteau inférieur.
- La couche D dont l’épaisseur varie entre 100 et 300 Km, ne correspond pas à un
alliage mais à l’interpénétration de 2 matériaux conservant chacun leur identité. Le
fer du noyau liquide s’injecte en force autour des mailles de la pérovskite, la base
du manteau est ainsi enrichie en fer. En revanche, le silicium et l’oxygène des
silicates du manteau pouffaient pénétrer dans le noyau externe et former de
véritables alliages avec le fer. Cette pénétration modifierait progressivement la
composition du noyau externe et par conséquent, sa densité réelle qui doit être
légèrement inférieure â celle d’un alliage fer-nickel.

La zone de transition à 670 Km de profondeur et la couche D à fort gradient


thermique, sont les sièges d’instabilités qui génèrent des panaches mantelliques émergeant
au niveau des points chauds; elles constituent les deux niveaux de retour probables aussi
pour le matériel lithosphérique froid subducté.

I.2. Principaux ensembles morphologiques de la croûte

I.2.1. Océans

a) Le Pacifique : couvre environ le tiers de la surface Terrestre et c’est aussi le plus


profond. Ses bordures sont occupées, dans la plupart des régions, par des chaînes de
montagnes et des fosses ou par des systèmes d’arcs insulaires. Ses marges continentales
sont étroites. Les volcans aériens ou sous-marins sont nombreux, particulièrement dans la
4

partie centrale et occidentale. Cet océan est de plus, dans sa partie occidentale, en relation
avec des mers marginales avec plus de 2 km de profondeur) dont il est séparé par des
fosses et des arcs insulaires. Mers marginales et fosses constituent des pièges à sédiments
et protègent le bassin océanique profond du Pacifique des influences continentales.
Largement ouvert vers l’Antarctique, il est pratiquement clos vers le Nord parle détroit de
Béring.

b) Bien que relativement étroit, l’Atlantique : est le second océan pour sa superficie.
S’étendant méridiennement, des régions arctiques aux régions antarctiques, il joue donc
un rôle capital dans la circulation et la distribution des eaux froides produites par les
océans polaires. Du fait du grand développement des plateaux continentaux et des marges
stables, l’Atlantique présente une profondeur moyenne plus faible (écart d’environ 200m)
que la moyenne océanique mondiale. Il s’oppose en effet au Pacifique par la rareté des îles
volcaniques et des mers marginales. Enfin, il reçoit le flux le plus important d’eau douce
par l’Amazone, le Congo, le Laurent, le Mississipi, le Niger, le Paraná et, par
l’intermédiaire de la Mer du Nord et de la Méditerranée, le Rhin, le Nil et le Rhône. Ceci
a deux conséquences majeures la salinité est plus basse et les sédiments terrigènes
dominent la sédimentation atlantique hauturière.

c) L’Indien : s’étend du Sud de l’Afrique où il communique avec l’Atlantique jusqu’à


l’Indonésie, l’Australie et le Sud de la Tasmanie où il rejoint le Pacifique. Avec un faible
développement des plateaux continentaux, il est, plus encore que le Pacifique clos vers le
Nord par la masse continentale de l’Eurasie d’où proviennent pratiquement tous les
apports fluviatiles. Cette particularité orographique place le nord de cet océan sous la
particularité météorologique alternative des moussons.

d) L’Arctique : centré sur le pôle Nord, est de petite taille et peu profond (1117 m), en
effet 68% de sa superficie est occupé par des plateaux et des pentes continentales.
Pratiquement complètement entouré de continents, il ne communique avec l’océan
mondial, par l’intermédiaire de l’Atlantique, que par deux passages entre le Groenland et
l’Islande, d’une part et entre l’Islande et la Scandinavie, d’autre part. Petite taille,
entourage continental et importante décharge des rivières lui valent une salinité très
inférieure à la moyenne mondiale.

e) L’Antarctique : entoure le continent du même nom, il n’a pas de limite nord et ses
eaux sont en libre communication avec l’océan mondial. De ce fait, il est divisé en trois
grands secteurs Atlantique, Indien et Pacifique. Toutefois, la singularité de sa circulation
périphérique d’Ouest en Est et l’importance qu’elle joue dans l’équilibre de l’océan
mondial, l’Antarctique est un océan à part entière dont la limite Nord se situe suivant les
saisons entre 38 et 42° Sud. Dans l’Ouest, la glace reposerait sur le fond même de l’océan,
jusqu’à des profondeurs de 500 à 1000 m, obstruant les communications pouvant exister
entre la mer de Ross et la mer de Weddell. Enfin, le rebord du plateau continental
antarctique présente la particularité d’être à une profondeur moyenne de 500m (contre 200
pour les autres océans) par compensation isostatique de la masse de l’indlansis.
5

f) La morphologie des fonds océaniques : est commandée par trois grands types de
structures suivantes

les marges continentales;


les dorsales ;
les plaines abyssales ou bassins océaniques.

Les marges : assurent la transition entre la croûte océanique et la croûte continentale


; on distingue les marges passives (stables ou inactives), dépourvues d’activité sismique,
elles représentent les témoins de la rupture des continents et des premiers stades de
l’ouverture d’un océan et les marges actives, sièges d’une importante activité sismique et
volcanique, sont dites aussi marges de convergence (instables), où se produit la
subduction océanique et donc le recyclage de la lithosphère océanique. A la bordure de la
plupart de Terres émergées actuelles, le continent se prolonge au-delà du rivage par un
plateau sous-marin appelé plateau continental puis, après une rupture de pente qui
constitue le rebord du plateau continental, par une surface inclinée que l’on appelle pente
continentale, l’ensemble constituant le précontinent, portion du continent ennoyée (à
substratum de croûte continentale) susceptible de subir une émersion totale en cas de
baisse du niveau marin (il recèle les mêmes richesses minérales que les bassins
continentaux adjacents. Au-delà de celui-ci et se raccordant à la pente continentale par une
sorte de glacis appelé glacis continental s’étalent les fonds océaniques. Enfin, il existe des
mers dont le fond est tout entier constitué par le plateau continental et qui appartiennent
de ce fait toutes entières au précontinent. Certaines sont entièrement cernées par les
continents, elles sont dites intracontinentales tandis que d’autres sont largement ouvertes
sur l’océan mondial. On les dit péricontinentales ou bordières. Elles sont toutes
épicontinentales.

(Coupe schématique des Fonds océaniques.

Les marges continentales asismiques de type atlantique ou sismique de type


pacifique. La morphologie des marges passives est commandée à la fois par la structure
crustale issue de la phase de l’amincissement crustal et de rifting (blocs basculés et failles
listriques) et par l’accumulation sédimentaire (marge maigre ou grasse). Le plateau
continental peut s’étendre jusqu’à 400km (moyenne 80km) et son rebord se trouve à une
6

profondeur variant de 20 à 500m (moyenne 130m). Sa surface est globalement plane


(pente de l’ordre de 0,1°) mais de petits reliefs, de quelques mètres existent en relation
avec des accumulations sédimentaires (dunes hydrauliques) et/ou les érosions liées aux
variations glacio-eustatiques du Quaternaire.

La pente continentale est relativement étroite (en général moins de 200 km) et fait
passer la profondeur, de 100-200 m à environl500-3500 m (pente de l’ordre de 4°). Le
système de failles listriques, découpent des bassins (bassins suspendus) plus ou moins
drapés par la sédimentation. Dans les marges récentes, la pente peut être plus forte à cause
du pendage initial du rift. Le plateau et la pente sont, dans de nombreux cas entaillés par
des canyons sous- marins qui débouchent au niveau du glacis continental. Ils sont, en
général mais sans que la relation soit stricte, en rapport avec le tracé des fleuves aériens
importants. Ces canyons, sont une zone de transit privilégié (courants de turbidité) pour
les sédiments détritiques issus du continent qui peuvent ainsi atteindre le glacis (cônes ou
deltas sous-marins) puisse répandre pour la partie la plus fine, dans les plaines abyssales.
Le glacis continental est une surface concave vers le haut selon laquelle, très
progressivement la pente continentale se raccorde à la plaine océanique. Le glacis est
recouvert d’épandages détritiques souvent importants attribués aux courants de turbidité
résultant de la rupture d’équilibre des matériaux accumulés sur le rebord du plateau
continental. Le pouvoir transporteur de ces courants de turbidité est considérable pour
pouvoir atteindre les plaines océaniques jusqu’à600 km au large et engendrer des
rythmites profondes tels que les flyschs. La pente redevient donc plus faible, de l’ordre de
1°.

Morphologie d’une marge passive.

La morphologie des marges actives est marquée par la présence d’une fosse de
subduction de la lithosphère océanique sous la plaque continentale. De ce fait, le plateau
continental est réduit et la pente continentale plus abrupte que dans les marges passives.
7

Profondeur et largeur de la fosse semblent liées à la vitesse de subduction plus rapide est
la subduction, très profonde et étroite est la fosse. Dans certaines zones, la fosse est
absente ce qui serait pour certains auteurs le signe de l’entrainement dans le plan de
subduction de guyots ou de petites dorsales asismiques. Les sédiments détritiques
véhiculés par les courants de turbidités sont piégés dans la fosse et s’ils sont suffisants, la
fosse peut être partiellement remplie et présenter un fond plat. La fréquence du
volcanisme calco-alcalin associé à la subduction implique des dépôts volcano-
sédimentaires. La subduction peut se faire directement sous la plaque continentale ou par
l’intermédiaire d’un arc insulaire volcanique où existe une croûte continentale amincie. En
arrière de l’arc insulaire, il existe une mer marginale traduisant une zone d’expansion
océanique. En avant de l’arc en fonction du plan de subduction et de l’importance des
apports sédimentaires, il peut exister, par rabotage et écaillage des sédiments, un prisme
d’accrétion sédimentaire qui peut émerger pour former un arc insulaire non volcanique.

Les dorsales océaniques : constituent des structures les plus importantes de la Terre
tant par leur longueur (80000 km) que par le fait qu’elles sont le lieu de formation de la
lithosphère océanique. Le sommet domine d’environ 1000 à 3000 m les bassins
océaniques adjacents et la largeur peut dépasser 1000 km. De part et d’autre de l’axe, la
profondeur augmente en fonction de l’âge (donc du refroidissement) de la lithosphère
océanique. Les flancs sont donc recouverts d’une couche sédimentaire de plus en plus
épaisse au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’axe. Les dorsales lentes (type médio-
atlantique) avec un taux de 1 à 2 cm/an sont relativement pointues et présentent une
vallée centrale (rift médian) large de 10-50 km et profonde de 2 km en moyenne et limitée
par des failles normales. Les dorsales rapides (type Pacifique Est) à 6-8cm/an s’étendent
sur une beaucoup plus grande distance, le relief paraît donc émoussé et le rift médian est
réduit à une vallée centrale de quelques centaines de mètres de large. Les dorsales sont
interrompues par des dépressions transverses linéaires, parfois très profondes (6 km) et
longues de plusieurs milliers de km. Ces zones de fracture servent dans le coulissement
des plaques ; leur partie sismiquement active raccordant les deux axes de la dorsale est
appelée « faille transformante» (e.g. : Romanche, Vema, Kane). Les dorsales sont aussi le
siège d’un hydrothermalisme important qui joue un rôle dans la régulation de la balance
ionique de l’eau de mer.

Les bassins océaniques correspondent aux régions s’étendant entre les marges et les
dorsales, ils comprennent les plaines abyssales, les volcans sous-marins et les rides
asismiques. Les plaines sont des étendues de 200 à 2000 km, très plates (pente inférieure à
0,05°) situées entre 3000 et 6000 m de profondeur. La sismique réflexion révèle qu’une
épaisseur importante de sédiments recouvre la morphologie irrégulière originelle de la
croûte océanique. Les plaines atlantiques sales reçoivent, en plus de la sédimentation
autochtone les plus fins du détritisme véhiculé par les courants de turbidité. Dans le
Pacifique où les sédiments détritiques sont piégés dans les fosses, les plaines propres sont
le siège d’une sédimentation unique pélagique des collines abyssales volcaniques de
quelques centaines de mètres percent cette couverture sédimentaire. Les séamounts sont
8

des édifices de plus de 1 km au dessus des Plaines abyssales. La plupart du temps


coniques (5-15° de pente), ces volcans peuvent avoir été érodés par les vagues avant leur
subsidence et présenter un sommet plat, on les appelle «guyots». Ces volcans s’organisent
assez fréquemment en chaînes rectilignes qui traduisent le passage de la lithosphère
océanique au-dessus d’un point chaud. Lorsque ces volcans émergent dans la zone
tropicale un récif barrière peut se développer autour de l’île. Du fait de la subsidence
continue de la lithosphère océanique, l’édifice volcanique central finit par disparaître sous
l’eau et seul subsiste, à la surface, l’édifice corallien qui croît au fur et à mesure de
l’enfoncement. Les rides asismiques sont aussi rectilignes, plus ou moins continues
surplombant parfois de plus de 3000 m les plaines abyssales sur de grandes distances.

h) Arc insulaire.- La définition d’un arc insulaire, d’après Karig, est celle d’une marge
océanique active. Elle est typiquement constituée, de l’océan vers, l’avant-pays, des
éléments morphologiques suivants :

 dans la région externe où sont situés la fosse principale et le prisme d’accrétion;


 dans la région interne où se placent l’arc non volcanique, le sillon inter-arc, l’arc
volcanique et la mer marginale.
9

Lorsque l’arc insulaire est né, il passe par des stades de maturation suivants

 Au stade préorogénique, la subsidence l’emporte, le fond de la mer très peu


profonde est à peine ondulé. C’est un âge calme, à la fin duquel, ont lieu des
éruptions sous-marines basiques (basaltes métamorphosés souvent en roches vertes)
indiquant l’activité du sima en profondeur.
 Au stade syn-orogénique, de grandes vagues orogéniques se propagent dans le fond
du bassin, accroissant le relief de celui-ci, formant des cordillères immédiatement
attaquées par l’érosion qui dépose à leur pied un sédiment clastique spécial « flysch
». Les éruptions volcaniques calco-magnésiennes s’intensifient (péridotites,
gabbros, dolérites, andésites et basaltes s’intensifient en particulier dans les avant-
fosses.
 Au stade épi-orogénique, à la suite de la subsidence affectant les avant- fosses, une
partie de celles-ci se ride également, donnant des structures internes sous l’effet de
la poussée due à subduction dans la fosse principale qui aboutit à les faire couler en
charriages plus ou moins intenses vers l’avant-pays. Des strato- volcans déversent
des basaltes et andésites. La chaîne est érigée, les sédiments métamorphosés. Ne
restent immergées que des fosses littorales peu profondes, souvent marécageuses en
bordure de la chaîne et résultant du refoulement de la mer hors de la zone plissée.
Ces fosses toujours subsidentes sont rapidement combléespar les sédiments
paraliques, provenant du démantèlement de la chaîne par les cours d’eau, et qui
constituent les molasses. C’est la fin de l’arc insulaire en tant qu’unité subsidente.
Au stade tardi-orogénique, les soulèvements par les failles affectent la chaîne déjà
érigée et comportent de volcanisme de nature potassique (trachytes, basanites,
leucotéphrites). Suite à plusieurs phases de diastrophisme, d’intrusions et
extrusions, la ceinture orogénique devient rigide et s’adjoint au domaine
continental. Vers ce moment se mettent en place les granites de détente. Dans le
stade post-orogénique, l’ajustement isostatique aboutit au relief définitif et souvent
se produisent des fractures, des fosses, des horsts ainsi que des éruptions fissurales
basaltiques affectant la chaîne pénéplanée.
10

I.2.2. Rifting (océanisation)

La photographie de la corne de l’Afrique, prise par satellite, montre parfaitement la


complémentarité de rives de la Mer Rouge. Dans les Afars, entre les lacs Assal et la Mer
Rouge, le relief observé est comparable à celui d’une dorsale océanique bombement faillé
avec fossé d’effondrement central en distension et volcanisme intense. Ce relief s’ennoie
vers l’Est dans le golfe de Tadjoura. L’analyse de ces zones en distension permet de
comprendre comment un continent se fracture, comment les marges du rift s’écartent et
comment se forme un océan.

1° Faillage continental

Constatant que les structures superficielles récentes sont symétriques tandis les
structures plus anciennes sont disymétriques, on peut proposer les stades suivants :

- Stade de fossé d’effondrement sous l’effet d’une remontée mantellique, la croûte


continentale est étiré et elle s’amincit. Le manteau se rapproche de la surface, les
isothermes se resserrent, le flux thermique augmente, l’ensemble est réchauffé et
soulevé c’est l’intumescence thermique. La croûte supérieure rigide est fracturée en
blocs séparés par des failles normales qui s’incurvent en profondeur ce sont des
failles listriques. Les blocs s’affaissent progressivement en basculant. Un fossé
d’effondrement ou rift s’installe : c’est le phénomène du rifting. La croûte inférieure
ductile est simplement étirée et amincie. En même temps, il y a décompression et
volcanisme. Des laves d’origine profonde de nature alcaline s’insinuent dans la
croûte. A ce stade, les structures superficielles sont symétriques par rapport à l’axe
du rift comme au Nord de la Mer Rouge.
- Stade de faillage crustal l’étirement continuant, l’amincissement conduit à la rupture
de la croûte continentale. Le plus souvent, les structures superficielles deviennent
asymétriques à la faveur d’une grande faille de détachement oblique ou
subhorizontale. Au fur et à mesure de l’écartement des lèvres du rift, le manteau, en
décompression adiabatique (sans échange de chaleur) entre en fusion partielle dont le
magma tholéiitique qui s’insinue dans la croûte amincie comme au Sud de la mer
rouge.
- Stade de golfe océanique la distension et la fusion partielle continuant, la croûte
océanique, de nature tholéiitique, se forme et s’installe entre les deux lèvres de la
croûte continentale. Le rift initial s’élargit en golfe océanique comme le golfe
d’Aden. Les lèvres de la fissure éloignées de l’axe thermique se refroidissent et
s’affaissent : c’est la détumescence thermique. L’accrétion continuant, le golfe
océanique devient océan, les deux lèvres du rift très écartées deviennent de marges
continentales actives.

Généralement, on distingue trois stades dans l’évolution d’un rift:


11

- le stade prérift allant du bombement géotumeur jusque peu avant la mise en place
des dépôts lacustres :
- le stade synrift englobe les dépôts lacustres jusqu’aux dépôts océaniques
- le stade postrift après le rejet des failles normales. Certains parlent de rift lacustre,
lagunaire, marin subdivisé en océan étroit et océan large.

2° Accrétion océanique

L’élargissement de la première fissure en golfe océanique implique l’arrivée de


manière nouvelle c’est l’accrétion océanique résultant du fonctionnement de la dorsale
dans laquelle existe d’une chambre magmatique qui est à trois kilomètre sous les
planchers océaniques et large de 3 à 10 km sous les dorsales rapides. Sa longueur serait de
plusieurs dizaines de kilomètres. Sous les dorsales lentes, comme celles de l’Atlantique, il
s’agirait de plusieurs petites chambres magmatiques à fonctionnement épisodique. Le
phénomène essentiel qui préside est la distension. Il est continu à l’échelle géologique,
mais discontinu à l’échelle humaine. Une période de distension entraîne la fusion partielle
des péridotites du manteau supérieur, l’arrêt de la distension entraine le refroidissement et
la cristallisation du magma, d’où le fonctionnement :

- Au droit de dorsale, les produits de fusion partielle se rassemblent en un réservoir près


de la surface. Une partie du magma s’épanche et donne des basaltes en pillow-lavas,
l’autre partie cristallise. Les premiers minéraux sont les olivines qui sont entrainés au
fond par les courants de convection où elles de déposent en lits superposés et
horizontaux sous l’influence de la pression dans la chambre magmatique elles forment
les péridotites litées. Au dessus, pyroxènes et plagioclases cristallisent lentement et
forment les gabbros.
- La distension reprenant, une fissure se forme à l’intérieur du réservoir précédent, puis
elle s’élargit en un nouveau réservoir où s’insinue du matériel nouveau.
- Les apports successifs de croûte océanique qui s’ajoutent les uns aux autres constituent
l’accrétion. Ce mécanisme compense l’expansion océanique, il explique la
stratification de la croûte océanique et son débit en écailles d’oignon. Sous le Moho
qui s’interrompt dans la zone de fusion, associé à ce mouvement de magma, mais plus
important, le manteau asthénosphérique montant dérive et s’écarte avec la croûte, il se
refroidit et devient lithosphère. Les minéraux des péridotites se déforment au cours de
ce déplacement latéral du manteau : on parle de péridotites foliées ou tectonites. Ainsi,
la dorsale est le lieu de formation de la lithosphère. Les figures ci-dessous illustrent la
structure océanique de part et d’autre d’une dorsale. En s’éloignant de la dorsale, le
matériel mantellique se refroidit et se contracte. L’isotherme 1350°C qui définit la
limite inférieure de la lithosphère s’enfonce dans l’asthénosphère supérieure, celle-ci
perd sa ductilité et devient lithosphère. Elle s’épaissit, s’alourdit et s’enfonce c’est la
subsidence thermique. Ainsi s’expliquent la morphologie et la bathymétrie des océans.
En s’éloignant de la dorsale, il y a une corrélation entre l’évolution du flux de chaleur
et la profondeur des fonds océaniques.
12

I.2.3. Chaînes de montagnes

Les sédiments antérieurement déposés, plissés, métamorphisés s’ordonnent souvent


en chaînes linéaires. Les plus anciennes sont souvent arasées et constituent le substratum
de bassins sédimentaires ultérieurs où les dépôts ne sont pas déformés. Sur le plan
historique, au cours d’un cycle orogénique déterminé, la couverture correspond aux
terrains sédimentaires déposés pendant ce cycle, le substratum, aux terrains formés
pendant un ou plusieurs cycles antérieurs. La couverture est donc séparée du substratum
par une discordance majeure. Sur le plan mécanique, au cours d’un cycle orogénique, le
substratum à tendance â se rompre et la couverture â se plisser, de sorte qu’existe, entre
l’un et l’autre, une disharmonie fondamentale.

Dans l’ensemble, on peut distinguer:

a) Des chaînes intracontinentales ou intra-cratoniques, développées dans les parties


consolidées de la croûte terrestre nommées « aires continentales ou cratons ou socle
13

soubassement (bassement)». Le terme craton est plus précis que celui de continent qui, au
sens géographique, désigne une zone émergée. Un craton est une zone stable au cours
d’un cycle orogénique; il s’agit des parties consolidées de la croûte terrestre, zones
stables, fortement indurées, à radioactivité particulière, datant de l’Archéen au
Paléoprotérozoïque. Les plates- formes sont des aires cratoniques masquées par des
couvertures sédimentaires restées horizontales datant du Paléozoïques, du Mésozoïque ou
du Cénozoïque. Ces noyaux se répartissent de la manière suivante craton canadien et plate
forme américaine, craton groenlandais, craton des Hébrides, craton baltique, craton
d’Anabar, craton d’Aldan, plate-forme russe, plate forme sibérienne, craton de Kolyma,
plate forme de Mongolie, plate forme chinoise, craton de l’Amazone, plate-forme
d’Amérique du sud, craton patagonien, craton antarctique, craton ouest-africain, craton du
Congo, craton du Kalahari, craton malgache, craton indien, craton australien et plate-
forme néo-zélandaise. Ces terrains précambriens restés stables depuis le début du
Paléozoïque sont considérés comme des noyaux permanents de continents autour desquels
sont venus se mouler ultérieurement les édifices orogéniques du Mésoprotérozoïque, du
Néoprotérozoïque, Calédonien, Hercynien ou Alpin.

N.B Le terme craton diffère du substratum, ensemble des terrains affectés par le rift dans
lequel viennent se déposer les sédiments qui seront plissés au cours de l’orogenèse.

b) Des chaînes péricontinentales ou péricratoniques en trois grandes catégories

- les chaînes de subduction, e.g. la cordillère des Andes, correspondent à des zones de
compression (s’il survient une accélération de la subduction, le système se coince et il
se développe des contraintes compressives suffisantes pour amorcer le sur
épaississement et les plissements) dans un système normalement en distension et
caractérisé par un magmatismeintense.
14

- Les chaînes d’obduction, la subduction peut être bloquée, notamment lorsqu’un


continent est entraîné sous un arc insulaire. La croûte océanique ne s’enfonce plus
sous le continent mais, au contraire, tend à le chevaucher : c’est le phénomène
d’obduction, e.g. la chaîne d’Oman où la lithosphère océanique s’est effectuée vers le
Sud, sur la marge arabe, rebord du continent arabo-africain.

- Les chaînes de collision de deux continents, il a été précédé soit par une subduction,
soit par une obduction. Dans le premier cas, un des continents chevauche l’autre sans
qu’aucune roche océanique ne jalonne obligatoirement ce contact. Dans le second
cas, la suture comprend des restes de croûte océanique (mis en place lors de
l’obduction) coincés entre les deux continents, e.g. Alpes résultant de la collision
Europe-Afrique avec fermeture d’un océan, la Téthys ; Himalaya, l’Inde s’enfonce
vers le Nord sous la bordure de l’Eurasie qu’elle poinçonne.
15

Compte tenu de l’évolution des chaînes de montagnes, nous pouvons affirmer, avec Dana
(1873), que le plissement et la magmatisation des marges actives a pour résultat de
consolider la croûte terrestre et d’adjoindre leur aire aux continents déjà existants, pendant
que de nouvelles marges se forment plus loin. Cette loi de formation de l’écorce terrestre
ou oronisation semble fondamentale les marges actives, zones mobiles de l’écofte,
deviennent des chaînes plissées dont l’évolution normale aboutit â l’exhaussement de
l’ensemble ainsi formé, c’est-â-dire les continents, qui demeurent stables.

I.2.4. Transgressions et régressions marines

Les modifications survenues au cours des temps géologiques dans la répartition des
terres et des mers se sont effectuées tantôt au profit de la mer, tantôt au profit de la terre.
En outre, lors de ces modifications dont la limite des terres et des mers a été l’enjeu, un
même secteur a pu être le siège d’une succession de gains et de pertes de la mer ou de la
terre, c’est-à-dire d’une succession de transgressions et de régressions. Une transgression
est une avancée de la mer sur le domaine continental. On appelle sens de la transgression
celui du déplacement correspondant du rivage. D’une transgression naît un nouveau
bassin sédimentaire dont une partie se superpose au bassin sédimentaire d’où est partie
cette transgression et en constitue le prolongement dans le temps, l’héritage tandis que
l’autre partie se superpose aux secteurs du domaine continental que la mer vient de
recouvrir.

Les sédiments qui se déposent dans le nouveau bassin marin sont dits transgressifs et
leur ensemble constitue une séquence transgressive, tandis que les terrains sur lesquels
s’effectue ce dépôt sont dits transgressés. Dans les secteurs qui appartiennent au domaine
marin d’où est partie la transgression, les terrains transgressifs se trouvent le plus souvent
en continuité avec les transgressés sous-jacents. Dans les secteurs qui appartiennent au
domaine continental submergé, par contre, les transgressifs et les transgressés se trouvent
16

séparés par une surface de discontinuité qui est une surface d’érosion fossile, une ancienne
surface topographique, soulignée parfois par des sédiments continentaux déposés avant
que la transgression n’intervienne.

La discontinuité ainsi réalisée dans les secteurs submergés s’accompagne d’une


lacune dont l’importance dépend de la durée de la période continentale qui a précédé la
transgression, de l’importance de l’érosion qui s’est développée au cours de cette période
et de l’importance de l’éventuelle sédimentation continentale correspondante. En outre, si
la région a été le siège de phénomènes orogéniques notables, à la surface de discontinuité
correspond selon le cas soit une discordance angulaire ou cartographique, soit une
discordance sur des roches cristallines. Si aucune déformation n’est au contraire
intervenue, à la surface de discontinuité peut correspondre une discordance de ravinement.
Enfin, selon que l’érosion a ou non respecté les reliefs et les dépressions de l’ancienne
surface topographique, la surface de la discordance peut être, selon le cas, soit une surface
plane et horizontale sur de vastes espaces, c’est-à-dire une pénéplaine ou une pédiplaine,
soit une surface irrégulière en laquelle on reconnaît des paléoreliefs et des
paléodépressions, voire même la marque d’anciens réseaux hydrographiques plus ou
moins bien conservés.

Les transgressions locales dites orogéniques peuvent être causées par dés
affaissements orogéniques plus ou m oins saccadés gagnés par la masse d’eau disponible à
l’époque. Les transgressions générales affectant au même moment plusieurs régions
stables, sièges d’aucune déformation orogénique, procèdent manifestement des causes
telles l’élévation absolue et globale du niveau de la mer d’où ces transgressions sont dites
eustatiques. Les causes de cet eustatisme peuvent être la fonte glaciaire suivie de
l’augmentation du volume d’eau marine ou une contraction du globe. Les caractères
géométriques d’une séquence transgressive tiennent au fait que les rivages successifs se
trouvent dépassés puis fossilisés par les sédiments en cours de dépôt. Sur la coupe, les
surfaces isochrones successives qui servent de repère pour estimer le temps écoulé sont
obliques par rapport à la surface sommitale des terrains transgressés. Cette obliquité
détermine des biseaux. La pointe de chacun de ces biseaux représente le rivage atteint par
la mer à l’instant repéré par l’isochrone correspondante. Leur succession exprime la
progressivité de la transgression. Leur étalement dans le temps et dans l’espace permet de
déterminer le sens de cette transgression. Sur la carte géologique; les surfaces isochrones
sont représentées par leur intersection avec la surface topographique. Les lignes
isochrones sont aussi obliques par rapport à la ligne qui sépare les terrains transgressifs
des terrains transgressés. Ce tracé est d’autant plus satisfaisant que les points réels sur
lesquels il s’appuie sont plus nombreux et plus rapprochés les uns des autres. Les biseaux
successifs qui apparaissent ainsi en coupe et sur la carte résultent, en définitive, de ce que
les niveaux successifs sont, du plus ancien au plus récent, transgressifs les uns sur les
autres tandis que la séquence est dans son ensemble transgressive sur son substratum. Ces
biseaux expriment par conséquent la transgressivité. On ne les observe d’ailleurs que
lorsque la progression a été relativement lente. Par contre, dans le cas des transgressions
17

rapides au point de paraître avoir été d’emblée totales ou instantanées, les biseaux
successifs ne sont pas remarquables.

Les caractères lithologiques et pétrographiques fondamentaux des séquences


transgressives tiennent à ce que, à chacun des moments d’une transgression, les sédiments
continentaux, les sédiments mixtes et les divers types de sédiments marins se trouvent
répartis par rapport au rivage comme ils se trouvent par rapport aux rivages marins actuels
et à ce que, au cours de cette transgression, les éléments de la distribution ainsi réalisée se
déplacent dans le même sens que le rivage. Autrement dit, le rivage en transgression
s’accompagne d’une translation dans le même sens de la répartition des faciès qui lui est
liée. Cette translation entraîne une variation horizontale et verticale progressives des
faciès de telle façon que les surfaces limitant les corps sédimentaires déterminés par
chacun des faciès représentés sont obliques par rapport aux surfaces isochrones et
inclinées vers le domaine d’où est venue la transgression. Ces variations témoignent de
l’approfondissement progressif de chacun des secteurs du domaine dans lequel se
développe la transgression et de l’éloignement corrélatif du rivage par rapport à ce
secteur. Ainsi se succèdent, de bas en haut, des sédiments à faciès littoraux (sédiments de
plage, de deltas, estuaires), des sédiments à faciès néritiques (du plateau continental
benthique, récifs, terrigènes, pélagique, chimique), des sédiments à faciès bathyaux (de la
pente continentale et du glacis : sédiments terrigènes, sédiments pélagiques dominants ou
exclusifs, absence des benthiques autre que la composante remaniée) et enfin, du moins en
principe, des sédiments à faciès abyssaux (des plaines océaniques dépourvus aussi de
benthiques et des terrigènes grossiers, boues pélagiques et terrigènes apportées au large en
overflow ou interflow). De plus, les sédiments littoraux sur lesquels débute une telle
séquence reposent en discontinuité et parfois même en discordance sur les terrains
transgressés sous-jacents et en admettent souvent des éléments remaniés. Ce peuvent être
les galets ou des sables d’un cordon littoral dépassé par la mer en avancée. Ils constituent
le conglomérat de base, l’arkose de la transgression, témoins de l’érosion active à laquelle
la région submergée a été soumise si elle fut le siège d’une instabilité certaine. Il n’existe
18

pas si la région a été au préalable pénéplanée et stable. De plus, la présence ou l’absence


d’un conglomérat de base est aussi une affaire de climat, il n’est de règle à la base d’une
séquence transgressive.

Une régression est un abandon par la mer d’un domaine qu’elle occupait jusque- là.
Les sédiments déposés dans le bassin marin en cours de régression sont dits régressifs et
l’ensemble constitue une séquence régressive. Un tel abandon par la mer d’un domaine
jusque-là submergé peut se concevoir comme un retrait, c’est-à-dire comme une
décroissance progressive et orientée de la surface de ce domaine, retrait au cours duquel
des sédiments marins sont, les uns après les autres, abandonnés au domaine continental
puis le plus souvent attaqués et plus ou moins complètement détruits par l’érosion. Le
sens de la régression est celui du déplacement correspondant du rivage. Cet abandon est le
résultat d’une disparition in situ, par évaporation, après que la profondeur du domaine en
cours de régression se soit trouvée progressivement réduite, du fait d’une surrection
d’ensemble de la région (mouvements de bascule, mouvements de surélévation
différentielle et de gauchissements divers procédant eux-mêmes de l’orogenèse), et que
l’ensemble se soit ensuite trouvé plus ou moins fragmenté en des lagunes plus ou moins
vastes.
19

Les sédiments marins abandonnés au domaine continental comportent alors, dans


leurs termes les plus récents, des évaporites dont le sel représente l’ultime résidu de la mer
disparue. Nombre de régressions connues se sont réalisées de la sorte et sont responsables
de quelques-uns des plus remarquables niveaux à évaporites que comportent les séquences
géologiques. A cause de l’érosion consécutive d’une régression et qui souvent en détruit
aussitôt les témoins, il est difficile de situer les rivages occupés à chacune des étapes de
cette régression. Les informations tiennent au faciès et à la géométrie des couches
successives composant une série régressive. Dans le meilleur des cas, on ne peut constater
l’accroissement corrélatif de l’extension d’éventuels dépôts continentaux. Comme lors
d’une transgression, le déplacement du rivage s’accompagne d’une translation dans le
même sens de la variation verticale de faciès telle qu’en un point se succèdent, de bas en
haut, des sédiments marins de moins en moins profonds et de plus en plus terrigènes, puis
des sédiments laguno-lacustres souvent riches en évaporites selon que la mer en retrait a
ou non abandonné en arrière du rivage des lagunes dont l’eau s’est ensuite évaporée, enfin
des sédiments continentaux.

Ces variations verticales des faciès se combinent en outre à leurs variations


horizontales de manière telle que les surfaces limitant les corps sédimentaires déterminés
par chacun des faciès représentés sont obliques par rapport aux surfaces isochrones et
inclinées vers le domaine continental en cours d’expansion. Ces variations témoignent de
20

la réduction progressive de la profondeur de l’aire marine en cours de régression puis de


la disparition ultérieure de la mer, et enfin de l’installation corrélative du régime
continental. Elles reflètent l’ordre dans lequel les sédiments correspondants se
juxtaposaient à chacune des époques. Il y a donc là une possibilité de juger de l’évolution
horizontale d’une formation transgressive ou régressive à partir d’une seule coupe
verticale, c’est-à-dire de suppléer à l’insuffisance des affleurements dont on peut disposer
pour reconstituer l’histoire d’un bassin lors d’une transgression ou régression. L’existence
de lien existant entre évolution verticale et évolution horizontale des faciès au sein d’une
série a pour cela été érigée en loi de Walther ou loi de corrélation.

La succession en un même secteur des gains et des pertes de la mer ou de terres


conduit à la notion de cycle sédimentaire et à celle de séquence sédimentaire cyclique. Le
cycle sédimentaire est la succession d’une transgression suivie du dépôt d’une séquence
transgressive et d’une régression précédée du dépôt d’une séquence régressive. C’est aussi
l’ensemble des sédiments déposés au cours de cette succession. Il est encadré à son mur et
à son toit par deux surfaces de discontinuités successives correspondant chacune à une
transgression.

Une succession de cycles sédimentaires témoigne, enfin, d’une évolution cyclique


de certains de ces paramètres qui déterminent et conditionnent la sédimentation. Cette
notion de cycle implique, en effet, un retour en fin de cycle au point de départ ou le
rétablissement enfin de cycle des conditions en tout point identiques à celles du début, le
retour périodique d’événements â peu près identiques étant consacré au cours des temps
géologiques. Remarquons que des facteurs autres et moins fondamentaux que ces
variations paléogéographiques majeures peuvent conduire à une séquence sédimentaire
cyclique tels que les variations climatiques, le séisme, etc. Bref, il est nécessaire d’élargir
la notion de cycle sédimentaire à toute répétition, plus ou moins nettement et plus ou
moins complètement exprimée, d’un motif séquentiel caractéristique d’une succession
lithologique donnée. A la limite, on en vient à considérer comme cycle sédimentaire le
plus élémentaire des cyclothèmes, c’est-à-dire la séquence. Au sens classique, un cycle
sédimentaire est fait de la superposition d’une série régressive à une série transgressive,
21

celle-ci passant progressivement à celle-là, c’est-à-dire d’une succession négative DCBA


à une succession positive ABCD. Un cycle sédimentaire peut donc être représenté par la
succession lithologique symétrique ABCDDCBA.

Ainsi, lorsque l’évolution paléogéographique de la région a été suffisamment ample


pour que tous les types de milieux de sédimentation soient représentés au cours d’un cycle
sédimentaire, la série correspondante comporte, de bas en haut des sédiments littoraux
discordants sur leur substratum et remaniant plus ou moins celui-ci tout en fossilisant une
surface d’érosion continentale, des sédiments néritiques, des sédiments bathyaux de plus
en plus profonds, des sédiments abyssaux, des sédiments bathyaux de moins en moins
profonds, des sédiments néritiques et enfin des sédiments laguno-lacustres à évaporites et
des sédiments continentaux. En outre, conformément à la loi de corrélation des faciès de
Walther, une telle succession observée en un point donné d’un bassin sédimentaire
témoigne de l’irruption de la mer en ce point au lendemain d’une période continentale
plus ou moins longue, c’est-à-dire d’une transgression, de l’éloignement ultérieur du
rivage par rapport à ce point et de l’approfondissement corrélatif du bassin jusqu’à
l’installation du régime abyssal, puis du renversement de cette tendance, c’est-à-dire du
rapprochement du rivage par rapport au point considéré et de la réduction corrélative de
profondeur, du développement de la régression ainsi annoncée et enfin de l’installation du
régime continental au terme d’une période d’assèchement de lagunes. Et comme le plus
souvent, l’érosion s’attaque aux terrains régressifs avant même l’installation des
conditions abyssales, voire bathyales, les cycles sédimentaires connus se révèlent comme
s’étant seulement développés en domaine néritique (mers épicontinentales ou
péricontinentales).
22

Les principaux facteurs influençant les déplacements récents des rivages sont le taux
et sens des modifications relatives du niveau marin et le taux de dépôt. Une élévation du
niveau relatif de la mer ou, ce qui revient au même, une subsidence, détermine une
migration du rivage en direction de la Terre, c’est-à-dire une transgression.
Réciproquement, un abaissement relatif de ce niveau ou, ce qui revient au même, une
surrection entraîne une migration du rivage dans le sens opposé, c’est-à-dire une
régression. Le taux de dépôt exprime à la fois le taux d’introduction des apports terrigènes
dans le domaine marin dont l’extension se modifie et le pouvoir de dispersion de la mer
qui peut être nul ou faible, et alors favoriser le dépôt, ou au contraire être important au
point de détruire par érosion les sédiments antérieurement formés. Un taux élevé de dépôt
est a priori favorable à la constitution d’une masse importante de sédiments au point où ce
dépôt s’effectue avec une certaine stabilité de la position du rivage.

Elle dépend donc aussi du taux de migration latérale de celui-ci. Par exemple, une
migration latérale rapide du rivage vers la Terre, conséquence d’une élévation rapide du
niveau relatif de la mer, peut s’accompagner du dépôt d’une tranche de sédiments
relativement mince même si le taux de dépôt est élevé. La réalisation d’une tranche de
sédiments épaisse nécessite la conjonction d’une certaine stabilité du rivage et d’un taux
important de dépôt. Par contre, un taux de dépôt faible allant de pair avec un pouvoir
d’érosion important de la mer peut favoriser un bilan dans lequel l’érosion l’emporte au
moins localement sur le dépôt. En définitive, une élévation lente du niveau relatif de la
mer et une sédimentation importante conduisent, lorsqu’elles sont conjuguées, à
l’édification de dépôts importants qui, selon un processus d’accrétion latérale en direction
du large, commencent à combler le domaine marin et peuvent aller jusqu’à provoquer une
inversion de la tendance à la transgression, c’est-â-dire une régression. Ainsi en est-il dans
les deltas. Réciproquement, une rapide érosion peut inverser la tendance à la régression
que détermine un abaissement du niveau relatif de la mer, i.e. une transgression, lorsque le
taux de cet abaissement est faible.
23

C’est ce qui peut se passer lorsque recule un delta, lors de la période de destruction
de celui-ci. Bref, un taux de sédimentation ou d’érosion élevé peut, lorsque le taux de
modification du niveau relatif de la mer est faible, inverser la tendance déterminée par
cette modification. Il devient évident de considérer l’état instantané, à un moment donné
et en un point donné, d’une transgression ou d’une régression en cours. Il est aussi
possible de constater d’éventuelles modifications temporelles et spatiales dans le
déroulement de celles-ci ou même de comparer deux transgressions ou régressions
distinctes et, en définitive, de dégager les éléments d’une classification.

Les régressions avec dépôt se développent lorsque l’importance des apports


terrigènes à la mer est telle que celle-ci ne parvient pas à les disperser. Ces dépôts se
disposent alors les uns au-delà des autres, par accrétion latérale, en direction du large, et la
Terre gagne ainsi sur la mer, par progradation. C’est le type de régression que l’on peut
observer dans les deltas actuels qui gagnent sur la mer avec un niveau marin relativement
stable. Lorsque les apports sont suffisamment importants pour cela, il peut même
s’accommoder d’une légère élévation relative du niveau de la mer (une légère tendance
transgressive), l’importance des apports compensant alors les effets de cette tendance.
Mieux même, la probabilité de préservation des sédiments apportés est en ce cas
améliorée. Les régressions avec érosion résultent d’un mouvement relatif du niveau marin
rapide et simultané dans tous les secteurs concernés par ce mouvement, tandis que les
apports terrigènes demeurent rares ou nuls.

Il en résulte que le plancher marin ainsi exposé est aussitôt soumis à l’érosion. Ce
mouvement relatif du niveau marin peut a priori être aussi bien d’origine eustatique que
tectonique. Il semble que ce type de régression se manifeste dans les domaines
tectoniquement actifs, soumis à une épirogenèse accélérée difficile à identifier. Les
régressions de type intermédiaire au cours desquelles interviennent à la fois du dépôt et, si
le taux de modification du niveau marin est suffisant pour cela, une érosion des produits
de celui-ci au fur et à mesure qu’il s& développe. Si ce taux de modification du niveau
marin relatif est élevé, la probabilité de destruction est en effet grande et seuls quelques
fragments seront respectés. Au contraire, si ce taux est faible, l’épaisseur de ces sédiments
est faible et ceux-ci sont d’autant plus vulnérables à l’érosion. Ils peuvent être entièrement
détruits si la régression se prolonge. Pour qu’ils soient conservés, il faut que la régression
soit immédiatement suivie par une transgression qui en enfouisse les témoins.

Les transgressions avec dépôt procèdent d’une élévation modérée du niveau relatif
de la mer et au cours desquelles les dépôts sont relativement importants mais néanmoins
insuffisants pour s’opposer à cette tendance de subsidence modérée et pour en inverser les
effets. Une inversion de tendance peut momentanément intervenir dans l’histoire d’une
telle transgression et l’interrompre, soit parce que l’élévation du niveau marin se trouve
ralentie, soit parce que les apports deviennent particulièrement abondants, soit pour ces
deux raisons à la fois. Se développe alors une régression avec dépôt dont les produits se
trouvent en continuité avec ceux de la transgression ainsi stoppée. Des formations
24

sédimentaires cycliques peuvent de la sorte se constituer. Elles révèlent le renversement


de la balance entre subsidence et dépôt et les litiges qui peuvent intervenir dans l’histoire
des confins de la terre et de la mer. Les transgressions avec érosion se développent lorsque
les apports terrigènes sont négligeables et que la mer dispose d’un pouvoir d’érosion
suffisant pour faire reculer le rivage en direction de la terre sans même que s’élève son
niveau, Il est même concevable que ce pouvoir soit tel et que l’érosion soit suffisamment
rapide pour au moins momentanément inverser les effets d’une tendance à la régression
procédant d’un abaissement modéré du niveau relatif de la mer comme dans la destruction
des deltas. Les transgressions de type intermédiaire se reconnaissent au caractère
discontinu des sédiments correspondants, cette discontinuité procédant de l’inaptitude de
la sédimentation à suivre en importance l’élévation du niveau relatif de la mer. Il en
résulte, généralement, de minces lames de sables littoraux recouvertes par de minces
lames de vases. Les sédiments transgressifs de ce type ne sont pas très connus sur le
plateau continental actuel. Les autres transgressions de type intermédiaire se caractérisent
par une élévation si rapide du niveau relatif de la mer qu’aucun dépôt littoral n’a le temps
de se former entre le moment où la surface continentale est submergée et le moment où la
surface continentale est submergée et le moment où se trouvent réalisées déjà des
conditions de mer relativement profonde. Les premiers dépôts, reposant. en discontinuité
sur cette surface, sont alors d’emblée franchement marins sans que viennent s’intercaler
des faciès intermédiaires, témoins d’une gradation dans l’installation des conditions d’eau
profonde.

I.2.5. Unités chronostratigraphiques

Les unités chronostratigraphiques sont des corps de roches formées durant un


intervalle spécifique du temps géologique. Les unités de temps correspondantes sont
appelées ‘unités géochronologiques ». La hiérarchie conventionnelle des termes formels
chronostratigraphiques et géochronologiques se présente comme suit :

Chronostratigraphiques Géochronologiques
Eonothème Eon
Erathème Ere
Système Période (30-80Ma)
Série Epoque (13-35Ma)
Etage Age
Sous-étage Sous-âge

Les éons sont l’Archéen, le Protérozoïque et le Phanérozoïque. Les deux premiers


combinés sont reconnus sous le nom de Cryptozoïque (anciennement
Précambrien). Les ères choisies en fonction des changements majeurs du développement
de la vie sur la Terre sont le Paléozoïque, Mésozoïque et Cénozoïque (cfr Echelle IUGS).
On dit éon Archéen; et éonothème (roches) de l’Archéen ou période Cambrien; et système
du Cambrien.
25

NB : Le Système International des unités de mesures exprime le facteur multipliant par le


nombre des exposants de 10 les multiples vont du déca (da 101), hecto (h 102), kilo (k
103), méga (M 106), giga (G 109), téra (T 1012), péta (T l015), exa (E 1018), zetta (Z 1021),
yotta (Y 1024). Les sous-multiples déci (d 10-1, centi (c 10.-2), rnilli (m l0-3), micro ( 10-6),
nan(10-9), pico (p 10.-12), femto (f l0-15), atto(a 10.-18), zepto (z l0-21), yocto (y l0-24).

I.2.6. Climats et Snowball carth model

I.2.6.1. Climats

Les vecteurs de la sédimentation sur la planète Terre sont l’eau et l’air, les moteurs
en sont donc l’énergie solaire et la gravité. Les climats, essentiellement caractérisés par
leur température moyenne, leur pluviosité et leurs saisons, jouent ainsi un rôle capital en
sédimentologie tant au niveau de la production des particules (en contrôlent la nature et
l’intensité des altérations) que du transport et de la mise en place de celles-ci. En un point
donné, au cours de l’année, l’intensité de l’insolation dépend principalement de l’angle
suivant lequel les rayons solaires atteignent la surface terrestre. Du fait de l’inclinaison de
l’axe de rotation terrestre par rapport à son plan de révolution autour du soleil (23,5°
environ), la distribution des températures varie en fonction de la latitude. La température
dans l’ensemble décroit de l’équateur aux pôles. Les saisons sont dues à l’inclinaison du
plan de l’équateur sur le plan de l’écliptique. Deux fois dans l’année, aux équinoxes (21
mars et 21 septembre), le soleil se trouve dans le plan de l’équateur de sorte qu’en tout
point le jour égale la nuit. Entre les équinoxes, le soleil est décalé vers l’un des
hémisphères, nord de mars à septembre, sud de septembre à mars, jusqu’au maximum à la
verticale du vingt-troisième parallèle (23°27’) qui définissent ainsi les tropiques, où le
soleil se trouve au moment des solstices 21 juin dans l’hémisphère nord (tropique du
Cancer), 21 décembre dans l’hémisphère sud (tropique du Capricorne). Pendant la moitié
de l’année - l’été, - un hémisphère est mieux éclairé que l’autre (le soleil étant ix plus
haut », ses rayons sont moins inclinés sur la surface du sol, donc d’un plus grand pouvoir
chauffant) et chaque jour dure plus longtemps que la nuit, la différence maximum étant au
solstice ; ce jour-là, le soleil ne descend pas sous l’horizon, du pôle au soixante-sixième
parallèle - 66°3’- dit cercle polaire. L’été est donc une saison chaude. Pendant l’autre
moitié — l’hiver — de l’année, dans le même hémisphère, le soleil est bas et les jours
courts l’hiver est une saison froide. Il est clair que l’hiver et l’été sont inversés d’un
hémisphère à l’autre.

Globalement, il en résulte une opposition entre les zones équatoriales à bilan radiatif
excédentaire et les zones polaires à bilan négatif. Les circulations atmosphériques et
océaniques vers les hautes latitudes assurent la redistribution de l’excédent des régions
tropicales. La zonation climatique, en première approximation latitudinale, peut être
définie dans chaque hémisphère comme suit :

- de O à 20°, une zone intertropicale ou équatoriale;


- de 20 à 40°, une zone tropicale ou subtropicale, zone des déserts chauds
26

- de 40 à 60°, une zone tempérée;


- de 60 à 90°, une zone polaire, zone des déserts glacés comme à Verkhoïansk sans
neige à -72°C.

Du point de vue sédimentologique, il existe de nombreux lithofaciès sédimentaires


qui sont caractéristiques de climats tels que les varves formées par retournement hivernal
et automnal des eaux froides retenant les argiles à l’épilimnion ; les tillites aux galets
rabotés et dropstones en régime glaciaire les redbeds à très faible kaolinisation et les
évaporites sous climat désertique. On parle des paléoclimats. Remarquons qu’il existe des
climats de montagnes à toutes les latitudes. Cependant, il existe une méthode absolue de
détermination des paléoclimats ou encore mieux des paléolatitudes. C’est la méthode
paléomagnétique des mesures des composantes d’une aimantation rémanente enregistrant
le champ magnétique fossile qui existait lors du dépôt des particules ferromagnétiques
dans le bassin sédimentaire ou au sein d’une lave volcanique en écoulement. L’inclinaison
magnétique’ est positive dans l’hémisphère Nord et négatif dans le Sud ; on est donc
capable de reconstruire la paléopisition d’un bloc lithosphérique renfermant la formation
géologique d’un âge donné en terme de paléolatitude. La longitude n’en est pas une
contrainte.

I.2.6.2. Paramètres orbitaux

Les variations saisonnières et latitudinales de l’insolation sont sous le contrôle de


trois paramètres orbitaux de la Terre :

- l’excentricité ;
- l’obliquit ;
- la précession.

Ces paramètres sont susceptibles des fluctuations de périodes bien plus longues qui
paraissent expliquer les variations climatiques à plus long terme Théorie astronomique des
paléoclimats mise en forme par Milankovitch en 1941 et actualisée par Berger en 1988 et
1992. Selon cette théorie, le climat est avant tout régi par les variations de l’insolation
estivale aux hautes latitudes (60°) de l’hémisphère Nord à majorité des continents et lieu
privilégié de l’accumulation des glaces. Ainsi les périodes glaciaires correspondraient aux
époques à insolation insuffisante durant l’été pour faire ‘fondre la neige accumulée en
hiver ce qui provoquerait par augmentation de l’albédo, un processus de rétroaction
positive conduisant progressivement à une extension de plus en plus grande de la calotte
glaciaire.

a) L’excentricité correspond à l’aplatissement de l’ellipse que décrit la Terre dans l’espace


; le soleil occupe un des foyers. Cette ellipse, varie d’une configuration quasi-circulaire
jusqu’à une excentricité maximale de 7%, selon une périodicité de l’ordre de 100.000 ans.

b) L’obliquité correspond à l’angle que fait l’axe de rotation de la Terre par rapport au
plan orbital. L’inclinaison de la Terre détermine les saisons quand le pôle Nord pointe
27

vers le soleil, l’hémisphère Nord reçoivent davantage de chaleur, c’est l’été boréal (et à
l’hiver austral) ; la configuration inverse 6 mois plus tard conduit à l’été austral (et à
l’hiver boréal). La variation est ±l°30’ avec une périodicité de 41.000 ans. Lorsque
l’inclinaison est maximale les climats et les saisons sont très contrastés, les zones polaires
interceptent davantage le rayonnement solaire lorsqu’elles pointent vers le soleil (étés
chauds et hivers rigoureux aux hautes latitudes). C’est la configuration des périodes
interglaciaires avec peu de glace sur les continents des hautes latitudes. Inversement une
faible inclinaison conduit à des étés plus frais et des hivers moins rigoureux, c’est la
configuration qui permet le développement des calottes glaciaires continentales.

c) La précession des équinoxes provient du fait que la Terre n’est pas rigoureusement
sphérique de ce fait, l’action du soleil, de la lune et des autres planètes provoque une
rotation de l’axe de la Terre autour de la perpendiculaire au plan orbital (mouvement de
toupie) avec une périodicité de 26.000 ans. En conséquence, à l’échelle géologique, le
moment où le pôle N est sensé pointé vers le soleil ne correspond pas à la position que la
Terre occuperait sur l’orbite. Berger a démontré que la précession a un cycle majeur de
23.000 ans et un cycle mineur de 19.000 ans. Si actuellement, la Terre est proche du soleil
décembre et loin en juillet, il y a 11.000 ans, elle était loin du Soleil en décembre (hivers
plus froids) et proche en juillet (été plus chauds), c’est le début de l’interglaciaire actuel
qui met fin à la glaciation du Würm.

I.2.6.3. Snowball earth

L’évolution climatique du Néoprotérozoïque est très particulière, surtout à cause du


plus grand nombre d’épisodes glaciaires dont les trois principaux sont bien connus entre
750-740Ma, la glaciation de Kaigas, du Sturtien à 717,4Ma et la glaciation du Marinoen à
635,5Ma. La glaciation de Gaskiers intervient à 583,7Ma durant l’Ediacarien.
L’universalité de ces épisodes glaciaires du Cryogénien fait penser à l’existence de la
glace couvrant tous les océans, une calotte glaciaire mondiale, le « Snowball earth model»
énoncé par Hoffhiann. Voici les quatre phases évolutives du Snowball Earth:

Stade 1 : les petits continents rouges issus de la fragmentation du Supercontinent de


Rodinia sont éparpillés près de l’équateur. Les aires continentales anciennement
éloignées sont maintenant baignées davantage de l’humidité émanant des océans. Les
précipitation de plus en plus intenses extraient le dioxyde de carbone de l’air et
accélèrent l’érosion des roches continentales. Par conséquent, la moyenne des
températures sur le globe terrestre baisse, et de grands paquets de glace se forment dans
les océans polaires. La glace blanche réfléchissant plus l’énergie solaire que ne le fait les
eaux océaniques sombres, la baisse des températures déclencha un irrésistible
refroidissement plongeant la planète toute entière dans une calotte glaciaire.
Stade 2 : les températures globales moyennes atteignent -50°C ; les océans gèlent sur
une profondeur moyenne de plus ou moins un kilomètre, et ne reçoivent de la chaleur
que celle émanant lentement de l’intérieur du globe. Il s’ensuit la mort des micro-
28

organismes marins, mais un peu de vie s’accroche autour des sources volcaniques
chaudes. L’air sec, froid arrête la croissance de glaciers terrestres, créant de vastes
déserts où soufflent des tempêtes de sables. Sans précipitation, le dioxyde de carbone
volcanique n’est pas enlevée de l’atmosphère, et comme il s’accumule, la planète se
réchauffe par effet de serre et la glace de mer s’amincit lentement.
Stade 3 : cet effet de serre en cours augmente les températures au point de faire fondre la
calotte à l’équateur. Comme la planète se réchauffe, la vapeur d’eau issue de la
sublimation de glace marine près de l’équateur regèle aux hautes altitudes et nourrit la
croissance de glaciers terrestres. La mer ouverte sous les tropiques absorbe beaucoup
plus d’énergie solaire et provoque très vite une hausse des températures globales. En
effet, au cours des temps, la planète chaude fut brutalement mouillée, put supplanter la
congélation.
Stade 4 comme les océans tropicaux se dégèlent, les eaux s’évaporent et le dioxyde de
carbone favorise un effet de serre de plus en plus intense. Les températures de surface
planent à plus 50°C, conduisant un cycle intense d’évaporation et de précipitation. Les
torrents de pluies acides érodent les roches et en même temps que reculent les anciens
glaciers. Le bicarbonate issu du lessivage fluviatile et autres ions présents dans les
océans, donnent lieu à des sédiments carbonatés. De nouvelles formes de vie engendrées
par l’isolement génétique prolongé et la pression sélective peuplent le monde quand le
climat global retourne à la normale.

I.2.7. Cycle des Supercontinents

La théorie d’oronisation et le recyclage des continents sont une conséquence de


l’accrétion, de la subduction et de l’obduction à la limite des plaques, et laissent entrevoir
la possibilité qu’ont les masses continentales de se séparer en des cratons individuels et de
se souder en un mégacraton ou supercontinent. Le cycle des supercontinents consiste donc
en une phase du rifting et fragmentation d’un vieux supercontinent et en la formation des
cratons individuels, suivie par une phase d’assemblement dans laquelle les cratons se
réarrangent, se cognent et se suturent pour former un nouveau supercontinent. Ce dernier
est défini sur base de la complétion de ses événements de suture et d’assemblement ; il
enregistre tous les, processus qui contrôlent la formation et la redistribution de la croûte
continentale. Par le canal du magmatisme et de l’orogenèse, le cycle des superontffients
est en interaction avec le cycle de l’ouverture et de la destruction des océans de Wilson, et
avec tous les événements tectonothennaux y associés. Analysés globalement ces processus
sont quasi continus, et le commencement et la fin de l’histoire de la Terre émaillée de
noms tels que Rodinia, Gondwana et Pangea, mais il semble que Ur (nom de l’une de plus
anciennes cités), Nema et Atiantica rappellent aussi ceux des supercontinents disparus et
connus des anciennes civilisations sumérienne et cyclopéenne. Nous allons parler
succinctement de Rodinia, Gondwana et Pangea qui sont les seuls mieux connus.
29

a) Rodinia

De l’infinitif russe « rodit » signifie engendrer autrement dit Rodinia est le grand-
père des continents actuels qui se formèrent de la fragmentation de ses fils, les
Supercontinents de Gondwana et de Pangea. Les âges et les sites de rifting de Rodinia ont
été conçus à partir des séries de marge passive sur les cratons du Gondwana et des
histoires de la subsidence de ces anciens bassins situés à l’Ouest de l’Amérique du Nord, à
l’Est de l’Australie et à l’Est de l’Antarctide où le rifting semble synchrone et daté du
Néoprotérozoïque. L’origine des blocs crustaux de Rodinia demeure encore inconnue
mais seul son assemblement est mieux daté aux alentours de 1200 Ma lors de l’orogenèse
Grenvillien-Kibarien-Ebuméen. Sa fragmentation au début du Néoprotérozoïque donna
naissance à plusieurs océans séparant les nouveaux fragments continentaux et qui sont
supposés s’être fermés lors de l’érection des chaînes transpressionnelles de mêmes noms
vers la fin de cette ère et au début du Paléozoïque l’océan Pharusien pour l’orogenèse
Pharusien ou Tians-Saharien entre le craton Ouest-Africain et celui mal défmi du Hoggar-
Tibesti ; l’océan ANEKT-Mozambique à l’origine du magmatisme calco-alcalin connu en
Afrique de l’Est le long de la ceinture allant de l’Arabie, Nubie, Egypte, Kenya, Tanzanie
jusqu’au Mozambique ; l’océan Adamastor (ce nom est celui utilisé au XVI par le poète
portugais Camoes pour désigner un légendaire demi-dieu qui personnifier le Cap des
Tempêtes à l’extrémité Sud de l’Afrique) à l’origine des chaînes Brasiliano et Pan
Africain.

b) Gondwana

Le terme « Gondwana », utilisé premièrement par Suess à la fin du XIXème siècle,


dérive de «Gonds », nom des aborigènes vivant au centre des Indes entre les XIIème et
XVIIème siècles. Gondwana signifie donc la Terre de Gonds ; d’où le Gondwanaland des
géologues anglo-saxons apparaît comme une répétition inutile du mot « Terre ».

Le Supercontinent du Gondwana est issu de l’assemblement dans l’hémisphère Sud


des cratons riflés de l’ancien Rodinia aux dépens des mégachaînes Brasiliano, Pan
Africain, Patterson-Peterman Ranges, South-Delhi belt et Beardmore-Ross aux alentours
de 600 à 500 Ma. Il est possible de distinguer trois Gondwanas successifs Gondwana 1,
autrement appelé Panotia, formé vers 600 Ma; Gondwana 2 était le plus petit et formé
après la dérive de Laurentia et Groenland ; Gondwana 3 formé après les collisions avec
les masses continentales de la Laurasie lors de la formation de Pangea du Carbonifère au
Jurassique terminal. Le Gondwana 3 comprenait les cinq continents actuels

Afrique, Amérique du Sud, Indes, Australie, Antarctide auxquels s’ajoutent la•


péninsule Arabique et les vastes îles de Sri Lanka, Tasmanie, Nouvelle Zélande, et
Madagascar sur lesquels a été définie une séquence très particulière; la « séquence
gondwanienne» premièrement décrite aux Indes. C’est une séquence subhorizontale
comprenant, de bas en haut, des roches suivantes des diamictites et des couches
charbonneuses lesquelles passent au-dessus à des couches rouges et des évaporites, et
30

finalement, des niveaux de laves basaltiques couvrant le plateau du Karroo. Ce faciès


continental inusuel dans les corrélations stratigraphiques prouve à suffisance que les
mêmes conditions physiographiques prévalaient sur l’ensemble de ces continents du Sud
par opposition à la Laurasie (Laurentia et Angara ou Sino-Sibérie). De même l’histoire du
Panotia est marquée par la diamictite surmontée par un cape carbonate, témoins du haut
niveau marin consécutif au réchauffement climatique consécutif au Snowball Earth du
Marinoen.

c) Pangea

En confrontant les données du paléomagnétisme continental avec l’orientation des


structures de complexes anciens, il ressort que :

- au Cambrien, trois plaques importantes ont existé la Laurentia, la Baltica et le


Gondwana;
- à I’ Ordovicien, ces trois plaques se rapprochent; un fragment du Gondwana se détache
à l’avant et progresse vite vers le nord ;
- au Silurien s’effectue la collision entre Laurentia et Baltica, l’océan lapetus se ferme,
c’est l’orogenèse Calédonienne ;
- au Dévonien, rapprochement entre tous ces continents et surrection de la chaîne
Varisque. Ainsi se forme la Pangea (du Grec, Pan, tout, et gé, Terre) continent unique
opposé à l’océan unique « Panthalassa », reflet de premier océan.

I.2.8. Milieux de vie des principaux organismes

a) Schizophytes : Les bactéries, possédant ou non des pigments, sont présentes dans les
sédiments, à peu près quelle que soit la profondeur de leur dépôt, en aérobiose et en
anaérobiose. Autotrophes, les Cyanophycées sont subordonnées au domaine éclairé, à la
partie supérieure de la zone euphotique. D’un autre côté, elles ont besoin d’eau ou au
moins d’humidité pour se développer et se reproduire, mais peuvent demeurer à sec sans
périr. Ce sont donc les organismes typiques de la zone littorale, caractérisée par
l’instabilité des conditions ambiantes, et des lacs temporaires qui offrent des traits
analogues. Les Cyanophycées colonisent aussi les sources chaudes.
31

b) Foraminifères : Les foraminifères les plus simples se meuvent sur le fond de la mer à
la recherche de leur subsistance au moyen de leurs pseudopodes. Les F. arénacés vivent
sur la vase dans des eaux littorales et troubles, abritées, les F. calcaires sont les hôtes des
Algues incrustantes dont ils partagent l’habitat, dans les mers chaudes, le plus souvent
limpides et peu profondes (-10 m au maximum). Ajoutons que, dans les deux cas, il existe
des formes fixées; en milieu calcaire, le test est calcaire ; en milieu arénacé, il est formé
d’une agglutination de grains de sable. Les Arénacés fixés vivent dans un milieu moins
oxygéné que les formes libres. Les types planctoniques ont une coque, abondamment
perforée, et préfèrent en général les eaux chaudes, mais peuvent vivre dans les mers
froides. Les tests calcaires perforés s’adaptent couramment à une salinité moitié de la
normale, mais cette salinité peut descendre jusqu’à l%0 L’ornementation semble être le
caractère qui se modifie avec la salure. Ils supportent la mise à sec entre les marées, et se
contentent de l’humidité résiduelle.

c) Cœlentérés : L’immense groupe des Cœlentérés, exclusivement aquatiques, offre des


représentants dans les mers et les eaux douces, les marins étant de beaucoup les plus
nombreux. Les formes récifales du faciès corallien vivent dans des conditions bien
connues : entre 35° 10’ de latitude Nord et 32° de latitude Sud. Les Zoanthaires vivant en
symbiose avec les Algues, la grande lumière nécessaire à l’assimilation chlorophyllienne
leur est indispensable, d’où la faible profondeur (35 à 40 m) de leur optimum,
exceptionnellement 90 m et, beaucoup plus profondément 1000 m (Dendrophyllies,
Laphohélies et Amphohélies à calice pauvre en calcaire, et vivant accrochés aux rochers).
Enfin, la t° élevée de 18° à 36°, avec optimum entre 25° et 29° et la forte salinité 27 à 40
%o qui l’accompagnent favorisent à tel point le dépôt du calcaire qu’il n’y a de francs
récifs que dans les mers ouvertes de la zone tropicale. Ainsi les vrais récifs ne couvrent-ils
que les sommets des crêtes sous- marines et des hauts-fonds. De même, ils couronnent les
écueils, ceinturent les îles et ourlent certains continents.

Les récifs actuels sont classés en 4 catégories :

- Les récifs frangeants qui croisent près du littoral jusqu’à la zone intercotidale ;
- Les récifs barrières qui sont séparés de la côte par une lagune; Les atolls, récifs
annulaires entourant une lagune ;
- Les pinacles, petits récifs s’élevant à l’intérieur des lagunes et atteignant souvent la
surface.

Par contre, les formes isolées supportent des profondeurs bathyales, des t°
relativement froides, des salures variables, des eaux troubles.

d) Spongiaires : Les Spongiaires semblent à peu près indifférents à la salinité, à la t°, à la


profondeur et acceptent un flot troublé, dans les particules duquel ils prennent la
nourriture et la silice. Cependant, ils ne subsistent pas à sec une certaine humidité leur
étant nécessaire, même à l’état de vir ralentie.
32

e) Annélides : Les Annélides tubicoles vivent attachés à des fonds rocheux ou s’ancrent
dans la vase du fond. Ces types fixés tendent assez souvent à former de véritables récifs
(serpules calcaires, Sabellaria sableux) ; les formes errantes vivent en général sur des
fonds meubles dans lesquels elles creusent des terriers.

f) Bryozoaires : Les Bryozoaires vivent presque exclusivement en prairies sur le plateau


continental. La plupart acceptent des eaux saumâtres ou même sursalées.

g) Brachiopodes: Les Brachiopodes occupent des fonds meubles et c’est parmi eux que se
rencontrent les Lingules qui s’enfouissent dans les sables littoraux. Les articulés non
fouissuers sont fixées par des épines de valves, plus longues dans les roches schisteuses,
issues d’argiles, que dans les roches calcaires. Ils s’accomodent également aux faciès
subrécifaux. Les Lingules acceptent la mise à sec entre les marées.

h) Echinodermes : Ce sont des animaux franchement marins vivant dans les eaux à pH
d’au moins 8 et à des profondeurs diverses. Les formes libres et fixées sont capables de
marcher sur le fond. Nous les retrouvons Tatalement le long des côtes, dans la zone
littorale, par ailleurs, surtout assez près du niveau des basses eaux ; dans l’intertidale, il en
est qui résistent à une sécheresse temporaire et au choc des vagues. On distingue plusieurs
types parmi les fossiles :

- Littoraux de fond sableux et de mers chaudes : ces Oursins se couvrent d’objets


hétéroclites (cailloux, coquilles, végétaux) à l’aide de plusieurs podia plus nombreux
que d’habitude sur la face apicale, et leur extrémité développe une ventouse suceuse
capable de s’agripper au substratum
- Littoraux de fond rocheux en mer agitée: l’adaptation à la vie en eau agitée, sur des
rochers battus par le ressac le plus violent, est accompagnée par plusieurs
caractéristiques radiole aplatis sur la surface de la thèque, un grand développement en
nombre et en force des podia pour une résistante aux vagues;
- Littoraux de fond rocheux en mer calme ont des thèques relativement surbaissées, les
podia de la face péristomiale sont développés ;
- Types d’algueraies, non adaptés à la mer agitée à la thèque sphérique, radioles courts et
minces, des podia très nombreux sur la face orale, donc incapable de s’attacher
solidement à des rochers. Il est logique de penser que ces animaux vivaient dans des
lagunes ou des baies tranquilles et pourvues comme les herbiers actuels d’une riche
végétations ;
- Types de bassins récifaux peu profonds : à test sphérique, radioles et podia péribuccaux
non spécialisés, et sans mâchoires ; d’où leur parenté avec les Cystoïdes.

j) Mollusques : Les Gastéropodes sont plus largement répartis à la surface du globe. Les
Cépholopodes absents dans les lacs, ils désertent les estuaires et les baies où l’eau est trop
adoucie par les rivières. Carnivores, les Céphalopodes sont des prédateurs indifférents à la
profondeur. Essentiellement nektoniques, ils furent benthoniques fixés ou au moins
sédentaires au Paléozoïque. Les Lamellibranches ont la possibilité de pénétrer dans les
33

eaux saumâtres, douces et ramper sur les fonds rocheux ou meubles. Les Dysodontes, les
battements incessants de leurs cils les prédisposent à s’établir en des milieux richement
approvisionnés, quitte à accepter des eaux troubles: aussi abondent-ils dans les herbiers et
les lagunes saumâtres. Les Pectinidés se blotissent dans les infractuosités de rochers
découvrant à marée basse, ou ils hantent des fonds sablo-vaseux, comme les herbiers. Les
vases offrent des genres spéciaux, à coquille lisse. Le régime herbivore des Pectinidés en
fait des habitants du plateau continental, plus spécialement de la zone des herbiers, des
Laminaires et des trottoirs d’Algues rouges, à -50m de profondeur) ou plus -100m. Les
Hétérodontes sinupalliés sont fouisseurs dans les fonds meubles, riches en planctons et
abrités, même si les eaux sont surchargées en impuretés. Les intégripalliés vivent dans des
mers peu profondes et gagnent facilement les lagunes. Les Laméllibranches carnivores
(Poromyidés) peuvent atteindre de grandes profondeurs.

j) Arthropodes : Les Trilobites et les Mérostomoïdes primitifs ont vécu sur des fonds
meubles et en milieu franchement marin. Cependant, les Limules (actuels Mérostomes)
sont capables de supporter de nombreuses vicissitudes : le sable d’enfouissement peut être
mis à sec par le reflux; à partir du Gothlandien, les Mérostomes montrent une prédilection
très nette pour les faciès littoraux et saumâtres : les Giganstrostracés du Dévonien ont
gagné les eaux douces; les Scorpions sont devenus terrestres. Les Crustacés peuvent vivre
dans les eaux sursalées, saumâtres et douces. Tantôt, ils sont pélagiques, tantôt
benthoniques à faible profondeur ou à grande profondeur.
34

Chapitre II. FORMATION DE LA CROUTE ET EVOLUTION DU MANTEAU

II.1. Origine de la Terre

Nous envisageons l’origine de la Terre à travers les données astronomiques et


planétologiques.

II.1.1. Observations astronomiques

Quoi que forcément fragmentaires et limitées, les observations des galaxies de plus
en plus lointaines, nous donnent une idée sur la naissance et la disparution des étoiles, en
d’autres termes, par leurs observations les astronomes explorent du même coup le passé et
l’avenir des astres. Ils peuvent ainsi reconstituer les étapes de l’évolution du système
solaire de même que sa formation. En admettant que les astres se forment dans une
nébuleuse, nuage de gaz par accrétion des poussières ; il nous revient de répondre à deux
types de questions :

a) Le cortège planétaire s’est-il formé à partir de matière interstellaire (c’est-à-dire de


composition universelle) ou de matière stellaire (c’est-à-dire de matière modifiée par
le passage à l’intérieur d’une étoile)?

Trois modèles peuvent constituer la réponse à cette première question

- Le cortège planétaire provient de la transformation d’un nuage interstellaire mais


celui-ci a été capturé (par gravité ou du fait du champ magnétique) par le Soleil après
sa formation. Soleil et planètes ne sont donc pas cogénétiques.
- A sa naissance le Soleil faisait partie d’un système stellaire binaire (comme il en existe
beaucoup dans l’Univers) mais l’étoile compagne s’est désintégrée ; sa matière s’est
répandue dans l’espace et une partie a été capturée par le Soleil en donnant naissance à
une nébuleuse. Dans cette théorie, très en vogue dans les années quarante, le Soleil et
les planètes sont donc constitués de matière stellaire et sont aussi cogénétiques.
- Au cours des mouvements célestes une étoile serait passée à une proximité suffisante
du Soleil pour que celui-ci provoque à la surface de l’étoile des phénomènes de marée
éjectant de la matière qui serait mise en orbite autour de celui-ci. Dans ce type de
scénario, la matière des planètes est donc d’origine stellaire mais il n’existe aucun lien
génétique entre le Soleil et les planètes.

b) Le Soleil et le cortège planétaire sont-ils cogénétiques?

Le Soleil et les planètes sont nés, en même temps, à partir d’un même nuage de
matière interstellaire. Il s’agit donc d’une masse de gaz chauds en rotation rapide qui
prend la forme d’un disque aplati. Dans ce disque débute un long processus de
condensation de gaz en poussières sous une faible pression, celles-ci s’agglutinent les
unes aux autres en donnant de petits corps nommés planétésimaux (planétoïdes) dans les
régions plus froides (plus externes) du disque tandis que le centre se contracte et devient
l’embryon du Soleil c’est la nébuleuse protosolaire. Les planétésimaux gravitent autour du
35

soleil embryonnaire sur des orbites plus ou moins régulières. Ils se croisent, les collisions
sont fréquentes. Selon la violence des chocs, les corps se cassent ou se combinent, les plus
gros absorbent les petits. Ainsi à partir d’un nuage de poussières le système solaire s’est
formé avec un petit nombre de planètes. Cette théorie de l’accrétion progressive établie
par Schmidt (1940) est l’hypothèse la mieux admise aujourd’hui.

En tenant compte des équilibres chimiques qui peuvent s’établir entre tous les gaz et
solides de la nébuleuse solaire, on peut déterminer l’ordre selon lequel les composés se
sont condensés au cours du refroidissement à une pression de 1 O4atmosphères :

à l500°K, apparaissent des oxydes riches en Ti, Al, Ca, en faible quantité ;
à l375°K, s’effectue la condensation massive du fer métal (pas d’02 dans
l’atmosphère initiale) accompagnée de la condensation du nickel ;
à 1370°K, apparaissent les premiers silicates, enrichis en Mg d’abord (olivines,
pyroxènes) calciques ensuite (plagioclases);
entre 1200 et 1000°K, Na, K se condensent, les feldspaths alcalins apparaissent;
à 650°K, formation des sulfures de fer;
à des températures plus basses, inférieures à 350°K, les silicates de Mg réagissent
avec la vapeur d’eau en donnant la serpentine;
vers 300°K, la vapeur d’eau se condense en glace.

A cette dernière température, les condensats s’agglomèrent en objets planétaires qui


se réchauffent grâce à l’énergie gravitationnelle libérée lors de l’agglomération et par la
désintégration d’isotopes radioactifs. Il en résulte une fusion.et une homogénéisation du
corps planétaire. Il se produit, ensuite, un lent refroidissement au cours duquel les
éléments chimiques se combinent en minéraux qui, sous l’action des forces de gravité,
subissent une ségrégation, pour former le noyau, le manteau et la croûte, donnant ainsi
naissance à une planète différenciée. Dans le cas des petites planètes, corps parents des
météorites, ces processus ont pris environ 10 Ma, pour de plus grosses planètes comme la
Terre, la différenciation dure environ 100 Ma. En fait, deux processus physiques
interviennent donc au cours de la formation du système solaire l’effondrement
gravitationnel très rapide prépondérant dans la formation du Soleil et des planètes géantes
; et les collisions avec agglomération de petits corps de moins de 20 km de diamètre
(sortes de microplanètes les planétoïdes) pour les planètes internes (telluriques).

Cette séquence de condensation s’accorde avec le Preliminary reference earth


model :

- le premier condensât qui se forme massivement est le fer métallique ; c’est le


constituant du noyau terrestre et c’est un métal que l’on trouve en abondance dans le
cosmos
- le silicium se condense à l’état de silicates, constituants essentiels du manteau (Fe-
Mg), puis de la croûte basaltique (plagioclase)
36

- un certain nombre de composés sont restés à l’état gazeux, ils ont formé l’atmosphère
primitive et actuelle des planètes géantes.

La condensation ne s’est pas faite de manière uniforme. Les planètes en formation


ne sont pas à la même température, elles n’acquièrent pas la même composition chimique
et une zonation chimique s’établit dans le système solaire. Par exemple, lorsque la t° était
de 1375°K dans la zone de Mercure, elle n’était que de l000°K dans la zone de la Terre.
Ainsi, Mercure contient beaucoup de fer et peu de silicates tandis que la Terre contient du
fer et beaucoup de silicates.

A 1100°C, un vent solaire, c’est-à-dire un souffle violent de particules, a chassé les


gaz de la zone proche du soleil. Ce phénomène accentue encore la zonation chimique,
seules les plus éloignées du soleil sont pourvues d’une atmosphère primitive ce sont les
planètes géantes. Les données planétologiques nous permettent également de préciser ce
dernier point.

II.1.2. Données planétologiques

Le système solaire est caractérisé par :

- la répartition de ses 9 planètes en deux catégories les planètes telluriques à densité


élevée (3,5-5,5), riches en fer et à atmosphère réduite; les planètes gazeuses à faible
densité (0,7-1,5), une importante atmosphère (H, He) et un petit noyau à Fe, silicates
et glace.
- la progression géométrique des distances de planètes au soleil selon la loi de Bode-
Titius;
- la présence des cratères sur toutes les planètes telluriques et sur la Lune, preuve de
leur bombardement important par les météorites.

Les météorites sont diversifiées en chondrites (85%) et achondrites (15%). Les


chondrites sont formées des chondres, globules de silicates de taille millimétrique, à
composition d’olivine, pyroxène, plagioclases et d’une matrice cristallisée de même
nature enrichie en Fe, Ni, S. Les cristaux métalliques de Fe répartis de manière homogène
constituent leur originalité ; ce sont des péridotites ferreuses différentes des péridotites
terrestres. Parmi elles, un petit nombre renferme des inclusions blanchâtres d’oxydes de
Ti, Al, Ca et 5% de carbone. Ce sont les chondrites carbonées. Les achondrites (sans
chondres) sont moins riches en Fe, Ni; elles sont diversifiées en achondrites à composition
basaltique, achondrites à composition des péridotites terrestres et sidérites à alliage Fe-Ni.

De ces propriétés, nous retenons les renseignements ci-après :

1) Les chondrites ont la même composition chimique que le soleil excepté l’hydrogène et
les gaz rares. Elles ont la même composition globale que la Terre. Ce sont les corps les
plus anciens connus, la datation U/Pb leur attribue des âges de 4,555 ± 0,005Ga. Elles
37

sont les échantillons du produit primitif à partir duquel les planètes et la Terre se
formées, il y a 4,55 Ga.
2) Les chondrites présentent des anomalies isotopiques, exempli gratia, elles contiennent
du Xe’29 par rapport à la composition solaire. Cet excès ne peut provenir que de la
désintégration d’un élément radioactif aujourd’hui disparu, c’est l’iode â courte
période 17 Ma. On peut faire de la chronologie avec le Xe129, on sait que les
chondrites se sont formées en 15 Ma; les premières formées sont les chondrites
carbonées ;
3) Les achondrites ont la composition des différentes enveloppes de la Terr e les
basaltiques ont la composition de la croûte océanique, les achondrites pauvres en Ca et
Fe, celle du manteau et les sidérites, celle du noyau. Alors que fer métal et silicates
étaient mélangés de manière homogène dans les chondrites, dans les achondrites, au
contraire, ils sont séparés et concentrés dans des météorites différentes, les achondrites
on subi une différenciation, elles ont 10 à 30 Ma de moins que les chondrites.
Ajoutons que la proportion entre le Fe métal et silicates existant dans les chondrites
correspond à peu près entre noyau et manteau terrestre.

Le PREM apparaît donc comme le résultat de la différenciation d’un corps solide de


nature chondritique.

II.1.3. Données géologiques : protoplanète hadéenne

Comment s’est formée la croûte terrestre et comment a-t-elle évolué ? Et comme les
matériaux océaniques finissent par s’adjoindre aux aires continentales (cycle de Wilson),
c’est sur les continents qu’il faut chercher les documents utiles. Les continents ne
disparaissent pas par subduction mais ils ne sont pas pour autant indestructibles. En effet,
l’érosion diminue leur épaisseur, les collisions diminuent leur surface par compression et
entraînent leur fusion anatectique. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que les
territoires les plus anciens, constituant les cratons, soient peu nombreux. Leur âge a pu
être connu par datation des zircons communs dans les granites et les gneiss. Ce sont des
minéraux très stables qui résistent à l’altération chimique et aux métamorphismes faibles
ou moyens, un métamorphisme fort n’affecte que leur bordure et n’en modifie pas le
cœur. Comme on sait faire de la chronologie absolue avec un seul zircon ou même avec
un fragment de zircon seulement, ces minéraux constituent un matériel de choix pour
rechercher les premiers continents. Les roches les plus anciennes connues sont:

- les gneiss d’Amitsôq au Groenland, anciennes granitoïdes mises en place à 3.822


± 0.005 Ga et affleurant sur de vastes surfaces (‘-. 3000 Km2);
- les formations d’Isua et d’Akilia dont l’âge est de 3,872 ± 0,010 Ga, des petits
volumes de roches volcaniques et sédimentaires spatialement associés aux gneiss
d’Amitsôq; les zircons trouvé à Isua ont donné un âge de 4,1 Ga;
- les gneiss rubanés d’Acasta datant de 4,030 ± 0,003 Ga dans les Territoires Nord-
Canadien constituent des petits affleurements de moins 20 km2 ;
38

- des zircons préservés dans les sédiments de Jack Hillis en Australie ont donné des
âges allant de 4,0 à 4,404 Ga; les roches qui les contenaient initialement ont
totalement été altérées et érodées.

Compte tenu de ce qui précède, les étapes évolutives de la protoplanète sont les suivantes

a) De 4,568 à 4,4 Ga, juste après l’accrétion, la chaleur accumulée (énergie d’accrétion,
énergie radioactive, etc.) était importante et ne pouvait pas être évacuée efficacement car
aucune convection interne n’était encore établie. Il en a résulté une fusion de toute la
partie externe de la jeune planète qui a donné naissance à un océan magmatique. C’est au
sein de celui-ci que s’est effectuée une première différenciation de la planète en fer
métallique du noyau et silicates du manteau dont seul subsiste un enregistrement sous
forme d’anomalie isotopique (par exemple l42Nd). Les datations basées sur les
radioactivités éteintes de certains isotopes montrent que cette séparation s’est déroulée
très tôt, environ 30 Ma après l’accrétion. Ce n’est qu’après la formation du noyau qu’a pu
apparaître le champ magnétique qui protège encore aujourd’hui la surface de la Terre du
vent solaire

b) De 4,4 à 4,0 Ga, les inclusions de quartz, de feldspath et de mica dans les zircons
sédimentaires de Jack Hills en Australie prouvent qu’ils ont cristallisé dans un magma de
type granitique. Les granites étant les constituants quasi exclusifs de la croûte
continentale, il est possible d’affirmer que cette dernière a commencé à se former dès 4,4
Ga et que sa genèse a continué tout au cours de l’Hadéen. En se basant sur des bilans
isotopiques, le volume de la croûte continentale engendré avant 4,0 Ga a été évalué entre
10 et 15 % le volume de la croûte actuelle. La constitution isotopique de l’oxygène
(018/012) de ces zircons a permis de démontrer que la source de leur magma hôte avait
réagi avec de grands volumes d’eau liquide. Il en résulte que dès 4,4 Ga, la température de
surface de la planète était suffisamment basse pour permettre à l’eau d’être sous un état
liquide, l’océan magmatique était donc refroidi, et de vastes étendues d’eau (océans)
existaient à la surface de la Terre. Ce résultat est très important car il implique que les
conditions (eau liquide, continents) nécessaires à la mise en oeuvre d’une chimie
prébiotique ainsi qu’à l’apparition et au développement de la vie étaient potentiellement
réunies moins de 150 Ma après l’accrétion de la planète.

c) De 4,0 à 3,85 Ga, en se basant sur l’intense cratérisation de la surface lunaire et en


considérant que la Terre, plus massive avait dû attirer un plus grand nombre de plus
grosses météorites, il était communément admis que toute la période hadéenne avait été
l’objet d’un fort bombardement météoritique continu. Ce modèle envisagerait une
décroissance exponentielle du flux de météorites atteignant la surface terrestre, ce qui
devait rendre impossible la présence de continents et d’océans. L’origine de ce
bombardement serait une modification des orbites de Jupiter et de Saturne ayant entraîné
l’éjection de la partie interne de la ceinture d’astéroïdes vers la partie centraledu système,
la surface terrestre n’était pas hostile et pouvait permettre la formation d’une croûte
continentale stable ainsi que d’océans. Cette période est aussi nommée « Cool Early Earth
39

= Terre Primitive Froide ». La question qui reste posée consiste à savoir si ce


bombardement a pu avoir ou non un effet stérilisateur (vaporisation des océans, fission de
la croûte continentale, destruction d’une hypothétique vie). Très récemment il a été
proposé que le bombardement météoritique, n’ait été qu’un phénomène épisodique qui
n’aurait duré qu’entre 4,0 et 3,85 Ga « Late Heavy Bombardrnent = Bombardement
intense tardif».

II.2. Croissance des continents

Puisque la totalité des continents n’est pas d’âge aussi ancien, comment s’est faite la
croissance continentale? En effet, la théorie d’oronisation justifie l’addition des ceintures
orogéniques de plus en plus récentes aux cratons. Cette observation appelle 2 hypothèses :

- la croissance continentale par ajout des terrains nouveaux en bordure des plus
anciens
- le remodelage ou recyclage continental au cours d’une orogenèse, les plissements
affectent des sédiments provenant de l’érosion des continents plus anciens, dans
ces conditions, on ne doit plus parler de croissance.

La géochimie, la pétrologie et la tectonique des éonothèmes de l’Hadéen et de l’Archéen


vont permettre de préciser la réponse à cette question.

II.2.1. Apports de la géochimie

Rechercher le mode d’accroissement des continents c’est aussi rechercher leur


origine et par conséquent l’origine de la croûte. Or, à la surface de celle-ci, on remarque
que les produits volcaniques sont d’origine mantellique. On peut donc penser à une
origine mantellique de la croûte dans sa totalité.

L’analyse des rapports isotopiques de gneiss et granites, principaux types


pétrographiques de la croûte continentale, et de basaltes et gabbros, types communs de la
croûte océanique, nous donne les renseignements suivants:

- les rapports initiaux 87Sr/86Sr de toutes ces roches sont très voisins (0,700 à 0,7025)
depuis la formation de la Terre jusqu’à -2,5 Ga, puis les écarts augmentent
régulièrement à partir de cette date;
- la croûte continentale est très diversifiée : de 0,704 1 à près de 0,7 10
- la croûte océanique est à peine différenciée 0,7025 à 0,703.

La croûte océanique actuelle, avec un rapport initial légèrement supérieur à celui du


manteau 0,702, les basaltes et les gabbros qui la constituent proviennent de la fusion
partielle du manteau aux dorsales. Les premiers granites ont des rapports initiaux
analogues à ceux du manteau contemporain, ils ont donc une origine mantellique. Ils ont
participé avec leurs produits de l’érosion à la formation de la première croûte continentale.
A partir de -2,5 Ga, le rapport initial de ces roches augmente sensiblement, ce qui traduit
un enrichissement en Sr. Puis la diversification s’accentue rapidement et actuellement les
40

valeurs du rapport initial des roches de la croûte continentale sont très étalées. On sait
qu’au cours des orogenèses, il y a transformation et fusion de l’ancienne croûte
continentale par métamorphisme et anatexie à l’origine de l’augmentation des stocks
isotopiques devenant plus importants au fil du temps. On démontre également que les
andésites et les granodiorites qui s’intègrent à la croûte dans les zones de subduction ont
une signature isotopique intermédiaire entre celle de la croûte océanique subductante et
celle des sédiments marins qui la recouvrent. C’est donc la preuve qu’une partie des
sédiments marins est entraînée dans le manteau avec les plaques en subduction. Il y a
bien, en partie, disparition puis recyclage de la croûte continentale. Les continents sont
donc constitués à la fois des matériels nouveaux extraits du manteau et des matériels
anciens recyclés.

II.2.2. Lithologie des terrains archéens

Dans tous les cratons susmentionnés, l’extraction de la croûte débutée à l’Hadéen,


est essentiellement représentée par les roches granito-gneissiques, les roches vertes et les
granites tardifs. En outre, il faut signaler la présence des Formations Ferrifères Rubanées
(en anglais, BIF = Banded Iron Formations).

Les roches granito-gneissiques des terrains archéens représentent environ 80%. Il


s’agit en général de gneiss gris, c’est-à-dire d’anciens granitoïdes à Na résultant du
métamorphisme des tonalites, des trondhjémites et des granodiorites (en sigle TTG),
omniprésentes à l’Archéen et devenus très rares après 2,5 Ga. A l’Hadéen, le manteau
chaud cristallise en surface en donnant une première croûte océanique basaltique qui entre
en convection et retourne au manteau par subduction. Cette croûte est très hydratée, la
présence d’eau permet sa fusion partielle dès 650°C. Comme elle est chaude et le gradient
géothermique élevé, cette température est atteinte vers 45 km. Dans ces conditions, la
croûte océanique fond partiellement et donne des TTG. Des phénomènes comparables se
produisent actuellement au Chili où la croûte océanique jeune encore chaude passe en
subduction sous l’Amérique.

Les roches vertes ne représentent que de 5 à 10% du volume des terrains archéens. Il
s’agit de roches volcano-sédimentaires recouvrant en général les roches granito-
gneissiques. Elles donnent le plus souvent des structures synformes allongées (> 100 km
de long pour 20 km de large) d’où leur nom de ceinture. Typiquement, elles possèdent une
polarité compositionnelle la série débute par des laves ultrabasiques (komatiites)
auxquelles succèdent des laves basiques (basaltes) à affinité tholéiitique alors que les
roches calco-alcalines sont beaucoup plus rares, les andésites sont relativement peu
abondantes. Dans la partie supérieure du cycle volcanique et parfois en alternance avec les
cycles sédimentaires, se mettent aussi en place de petits volumes de laves intermédiaires à
acides (dacites et rhyolites). Ces laves sont intercalées de sédiments qui deviennent
prépondérants dans la partie supérieure de la séquence. Si les basaltes actuels se mettent
en place à des températures de l’ordre de 1250 à 1350°C (environ 16% de fùsion
mantellique), les komatiites faisaient éruption entre 1600 et 1650°C, preuve d’une
41

production de chaleur terrestre plus importante à l’Archéen que de nos jours. Ces magmas
engendrés à grande profondeur proviennent de taux de fùsion très élevés du manteau (50 à
60%). Les komatiites peuvent contenir du diamant. En surface, elles se sont refroidies très
brutalement au point que leurs minéraux (olivine et pyroxène) présentent un faciès
aciculaire en amas dendriformes caractéristiques de texture spinifex (cristaux aciculaires
d’olivine; aujourd’hui transformés en amphibole, à texture spinifex dans une komatiite
âgée de 3,2 Ga et provenant du craton de l’Amazone.

Les granites tardifs autrement nommés sanukitoïdes (High Magnesium Granitoids)


représentent 5 à 1 O% du volume des terrains archéens; ils intrudent les TTG et les
ceintures de roches vertes. Il s’agit de vrais granites à affinité calco-alcaline et le plus
souvent très riches en phénocristaux de feldspath potassique ; ils sont aussi riches en
magnésium. Ils sont interprétés comme provenant de péridotites mantelliques dont la
composition a été modifiée par l’adjonction de magma TTG.

Les cycles sédimentaires archéens débutent en général par une sédimentation


détritique grossière, immature (conglomérats et grauwackes) contenant le plus souvent des
éléments volcaniques, puis ils évoluent progressivement vers des shales et des dépôts
chimiques cherteux alternant avec des oxydes de fer, ce sont les Formations Ferrifères
Rubanées (en anglais Banded Iron Formations en sigle : BIF). Les cherts sont souvent très
abondants et attestent d’une très grande activité hydrothermale. Les BIFs quant à elles
sont des sédiments constitués d’une alternance de bancs centimétriques de quartz et de
rhagnétite, ils proviennent d’une précipitation chimique de la silice et du fer dissout dans
l’eau témoignant par là même du caractère non oxydant de l’atmosphère Terrestre.
Abondantes avant 2,2 Ga les BIFs ont presque totalement disparu à partir de cette période.

II.2.3. Tectonique archéenne

Aujourd’hui la tectonique active à la surface du globe résulte du déplacement des


plaques lithosphériques dont le mouvement induit essentiellement une tectonique
horizontale. De telles structures sont connues dans tous les terrains archéens des plus
anciens aux plus récents, ce qui démontre qu’une tectonique analogue à la tectonique des
plaques actuelles opérait dès 4,0 Ga. Toutefois, les terrains archéens possèdent une
particularité supplémentaire, en effet, aux grandes structures horizontales se superposent
des déformations verticales en dômes et bassins. Cette tectonique verticale dont le moteur
est la gravité est connue sous le nom de sagduction. Lorsque les komatiites de densité 3,3
se mettent en place sur le substratum TTG de densité 2,7, il se crée un fort gradient
inverse de densité les komatiites s’enfoncent dans le substratum et les TTG remontent
concomitamment. Au droit des komatiites, il se forme des dépressions dans lesquelles
peuvent se déposer des sédiments.

NB : Les chercheurs ont considéré que la tectonique horizontale opérait comme de nos
jours, i.e aux limites des plaques alors que la sagduction s’opérait au coeur des plaques
continentales.
42

II.2.4. Passage de l’Archéen au Protérozoïque

Il existe des différences sensibles de composition chimique entre la croûte


continentale primitive âgée de 4 à 2,5 Ga et la croûte plus récente. Après-2,5 Ga, la croûte
continentale est constituée de granitoïdes riches en K issus de la fusion partielle du
manteau. Aux environs de -2,5 Ga, le passage de l’Archéen au Protérozoïque a été€ une
période dé changement majeur pour notre planète, e.g. certaines roches, très abondantes à
l’Archéen sont devenues rares et ont disparu après -2,5 Ga; il s’agit des komatiites, des
formations ferrifères rubanées et des TTG. De même, d’autres roches sont très abondantes
après -2,5 Ga alors qu’elles étaient rares ou inexistantes à l’Archéen, il s’agit des
andésites, des roches magmatiques peralcalines et des éclogites. Ces changements
lithologiques reflètent des modifications plus profondes des mécanismes pétrogénétiques.
Les komatiites ayant disparu à partir de -2,5 Ga, la tectonique verticale (sagduction)
qu’elles engendraient a elle aussi disparu. Enfin, compte tenu du refroidissement de la
planète, la taille des plaques lithosphériques a augmenté depuis l’Archéen. Il est à noter
que tous ces changements résultent d’un seul et unique phénomène, le refroidissement
progressif de la planète.

A partir de -2,5 Ga, le gradient géothermique a beaucoup baissé, la croûte océanique


en subduction se déshydrate fortement avant d’atteindre la t° de 650°C et lorsqu’elle
l’atteint, trop déshydratée elle ne peut pas fondre. En revanche, l’eau libérée par cette
croûte subduite passe dans lé manteau et provoque sa fusion partielle. C’est la fusion
partielle du manteau qui donne des roches riches en potassium et les premiers granites
véritables. En effet, le plongement de la lithosphère océanique le long d’une zone de
subduction se traduit par le métamorphisme HP-BT du prisme d’accrétion et de la croûte
océanique (amphibolite faciès HP-BT à amphibole ± grenat ± feldspath plagioclase). La
croûte océanique non exhumée et le manteau supérieur lithosphérique serpentinisé
recristallise en profondeur (50-120 km) en libérant de l’eau. Celle-ci percolant le manteau
supérieur sous-continental chevauchant, en provoquant la fusion partielle hydraté. Le
magma basaltique produit de cette fusion (à 45 km de profondeur un basalte fond à 650°C
en présence d’eau alors qu’il ne fondra qu’à 1250°C s’il est anhydre) se propage vers la
base de la croûte continentale, provoquant un transfert de chaleur et une remontée des
isothermes qui est responsable d’un métamorphisme HT-BP dans les unités crustales. La
fusion de ces unités crustales est la source des granitoïdes et andésites qui propagent
l’anomalie thermique vers la surface.

II.3. Evolution de la croûte continentale

Il est possible de préciser l’évolution de la croûte continentale par l’étude du rapport


isotopique du Sr dans les roches carbonatées. En effet, Sr et Ca d’une part, Rb et K d’autre
part, ont un même comportement; en particulier, ils se placent aux mêmes sites dans les
carbonates. Or, Sr peut provenir soit du manteau par le volcanisme des dorsales,
l’hydrothermalisme sous-marin et l’altération des basaltes sous-marins ; soit des
continents par lessivage des continents et recyclage des anciens sédiments carbonatés. Au
43

moment de leur formation, les carbonates fossilisent le rapport isotopique de l’eau de mer
; en comparant avec celui du manteau et de la croûte, on en déduit la part de l’héritage
crustal et l’importance de la croûte du moment. Gunter Faure a démontré que

a) Avant 2,5 Ga, le rap5ort isotopique des carbonates est similaire à celui du manteau de
l’époque. Leur Ca et Sr sont très largement d’origine mantellique. Cela ne signifie pas
qu’il n’y avait pas de croûte continentale, mais

- soit elle n’était que faiblement différenciée;


- soit elle était faiblement lessivée en raison de sa faible altitude
- soit la source mantellique était d’une telle intensité qu’elle masquait la source
continentale: beaucoup de matériaux neufs s’ajoutaient, c’était la période de
croissance rapide des continents.

b) Après 2,5Ga, le rapport isotopique des carbonates ou de la mer s’écarte résolument des
valeurs mantelliques, la source continentale est donc de plus en plus importante:

- soit la source mantellique perd de son importance;


- soit la croûte continentale augmente de volume, ses produits d’érosion sont de plus
en plus volumineux, sa différenciation isotopique s’accentue.

c) Depuis 1,5 Ga et surtout 1 Ga, le rapport isotopique augmente beaucoup moins;

- soit la source continentale diminue ou n’augmente plus;


- soit la source mantellique accroît sa contribution relative.

d) Depuis la fin du Protérozoïque, le rapport enregistre 2 chutes importantes, l’une à 900


Ma, l’autre à 200 Ma. Elles correspondent à des périodes d’expansion océanique
considérable, corrélativement au rifiing des Supercontinents de Rodinia et de la Pangea.

II.4. Etat du manteau actuel

Après extraction de la croûte, on peut se demander si la composition du manteau est


homogène. La réponse est fournie par la composition isotopique des basaltes oçéaniques.
En effet, des analyses précises ont montré que les rapports isotopiques 87Sr!86Sr et
206Pb/204Pb ne sont pas les mêmes pour les différents basaltes océaniques provenant des
réservoirs différents.

Les basaltes des îles océaniques (oceanic island basalts) de nature alcaline, alimentés
par des points chauds (hot spots) ont des compositions moins appauvries en Sr que les
basaltes des dorsales (mid-oceanic ridge basalts) de nature tholéiitique (basaltes sursaturés
en silice) et beaucoup plus diversifiés. Ces îles sont nées de panaches d’origine profonde
tandis que les tholéiites sont issues de la fusion partielle du manteau superficiel, le
manteau supérieur et le manteau inférieur ont donc des compositions différentes. Le
supérieur, très appauvri, correspond au réservoir résiduel après extraction de la croûte, son
homogénéité est due au brassage convectif’. Les basaltes des îles, moins appauvris,
44

proviennent d’un matériel profond qui n’a pas participé à l’extraction de la croûte, d’autre
part, leur diversification prouve que le manteau inférieur a reçu par endroits des produits
de recyclage de la croûte ou bien qu’il est peu ou pas animé de mouvements convectifs.
Ces arguments suggèrent l’existence de 2 niveaux bien séparés dans le manteau. Cette
différenciation est mise en évidence par les rapports 40Ar/36Ar des basaltes. Ce rapport
est plus grand dans les MORB que dans les OIB. Cela signifie que le manteau supérieur a
été beaucoup plus fortement dégazé que le manteau inférieur.
45

Chapitre III. EVOLUTION DE L’ATMOSPHERE ET DE LA BIOSPHERE

III.1. Formation de l’atmosphère et de l’hydrosphère

III.1.1. Origines

On constate que la proportion des gaz rares de notre atmosphère est très nettement
inférieure à celle de la composition du système solaire global. Cette atmosphère ne s’est
pas formée au moment de l’accrétion planétaire comme ce fût le cas pour les autres
planètes géantes. Il y a des raisons à cela

- fuite des éléments volatils en raison de la t° élevée;


- gravité trop faible pour retenir des gaz de faible densité ;
- évacuation de l’atmosphère par un souffle violent des particules nommé «vent
solaire ».

L’atmosphère actuelle est secondaire. Elle provient du dégazage du manteau. La


preuve est fournie par l’étude des gaz volcaniques ou ceux inclus dans les péridotites ; il
s’agit dans l’ordre de prédominance décroissante d’un mélange de H,O (80%), CO2
(19%), N2, SO2, H2S, très peu d’H2, CH4 - NFI3 en faible quantité, gaz rares et 02
absent. C’est la composition de l’atmosphère initiale de la Terre et des planètes
telluriques. Les manifestations volcaniques qui ont suivi et qui continuent encore
n’assurent qu’un dégazage résiduel -faible. Cette composition est très différente de celle
de l’atmosphère actuelle pour avoir subi une évolution caractérisée par l’extraction du
CO2 et l’accumulation de l’02 parallèlement à l’évolution de la vie. N.B. Actuellement, le
taux de C02 atmosphérique n’est plus que 0,035% et on estime à 3,5.1023 grammes la
masse des calcaires crustaux ainsi formés. En même temps, ou à la suite de cet important
dégazage, la vapeur d’eau se condense en formant les océans, les lacs, les rivières. Les
zircons détritiques témoignent de ces océans précoces.

Comme on date une roche, il est possible de dater l’atmosphère. Cela a été fait
récemment en utilisant la radioactivité atteinte de l’129I Cet isotope n’existe plus, il s’est
totalement désintégré en 129Xe. C’est parce que ce 129Xe est enrichi sur terre par rapport à
la composition isotopique du système solaire que l’on sait maintenant qu’il provient de
l’129I à période T courte (T = 17Ma). Ces mesures indiquent que le dégazage du manteau a
donné l’atmosphère secondaire en 100 Ma.

III.1.2. Extraction du CO2 et accumulation de l’O2

Avec le cycle géologique de l’eau (évaporation, précipitation, érosion, transport) en


présence des premières terres émergées mafiques et ultramafiques, i.e. riches en Ca2, Fe2,
Mg2, les eaux particulièrement acides (chargées de CO7) dissolvent ces ions et les
entraînent à la mer. Du fait de son agitation et du volcanisme sous-marin, la mer dissout le
C02, des équilibres chimiques entre H2O, CO2, Ca, Fe , Mg s établissent entrainant la
formation des premiers carbonates calcaires et dolomies. Ils représentent la forme
46

d’extraction du CO2 atmosphérique. Dans la haute atmosphère initiale, les 11V


dissociaient un peu de vapeur d’eau en 02 et H2. Mais cet oxygène libre se combinait très
rapidement aux gaz réducteurs expulsés du manteau et au Fe2 il n’existait donc pas d’O2
libre. Il n’y a pas non plus d’02 libre sur les autres planètes. C’est seulement à partir de -
2,0 Ga que les couches rouges vont s’étendre sur tous les continents, il s’agit des
formations colorées par l’oxyde de fer. Le milieu est devenu très oxydant. Les couches
rouges permettent de penser que la concentration de l’atmosphère en O2 â cette époque
était égale à 1% de la concentration actuelle. Avant cette date, on trouve de la pyrite
(FeS2) et du fer rubané dans des roches de plus de - 2,0 Ga. La couleur rouge des rubans
est due à la présence d’oxyde de fer, l’oxygène est donc apparu, mais la pyrite, l’aspect
indiquent l’alternance des périodes sans oxygène autrement dit c’est le début de
l’apparition de l’oxygène. Les gisements d’uraninite (UO2) âgés de -3,4 Ga connus en
Afrique du Sud présentant nettement les caractères de transport et de dépôt dans l’eau ; or,
ces minerais sont très solubles en milieu oxydant, témoignent de l’absence d’oxygène au
Paléoarchéen. On trouve également de la pechblende, autre minerais d’uranium dans les
grès fluviatiles d’Afrique et d’Amérique âgés de - 2,3 Ga l’oxygène est encore absent au
Paléoprotérozoïque.

III.2. Origine de la vie

Les premières formes de vie connues sont des cellules semblables aux Bactéries et
aux Cyanophycées actuelles. Ce sont des cellules isolées ou regroupées en filaments. Elles
n’ont pas de noyau ce sont des Procaryotes, on les regroupe sous le nom de
Cyanobactéries. On les trouve dans les sédiments âgés de 2 à 3,5 Ga, bien avant les
couches rouges. La vie est donc apparue dans un milieu dépourvu d’oxygène. Plusieurs
faits d’observation et des données expérimentales justifient ce constat.

On trouve des bactéries sulforéductrices du genre Sulforobus dans les eaux chaudes
(90°C) et acides (pH 1) des geysers de Yellowstone Park ; et des sulfooxydantes autour
des fumeurs noirs des dorsales océaniques qui rejettent des eaux à 350°C, riches en
sulfures. Si des bactéries peuvent vivre dans tels environnements, aussi hostîles, il est
logique de penser que la vie a pu apparaître dans un océan primitif dépourvu d’oxygène.

D’après Oparin et Haldane (1920), il aurait existé dans les premiers océans, une
soupe primitive de molécules organiques formées par l’action du rayonnement solaire sur
l’atmosphère initiale réductrice ; ils estimaient que l’atmosphère primitive comprenait
principalement CH4, NH3, CO2, H2O. On sait que l’atmosphère initiale confirmée par
l’étude de la Comète de Haley et des données des météorites, ne contenait que très peu de
NH3 et CH4. Depuis l’expérience de Miller-Urey 1953), la mer et l’atmosphère primitives
reproduites en vase clos en provoquant des étincelles électriques et plus tard des UV dans
cc bouillon originel, ils obtiennent tous les monomères acides aminés, oses, lipides,
phosphates, bases azotées et des molécules inconnues, en particulier de nombreux
isomères. En absence d’enzymes nécessaires à la polymérisation à cette époque, on peut
penser que ce sont les phyllosilicates (argiles et micas) adsorbant les monomères qui ont
47

favorisé leur polymérisation en présence des phosphates qui apportaient l’énergie


nécessaire dans une flaque abandonnée à marée basse ou encore que. Fox a montré que
des mélanges secs d’acides aminés, chauffés à 130°C, ou même seulement à 60°C en
présence de H3PO4 se polymérisent spontanément. Il a nommé thermoprotéines, les
polymères ainsi obtenus.

Comme l’existence d’organismes vivants dans un environnement suppose leur


séparation de cet environnement par une surface frontière, sinon ils vont se diluer et
disparaître, Oparin a montré que des polymères en solution aqueuse peuvent s’isoler du
milieu spontanément sous forme de coacervats de 500 m de diamètre environ. Ces
coarcevats ne sont pas les ancêtres des premières cellules, mais un modèle chimique de
comportement et de métabolisme primitifs.

Au laboratoire de la vie à Tokyo, on a observé au microscope électronique une


image d’un élément de 2 m de diamètre comparable à Sulforobus. Il a été obtenu en
mélangeant d’énormes quantités d’acides aminés dans de l’eau et de l’azote, en l’absence
d’oxygène, à une température de 250°C, sous une pression de 130 atmosphères pendant 6
heures. Cette expérience montre que la vie a pu apparaître en absence d’oxygène, dans les
profondeurs de la mer primitive, il y a 3 ou 4 Ga.

Ainsi, on peut envisager qu’avant l’émergence de la cellule, l’océan primitif était


peuplé de gouttelettes douées d’une chimie particulière qui les faisait vivre un temps puis
disparaître. Celles qui avaient des catalyseurs capables d’induire des polymérisations
utiles auraient persisté plus longtemps. L’ATP a dû apparaître très tôt et acquérir
rapidement une concentration supérieure aux autres nucléotides. Il s’est imposé comme
molécule énergétique pour tous les organismes vivants. Sa pérennité implique une
transmission par des molécules informationnelles possédant un code capable de se
répliquer. L’ARN découvert chez certains protozoaires, est capable de se répliquer sans
enzymes, on pense qu’il pourrait s’agir de la première molécule informationnelle. On
admet que sa polymérisation et sa réplication s’est faite sous l’action de la chaleur solaire
avec les argiles comme catalyseur car actuellement on sait polymériser les nucléotides de
cette façon. En effet, se formant par l’empilement des feuillets identiques séparés par des
ions et de l’eau, les argiles se répliquent ; elles pourraient donc constituer la matrice
minérale qui aurait dirigé la polymérisation des nucléotides et permis la réplication des
premières molécules informationnelles.

Par ailleurs, l’observation et l’analyse des poussières spatiales, des comètes et des
météorites ont révélé des molécules riches en carbone hydrocarbures, acides
carboxyliques, aldéhydes, cétones, alcools, amines, urée, acides aminés et molécules
azotées constitutives des protéines et acides nucléiques. Actuellement, les astronomes
voient la trace de composés organiques partout dans l’univers, associés à des poussières
de glace. L’association expérimentale d’une glace composée d’eau, méthanol et
ammoniac dans les mêmes proportions que celles de la glace interstellaire a donné lieu à
l’assemblage spontané en vésicules analogues à des membranes cellulaires lorsqu’ils sont
48

placés dans l’eau ; pareilles vésicules ont été extraites de la météorite de Murchison en
Australie. Si les observations des astronomes montrent que les molécules organiques se
sont formées dans l’espace et pourquoi pas sur la Terre et sur les autres astres contenant
de l’eau comme Mars et le satellite Europe de Jupiter? Ce dernier est entièrement
recouvert d’une épaisse couche de glace sous laquelle se maintiendrait de l’eau liquide
aux dépens d’un flux de chaleur issu de son noyau à la manière des sources
hydrothermales.

III.3. Interactions atmosphère, hydrosphère, biosphère

Le métabolisme des êtres vivants se caractérise par des échanges gazeux avec le
milieu extérieur de l’atmosphère. L’atmosphère actuelle résulte de cet équilibre
dynamique. Les premiers Procaryotes apparus sur le globe appartenaient à l’ensemble des
Archéobactéries de 5 m, dépourvues de noyau. On en commît actuellement 3 types : les
halophiles dans les milieux très salés (Mer Morte), les méthagènes faisant du méthane â
partir du CO2, et les thermosulforéductrices vivant â haute t° et réduisent les sulfates. Les
deux derniers groupes apparaissent adaptés aux conditions originelles, puisqu’ils sont
capables de s’e développer grâce à l’énergie de fermentations anaérobies qui n’utilisent
que des éléments minéraux (C02, FI2S, SO2). Comme il n’y avait ni oxygène, ni ozone, les
radiations ultraviolettes, destructrices de l’ADN, pénétraient profondément dans l’eau; ces
bactéries devaient donc vivre au-delà de 10 m de profondeur.

L’apparition du métabolisme implique l’existence de pigments assimilateurs (Acétyl


- CoA Caroténoïdes + Oxygène Xanthophylles Chlorophylles); sans O2, la
chaîne s’arrête aux caroténoïdes ; c’est ainsi que certaines bactéries furent capables
d’utiliser l’énergie solaire pour transformer le CO2 du milieu en matière organique. Le
donneur d’électrons n’est pas H2 O mais H2S, le sous- produit n’est pas 02 mais S : c’est la
photosynthèse anaérobie. Les micro- organismes responsables de cette activité
ressemblant aux stromatolithes actuelles de la baie de Shark en Australie, ont été
découverts dans des formations siliceuses, stratifiées, datant de -2,5 à -2 Ga. Ce sont des
piliers calcaires résultant de l’accumulation de grains de sable par un mucus secrété la nuit
par les Cyanophycées. Parmi ces stromatolithes, des Cyanobactéries mutantes utilisèrent
l’eau comme donneur d’électrons, et l’oxygène O2 a été ainsi libéré : c’est la
photosynthèse aérobie à la partie supérieure des récifs. Par conséquent, les Cyanobactéries
anaérobies ne peuvent se rencontrer que dans les parties inférieures des récifs où la
lumière ne pénètre pas. La précipitation chimique a rapidement été relayée par la
précipitation biochimique. Les calcaires construits les plus anciens connus ont plus de
3,85 Ga, ce qui permet de penser que la vie est apparue moins de 1 Ga après la formation
de la Terre.

Progressivement, la photosynthèse donnera l’essentiel de la matière organique sur le


globe. Grâce aux isotopes stables du carbone, on note une explosion de la biomasse à 2Ga.
L’oxygène produit se diffuse dans l’océan et réagit avec le fer dissous pour former des
oxydes ferriques rouges qui précipitent avec la silice donnant les plus grands gisements de
49

fer mondiaux datés à -2 Ga. Lorsque tous les corps réduits ont été oxydés, l’O2 passa en
solution dans l’eau des océans, puis s’accumula dans l’atmosphère. En altitude, sous
l’influence des éclats et des radiations cosmiques, une partie de cet oxygène libre est
progressivement transformée en ozone O3 protecteur de la surface terrestre contre les UV,
facteurs de mutations importantes.

La cellule Eucaryote se distingue de la cellule Procaryote par sa taille de 60 m au


lieu de 2-5 m, l’existence d’un noyau, des organites producteurs d’ATP (mitochondries,
chloroplastes) et par sa capacité de reproduction sexuée (mitose et méiose). Pour toutes
ces raisons et à cause d’un métabolisme nouveau, la respiration, les Eucaryotes ont un
besoin impérieux d’oxygène. Les sédiments cryptozoïques ont livré des cellules fossiles
dont la taille, supérieure en moyenne à 60 m, permet de penser qu’il s’agissait de cellules
eucaryotes. Elles deviennent abondantes entre 1,5 et 1,4 Ga dans un milieu où la
concentration en 02 excède à peine 1% de sa valeur actuelle. Ces premières cellules sont
connues sous le nom d’Acritarches. Après leur apparition, ces cellules vont s’organiser en
Métazoaires dont l’évolution nécessite du collagène en présence d’un taux très élevé d’02.
Les premiers Métazoaires connus sont les Invertébrés marins de la faune d’Ediacara et de
Nama datées à 600 Ma. Ce sont des animaux à corps mou, aplatis le plus souvent,
ressemblant à des vers annelés (Spriggina) ou des cnidaires (Méduses, Penne de mer,
Tribrachidium) n’ayant aucun descendant dans les faunes actuelles. Entre cette faune et
celle à Trilobites, on connaît plusieurs Métazoaires bien diversifiés à 540 Ma (faune de
Tommot, près du lac Baïkal en Sibérie, de Meischucun dans la province de Yunnan au
Sud-Chine, et de la Péninsule de Burin dans le Newfoundland au Canada du Sud-Est)
montrant des squelettes de nature calcaire ou phosphatée. La concentration en 02 devait
alors approcher 10% de l’atmosphère actuelle. Elle augmente ensuite très rapidement et
atteint sa concentration actuelle vers 400 Ma quand la couche d’ozone formée dans la
haute atmosphère devenait suffisante pour filtrer les radiations nocives et permettre la vie
sur les terres émergées.
50

Chapitre IV. PALEOGEOGRAPHIE GENERÀLE

IV.1. Terreneuvien (541-521 Ma)

En Amérique du Nord.- De la Laurasie, nous connaissons surtout ce qui s’est passé


en Amérique du Nord. Le socle Canadien, tout le Centre des Etats-Unis et le Groenland
étaient encore émergés. A l’Ouest, cet ensemble était flanqué d’une mer allongée, dont la
largeur dépassa rarement 1000 km, et allant de la Californie au Nord de l’Alaska c’est le
rift Cordillérien. Il s’agit de la partie interne de la fosse des Montagnes Rocheuses,
esquissée à l’Infracarnbrien avec le rift Beltien. A l’Ouest, la fosse externe, plus profonde,
du rift pourrait avoir été représentée à l’Infracambrien et au Cambrien par les schistes
métamorphiques d’Abrarns et de Salmon, c’est la fosse Pacifique ou de Fraser. Entre les
deux se serait étendue, la terre continue de Cascadia, résidu de la chaîne Huronienne
située entre San Francisco et Vancouver. De même, nous n’avons pas alors d’évidence
nette d’un archipel volcanisé sur la côte pacifique, dont l’érosion aurait alimenté la
sédimentation du rift Cordillérien.

A l’Est du socle Canadien, du Sud-Est de Mexico à la pointe Est du Labrador, et se


prolongeant probablement sur la côte Sud-Est du Groênland, s’étendait une autre mer
allongée, nommée habituellement rift Appalachien (fosse de Champlain). La subsidence y
atteignait son maximum dans la Virginie occidentale, le Tenncssec et l’Alabama. Dans
l’externide, la fosse de Magog très profonde et devenue une longue bande «Piedmont
crystalline Province » est séparée de la fosse interne par la 13 lue Ridge, qui s’étend sur
l’Alabama, la Caroline du Nord, le Nord dela Virginie, le Maryland et la Pennsylvanie en
s’élargissant à partir de la Caroline. L’Appalachia, bordure continentale stable, est un
résidu de l’Antécambrien plissé. Il y aurait eu là aussi un archipel volcanisé au sein de
l’arc externe du rift.

Au Terreneuvien, l’embryon de la fosse Acadienne (région Sud-Est du rift


Appalachien entre Terre-neuve, le golfe du Saint-Laurent et les monts Adirondacks et
Catskill), et plus particulièrement du rift de Champlain, entamait le littoral nord-
américain jusqu’au Lac du même nom. Cette mer était, ainsi qu’on peut en juger d’après
les faunes qu’on y a recueillies, en relation avec le reste du rift Appalachien d’une part, et
avec les mers européennes d’autre part. En Europe, le craton Baltique était émergé en son
centre représenté aujourd’hui par l’Est de la Suède et la Finlande. Une mer allongée, le
bras de mer Anglo-Scandinave peu profonde, préfigurait déjà le rift Calédonien. Cette mer
communiquait directement avec le rift de Champlain, des relais entre les deux régions
étant constitués par le Nord de l’Islande et l’Est du Groenland. Vers le Sud-Ouest, cette
mer s’étendait sur l’Irlande et la Grande-Bretagne (sauf la Cornouaille), où en particulier
dans le Pays de Galles, elle recevait des dépôts deltaïques. Au Sud du eraton Baltique un
autre rift, confluant avec le précédent s’étendait sur une partie de la Suède, le Danemark,
le Nord de l’Allemagne, les Pays Baltes et le Nord de la Russie (Mer Blanche et
Nouvelle-Zemble), la Silésie et la Pologne. Par cette voie, la même mer reliait donc la
Scandinavie à la mer Arctique.
51

Un grand axe émergé, comprenant le Portugal, le Nord-Ouest et le Nord de


l’Espagne, .la plus grande partie de la France, l’Ouest de l’Allemagne, et se prolongeant
par la plate-forme Russe jusqu’à l’embouchure de l’Ob (craton de Tobolsk), prenait en
écharpe l’Europe. Il est presque certain que cette barrière a été momentanément
interrompue, en particulier sur la France (formations marines du massif Armoricain ct
celles de la Montagne Noire (peut-être aussi des Pyrénées). Il en émanait une large
dépendance allant de la Grèce à la mer d’Aral et qui, à l’Est de la Téthys occidentale
(Podolie, Volhynie), comprenait le massif émergé d’Ukraine qui se désagrégeait en
abondants sédiments détritiques. Au Sud de cet axe, s’étendait la Téthys ou rift Mésogéen
; elle recouvrait le SE et l’E de l’Espagne, et la Montagne-Noire. Vers l’ouest, elle
communiquait avec la fosse Acadienne et le bras de mer Anglo-scandinave d’une part du
côté armoricain, d’autre part du côté marocain. Au Maroc, sur les Djebilet, le Haut-Atlas,
l’Anti-Atlas et le Saghro. En Asie, la Téthys se divisait en deux grands bras bordés de
lagunes à évaporites, le rift Tartare et le rift Himalayen le premier, au Nord de la
Mongolie, inondait largement la Sibérie et rejoignait la mer Arctique par le Taïmyr ; le
second, au Sud des mêmes terres, baignait le Nord des péninsules sud-asiatiques et
correspondait à la véritable Téthys. Ces deux mers communiquaient entre elles par l’Ouest
du lac Balkach et par un bras rejoignant la Corée à l’embouchure de la Léna (rift de
Verkhoïansk), et avec l’Australie par une mer qui semble renfermer, en particulier dans le
Yunnan, une faune voisine de la faune américaine à Trilobites.

Les terres infracambriennes de Chine, arasées, étaient envahies par la mer qui
s’installait dans une nouvelle rigole : le rift Paléocathaysien. Ajoutons qu’il ne paraît pas
encore y avoir trace des grands rifts modernes de l’Extrême-Orient, en particulier celui du
Japon et celui des Indes Néerlandaises. En ce qui concerne cette dernière région, on admet
aujourd’hui qu’elle a été occupée durant tout le Paléozoïque jusqu’au Permien par une
grande terre l’Aequinoctia. Du Gondwana, il semble que toutes les parties aient encore
été émergées durant le Terreneuvien, peut-être mise à part des encoches dans les
quartzites de Kuibis et autres formations semblables. En Australie, après une arasion
complète et une courte émersion, la mer s’est largement étendue sur le bassin Central peu
profonde, peuplée de Schizophytes et de Trilobites, accidentée de fosses subsidentes, de
volcans sous- marins, de hauts-fonds lagunaires. Les terres bordières semblent avoir été
occupées par des déserts.

IV.2. Cambrien moyen (521-509 Ma)

Cette époque, durant laquelle la mer continue de s’étendre, est un moment de


transgression arctique. En Amérique du Nord, la région des Montagnes Vertes et des
Montagnes Blanches correspondait non à une fosse profonde et étroite, mais à un axe
émergé, soit archipel, soit plutôt barrière continue. Aucune chaîne post-huronienne
n’ayant encore plissé les continents, et peu de mouvements verticaux positifs de l’époque
considérée ayant été mis en évidence, il est probable que l’érosion des terres émergées
devait jouer dans l’ensemble. C’est ainsi que la plate-forme centrale des Etats-Unis,
52

devenue très basse, subsistait avec peine, le trop-plein de la mer Cordillérienne


commençant déjà d’envahir le Montana, et fournissant localement des biohermes
lagunaires à Collenia. Le pourtour de l’Amérique du Nord, y compris les côtes Est et
Nord-Ouest du Groênland, et sauf le rift de Champlain, était en liaison le rift Cordillérien.
En Europe occidentale, il semble bien que le bras de mer Anglo-Scandinave ait continué
de s’étendre comme au Terreneuvien et sur les mêmes pays ; il reste en relations avec le
rift de Champlain, et avec la Téthys occidentale. Il admet un axe émergé Irlande-Ecosse-
Norvège. En Bohème, on assiste à une transgression du Cambrien moyen. En Bretagne,
des îles ont pu être reconnues Ligeria au Sud, Domnonea-Mancellia au Nord. L’Esthonie
ne reçoit plus de dépôts marins. Au Sud, en Podolie-Volhynie, le massif Ukrainien
persiste à se désagréger.

En Asie, par la Nouvelle-Zemble, la mer Arctique est en rapport direct avec le rift
Appalachien : ainsi, dans la baie de Pormoskaya (Péninsule de Karpinsky), on trouve
encore les Trilobites. D’autre part, la Sibérie est également de type exclusivement
atlantique. Il semble que l’Extrême-Orient réunissait les deux tendances en Indochine et
surtout avec la sous-province arctique de celle-ci en Chine du Nord et Mandchourie. Il
semble cependant que la confluence complète de cette mer Nord-Asiatique avec celle de
l’Extrême-Orient (Chine, Corée) n’étant consommée qu’à la limite avec le Cambrien
supérieur. Ajoutons que le Continent Angarien, entre le Baïkal et le golfe de l’Ob, était
occupé par des lagunes à Cyanophycées. Entre celui-ci et la plate-forme Mongole, le rift
Tartare, restreint au Salaïr, bordé des biohermes à Pléosponges et Schizophytes, était
fortement volcanisé. Dans le Gondwana, l’Afrique offre vraisemblablement à cette époque
d’imposants biohermes à Cyanophycées. Une première incursion marine s’observe en
Amérique du Sud dans les Andes, esquissant une amorce de rift en prolongement en fait
du rift Appalachien vers le Sud. En Australie, la mer se retire du détroit de Flinders où se
forment des couches rouges, et s’étend en mince nappe vers l’Est et le Sud-Est. Dans les
vasières prospèrent les Trilobites, tandis qu’un golfe lagunaire à Schizophytes occupe
l’état de Victoria.

IV.3. Cambrien supérieur (509-485,4 Ma)

Le Cambrien supérieur est une époque d’exondation pour l’Europe et l’Afrique du


Nord. En Amérique du Nord et en Chine, on y voit le type de ce que nous avons appelé
transgression pacifique. Le continent Nord-Américain, dont les reliefs dataient du
Protérozoïque, est maintenant à la limite de l’érosion, c’est-à-dire devenu pénéplaine.
Aussi la transgression amorcée au Cambrien moyen s’intensifie-t-elle jusqu’à inonder
complètement la plate-forme centrale. La mer ainsi formée est donc épicontinentale et elle
effectue la jonction entre te rift Corditlérien et te rift Appalachien. La confluence s’opère
à l’Ouest des Grands Lacs et, plus au Sud, dans la fosse d’Ouachita, futur rift, située entre
le Lac Michigan et le golfe de Californie, sur une partie du bassin du Mississipi, et où se
déposent des sables détritiques résultant de la transgression. Entre ces deux bras de mer,
existait une grande île située sur l’emplacement du Colorado et, au Sud de la fosse
53

d’Ouachita, la terre émergée de Lianoria s’étendait sur une partie du Mexique. La


présence de cailloux à facettes et de grès à stratification entrecroisée de type dunaire dans
le Wisconsin et le Texas indique des faciès désertiques dans ces régions à côtes basses et
sableuses, devant rappeler celles qui, de nos jours, s’étendent au Nord du Sinaï.

En Europe occidentale, le Cambrien supérieur marin n’est bien représenté qu’en


Grande-Bretagne, en Scandinavie, dans les Pays Baltes, en Estonie et Russie du Nord
s’installent des plages sableuses et des shales contenant du pétrole, témoins d’une vase
riche en matière organique. Cependant, au voisinage de la partie encore marine du bras de
mer Anglo-Scandinave et de son diverticule Sud-Est se trouvent des régions émergées et
volcanisées indiquant que ce rift a évolué. On a retrouvé des traces de volcanisme en
Ecosse et au Nord du Pays de Galles, en relations par conséquent avec le rift Calédonien.
Il en existe aussi dans le massif Armoricain, associées aux grès de Sainte Suzanne et de
Blandouet, sous forme de coulées, probablement sous-marines. de rhyolites ; de même,
des nappes volcaniques accompagnent les shales pourprés de Bretagne juste au-dessous de
l’Ordovicien. La terre Domnonea-Mancellia continue d’être émergée. En Bohême,
également, des épanchements de lave sont mêlés à des grès et à des conglomérats. Un
long golfe prenait l’Espagne en écharpe.

En Asie, le rift Tartare a subi au début du Cambrien supérieur, une phase orogénique
marquée par des plissements (Monts Salaïr, massif de Kouznetzk et région du Bakal) qui
ont quelque peu changé sa topographie et le dessin de ses côtes. On peut penser qu’il
s’agit là d’un stade précoce d’évolution du bras Nord du rift Téthysien. Accompagnant
cette orogenèse, des volcans pointaient au Nord des Monts Salaïr, tandis qu’au Sud, le rift
persistait, origine des futures chaînes de l’Altaï. A l’Ouest du bras de mer Russe, on
connaît aussi des traces de volcanisme. Cependant comme pour l’Amérique du Nord, le
climat devait être chaud et sec sur les côtes du rift de Verkhoïansk (Anabar, Olenek,
Wiliui et Khatanga). Des lagunes à Cyanophycées ont continué de prospérer entre le
Baïkal et l’embouchure de l’Ob.

Les relations de la mer Sibérienne avec la mer Arctique sont rendues manifestes par
la présence de genres communs provenant de la Nouvelle-Zemble. Cependant. au début de
cette époque, les affinités fauniques de la Sibérie offraient un cachet appalachien et des
relations avec la province pacifique de l’Amérique du Nord. On peut en conclure que les
liaisons qui s’étaient établies à la fin du Cambrien moyen entre la mer Sibérienne et la mer
Chinoise s’interrompirent lors de la surrection du Salaïr lequel constitua une barrière
isthmique. Cette barrière fut d’ailleurs temporaire, car, à la fin du Cambrien supérieur, les
deux mers communiquaient à nouveau, les relations fauniques de la mer Sibérienne
s’établissant alors à la fois avec l’Amérique du Nord et avec la Chine. Il semble bien
qu’au Cambrien supérieur, la mer Arctique ait commencé d’être une des voies majeures
de migrations orientales, le Groenland semble émergé. Mais alors, du côté de la Nouvelle-
Zemble, la province atlantique pouvait entrer en relations avec la Sibérie. La mer Arctique
a également envahi l’Amérique du Nord dans la région limitrophe de l’Alaska ct du
54

Yukon, et semble avoir permis des relations tardives entre l’Extrême-Orient et l’Amérique
du Nord. On peut aussi définir une sous-province ouest-pacifique reliant la Perse et le
Karakoroum à l’Extrême-Orient (Corée, Mandchourie, extrémité Sud-Ouest du Japon),
par le Yunnan et le Nord de l’Indochine. Soulignons, en même temps que la
différenciation de la province chaurnitienne, extrême-orientale, celle de l’entité où s’est
inscrite l’histoire de la Corée: le rift de Yokusen.

En Amérique du Sud, les affleurements andins transgressifs (golfe Bolivien),


montrent qu’il est déposé par une mer épicontinentale enjambant l’actuelle frontière
bolivoargentine, et indiquent des relations avec le rift Appalachien. Mais, cette liaison ne
devait s’effectuer que par un chenal, passant à l’Est de l’Appalachia et traversant
l’Amérique centrale sur l’emplacement du Mexique et du Guatémala. Ce chenal aurait
ainsi lié directement les Andes à l’Europe occidentale, mais il devait être soumis à de
fréquentes émersions car il comporte d’assez nombreuses lacunes fauniques. Peut-arc
aussi, les premiers dépôts marins du rift Amazonien, ainsi que ceux du Centre et de l’Est
du Brésil, sont-ils du Cambrien supérieur.

En Australie, surtout continentale, les plissements tyenniens semblent avoir eu lieu


dans le Sud, à l’Ouest d’Adélaïde, tandis qu’à l’Est de cette ville régnaient des volcans, et
que des granites se mettaient en place. La mer formait un golfe peu profond, dépendant
nettement de la province pacifique, au centre du Queensland. Du bassin Central demeurait
une mer restreinte dans la région de Georgina. Sur le fond subsident du golfe de Victoria
se déposaient des phosphates. Enfin, sur la Tasmanie submergée, alternaient les sédiments
détritiques et des roches volcaniques ces conditions étaient défavorables à la vie.

IV.4. Ordovicien inférieur (485,4-470 Ma)

En Amérique du Nord, l’Ordovicien inférieur succède peut-être à une émersion de


courte durée. A cette époque, l’Amérique du Nord émerge en partie, en formant
d’interminables vasières littorales sans relief. Des arcs volcanisés existent sur le bord
externe des grandes fosses Cordillériem-te et Appalachienne. La sédimentation détritique
dans la partie profonde, médiane, du rift Cordillérien, constituée alors par les deux fosses
de Klamath et d’Alexander, renferme de nombreux apports laviques (basaltes et surtout
andésites) ; des dépôts de gels siliceux (cherts), qui se sont produits dans le rift des
Rocheuses, semblent aussi en relations avec ce volcanisme. On peut croire qu’il en était
de même pour la fosse Appalachienne profonde de l’Est qui devait également être
parsemée d’îles volcanisées. Ces dépôts sont suivis d’autre part d’un soulèvement dû à des
mouvements dépourvus de charraiges en Pennsylvanie, à Mine Ridge. A Terre-Neuve,
une subsidence de plus en plus rapide creusait une fosse, tandis que le craton Canadien lui
fournissait une assez forte quantité de sédiments clastiques. A la fin de l’Ordovicien
inférieur, des volcans sous-marins et aériens émirent des laves (andésites et rhyolites) et
des roches pyroclastiques en abondance. La communication par voie arctique entre le rift
Cordillérien et le domaine atlantique a continué jusqu’à la fin de l’Ordovicien Inférieur.
La communication directe paraît avoir été difficile, sans doute par suite de l’existence de
55

hauts-fonds ou de lagunes à Cyanophycés. D’ailleurs, sur la plate-forme centrale des


Etats-Unis, un soulèvement épirogénique se produit dans le Wisconsin.

Passons à l’Europe où I’Ordovicien inférieur est transgressif sur le Cambrien


supérieur finalement émergé. Le rift Calédonien semble dès lors avoir été bien
individualisé, à la suite de la phase orogénique de Tryssil qui affecta le Canal de Saint-
Georges, le Pays de Galles et la Scandinavie ; en Grande-Bretagne, qu’il prend en
écharpe, ce rift est limité au Nord par une terre exondée, débordant largement l’Islande et
qui est représentée aujourd’hui par les Hébrides, et au Sud par une autre terre émergée à
peu près à l’emplacement du Canal de Bristol, de la Comouaille, du Devonshire et peut-
être des Midlands cette terre correspondrait à l’avant-pays. Le rift lui-même offre une
fosse externe profonde, qui a été soumise au métamorphisme dairadien et qui s’étend sur
les Highlands et les Grampians (Ecosse), et une fosse interne, l’avant-fosse qui recouvre
les Southern-Uplands et le Pays de Galles. Ces deux fosses étaient séparées par une
cordillère sans doute assez mobile suivant les âges, au Nord ou au Sud de Moffat. Au
Nord de la fosse Dalradienne, le calcaire de Durness à Brachiopodes, contenant des grains
de sable arrondis, représente un faciès littoral de mer limpide accroché au continent. Dans
l’avant-fosse, on trouve dans le rift Calédonien de Grande-Bretagne de nombreux témoins
d’éruptivisme : les volcans, sous-marins ou répartis sur des archipels, saupoudrent la fosse
Dalradienne et même l’avant-fosse dans la région galloise, mais les principaux sont situés
dans le secteur de Girvan, c’est-à- dire sur l’emplacement présumé de la cordillère
médiane. Le rift Calédonien communiquait avec celui Appalachien au Sud de l’axe
d’Albany, c’est-à-dire avec la fosse Acadienne, cet axe des Montagnes Vertes a dû jouer
son rôle de barrière. I1 se prolongeait aussi au Nord-Est vers la Scandinavie. C’est la
province atlantique acadobaltique qui aboutissait au Nord de l’Oural d’une part, et, d’autre
part à la Téthys, par la Bohême, la Montagne Noire et l’Europe méridionale.

Il n’est pas connu de dépôt marin en Sardaigne, dans une grande partie de l’Espagne
et en Afrique du Nord, on peut penser que cette lacune correspond à une continuation dc
l’émersion africano-européenne du Cambrien supérieur. Mais cette fois, on distingue des
preuves de plissements en Sardaigne : c’est la phase orogénique Sarde. En Bretagne, après
le dépôt de faciès détritiques suggérant la proximité immédiate du continent par leur teinte
rubéfiée, se sont épanchées des rhyolithes et des andésites. Le cas de l’Espagne est assez
semblable puisque le dépôt marin manque en Andalousie et en Aragon, qu’il est gréseux
et conglomératique et renferme des Lingules en Asturies et en Galice, pour n’être
franchement marin qu’en Catalogne. De même, en Bohêmc, de part et d’autre d’un isthme
occupant la région de Prague, les couches pséphitiques à Brachiopodes Inarticulés de
Trenice sont transgressives. Cette transgression ne s’est complétée en Europe que vers la
fin de l’Ordovicien Inférieur. En Bohème, la mer s’est légèrement approfondie lors du
dépôt des couches transgressives de Komarov associées à d’importants épanchements
volcaniques sous-marins. L’un des traits les plus importants de la physiographie de
l’Europe est une barrière calédono-hongroisc qui formait un chapelet d’îles séparant, par
intermittences, le bassin Bohémien de la mer Nord-Européenne au début de l’Ordovicien
56

Moyen. Sans doute correspond-elle à une cordillère surgie au Nord du rift Européen et le
séparant du rift Calédonien. Il se peut aussi qu’il s’agisse plus simplement d’tin reste des
terres émergées du Cambrien supérieur.

En outre, l’Oural communiquait avec les régions himalayennes, la Chine et le Sud de


la Corée. En fait, il y a là une transgression indubitable sur la plate-forme Russe, c’est
l’amorce du rift Ouralien ; ce grand bras de mer, lieu d’une sédimentation détritique de
caractère peu profond, voire continental ; de plus, dans sa partie sud, était e siège
d’importantes coulées de diabases et d’andésites, accompagnées de tufs, témoignant d’un
volcanisme intense. Il semble s’agir là de la suite de l’éruptivisme concomitant de la
phase Salaïr. Séparé du rift Ouralien par le craton de Tobolsk, le double rift de Tomsk et
d’Irkoutsk était alors le siège d’immenses lagunes à Cyanophycées. Le Gondwana était
encore fort peu entamé. Dans la province australienne, la Tasmanie et le golfe de Victoria
étaient envahis par la mer, continuation de la Mésogée. La fosse d’Amadeus était un grand
chott partiellement exondé. Dans la région andine, le petit rift amorcé au Cambrien faisait
sans doute l’objet de quelques mouvements orogéniques connus au Sud de ce golfe. En
général, la phase Sarde, que précédaient de peu les mouvements du Salaïr, affecte la
plupart des rifts qui prendront part à l’élaboration de la chaîne calédonienne.

IV.5. Ordovicien moyeu (470-453 Ma)

L’Ordovicien moyen est une période de transgression téthysienne qui a eu pour


résultat une inondation de l’Europe plus complète qu’à la fin de l’Ordovicien inférieur et
un réchauffement général des mers. La paléogéographie de l’Amérique du Nord continue
d’être régie par les nus Cordillérien et Appalachien, dont la structure ne semble guère
différente de ce qu’elle était durant l’Ordovicien inférieur. Cependant, au début de 1
‘Ordovicien moyen, la fosse Appalachienne subit un enfoncement important dans le
Tennessee ; ce qui fait penser au soulèvement concomitant d’une terre émergée
probablement assez étendue, au Sud- Est, qui devait être capable de fournir une énorme
sédimentation. En même temps, s’observe en Alabama une discordance, signe d’un
soulèvement, d’un plissement et d’une érosion. A Terre-Neuve, des mouvements
tangentiels ont donné lieu à la phase de Cow-Head dans la région située à l’Ouest de la
ceinture volcanique du rift. Par la suite, la ceinture volcanique s’est enfoncée, donnant une
fosse subsidente.

En Grande-Bretagne, les volcans prennent un énorme développement, apportant


durant 4000 m de laves et de tufs dans le district des Lacs. Mais il semble que la limite
nord du rift Calédonien soit constituée par une barrière continentale Scando-Ecossaise
séparant la province Baltique de la mer Arctique qui constituait alors une fosse dont les
sédiments épais ont été métamorphisés dans la région de Trondjem. A la fin de cette
époque, la fosse Dalradienne s’est partiellement fermée, donnant les premiers monts
Calédoniens sur l’emplacement actuel des Highlands d’Ecosse, ainsi que le célèbre
charriage de Moine, dans la région de Durness. C’est probablement l’âge de la mise en
place des premiers granites calédoniens. Le Nord de l’Irlande, le Nord-Ouest du Pays de
57

Galles, l’Ardenne et les monts Scandinaves se plissent lors de la phase orogénique de


Trondjem. Le reste de la physionomie européenne était régi par la barrière Calédono-
Hongroise qui séparait les régions soumises à l’influence du rift Calédonien de celles qui
dépendaient du rift Européen. Au Sud de la barrière, la mer transgressait sur un fond
gréso-continental et déposait des sédiments plus détritiques ou argileux. A l’Est, cette
province communiquait avec la mer Calédonienne et Balte par la Bohême et, en Extrême-
Orient, elle se réunissait à la province nordique sur le Yunnan. Mais ses faunes avaient
surtout des affinités avec celles de la mer qui couvrait la Bretagne (y compris la
Mancellia), le Sud de l’Europe et l’Afrique du Nord. Ajoutons que le Sud- Ouest de cette
province, correspond au Maroc. C’est la transgression téthysienne. La phase orogénique
de Trondjem semble s’être fait sentir en Languedoe où se produit une émersion de la
Montagne Noire. Le rift Ouralien offre une série marine limitée à sa région Nord, dans le
bassin de Djaksy-Karagal et dans la région de Tirlan. Il semble que cette mer ait été plus
profonde à l’Est qu’à l’Ouest, étant donné que, dans la formation d’Ashinsky, tout à fait
occidentale, des grès et des sables offrent des ripple-marks et des traces d’altération
météorique, avec également des veinettes charbonneuses, tandis que dans la région
orientale dominent les calcaires. Cette région orientale atteint d’ailleurs le stade
orogénique assez avancé si l’on en juge par les traces de volcanisme que sont par exemple
les porphyrites et albitophyres effusifs de Djaksky-Karagal. Encore plus à l’Est, on
observe une zone de métamorphisme indiquant probablement la fosse externe profonde du
rift.

La continuité de la Téthys entre l’Europe et l’Extrême-Orient n’est guère prouvée, si


ce n’est en passant par la partie nord de l’Oural. Le seul jalon possible se placerait peut-
être en Israël où existe un Brachiopode ordovicien. Mais, de toutes les façons, seules les
deux extrémités, fortement élargies, de cette entité ont une importance paléogéographique.
Nous les nommons Téthys orientale et Téthys occidentale. Mais les communications
marines entre les diverses régions occidentales et l’Asie se flint encore par la mer
Arctique qui semble avoir déjà été une mer circumpolaire continue, peu différente en
somme de l’océan Arctique actuel. Cette mer établit des connections entre la région
calédonienne du Sud et le Nord-Ouest de l’Amérique par la Sihérie en passant par l’île des
Ours (au Sud du Spitzberg), le Nord du Groenland et l’archipel de l’Amérique arctique.
Envahissant la Terre de Baffin et la Baie d’Hudson, cette mer arrivait donc plus au Sud
que celle de l’Ordovicien inférieur. La mer Arctique s’étendait de la Nouvelle-Zemble,
extrémité du rift Ouralien, à l’Alaska, comprenant donc le rift de Tschuktschen sa côte
méridionale devait se placer vers la limite nord de la Sibérie. De plus, la mer Arctique
possédait vraisemblablement, dès les temps les plus reculés, car nous croyons devoir la
considérer comme l’un des traits permanents de la surface du globe, un profond bassin
océanique central lors d’une période chaude comme l’Ordovicien moyen, durant laquelle
l’inlandsis devait être fort réduit ou nul. En Chine, le rift Paléocathaysien, toujours coupé
en deux par l’axe Huaiyuanien, subissait une transgression venant à la fois du Nord et du
Sud au Nord, la mer déposait des calcaires à faune balte, sibérienne et nord-américaine ;
58

au Sud, des formations plus détritiques renferment des faunes européennes venues du rift
Himalayen et de la haute Birmanie. Les deux mers étaient lisérées de vasières à
Graptolithes, Trilobites et Cystoïdes.

Le centre de l’Australie était pris en écharpe par une mer néritique à nouveau, la
fosse d’Amadeus s’enfonçait, peut-être reliée pour la première fois à la Birmanie,
dépendance de la Téthys, par un chenal marin. Une abondante sédimentation détritique lui
était apportée par de grands fleuves coulant sur les terres pénéplanées et venant des monts
Macdonnel rajeunis. Du Queensland à la Tasmanie s’étendait le rift Tasmanien la mer,
venue du Nord, y apportait les Coraux et les Céphalopodes de la Chine, de l’Amérique
septentrionale et de la Scandinavie, tandis que, dans les Nouvelles-Galles du Sud et l’Etat
de Victoria, des vases, parfois riches en cendres volcaniques, se transformaient en shales à
Graptolithes. Ces formations ont gagné l’île Sud de la Nouvelle-Zélande. En Amérique du
Sud, la transgression s’est étendue sur le Nord-Est du Pérou et les Orcades méridionales
où les sédiments marins, largement terrigènes, renferment les Graptolithes et Trilobites.

IV.6. Ordovicien supérieur (458,4-443,4 Ma)

La géographie des mers de l’Ordovicien moyen a dû persister, mais la partie


supérieure montre une transgression en divers points du globe, en particulier sur la plate-
forme continentale de l’Amérique du Nord, où ce serait la plus grande invasion marine de
tous les temps, laquelle n’atteignait cependant pas l’extension vers le Sud du• Trenton. La
phase orogénique Taconique, qui termine la période, surtout dans les régions
calédoniennes, en Extrême-Orient, et en Amérique du Sud, semble être en partie à
l’origine de cette transgression qui revêt nettement un caractère de transgression arctique.
En même temps que la transgression gagnait sur la partie stable de l’Amérique du Nord.
Mais c’est surtout à la fin de l’Ordovicien qu’une phase orogénique importante va faire
naître une véritable chaîne montagneuse avec charriages, occupant l’emplacement de la
région de l’Hudson et du Champlain et se continuant probablement jusqu’à Terre-Neuve
où s’est manifesté du volcanisme. C’est la chaîne Taconique qui, vers le Sud, n’est pas
connue avec certitude au-delà de la Pennsylvanic du Nord, mais que, après une
interruption probable sur l’emplacement de l’Amérique centrale, on retrouve en Amérique
du Sud. Cette chaîne semble en continuité avec des plissements visibles dans l’Est du
Groenland.

En Europe septentrionale, le rift Calédonien présente une évolution assez analogue


c’est la phase orogénique d’Ekne qui affecte le Nord-Ouest de l’Irlande, le district des
Lacs et le Nord-Ouest du Pays de Galles. L’avant-fosse reste volcanisée, soit que les
foyers de ce volcanisme demeurent sous-marins, soit qu’ils forment des îles. Dans le Sud
des Midlands, et en certains points de la Cornouaille (Gorran Haven, Meneage), un faciès
de plages, en relations sans doute avec des échancrures de la côte, est mis en évidence par
la présence de conglomérats, de grès (faciès des grès de May) et de quartzites. En Europe
centrale et Afrique du Nord, la barrière Calédono-Hongroise a maintenant disparu ou, tout
au moins, les fonds marins se sont suffisamment uniformisés pour qu’il y ait eu
59

homogénéisation des faciès zoogènes. Mais la transgression téthysienne est terminée, sans
doute parce que les régions polaires réchauffées ne font pas suffisamment appel aux eaux
chaudes équatoriales. Les indices d’un début d’exondation se rencontrent en Bohême et en
Afrique du Nord (Maroc).

Dans le rift Ouralien, on trouve au Nord-Ouest d’Orsk, le long de Sukaya Guberlya


le faciès graptolithique intercalé dans des shales siliceux, et des intrusions basiques.
Recoupées elles-mêmes par des serpentines provenant de l’altération d’intrusions ultra-
basiques. Dans les régions de Mugajary, de Djaksy-Karagal et de Sakrnara, une
discordance permet de penser que là aussi a joué la phase Taconique. En Sibérie, la phase
Taconique a chassé la mer de toute la Sibérie orientale, le Nord de la Chine, la
Mandchourie, la Corée, bref, une grande partie du rift Paléocathaysien et, au Sud, les Etats
Shan. La mer, alors restreinte au Sud de la Chine, formait deux longs bras séparés par
l’axe du Tsinling rajeuni : le rift du Tsinling, prolongeant celui du TienShan, et le Sud du
rift Paléoeathaysien communiquant avec le rift Himalayen où de beaux récifs sont signalés
(Birmanie, Karakorum). L’Insulinde ne semble pas avoir été submergée, comportant au
moins les terres émergées Aequinoctia et Philippinia. En Australie, la phase Taconique a
donné la cordillère granitisée de Benambra, de direction quasi-méridienne, étape de
l’évolution du rift Tasmanien, et paraît avoir en même temps rajeuni les monts
Macdonnel, rétrécissant une fois de plus la fosse d’Amadeus. Enfin, il paraît probable que
la phase Taconique s’est étendue aux Andes, zone sensible qui a, par conséquent, continué
de suivre le sort évolutif des Appalaches. L’Amérique du Sud est alors complètement
exondée.

IV.7. Silurien inférieur (443,8-433,4 Ma)

En Amérique du Nord, dans la région volcanique du rift Cordillérien, au Sud-Est de


l’Alaska, se produisent des éruptions andésitiques, souvent sous-marines. Pendant le
Llandovery, surtout inférieur, la chaîne Taconique s’est démantelée, fournissant une
sédimentation terrigène au voisinage des régions plissées, c’est-à-dire surtout dans les
Appalaches : les matériaux arrivent en masse de l’Est et s’accumulent dans la fosse
toujours subsidente des Alleghanys, qui atteint son épaisseur maximum en Pennsylvanie
du Sud-Est et en Virginie du Sud. En Europe septentrionale, les événements sont du
même ordre que dans le rift Calédonien où la mer monte également à l’assaut de la jeune
chaîne, avançant sur les terres et déposant dans les fosses des sédiments détritiques. Dans
les mers un peu éloignées des côtes, ou tout au moins protégées de ces apports massifs, se
constituent de fines vases à Graptolithes. Au sommet du Gothlandien inférieur, la
sédimentation détritique l’emporte, annonçant les plissements qui vont avoir lieu dans
cette région au Gothlandien supérieur. Suivant le rift Calédonien vers le Nord-Est, nous
continuons de trouver en Suède des calcaires zoogènes très semblables à ceux connus
depuis l’Ordovicien moyen.
60

Cependant, sur l’Europe moyenne, sur les faciès détritiques indiquant un début
d’exondation à peine esquissé, le Gothlandien inférieur est souvent transgressif. C’est
aussi à cette époque que la mer inonde une grande partie du secteur Nord-Ouest du
continent africain, jusqu’ en Guinée, laissant émergés les massifs précambriens de
Reguibat, de l’Ahaggar et du Tibesti. Les deux bassins téthysiens sont indubitablement
reliés, ainsi qu’en témoigne le Llandovery de Furgun (au Nord de Bander-Abbas) sur le
plateau iranien et celui de Sahr-oul-Ghoul, en Arabie. Dans l’Oural, il ne se produit aucun
changement. En Asie, après l’arasion de la chaîne Taconique, la mer a recouvert la
Sibérie, tandis qu’en Chine, au Sud de la plate-forme Mongole, subsistaient les digitations
du rift Himalayen, de part et d’autre de l’axe du Tsinling. Dans le rift du Tsinling, dont
l’activité va contrebalancer désormais la réduction du rift Paléocathaysien périodiquement
exondé, se déposent de puissants calcaires à silex. En Australie, le lac d’Amadeus,
devenu intramontagneux, était définitivement séparé de la mer, tandis que les monts
MacDonnel et la cordillère de Benambra, en partie volcanisée, étaient soumis à une
intense érosion alimentant en molasses l’avant-fosse occidentale du rift Tasmanien.

IV.8. Silurien supérieur (427,4 -419,2 Ma)

En Amérique du Nord, le Wenlock correspond à une grande transgression


(succédant à une courte émersion) sur le rift Cordillérien et sur le craton Canadien. Dans
le rift Appalachien, à l’Est continuait le dépôt des sédiments gréseux grossiers, tandis
qu’au centre et à l’Ouest se déposaient des sédiments marins plus fins qui se
métamorphiseront plus tard en schistes. Dans le centre des Etats-Unis, le Wenlock est
souvent récifal : c’est le cas de la roche-magasin du pétrole dans l’Illinois. Les conditions
paléogéographiques se sont modifiées du tout au tout pendant la partie supérieure du
Gothlandien supérieur. Il s’agit d’une régression très accentuée dans la région
appalachienne : à l’Est, ce sont des shales rouges et verts, indiquant la proximité de la
terre ferme. La mer, peu profonde, gagne vers l’Ouest de l’axe des Adirondacks, et atteint
l’arc de Cincinnati. Cependant, dans le Sud de la péninsule de Michigan jusqu’au centre
de l’Etat de New-York et dans la vallée inférieure du Mackensie, au Nord-Ouest du
Canada, se sont établies des lagunes, sans doute reliques de la mer épicontinentale
élaborées probablement sous climat désertique dans le Sud de la péninsule de Miehigan,
dans la région des Grands Lacs et de New-York.

En Europe septentrionale, la paléogéographie du Wenlock des îles Britanniques


n’est pas différente, dans ses grands traits, de celle du Gothiandien inférieur. En Grande-
Bretagne et en Scandinavie, toute la fosse externe du rift Calédonien a été plissée au
Ludlow inférieur et exondée, formant, au Sud des plis taconiques, une chaîne nouvelle
dans l’Est de l’Irlande ainsi que dans la région de Moffat et des Monts Cheviott. En
Ardenne se soulève la région du Condroz (phase Ardennaise). En Europe centrale et dans
les régions méditerranéennes (Bohème, Montagne Noire, Maroc), la liaison des bassins
mésogéens s’accentue la mer transgresse au Nord et au Sud de la zone Ponto-Caspique,
venant de la Bohême sur le Caucase, ainsi que de l’Europe occidentale et de la Téthys
61

orientale sur la Transcaucasie. Dans le rift Ouralien, au Nord, à l’Ouest de Revda et au


Sud-Est de la région d’Ufalcy, se rencontrent des calcaires bitumineux, devenant plus purs
vers le Nord et dolomitiques vers l’Ouest. Des éruptions de basaltes et d’andésites se sont
alors produites dans la région de Losva, de porphyrites à Nijni-Tagil, de roches basiques
mêlées de tufs intercalés dans la partie supérieure des shales siliceux à Graptolàhes à
Djasky. Dans le Nord de la Sibérie (Nouvelle-Zemble, Taïmyr, Anabar), les mers
épicontinentales ont apporté des calcaires récifaux. Ces mêmes récifs colonisent la Corée
et le Japon, où s’installe le nouveau rift de Chiehibu. Au contraire, la mer continue
d’évacuer l’Asie du Sud-Est où ne subsiste que le rift du Tsinling et celui de Birmanie. La
mer fut également transgressive sur le Gondwana ; la ride de Benambra est fragmentée,
souvent recouverte par une mer peu profonde jalonnée d’îles volcaniques, ou creusée de
golfes à fond sableux ou boueux. Sur les rives du chenal marin de l’avant-fosse, les
courants chauds ont favorisé des récifs-barrières et des récifs frangeants. Sur le craton
Africain aussi, le Gothlandien persiste dans sa grande transgression jusqu’à l’Ahaggar et
en Guinée.

IV.9. Dévonien inférieur (419,2-393,3 Ma)

Le Silurien offrait déjà en Amérique du Nord, un passage assez progressif entre


faciès marins et faciès continentaux. Cette dualité tient en fait à l’action de la phase
Ardennaise et celle de la phase Erienne auxquelles est due la surrection de la chaîne
Scandinave en Norvège, du Spitzberg et des Highlands d’Ecosse, sur l’emplacement de la
fosse Calédonienne (surrection des Uplands du Sud, du Sud-Ouest du Pays de Galles et de
l’Irlande), la continuation de la cordillère de l’Ardenne en Brabant ainsi que des
plissements moindres affectant le Maroc. En Grande-Bretagne, presque tout le pays est
alors émergé à l’exception de deux régions. Le Sud du Pays de Galles continue sa
sédimentation marine et le bloc compris entre Londres, Bradford et le canal de Bristol,
c’est-à-dire la plate-forme continentale qui était émergée lors de la subsidence du rift
Calédonien, est envahie par la mer, sans doute par compensation approchée des volumes
suivant l’isostasie. Il est probable que s’est enfoncé sous la mer un nouveau fossé
subsident orienté 5W-NE, sur l’emplacement des Midlands d’Ecosse. Ajoutons que
l’abondance des sédiments de cette époque s’explique aisément par le démantèlement
commencé de la chaîne Calédonienne dans les cuvettes subsidentes intramontagneuses,
souvent encore partiellement lacustres, que représentent le lac Orcadien et les bassins de
Calédonie, des Cheviots, de Fanad et de Lorne. Les contours du Continent des V.G.R.
n’ont cessé de se modifier, ce que rendent manifestes de nombreuses intercalations
marines au sein des dépôts continentaux de sa périphérie, où les cycles sédimentaires se
multiplient par rapport aux régions centrales du territoire émergé. Communiquant avec la
mer qui submerge le bloc anglais, le rift qui recouvre l’Ardenne en est encore à la phase
de la ride sous-marine est accompagnée d’épanchements volcaniques ; la mer attaque
immédiatement ce relief du rift Ardennais, depuis le massif Armoricain jusqu’ en
Bohêrne. Au Maroc se sont également produits de légers mouvements transgressifs, en
particulier dans la Méséta centrale, peut-être dans le Maroc Oriental et dans le Pays de
62

Skoura. Dans l’Adrar Mauritanien, une transgression venant du Nord-Ouest envahit le


craton Ouest-africain, Dans le rift Ouralien, on a des indices d’une phase orogénique
véritable le long de la jonction entre le Sud de l’Oural et le Nord du Tien-Shan (Tian-
Chan), l’activité volcanique de la région de Nijni-Tagil, de Losva et de Djasky se
poursuit. Le faciès récifal étant absent, les mers devaient être tempérées. Le Tien-Shan et
les deux rives du Bosphore sont inclus dans la Téthys étendue jusqu’à la Nouvelle-Zemble
et le Sud de l’Australie.

Le reste de l’Asie a été fortement affecté par l’orogenèse Calédonienne et exondé.


De la grande mer Sibérienne ne subsistent que deux digitations : le rift de Kouznetzk et
celui de l’Altaï, poussant une pointe au Sud de la Transbaïkalie. La Chine exondée devient
montagneuse. Un golfe issu de la mer Birmane s’étend sur l’Est du Yunnan et l’Indochine
du Nord. Enfin, le démantèlement d’Aequinoctia se poursuit avec la formation du rift
d’Anambas dans lequel, à Bornéo, s’installent des récifs. Dans le Gondwana, l’Australie
est soumise à l’orogenèse de Bowning qui assèche définitivement le lac d’Amadeus. En
Amérique du Sud, d’énormes quantités de flysch sont déposées par la mer transgressive
dans les rifts Andin, Amazonien et Mésoargentin. La transgression atteint les îles
Falkland.

Par rapport aux époques précédentes, le Pragien est caractérisé par l’émersion
presque totale de la Laurasie. Le Continent Nord-Atlantique du Silurien, agrandi sur son
bord sud par les chaînes calédoniennes, est devenu le continent des Vieux Grès Rouges
(VGR) en anglais: Old Red Sandstones (O.R.S.), réunissant les cratons Canadien,
Groenlandais, la plus grande partie de l’Irlande et de l’Angleterre et toute l’Ecosse. Un
chenal marin sans doute peu profond, car il sera bientôt asséché, le sépare d’un autre
continent comprenant le reste de l’Angleterre et la Suède jusqu’au Sud de l’Esthonie, en
Courlande (Sud du golfe Riga-Mitau) et sur la plate-forme Russe. Au delà de
l’interruption marine constituée par le rift Ouralien rétréci, la plate-forme Sibérienne
surtout dans sa région méridionale offre également, le faciès des VGR, en particulier dans
l’Angara, dans l’Est de la Chine, le Kamtehatka et peut-être les Monts d’Anadyr à la
pointe Nord-Est de l’Asie. A la suite d’une transgression générale sur le continent Nord-
Américain, on observe de grandes îles l’Alaska, le Texas et la Floride. Il s’agit en fait de
l’émersion, sans doute épirogénique, de la plate-forme centrale, formant une large bande
se bifurquant de part et d’autre de la baie d’Hudson. Une autre bande, croisant la
précédente, allait du Wyoming au Kentucky et rejoignait à son extrémité orientale l’arc de
Cincinnati. Les mers prenaient la forme de bassins définis à sédimentation terrigène et
souvent très peu profonde : la région Cordillérienne était occupée par le bassin subsident
du Nevada et de l’Idaho, exception faite de l’archipel volcanique externe qui paraît avoir
subsisté. De même, dans la région dépendant des Appalaches, qui dépassait l’Ouest de la
chaîne du Champlain, on peut distinguer un bassin subsident sur la Pennsylvanie ct la
Virginie de l’Ouest, un autre bassin sur le Michigan, un autre sur l’Illinois, l’Indiana et le
Kentucky. Cependant, les mers s’étendaient largement sur l’Europe moyenne, formant
une ample Téthys, où abondent les facies coquilliers dans les grés (grès et grauwackes),
63

soit qu’il s’agisse de dépôts transgressifs comme c’est le cas sur l’Ardenne, soit qu’il
s’agisse de l’attaque des côtes élevées formées par la chaîne Calédonienne Au sein de ces
mers épicontinentales qui gagnaient au Sud le cœur du Sahara se rencontrent, de-ci et de-
là, des épisodes récifaux ou subrécifaux dans le Harz, en Bohême, en certains gisements
du Maroc, particulièrement celui de Sidi-Ahroun (Maroc Central).

Le rift Ouralien offre une restriction de son aire dans la boucle de la Belaya, au Nord
de Choussovaya, dans la région de Sosva-Losva, faits qui, rapprochés du dépôt des
couches continentales d’Ashinsky et de Serebryansky, font penser à la surrection d’une
cordillère occidentale. Au contraire, à l’Est de la faille de Belaya, la transgression
continue, en même temps que se produisent de grands épanchements de basaltes
accompagnés par des radiolarites, en particulier dans la région d’Orsk. Au Nord du
continent Sibérien, la mer transgresse sur les îles de la Nouvelle Sibérie et sur
l’embouchure de la Léna. On la retrouve encore au Japon. Au Sud, sur l’emplacement de
la Téthys moyenne n’atteigne que la Transcaucasie; elle manque dans tout le Proche-
Orient, sauf en Bithynie et dans l’Elbourz.

Dans le Gondwana, la Téthys arrive sur le Sahara. On trouve encore de fortes


incursions sur le Brésil. C’est au Dévonien inférieur, d’autre part, que s’accuse un trait
important de la géographie de l’hémisphère austral: le trajet du rift du SAMFRAU (Sud de
l’Amérique, l’Afrique et l’Australie) consacre la dérive des morceaux du Gondwana qui
aurait encore formé un seul bloc durant tout le Paléozoïque. Si l’on reconstitue le
Gondwana en réunissant les trois terres australes susdites, les mers épieontinentales ayant
laissé des dépôts fossilifères durant le Dévonien inférieur s’aligneraient en un grand rift
traversant la Bolivie, le Nord et le Centre de l’Argentine, le Cap, la mer de Weddell, l’Est
de la Terre Edouard-Vil près de la mer de Ross, la Terre Edsel Ford, la Tasmanie, l’Est de
l’Australie et la Nouvelle-Guinée. Ce rift paraît s’être amorcé à l’Ordovicien, mais il n’a
été entièrement marin qu’au Dévonien moyen, communiquant avec la Téthys à l’Est par le
Yunnan, la Birmanie, l’Himalaya, puis la Méditerranée, et à l’Ouest par le Brésil, la Gold
Coast (Akra) et le Sahara, si bien que le Gondwana continental aurait été une grande île
entièrement investie par la mer froide sans récifs coralliens. Au contraire, les faunes
d’Australie apportées par la Téthys, sont souvent récifaux. Ajoutons que les
caractéristiques du SAMFRAU nous semblent aussi bien pouvoir être attribuées à des
courants marins ayant à peu près le même trajet qu’aujourd’hui.

IV.1O. Dévonien moyen (393,3-382,7 Ma)

En Amérique du Nord, la transgression a lieu dans le bassin Nord du rift


Cordillérien, sur l’emplacement du Mackenzie, tandis que l’arc volcanique demeure
représenté dans le 5.-E. de l’Alaska où sont émises de nombreuses laves andésitiques
parfois des rhyolitiques, souvent sous-marines. Cette proximité du volcanisme a apporté
dans la mer des cherts qui se mêlaient aux calcaires ainsi qu’aux conglomérats et grès,
issus du démantèlement de l’archipel. Dans le centre des Appalaches, se creuse un
nouveau bassin subsident et lagunaire, alimenté en sédiments essentiellement terrigènes,
64

c’est le début du grand delta de Catskill. La source de ces sédiments devait être une terre
élevée et mouvante sise à l’Est de la Pennsylvanie nord-orientale. C’est le début de la
phase orogénique Acadienne dont le paroxysme à la fin du Dévonien a précisément
affecté le delta de Catskill. Il n’est guère possible de déceler cette phase dans le Nord du
rift, mais il semble qu’on puisse lui rattacher les mises en place de granite rose en
Nouvelle-Angleterre. Sur l’ancien emplacement du rift Calédonien, l’exondation atteint
son maximum. Le continent des V.G.R occupe l’ensemble des 11es Britanniques à
l’exception du rift de la Cornouaille et la Scandinavie. Dans le Nord de l’Ecosse, ce dépôt
a lieu en partie dans un grand lac Orcadien d’eau douce. Dans les zones marécageuses et
tourbeuses de ce lac se développait la flore à Psilophyton. Il se produisait encore à cette
époque des mouvements post-orogéniques, et que Fon groupe sous le terme de phase
orogénique de Svalbard. Dans la même région, l’activité volcanique continuait, et c’est à
elle que l’on peut attribuer les cherts d’origine geysérienne de Rhynie.

La transgression téthysienne passant par l’Ardenne, l’Estonie, la Podolie, la


Voihynie et la Transcaucasie atteint l’Ouest de l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Afrique
septentrionale. A l’Est, la même Téthys faisait une encoche durable dans la région de
Kimberley, dans le Nord-Ouest de l’Australie, tout en continuant d’approvisionner le rift
Tasmanien. En Téthys moyenne, la mer attaque l’Elbourz et le Massif iranien, où elle
dépose des grès. Le rift Armoricain subissait un assèchement à cause de la phase Bretonne
du cycle Hercynien. Dans le rift Ouralien se perpétue l’activité volcanique avec les dépôts
de cherts corrélatifs, la mer demeure peu profonde et transgresse dans l’Ouest, tandis que
vers l’Est, les faciès marins ont été métamorphisés, ce qui nous incline à penser qu’il
s’agit là de la fosse externe du rift. La mer se retire du rift de l’Altaï et de l’Est de l’Oural
; mais, au Givétien, la Téthys très peu profonde a envahi partiellement l’Asie Centrale
(Kouznetsk), le Nord de la Mongolie (Transbaïkalie), la Chine (Tsinling, Etats Shan,
Indochine), symétriquement à ce qu’elle a fait sur la plate-forme Russe. D’autre part,
contournant le massif d’Anadyr, elle s’est insinuée dans le rift de Verkhoïansk, jusqu’au
Sikhota Alin. En bordure du Gondwana se dessine, au Nord du Sahara, le sillon de la
Saoura correspondant à une mer plus profonde, zone d’encombrements végétaux
favorisant le développement de la pyrite et le dépôt de la vase. Le démantèlement du
Gondwana a bien commencé par la naissance du rift Westralien, dépendance de la Téthys.
Le rift Tasmanien, toujours actif, est jonché d’îles volcaniques. En Amérique du Sud, la
mer se retire de la fosse Méso-Argentine.

IV.11. Dévonien supérieur (382,7-358,9 Ma)

Du côté des Rocheuses commence à s’élever une cordillère dans l’Ouest du Nevada
Central. Cette ride de Manhattan subdivise le rift en deux fossesavec un dépocentre dans
la région d’Eureka (Nevada). Cependant, dans le Sud-Est de l’Alaska, les éruptions â l’air
libre et sous-marines, d’andésites et de basaltes, au sein de sédiments marins surtout
détritiques et pyroclastiques, indiquent la persistance de l’arc volcanique externe. Le delta
de Catskill atteignant sa plus grande ampleur, est affecté par une nouvelle phase
65

orogénique Acadienne des Appalaches. En sont affectés la Nouvelle-Angleterre et les


Provinces Maritimes, ainsi que l’Est du grand Delta de Catskill. Au Sud des Appalaches,
la subsidence semble s’être arrêtée momentanément. Enfin, la mer venant du Nord-Ouest,
transgresse sur le Continent des V.G.R., en des points mêmes qui n’avaient encore pas été
immergés depuis l’Antécambrien c’est le cas au fond de la baie de James, à la pointe sud
de la baie d’Hudson.

On peut en dire autant de la transgression marine sur les 11es Britanniques. La


chaîne Calédonienne était alors entièrement pénéplanée, après l’érosion active génératrice
des V.G.R. dans le lac Orcadien et même bien au Sud sur l’emplacement du Firth ofForth
et sur celui des Cheviots : se déposaient, outre des sédiments fluviatiles et marins, des
formations éoliennes, signes du voisinage d’une terre sous climat désertique. Un chenal
semble s’être creusé qui le faisait communiquer avec une courte digitation marine sans
doute lagunaire se terminant en cul-de-sac sur la côte scandinave où dc nombreux fleuves
apportaient des sédiments deltaïques. Au Sud, le rift de CornouailleArdenne s’élargissait,
atteignant par intermittence le Sud-Ouest du Pays de Galles et joignant à peu près Londres
où des sédiments franchement marins mais sans doute très peu profonds s’intercalent au
sein des VGR à nombreux débris végétaux. Toute la partie connue de cette mer est
néritique, même sur l’emplacement de la presqu’île de Cornouaille, où pointaient des
volcans. La transgression sur ce rift s’observe également en Ardenne Il semble qu’une
dépendance du même rift se soit étendue vers le Nord-Est dans les pays Baltes sans
atteindre le Nord de la plate-forme Russe. Dans le rift Armoricain, la phase Bretonne a
produit au Famennien l’exondation du pays. Franchement dominante encore sur le
territoire européen, la Téthys ne fait guère en Amérique du Nord qu’un petit golfe isolé en
Floride.

Le rift Ouralien a subi une émersion en rapport avec la phase Bretonne accompagnée
de l’émission des laves acides (rhyolites et trachytes). Dans la partie Sud de l’Oural, une
cordillère, continue ou en forme d’archipel, isolant des bassins dans lesquels se
différenciaient des variétés locales d’organismes. Avec la phase orogénique de Liukiang,
le tracé général des mers en Asie est dominé par des nettes tendances régressives dans les
régions dépendant de la Téthys en Chine du Sud isolant des bassins. Dans les tronçons du
« SAMFRAU » en phase d’exondation se déposent des formations continentales à
Végétaux; on y décèle une activité volcanique concomitante aux plissements pampéens
d’Argentine et aux plissements de même âge de l’Est australien, où la chaîne de
Tabberaberra, en voie de démantèlement, a permis la formation de lacs peuplés de
Poissons et bordés de grands Lépidodendrons et Cordaïtes, dont les troncs morts étaient
entraînés vers la mer.

IV.12. Carbonifère (358,9-298,9 Ma)

Le Carbonifère est l’une des périodes les plus importantes de temps géologiques,
puisqu’il a présidé à la surrection de la chaîne Hercynienne, à l’épanouissement de la flore
terrestre, à la formation des grands dépôts de houille, enfin au développement des
66

Vertébrés tétrapodes et des Insectes ailés. Le Tournaisien inférieur correspond à une


transgression. Dans les Montagnes Rocheuses, se forment des bassins subsidents dont
celui de Madison. et, dans le Montana central. Une terre occupait le Nord du Colorado et
le Wyoming du centre et du Sud, et aurait alimenté, durant tout le Mississipien, la
sédimentation détritique continentale en grès et couches rouges. Dans la région centrale et
dans la vallée du Mississipi, le dépôt marin est transgressif sur les couches sous-jacentes.
Enfin, dans les Appalaches, les mouvements de la phase Acadienne se poursuivent dans
les provinces Maritimes et la Nouvelle-Angleterre, probablement aussi à Terre-Neuve.
Une transgression débute, dont nous verrons l’aboutissement au sommet du Dinantien, sur
les restes du Continent des V.G.R., tandis que persistent les deltas du Nord des lies
Britanniques. En Afrique du Nord se sont produits des mouvements orogéniques
correspondant à la phase Acadienne ou à la phase Bretonne.

Enfin, dans le rift Ouralien, la séquence de Zilaïr est affectée par les plissements
acadiens ou bretons indiquant avec une certaine vraisemblance la persistance de la chaîne
qui correspond à peu près à l’Oural-Tau du Sud. En tous cas, des mouvements
orogéniques se sont certainement produits dans la région marine du Nord ainsi que le
révèlent plusieurs petites discordances dans la séquence de Sosva-Losva. Le Tournaisien
supérieur continue en bien des points la transgression déjà amorcée sur le Dévonien
supérieur continental, par exemple en Angleterre, tandis qu’ au contraire, dans les régions
où le Dévonien supérieur était marin et lui-même transgressif, sur le pourtour de la
Téthys, comme au Maroc. C’est en fait la régression par rapport au Dévonien supérieur.
En Grande-Bretagne, la mer transgresse le continent arasé des V.G.R. Cependant, le Nord
de l’Irlande et l’Ecosse presque tout entière étaient émergés, offrant, au Sud des
Grampians, une plaine aride semée de quelques lacs temporaires et dans laquelle
commençaient de s’ouvrir les cratères volcaniques vomissant les éruptions de plateaux qui
s’intensifieront au Viséen. Au Sud du continent Nord-Atlantique, émergeaient deux îles
peut-être reliées l’une à l’autre.

La Terre de Saint-George, occupant l’emplacement du Pays de Galles et un peu de


l’Irlande au Sud de Dublin, sillonnée de fleuves qui ont apporté à la mer des conglomérats
rouges ; 2° une zone exondée reliant les Comtés de Norfolk et de Leieester (Barrière de
Midland) au Massif du Brabant. Il est possible aussi qu’une autre bande de terre ait relié la
pointe de la Cornouaille à la Normandie. Enfin, des îles de plus petite dimension
émergeaient sporadiquement sur l’emplacement de l’Irlande au Nord de Cork, au Nord-
Est de Limorik, au Nord-Ouest de Gaiway, etc. La mer était donc largement répartie. A
l’extrémité Nord-Ouest du rift de Cornouaille, se déposait un flysch, tandis que, près des
îles irlandaises et au Sud de la terre d’Ecosse, s’édifiaient des calcaires dans lesquels ont
pu être décelés quelques biohermes coralliens (Est de Bradford). Au Nord de la mer
Anglaise, formant un golfe allongé ‘enfonçant dans la terre d’Ecosse aux environs de la
ville actuelle de Liddisdale, s’alignaient des volcans. Au Sud, un autre golfe atteignait
Ravenstonedale. A la fin du Tournaisien se placent des mouvements appartenant encore à
la phase orogénique Bretonne et qui ont affecté l’île de Saint-Georges et la terre de
67

Midland que l’on pourrait considérer comme un épisode tectonique aussi fugace qu’une
cordillère. Enfin, un grand delta analogue à celui du Dévonien inférieur, occupé par des
marécages et périodiquement envahi par la mer marquait l’aboutissement, au Sud-Est de
la terre d’Ecosse entre Edimbourg et Stockton, d’un grand fleuve venant des régions
scandinaves du Continent des V.G.R. Le rift de Cornouaille et d’Ardenne était affecté
d’une subsidence accrue. Tandis que la mer transgressive en Bretagie, sur le Morvan, les
Vosges, le Harz, la Thuringe et la Silésie, des îles, peut-être réunies entre elles
s’étendaient sur le Sud-Ouest de la France, les Alpes françaises, l’Italie, la Baviêre, le
Portugal et le Sud-Est de l’Espagne. Le Maroc était émergé, sauf le golfe de Rabat et le
Tafileit qui était en relation avec le Sahara largement inondé. Là aussi les derniers
mouvements de la phase Bretonne semblent donc avoir joué, rendant, dans ce cas
particulier, le Tournaisien franchement régressif par rapport au Famennien et souvent par
rapport au Tournaisien inférieur. L’Europe Occidentale, y compris la Grande-Bretagne et
l’Afrique du Nord, constitue une province marine à laquelle il faut adjoindre la Russie et
la Sibérie. Dans le rift Ouralien s’étendaient des marécages où la flore était suffisamment
développée pour avoir formé des couches de charbon, de plus en plus nombreuses
surmontées de couches marines parfois récifales, souvent calcaires et bréchiques, alternant
avec des laves basiques (spilites, basaltes, diabases, porphyrites à augite et hornblende) ou
acides (felsites, microdiorites, andésites) et avec des tufs le long de la vallée de l’Oural
entre Kizil et Tanalyk. L’émersion est moins forte vers le Nord, en particulier à Losva-
Sosva.

Enfin, la Chine constitue une province marine distincte; la mer, transgressive vers le
Nord, baignant des forêts de Lepidodendron jusqu’au Nord de l’estuaire du Yang-Tsé. Le
Mississipien supérieur est subsident dans le bassin de Brazer (Utah occidental) et dans
l’idaho. Une mer (province mississipienne) s’étendait également sur la Californie du
Nord, l’Orégon méridional et le Nord-Ouest du Nevada à l’Ouest de la ride de Manhattan.
Encore durant le Mississipien supérieur, le bassin du Big Snowy s’est creusé à l’Est du
Montana central et dans l’Ouest du Dakota Nord. Dans le Sud-Est de l’Alaska, c’est une
période de submersion pour cette partie au moins de l’arc volcanique. Dans la région
appalachienne, la mer transgresse le delta de Catskill. La fosse Appalachienne s’étire dans
la direction de la chaîne, quittant donc l’orientation NE-SO du delta de Catskill, et semble
avoir eu pour rivage oriental la Mue Ridge. Ajoutons que des mouvements semblent s’être
produits à Terre-Neuve (baie de Saint-George) durant le Mississipien.

En Grande-Bretagne, le Viséen est nettement transgressif. En Ecosse, dans la Vallée


de Midiand, le grand plateau volcanique de la Clyde était à son maximum d’activité. Au
Nord du rift de Cornouaille-Ardenne, la transgression téthysienne a favorisé la naissance
de nombreux récifs qui viennent franger les terres émergées. Vers le Nord- Est, le grand
delta du Tournaisien devient maintenant une séquence subsidente à charbons et shales à
pétrole de mer franche, puis de lagunes d’eaux saumâtres, marécages où se développaient
d’épaisses forêts sous climats chauds. On peut en dire autant de l’Afrique du Nord
jusqu’au Sahara Central, dans le Maroc Central, sur l’emplacement de la Meseta
68

hercynienne. Une province homogène groupe de l’Europe occidentale (Europe, de


l’Angleterre à la Russie) et l’Afrique du Nord y compris le Sahara.

Dans le rift Ouralien, le Visé en est également marqué par une transgression, qui
déborde sur la plate-forme Russe jusqu’en Nouvelle-Zemble. A l’Est aussi, tandis que la
mer demeure peu profonde, l’activité volcanique diminue sensiblement. A l’Ouest et au
Sud, on observe une émersion nouvelle le long de la rivière Chussovaya (Est de Perm-
Molotov) et plus au Nord. Enfin, la chaîne dévonienne est pratiquement arasée, le Nord
des Monts Zilaïr (Mont Kraka) étant couvert de grès et argiles.

La province marine extrême-orientale, qui comprend la Chine, communique avec la


province eurasiatique par le Sud de la Sibérie. La mer de Verkhoïansk demeure
transgressive, mais les massifs anciens sont rajeunis, donnant un grand promontoire
(Monts de Verkhoïansk) et des îles, parfois volcaniques (Monts de Kolyma, dc Jukagir, de
Tscherskij et de Taïgonos). Enfin, l’Australie constitue elle aussi une province dépendante
de la Mésogée. La Chaîne de Kanimbla surgit à la fin de la période, restreignant
définitivement le rift Tasmanien, et délimitant du côté de l’avant-pays un sillon
molassique piqueté de marécages, de lacs et de volcans.

En Amérique du Nord, le début du Pennsylvanien est marqué par des nombreux


mouvements qui ont suscité la formation de plusieurs chaînes et bassins, mouvements
accompagnés de la mise en place de granite à deux micas à l’E du bassin de Worcester
(Nouvelle-Angleterre). La mer s’étendait à peu près en permanence sur une partie de la
Pennsylvanie, sur le Texas, le Kansas, l’Orégon, la Colombie Britannique et la côte Sud
de l’Alaska. A la fin du Mississipien et au début du Pennsylvanien a lieu une phase
orogénique, équivalente de la phase Erzgebirgienne. La surrection des Monts de Wichita
dans l’Oklahoma et le Nord du Texas, ainsi que des premières Montagnes Rocheuses dans
le Nouveau Mexique et le Colorado, débute à cette époque, pour atteindre son point
culminant à la fin du Westphalien. Durant le Pennsylvanicn inférieur, le Sud et le Sud-Est
des Etats-Unis étaient occupés par le bassin de ForthWorth sur le Texas, de Cherokee sur
l’Oklahoma, d’Arkansas sur l’Etat de même nom et le Mississipi, de Coosa sur l’Alabama
et les Appalaches. Leurs sédiments clastiques grossiers provenaient d’un grand
soulèvement au Sud et au Sud-Est des Appalaches. Le reste de cette chaîne Nouvelle-
Angleterre, Provinces Maritimes et Terre-Neuve) recevait encore des sédiments clastiques
rouges souvent discordants sur le Mississipien, et provenant d’une terre orientale
inconnue, are volcanique ou île. Cependant, les terres émergées étaient encore celles du
continent des V.G.R., plus ou moins envahies par les mers épicontinentales : ainsi le dôme
d’Ozark était noyé durant le Pennsylvanien inférieur.

Dans le rift Cordillérien, dont l’are volcanique externe semble immergé, la


sédimentation sableuse s’accélère dans le Sud-Ouest de l’Alaska et dans l’Ouest de l’Utah
Central. La ride de Manhattan continue de s’élever. Entre le Kasimovien et le Gzhelien, se
sont produits des plissements la phase d’Arbuckle, suivie, à la fin du Gzhelien, par la
phase de Marathon. Ces phases eurent pour conséquence la surrection des Montagnes
69

Rocheuses et en particulier de la chaîne de Florida sur le Mexique et le Nouveau Mexique.


Une terre émergeait sur l’emplacement du Wyorning et du Montana; le chaînon constitué
par l’anticlinal de La Salle s’exhaussait pour la seconde fois (la première fois durant la
phase antérieure au Pennsylvanien), et cette fois plus complètement, séparant en deux le
bassin de l’Illinois, de l’Indiana et du Kentucky, dont la partie Ouest, la plus large, est le
bassin de l’Illinois. Ces phases se sont surtout portées sur l’Ouest du Texas et ont eu pour
résultat de grands charriages vers le Nord les Monts d’Arbuckle dus à la compression des
sédiments du bassin d’Ardmore contre la première chaîne de Wichita.

Dans les Appalaches centrales où les charbons se déposent dans les bassins sis à
l’Est de la Pennsylvanie. En règle générale, les bassins houillers se sont installés sur des
terres émergées à la fin du Mississipien, puis arasées. Ainsi, dans la région appalachienne,
le Pennsylvanien inférieur, s’est déposé dans une fosse étroite sur le bord Est, ce sont les
bassins de Coosa et de Cahaba en Alabama ; puis les bassins houillers ont gagné vers
l’Ouest (charbon du Texas sur la bordure Est du soulèvement llanorien entre l’Arkansas et
l’Oklahoma où un estuaire étroit, peut-être une vallée, s’étendait depuis Vinita et
Bartlesville dans l’Oklahoma jusque dans l’Iowa vers le Nord-Est en passant par le Sud-
Est du Kansas et le Nord-Ouest du Missouri). Les dépôts du Pennsylvanien supérieur
comprennent les grès pétrolifères de Bartlesville dont la sédimentation est dérivée
probablement des Monts de Nehama. De même enfin, les dépôts de charbon des
Montagnes Rocheuses se sont déposés sur les flancs des reliefs nouvellement surgis.
Ainsi, durant l’époque pennsylvanienne se sont formés les grands bassins houillers des
Appalaches, du Michigan, de l’Illinois et du centre des Etats-Unis.

En Europe occidentale, à la limite du Serpukhovien et du Bashkirien, une cordillère.


partant du Pays de Galles et s’étendant sur l’emplacement du rift de ‘Cornouaille et
d’Ardenne, relie ces régions nouvellement émergées au Brabant qui l’était déjà et à
l’emplacement des futures chaînes armoricaines ; des rides depuis la région de Brest
jusqu’au massif Central dans une direction NO-SE, appelée direction armoricaine ; ce
même faisceau subit un rebroussement dans le massif Central et s’oriente alors vers les
Vosges et la Bohême en direction SO-NE, appelée direction varisque. Cette nouvelle
géographie résulte d’une phase orogénique importante, la phase Sudète. A cette phase sont
dues également des rides plus méridionales dans les Alpes, les Pyrénées et l’Espagne.
L’élévation de cette chaîne s’est traduite géographiquement en Europe par l’émersion
d’une bande de terrains qui repoussa une grande partie de la mer, celle du rift de
Cornouaille-Ardenne entre autres, vers le Nord, entre les nouvelles rides et la chaîne
Calédonienne ; à cette mer resserrée, on donne le nom de chenal de la I-Touille, parce
qu’elle va être bordée par des lagunes et des bassins paraliques qui, envahis
périodiquement par elle, serviront de lieux de dépôt à la houille en Irlande, dans le Pays de
Galles, le Bassin Franco-Belge, la Ruhr, la Silésie, etc. Plus tard, au Gzhclien, dans les
synclinaux de la chaîne en gestation, se formeront les bassins limniques intramontagneux,
ou bassins internes, dont les marécages, jamais envahis par la mer, déposeront également
de la houille.
70

En Grande-Bretagne, le Bashkirien inférieur offre une large terre méridionale et, au


Nord, une transgression intermittente venant du Sud sur l’Ecosse calédonienne. Un grand
delta encore édifié par un fleuve dirigé du NE au SO s’étalait entre Sunderland,
Manchester et Leeds, le même régime gagnant parfois jusqu’au Sud de l’Ecosse où l’on
trouve des intercalations continentales dans les formations marines ces dépôts deltaïques
indiquent une nette subsidence. Plus au Nord, entre Lancaster et Blyth, s’étendait une mer
sur laquelle mordait parfois le delta, donnant une sédimentation rythmique. Enfin au large
du même delta mais vers l’Est, la mer semble avoir été ouverte plus régulièrement. Le
volcanisme est moins largement réparti au Bashkirien inférieur qu’au Viséen. Cependant,
dans la mer recouvrant la vallée des Midland, près d’Edimbourg, de Leven et de
Kirkcaldy, ont été retrouvés des volcans de type explosif Au milieu du Bashkirien
inférieur, avant le gros du dépôt deltaïque, s’est produit un soulèvement, contrecoup de la
phase Erzgebirgienne, qui a eu pour résultat de mettre l’Ecosse en relation avec les terres
où s’élaborait la flore houillère proprement dite c’est l’époque où cette flore a envahi non
seulement le Nord de la Grande-Bretagnc. Mais encore l’Amérique septentrionale. Les
conditions deltaïques ont continué durant le Bashkirien supérieur et le Moscovien
inférieur où un grand fleuve venant du continent Nord-Atlantique et drainant une partie de
1’Ecosse atteignait le Yorkshire. Les dépocentres se placent dans l’aire de Rossendale
(Lancashire) et dans la province de Derbyshire Peak. Enfin, citons comme une entité
spéciale le SE du Pays de Galles et le Nord du Devonshire qui formait un golfe où la mer
n’a cessé de s’étendre. Ce golfe devint un bras communiquant avec la mer située au Sud
du Brabant et au Nord des plis armoricains.

Ainsi donc, le Bashkirien apparaît en Grande-Bretagne comme une période


franchement régressive. Ajoutons qu’en Europe occidentale, il est également coupé en
deux par la phase Erzgebirgienne. De plus, dans le domaine occupé par la cordillère
Européenne, le Bashkirien est l’âge auquel s’est terminée la mise en place de la plupart
des batholithes granitiques dits hercyniens. Au Sud de la cordillère Armoricaine, des
marécages du même type que ceux qui s’installaient au Nord ont existé, par exemple en
Vendée où ils ont persisté jusqu’au Stéphanien moyen.

Au Sud du continent Nord-Atlantique arasé, et séparé de lui par une mer large mais
très peu profonde, s’étend un continent Armoricain-Varisque dont la bordure Nord est
nouvellement plissée. Entre les deux se place une grande île (ou une presqu’île dont le
pédoncule se tiendrait aux environs de Porstmouth-Southampton) recouvrant le Pays de
Galles et le Brabant, et sans doute d’autres îles qui forment un petit archipel sur la
Grande-Bretagne (Northallerton, Belfast-Strancaer). Dans cette mer se forment deux
deltas gigantesques, l’un sur les Pays-Bas, venant du Sud, l’autre sur la région Pennine
venant du NO, sur et entre lesquels s’installe, dans des marécages paraliques, la forêt
houillère dont nous jalonnons l’étendue sur le Pays de Galles, la Belgique, le Nord de la
France et l’Ouest de l’Allemagne occidentale (Sarre, Westphalie). En Grande-Bretagne, la
houille s’accumule dans 4 cuvelles subsidentes : Ecossaise, Pennine, Galloise et Kent-Pas-
de-Calais.
71

Durant le sommet de Moscovien inférieur s’est produite une transgression


relativement marquée en Europe occidentale, L’invasion marine d’Aegir a submergé les
marécages paraliques dont nous venons de parler en Ecosse, dans le Cumberland, dans le
Lancashire, à l’Est des Pennines, dans le Sud du Pays de Galles, dans, le Kent, en
Hollande (à Aegir), en Belgique (à Petit-Buisson), dans le Nord de la France (à Rimbert)
et en Westphalie (à Finefrau). La phase hercynienne majeure est la phase Asturienne,
correspondant à un nouveau soulèvement accompagné de plissements qui, avant la fin du
Moscovien, a, par une succession de secousses sans doute échelonnées sur un temps assez
long, commencé d’assécher le chenal de la houille et de souder la ride hercynienne au
continent Nord-Atlantique déjà grossi des terrains consolidés par les plissements
calédoniens. Cette phase majeure est, en Europe, celle des grands plis et charriages, dont
l’un des exemples les mieux connus est celui du Condroz.

Le Moscovien supérieur correspond à une nouvelle régression en Europe occidentale


et la répartition des bassins houillers y est alors peu différente de ce qu’elle fut après, au
Gzhelien. Les marécages sont encore nombreux dans le sillon compris entre la chaîne
Armoricaine (englobant la Normandie, la Cornouaille et une partie du Devon) et les
restes, coupés en deux de la grande île du Brabant et du Pays de Galles. Là d’ailleurs, on
peut observer encore une incursion marine (Cwmgorse). Mais au Nord domine maintenant
un climat aride qui n’est d’ailleurs pas sans fournir un contingent sableux aux terres du
Sud, sans doute par voie éolienne. Peu à peu, au fur et à mesure qu’on monte dans la
séquence, les couches rouges deviennent de plus en plus nombreuses jusqu’à s’imposer
complètement, en particulier en Ecosse (Wigtown, Ayr et Kirkcud-broght) où nous nous
retrouvons dans un paysage comparable à celui des. V.G.R. dévoniens. Une légère activité
volcanique persiste dans les Midlands, et, probablement, la mise en place des granites
hercyniens de Cornouaille et du Devonshire, richement minéralisés, est-elle de cette date.

En Europe continentale, le Gzhelien s’individualise très bien par la naissance des


bassins houillers internes qui se sont installés sur la chaîne hercynienne plissée elle-
même. C’est le cas en Bretagne (Littry, Quimper, Kergogne, Cap Sizun, Saint-Pierrela-
Cour, Ancenis), dans le massif Central (Saint Etienne, Alès) et les Vosges (Ronchamp),
où ces bassins sont généralement alignés suivant les grandes lignes de l’orogenèse
Hercynienne. De semblables bassins internes (limniques) se rencontrent aussi dans les
Pyrénées, les Alpes et le Jura. Sur le domaine même de la Téthys, les conditions
franchement marines ont persisté en Afrique du Nord. Les régions de Djerada et de
Kenadza sont restées marines d’eaux très profondes d’une façon presque continue
jusqu’au sommet du Moscovien inférieur. Des passées gréseuses indiquent la proximité de
la terre. C’était une mer sans doute fort abritée, formant un chenal, d’où la pyritisation de
beaucoup des fossiles en fait c’est la fin du sillon de la Saoura. A partir de ce moment, les
conditions deltaïques se sont accentuées, et les marécages paraliques se sont installés,
souvent coupés par des lacs. Le fait que la séquence est demeurée longtemps marine la
rend plus complète, du Bashkirien au sommet du Moscovien inférieur.
72

Au Bashkirien, la phase majeure Asturienne est responsable du plissement de la


Meseta hercynienne et probablement de l’ensemble du Maroc. A la fin du Moscovicn et
durant le Gzhelien, comme en Angleterre et en France, le climat semi-aride a commencé
de prévaloir, donnant des couches rouges, tandis que, par places, en particulier dans le
Haut-Atlas, s’installaient des bassins internes où se déposait de la houille (Tirkou, El
Mnizla).

Dans le rift Ouralien, le Carbonifere moyen (Bashkiro-Moscovien) marque une


surrection presque définitive de sa fosse Est là aussi des faciès conglomératiques
suggèrent des apports deltaïques parmi lesquels s’installent des biotopes d’eau douce et
saumâtres ; des lagunes et des bassins. Dans la fosse Ouest, la mer est peu profonde et la
sédimentation souvent terrigène. Au Gzhelien, la surrection d’une cordillère Caucasienne
la ferme vers le Sud. Dans la Téthys occidentale (Asturies, Algérie), les gisements marins,
déjà clairsemés jusqu’au sommet du Westphalien inférieur ne dépassent plus les Alpes
Carniques. La Tethys orientale a transgressé, en revanche, dès le Gzhelien, sur la Turquie
le Turkestan, la Mongolie, la Chine, la Corée. En Indochine, le sommet du Moscovicn
inférieur est nettement transgressif.

Au Carbonifère supérieur, l’Aequinoctia s’effondre à l’emplacement des Indes


néerlandaises : maintenant, dans la région des arcs de Banda. De même, la fosse de
Mergui, prolongeant le rift Himalayen et Birman, amorce le rift de Java et Sumatra. La
fosse d’Anambas se volcanise. Durant le Pennsylvanien, des forêts immenses couvraient
aussi une grande partie des terres émergées de l’Asie la Sibérie méridionale (Kousnetzk),
la Chine et la Mandchourie. Il faut rapprocher ces faits de l’action des mouvements
hercyniens, probablement surtout de la phase Asturienne, qui ont plissé le Nord du Tibet,
l’Altaï et la Mongolie, c’est-à-dire la bordure Sud du continent Sibérien, c’est l’orogenèse
d’Altaïde. Au Gzhelien, une transgression dans le rift de Verkhoïansk et, plus au Sud,
inaugura le rift d’Oussouri, tandis que, dans la région de Sakhaline, le rift de Chichibu est
volcanisé.

L’histoire du Gondwana durant le Pennsylvanien nous permet encore de déceler la


forêt houillère dans l’Inde, l’Australie, le Zambèze et même l’Antarctide. Mais, sans doute
au moment des phases Erzgebirgienne et Asturienne, les éléments du SAMFRAU ont été
plissés en Afrique du Sud et dans le Nord-Est de l’Australie : c’est le début des
Gondwanides. A partir du Bashkirien supérieur, s’établit sur le Gondwana une flore d’un
type nouveau, probablement adaptée à des régions montagneuses et assez froides, la flore
à Glossopteris, sans doute concomitante de la glaciation de la fin du Carbonifère qui
affecta les hauts-reliefs des Gondwanides.

IV.13. Cisouralien (298,9-272,3 Ma)

Durant le Cisouralien, le continent Nord-Américain a subi une grande inondation


venant de l’Ouest, c’est la transgression circumpacifique de l’Artinskien. Elle a eu pour
effet l’approfondissement du rift Cordillérien qui envahit le centre du continent au 80 du
73

Wisconsin, le Kansas, des morceaux du dôme d’Ozark, les monts de Wichita et


d’Arbuckle, enfin ceux de l’Ouest du Texas. Peu à peu cependant, la ride de Manhattan se
soulevait vers l’Est, finissant par délimiter, dans la région orientale des Rocheuses, un
secteur recevant des sédiments marins, en particulier le bassin de l’Utah. A l’Ouest des
Rocheuses, la sédimentation offre les traces de nombreux apports éruptifs, signes de la
présence de l’arc volcanisé externe (Sud-Est de l’Alaska, des andésites, des basaltes, des
tufs et, localement, quelques rhyolithes, roches qui se mêlaient à des sédiments marins et
détritiques calcaires, conglomérats et grès). Dans les Appalaches, les faciès continentaux
du Pennsylvanien se sont perpétués.

A la fin du Cisouralien, se placent, dans la région appalachienne, de forts


mouvements accompagnés de la mise en place de batholithes granitiques, pratiquement
contemporaine de la phase Saalienne de l’Europe occidentale. Peut-être les plissements
appalachiens ont-ils été les plus forts de la chaîne Hercynienne américaine, en tous cas ils
mettent fin à l’orogenèse que nous avons vue se manifester durant tout le Pennsylvanien.
Peut-être aussi faut-il dater de la même époque les grands accidents (failles ou charriages)
de la région occidentale du Lac Supérieur.

Durant le Cisouralien, les îles Britanniques essentiellement continentales sont


rattachables au continent Nord-Atlantique. Elles étaient occupées par de grandes plaines
désertiques dont certaines semblent avoir constitué des grabens dans lesquels des fleuves
temporaires comme en possèdent les pays semi-arides apportaient des sédiments, surtout
composés de sables et de limons marneux. Ces fleuves déposaient au pied des montagnes
des brèches à éléments anguleux. Les monts armoricains ayant atteint un stade avancé
d’érosion, étaient des plateaux élevés (Pennique, Mercien. Cornubien) au-dessus des
plaines effondrées (cuvette des Midlands correspondant à la région fracturée séparant un
horst d’un graben ; NE sur l’emplacement des bassins houillers du Yorkshire et de
Durham ; SO sur une partie de la Cornouaille et du Cotentin aux marécages de Valogne et
de Carentan au travers de la Manche). On signale encore une activité volcanique certaine
dans les basses plaines du Sud de l’Ecosse (Fifeshire) et du Devonshire (Ouest de
Dartmouth).

Dans le reste de l’Europe occidentale, alors que les marécages régressent, les
conditions désertiques dominent en particulier en Allemagne et en France. Souvent, par
exemple en Sarre, les couches rouges ou foncées alternent encore avec des couches de
charbon, et aussi avec des coulées volcaniques. Au Maroc, comme dans toute l’Afrique du
Nord et l’Europe, une phase post-tectonique hercynienne, la phase Saalienne se fait sentir
à la fin du Cisouralien, et cette phase affecte des terrains déjà continentaux. Dans le rift
Ouralien, on passe des dépôts marins peu profonds aux faciès continentaux. Les rifts de
Verkhoïansk, de Tschuktschen, de Taïgonos, d’Oussouri, de l’Amour et de Chichibu sont
bien caractérisés et fortement volcanisés. La Mongolie est isolée par la conjonction du rift
de l’Amour et de celui de Yokusen (Corée) avec la Téthys orientale. En Insulinde, la fosse
d’Anambas est divisée par une cordillère volcanisée et semble opérer alors sa jonction
74

avec la mer de Banda. C’est à cette époque que la mer baignant le Timor y a vu prospérer,
comme nous l’avons dit, l’une des faunes les plus riches de la fin du Paléozoïque. Dans le
Gondwana, la transgression pacifique semble avoir apporté des conditions climatiques
meilleures et l’inlandsis morcelé en plusieurs calottes glaciaires dans le SE de l’Australie,
qui était la région la plus élevée de cette terre, disparut même complètement dès le milieu
du Guadaloupien. Mais, dans le cours supérieur de l’époque, des glaciers reparurent
localement dans la Nouvelle-Galle du Sud, le Quensland et même l’Ouest de l’Australie,
bien que la mer environnante ait été réchauffée alors et peuplée d’une très riche faune
venue de la Téthys et voisine de celle de Tirnor (rift de Tirnor, Est-Célèbes, prolongeant
le rift Westralien).

IV.14. Guadaloupien (272,3-259,8 Ma) et Lopigien (259,8-254,2 Ma)

L’intervalle Guadaloupien-Lopigien est connu surtout dans les régions pacifiques, ce


qui ne nous étonne pas puisque nous sommes au terme de la transgression pacifique. Dans
l’arc volcanisé du SE de l’Alaska, se déposent d’épaisses masses de calcaires entremêlés
de lits de cherts blancs. Les mouvements tangentiels semblent avoir atteint leur maximum
pour la chaîne d’Ouachita (Arkansas-Oklahoma) où se produisent des charriages, ainsi
qu’au Mexique, dans le Coahuila (Chihuahua-Mapimi), où la chaine allait se terminer
dans le Nouveau-Mexique. En même temps, les Monts de Marathon ont été surélevés par
des mouvements épirogéniques, tandis qu’en avant d’eux s’effondraient plusieurs bassins,
parmi lesquels le bassin subsident d’Anadarko (Texas-Oklahoma). Puis les mouvements
tangentiels s’affaiblissent, deviennent intermittents, et l’on passe à la tectonique cassante
marquée par des failles et des horsts nous sommes à la fin de l’orogenèse paléozoïque des
montagnes Rocheuses. Dans le SO du Colorado, par exemple, c’est le cas du plateau de
San Juan, arrière-pays de la haute-terre de San Luis. Les sédiments permiens recouvrent
finalement toutes les Rocheuses et le Wichita, sauf deux îles du Colorado (aux environs
l’une de Denver, l’autre du Mont-Elbert) servent d’alimentation en éléments clastiques.
D’immenses lagunes d’évaporation s’installent sur l’emplacement des Rocheuses,
jusqu’aux Monts de Marathon (gîtes de sel de Castile).

En Grande-Bretagne, comme au Cisouralien, dans les cuvettes non marines se


déposent les formations rouges continentales, c’est le « New Red Sandstone » montrant
vers le sommet des grès représentant des dunes éoliennes (Moray, de Mauchline, Penrith
au Nord, Bunter dans les Midlands et la vallée de la Clwyd). En ces pays, la stratification
des dunes habitées par une faune de Reptiles indiquent la prédominance des vents d’Est.
Les mêmes conditions, inaugurées plus tôt en Allemagne, s’y continuaient avec la
formation subdésertique de shales foncés ou rouges, renfermant des plantes et du charbon,
ainsi que des intercalations de coulées volcaniques. Cependant, la mer du Zechstein en
cul-de-sac occupait toute l’Allemagne du Nord, les cuvettes du NO et du NE de
l’Angleterre que séparait une péninsule ou un archipel formé par la chaîne Pennine.
Dépendance de la mer Arctique, la mer du Zechstein s’asséchait progressivement,
devenant sursalée par évaporation, malgré de rares «transfusions» de mer normale venant
75

du Nord: Des dépôts d’évaporites y naissaient calcaire et dolomie, sur les bords de la mer
où ils se mêlaient aux couches rouges, anhydrite et gypse, chlorure de sodium, de
potassium et de magnésium vers le centre des bassins, dans les parties les plus profondes,
abritées des eaux non saturées. Ainsi, à la fin du Permien, au Changhsingien; l’aspect de
l’Europe semble avoir été presque celui d’un désert, souvent recouvert de dunes apportées
par un violent vent d’Est, coupé de rares mers intérieures sursalées devenant de
gigantesques marais salants, et renfermant même des chotts. Parmi les dunes, en
Angleterre comme en Allemagne, pointaient des volcans. C’est alors que se sont produits
en Europe, faisant suite aux mouvements d’une phase dite Thuringienne, les ultimes
soubresauts de l’orogenèse Hercynienne la phase Palatine. Dans le rift Ouralien se sont
effectués les principaux mouvements orogéniques donnant des charriages le long de la
bordure ouest de la chaîne actuelle de l’Oural. Sur l’emplacement formant fosse de la mer
Artinskienne, une mer temporaire s’est installée, issue de la Téthys, déposant les couches
à Brachiopodes, puis s’asséchant progressivement et donnant naissance à des faciès
lagunaires, pour céder la place enfin à une terre ferme qui va désormais souder le
continent Européen à l’Asie.

Au Lopigien, il semble que la Téthys se soit arrêtée, vers l’Ouest, au niveau de la


Tunisie (Tébaga) et de la Sicile (Sosio). Une chaîne, prolongeant celle de l’Oural
traversant l’Iran sépare les deux bassins téthysiens du Lopigien. C’est alors que la Téthys
orientale, continuée par la mer Béloutche, s’insinue pour la première fois dans le canal de
Mozambique jusqu’au Nord de Madagascar. La Téthys orientale était même
vraisemblablement semée d’archipels ou d’îles en Extrême-Orient. Une île
particulièrement étendue occupait le Shansi, au Sud-Ouest et à l’Est de Pékin, et se
prolongeait loin vers l’Ouest (approchant le lac Balkach). Sur l’emplacement de
l’Insulinde, le rift de Banda présentait un premier soulèvement volcanique séparant une
fosse septentrionale (Groupe de Céram) et une fosse méridionale (Groupe de Tanimbar).
Mais la Sibérie orientale a subi un grand mouvement orogénique. Non seulement le long
du rift de Verkhoïansk, mais aussi dans le Sikhôta Alin et jusqu’en Chine. La seule mer
qui persiste est le rift de Chichibu complété par celui de Yokusen. Comme nous l’avons
dit, depuis le Gzhelien, les régions gondwaniennes jouissaient de conditions assez froides,
des glaciers s’étant installés sur les chaînes montagneuses. Il semble que ce climat froid
ait persisté jusqu’à la fin du Permien. Nous sommes dans le début de la formation
continentale de Karroo (à la base et dans la partie médiane de Beaufort) qui va
comprendre le Trias et la base du Jurassique : sur la séquence d’Ecca (Permien inférieur),
celle de Beaufort inférieur correspond à des grès et shales rouges à mudcracks, indice
d’un climat déjà désertique, dans lesquels on trouve du bois, de nombreux Reptiles, des
Poissons, des Lamellibranches d’eau douce et des Estheria. Il s’agit de formations
fluviatiles indiquant, après la fonte des glaces, l’installation progressive de l’aridité. La
mer, qui entame à peine le Cap de Bonne-Espérance, quitte entièrement l’Australie dont la
région orientale est finalement soulevée par la phase orogénique d’HunterBowen.
76

IV.15. Trias (252,2-201,3 Ma)

Comme le Permien supérieur, c’est encore une période de prédominance des terres
émergées, sur lesquelles régnait un climat désertique. Aussi la teinte de la plupart des
sédiments Triasiques est—elle rouge, qu’il s’agisse des roches formées sur les continents
(marnes, pélites, grès et conglomérat), qui témoignent de cycles arides ou semi-arides, ou
de roches marines, telles que les calcaires bariolés qui doivent sans doute cette teinte au
lessivage de terrains rubéfiés par les fleuves aboutissant à la mer ou par les vagues
côtières elles-mêmes. Le développement des continents au ‘Prias n’empêche pas cette
période de s’être soldée par des transgressions que caractérise la précarité des mers
épicontinentales. On sent déjà les tendances d’une invasion téthysienne.

En Amérique du Nord, l’axe de Manhattan, qui va devenir la ride Cordillérienne,


s’étend vers le Nord en une terre qui atteint le Canada, s’interrompant sans doute au
niveau du Névada pour faire communiquer la fosse occidentale du rift avec le bassin
toujours subsident de l’Utah. A l’Est de ce bassin se déposent des couches rouges attestant
un climat continental. Un autre bassin plus large s’étendait sur le Mexiquc occidental,
limité au Nord par un soulèvement, sur l’emplacement de l’Arizona du Sud-Ouest, qui
présage d’une future orogenèse. Les monts de Coahuila, de Marathon et de l’Ouachita ont
peut-être été rajeunis par des mouvements épirogéniques, puisqu’ils dominent toujours la
région, mais ils n’ont plus été plissés. De même les îles du Colorado et d’Uncornpahgre
émergent toujours. En Californie se produisait un fossé d’effondrement sis entre les Coast
Ranges et la Sierra Nevada. L’archipel volcanique de l’Ouest subsistait, vomissant des
andésites, certaines laves (pillow-lavas) étant émises sous la mer, et l’on trouve même
dans toute la région des traces de volcans, dont le type explosif est prouvé par la présence
de cinérites. Des bras profonds et intermittents poussaient temporairement leurs
digitations vers l’Est, laissant des couches de gypse après leur retrait. De même, la
température chaude de ces mers est certifié par le rétablissement, au Trias supérieur, des
récifs coralliens, composés de formes encore petites et peu variées, le long de la côte
Pacifique jusqu’à l’Alaska, La zone appalachienne, complètement émergée depuis le
Pennsylvanien, subit une violente érosion et devient l’objet d’une tectonique cassante, par
failles, qui la découpe en horsts et en grabens (par exemple les fossés du Connecticut) et
soulève enfin l’ensemble appalachien. Dans ces fossés se déposent d’épais sédiments
clastiques et rouges. L’activité volcanique y est intense.

Une telle fissuration de la chaîne hercynienne en Amérique du Nord a donné lieu


comme dans le Monde entier, à une activité magmatique qui est l’une des plus
importantes de l’histoire géologique. De véritables traps provenant d’éruption fissurales,
sont interstratifiées dans les dépôts continentaux (série de Newark, dans le Connecticut et
le Massachusetts). Ils ont eu une certaine influence sur le drainage des terres, car, au-
dessous des coulées, on retrouve les traces de fleuves véritables, souvent lents sur les
terres arasées, plus torrentiels dans les régions élevées où les pluies étaient abondantes, et
qui ont donné des deltas alluviaux. A la suite des coulées, la continuité des fleuves a été
77

interrompu, le drainage laissa à désirer et, le plus souvent, fit place à un régime d’eaux
stagnantes dans lesquelles les végétaux s’accumulaient et où se réduisait l’oxyde de fer.
Ces mares étaient peuplées de Dinosaures. L’Europe occidentale comme l’Amérique du
Nord est devenue au Trias une immensité rouge. Probablement d’ailleurs les deux
continents étaient-ils reliés l’un à l’autre comme nous l’avons supposé pour le régime des
Vieux Grès Rouges, formant le continent Nord-Atlantique, et reliés aussi vers l’Est à
l’Asie, le rift Ouralien étant totalement asséché.

Au Trias inférieur, en Grande-Bretagne, sur les terres, les pluies sont devenues plus
fortes et il en résulte un ruissellement plus abondant. Des éventails deltaïques occupent la
cuvette des Midlands et une autre dans le Sud-Ouest ; les fleuves semblent descendre des
hauteurs méridionales de l’Angleterre où étaient alors exposées des roches
métamorphiques et des rhyolites à tourmaline. Dans le district des Lacs, le régime aride
s’est perpétué. Le Trias inférieur d’Allemagne (Buntsandstein) et de France (Grès
bigarrés) offre lui aussi des caractères toujours continentaux, mais plus fluviatiles
qu’arides. Au Trias moyen, la mer, demeurée saumâtre durant le Trias inférieur, acquiert
une large communication aussi bien du côté alpin que du côté hispano-nord-africain. C’est
la mer du Muschelkalk elle s’est introduite insidieusement, commençant par déposer des
formations lagunaires (marnes, dolomies, gypse, anhydrite, sel) et n’a été franchement
marine qu’à son sommet, laquelle indique des lagunes plutôt qu’une mer franchement
ouverte. Une barrière continentale, cordillère ou archipel, s’étendait des Alpes
occidentales à la Bohême c’est la «chaîne Vindélicienne» et qui, après une interruption
dans le Sud-Est de la France, se prolongeait sur la Corse et la Sardaigne.

Au Trias supérieur, en Allemagne, l’assèchement progressif de la mer du


Musehelkalk a donné lieu à des lagunes et à des chotts qui ont déposé le gypse,
l’anhydrite, le sel et les dolomies du Keuper. La Grande-Bretagne également, maintenant
presque complètement arasée, était de nouveau livrée à un climat semi-aride où stagnaient
plusieurs lacs salés, entre Birmingham et Manchester, entre Preston et Barrow, sur le Nord
de l’île de Man. Autour de Belfast, qui ont été comparés au Great Salt Lake de l’Utah. Des
marnes rouges semblent pouvoir être interprétées comme des fragments de sols
latéritiques développés sur les plateaux surbaissés et transportés par le vent. Il s’y mêle de
la dolomie. Les lacs de Chellaston (dans la région de Coventry-Nottingham) et de
Newark, qui ont reçu des dépôts de gypse, nous semblent comparables aux chotts des
hauts-plateaux algériens dans lesquels le gypse parait avoir surtout une origine éolienne et
où l’eau, montant souvent par capillarité du fond du lac, et représentant l’apport reçu
durant la saison humide par l’ensemble du bassin, s’évapore rapidement pendant la saison
sèche. Il y a des formations d’eau saumâtre à Lamellibranches, le Arden Sandstone (entre
Newport et Leicester), que l’on interprète comme un delta dans un lac d’eau douce ou
salée, il se serait agi d’un bras de mer sur l’emplacement du canal de Bristol).
78

En Afrique du Nord, durant une partie du Trias, il n’y a pas d’évidence d’une
expansion occidentale de la Téthys. Et l’Afrique du Nord appartient nettement au domaine
de l’Europe occidentale (Trias germanique). La mer du Muschelkalk, qui recouvrait les
Baléares, s’est étendue jusqu’au Rif (Maroc), et surtout en Algérie, où plusieurs gisements
fossilifères, sont du même type semi-lagunaire et renferment les mêmes espèces que les
pays d’Europe occidentale. A ce moment, il semble que l’Afrique du Nord présente du
Nord au Sud la géographie suivante:

1° la mer libre sur l’emplacement de la Méditerranée; 2° un seuil continental (massif des


Traras et chaîne de Skouna dans le Sahel d’Oran, grande Kabylie, Tunisie) ; 3° un golfe
épicontinental plus ou moins fermé (sur le Chenoua, le Djurdjura, le Djurdura Chettaba et
Souk Ahras, près de Constantine, Lorheus et Durdjura Aireck en Tunisie) 4° des lagunes
d’évaporation où se déposent des argiles à sel et à gypse ; 5° le continent africain
désertique.

Puis vient un Keuper, très étendu, formé de pélites rouges que l’on peut interpréter
comme issues de la désagrégation des ultimes reliefs hercyniens, au sein desquels des îlots
moins oxydés fournissent des végétaux nous en connaissons des exemples au Maroc dans
le Moyen-Atlas (Bou l’Hab) et en Algérie dans la Kabylie des Babors (Oued Taza). Une
partie de ce Keuper recouvre l’emplacement de la mer du Muschelkalk, et il n’est pas
étonnant qu’on y recueille du sel. Il est plus curieux d’en trouver en des points qui ne
semblent pas avoir été baignés par la mer triasique (Moyen Atlas marocain) ; on peut
penser qu’il a pu, alors, être apporté dans des chotts par la voie éolienne comme cela se
passe pour le gypse des chotts actuels, et pour le sel dans la région du Rann du Cutch
(Inde). Enfin, dcgrandes coulées basaltiques d’origine fissurales se sont répandues sur le
Maroc et l’Ouest de l’Algérie durant le Keuper supérieur: on peut les interpréter comme
des basaltes des plateaux, stade final de l’orogenèse hercynienne dans les régions nord-
africaines car elles ont des répondants circumméditerranéens (Espagne, Pyrénées, Alpes).

Dans les Alpes, cependant, la véritable Téthys, avec ses caractères de mer chaude.
Quoique encore relativement lagunaire, a édifié des calcaires dolomitiques à
Dasycladacées c’est ce qu’on appelle le Trias Alpin. On est toujours près de l’exondation,
ainsi qu’en témoignent les épisodes lagunaires, parfois même saumâtres, qui s’insèrent de
place en place dans la séquence. En Transcaucasie et dans l’Himalaya règnent d’une façon
presque générale sauf au Trias supérieur qui est dolomitique. L’histoire du rift Alpin
débute au Trias : dans le Massif de la Vanoise, entre autres, s’instaure une fosse
subsidente où se déposent d’abord une épaisse séquence de couches lagunaires ou
néritiques à faune mixte ; puis la ride Briançonnaise émerge sur l’emplacement de la
chaîne Vindélicienne. li étau semé d’Equisetum. Entre son bassin occidental et son bassin
oriental, la Téthys triasique était présente dans les Balkans, les Carpathes, la Crimée, le
Caucase, la Transcaucasie, le Nord-Ouest du Pamir, le Kirman, le Béloutchistan (devenant
rift au Trias supérieur), 1’Himalaya (Spiti et Karakorum). Elle mordait au Sud sur la
Transjordanie et la frontière Sinai-Palestine, et continuait de s’engouffrer dans le canal de
79

Mozambique. Dans le rift Ouralien complètement exondé, les couches triasiques


renferment des bauxites et du charbon brun on peut donc penser que cette région devait
offrir des plateaux sur lesquels régnait un climat tropical propice à la formation de
latérites. En Asie, l’Angara n’était donc pas séparé de l’Europe. De vastes étendues en
étaient occupées par des sédiments continentaux. En Sibérie orientale, durant le Trias
inférieur, la mer s’est insinuée derechef dans le rift de Verkhoïansk, celui d’Oussouri,
celui de l’Amour et celui de Tschuktschen. A la fin du Trias moyen, la phase Labidienne a
plissé les monts de Chara Ulagh, Kula, Tscherkij, Verkoïansk et Sikhota Alin. Dès le
Trias supérieur, sur ces reliefs arasés et volcanisés, la mer transgressait davatange. Un
trottoir d’Algues calcaires frangeait le Massif du Kolyma-Jukagir.

Des couches marines se sont déposées, prenant en écharpe le Japon, dans le rift de
Chichibu. Or, au Trias supérieur, le Japon était exondé par l’orogenèse d’Akiyoshi et de
Shorin (Corée), sauf une frange marine externe, laquelle était séparée de la terre ferme par
des eaux déposant des sédiments paraliques, limniques, ou néritiques de Skawa, dans
lesquels la présence de Lingules témoigne de conditions tout à fait côtières. En Chine, on
assiste à la fin du régime marin : reliant encore le rift Himalayen au Pacifique et aux mers
sibériennes, le rift Mésocathaysien, dont la mer offre des biotopes rapellant le
Muschelkalk, subissait des influences arctiques au Nord. Les couches salifères fréquentes
annoncent l’émersion : au Trias supérieur, le Sud de la Chine s’assèche. La presqu’île de
Malaeea et le Nord-Ouest de l’Indochine sont alors occupés par un grand rift dépendant de
la Téthys au moment où se produit la phase Indosinienne, particulièrement nette en
Indochine. En continuité avec cette zone plissée, la fosse d’Anambas produisait au Trias
inférieur une cordillère volcanisée flanquée de deux avant-fosses (Natouna au Nord-Est,
Karimata au Sud-Ouest). L’instabilité des mers triasiques est bien marquée dans les îles de
l’Océanie et de la Sonde. Les arcs de Banda continuent d’évoluer: le soulèvement
volcanique médian s’est affaissé et formera désormais un bassin intérieur, embryon du
Bassin central de Banda ; tandis que la fosse Nord et la fosse Sud se soulèvent et
constituent chacune un rift encore non volcanisé, limitant vers l’extérieur une avant-fosse
dans laquelle, dès le Trias, se dépose du flysch. Ces deux avant-fosses correspondent
respectivement à la partie Nord et à la partie Sud de la zone d’Amboine. Au début du
Trias, la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie ont été
émergées et plissées, peut-être même formaient-elles une seule terre (Tasmanitis), puis
elles ont été recouverts par le rift Papou, relié à la mer baignant les îles de Timor, Roti et
Ceram pour reparaitre à la base du Lias.

Dans le Gondwana, en ce qui concerne l’Afrique, le Trias correspond à la partie


supérieure de la Formation de Beaufort, à Reptiles, et à la Formation de Molteno qui, en
Rhodésie, a été marquée par une aggravation de l’aridité. On y rencontre localement des
plantes (Stenopteris), parfois même des charbons. Puis s’installèrent des dunes contenant
deci-delà des troncs silicifiés de Rhexoxylon : ce sont les «Forest Sandstones » de
Rhodésie et les «Bushveld Sandstones » du Transvaal. Cette formation est surmontée de
nappes basaltiques très importantes, provenant de plus de 170 évents, qui n’ont pas donné
80

de véritables volcans. La présence abondante d’orgues, celle de cheminées dans lesquelles


la roche volcanique est une dolérites à grain plus gros, celle de tufs volcaniques,
également, ont fait penser qu’il s’agissant d’éruptions fissurales, de basaltes des plateaux.
Aujourd’hui les auteurs ont reconnu que, dans la majorité de cas, on est en présence de
suis mis en place durant le Rhétien. En Australie, des bassins internes, bordés de forêts où
vivaient des Insectes, s’installent à l’Est de la chaîne Hunter-Bowen. Au Trias inférieur, le
climat était serniaride, la chaîne encore élevée et accompagnée de volcans ; les lacs à
Esthéries, Ostracodes, Unios, Poissons et Amphibiens, étaient séparés les uns des autres et
recevaient des sédiments de piémont. Au Trias supérieur, les montagnes étaient arasées, le
pays sillonné par des fleuves lents. Dans l’Inde Péninsulaire, les transgressions marines du
Trias ont continué le morcellement du Gondwana. Au Trias inférieur, la mer atteignait
toujours Madagasear par le Nord-Est, et submergeait sa moitié occidentale, offrant de
nettes affinités faunistiques avec l’Himalaya, donc avec la Téthys. Ainsi était affirmée la
coupure de la grande-11e et de l’Afrique du Sud. En Amérique du Sud, la mer du Trias
supérieur recouvrait le Pérou, le Chili, l’Argentine jusqu’au sud du Neuquen et la Bolivie.

IV.16. Jurassique inférieur (201,3-174,1 Ma)

Le Lias est une époque de transgression surtout en Europe et en Afrique du Nord où


vont se développer des mers épicontinentales, de part et d’autre de la Téthys. Celle-ci
semble avoir été bien plus large qu’auparavant : elle atteignait vers l’Ouest le golfe du
Mexique où elle s’enfonçait dans ce qui deviendra au Crétacé l’extrémité Sud-Est du rift
des Rocheuses (rift Mexicain). C’est une transgression téthysienne caractérisée. La région
appalachienne était assez élevée grâce à l’exhaussement dû à l’orogenèse de Palisade. Du
côté californien, se produisaient aussi des surrections. Il n’est donc pas étonnant que, entre
ces terres élevées qui l’isolaient des influences humides, le centre des Etats-Unis ait été
occupé par un grand désert, en particulier dans l’Utah et l’Arizona, et sur tout le plateau
du Colorado les conditions arides s’y sont installées au Trias supérieur, durant lequel se
déposèrent des sables éoliens de teinte gris clair ou rose (Groupe de Glen Canyon), tandis
que, à partir du Lias, des dunes ont alterné avec des dépôts alluviaux de bassin desséché,
les grès, pélites et shales rouges du Groupe de San Rafael.

En Europe occidentale, la transgression liasique a été progressive. A l’Héttagien,


débordant du rift Alpin, la mer envahit les emplacements du Jura et de l’Est du Bassin de
Paris, ainsi que la vallée du Rhône, puis gagna le fossé Rhénan par le Sud, s’étalant par le
seuil de Phalsbourg sur la dépression de Saverne, le Kraichgau et le bassin
Wurtembergeois. Elle gagnait aussi, par l’emplacement de la mer du Nord, la Grande-
Bretagne où elle submergeait la cuvette du Keuper, tandis qu’une île formée de l’Ecosse
et de la chaîne Pennine, ainsi qu’une île Anglo-Belge, résidu du plateau mereien,
demeuraient comme des terres ou de grands promotoires plus ou moins isolés. Dans
l’avant-fosse Dauphinoise, les sédiments rhétiens n’ont encore que quelques mètres
d’épaisseur, comme sur les aires continentales nouvellement recouvertes. D’ailleurs la
mer elle-même semble partout avoir été très peu profonde si l’on en juge d’après les faciès
81

lumachelle à Avicula contorta et bone-beds. Puis vont devenir subsidents, entre les
massifs hercyniens constamment rajeunis (massif Armoricain, massif Ardennais-
Schisteux Rhénan, Bohème, Espagnc), des bassins de sédimentation (Bassin Anglo-
Parisien, cuvette Germanique, bassins Rhodano-Jurassien, Aquitaine, Aragonais). Des
axes moins stables (massif Central, Vosges, Forêt-Noire), des seuils et des couloirs
(Poitou, Côte-d’Or, Causses) arrêteront ou favoriseront les invasions marines. Durant le
Sinémurien, la transgression s’est accentuée. Parmi les bassins qui commencent à
s’enfoncer, et où la sédimentation devient plus abondante, donnant des formations plus
épaisses, il faut citer le Jura dont les parties française et suisse sont complètement
inondées à la fin du Sinémurien, et une partie du bassin de Paris (fossé de Thionville et le
pays de Bray), le Sud de Middlesbrough et quelques points en Angleterre. De loin en loin
des hauts-fonds émergent temporairement, tel l’axe de Mendip, celui de Moreton-in-the
Marsh, celui de Market-Weighton, en Angleterre. Jusqu’à la fin du Lias, cette mer,
graduellement approfondie jusqu’au Toarcien, formait un tout très homogène, piqueté
d’îles au nombre desquelles continuent de se compter l’Ecosse reliée à la chaîne Pennine,
l’île Anglo-Belge y compris les Ardennes, le massif Armoricain, le massif Central, la ride
Briançonnaise, et plus à l’Est, la Bohême. Des mouvements épirogéniques certains se sont
produits durant le Lias.

En Afrique du Nord, les conditions avoisinent celles qui ont régné sur la plate-forme
européenne : c’est une transgression téthysienne qui s’y fait sentir, mais comme nous
sommes dans une région méridionale, les faciès mésogéens y sont plus accentués, tels les
calcaires dolomitiques développés surtout entre l’Hettangien et le Pliensbachien. Les mers
liasiques de l’Afrique du Nord ont atteint une ligne méridionale passant par Ouarzazate,
Ksar es Souk, Bou Denib, Colomb-Béchar, Laghouat, Biskra, Tataouinc. Entre Agadir et
Mogador, se présentaient des lagunes d’évaporation, isolées de la mer principale par un
seuil émergé joignant Taroudannt à Rabat. Déjà, au Maroc, le rift Nord-Africain
commençait de se différencier, comportant, du Nord au Sud :

1° fosse prérifaine (entre Fez et Ouezzane) ; 2° seuil hypothétique de Meknès ; 3° sillon


sudsident du Moyen-Atlas (entre Meknès et Oued Moulouya) ; 4° seuil rouge de la Haute-
Moulouya; 5° sillon sudsident du Haut-Atlas, prenant naissance à l’Est de Télouet où les
sédiments sont lagunaires, et passant au Sud de Midelt. Sur Pavant- pays, le rivage est
connu dans les confins algéro-marocains, où il est jalonné par des récifs frangeants (Beni-
Tadjit) du côté marin par des conglomérats d’origine fluviatile du côté continental. Dans
la région de Demnat, le continent offrait des formations fiuviatiles de climat semi-aride,
où pataugeaient de grands Dinosauriens. Vers l’Est, en Algérie, on observe un sillon
tellien, largèrement métamorphique (Nemours).

Le rift Transcaucasien commence à fonctionner son stade préorogénique, se plaçant


probablement au Trias, le rattache parfaitement au rift Alpin. Ici, en Iran (Elbourz) et
même dans le Nord du Bengale (Radjamahal), le Lias renferme des coulées dc
labradorites. Certes, la mer était peu profonde. Sur le trajet de le Téthys moyenne
82

(Crimée, Turquie, Iran méridional), la transgression a été progressive, parfois même


fluctuante comme il est de règle pour les rifts en pleine activité. Des volcans ont déversé
des laves et des cendres par intermittences. Sur l’Arabie, à la partie inférieure de l’étage,
la mer s’engouffre dans le golfe nouveau de Tuwaiq. Il se constitue une province marine
comprenant cette région, l’Ouest de Madagascar et le rift Béloutche, province qui ne
communiquait peut-être pas avec la Téthys occidentale, mais était en rapport avec le rift
Himalayen, inaugurant la liaison Spiti-Chili. Le Lias est également une période de
transgression dans le rift Circumaustralien il est connu en Nouvelle- Guinée. L’ensemble
asiatique est continental, depuis l’Oural jusqu’à la Chine. Entre la Turquie et l’inde,
s’installent des forets de Cycadophytes, de Conifères et de Fougères, qui ont donné des
charbons jusqu’au Toarcien. En Chine, les mouvements kintzéens et de Nanhsiang,
respectivement contemporains des Indosinides et postérieurs à elles, ont fait naître des
bassins intramontagneux où la flore susdite a vécu avec des Baiera en subissant des
influences angariennes. De même, en Corée, s’installe le lac de Banshon. et, plus ou Nord,
le bassin paralique de Mongugaï. Auprès du rift de Verkhoïansk amenuisé, s’affaisse le
bassin de la Léna que vont aussi peupler des Végétaux. Enfin, l’émersion de la terre de
Sunda, attenante à l’Asie, est une conséquence de la phase orogénique d’Anambas.

Cependant, le continent de Gondwana a changé d’aspect par rapport au Trias. Au


Congo (Lubilach), s’étendait un pays de grands Lacs où, sur une surface de 1800 km sur
2000 km et sur une épaisseur de 450 m, se déposaient des grès et des argiles rouges à
Ostracodes indiquant un climat semi-aride ; on attribue cette formation à l’action
combinée des fleuves et du vent. En Australie, le lac Wallon, de 1000 km sur 900 km
s’étendait au pied des Gondwanides de l’Est : du chenal amenant vers la mer, à travcrs la
chaîne d’Aguilar près Brisbane, deux bras s’étendaient, dans des synclinaux, vers
Rockhampton au Nord-Ouest et vers Grafton au Sud. D’autres bassins plus petits se
rencontraient aux environs du Cap York: il y naissait du charbon. Enfin, en Argentine, on
rencontre aussi dans le Réthien, des couches continentales qui renferment du bitume. Sur
la côte Ouest de l’Amérique du Sud, s’installent les rifts Péruvien et Chilien, creusets de
la phase orogénique Andine.

IV.17. Jurassique moyen (174,1-163,5 Ma)

En Amérique du Nord, le Jurassique moyen est fort peu distinct, car y dominent des
formations continentales, résultant de l’érosion. L’archipel volcanique occidental continue
de permettre, le long de la côte, des migrations souvent interrompues. Le rut Cordillérien
s’allonge sur la Californie et l’Orégon il s’y dépose des grès et des Radiolarites. Séparée
de lui par la ride Mésocordillérienne que prolonge la ride de l’Alaska, s’avance au Nord la
mer de Sundance, bordée au Sud par des déserts de sables dont on retrouve les formes
dunaires. Le continent Nord-Antlantique s’étendait sur l’Irlande (sauf la région Belfast), le
pays de Galles et la Comouaille. Il y avait une grande île Ecosse-chaîne Pennine, et une île
Anglo-Belge, dépassant Londres et atteignant à peu près Oxford. En Europe. La
répartition géographique du Dogger marin est relativement peu différente de celle du Lias,
83

mais les faciès représentés sont souvent bien distincts, marquant un arrêt de
l’approfondissement. A l’Aalénien supérieur-Bajocien, dans la moitié Sud de l’Angleterre,
des récifs coralliens entourés de calcaires oolithiques se sont installés, en même temps que
se déposaient des sables et des minerais de fer, indices de mer peu profonde. Dans les
Hébrides, des sables venant de la désagrégation des terres voisines se sont déposés dans la
mer puisqu’ils contiennent des Ammonites.

A la fin du Bajocien, les récifs coralliens et les calcaires oolithiques qui en forment
le cortège ont gagné le fossé Rhénan et le Jura Balois, tandis que le Jura Souabe restait
marneux comme au Lias. En Angleterre, le delta du Yorkshire est devenu de plus en plus
important, ses matériaux provenant du continent Nord-Atlantique et de la Scandinavie.
Les hauts-fonds de Mendip, du Devon septentrional et de MarketWeigton continuaient â
se surélever. Au début du Bathonien, dans le Nord, les fleuves venant du craton
Scandinave ct du continent Nord-Atlantique débouchaient, avec leurs matériaux
accumulés, dans un détroit anglo-scandinave et irlando-écossais s’étendant sur la majeure
partie de la Grande-Bretagne, et divisé par la terre Ecosse-Pennines ; détroit comprenant
les deltas susmentionnés, et aboutissant dans le bassin peu profond de la grande Oolithe,
au Sud de l’Angleterre. Plus au Sud, il y avait le détroit d’Osnabruck (Hanovre), qui
faisait communiquer la Mer du Nord avec l’Allemagne et la Lituanie, et le Bassin
AngloParisien où abondent les récifs peuplés d’Echinides, et entourés de larges dépôts
d’oolithes, en Normandie. A cette époque, dans le centre de la Lorraine se produisent des
lacunes stratigraphiques dues à des émersions. Enfin, les biohermes coralliens s’installent
dans le Jura suisse.

Au Bathonien supérieur, l’île Anglo-Belge était peut-être complètement submergée,


ce qui assurait la liaison entre le détroit d’Osnabrack et le bassin Anglo-Parisien, parsemés
de récifs et communiquant eux-mêmes largement avec la Téthys. Mais, dans le Nord-Est
de la France et dans le Sud-Ouest de l’Allemagne, cette époque offre une tendance
générale à l’émersion, avec des faciès ferrugineux qui se généraliseront au Callovien
inférieur. En France, on observe autour du massif Central émergé, des couches lagunaires
saumâtres et lacustres. Autour de la Méséta ibérique émergée, la mer dépose des
sédiments néritiques, On observe également une île Cap de la Nao-Iviça, un massif
Minorco-Corso-Sarde relié aux Maures-Estérel, et un massif Bétieo-Rifain joignant
l’Espagne au Maroc. Au Bajocien, la Sardaigne orientale s’immerge, puis au Bathonien
c’est le tour de l’Est de la Corse. Les Pyrénées reçoivent des dolomies bathoniennes et
sont ensuite émergées, séparant le bassin Aragonais du bassin d’Aquitaine. Le rift Alpin
traverse l’Italie et aboutit, entre Meseta Ibérique et massif Bético-Rifain, au sillon Nord-
Bétique. La paléogéographie de l’Afrique du Nord durant le Dogger est pratiquement
comparable â celle de l’Europe occidentale avec laquelle ses mers communiquaient par
Espagne et les Baléares. Les faciès à Ammonites pyriteuses, et à Posidonies, les récifs
coralliens et les calcaires oolithiques abondent durant le Bajocien qui parait légèrement
transgressif par rapport â l’Aalénien. Mais, au Bathonien, les tendances vers l’émersion
sont de plus en plus fortement indiquées sur toutes les dépendances de la Téthys, puis des
84

lagunes encore marines saumâtres. Enfin, en quelque points du Maroc et en Tunisie,


l’exondation est devenue totale, et des argiles versieolores témoignant des conditions
fluviatiles se sont déposées, qui ont livré, par exemple à Li Mers dans le Moyen-Atlas
marocain, des restes de Poissons, de Crocodiles et de grands Dinosauriens amphibies.

Aux entités liasiques s’ajoutent une mer littorale formant un golfe ouvert au Nord et
à l’Est dans la Région Sud de Demnat. Dans le Maroc oriental, ce sont des couches
oolithiques et ferrugineuses à Parkinsonia, Oranieeras, Hecticoceras. Des lagunes
s’installent dans le sud Tunisien. En Russie et Transcaucasie, le Jurassique moyen marin
est connu entre les fleuves Oural et Ilek et s’étend jusqu’à Kiev. Dans le Nord du Caucase
et en Crimée, rift volcanisé, ont lieu des mouvements orogéniques de la phase d’Adyghé.
Dans le rift Transcausien, quelques coulées volcaniques accompagnent la transgression.
La Téthys s’étend sur le Proche-Orient, laissant émerger une grande île afghane. Elle
déborde du rift Béloutche sur l’Inde péninsulaire et le Cutch ; et le golfe de Tuwaïq rejoint
le canal de Mozambique à travers l’Arabie et l’Erythrée par la fosse TransErythréenne, en
laissant émerger le massif Arabo-Somali. La transgression gagne également le Sinaï,
l’Egypte et la Tripolitaine.

En Extrême-Orient, la température a reçu une légère élévation, amenant sur cette


région un climat tropical. En Australie occidentale, la transgression débute au Bajocien.
La transgression paraît avoir envahi au moins une partie du bassin Artésien actuel du
Nord-Ouest de l’Australie. Il semble bien que cette mer ait alors été reliée à la Téthys par
le rift Timor-Est de Célêbes. D’ores et déjà, le rift Westralien mord à nouveau sur
l’Australie. En ce qui concerne le continent de Gondwana, son démembrement, amorcé au
Permien supérieur, s’affirme par la naissance de deux golfes ou rifts issus de la Téthys : le
rift Westralien, et le golfe amorçant le canal de Mozambique qui s’étend sur
l’Afghanistan, le Béloutchistan, le Sind et le Cutch, ainsi que sur la côte Ouest de
Madagascar. L’extension de l’aire ainsi recouverte est probablement à l’origine du fait
que la mer était encore très peu profonde dans ces régions, formant des lagunes dans le
Cutch, et déposant sur la côte occidentale de Madagascar des sables de plages ou de la
Téthys franche (Himalaya). En fait, débute déjà une nouvelle transgression arctique,
rendue manifeste dans la Sibérie orientale par le remplissage des rifts habituels. Celle
transgression s’amorce également sur la côte Est du Gronland et sur la terre du roi Charles
(Archipel François-Joseph).

IV.18. Jurassique supérieur (163,5-145,0 Ma)

Le Jurassique supérieur est aussi une époque marquée par les mouvements
orogéniques andins ou névadiens, qui se traduisent paléogéographiquement par une
grande instabilité dans la répartition des terres et des mers. En fait, après la transgression
téthysienne, terminée avec le Jurassique moyen, une transgression arctique se produit au
Callovo-Oxfordien, à laquelle succède une transgression circumpacifique ayant son
maximum au Portlandien supérieur. En Amérique du Nord, la mer de Sundance s’étend
d’abord de l’Alberta, le Montana, l’Idaho et le Wyoming, submergeant l’emplacement des
85

Rocheuses (en laissant des îles sur le Colorado) et des Grandes Plaines avec les déserts
formés au cours des âges précédents. La fosse de l’Utah s’enfonce encore et reçoit des
sédiments détritiques ainsi que des évaporites.

Au Portlandien, survient la phase orogénique Névadienne imposant depuis l’Ouest


des mouvements tangentiels à la fosse occidentale du rift Cordillérien qui est en même
temps injectée de grands batholithes granodioritiques. La chaîne de Diabolo (« diablan
orogeny») dans les Coast-Ranges, sera plissée un peu plus tard, à la limite du
Jurassique/Crétacé. Ainsi sont nées la Sierra Nevada et certaines chaînes du Mexique et de
l’Isthme de Panama, responsables du métamorphisme des sédiments. Une nouvelle fosse
Ouest, commençait alors de s’enfoncer et de recevoir de fortes épaisseurs de sédiments
kimmeridgiens et tithoniques. Vers l’Ouest du rift s’enfonce une nouvelle fosse recevant
des éléments clastiques en provenance d’un nouvel archipel volcanique occidental et des
jeunes montagnes orientales. C’est une mer recevant des influences arctiques qui pénètre
en Amérique. La surrection de hautes montagnes, les Monts de Wasatch dans l’Utah,
l’Ouest de la Colombie, du Nevada, la Califomie, l’Orégon, le Washington, l’Ouest de la
Colombie Britanique, a provoqué le retrait de la mer de Sundance. C’est alors que les
fleuves, venant de ces montagnes élevées, ont apporté les alluvions qui constituent
aujourd’hui la Formation de Morrison, étendue depuis le Montana au Nord jusqu’au
Nouveau Mexique au Sud et dans l’Utah à l’Ouest en particulier sur le Wyoming et le
Colorado ce sont des sédiments argileux, péliteux, gréseux et localement
conglomératiques, gris, vert ct noirs, lavande, roses ou blancs, que les auteurs américains
comparent à ceux des bassins actuels de l’Amazone et du Parana, plaines alluviales
traversées par des fleuves lents et coupées de marécages et de petits lacs. A en juger par la
végétation de Bennettitales et par l’abondance de vie animale, le climat offrait une
humidité plus forte qu’elle ne le fut durant tout le Jurassique. C’est ainsi à la fin du
Jurassique qu’a commencé de s’individualiser le rift Mexicain, séparé du bassin ou du
golfe du Mexique par la presqu’île de Coahuila, reste de la phase orogénique de
Marathon. Quant au golfe du Mexique lui-même, débordant de l’Atlantique, il s’étendait
en une mer très peu profonde sur le Sud des monts de l’Ouachita et des Appalaches,
déposant largement des évaporites au Callovo-Oxfordien. Enfin, dans les Antilles, une
fosse, subsidente sans doute depuis quelque temps déjà, s’enfonçait davantage, ainsi qu’en
témoignent les sédiments de Cuba et des Bahamas. Les mouvements névadiens, ou plus
exactement andins (car la fosse semble reliée au rift Andin d’Amérique du Sud), ont
donné des plissements à la fin du Jurassique, ainsi que du métamorphisme à Cuba.

En Europe Occidentale, l’Ardenne, le massif Schisteux Rhénan et la Bohème sont


reliés par une bande de terre émergée, qui constitue une barrière le Nord du Wurtemberg
et le Kraichgau sont émergés, tandis que les mers sont rejetées vers le Sud dans un bassin
subsident, le Jura. De même, toute communication est rompue entre la dépression de
Saverne et le bassin de Paris par le seuil de Phalsbourg. Les mers de l’Allemange du
Nord-Ouest sont séparées de celles du Sud par un axe AngloBohémien. En contre-partie
de cette régression, une transgression, venue du Sud-Est du bassin de Souabe, s’opère sur
86

le détroit de Batisbonne (Regensburg), séparant le massif de Bohème du seuil Vindélicien


(Ouest-Sud-Ouest et Est-Nord-Est du lac de Constance) qu’elle submerge et réunissant les
mers Jurassiennes avec celles du rift Alpin. Un phénomène accès important est l’existence
de lacunes stratigraphiques dans le Callovien et de l’Oxforbien du Jura et de l’Alsace. Le
Jura était alors une vaste plate-forme continentale quoi que subsidente, sur laquelle une
mer peu profonde déposait souvent des argiles ou des calcaires franchement néritiques. Il
s’agit des lacunes dues à une agitation de l’eau au bord de la plate-forme continentale. En
conséquence, nous retiendrons surtout que ces lacunes indiquent un couloir balayé par des
courants comme il en est actuellement pour le fond de la Manche et pour le hardgrounds
rencontrés à n’importe quelle profondeur.

Au Callovien moyen et supérieur, dans le bassin de Paris, dans le Jura et en Alsace,


on est hors de la transgression, mais la sédimentation détritique indiquant de nouvelles
attaques de terres émergées reprend à l’Oxforbien moyen. En Angleterre et en Franco, la
partie inférieure de ce Maim est marquée par le développement des récifs madréporiques
dans des mers très profondes et assez chaudes. Des régressions locales font émergées l’île
Anglo-Belge et l’ensemble des Pyrénées ainsi que la dépression de Saverne et le
Kraichgau. Les Vosges et la Forêt-Noire, en voie de surrection, constituent alors des
hauts-fonds sous-marins tandis qu’une transgression venant du Nord amène
progressivement la mer à submerger la cordillière Briançonnaise. L’extension de ces
récifs est très importante en Angleterre où leur développement est parfois gêné par les
sables venant des fleuves nordiques, par exemple dans le Yorkshire. Enfin, l’axe de
Market-Weighton continue de s’exhausser et il s’en ajoute d’autres, ceux de Purton,
d’Oxford, de Sandy. Remarquons que les récifs du bord des Ardennes et de Normandie
ont disparu : c’est sans doute un premier indice de refroidissement des mers. Les calcaires
récifaux sont alors cantonnés à la Provence on bordure du massif de Maures et dans le
Languedoc en bordure de la Montagne Noire. Du côté du rift Alpin, la mer Argovienne
s’est avancée sur la cordillère Briançonnaise et a provoqué le lessivage des vases
rubéfiées. Au Kimeridgien, désertant le bassin de Paris et d’Angleterre, les récifs ont
reculés vers le Sud-Est. Mais on trouve quelques îlots construits un peu plus au Nord dans
la vallée de l’Ognon et près de Montbéliard. Les mers se sont franchement refroidies.

Dans le Nord du Jura, se déposent des sédiments marneux et calcaires à spongiaires


plus résistants au refroidissement que les coraux. En Angleterre, l’immense vasiêre riche
en Lamellibranches fouisseurs indique un approfondissement de la mer accompagné de la
subsisdence surtout sur la côte Sud dans le rift Wealdien. Dans l’extrême Nord de
l’Ecosse, une faille sous-marine serait responsable du conglomérat Helmsdale et limiterait
une région littorale des vasières du reste de la mer. Ensuite commence une régression : au
Portlandien moyen, l’Aquitaine offre des couches saumâtres ; au Portlandien supérieur
émerge le Jura franco-suisse et souabe, l’Est du bassin de Paris et l’ensemble des îles
britanniques, sauf un petit golfe sur l’emplacement du rift Wealdien qui atteint l’Oxford et
le Kent, et dans lequel des fleuves drainant les terres émergées de l’Irlande et du Nord-
Ouest apportaient des matériaux détritiques. Ce golfe lui-même devient à la fin du
87

Portlandien, une aire deltaïque, envahie de temps en temps par la mer. Ces tendances
nettes â l’émersion sont en relation avec la phase orogénique Cimmérienne. La régression
marine a laissé derrière elle des lagunes d’abord saumâtres, puis d’eau douce qui
constituent le Purbeekicn dans le delta du Weald, dans le faisceau helvétique du Jura, et
occasionnellement dans le Barrois, où la mer, gagnant à nouveau, a apporté de faunes
saumâtres parmis des sédiments détritiques sableux. La Meseta ibérique en voie
d’exhaussement durant le Jurassique supérieur, se reliait â l’axe pyrénéen: la dépression
aragonaise devenait un golfe ne communiquant plus avec l’Atlantique, mais avec le Sud
de France. L’emplacement de la Méditerrannée occidentale devient un massif Baléaro-
Corso-Sarde. Iviça était submergé à l’Oxfordien. Le rift Méditerrannéen entamait la
Berbérie et annexait Manoque et Minorque. Au Tithonique, toute l’Espagne émergea sauf
la zone Nord-Bétique, bras Nord du rift et le golfe Aragonais réduit. En revanche, le
Portlandien supérieur transgresse sur la région du Cadix, l’Italie du Sud, la Sicile et la
Tunisie.

En Afrique du Nord, la mer néritique, bordée au Nord par le rift Méditerranéen, au


Sud par les lagunes ombragées s’avançait jusqu’au Sud des Monts de Tlemcen et de
Saïda, à Géryville, à Laghouat et aux Chotts. Elle commençait à entamer la côte
marocaine entre Agadir et Mazagan, tandis que l’axe Taroudannt-Casablanca s’élargissait,
la restreignant au Rif, à la Basse-Moulouya et au Maroc oriental. Le Sahara, pourvu des
côtes très basses étaient émergées. Dans le Moyen-Atlas, la mer s’est retirée avant le
Callovien, tandis que dans le Rif et la région d’Oujda, ainsi que dans une partie de
l’Algérie atiasienne, l’Oxfordien, le Kimeridgien et le Portlandien sont connus par des
faciès récifaux et les vasières.

En Roumanie, la répartition des terres et des mers durant le Jurassique supérieur se


représentait comme suit: une terre Moldave comprenant la Dobrogea du Nord s’étendait
jusqu’en Ukraine et, vers l’Ouest, jusqu’à la limite actuelle de la zone plissée des
Carpathes ; sa limite Ouest passait donc aux environs de Pecineaga, à 50 km au Sud-Ouest
de Galatz et elle se tenait à l’Ouest du cours du Screth qu’elle dépassait de 100 km à
l’Ouest de Cemauti (Tcherrnovitsi). Une terre Transylvaine, qui s’étendait au Nord-Ouest
entre les Carpathes orientales, comprenait les Monts Apuseni, à l’Ouest de Cluj, excepté
un golfe sur le massif de Gilau, vers l’actuelle dépression de Bodrog. Elle englobait donc
les secteurs de Sibiu, de Targu Mures et de Cluj (Kolozvar). Ces deux aires étaient
séparées par le rift des Carpathes dirigé comme la chaîne actuelle, se prologeant au Sud-
Est par le rift Balkano-Criméique et envoyant un bras de mer vers l’Ouest entre Sibiri et
Craiova. Au Sud du rift CarpathoCriméique, devait s’étendre une grande île, la terre
Gétique, occupant, entre Buearest et Turnu-Séverin, la dépression Gétique, la partie Est de
la plaine Roumaine et la Dobrogea au voisinnage de la plaine Bulgare. Enfin, le bloc
Pannonique était émergé au Sud, à l’Ouest et au Nord de Temesvar: secteurs d’Arad-
Kôrôs Blanche-Kèrôs Noire-Kôrôs raide, au Nord de Belgrade. A la fin du Jurassique
supérieur, la région tout entière a subi une graduelle régression marine.
88

Sur la plate-forme russe, commence une grande transgression marine qui amorce un
golfe au Sud-Est d’Orenbourg et donne aussi un vaste débordement au Nord de l’Oural,
cet ensemble communiquant largement avec la mer de la cuvette Germanique. C’est l’un
des chemins de la grande transgression arctique. L’innondation la plus importante s’est
faite au Portlandien supérieur. Le Jurassiqùe supérieur est complet en Crirnée et dans le
Causase où il se termine par une séquence bigarrée lagunaire. Au Sud, dans le rift
Transcaucasien, l’émersion peut être assimilée au jeu des mouvements andins ou
névadiens (phase Cimmérienne). Dans l’Himalaya se dépose la série classique des shales
de Spiti, à l’Est de la Sait Range. Cette série se suit dans le Béloutchistan, le Cutch et
l’Iran (Elbourz). La transgression trans-érythienne se continue du Callovien moyen au
Kimeridgien.

En Extrême-Orient, la transgression maxima du Jurassique se réalise dans les rifts


Westralien et de Timor, en même temps que la mer franche gagnait les îles japonaises, la
Nouvelle-Calédonie et en Nouvelles-Guinée avec des faunes chaudes et des récifs. En
Sibérie occidentale, la transgression arctique se fait sentir dans le rift du Verkoïansk, puis
la transgression eircumpacifique du Tithonique dans le rift de l’Amour, tandis que les
plissements cimmériens supérieurs s’installent dans le Verkoïansk. Des bassins à charbons
envahissent les emplacements des mers en régression. Dans le Gondwana, la mer a
pénétré davantage les divers morceaux du puzzle : elle a touché la Patagonie, léché la
région de Port-Elizabeth, mordu sur la partie ouest de Madagascar, et par là établi la
jonction des mers antarctiques avec le golfe Ethiopien affirmant la parentée indéniable des
faunes sud-andines avec celles de Spiti (Himalaya) et donc avec la Téthys. Des encoches
sont également repérables dans l’Inde et sur la côte Ouest de l’Australie. En Australie
reliée à la Nouvelle-Guinée, persitaient les lacs Wallon où s’accumulaient de grosses
épaisseurs des sédiments silico-clastiques. En Afrique, les conditions générales ne
semblent guère avoir été différentes de ce qu’elles étaient dans le reste du monde. En
bordure de la mer Ethiopienne, à Tendaguru, se sont déposées des couches comparables à
celles de la Formation de Morison. Cependant, après une transgression callovienne sur le
rift Chilien, et une phase de lagune d’évaporation en Argentine, au Chili, au Pérou, en
Colombie et dans le Sud du Mexique, probablement à partir du Kiméridgien, se forment
les plis à grand rayon de courbure de la phas Andine, dans la cordillère du Pérou orientale.
Le volcanisme est actif sur le côté Ouest de la fosse Chilienne. Après la phase orogénique,
le Tithonique est à nouveau transgressif.

IV.19. Crétacé inférieur (145,0-100,5 Ma)

En Amérique du Nord, les montagnes formées par la phase orogénique Névadienne


dans la région cordillérienne se désagrègent. En particulier, à leur pied Est, de l’Alaska à
l’Idaho et jusqu’au Sud de la Californie, se sont formés des bassins, en communication
avec la mer; le contour de ces bassins était capricieux, offrant des presqu’îles et des caps.
La fosse Californienne continuait de s’enfoncer et recevait des argiles (devenues des
schistes) et des sables. Tandis que d’énormes batholithes continuaient de se mettre en
89

place en Californie, dans l’Idaho et en Colombie Britannique, le volcanisme était peu


actif. Pendant ce temps, la mer issue du golfe du Mexique s’étendait lentement vers le
Nord à travers l’Est du Mexique, le Texas et la Louisiane, puis, à la fin du Crétacé
inférieur, passant par l’Est du Colorado et le Kansas, atteignait l’Iowa, le Nebraska et le
Montana. Ces mers épicontinentales demeurèrent très peu profondes, donnant naissance à
des lagunes saumâtres, surtout au Nord, sur les terres basses, plaines côtières tantôt
fluviales, tantôt marines. Dans le Sud-Ouest de l’Arizona, cependant, les sédiments
proviennent de l’attaque de la chaîne Névadienne. Le rift Mexicain lui-même s’enfonçait,
ses eaux submergeant la presqu’île de Coahuila et recevait des sédiments et des roches
volcaniques issues de l’Est. La mer venant du Sud, dans laquelle se font sentir des
influences téthysiennes n’a pas communiqué durant le Crétacé inférieur avec celle qui
venait du Nord, le long du rift des Montagnes Rocheuses, et qui offrait des influences
boréales. Des couches continentales, provenant du démantèlement des Appalaches et
apportés sans doute par des fleuves, sinueux jusque dans leurs estuaires, se déposent sur la
plaine côtière atlantique, entre le New Jersey et la Géorgie. Dans les Antilles, la région
cubaine, précédemment plissée, est encore soulevée tandis que les Bahamas continuent de
s’enfoncer.

En Europe occidentale, la terre émergée couvrant presque toutes les îles


Britanniques, la France sauf le Sud-Est, la Belgique et les Pays-Bas, les Pyrénées et une
grande partie de la péninsule ibérique, était sillonnée de fleuves cherchant des issues vers
les mers raréfiées. C’est ainsi que, sur l’emplacement du « rift » Wealdien, s’installe un
immense delta formé par des matériaux apportés du Nord-Ouest par une ou plusieurs
rivières traversant la Cornouaille et l’Irlande, delta dont le front aboutit à la mer dans le
Sud-Est du bassin de Paris. D’autres formations deltaïques du même âge se rencontrent en
Allemagne du Nord (Brunswick) et en Espagne (Sud-Ouest de Barcelone). Les mers de
l’Europe occidentale constituent alors deux ensembles parfaitement séparés jusqu’à
1’Aptien non-compris : 1° une mer boréale dessinant un large golfe analogue à la Baltique
actuelle, mais fermé au Sud et issu de la mer Arctique, s’étendait à l’Ouest sur le
Lincolnshire et une partie du Yorkshire, au Sud sur le Danemark, l’Allemagne
septentrionale et le Nord de la Russie ; 2° le rift Alpin et ses abords. Ces deux mers n’ont
communiqué entre elles qu’à partir de l’Aptien par un chenal néritique couvrant les
bassins de Londres et de Paris s’étendant alors sur l’emplacement du delta du Weald.
D’ailleurs, du rift Alpin, la mer a débordé sur le Jura et le détroit Morvano-Vosgien dès la
base du Valanginien (Berriasien) offrant des allées et venues et des récurrences
d’émersion et de Wealdien jusqu’à la fin du Barré- mien. Les sédiments continentaux
wealdiens étant parfois bigarrés par l’oxydation et la semi-aridité du climat, il n’y a pas
lieu de s’étonner d’observer parfois des couches marines rouges: c’est le cas du Barrémien
supérieur de Wassy, dans l’Aube où existe de l’argile à biotope littoral. Dans le rift Alpin
proprement dit, s’individualise, sur l’emplacement des chaînes subalpines méridionales
autour de Rosans entre la Duranec et les cours inférieurs de la Drôme et de l’Aigues,
c’est-à-dire au Sud-Ouest de l’arc typique constitué par l’avant-fosse Dauphinoise, la
90

cordillère Briançonnaise et la fosse des Schistes Lustrés, une région qui, depuis le
Berriasien et au moins jusqu’à l’Alhicn constitue la fosse Vocontienne nettement
subsidente avec une sédimentation bathyale. Si l’on considère l’ensemble de la
paléogéographie alpine du Crétacé inférieur, on constate que demeurent émergées des
terres, résidus de la chaîne Hercynienne. Depuis longtemps soumises à l’érosion, le massif
Central assez loin de ses contours actuels, les noyaux cristallins de Mercantour, des
Maures et de l’Esterel, bordés au Nord par des faciès côtiers, terres qui encadrent
pratiquement la fosse Vocontienne et à plusieurs desquelles le ruissellement arrachait des
matériaux probablement très fins. Ceux-ci, troublant la mer, devaient s’opposer à tout
développement coralligène. Ce qui permet d’expliquer la localisation du faciès urgonien,
au Sud de la région, moins riche en terres émergées, c’est-à-dire à la Provence ainsi qu’au
Nord de Die, hors du rift. Ce raisonnement est moins valable pour la région grenobloise,
mais nous ne savons pas exactement si la chaîne de Belledonne était émergée et, dans ce
cas, où se dirigeaient les principaux cours d’eau. Dans le Jura, nous avons vu que la mer,
transgressive dès le Néocomien, avait apporté des ensembles coquilliers. La subsidence
s’accuse alors dans la région neuchâteloise où les sédiments sont le plus épais. Dans le
Sud de l’Italie, depuis le détroit de Messine jusqu’au Monte Gargano (NNE de Foggia),
s’édifient des calcaires zoogènes en grande partie coralliens. La mer du Nord, sans
communication avec celle que nous venons de décrire, forme un grand golfe gagnant le
Danemark, l’Allemagne du Nord, puis la Hollande. En Espagne, compris entre deux blocs
paléozoïques la Meseta hercynienne au Nord-Ouest et le massif Bétique au Sud, s’allonge
le rift Nord-Bétique s’étendant jusqu’aux Baléares où il conflue avec la mer du bassin de
l’Ebre. Hors de ce rift, après une régression maxima au Valanginien, qui épouse à peu
près les caractères du Tithonique, et où prévalent les marécages en Portugal, Aragon,
Catalogne, Asturies, a lieu une transgression urgonienne, puis des nouveaux une
régression à l’Aptien où s’installent de nouvelles lagunes à la fin de l’étage et surtout à
l’Albien (localité d’Utrillas).

Au Portugal, la mer néocomienne a édifié des calcaires à Huîtres rappelant ceux du


Jura, des biohermes urgoniens dans la région de Lisbonne, tandis qu’au Nord, près de
Torres-Vedras, un fleuve apportait des grès dans lesquels se sont conservés des Végétaux.
Le massif Hispano-Corso-Sarde continue de relier les Pyrénées, le massif des Maures et
de l’Estérel, la Corse et la Sardaigne. Le massif Bético-Rifain, immergé au Néocomien et
ensuite exondé, s’étendit alors sur la région Bétique, le Rif et la Kabylie. L’Afrique du
Nord continue d’appartenir à la Téthys occidentale et d’offrir. Dans sa région
septentrionale (fosse des Haha au Sud-Ouest du Maroc, dans le rift du Rif et du Prérif, en
Algérie et en Tunisie) les mêmes faciès que les Alpes. Enfin, dans le Rif moyen, il faut
signaler au Néocomien, une phase d’émersion et de plissements locaux. Au Sud de ce rift,
se forment des dépôts côtiers et des couches lagunaires. Puis vient le continent Saharien,
en bordure duquel s’accumulent de grandes épaisseurs de sédiments détritiques, de marnes
et de grès à lignites, suggérant l’existence d’un ou de plusieurs deltas entre le Tafilelt et
l’Aurès. Cependant, de la Tunisie à l’Egypte, et même jusqu’en Arabie et au Liban, le
91

Crétacé inférieur se trouve sous des faciès deltaïques alimentés par de grands fleuves
coulant sur les continents adjacents et coupés par de rares bancs d’Huîtres. Ce sont les
grès de Nubie, dont le substratum date parfois du Carbonifère et qui, au Liban, renferment
des lignites et du succin avec des restes de Conifères. L’Aptien supérieur sera ici, comme
dans le Sud de l’Angleterre ct comme en Aragon, le début de l’invasion marine. Des
coulées doléritiques indiquent un volcanisme intense.

En Roumanie, la régression sur les rifts du cycle alpin, que nous avons vu
commencer au Portlandien supérieur, atteint son maximum au Valanginien moyen, et l’on
peut dire que les conditions du cycle sédimentaire jurassique se sont prolongées jusqu’à
cette époque. La terre Moldave engloba la Dobrogea du Nord, la terre Transylvaine
annexa presque toute la zone cristalline des Carpathes orientales (sauf sur la bordure Est)
et le massif des Monts Apuseni, la terre Gétique lui étant peut-être reliée. Quant au rift des
Carpathes orientales, il est rétréci et son axe déplacé vers l’Est ; le Valanginien inférieur et
moyen manquant et les couches de Sinaïa (Hauterivien) commençant par un conglomérat,
on peut penser à l’ébauche d’une cordillère, à un « frémissement tectonique » : c’est la
phase orogénique de Hils. Cependant, les eaux de ce rift Carpathique débordaient vers le
Sud-Est à travers la partie Est de la plaine roumaine et le Sud de la Dobrogea, et elles
atteignaient le rift Balkano-Criméique ; vers l’Ouest, elles se répandaient par un chenal
étroit séparant la terre Gétique de la terre Transylvaine jusqu’à la mer baignant le Banat
(autour de Resita). A l’Ouest de celleci, le bloc Pannonique attenait à la terre
Transylvaine. Tous ces bras de mer roumains sont occupés par des eaux chaudes en plein
domaine mésogéen. Sur les terres se déposaient des formations lacustres et saumâtres,
analogues au Wealdien, (Valanginien supérieur ou Hauterivien des Monts de Pàdurea
Craiului), et sans doute des altérations latéritiques se produisaient-elles sur les plateaux
comme aujourd’hui en Afrique équatoriale elles ont donné des bauxites sur les Monts
Apuseni, et ont été lessivées par la transgression de Sinaïa qui commence assez souvent
par des marnes rouges. Après la phase de Hils, le rift Carpathique devient celui du Flysch
Carpathique, et le rift des Monts Apuseni s’individualise. La transgression commence sur
les secteurs exondés : la terre Moldave est peu modifiée, la terre Transylvaine revient à
peu près à sa configuration du Jurassique supérieur sauf dans le Sud-Ouest où elle
s’augmente d’une partie émergée entre Sibiu et Resita ; en tous cas, clic est bien séparée
de l’île Gétique ainsi que du bloc Pannonien. Le rift Carpathique occupait l’emplacement
qu’il avait antérieurement, mais il recevait des matériaux qui donneront du flysch, et il
s’élargissait au moins vers l’Ouest ; il se dilatait également à l’Est sur l’emplacement des
Monts Persani et formait toujours un bras de mer vers la Dobrogca méridionale qui
atteignait le Balkan oriental. Une petite île occupait la Leaota entre Ploesti et Sibiu. Un
autre bras de mer recouvrait le Banat, séparé du précédent par la crête cristalline du
Semenic (entre Resita et Svinita). Vers le Nord un prolongement de cette mer est le rift
des Monts de Mures (entre Targu-Mures et Temesvar) où se déposait également du flysch,
dont l’axe était occupé par une crête et qui, au niveau des Monts du Bihor (Sud-Ouest de
Cluj), se ramifiait sur les Monts du Codru et de Pâdurea Craiului. Dans tous ces rifis la
92

sédimentation des avant-fosses le long des cordillères est un flysch composé d’une
alternance de grès calcaires et de calcaires en plaquettes (couches de Sinaïa), et ailleurs de
marnes gréseuses pauvres en calcaires, surtout près des rivages. A la fin de l’Hauterivien
et au début du Barrémien se produisent les premiers phénomènes orogéniques importants
des Carpathes méridionales et orientales alors naissent des cordillères et s’exondent
certaines régions, sur la bordure de l’axe cristallin de la chaîne.

Dans les Carpathes méridionales, les mouvements tangentiels ont été assez
importants pour susciter une nappe de charriage, la nappe Gétique, qui amène les schistes
cristallins à chevaucher et à glisser sur les couches de Sinaïa. C’est la phase
Prébarrémienne, qui appartient au Cimmérien supérieur. Durant le Barrémien, la terre
Transylvaine s’est adjoint la zone cristalline des Carpathes méridionales ou chaîne
Gétique (entre Resita et Brasov). à l’exclusion du Banat, mais entre Turnu-Severin et
Brasov une transgression probable semble avoir diminué l’étendue de l’île Gétique
(région de Craïova-Slatina). Plusieurs cordillères se forment du côté bordier interne
(Ouest) du rift du flysch Carpathique : crêtes de Leaota-Brasov, de Dàmue dans le bassin
du Bicaz, de Câmpulung en Bucovine, pour la plus interne qui est la plus accentuée, une
seconde cordillère étant située à l’Est. Le bras de mer du Banat est devenu un large rift
Nord-Sud, communiquant avec le rift du Mures. Des récifs se rencontrent dans le Banat,
en Dobrogea centrale et localement dans les Monts de Pàdurea Craiului. Vers l’extérieur,
dans l’avant-fosse, jusqu’à la limite du flysch, une mer peu profonde et calme a déposé
des vases fines, sapropéliennes, renfermant des bitumes : ce sont les Couches d’Audia,
roches-mères probables d’une partie du pétrole roumain. Enfin, dès cette époque, des
communications semblent avoir été reprises avec les mers plus au Nord, voire avec
l’Allemagne septentrionale, car on rencontre dans les formations roumaines des espèces
communes avec ce pays. Enfin, durant l’Aptien, nous atteignons le début d’une nouvelle
phase de régression, correspondant à la terminaison du cycle sédimentaire instauré au
Valanginien supérieur. La terre Moldave et l’île Gétique se soudent entre Cernavoda et
Constantza, la terre Transylvaine s’accole par le Nord au bloc Pannonien. Le rift du flysch
des Carpathes orientales se rétrécit, tandis que ses eaux tendent à envahir la zone
cristalline.

Les cordillères deviennent plus grandes et plus nombreuses et finalement refoulent


complètement les mers. Des bassins, presque isolés de la haute mer par les cordillères, se
constituent alors et donnent des évaporites. Enfin dans la Dobrogea, les dépôts sont ceux
d’un delta. Sur la plate-forme Russe, la mer hauterivienne formait un golfe s’ouvrant vers
le Nord et s’arrêtant entre Moscou et Simbirsk ; au Barrémien, cette mer opérait la
jonction entre la mer Arctique et la Téthys ; enfin, à l’Aptien, c’est de nouveau un golfe
mais ouvert du côté mésogéen et fermé un peu au Sud, de l’estuaire de la Petchora.
L’évolution de cette région durant le Crétacé inférieur montre bien une fois encore que
nous passons des influences d’une transgression arctique et circumpacifique à celles d’une
transgression téthysienne. Soulignons que ce bras de mer Russe s’est formé nettement à
l’Ouest de l’Oural (Simbirsk en est distant de 650 km). La Téthys moyenne est connue en
93

Turquie durant le Crétacé inférieur. En Iran, le Valanginien est presque entièrement


continental et lagunaire sauf dans l’Elbourz qui fait suite à la Transcaucasie, mais l’Aptien
est franchement transgressif. Le rift Béloutche continue de joindre Madagascar à l’Afrique
du Sud et à l’Himalaya.

Au Japon, mis à part les petits golfes lagunaires de Chara Ulach et de Sikhota Alin,
la Sibérie est exondée, semée de quelques marécages. Les phases orogéniques d’Oga qui
font partie de l’orogenèse Pacifique du Cimmérien supérieur se placent au Néocomien et
correspondent à un stade important de l’histoire du Japon qui a été presque entièrement
émergé, sous un faciès rappelant le Wealdien des lagunes saumâtres se forment au Sud; le
chenal de Yoshimo est ouvert. Des lacs d’eau douce offraient une faune particulière. C’est
alors que s’est plissée la Corée et le Sud-Ouest de l’île de 1-Iondo, subissant des
charriages, en particulier celui des groupes d’Akiyoshi et de Para-Akiyoshi dans le secteur
de Yamaguchi, à l’Ouest d’Hiroshima, sur une distance de plus de 40 km, qui donne le
recouvrement d’Oga. Des intrusions de roches plutoniques basiques (Yakuno) se
produisirent le long du front Sud-Est du recouvrement. Une deuxième phase orogénique,
plus forte, se place, au Barrémien : c’est la phase d’Oshima. Après la phase d’Oga, la
Corée et le Japon restèrent émergés dans leur plus grande partie, l’installation de plusieurs
lacs d’eau douce marquant la fin des plissements précédents ce sont les lacs de Wakino et
de Naktong séparés des influences pacifiques par les jeunes montagnes. Sur la côte Sud,
continuent de se former des lagunes dans lesquelles se déposent une grande quantité de
sédiments clastiques, provenant en partie du démantèlement des granites d’Akiyoshi.
Parfois l’océan apportait une faune plus marine, tandis que des veines minces de charbon
permettent de reconstituer des épisodes marécageux. L’orogenèse d’Oshima a plissé le
Japon occidental, donnant naissance à une ride le long de sa région médiane et à un
enfoncement de part et d’autre de cette cordillère. A la suite de ce mouvement, la
séquence de Miyako (Aptien-Albien), au Nord-Est de Hondo, représente une invasion
marine, d’ailleurs très peu profonde. D’importants plissements ont achevé de consolider la
Mongolie et la Chine à la fin du Jurassique supérieur. Le démantèlement de ces chaînes a
donné lieu à de grands bassins détritiques : bassin fluviatile d’Oshih-Ondaisair (Mongolie)
; bassin rouge du Kan-Sou, du Chensi, du Chansi, du Tsinling Nord et du Luliang
occidental ; bassin rouge du Se-Tehouen, à charbon et pétrole ; lac à Cyrènes et Unios du
Kuei-Teheou. De même, des marécages ainsi que des volcans bordent la Chine à l’Est.

En Insulinde, le Crétacé inférieur est représenté dans le rift de Timor-Célèbes


oriental et celui de Sumatra-Java. Une phase orogénique barrémienne affecte la zone
d’Anambas, tandis qu’un are volcanique s’installe entre celui-ci et Sumatra, île en partie
émergée et voleanisée. Dans le rift circumaustralien s’est produite une importante phase
orogénique, la phase Pacifique (phase Cimmérienne supérieure) ; entre le Jurassique
supérieur et l’Aptien on ne connaît pas de terrains marins en Nouvelle-Guinée, en
Australie (sauf peut-être dans le Sud, à Perth, où l’on a récolté des Foraminifères de cet
âge), en NouvelleCalédonie, ni en Nouvelle-Zélande. Dans ce dernier pays se produisent
des plissements, qui seraient probablement contemporains de la phase japonaise
94

d’Oshima, c’est-à-dire barrémiens c’est la phase d’Hokonui, qui a été accompagnée par un
éruptivisme intense intrusions de péridotite et de gabbro depuis le Nord de la presqu’île
d’Auckland jusqu’au Fiorland et au Southland, au début de la phase. La transgression
barrémienne a cependant amené une mer peu profonde (mer de Rorna) à prendre en
écharpe le centre de l’Australie.

En Afrique du Sud, le Néocomien (Wealdien) est représenté par la séquence de


Uitenhage (près de Port-Elisabeth) et ses équivalents, transgressive sur le Sud de la
province du Cap. Les strates sus-jacentes sont des argiles sableuses bigarrées renfermant
des Mollusques d’eau douce et saumâtres ; elles passent latéralement à des couches
saumâtres puis à des formations argileuses, plus franchement marines au Sud de Port-
Elisabeth. La partie supérieure de la séquence de Uitenhage est composée des couches du
fleuve Sunday qui sont des argiles, des shales avec rares passées de grès souvcnt vert ou
salifère, fournissant une faune marine, encore de type lagunaire. Comme nous l’avons dit,
sur l’autre rive du canal de Mozambique, la côte Ouest de Madagascar appartient à la
même province marine. Sur la côte Ouest de l’AfriqLle, signalons, au Barrémien, une
transgression marine téthysienne le golfe à Pulehellia du Cameroun. En Amérique du Sud,
les mers sont restées franchement téthysiennes le Barrémien. En particulier se présente
sous le faciès Urgonien à Requienia au Chili et au Pérou.

En Amérique du Nord, le Crétacé moyen continue pratiquement les conditions du


Crétacé inférieur. Cependant, la ride des Névadides restait en activité orogénique, car sur
son flanc Est, une fosse subsidente, dans l’Utah du Nord, et du Centre, recevait de lui des
conglomérats épais et grossiers. A l’Ouest se déposait la séquence marine de Shasta dont
le sommet correspond à l’Albien. A peu près à la limite de l’Albien/Cénomanien, lors de
ce qu’on appelle parfois la phase Orégonne, les mers épicontinentales ont subi une
régression presque totale, abandonnant des marécages près desquels poussaient des forêts
en grande partie composées d’Angiospermes et où vivaient des Tortues, des Crocodiles et
de nombreux Dinosaures dans les couches continentales du Potomac, Formation
d’Arundel, discordantes sur la formation antérieure de Patuxent. La mer téthysienne
s’étend dès l’Albien sur le Mexique, le Texas et le Kansas. Ce golfe est mis en relation
avec l’embouchure du Mackcnzie au Cénomanien, par le rift des Rocheuses.

En Europe occidentale, la mer, déjà transgressive au Crétacé inférieur, s’étend de


plus en plus à l’Albien, elle dépose des sédiments littoraux sur le Morvan et l’estuaire de
la Seine ; au Cénomanien, elle recouvre l’Ardenne, le Perche et le pourtour du massif
Central. La mer envahit toutes les contrées où émergeaient des granites hercyniens. Ces
faciès s’étendent sur toute l’Europe, de l’Angleterre à la Russie du Sud où la mer, toujours
reliée à la Téthys, se joint, par la Pologne, à celle de l’Allemagne du Nord ; ils atteignent
aussi la Téthys du côté français, dans le Jura (Perte du Rhône), dans les chaînes
subalpines, en Provenee et dans l’Ariège (Foix). Comme on n’y rencontre aucun récif ni
aucun organisme subrécifal on peut affirmer que les mers dans lesquelles ils se sont si
uniformément déposés étaient des mers non chaudes mais tempérées.
95

IV.20. Crétacé supérieur (100,5-66,0 Ma)

En Amérique du Nord, la ride Cordillérienne continuait de s’élever, et même paraît


s’être alors prolongée dans le Sud du Nevada et l’Ouest du Mexiquc. Une ride nommée
Salinia, divisait la fosse Californienne, tandis qu’une autre, Kiarnathonia, séparait un
bassin occupant le Nord de la Califomie d’un autre comprenant l’Orégon et le
Washington. Dans le rift Mexicain, une fosse allant du Sud-Est de l’Arizona au Nord du
Mexique se remplit de conglomérats grossiers et de matériaux volcaniques, tandis qu’une
autre fosse Parras-trough, située au Sud de la plate-forme de Coahuila, et dirigée Est-
Ouest, s’enfonce et reçoit surtout des shales et des calcaires. Les mers épicontinentales,
peu profondes, répandues sur le centre des Etats-Unis dans les Montagnes Rocheuses et
les Grandes Plaines, n’érodent plus guère le substratum et ne déposent que des sédiments
fins qui entrent dans la catégorie des craies. Le bras de mer reliant le golfe du Mexique à
l’océan Arctique par les Rocheuses a subsisté jusqu’au Mastrichtien supérieur. C’est en
bordure de cette mer que se sont développés les biotopes continentaux.

Au Danien, la phase Laramienne a tout asséché, donnant des lacs à Mollusques. En


même temps, l’extrémité Nord de l’ancienne chaîne du Colorado subissait un
rajeunissement donnant naissance aux petites chaînes de l’Uinta, de Wind River, de
Sweet Water, de Beartooth, de Bighorn et peut-être des Black Huls, précurseurs de la
phase Laramienne. Dans le golfe du Mexique et sur la côte atlantique, la Floride et ses
abords deviennent subsidents ; l’enfoncement augmente vers le Sud jusqu’à l’axe d’une
fosse véritable ayant Cuba pour centre. Le delta du Mississipi commence ainsi de
s’indiquer en tant que dépocentre. Sur la côte atlantique, de la Géorgie au New-Jersey, la
mer est transgressive. Sur l’emplacement du rift Cordillérien, ou plus exactement sur celui
qui a déjà été le rift Beltien à l’Infracambrien et qui fut plissé en donnant les premières
Montagnes Rocheuses lors du cycle Hercynien, surgissent les Rocheuses modernes,
longues de 4 800 km entre l’Alaska et le Mexique et larges de 800 km. Une activité
volcanique prémonitoire s’était manifestée dans le rift des Rocheuses, par des couches de
cendres altérées en bentonites intercalées dans la Craie de ces régions. Enfin surviennent
les grands plissements, et lentement la mer se retire de cette région, laissant des marécages
d’eau douce peuplés de forêts qui abandonnent d’importants dépôts de matériaux
charbonneux : lignites, bitumes, anthracites sur 250000 km2 dans les Montagnes
Rocheuses. Des pétroles s’élaborent dans l’Est du Texas et du Mexique, ainsi que dans le
Wyoming (Sait Creek Field). Des mises en place de batholithes granitiques accompagnent
la phase Laramienne. Les plissements laramides se sont étendus à l’Alaska auquel ils
confèrent une géographie compliquée de caps et de bras dc mer étroits. Dans la région
antillaise, tandis que la fosse des Bahamas continue de se creuser et que Cuba s’enfonce ;
une activité volcanique se généralise à la fin du Crétacé supérieur, en particulier dans la
Jamaïque, les îles Vierges, Porto-Rico et Cuba en même temps se produisent des
plissements intenses à Cuba et Haïti, ainsi qu’aux îles Sous-le-Vent, à Tobago, à Trinidad
et dans le. Nord du Venezuela où ils ont en outre été accompagnés de métamorphisme.
Par le Venezuela, ces mouvements orogéniques établissent la jonction entre les Rocheuses
96

nord-américaines et les Andes sud-américaines, dont le plissement avait commencé au


Jurassique supérieur, mais qui ont été affectées fortement aussi par la phase Laramienne,
donnant dès cette époque une chaîne de 8 000 km de long.

Si nous passons au Cériomanien et au Turonien dans les mêmes régions, on


rencontre des faciès plus calcaires, les premières craies : craie glauconieuse au
Cénomanien, craie marneuse au Turonien dans le bassin Anglo-Parisien, dans le reste des
îles Britanniques (Irlande, Ecosse) et en Ardennes, pays affectés par la transgression. Ccs
dépôts correspondent en Allemagne du Nord aux Piliner. La transgression du Cénomanien
téthysien a succédé à une phase Pyrénéenne postérieure au dépôt de l’Albien dans
l’Ariège (Castéras) et qui est sensiblement contemporaine des phases Orégonne et
Autrichienne. La mer cénomanienne s’est avancée jusqu’au détroit du Poitou (lequel ne
fut franchi qu’à la fin de l’étage) submergeant la région aturienne, les dômes landais, le
Périgord et les Charentes, l’Ariège et les Corbières. Cette mer venait vraisemblablement
de la Téthys par le Nord-Ouest de l’Espagne et le Portugal, car vers le Sud-Est, les
formations, parfois récifales ou très littorales, offrent égalcment des dépôts lagunaires qui,
dans le Gard, correspondront à des gisements de lignites, indubitablement continentaux.
Vers le Nord, elle communiquait avec le Sud de l’Angleterre et le Cotentin, comme le
prouve la présence de récifs de Rudistes associés à des Orbitolines dans ces régions (e.g.
au Mans). Du Maine elle commençait à transgresser vers le Poitou, déposant des grès
riches en Mollusques. Durant le Cénomanien inférieur et moyen cette communication
s’est faite par le pourtour du massif Armoricain, car le détroit du Poitou était encore
émergé. Sur l’ensemble du Sud-Ouest de la France, la mer cénomanienne transgressive est
restée fort peu profonde. Au Sud, les Pyrénées sont entrées en pleine orogenèse et il se
forme de part et d’autre des cordillères naissantes, une abondante sédimentation. Enfin, du
côté de la terre ferme, les rivages de la mer cénomanienne étaient bordés de lagunes,
sortes de mangroves (ou peut-être de deltas) où des Mollusques saumâtres marins
voisinaient avec des Végétaux terrestres.

En relation avec la Téthys, il faut encore signaler un trait important en France


méridionale isolant vers le Sud la région alpine et subalpine, d’une part, du bassin
d’Aquitaine et des Pyrénées d’autre part, se place un large isthme émergé depuis l’Aptien,
l’isthme Durancien sur lequel l’altération météorique des calcaires urgoniens a produit des
poches d’argiles de décalcification, sortes de latérites, les bauxites. Postérieurement à ce
dépôt, les conditions climatiques sont devenues plus humides et des lacs se sont formés à
partir du Cénomanien. Mais, dès l’Albien, la transgression téthysienne a émis là un
nouveau bras, venant du Sud-Ouest: le golfe de I3asse- Provence qui a submergé une
partie de l’Isthme, et, à l’extrémité Est de ce diverticule en caecum, des lagunes saumâtres
et des plages sableuses. Au Turonien, des poudingues déposés par les fleuves venaient des
massifs émergés de la région des Maures (falaise du Bec de l’Aigle, près La Ciotat).

Dans les Alpes occidentales de Haute-Savoie et de Suisse (autochtone et nappes -


helvétiques), entre l’Aptien et le Cénomanien, des mouvements orogéniques ont suscité
97

l’émersion de la région, tandis que, durant le Turonien, une mer nouvelle l’a submergée et
y a déposé des vases à Foraminifères pélagiques. Les terrains des Nappes préalpines
semblent également témoigner d’une émersion, puis avoir été constitués par des apports
fins rarement fossilifères (couches rouges des Préalpes médianes et de la nappe de la
Brèche). C’est la phase Antésénonienne de plissements reconnaissable aussi au Nord des
chaînes subalpines. En particulier, dans les Alpes orientales, de véritables plissements se
sont produits juste avant le Crétacé moyen c’est la phase Autrichienne ou anté-Gosau qui
a provoqué l’émersion du Salzkammergut, lequel est ensuite devenu la proie d’une
altération en latérites et en bauxites durant tout le Crétacé moyen. Puis, comme sur
l’isthme Durancien, le climat a changé et, en même temps, la mer a commencé d’envahir
la région c’est alors une alternance des couches, saumâtres, renfermant des lignites, et des
couches marines.

En Roumanie, l’Albien marque une nouvelle régression amenant presque tout le


pays à l’état de terre ferme sauf une mer épicontinentale qui se développait au Sud des
Carpathes méridionales sur une partie subsidente du bloc Gétique, entre Turnu-Séverin â
l’Ouest, la région de Fagaras au Nord, les abords de Constantza à l’Est et une ligne
passant aux environs de Caracal et de Rosiori de Vede au Sud la mer venait de l’Ouest et
s’étendait donc à l’Est sur une partie de la Dobrogea de nouveau émergée, à la fin de
l’Albien ; elle donnait une digitation jusqu’à la région de Persani. L’île de Leaota
persistait. A cette, époque, il faut admettre l’existence de chaînes montagneuses la chaîne
Carpato-Cimmérienne comprenant les Carpathes orientales et les plis de la Dobrogea du
Nord, la Chaîne Gétique, érigée au Barrémien, unie au massif du Banat, enfin les monts
Apuseni (Ouest de Cluj) soudés au bloc de Gilau. Toutes les faunes marines sont
franchement d’accointances boréales, sans doute coupées de la Téthys par les blocs
méridionaux émergés dont fait partie la terre Gétique ; elles devaient venir de l’Allemagne
du Nord et de la Pologne. Mais au Cénomanien, la mer a décrit une ample transgression
partant du Sud-Est de la Pologne, elle s’installait sur la terre Moldave complètement
arasée (parce qu’émergée depuis le Gothlandien supérieur). Elle ne baignait pas le pied de
la chaîne CarpathoCimmérienne, mais laissait une étroite plaine côtière correspondant à
l’actuel bassin du Sereth. Cette terre s’étendait donc jusqu’à la zone cristalline et
comprenait une partie de la Dobrogea. Mais dans le secteur qui est au Nord de la ligne
Pecineaga-Camena, s’est produit un graben, le fossé de Babadag où s’est engoufrée la mer
venant du Sud- Est. Enfin, au Sud du golfe Bucarest-Cernavoda, la terre, soudée à la
Bulgarie émergée, constituait une voûte, la voûte du Déliorman. Les anciennes terres
Transylvaine et Gétique, maintenant subsidentes, sont recouvertes par la mer et
deviennent le bassin Transylvain et la mer ou dépression Gétique, communiquant entre
elles. Au Sud-Sud-Ouest de Brasov, l’île de Leaota persistait. Le massif montagneux du
Banat et les terres attenantes constituaient, une terre des Carpathes méridionales dont la
côte Nord était échancrée par le golfe de Hateg issu du bassin Transylvain. Le massif
montagneux des monts Apuseni émergeait à l’Ouest. Un golfe recouvrait la région de
Pâdurea Craiului.
98

Le Turonien est d’ailleurs marqué par une nouvelle régression faisant émerger la
terre Moldave et d’autres par intermittences à l’exception du bassin de Hateg, de l’Est du
bassin Transylvain et du fossé de Babadag. Des marécages ayant donné des couches
charbonneuses s’installent par endroits (Sebesel). Mais une nouvelle transgression
commencera au Turonien supérieur la terre Moldave fut cependant annexée au continent
qui englobe la zone cristalline des Carpathes orientales, la Dobrogea, le Déliorman et l’Est
de la plaine Roumaine. La terre des Carpathes méridionales était toujours émergée ainsi
que l’Ouest du Banat, tandis que le fossé de Babadag et la dépression Gétique restant en
communication avec le bassin Transylvain demeuraient marins, ce dernier s’étant agrandi
vers l’Ouest. Dans le fossé de Babadag et le long de la côte Est du bassin Transylvain
s’étendaient d’immenses vasières. Le Caucase était en grande partie exondé. Dans le rift
Transcaucasien, émergé depuis le Callovien au cours d’une longue phase Cimmérienne, la
mer fait une courte invasion durant l’Albien supérieur ou le Cénomanien inférieur sur le
versant occidental du Kazan Laïla, région la plus constamment submergée. Ensuite se
produit une nouvelle émersion, accompagnée d’éruptions volcaniques. De telles éruptions
se sont produites à la même époque dans les Balkans et l’arc Iranien.

Durant le Crétacé moyen, l’Oural a été profondément érodé, puis la mer s’est
étendue vers l’Ouest au delà du 60eme méridien. Les mers d’Europe occidentale et de
Russie se sont réunies au niveau de la Russie Blanche (Minsk), en contournant le massif
Ukrainien et en déposant de minces couches gréseuses au Cénomanien, puis de la craie
blanche pure à silex au Turonien. Fermé au Nord, ce bras de mer communiquait avec la
Téthys par le Caucase et la Roumanie. En Espagne, la Téthys occidentale accentue la
transgression commencée au Crétacé inférieur. Au Cénomanien, elle envahit même la
Meseta hercynienne. Le rift Méditerranéen se déplace vers le Sud, laissant émerger
Majorque et Minorque. Le bras de mer Aragonais élargi se peuple de Rudistes et
d’Huîtres, tandis que les Pyrénées exondées, unies au massif Hispano-Corso-Sarde,
séparent les bassins d’Aquitaine et d’Aragon. Le massif Bético-Rifain est sans doute
émergé.

En Afrique du Nord, l’Albien demeure un étage de faible extension, marin dans le


Pif et dans le golfe des Haha, en Algérie atiasienne et jusqu’au Nord de Sousse avec des
faciès vaseux. Le reste du pays était émergé et recevait toujours des sédiments détritiques.
L’Albien supérieur et le Cénomanien envahissent localement le Moyen- Atlas, le Haut-
Atlas et ceinturent l’Anti-Atlas, submergeant les plaines marocaines où se forment des
lagunes. En d’autres régions, comme les hauts plateaux marocains (Haci Abiod), dans le
Sud algérien (région du Sud Constantinois), en Tunisie, se développent des formations
récifales avec tout le cortège des lagunes et des sables coralliens. Le sillon Tellien (Sud de
Sidi-bel-Abbès, Nord de Boghari, Constantine, Thala) était accidenté de hauts-fonds sur la
ride du Chélif. L’Atlas saharien était subsident. Au Turonien, la transgression atteint son
maximum. Tous les bassins confluent et, en Algérie, seule une bande côtière Oran-
Mostaganem-Ténès-AlgerBône, est émergée. En Afrique centrale, une grande
transgression, pressentie dès le Barrémien, se manifeste dans le Nigéria, en Guinée, en
99

Angola et au Gabon durant l’Albien et envahit le Sahara à la fois par le Nord et par le Sud
au Cénomanien. C’est ainsi que la Tripolitaine, une partie de l’Egypte, le pourtour des
massifs anciens (y compris l’Ahaggar), le Tchad, le Niger, la Bénoué, alors immense pays
complètement arasé sont recouverts par une mer peu profonde, souvent lagunaire.

Au Cénomanien, la Téthys moyenne en transgression a recouvert la Syrie, cette


transgression a été progressive également en Iran où la mer occupe finalement tout le pays
sauf dans l’Ouest du Béloutchistan, en Afghanistan méridional, et dans l’Himalaya, qui
sont affectés par la phase orogénique Pré-Gosau. La transgression envahit l’Inde
péninsulaire. Au Japon, l’Aptien et l’Albien correspondent au dépôt des Couches de
Miyako, transgressives sur les terres émergées du fait de la phase orogénique d’Oga,
d’une manière comparable à ce que nous avons vu dans la province de Téruel et au Liban.
Dès le début du Cénomanien se place la phase de Sakawa, phase majeure de l’orogenèse
de Sakawa, laquelle a duré exactement depuis le Miyako supérieur jusqu’avant la fin du
Gyliakien (Cénomanien). Cette phase a donné une structure en écailles à l’Ouest nippon et
semble avoir commencé plus tôt dans le Nord que dans le Sud. Alors s’est produit un
important charriage séparant les Sakawaïdes en deux régions magmatiques, une partie
externe et une partie interne le Groupe de Ryokc, injecté de roches ayant suivi le dynamo-
métamorphisme de Nagatoro qui affecte le Groupe de Sambagawa-Mikabu (lequel a été
amené dans les profondeurs de la lithosphère externe), est charrié sur le Sambagawa. A la
suite de la détente causée par ce charriage, eut lieu la mise en place du grand batholithe
Chugoku. Le Nord du Japon qui ne se heurtait pas à une masse résistante, aurait été
déplacé vers le bassin du Pacifique sur un long trajet et, au cours de ce déplacement, il
aurait été fragmenté pour donner divers morceaux de l’Archipel Nord, en particulier
Ashikaga, Yamizo. Abukuma, Kitakami. Enfin, c’est à cette époque que les arcs de Riou-
Kiou, des Kouriles et des Mariannes sont entrés en activité. L’étage Gyliakien lui-même
est représenté par des conglomérats et de grès ayant le caractère d’une molasse. Ajoutons
qu’en Sibérie orientale s’est fait sentir alors la phase orogénique Kolymienne, avec le rift
volcanisme correspondant.

La jonction continentale de Béring en a été favorisée, si bien qu’alors les


Cératopsidés connus en Mongolie ont pu émigrer par là jusqu’en Amérique du Nord, où
ils vont désormais évoluer rapidement. Dans le rift Circumaustralien, déjà l’Aptien, mais
surtout l’Albien et le Cénomanicn sont localement transgressifs. C’est généralement la
Téthys qui fournit ces débordements, mais des interruptions dans les faunes montrent qu’il
a existé des barrières, peut-être climatiques, probablement aussi topographiques, en tous
cas temporaires, qui ont isolé les deux mers : on connaît un Albien marin (mer de l’ambo)
en Australie centrale et le Cénomanien à Ammonites est représenté en Nouvelle- Guinée
(Papouasie). En Nouvelle-Calédonie, des couches saumâtres à Mollusques accompagnées
de charbons, sont rapportées jusqu’à présent au Crétacé moyen. En Nouvelle-Zélande
comme en Australie, des dépôts marins peu profonds succèdent à la phase orogénique
d’Hokonui à partir du Cénomanien, et la faune rappelle à la fois celles de l’Inde, de la
Patagonie et de l’île Seymour mais ne renferment pas d’Orbitolines ; en outre, des
100

granites, équivalents du Chugoku japonais, se mettent en place dans les provinces de


Nelso et de Westland. Dans le rift de Timor-Est Célèbes, la faune marine est franchement
téthysienne, renfermant des bancs à Orbitolines et à Gastéropodes. En Afrique de l’Est et
du Sud, dans le Zululand et le Natal, 1’Aptien et l’Albien sont représentés par des couches
peu profondes accompagnées d’une faune semblable ù celle du Cénomanien. De l’autre
côté du canal de Mozambique, sur la côte Ouest de Madagascar, se retrouvent des
formations tout à fait comparables. Il y a donc certainement transgression, mais les faunes
apportées par elles sont peu récifales, er même franchement tempérées, rappelant le Gault
européen. C’est au Crétacé moyen que se seraient produites les grandes failles africaines,
probablement contemporaines de la fin du morcellement du Gondwana. Dans la basse
vallée du Zambèze, se font jour des épanchements de laves alcalines en rapport avec une
ou plusieurs de ces failles.

En Europe, le Crétacé supérieur est marqué par l’extension de la mer qui dépose la
craie blanche à silex sous climat tempéré. La carte et les coupes des affleurements, ainsi
que la nature des faunes, indiquent une transgression arctique succédant normalement à la
transgression téthysienne précédente la mer couvre en effet la Grande-Bretagne, sauf le
Sud et le Nord-Ouest de l’Irlande, de même que le Nord- Ouest du Pays de Galles, qui
sont émergés, la Belgique et le bassin de Paris, apportant par le détroit Morvano-Vosgien,
les Echinides et les Bélemnitelles des régions boréales sur le Jura, les chaînes subalpines,
la Lombardie et la Vénétie. La craie blanche recouvre la Hollande, le Danemark et le Sud
de la Suède, l’Allemagne du Nord, la Pologne, une partie de la Russie d’Europe, la
Crimée et le Nord du Caucase. A son rivage Sud, la mer de la Craie attaque d’anciens
massifs, e.g. la Bohème et le Harz, formant l’île de l’Europe moyenne, et le sédiment
devient détritique. Au Danien, une partie de cette mer s’est retirée, en particulier du bassin
de Paris où reste peut-être un golfe.

Dans la Téthys au Sud-Ouest de la France occupe encore le Sud-Ouest de la France


au Coniacien-Santonien dans les Pyrénées orientales. Le Coniacien et le Santonien de la
fosse Aturienne sont représentés par des calcaires crayeux sans macro-fossiles, tandis
qu’en Charentes, le Coniacien est calcaire et renferme des Ammonites, des Gastéropodes
abondants, parmi lesquels des Pleurotomaires, et de nombreux Bryozoaires, faciès qui
paraît peut-être un peu plus profond, en tous cas de mer moins chaude, que les faciès
précédents, bien que toujours néritique. Le Santonien supérieur des Charentes et des
Corbières est littoral, généralement gréseux, parfois graveleux, renfermant des récifs de
Polypiers et des Rudistes isolés dans des marnes fines, indices de vasières sans doute
proches des côtes. Au Campanien, la physionomie de la région se modifie grandement.
Tandis qu’en Charentes se perpétuent les biotopes néritiques avec ou sans Rudistes, les
dômes de la région aturienne sont couverts de calcaires à Huîtres. Mais, dans les Pyrénées,
la mer commence d’envahir la zone axiale, déposant des conglomérats quartzeux à
Amélie-les-Bains, à Gavarnie et au Mont-Perdu. A cette transgression correspondent des
régressions locales en Ariège, après un dernier niveau à Hippurites, s’installent ici et là
des lagunes saumâtres, telles que celle de Bélesta, où ne sont représentés que des genres
101

non franchement marins. Enfin, l’émersion est totale dans les Pyrénées orientales où déjà
se déposent des grès continentaux qui indiquent le rattachement de la région à l’isthme
Durancien, sans doute sur l’emplacement du golfe du Lion.

Au Maëstrichtien, Charentes et Périgord (duquel peut être rapproché celui des


Landes) présentent une formation crayeuse sur la rive Nord de la Gironde, la craie de
Royan. Mais à la fin du Maëstrichtien, cette craie est ravinée peut-être par des courants
sous- marins. La région Aturienne, conservant ses caractères franchement marins, est une
fosse atteignant la région de Gavarnie. Mais l’Est pyrénéen est définitivement continental
: le Maëstrichtien supérieur offre des faciès rouges dans les Corbières, des lagunes
saumâtres en Ariège et dans les petites Pyrénées. Au Danien, seule la fosse Aturienne
demeure marine.

Au Sud-Est de la France, nous voyons la transgression du golfe de Basse-Provence


persister au Coniacien et au Santonien. L’émersion se prépare au milieu du Santonien par
l’installation de bancs d’Huîtres, puis devient effective au Campanien, qui offre alors un
faciès saumâtre à Cyrènes et Melanopsis, comprenant des argiles, de lignites et de
calcaires franchement lacustres. Au Maëstrichtien, ces faciès persistent : dans le bassin de
Fuveau, qui était sans doute une sorte de lac tourbeux, ombragé de Palmiers et sur lequel
flottaient des feuilles de nénuphars. Enfin, durant le Danien, ces dépôts détritiques
continentaux persistent, ainsi que les lacs, donnant d’une part des argiles rouges, d’autre
part des calcaires : c’est le Rognacien, transgressif depuis Draguignan jusqu’au delà
d’Avignon. Dans les régions Alpines, la fosse Vocontienne est exondée depuis le
Turonien à la suite de mouvements orogéniques : après les plissements antésénoniens, la
mer est revenue sur l’emplacement des chaînes subalpines septentrionales. Dans le reste
des Alpes, c’est la phase orogénique Alpine, qui, répercussion atténuée de la phase
Laramienne, n’en a pas moins affecté les Chaînes Subalpines, les Alpes Orientales, plus
fortement les Dinarides et les Balkans, ainsi que les Apennins. Pour toutes ces chaînes
cependant, l’évolution du rift n’est pas encore terminée: nous sommes encore au stade
synorogénique.

Le Crétacé supérieur de Roumanie comprend, comme dans le Sud de la France, deux


phases distinctes séparées par des mouvements épirogéniques (phase Subhercynienne). De
la fin du Turonien au Santonien compris, la mer a envahi de nouveau le rift du flysch des
Carpathes, démantelant la bordure montagneuse de l’Ouest de la terre Moldave, tout en
continuant d’occuper le fossé de Babadag, et apportant des récifs à Rudistes dans les
Monts Apuseni et les Carpathes méridionales, des faunes boréales d’Ammonites dans les
Carpathes orientales et la Dobrogea. Du Campanien au Danien inclusivement, on voit
s’assécher le fossé de Babadag dont l’emplacement est annexé par la terre Moldave, tandis
que le rift des Carpathes orientales s’allongeait jusqu’à rejoindre la mer qui avait envahi la
dépression Gétique, la plaine Roumaine, le centre et le Sud de la Dobrogea, et la plate-
forme Prébalkanique, mer, qui admettait une île au Sud du Danube, entre les rivières
Osma et Lom Blanc. C’est alors que s’est produite l’émersion progressive de la
102

Transylvanie convertie au Danien en un pays de marécages et de palmeraies. Des lacs


d’eau douce et des torrents apportant une abondante sédimentation détritique complètent
ce paysage. Dans le chenal étroit qu’est devenu le rift Carpathique, continue de se déposer
du flyséh. Ajoutons que, à la fin du Sénonien et durant le Danien, s’est fait sentir une forte
activité volcanique surtout dans l’Ouest de la Roumanie: coulées et cinérites de Rusca
Montana, dacites de Valea Vintii, dacites et andésites de Viadeasa, rhyolites de Borodul
Mare. Les batholites de Banatites (roches allant du granite au gabbro) et probablement la
syénite néphélinique de Ditrau se seraient mis en place au Sénonien. Nous sommes là
dans les séquelles de la phase paroxysmale Autrichienne qui a plissé les Carpathes au
Crétacé moyen. Les mouvements postérieurs qui peuvent être rattachés à la phase
orogénique Subhercynienne ne sont plus que des ondes très faibles.

En Transcaucasie, la mer transgresse ces coulées volcaniques au début du Coniacien.


Enfin l’Oural était en grande partie submergé par une mer peu profonde déposant des
sédiments détritiques. Dans la dépression aragonaise (Méditerranée occidentale), les
dépôts marins au Sud-Est, souvent même saumâtres au Portugal, passent plus ou moins
rapidement à des roches détritiques continentales qui, au Danien, recouvrent l’ensemble
de la région. La Méséta ibérique, grande île incurvée, occupait un peu plus de la moitié de
la péninsule (La Corogne, Madrid, Cap S. Vicente). Le massif Baléaro-Corso-Sarde, relié
aux Pyrénées, étend sa surface émergée. Le rift Nord-Bétique est en voie de comblement.
Le Massif Bético-Rifain demeure émergé. Par contre, les régions du Sebou dans le Prérif
et celle du Dadès dans le Haut-Atlas offrent une sédimentation marine. Des mouvements
correspondant approximativement à la phase Subhercynienne se sont produits avant le
Matrichtien dans les Djebilet (Sidi Allai Keroumi) et dans le Haut- Atlas (Tizi n’Machou).
Au Sénonien inférieur, un golfe s’étend d’Agadir à Casablanca entre la terre marocaine,
qui gagnait, en Algérie, Saïda et Géryville, et une terre Bône-Tunis, par exemple dans les
hauts plateaux, le Sénonien est un dépôt de mer très peu profonde ; un sillon plus profond
s’étend au Nord d’une ligne Sidi-Bel-AbbèsBoghari-Tebessa. C’est au Maètrichtien,
d’autre part, que commence, en Afrique du Nord, la sédimentation marine à peu près
continue des phosphates riches en Vertébrés marins (Poissons, Tortues, Crocodiles) avec
des intercalations de cherts à Mollusques ; il semble bien s’agir encore de mers
épicontinentales, nous dirions même subiagunaires et qui forment deux grands golfes, l’un
dans le Maroc occidental lequel, à la vérité, est double (Tadia et Sous), l’autre en Tunisie
(Gafsa). Enfin, en dehors des régions subsidentes et des pays de phosphates, le Danien est
là aussi une période d’émersion dans le Sud algérien (Aurès, région de Tebessa) et surtout
en Egypte.

En Afrique subsaharienne, la transgression marine a persisté au Maëstrichtien sur le


Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Angola, le Cameroun, le Soudan et le Gabon. En Téthys
moyenne, la craie blanche a atteint le Liban où elle forme la falaise de Beyrouth. Mais les
caractères téthysiens sont bien nets au Sinaï (Suez, Akaba), Le long de la Téthys, dans le
rift du Zagros, sur le plateau iranien, en Inde et dans l’Himalaya, on rencontre les faciès
mésogéens habituels. Mais, à la partie supérieure de la séquence, s’est produite une
103

transgression (Iran, Béloutchistan, Sind, Est de l’inde péninsulaire). Le Danien est


nettement régressif en Iran. Au Japon, le Sénonien offre trois rifts au Nord, celui de Yéso-
Sakhaline, et à l’Ouest ceux d’Izumi et de Nakamura qui sont parallèles. Dans ces unités
subsidentes s’est déposée la séquence de l’Urakawa datant du Crétacé supérieur. En même
temps, abrité par les Sakawaïdes, et gagnant vers l’Est, s’est délimité le bassin rouge du
Kyushu central où dominent les lagunes saumâtres et les terres rutilantes et qui, avant
l’Urakawa inférieur, offre un large delta couvert de forêts, envahi ensuite par une mer peu
profonde venue du Sud-Ouest. Un delta de ce type s’est développé dans le bassin
d’Onogawa; on peut y voir un véritable rift. Au Danien, cette formation continentale s’est
adjointe le rift d’Izurni. Auparavant, ce dernier recevait déjà des matériaux terrigènes de
l’île d’Awaji et provenant du démantèlement des montagnes et de leurs roches
métamorphiques. La mer y déposait, une formation saumâtre, peut-être dans un estuaire.
Le rift de Nakarnura est également fourni en sédiments détritiques, parfois avec des
passées à Globigérines, indiquant des apports pélagiques. La phase de dislocation
Taihakusienne, affecte la région de Péri-Tunghai (Mandchourie, Corée, Formose). Dans
l’intérieur des terres asiatiques, le désert de Gobi, au Sud de la Mongolie, avait déjà au
Danien le climat qu’il offre aujourd’hui, aride et semé de dunes de Djadokhta renfermant
des Dinosauriens en coexistence avec de petits Mammifères. C’est aussi le début de la
mer d’Okhotsk qui a laissé des traces à Tani sur la côte Est de la Sibérie Orientale et à
Tigil au Nord du Kamtschatka; les Kouriles sont volcanisées. C’est enfin le début du rift
de Baruyen-Luçon (Philippines).

Dans le Pacifique du Sud-Ouest, en Nouvelle-Zélande, la séquence marine continue


celle du Crétacé moyen. D’ailleurs le rift Circumaustralien est une dépendance de la
Téthys, ainsi qu’en témoignent les roches marines. De plus, à l’Est de Birmanie, il n’y a
pas de dépôts fossilifères daniens. En effet, la phase Laramienne de la fin du Crétacé a
fortement atteint le rift de Timor-Est Célèbes. La chaîne a commencé en Birmanie
(Arakan Yoma) pour se prolonger au Sud-Ouest de Sumatra par les îles Mentawei, par
une crête sous-marine (passant au Sud de Java, de Bali et de Sumbawa, puis à Timor où
elle atteint le rift de Banda), par la Nouvelle-Guinée, redevenue rift, et aboutir enfin à la
Nouvelle-Calédonie. Ces mouvements ont certainement été pour beaucoup dans la rupture
des relations marines entre le Pacifique Sud et la Téthys. Mais dans le rifi Westralien, on
n’observe pas trace de plissements et le Crétacé supérieur, largement transgressif surtout
au Santonien, est simplement néritique dans le bassin Nord-Ouest, l’embouchure du
fleuve Murchison et la région Gingin-Daudarraga au Nord de Perth. Le Sénonien
d’Afrique Australe est transgressif sur la côte du Natal et du Pondoland (entre la mer et le
Drakenberg) ; il a pénétré sur les basses terres du Zululand et a probablement une large
répartition au Mozambique. Dans le Pondoland (Couches d’Umzamba) la transgression
débute par un conglomérat dont les galets contiennent des bois perforés par les Tarets et
des éléments de bone-beds (dents de requins, os de Tortues et d’autres Reptiles) puis les
sédiments plus fins de mer très peu profonde. Cette faune est, dans son ensemble,
comparable à celle du Sénonien du Zululand, de la Mozambique, de Madagascar, de
104

l’Angola et de la Tunisie, mais elle est relativement assez différente de celle de l’Est de
l’Inde Péninsulaire (Aryaloor, Valudayoor). Au Mozambique, la transgression serait
plutôt de la fin du Maëstrichtien et du Danien. Au Madagascar, la côte Ouest a suivi son
évolution habituelle ; puis se produit une émersion au Santonien. Une première
transgression s’est produite dans l’Est au Maëstrichtien, apportant entre Fénerive et
Marohuta, des Huîtres, des Gastéropodes et des Bryozoaires.

Au centre du continent africain, les conditions stables des époques précédentes se


sont perpétuées ; il semble que, à l’Est et à l’Ouest, se soient produits des phénomènes
volcaniques. A l’Est, le long du Zambèze, la séquence de Lupata, qui débute par des
rhyolites, se continue par des phonolites trachytiques, des basaltes néphéliniques et des
types plus rares tels la kenyite (phonolite à hornblende) ; à l’Ouest, des massifs de
syénites néphéliniques paraissent avoir été mis en place à la fin du Crétacé. C’est
probablement vers cette époque que se sont formés les dykes de kimberlite de l’Afrique
du Sud, dans lesquels sont localisés les gîtes de diamant. D’importantes éruptions se sont
également produites de la Syrie à la Chine : dans l’Inde péninsulaire, ou Dekkan, elles ont
débuté au Crétacé supérieur et se sont terminées à l’Eocène, couvrant 300000 km2 entre le
Cutch, Benarès et Bombay, sur une épaisseur atteignant parfois 2000 m.

IV.21. Paléocène (66,0-56,0 Ma)

En Amérique du Nord, la phase Laramienne a continué, la dégradation des


montagnes sans cesse renaissantes engendrant des dépôts molassiques, d’ailleurs riches en
cendres volcaniques les «Badlands ». A l’Ouest subsiste le rift des Coast-Ranges, semé
d’un archipel volcanisé. Sans doute résidu de la mer des Rocheuses, une mer très peu
profonde existait au Dakota où l’on trouve, à la base du Paléocène, dans les Couches de
Cannonball, une faune de plage à Foraminifères, Lamellibranches, Gastéropodes,
Polypiers simples et dents de Lamna. Dans les états de Wyoming, Dakota, Montana et
Alberta, des dépôts de fleuves, lents et débordants, formant des méandres, constituaient
des lacs temporaires et des marécages tourbeux. Une forêt d’Erables, de Chênes, d’Ormes,
de Sycomores, de Noyers, de Peupliers et de Bouleaux abritait des Mammifères : ces
végétaux et ces animaux ont laissé de nombreux restes dans la Formation de Fort-Union.
La rareté des Palmiers indique un climat doux, mais, plus froid qu’au Crétacé et à 1
‘Eocène. Issue du golfe Mexicain, la grande fosse du Mississipi atteignait Cairo (confluent
du Mississipi et de l’Ohio) ; elle était bordée de lagunes un peu à la manière de la Floride
actuelle. Des plages sableuses et argileuses s’étendaient en Caroline et Maryland.

En Europe, le Paléocène offre en particulier une prépondérance des terres émergées.


La communication entre la mer du Nord et la Téthys n’était pas établie. La première
envoyait sur les bassins de Londres, de Paris et de Belgique une digitation formant un
golfe ; mais ce débordement marin fut de peu de durée et dès le Sparnacien le paysage
redevint continental des lagunes et des marécages déposèrent des argiles à lignites,
renfermant par endroits des coquilles de mer saumâtre et des bois perforés par des Tarets.
Vers l’intérieur du pays, argiles, sables et conglomérats indiquent des biotopes
105

intercotidaux et lagunaires. Un deuxième golfe de la mer du Nord s’étendait sur le


Danemark, la Scanie et l’Allemagne jusqu’à la Prusse Orientale : il tait subsident et
recevait une sédimentation plutôt gréseuse. Le reste de l’Europe semble avoir été presque
entièrement émergé, couvert de formations torrentielles, parfois rouges, sableuses,
conglomératiques ou argileuses et offrant toujours des lacs à Vitrolles (région d’Aix-en-
Provence) où le régime lacustre se perpétuera jusqu’au Lutétien. Il est même probable
qu’un bloc émergé était constitué par les Vosges et la Forêt- Noire, les massifs Central et
Armoricain et une partie de la Grande-Bretagne, elle- même sans doute reliée à
l’Amérique du Nord par l’Islande et le Groenland, terres fortement volcanisées. La
coexistence de formes cantonnées aujourd’hui dans les mers chaudes et de quelques
espèces boréales pourrait être expliquée «par l’avancée d’un courant froid dans une mer
chaude ou bien par la proximité d’un courant froid et d’un courant chaud ». Dans le Sud-
Ouest de la France, un golfe encochait le Nord des Pyrénées, mais restait, comme au
Crétacé, une dépendance de la Téthys. Dans les Corbières, la mer hésitait dans ses
contours, formant des lagunes ou laissant la place à des lacs. Dans les Alpes autrichiennes,
une partie du flysch, en particulier celui de la Prätigau, représente la fosse principale (dite
zone interne) du rift au Nord de Salzburg.

En Transcaucasie, après les mouvements laramiens qui terminèrent le Crétacé et les


éruptions qui les ont suivis, la mer demeura sans changement dans le Nord et le Nord-Est,
fosse dans laquelle se déposa du flysch interstratifié avec quelques suis qui se multiplient
au Sud jusqu’à occuper presque toute la formation méridionale. Plus au Sud encore,
territoire non affecté par les mouvements laramiens, la mer est absente durant presque tout
le Paléocène. Le Montien de la région est un grès rose sans fossiles, tandis que le reste du
Paléocène se compose de récifs à Lithothamniées et grands Foraminifères. En
Méditerranée occidentale, le Paléocène est inconnu aux Baléares et dans le sillon Nord
Bétique. Le golfe Aragonais, relié à la fosse Aturienne, atteignait la Catalogne (Lérida) où
il était cerné par des formations lagunaires et dulcaquicoles. La terre ferme orientale
servait de passage aux mammifères.

En Afrique du Nord, le Danien est déjà connu dans le sillon Rifain, prolongé par le
sillon Tellien, et dans les bassins des phosphates où vivait le Crocodile longirostre
Dyrosaurus (Sous et Tadia, Gafsa et Tébessa). Mais dans la région Tellienne, c’est
probablement une époque de plissements. En Afrique subsaharienne, le Paléocène est
connu au Sénégal, en Guinée Equatoriale, au Cameroun, au Soudan et au Nigéria, mais on
ne sait pas si la mer avait à cette époque la même configuration qu’au Crétacé supérieur.
En Asie, le Japon a été presque complètement émergé, à l’exception du rift de Sakhaline
et de Yeso. On peut en dire autant de presque toutes les aires affectées par la phase
orogénique Laramienne. En Mongolie, les faciès continentaux fournissent toujours des
Vertébrés, et l’on peut très bien penser que c’est de cette région, entre autres, que, par le
détroit de Behring, les faunes de l’Ancien Monde transitaient vers l’Amérique : c’est la
plus importante migration continentale de l’ère Tertiaire, et elle s’est opérée surtout de
l’Eurasie vers l’Amérique. Le Kamtchatka et l’extrémité Est de la Sibérie sont émergés,
106

volcanisés, érodés. Les Mariannes sont volcanisées. Le rift Philippin comporte deux arcs
volcaniques, celui de Luçon et celui de Samar. Une transgression forme deux golfes sur la
côte Nord-Ouest de Bornéo. La Téthys déposait dans l’Inde septentrionale les couches de
Ranikot â grands Foraminifères et nombreux Mollusques du Montien-Landénien. On n’a
pratiquement pas de données sur le Paléocène du Continent de Gondwana. Il semble
toutefois que Madagascar soit désormais isolée.

IV.22. Eocène (56,0-33,9 Ma)

En Amérique du Nord, l’Eocène marque une franche transgression téthysienne.


L’Amérique centrale est envahie par la mer; ce qui rompt les communications entre les
deux blocs du Nouveau Monde, mais, en même temps, établit une liaison marine entre les
mers côtières du domaine atlantique et celles du domaine pacifique, dans le cadre des
influences téthysiennes ainsi s’explique la similitude des Invertébrés de la Californie et du
bassin de Paris. Sur la côte pacifique s’installent des marécages paraliques tantôt
lagunaires et saumâtres, tantôt dulcaquicoles où se déposent des charbons et des shales
bitumineux. Au pied Est des Rocheuses, les grandes plaines de l’Ouest américain, qui sont
surtout des plaines alluviales, se forment ; des bassins de ce type semés de deltas
torrentiels s’établissent dans le Wyoming, le Colorado, l’Utah et le Nouveau Mexique,
entre les chaînons laramiens. Durant l’Eocène moyen, dans le Sud-Ouest du Wyoming, le
Nord-Ouest du Colorado et le Sud des Monts Uinta (Utah), s’est formé le bassin lacustre
peu profond et subsident de Green River où s’accumulèrent 800 m de shales finement
stratifiés, sortes de varves saisonnières, une couche sur deux étant plus chargée en matière
charbonneuse.qui se seraient déposés en six millions et demi d’années avec des cycles de
li ans, analogues aux cycles climatiques actuels. Dans la même région se prolonge le
dépôt éolien et fluviatile des B adlands. L’évolution orogénique des Antilles se poursuit.
A Cuba, se produisent à la fois des plissements, des charriages et des éruptions de basaltes
; la fosse centrale des Bahamas continue de s’enfoncer ; les îles Sous-le-Vent se plissent ;
les Barbades sont intensément plissées et charriées ; Tobago et Trinidad, après avoir subi
des venues de roches intrusives et extrusives, sont, plissées ; enfin, le Nord du Venezuela
est le siège de mouvements, de métamorphisme et d’intrusions. Dans le Nord du golfe du
Mexique, au Sud de la Louisiane, se creuse le rift de Barton orientée E-O. Les
Lépidocyclines, qui vont dominer l’Oligocène téthysien, prennent naissance dans la mer
du Texas.

Dans le continent Nord-Atlantique et en Europe occidentale, l’Eocène est une


période de transgression téthysienne. Les mers chaudes à Nummulites ont pénétré dans le
bassin de Paris, comme a fait au Cénomanien la mer à Rudistes, en contournant l’Ouest du
massif Armoricain : c’est d’abord la première vague transgressive de l’Yprésien où
s’instaurent des plages marines à Nummulites planulatus-elegans et Alveolina oblonga,
renfermant aussi un Gastéropode néritique à large répartition téthysienne. Les retraits
hésitants de la mer font encore place, sur les bords du golfe, à des grès lacustres à Unios et
Camphriers, parmi lesquels vivaient des Mammifères. Puis, au Lutétien, une grande
107

transgression prend place, atteignant presque Fontainebleau, Provins et Epernay au Sud et


à l’Est de Paris. Mais cette extension est de courte durée et bientôt, non loin des lagunes
saumâtres, s’installent des lacs bordés de Palmiers déposant des calcaires. Plus tard, la
mer revient encore, dessinant des digitations compliquées, et formant des strates qui
s’intriquent au sein de couches continentales ; avec cet étage cessent les apports de
Nummulites dans le bassin de Paris. Après être devenue une vasière à Pholadomya, la
région prend les caractères lagunaires et continentaux; dans la Marne, près de Champigny,
s’installe un lac où s’édifient des calcaires et des travertins.

Dans le bassin de Londres, une partie de l’espace est occupée, au moins durant
l’Yprésien, par un grand delta, ombragé de Nipa. En Belgique, la séquence est analogue à
celle du bassin de Paris. Dans le bassin subsident de l’Allemagne Nord- Ouest et du
Danemark, se déposent de grandes épaisseurs de sables et d’argiles. Cependant, de grands
phénomènes volcaniques se continuaient à cette époque dans le continent Nord-
Atlantique, que l’on admet comme avoir fait un bloc plus ou moins massif. Au Groenland,
en Islande et en Grande-Bretagne (Irlande, Ecosse), régions formant la province
Thuléenne se sont épanchés de grandes nappes de traps (basaltes des plateaux) dont on a
parfois retrouvé les centres d’éruption que l’on pense être des volcans de type hawaïen, et
de même, des essaims de dykes semblent en relation avec des fractures crustales. Ces
basaltes, qui atteignent 6500 m d’épaisseur au Groenland, se sont peut-être épanchés
durant 5-10 Ma. Cette énorme activité magmatique résulterait du démembrement du
continent Nord-Atlantique. Au Sud des bassins que nous venons d’étudier, le continent
européen commence à prendre sa configuration actuelle des palmeraies de Sabalites
s’installent sur l’Anjou, de grands plateaux karstiques et des poches de décalcification
(sidérolithique) marquent les affleurements jurassiques comme le Jura et les Causses. Des
lacs à Planorbes s’établissent sur la Côte-d’Or et en Alsace, dans la Basse-Durance, dans
la région d’Aix, près de Montpellier, enfin près de Chartres et du Mans. Le bassin
d’Aquitaine est en relation étroite avec la Téthys, opérant cette jonction par le golfe de
Biscaye. Au Sud, dans l’Ariège, à partir du Lutétien supérieur, se forment les Poudingues
de Palassou, précédant les plissements pyrénéens qui clôturent l’Eocène.

Dans les Alpes, le Lutétien est une période de transgression franchement


téthysienne, apportant de grandes Nummulites dans l’Est des chaînes françaises,
transgression dépassée encore par celle du Priabonien qui a gagné vers l’Ouest. Dans la
fosse principale continue de s’accumuler le flysch qui est d’ailleurs probablement en
grande partie éocène et ne monte peut-être pas dans l’Oligocène : flysch déposé
régulièrement par de multiples fleuves côtiers analogues au Var ou au Tibre et drainant
toutes les terres voisines dans une grande vasière. Aussi, à la suite du rajeunissement
incessant des terres bordières et grâce au démantèlement des archipels qui parsèment le
rift Alpin, cette formation atteint-elle de grandes épaisseurs. Au Sud du rift, dans le
Vicentin, l’Yprésien est transgressif, mais le Lutétien, qui est récifal, inter-récifal et
subrécifal, l’est encore davantage (Monte Postale ou Monte Bolca). Des éruptions
volcaniques se produisent alors. Cette séquence débute par une sorte de bone-bed,
108

composé de calcaires en plaquettes riches en Poissons et en palmes, indiquant sans doute


une palmeraie bordant une lagune. Puis s’installent des bancs de grands Foraminifères
parmi lesquels vivent les Mollusques habituels du Nummulitique, à test particulièrement
épais. Enfin, s’établissent à nouveau des lacs où s’élaborent des lignites. En Péninsule
Ibérique de la Méditerranée occidentale, l’Yprésien et le Lutétien sont trànsgressifs dans
le Bassin de l’Ebre, qui opère sa jonction avec le rift Méditerranéen, par la Catalogne.
L’Eocène est également transgressif sur le sillon Subbétique.

En Afrique du Nord, on distinguera, du Nord au Sud, les unités suivantes : 1° rift


Méditerranéen ; 2° massifs Kabyles émergés ; 3° sillon Numidien marin étroit et sinueux
; 4° seuil Lutétien émergé ; 5° sillon Tellien (avant-fosse) ; 6° Atlas Saharien 7° avant-
pays Saharien. L’Yprésien correspond ici à la transgression maxima, atteignant Touggourt
et le Nord de Gabès. Le Lutétien inférieur est régressif dans le Sud Algérien ; dans le
Nord, s’exonde une cordillère, seuil large de 25 à 70 km, jalonné par Oran, Mostaganem,
le Dahra, Orléansville, le Zaccar, Blida, Médéa, les Bibans, les Babors, Constantine,
Guelma, la Galle. Au Nord de cette cordillère, se forme un étroit bras de mer TénèsBône.
Au Lutétien supérieur, le Nord-Ouest de la Tunisie et la région de Sétif émergent, les
lagunes s’étendent au Nord du Chott el Hodna. L’invasion éocène étend donc les mers à
Nummulites sur le Rif et, surtout à partir du Ludien, le Teil algérien et la Kroumirie, où se
dépose du flysch analogue à celui des Alpes, formé souvent de vases proches de
l’émersion, car à la surface des couches s’observent des traces diverses : ripple-marks. On
voit donc s’assécher le Sud algérien, en particulier l’Aurès, et les bassins des phosphates
tunisiens et marocains. Le dépôt même des phosphates se place à l’Eocène, indiquant une
mer très peu profonde, assez agitée, produisant souvent des bone beds et recevant
certainement des eaux douces. Le plancton y était surtout composé de Diatomées, et le
nekton de Poissons (principalement des Requins) et de Tortues. A la partie supérieure de
la séquence marine des bassins de phosphates, sous forme de grandes vasières alimentées
largement en eaux douces, peut-être asséchées parfois : c’est nettement le début de
l’émersion. Plus au Sud, dans le Sahara, le Lutétien est lagunaire.

Une phase de plissements intenses dans la région atiasienne a fait émerger toute
l’Algérie après le Lutétien supérieur. La mer n’est revenue, et timidement, qu’au Ludien
sur le leu et le Nord de la Tunisie. La Téthys nummulitique s’étend largement sur la
Basse-Egypte. L’Yprésien atteint Assouan; le Lutétien marque un recul, compliqué par
deux transgressions secondaires, sa partie inférieure englobant tout le Sinaï et l’île de
Shadwan. Le Priabonien est régressif avec des lagunes dans la région du Fayoum, où
l’existence de sables et de gypse, de fossiles marins et dulcaquicoles, suggère la présence
d’un estuaire à Mammifères. En Transcaucasie, les régions distinguées au Paléocène sont
toujours différenciées zone du flysch à Nummulites; dans le Nord, zone marine néritique
subrécifale à nombreux grands Foraminifères et Mollusques, zone lacunaire. Entre
l’Yprésien et le Lutétien se sont produits des mouvements accompagnés d’éruptions
volcaniques dont les matériaux ont été aussitôt repris dans des grès molassiques et, autour
du massif de Djoulfa, l’attaque de celui-ci par l’érosion marine a formé un conglomérat. A
109

l’Est de l’Oural, une grande transgression atteint la ligne correspondant aux crêtes
centrales d’aujourd’hui. L’Europe et l’Asie sont séparées une nouvelle fois.

En Asie et Australasie, le Lutétien marin est connu en Palestine, Syrie, Arabie


Occidentale, Turquie, Irak, Iran. La transgression recouvre, au Lutétien supérieur, le
Zagros, 1’Elbourz et la majeure partie du plateau Iranien (province Indo-Erythréenne).
Plus à l’Est, l’Yprésien et le Lutétien marins se rencontrent dans le Nord de l’Inde et à la
Mula Pass (Béloutchistan). En Birmanie, toute la séquence est marine et semée de
cordillères. Aux îles Andaman, également, l’Eocène est marin. Nous arrivons là près de
l’extrémité de la Téthys proprement dite. Les influence de cette mer nummulitique se
continuent cependant dans les îles de la Sonde, mais, vraisemblablement à la limite de
l’Yprésien et du Lutétien, se place une nouvelle phase de l’évolution du rift de Banda : de
grands panneaux s’effondrent de part et d’autre du bassin médian, élargissant celui-ci de
la largeur des rides à volcans éteints qui le flanquaient, tandis qu’au Nord et au Sud de ce
bassin agrandi s’élèvent d’autres rides non volcaniques sur le côté externe de chacun
desquels demeure une avant-fosse à charriages centrifuges. La mer Nummulitique pénètre
dans le Nord et le Nord-Ouest de l’Australie, et en Nouvelle-Guinée, région affectée de
mouvements probablement durant 1’Yprésien. Dans ce dernier pays, se produisent des
intrusions basiques et le dépôt de roches siliceuses contenant des Radiolaires. Les
formations analogues qui, en Nouvelle-Calédonie, ont donné par altération la garniérite
semblent être de même âge ou un peu postérieures. En Extrême-Orient, l’Eocène est une
période assez calme durant laquelle de grands espaces ont émergé laissant entre eux des
dépressions : bassins de Zeja et de Bureja, Touman, fossé de Kishu-Meisan, Kyushu
occidental. Sur la côte gondwanienne, la mer Nummulitique est venue au Mozambique et
à Madagascar, où l’on peut reconnaître le Lutétien de l’Inde.

IV.23. Oligocène (33,9-23,0 Ma)

En Amérique du Nord, durant l’Oligocène, le Montana, le Wyoming, le Dakota, le


Nebraska et le Colorado étaient l’objet d’une importante sédimentation terrigène
continentale : des fleuves, des lacs, des playas (ou dayias) temporaires, déposaient des
grès, des argiles et des pélites parmi les végétaux. Des volcans explosifs, en activité dans
l’Ouest, en particulier dans les Cascades Mountains, envoyaient jusque dans le Nord de
l’Orégon central. Mais la phase orogénique Laramienne est terminée. L’arc Antillais
connaît une phase d’ajustement: les Bahama continuent de s’enfoncer, tandis que Cuba,
les îles Vierges et les Barbades s’élèvent et les Caraïbes sont sujettes à des intrusions et à
des épanchements d’andésites. Au Venezuela se produit l’orogenèse Méridide. En Europe,
l’Oligocène marin relativement mal représenté est l’époque d’importants effondrements
affectent les grands massifs hercyniens dès le Rupelien, l’Alsace, le plateau Jurassien dans
la région de Belfort, la Bresse, la Limagne et le Forez, découpés par de grandes failles,
descendent et constituent des fossés subsidents que les sédiments continentaux ou marins
vont envahir. Ces effondrements sont certainement corrélatifs de la surrection des Alpes.
Le cycle sédimentaire le plus complet est celui de l’Allemagne, qui s’est effectué dans un
110

large golfe se prolongeant jusqu’à l’Est de l’Oural où il communiquait avec la Téthys, et


s’ouvrant sur la mer du Nord. Au Rupelien, Nummulitus germanicus, la première et la
seule qui ait pénétré aussi loin au Nord, se rencontre dans la Saxe septentrionale (Lattorf,
au pied Nord-Est du Flarz) dans des sables verts transgressifs sur le bord du massif
émergé et riches en Mollusques de mers froides ; cette mer rupelienne formait le golfe de
Cassel et s’arrêtait du côté Sud-Ouest sans entrer dans la Hesse, occupée par des lacs où
se déposaient des lignites. Au Stampien, la mer encore débordante gagnait et remplissait
le Bassin de Mayence, et ensuite l’Alsace formant près des rives des plages sableuses ou
des dépôts vaseux dans lesquels s’enfouissaient des Poissons (en Alsace), des Cyrènes (à
Mayence), la mer peu profonde dépose surtout des argiles bleues à Mollusques et de petits
Foraminifères. Dès le Chattien, il y a régression dans la région de l’Oder et dans le bassin
de Mayence où s’installent des lagunes, admettant des étendues continentales dans
lesquelles des lacs édifient des calcaires. Enfin, à l’Aquitanien, la mer a complètement
déserté la région.

Sur les bords de la Baltique, en Prusse orientale, le Rupelien est représenté par les
couches du Samland, d’abord côtières, puis continentales (sables à lignites et à ambre
renfermant des Vers, des Arachnides, des Myriapodes, de Insectes ; des Plantes (Pins),
ensemble trouvant dans le monde actuel des affinités par sa faune avec l’Insulinde et
l’Amérique du Sud et par sa flore avec Malacca. Repoussée par la surrection des Alpes, la
mer Oligocène est loin d’avoir recouvert d’une façon continue l’ensemble des bassins
d’Europe occidentale. Le Rupelien d’Alsace présente un paysage lagunaire c’est alors
qu’au Nord de Mulhouse se sont précipitées les potasses d’Alsace. Des faciès plus
saumâtres ou plus marins s’intercalent, sous forme de lagunes ou de sapropèles qui,
imprégnant des sables, alimentent les exploitations pétrolières d’Alsace ; des lacs d’eau
douce se formaient par places.

La mer Chattienne a au contraire gagné tous les bassins, restant très peu profonde
dans le bassin de Paris où, après quelques bancs d’Huîtres, s’accumulent de grandes
masses de sables de Fontainebleau que l’on peut croire dérivés des massifs hercyniens
environnants. Ceux-ci, après émersion définitive, ont été soumis à l’action du vent et ont
formé des dunes séparées les unes des autres par des chenaux marécageux où se
déposaient des limons. Ces chenaux sont comparables à la zone des bahrs, laquelle
participe à la fois des dunes sahariennes et des marécages du Tchad. Enfin s’installe le lac
de Beauce atteignant la Loire. Après la disparition de ce lac, l’histoire du bassin de Paris
se réduit à celle de l’érosion continentale. Dans l’Est de la France, le Jura formait à la fin
de l’Oligocène une zone surélevée autour de fossés nouvellement effondrés le fossé du
Jura alsacien au Nord, descendu de 550 à 700 m suivant les points, et même de 1500 m à
Dannemari la Bresse (vallée de la Saône) à l’Ouest, affaissée de plus de 500 m et occupée
par des lagunes d’évaporation. Il était en outre affecté de déformations sur l’emplacement
de la vallée du Doubs actuelle. Ces déformations sont contemporaines de la naissance du
sillon Périalpin affectant la plaine Suisse.
111

Dans la vallée du Rhône, l’Oligocène demeure un complexe de couches lagunaires


saumâtres et de roches issues de dépôts continentaux dans le bassin d’Alès ; lagunes à
gypse abritant des Poissons et sur les bords desquelles vivaient des Végétaux et des
Insectes, dans le bassin d’Aix. Il faut arriver aux environs de Marseille et de Montpellier
pour trouver un Chattien franchement marin. Cependant, au Rupelien, les eaux à peine
saumâtres du Sud de la France ont été capables de pénétrer en Limagne, première
incursion marine depuis le Lias, et d’y apporter des lagunes parmi des traces de lacs et des
dépôts clastiques de ruissellement. Au Chattien, ces dépôts détritiques prédominent, en
même temps que viennent au jour les premiers volcans d’Auvergne sur les failles
limitrophes du fossé naissant ; leurs coulées se sont souvent épanchées au fond des lacs en
formant les pépérites. Les lacs continuent de prédominer jusqu’ à l’Aquitanien ; au
Chattien s’y sont déposés de curieux biohermes dulcaquicoles. La phase orogénique
Pyrénéo-Provençale est connue dans la région de Marseille, d’Apt et de Forcalquier.

Dans le Sud-Ouest de la France, la mer Oligocène a subi des allées et venues dans le
Nord du bassin d’Aquitaine, bancs à Anomies du Rupelien indiquant un faciès marin peu
profond, biotopes à Cérithes leur succédant et déjà plus lagunaires, puis au-dessus
formations lacustres. Avec le Rupelien, nouvelle transgression marquée d’abord par des
bancs d’Huîtres, puis par des couches à Astérides et Nummulites. Retrait de la mer et
installation de lacs durant le Chattien, enfin retour de la mer à l’Aquitanien avec une faune
très riche rappelant celle que l’on rencontre aujourd’hui sur les côtes antillaises qui sont
également des types de mers chaudes et peu profondes. Quant au Nord des Pyrénées, il est
entièrement continental, la chaîne étant complètement formée. Dans les Alpes, nous
atteignons la phase critique de l’orogenèse. Le rift se referme durant l’Oligocène, la mer
se réduisant à un chenal Téthysien passant par Castellane, Barrême, Faucon-Gigors et le
Dévoluy, l’Est du Lac du Bourget, l’Ouest des Bornes. Les nappes sont charriées vers
l’extérieur du rift refermé et « s’écoulent » vers le sillon Périalpin. Dans l’ensemble des
Alpes émergées, entre les hauts sommets, s’installent des faciès lagunaires avec dépôts
d’évaporites, des lacs où précipitent des calcaires. Déjà l’érosion s’attaque à la chaîne qui
vient de naître, aboutissant à la formation de la molasse rouge de Digne et finit par
envahir, à l’Aquitanien, le chenal resté marin. Deux phases de l’orogenèse Alpine se
produisent alors la phase Helvète, qui est la phase majeure et a lieu vers l’Oligocène
moyen, et la phase Save déjà moins forte qui se place â la limite de l’Oligocène et du
Miocène. Pour fixer les idées, disons que la première a affecté les chaînes subalpines et
les Alpes françaises, suisses et orientales, et que la seconde a intéressé l’ensemble de ces
régions, auxquelles on peut ajouter alors les Carpathes, les Dinarides, les Hellénides et
l’Apennin.

La jeunesse plus grande des mouvements en Italie explique que la Téthys franche y
ait continué ses dépôts jusqu’à l’Aquitanien, avec un Rupelien à Nummulites et
Pectinidés, un Chattien récifal à biohermes coralliens (Castelgoinberto, dans le Vicentin)
où les plages renferment des Mollusques et qui permettent la corrélation avec les mers
septentrionales, un Chattien où les récifs sont constitués par des Lithothamniées
112

accompagnées de petites Nummulites, enfin un Aquitanien formant des bancs subrécifaux


à Lépidocyclines, parmi lesquels grouillaient les Mollusques (Pectinidés) et des Oursins
de fonds meubles (Scutelles et Clypéastres), l’ensemble indiquant une très faible
profondeur. Subissant des vicissitudes diverses selon les allées et venues de la mer et les
mouvements orogéniques, le reste de l’Italie offre à l’Oligocène les mêmes aspects
téthysiens avec développement des flysch et des argiles. En Caucase et Transcaucasie, des
mouvements se sont produits localement à la limite de l’Eocène et de l’Oligocène, qui se
traduisent par une lacune comprenant un plus ou moins grand nombre de niveaux, et par
des éruptions de trachytes. Parfois, en particulier dans la région du Zinjirlou, spécialement
affectée par ces mouvements, se développent des lagunes. Puis ces lagunes mêmes sont
envahies par la mer nummulitique de la Téthys, invasion immédiatement arrêtée par de
nouvelles éruptions volcaniques mais reprenant ensuite possession du pays à l’Aquitanien,
après quoi s’installent des biohermes coralliens analogues à ceux qui se sont formés en
Italie à la même époque.

En Méditerranée occidentale, à la fin de l’Eocène, se sont élevées les Pyrénées, les


Monts Cantabriques et la Provence. Ces reliefs ont été attaqués par l’érosion qui donne
naissance aux poudingues de Palassou au Nord et de Montserrat au Sud. La géographie de
l’Oligocène est peu différente de celle de l’Eocène : les mers continuent d’être
franchement téthysiennes, apportant des Lépidocyclines dans le chenal Subbétique.
Cependant, dans le bassin de 1 ‘Ebre en voie de remblaiement, les fleuves côtiers
abandonnent des sédiments détritiques arrachés aux montagnes et il s’installe ici des lacs
d’eau douce et là des lagunes ou des chotts sursalés (Cardona). Des plissements se
produisent au Sud de Saragosse (dirigés NW-SE). Les Mammifères de France envahissent
l’Espagne et Majorque.

En Afrique du Nord, la transgression amorcée au Priabonien a pris de l’extension


durant l’Oligocène, recouvrant la majeure partie du Tell et de la Tunisie. La mer dépose
des sédiments gréseux et conglomératiques tout d’abord à Nummulites, puis à
Lépidocyclines, parmi lesquels se reconnaissent d’anciennes plages, parfois riches en
glauconie (chaînes sud-telliennes d’Oranie). Ce sont les molasses des chaînes
nouvellement surgies, mais parfois aussi, dans une eau plus pure et plus agitée, se
construisaient de véritables récifs coralliens où pullulaient les Lépidocyclines. Ainsi se
constituent 4 bassins rupelens (Bassins Sud-Tellien, d’Alger-Grande Kabylie, de Petite
Kabylie, et de Tunis-Kairouan). Une zone volcanisée, où se dépose du flysch, apparaît
dans le Nord de la Kabylie.

Au Maroc, c’est avant l’Aquitanien, mais presque certainement à l’Oligocène, que


se place la phase majeure des plissements du Haut et du Moyen-Atlas, phase qui a peut
être amené le ravinement de l’Anti-Atlas. Un peu plus tard, mais avant le Miocène, a lieu
la phase majeure de plissements dans la dorsale calcaire du Rif, qui a exondé cette région.
Vers la limite du Rupelien et du Chattien, la phase Helvète a exondé toute l’Algérie. Les
régions émergées de l’Afrique du Nord étaient alors largement alimentées en dépôts
113

détritiques venant des montagnes jeunes et, abritées des influences marines par ces reliefs,
se trouvaient dans des conditions semi-arides, responsables de la teinte rouge des
sédiments aquitaniens. Là vivaient des Mammifères que l’on retrouve également en
Egypte, où se continuent les couches deltaïques du Fayoum, au Sud du golfe persistant de
la Basse-Egypte. Dans l’Elbourz en cours de plissement, l’Oligocène dans la Téthys
moyenne est essentiellement volcanique (tufs, cinérites et coulées) et comporte aussi des
lentilles d’évaporites. L’éruptivisme peut être suivi dans le Khorassan (trachytes,
rhyolites, faciès métamorphiques) entre Sabzawar et Méched. En Mésopotamie, dans le
Lauristan et le Fars, dans le Sind et le Béloutchistan, l’Oligocène marin renferme des
Foraminifères téthysiens. Des couches plus marneuses le représentent dans le Zagros, et
des sables à Bander-Abbas.

Au, Japon, à partir de l’Oligocène, la mer d’Ishikari commence une transgression sur
le rift de Yéso-Sakhaline et au Kamtchatka, transgression qui atteindra son maximum au
Miocène. Déjà se fait jour un volcanisme intense dans les dépressions de Netsee, Sunto et
Shinyi. Mais l’Extrême-Orient entre dans une, nouvelle période de crise. En Corée, l’axe
montagneux est bouleversé par des failles et des charriages locaux à la fin de l’Oligocène ;
au Nord de K.yushu et dans le. Nord-Ouest de Chugoku, se produisent des voussures à
large rayon de courbures, tandis que Formose, certaines parties du Kyushu central et
méridional, ainsi que les îles Riou-Kiou, sont plissées intensément. Ces mouvements
produisent des failles le long de la ligne tectonique déjà existante. En Nouvelle-Calédonie,
une phase orogénique de même âge semble avoir plissé l’Eocène et avoir été
accompagnée ou suivie par les intrusions basiques et ultra- basiques (génératrices de la
garniérite et de la nouméite), intrusions que nous avons déjà rapprochées des magmas
analogues de l’Eocène de Nouvelle-Guinée. C’est également à la fin de l’Oligocène, soit à
l’Aquitanien supérieur, soit à la limite Oligocène-Miocène que s’est produite une grande
transgression dans les Indes Néerlandaises et la Nouvelle-Guinée, la transgression de
Beboeloeh. D’autre part, dans les mêmes régions se sont formés de nouveaux bassins
subsidents, intramontagneux, dans lesquels s’accumuleront durant le Miocène et une
partie du Pliocène d’énormes quantités de sédiments paraliques ou néritiques. Ces bassins
sont situés au Nord et au Sud-Est de Sumatra, dans le centre de Java, dans l’Est de Boméo
et en Nouvelle- Guinée. Ce sont en fait des avant-fosses qui seront plissées à la fin du
Pliocène. Les mers téthysiennes continuent d’inonder la Birmanie. Enfin, les plissements
himalayens se produisent qui assèchent définitivement les mers au Nord de l’Inde.
L’Amérique du Sud, toujours isolée de celle du Nord, subit des rajeunissements
orogéniques dans les Andes, qui approvisionnent en sédiments détritiques les bassins
d’alluvionnement. Une province florale à Nothofagus et Araucaria s’individualise alors,
comprenant l’Amérique du Sud, la Nouvelle-Zélande, les Kerguelen et la terre de
Graham. Il ne nous semble guère possible d’admettre qu’il s’agisse des éléments d’un
grand continent. Bien plutôt, nous penserions à un ensemencement par les vents, comme il
s’en produit aujourd’hui pour les îles du Pacifique.
114

IV.24. Miocène (23,0-5,33 Ma)

En Amérique du Nord, durant le Miocène, on assiste à une grande transgression


marine sur la côte pacifique : il s’est alors déposé dans la Californie du Sud environ 4000
m de vases à Diatomées, où la matière vivante qu’ils ont apportée et qui s’est décomposée
là est probablement responsable d’une partie des pétroles de Monterey. A la même
époque, l’érosion active qui, depuis la phase Laramienne, s’acharnait sur les Rocheuses,
finit par remplir les bassins alluviaux, ensevelissant en partie les montagnes. Celles-ci,
pratiquement nivelées, devinrent une pénéplaine dont l’altitude moyenne est inférieure à
1000 m, avec quelques sommets dépassant l’ensemble de-ci de-là: cette disposition des
sédiments n’a pu être acquise que sous un climat suffisamment aride pour que les fleuves
ne les emportent pas plus loin. Dans les grandes plaines de l’Ouest, cependant, une partie
de ces dépôts était apportée sous forme de sables fins par des fleuves au bord desquels
vivaient de grands Mammifères, des Oiseaux et des Insectes. Des lacs se rencontraient par
place, ainsi que des volcans de type explosif qui ont émis des cendres en grande quantité.
Comme pour les Rocheuses, l’érosion miocène a également pénéplané les petites chaînes
laramides, situées entre le plateau du Colorado et la Sierra Nevada, qui formèrent alors un
plateau de 1000 m d’altitude, lequel fut faillé, divisé en blocs plus ou moins surélevés et
livrés à l’érosion torrentielle. Le drainage de ces terres laissait à désirer comme celui des
hauts plateaux d’Algérie, aussi n’est-il pas étonnant que s’y soient formés des chotts ou
des lacs analogues au Grand Lac Salé (Utah), dans lesquels se déposaient alternativement
des limons et des argiles, du gypse et du borax. C’est du Miocène également que date la
pénéplanation de la Sierra Nevada américaine, la mise au jour de ses granites, ainsi que
les grandes failles qui ont fait surgir à plus de 4000 m la région Est de cette chaîne sur 640
km de long et 160 de large.

A côté de ces ajustements qui s’opèrent dans les chaînes déjà érigées, se sont
produits durant le Miocène des plissements importants dans le centre et, l’Ouest du
Wyoming, le Sud de l’Idaho, le Nevada et la Californie du Sud-Est. De plus, c’est au
milieu du Miocène que l’élévation des chaînes côtières (Phase des Coast Ranges) a
commencé pour atteindre son maximum au Pléistocène. Enfin, c’est au Miocène qu’ont
débuté les énormes épanchements basaltiques (basaltes des plateaux) qui s’étendent au
Nord- Ouest des Etats-Unis sur 500000 km2 : il s’agit d’éruptions fissurales, venant plus
rarement de cratères différenciés, qui se sont étendues sur la majeure partie des Etats de
Washington, de l’Orégon et de l’Idaho, et dans la vallée du fleuve Columbia. Chaque
coulée est épaisse de 3 à 60 ni et séparée de la suivante par des sédiments torrentiels, sur
lesquels ont pu s’installer des sols végétaux (où l’on retrouve silicifiées les souches des
arbres) et des lacs au fond desquels se déposaient des diatomites on compte 18 forêts
successives sur l’emplacement du Park de Yellowstone.

Dans les régions arctiques, on a observé des sédiments détritiques, certainement


continentaux, renfermant des bois fossiles, des lignites, des veines de charbon, en
particulier dans le Sud-Ouest de l’île du Prince Patrick et au Nord-Ouest de l’île de Banks,
115

qui sont peut-être du Miocène. De toutes façons, il est certain que des échanges de
Mammifères ont eu lieu entre l’Asie et l’Amérique à la fin du Miocène et, comme nous
l’avons dit que ces échanges ont dû se faire par ces régions arctiques. Sur la côte
occidentale du Groenland (Disko) et plus au Nord-Ouest (Terre de Grinnell), vivait une
forêt magnifique de Ginkgo, Juniperus, Thuya, Sequoia, Pinus, Peupliers, Saules, Aulnes,
Bouleaux, Lauriers, Frênes, Vigne, Magnolia, Acer, Fagus, Châtaignier, Chêne, Ulmus,
Platanus, Juglans, dont on a retrouvé les feuilles, les fleurs et les fruits. Dans les Antilles,
les caractéristiques amorcées durant l’Oligocène ont peu changé au cours du Miocène, si
ce n’est une légère élévation à Porto-Rico, une courbure accompagnée d’intrusions à la
Jamaïque et quelques mouvements verticaux dans les. Caraïbes calcaires. Mais, à la limite
du Miocène avec le Pliocène se place une nouvelle phase de plissements faibles et
accompagnés de surélévation à Cuba, nets aux Barbades et à Trinidad, ils ont suscité des
charriages à Haïti et dans le Nord du Vénézuela.

En Europe, le Miocène, quoique franchement transgressif, laisse émerger la plupart


des régions lagunaires de l’Oligocène (bassin de Paris-Belgique, et Aragon, entre autres).
Le Burdigalien et Langhien sont complètement marins et téthysiens (renfermant des
Lépidocyclines) dans le bassin d’Aquitaine où l’on rencontre surtout des biotopes de
plages, les faluns, parfois fortement détritiques, surtout au voisinage des côtes, où ils
deviennent des molasses. La mer avec ses faluns s’est étendue encore vers le Nord durant
le Langhien-Serravallien où elle s’étale sur le Cotentin et la Touraine. Un peu plus tard,
peut-être au niveau du Pontien, elle ne dépasse plus Angers, mais alors ses caractères ont
changé, les communications établies avec les mers nordiques, probablement en
contournant l’Ouest des îles Britanniques, jouent de la manière habituelle aux
transgressions arctiques, apportant dans le détroit Redonien une faune de Mollusques
tempérés, dont 50% de ceux qui vivent aujourd’hui sur nos côtes (en particulier Pecten
jacobeus et Pecten maximus) avec également des Foraminifères de mers non
mésogéennes. La mer du Nord elle-même, privée des Pectinidés et Cérithidés mésogéens,
restait en communications des plus intermittentes avec l’Allemagne septentrionale et la
Pologne qui formaient un gigantesque lac salé sur lequel une transgression arctique s’est
sans doute opérée au Langhien, apportant des espèces boréales jusqu’au bassin de Vienne.
La complète individualisation de la province boréale s’est terminée au Miocène supérieur.
A ce moment, d’ailleurs, la mer du Nord est franchement rétrécie, encochant à peine
l’Allemagne septentrionale : c’est la mer Anversienne à Glycymeris pilosus, transgressive
sur la Campine occidentale. Sur les terres exondées (Poméranie, Brandebourg, Saxe,
Silésie, Mayence), s’étend la forêt peuplée de Mammifères, coupée de lagunes ou de
marécages (swamps), où les principales essences, Sequoia et Taxodiuni indiquent un
climat tempéré et humide. Dans les marécages vivent des Mollusques. Le Sud de la
France offre alors une côte découpée, avec un golfe de Vence (séparé du détroit d’Arles
par une presqu’île des Maures) et de longs chenaux occupant la vallée du Rhône et celle
de la Durance, où la mer transgresse progressivement, en laissant des îles (Lubéron,
Alpilles, etc.).
116

Dans le sillon Périalpin, le Jura et les jeunes Alpes attaqués par l’érosion, fournissent
un remblaiement actif souvent deltaïque dans lequel le matériau dominant est un sable
avec une forte proportion de calcaire, d’argile ou de glauconie souvent déposée sous
forme de varve, mais où s’intercalent souvent des bancs conglomératiques. A Œhningen
(Suisse), les couches saisonnières ou varves sont dues en partie à des apports éoliens au
printemps : c’étaient des bourgeons de peupliers et de camphriers, en été des fruits
d’ormes et de peupliers, accompagnés de fourmis ailées, en automne des fruits de
camphriers, des raisins sauvages et des dattes. Les biotopes marins qui s’installent sur ces
fonds meubles le font en général dans les places abritées des apports terrigènes et sont
alors parfois de véritables biostromes à Polypiers, Bryozoaires, Mollusques (Pectinidés et
Huîtres géantes) et Echinides. Ces énormes dépôts, qui n’ont d’autre écoulement que le
sillon lui-même, tendent évidemment au remblaiement définitif de celui-ci. Le
comblement s’est produit plus ou moins tôt suivant les régions, celles qui étaient en
communication avec la Mésogée demeurant plus longtemps marines : en Suisse, le
phénomène date du Vindobonien. Mais la vallée du Rhône n’est devenue saumâtre, puis
continentale qu’au Pontien, où elle est alors probablement déjà le lit d’un grand fleuve
avec ses affluents actuels (Drôme, Isère, Durance). Du côté oriental, en Bavière et en
Autriche (bassin extra-Alpin de Vienne), les faciès sont différents. De grandes vasières
s’installent dès le Burdigalien et surtout au Langhien-Serravallien : ce sont des marnes
bleuies par le sulfure de fer et riches en mica flotté.

Enfin, au delà de Vienne, on passe à l’immense et complexe lagune Sarmate.


Immédiatement à l’Est de cette ville, un effondrement sépare les Alpes des Carpathes
créant le bassin Intralpin de Vienne rendu distinct du bassin Extralpin par le Wiener Wald
et communiquant déjà au Burdigalien avec le bassin Pannonique, mer saumâtre limitée
vers l’Orient par l’arc des Carpathes et qui occupe l’emplacement de la plaine Hongroise.
Ce bassin est relié par le Nord des Carpathes, c’est-à-dire la région de Cracovie, à un autre
bassin de la lagune Sarmate, le bassin Dace, qui occupe la Roumanie (zone
subcarpathique, Dobrogea et Bessarabie), et passe lui-même au bassin Pontique (ou
Euxinique) débordant la Mer Noire, lequel se prolonge par le bassin Aralo-Caspien qui
annexe au moins partiellement la Transcaucasie : dans ce grand bassin Sarmate, une
longue presqu’île en S est formée par la chaîne des Carpathes et des Balkans, une grande
terre émergée, correspond au Caucase, et parmi d’autres îles plus petites, il faut compter
une partie de la Dobrogea et peut-être la Crimée. Mais, au niveau du détroit qui fait
encore communiquer les bassins Pannonique et Dace, au Nord de la Péninsule des
Carpathes, la mer est très peu profonde et bientôt tend vers l’assèchement à Wieliczka,
Kalusz, entre autres, dont les dépôts ont commencé d’ailleurs à l’Aquitanien. Les
évaporites se rencontrent également au Sud des Carpathes. Dans les mêmes régions et à la
même époque, dans les vases côtières, se forment des sapropèles qui sont à l’origine d’une
partie de maints gites pétrolifères de Roumanie et de Pologne. A partir du Tortonien,
commence l’isolement géographique, à la suite de mouvements orogéniques caractérisés,
cet étage renfermant encore dans les deux bassins des Limnocardium. C’est à peu près à
117

cette époque que s’est produite dans les Carpathes la phase orogénique Styrienne qui a
provoqué des émersions dans les bassins Pannonique et de Dace.

Avant le Messinien, se sont produits les importants mouvements de la phase Attique


ou pré-Pontienne, qui, affectant le Jura et les Alpes suisses, ont été surtout sensibles dans
les Alpes orientales, les Carpathes, les Dinarides et les Hellénides, ainsi que dans
l’Apennin. La conséquence de ces mouvements est la rupture complète des
communications entre les divers bassins à la fin du Messinien, en même temps que
s’interrompent également les relations de leurs eaux avec la mer. Enfin, à la limite
Miocène-Pliocène, les plissements rhodaniens ou pré-pliocènes qui ont affecté l’ensemble
de la chaîne Alpine (Pyrénées, Alpes, Carpathes, Dinarides et Hellénides) ont amené la
presque totale émersion du Sud de l’Europe, et ces bassins sont devenus plus franchement
dulcaquicoles. Pour compléter cette étude des lagunes de l’Europe orientale, disons qu’en
Transcaucasie, région appartenant à la même province, le Miocène débute par des coulées
andésitiques, aussitôt érodées et reprises dans les sédiments détritiques torrentiels, et se
continue par des tufs dacitiques. La séquence lagunaire commence avec le Tortonien,
représenté par des marnes versicolores, des couches de sel, de marnes gypsifères à odeur
de pétrole, et aussi par des argiles à Cardium et des marnes à Clupea. Le Messinien,
affecté par les répercussions de la phase Attique, semble encore soumis à des éruptions
volcaniques, puis on y trouve des formations sédimentaires continentales. On assiste donc
peu à peu au gain des terres sur les mers, en relations avec la surrection de la chaîne
Alpine. Le continent pénéplané était couvert de forêts de Sequoia et de marécages, qui ont
donné des lignites. Cependant, pour expliquer l’extraordinaire régularité de distribution du
genre Hipparion, qui a déjà la plupart des caractères structuraux du Cheval, il faut
admettre que de grandes steppes ont existé au Messinien. D’un autre côté, des volcans
nombreux s’installent en Europe : nous en avons déjà vu apparaître en Auvergne durant le
Messinien, le mont Dore entre en éruption pour la première fois ; il s’en établit aussi de
grands en Allemagne, notamment dans la région de Cassel (le V5gelsberg, plus imposant
que l’Etna), et dans l’Eifel. Dans la Téthys occidentale, le domaine franchement téthysien,
réduit en dimensions par la chaîne Alpine, se retrouve en Italie, où il rappelle celui de la
mer Périalpine : au Nord de l’Apennin, le Burdigalien y est souvent accompagné de
dépôts océanogènes. Le Messinien là aussi devient lagunaire : du gypse et des
hydrocarbures s’y élaborent et la réaction de l’un sur l’autre donne naissance aux gîtes de
soufre de Sicile, de Calabre et de Romagne. En Méditerranée occidentale, dès le
Burdigalien, la mer se retire définitivement du golfe de Tolède. La masse Pyrénéo-Corso-
Sarde-Provençale est démantelée : un chenal la traversant rejoint le sillon Nord-Bétique au
bassin Rhodanien. Le massif Bético-Rifain demeure émergé et semble «avoir commandé
la forme et l’orientation des dislocations néogènes ». Majorque et Iviza sont émergées.

En Afrique du Nord, depuis l’Aquitanien, la mer opère une transgression qui a son
maximum au Langhien-Serravallien sur le détroit Sud-Rifain dont la largeur atteint 100
km mais qui reste parsemé d’îles (Nord de Guercif, Ouest d’Oujda). Durant le Miocène,
deux chenaux faisaient donc communiquer la Téthys et l’Atlantique le détroit Nord-
118

Bétique au Nord des chaînes Subbétiques, et le détroit Sud-Rifain au Sud du Rif


également en voie de plissement; ces détroits, véritables rifts, sont les deux moitiés d’un
ensemble qui entoure ce que l’on appelle le massif Bético-Rifain. Par la région de Taza, la
dépression Sud-Rifaine communique avec l’Algérie. Au Maroc, les molasses afférentes
aux chaînes nouvellement formées du Moyen- et du Haut-Atlas continuent de se former,
durant le Burdigalien et jusqu’au Messinien. En Tunisie, la mer Burdigalienne forme un
golfe Sousse-Kairouan, parsemé d’îles. Au Langhien moyen se place la phase majeure de
plissement du Rif (rides Prérifaines, sillon Prérifain, Rif moyen), en même temps que des
rejeux tectoniques dans le Haut- et le Moyen-Atlas, ainsi que dans la zone paléozoïque.
Simultanément, la mer envahit la dorsale calcaire du Rif et le Rif moyen. De même, en
Algérie, une phase orogénique, sépare le cycle Cartennien du cycle Langhien-
Serravallien, régressif par rapport au précédent. Cette phase, qui est Anté-messinienne et
accompagnée de volcanisme (liparites, dacites, andésites, dolérites, rhyolites) fait émerger
toute l’Afrique du Nord orientale. Durant une partie du Cénozoïque, la bordure Nord de
l’Algérie ressemble beaucoup aux arcs volcanisés.

Au Langhien-Serravallien, les mers abritent des biotopes zoogènes. Nous sommes


probablement là au débouché d’une ou de plusieurs rivières, venant d’une plaine alluviale
assez éloignée des montagnes pour que les sédiments transportés soient fins et amenant
assez d’eau douce pour, à la rencontre de la mer salée, avoir produit des cherts. D’ailleurs
la terre est là, tout près, avec des lagunes où se déplosent des gypses et des sapropèles
générateurs de pétrole (Dahra). Ajoutons que, à la fin du Miocène, les mers peu profondes
des détroits Nord-Bétique et Sud-Rifain s’assèchent, il s’y forme des lagunes : la Téthys
se ferme à l’Ouest et permet des échanges de faunes terrestres. Dans la Téthys moyenne,
le Miocène marin est connu en Libye, en Cyrénaïque, en Egypte (Sud de Siouah, golfe de
Suez), au Liban, en Irak, en Turquie où est représenté aussi le Sarmatien, en Iran où le
Langhien-Serravallien devient salifère. Le Burdigalien est marin (Gaj) dans le
Beloutchistan et le Sind, mais l’Himalaya subit une très forte phase orogénique au sommet
du Miocène, phase qui tend à l’assèchement des mers du Nord de l’Hindoustan: dans le
sillon Indo-Gangétique, d’énormes quantités de sédiments molassiques remblaient
rapidement : ils forment les Siwaliks où prospèrent des Mammifères.

Au Japon, la transgression amorcée par la mer d’Ishikari durant l’Oligocène


submergea la plupart des îles au Miocène: c’est la mer de Mizuho, laissant seulement
émergés une terre attenant à l’Asie, la terre de Tunghai comprenant la Corée et l’île de
Kyushyu, ainsi qu’un archipel élémentaire formé des massifs anciens de Yeso, Kitakami,
Abukuma, Kiso, Hida, Akaisi, Kumakii et Tyugoku. Peu après cette transgression, des
mouvements se sont encore produits, complétant le relief du Japon occidental qui
appartient à la région affectée par la ride Péri-Tunghai: dans l’arc de Rioukiou, se dépose
la séquence très épaisse et de mer peu profonde de Kaisan; à la fin du Miocène, un fort
gauchissement se produit, disloquant le système de Kankyo en Corée et provoquant des
mouvements de blocs à Kyushu. Ajoutons que le sort orogénique du Japon septentrional
est lié à celui des Kouriles, et que celui du Japon central l’est à celui des Mariannes par
119

l’intermédiaire de l’arc de Shichito-Bonin. Une phase orogénique Kourile plisse le


Kamtschatka et les monts de Korjaken.

Le Miocène du Sud du Pacifique est une époque de plissements intenses : faibles en


Birmanie, ils sont beaucoup plus accentués sur l’emplacement du rift de Timor-Est
Célèbes, en particulier dans la région des arcs de Banda, où les rides paléogènes se
volcanisent, tandis que s’intensifient les charriages des avant-fosses, Au Miocène
supérieur, l’île de Soemba est particulièrement atteinte par les plissements et volcanisée.
Enfin, en Nouvelle-Guinée, il y aurait eu peut-être des mouvements au Burdigalien,
mouvements qui ont été suivis par une - sédimentation importante; la chaîne montagneuse
principale de cette île aurait été plissée à la fin du Miocène. Enfin, au-delà de la zone
circum-Australienne, dans une aire jusque-là stable, les Fiji et Tonga commencent de
s’exhausser. Les Philippines, volcanisées, revêtent alors un aspect peu différent de leur
apparence actuelle. L’Amérique du Sud demeure isolée. Une nouvelle phase de
rajeunissement andin, la phase Incaïde continue d’alimenter en molasses tout le continent
et surtout les bassins intramontagneux. La mer forme des encoches assez peu différents de
l’emplacement des golfes actuels.

IV.25. Pliocène (5,33-2,59 Ma)

En Amérique du Nord, le Pliocène marin est cantonné sur la côte du Pacifique. Les
faciès continentaux sont bien développés dans l’intérieur marnes à diatomées, couches à
grands végétaux (en Okiahoma), roches volcaniques (Californie, Orégon, Colorado),
parmi lesquelles des cinérites à restes de Mammifères. Les grandes plaines de l’Ouest des
Etats-Unis, entre le Nebraska et le Texas, continuent d’être un pays de steppes où vivent
les Ongulés, toujours pourchassés par les Carnivores et fuyant la sécheresse croissante. Il
en est de même dans le Nouveau Mexique, l’Arizona, le Nevada, l’Idaho et le Sud-Est de
la Californie. Durant le Pliocène, les Rocheuses ont subi un rajeunissement qui aboutit à
arquer l’ensemble de la pénéplaine, donnant aux points culminants des altitudes de 4000 à
près de 5000 m, et faisant s’encaisser plus profondément les rivières, lesquelles entraînent
alors les roches les plus tendres sous forme de dépôts clastiques : c’est le cas des fleuves
Colorado, Arkansas, Laramie, dont les canyons sont bien connus et ont beaucoup aidé, par
les coupes naturelles qu’ils fournissent, à la connaissance géologique de l’Amérique du
Nord. Enfin, la phase des Coast Ranges continue de se produire : elle atteindra son
maximum au début du Pléistocène, et affecte l’Ouest des Etats-Unis, l’Alaska et les
Aléoutiennes. L’histoire des Antilles est marquée par l’apparition d’une nouvelle
subsidence dans les Barbades. L’isthme de Panama se forme et permet des migrations de
Mammifères entre les deux Amériques.

En Europe, le début du Pliocène coïncide avec la fin de la phase Rhodanienne du


cycle Alpin, phase qui aboutit à des ajustements : 1° Le plissement du Jura après une
accentuation des fossés périphériques (200 m de sédiments vont se déposer dans la vallée
de la Saône), plissement qui s’est traduit par la formation de la gouttière du Doubs
continuée par le synclinal de Montbéliard et la fosse de Dannemarie, par le synclinal de la
120

Forêt de Chaux et de la Basse-Loue ; enfin par une dépression le long de la faille de


l’Ognon ; le faisceau des plis helvétiques est daté de cette époque. 2° Des surélévations se
produisent dans les horsts hercyniens, tels que les Vosges et le massif Central, ces jeux de
failles déclenchant un redoublement d’éruptivisme dans le Cantal et le Mont-Dore, où les
coulées atteignent 1000 m d’épaisseur, ainsi que dans le Mézenc et le Mégal. 3° La vallée
du Rhin, issue du sillon Périalpin, s’effondre en un graben rejoignant d’une part l’Alsace,
d’autre part la vallée du Doubs. 4° La vallée du Danube (défilé de la Porte de Fer) relie les
bassins Pannonique et Dace. 5° Les chaînes plissées des Alpes, du Jura et des Carpathes
sont également soulevées, ainsi que la pénéplaine miocène dans son ensemble. Mais, en
contre-partie, des effondrements importants se produisent au Sud des Alpes : celui d’une
terre située probablement sur l’emplacement de la mer Adriatique ; celui d’une terre
Tyrrhénienne à l’Ouest de l’Italie du Sud où commencent à se former les grands centres
volcaniques modernes du Vésuve (dont la lave leucotéphrite est bien du type considéré
comme fréquent dans les épanchements postorogéniques), de l’Etna et des îles Lipari ;
probablement aussi celui d’une terre reliant l’Espagne à l’Afrique du Nord, d’une part, à
la Corse et à la Sardaigne d’autre part. Ces effondrements, correspondant à des cicatrices
nommées « ovales méditerranéens », ont conféré à la Méditerranée son aspect actuel et
ont fait naître entre l’Europe et l’Afrique du Nord le détroit de Gibraltar qui ressuscite les
communications entre la Téthys et l’Atlantique. Sur l’assiette des lagunes Sarmates, les
deux bassins Pannonique et Dace deviennent des lacs d’eau douce, reliés par le Danube.
Un nouveau bassin, immédiatement lacustre, se forme sur l’emplacement de la mer Egée
et de la mer de Marmara. A la même époque cependant, le bassin Pontique et le bassin
Aralo-Caspien, parfois reliés au bassin Dace, continuent de renfermer une faune spéciale,
dans des eaux saumâtres. Les mers ouvertes sont de plus en plus restreintes : la mer du
Nord ne communique avec l’Atlantique que par un chenal au Sud de l’Angleterre où elle
dépose le Diestien dans le Kent et en Belgique puis, après rupture des communications
avec l’Atlantique, le Coralline Crag dans le Suffolk et 1’Essex, le Casterlien en Belgique
et jusque dans les Orkneys. La Manche forme un golfe dans le Cotentin, et l’Atlantique en
constitue un autre dans la Basse-Loire.

En Méditerranée, la mer laisse maints dépôts sur les deux rives du détroit de
Gibraltar, et surtout en Italie où le faciès astien succède au faciès plaisancien ; seul émerge
l’Apennin, ses chaînons isolant des bassins internes lacustres. Sur la côte française de la
Méditerranée, se rencontrent parfois des représentants du faciès plaisancien, parfois même
encore des faunes téthysiennes à Foraminifères benthoniques (Amphistégines) telles que
celle de la molasse de Biot au Nord d’Antibes. Mais surtout, on voit se former la
géographie physique des temps modernes : le Var apporte déjà 600 m de sédiments
deltaïques près de Nice, sur un faciès plaisancien ; la vallée du Rhône est envahie par la
mer comme une ria de l’époque actuelle, jusqu’à 20 km au Sud de Lyon, celles de la
Durance, de la Drôme et de l’Isère le sont également. S’y installent les faciès vaseux du
Plaisancien, avec leurs bancs d’Huîtres, leurs plages à Venus et à Nassa, et des lagunes
côtières à Potarnides. Ce sont des eaux saumâtres, largement alimentées en eau douce par
121

les fleuves côtiers, si bien que le ria rhodanien aboutit au Nord de Lyon à un lac d’eau
pure, le Lac Bressan (Fontannes, Gignoux) où vivent des Viviparus, des Unios, au pied de
forêts de Sequoia et de Taxodium et qui s’étend au delà de Gray, soit sur plus de 200 km.
A l’Ouest du Rhône, il y avait un golfe de Montpellier et un golfe du Roussillon. Dans ce
dernier, les dépôts marins supportent les couches continentales qui ont fourni la faune de
Perpignan à Mastodon, Rhinoceros et Machairodus. A la fin du Pliocène, une phase
orogénique nouvelle affecte les Alpes françaises (dans les chaînes subalpines), les
Carpathes et l’Apennin : c’est la phase Wallache ou Préquaternaire.

De l’autre côté de la Méditerranée, en Afrique, l’ensemble des chaînes marocaines


(Anti-Atlas, Haut-Atlas, Moyen-Atlas et Rif) est rajeuni comme le sont les chaînes
européennes. En Algérie, le Pliocène forme des golfes : un dans la basse vallée du Chélif
et le Sahel d’Oran, un dans le Sahal d’Alger, se prolongeant vers l’Est jusqu’à Bordj
Menaïel : ces golfes, qui s’insinuent entre les chaînes plissées, semblent indiquer qu’à
cette époque la côte algérienne était une côte abrupte, à structure longitudinale, de type «
dalmate », le paysage rappelant celui des bouches de Cattaro (Kotor) : s’y déposaient des
marnes plaisanciennes et des sables astiens, faciès peu profonds, très riches en
Foraminifères, représentant des sédiments à la fois océanogènes et molassiques (où la
glauconie est parfois présente), et dont les biotopes benthoniques comportent des
Brachiopodes (Térébratules), des Echinides, des Pectinidés, des Dentales. Notons, plus à
l’Est, l’existence d’un petit golfe au Sud de Bougie et d’un autre entre Bizerte et Tunis.
Au Maroc, l’océan mordait sur le Rharb et les Doukkala. Il n’y avait pas de détroit sur
cette dernière région, mais le rivage pliocène se tenait à 60 km au Sud-Est du rivage
actuel. Au Pliocène également, le centre et le Sud de l’Afrique sont soumis à des
soulèvements qui ont fait rejouer les Rift-Valleys en même temps que des laves
recommençaient périodiquement de s’écouler sur leurs bords. Une grande aridité s’est
alors développée donnant naissance à des croûtes siliceuses (calcédoines sur les
quartzites), calcaires, ferrugineuses, sur une vaste pénéplaine puis des vents, soufflant
surtout vers le Sud, c’est-à-dire dans une direction différente de celle d’aujourd’hui, ont
apporté des dunes désertiques sur le Kalahari, l’Ouest de la Rhodésie et du Transvaal et le
Nord du Cap, convertissant l’ensemble en un immense désert. Enfin, c’est du Pliocène que
date l’effondrement de la Mer Rouge qui a définitivement séparé l’Arabie de l’Afrique.

En Extrême-Orient, les conditions inaugurées au Japon durant le Miocène se sont


perpétuées jusqu’à la fin du Pliocène : la mer du Japon est constituée et la presque totalité
des îles, émergée. Dans l’arc de Riou-Kiou, les épaisses couches du Miocène supportent
les dépôts de mer peu profonde de Bjorizu. Mais surtout des mouvements se font sentir à
la fin du Pliocène et se sont continués au Pléistocène inférieur. Les rifts du Nord et du
Sud-Est de Sumatra, du centre de Java, de l’Est de Bornéo et de Nouvelle-Guinée ont reçu
leurs derniers sédiments durant le Pliocène et sont maintenant plissés. Ces mouvements
affectent une zone débutant par la fosse de Birmanie orientale, attenante au plateau de
Shan (ou Chan) au Nord de la Malaisie, se continuant par le centre de Sumatra, le Nord de
Java et Madoera (Madura) avec sans doute le détroit qui les sépare, et une fosse au Nord
122

de Florès. Vers l’extérieur (Sud) de cette zone, se place un alignement arqué de rides
volcanisées: le Pegu Yoma, flanquant l’Est de l’Irraouadi, le Sud-Ouest de Sumatra, le
Sud de Java, Bali, Florès voilà constituée une part importante des volcans modernes des
îles de la Sonde. Dans les arcs de Banda, cette activité se continue : le bassin central de
Banda est flanqué au Nord par les crêtes de Siboga, par l’arc interne à volcanisme éteint
d’Amboine, puis par l’arc externe non volcanique de Ceram ; au Sud on voit apparaître un
nouvel arc interne volcanique, puis la partie Sud-Ouest de la fosse de Weber qui compte
des volcans éteints, enfin l’arc externe non volcanique de Tanimbar (van Bemmelen).
Cette tectonique s’est prolongée en Nouvelle-Calédonie. Les mouvements orogéniques
ont également eu pour résultat l’élévation au-dessus du niveau de la mer de plages
marines et de récifs qui ne diffèrent guère par leurs faunes des formations actuelles de
biotopes semblables.

IV.26. Pléistocène (2,59 Ma-780 ka)

La paléogéographie du Pléistocène est liée à l’existence et aux fluctuations


d’immenses calottes glaciaires, issues de centres d’irradiation et occupantes
principalement des aires de l’hémisphère boréal en Amérique du Nord et en Europe. Les
grandes chaînes de montagnes nouvellement formées comme les Pyrénées, les Alpes, les
Carpathes, le Caucase, le Pamir, l’Himalaya, le Tien-Chan, l’Altaï (près des sources de
l’Ob), le Datsin Shan, les monts Iablonovoï (Est du lac Baïkal), les monts de Verkhoïansk
(Est de la Basse-Léna), les monts Tscherskij (Est des précédents), la chaîne de Gydan,
enfin, près de la pointe orientale de l’Asie, le massif de l’Anadyr, les monts Korjaken et le
Kamtchatka, étaient également couverts de glaciers. En Afrique, il semble avoir existé des
glaciers sur les hautes terres de l’Afrique orientale (Kenya, Kilimanjaro, Ruwenzori) et
peut-être dans le Haut-Atlas marocain. En Amérique du Sud, les glaciers de la chaîne des
Andes se sont étendus, au Sud du 26° de latitude Sud, formant une calotte englobant les
plaines de la Patagonie orientale. Des glaciations sont connues également en Australie et
en Nouvelle-Guinée. L’inlandsis Antarctique était aussi beaucoup plus développé
qu’aujourd’hui. Enfin, dans les îles Pacifiques, on peut dire que partout la limite des
glaces et des neiges éternelles était au-dessous de son niveau actuel. Le Pléistocène est
donc, comme le Cryogénien, une période de glaciation quasi-universelle.

En Amérique du Nord, les centres de glaciation se placeraient, encore que la


question soit aujourd’hui controversée : 10 sur le grand plateau du Labrador, à l’Est de la
Baie d’Hudson, d’où les glaces s’étendirent au maximum jusqu’à 2500 km vers le Sud-
Ouest, dans les vallées de l’Ohio et du Mississipi ; 2° dans la région de Keewatin (Lac de
l’Ours, Lac des Esclaves, Lac Athabasca, au Nord-Ouest de la Baie d’Hudson), du Cercle
Arctique aux Montagnes Rocheuses et, au Sud, jusqu’au Missouri; 30 au Sud de la Baie
d’Hudson, un troisième centre de glaciation, la calotte Patricienne, s’étend sur
l’emplacement des Grands Lacs, et réunit les deux autres centres d’une façon
intermittente, c’est-à-dire au cours des glaciations les plus fortes. Des glaciers isolés
recouvraient la Sierra Nevada et les Rocheuses. Mais l’ensemble de l’inlandsis à l’apogée
123

d’une glaciation atteignait 10 millions de km2. Les chaînes de l’Ouest de l’Amérique du


Nord faisaient précipiter toute l’humidité contenue dans les vents venus du Pacifique,
aussi des régions cependant situées très au Nord, comme l’Alaska, n’étaient-elles pas
constamment glacées (notons que ce phénomène continue aujourd’hui). Au contraire, vers
l’Est, toutes les terres étaient complètement ensevelies sous la glace: c’est le cas de l’île
de Baffin, de l’île d’Ellesmere et surtout du Groenland. L’épaisseur des glaces pouvait
dépasser celle de 3000 m qu’elle atteint de nos jours au Gronland. Nous avons vu
commencer au Pliocène la phase des Coast Ranges. C’est au Pléistocène moyen que se
situe l’acmé de cette phase. La chaîne même des Coast Ranges, située entre le Pacifique et
la Sierra Nevada, est plissée et charriée. Ces mouvements ont eu pour autre effet le
rajeunissement de la Sierra Nevada dont le niveau est aujourd’hui élevé, et où se forment
encore de nouveaux plis et de nouvelles failles. Les Monts des Cascades, les traps du
fleuve Columbia, sont également plissés. C’est la phase orogénique Pasadénienne dont
l’action n’est pas encore terminée à présent. Toute la topographie actuelle de l’Amérique
du Nord est née à cette époque. On peut en dire autant de la plupart des beaux volcans
actifs ou éteints de cette région : volcans explosifs comme le Mont Shasta en Californie
du Nord. S’y ajoutent le Sunset Crater dans l’Arizona, le Mont Lassen dans la chaîne des
Cascades, le Mont Hood et le Mont Mazama, qui est aujourd’hui le Cratère-Lac de
l’Orégon, le Mont Sainte-I-Iélène et le Mont Ramier dans le Sud-Ouest de l’Etat de
Washington, les Monts San Juan et les Spanish Peaks du Colorado, enfin les coulées et les
geysers du Parc de Yellowstone (Montana).

Chronologiquement, il semble que les glaciers pléistocènes se soient d’abord


installés sur les hautes montagnes nouvelles. Mais la première glaciation est celle qui a
reçu le nom de Nebraskienne. Cet inlandsis initial s’étendait sur le Sud-Ouest et le Nord-
Est de l’Iowa, le Nord du Missouri, dans l’Est du Nebraska et dans le Nord-Est du Kansas
où il atteint sa limite, ainsi que dans le Minnesota oriental, l’Ouest du Wisconsin, le Sud
de l’Ohio et l’Ouest de l’Illinois. L’épaisseur de la glace, installée sur un relief
préglaciaire dont les collines dépassaient à peine 100 m, est de l’ordre de 16 à 60 m. Mais
les données que l’on a sur l’extension exacte de cette calotte sont en partie oblitérées par
les glaciations ultérieures. Disons seulement qu’elle atteignait le 38° parallèle. L’humidité
nécessaire à la précipitation de la neige provenait vraisemblablement de l’Est, peut-être du
golfe du Mexique où aucune chaîne élevée n’entravait la marche des vents. Lors de la
fonte des glaces le front des glaciers donnaient naissance, au Sud, à de nombreux torrents
sous-glaciaires parmi eux, probablement, commençaient de s’établir les hauts cours de
l’Ohio, du Missouri et du Mississipi. Autour de l’inlandsis régnait la steppe, balayée par
des bises froides et desséchées, toutes les précipitations se concentrant sur les glaces, en
hiver là sans doute commençait le dépôt du loess, poussière siliceuse apportée par le vent
sur de grandes épaisseurs. Enfin, la forêt de Conifères, qui s’étendait sur le pays avant
l’expansion des glaciers, est rudement repoussée vers le Sud, les arbres étant souvent
ensevelis sous la boue gelée des moraines et roulés avec elle. A la suite de cette première
glaciation, s’est produite une détente, l’interglaciaire Aftonien. La fonte des glaces a
124

donné lieu à la formation de boues argileuses, surtout constituées par une argile voisine de
la montmorillonite, la beidellite c’est le gumbotil, qui provient de l’altération et de la
réduction des dépôts nebraskiens, en particulier des tills (moraines). Ce terrain
imperméable se draine difficilement, et l’on voit apparaître un paysage marécageux où se
déposent des tourbes, tandis que des torrents abandonnent des graviers et que d’autres
places continuent de recevoir des loess éoliens. Le Missouri se jetait alors dans la baie
d’Hudson, empruntant un cours analogue à celui du fleuve Nelson. Les végétaux ont vite
fait de reconquérir ces places vides d’abord la forêt de Conifères, ensuite des prairies
herbeuses, puis pendant un temps très bref, des Chênes (dans l’Iowa oriental), enfin de
nouveau les Conifères : Sapin blanc et noir, avec parfois des Pins, et des Dicotylédones
plus rares : Noisetier (?), Erable, Tarnarack. Alors vivaient, sur l’emplacement de
l’actuelle valle du Mississipi, des Eléphants, des Bisons, des Chameaux, des Chevaux, des
Ours, des Daims, des Mégathéridés et des Castors. On peut penser que cette période, non
refroidie par les vents secs du Nord, devait être alors uniquement sous l’empire des vents
chauds et humides qui continuaient à venir du golfe du Mexique.

La deuxième glaciation de l’Amérique du Nord est dite Kansienne : c’est elle qui
s’est étendue le plus au Sud de toutes les glaciations américaines. Elle recouvre en effet le
Nord du Missouri, le Sud, le Nord-Ouest et le Nord-Est de l’Iowa, le Nord-Est du Kansas,
l’Est du Nebraska, le Sud-Est du Minnesota, le Nord-Ouest du Wisconsin, le Sud de
l’illinois et le Montana jusqu’au 1100 de longitude Ouest. On en a retrouvé les moraines
terminales à l’Ouest et au Sud-Ouest de Lincoln, Nebraska. Les glaces ont une épaisseur
de 16 à 50 m, et ont enseveli les forêts de l’Aftonien. Elles ont également détourné le
cours du Missouri, l’amenant à confluer avec le Mississipi. Durant la deuxième période
interglaciaire, ou interglaciaire de Yarmouth, le climat chaud et humide de l’Aftonien se
rétablit temporairement, donnant à nouveau naissance à un gumbotil et à des tourbières,
mais les glaces n’ont pas dû disparaître complètement, en particulier dans le Nebraska, et
de nombreux torrents sous-glaciaires continuent de couler; plusieurs d’entre eux
deviendront des affluents actuels du Mississipi. Des forêts de Pins, de Tamaracks et de
Bouleaux, indiquent encore un climat relativement froid dans le Iowa (Yarmouth) et dans
l’Illinois. La faune y est surtout composée d’animaux de forêts : grands Paresseux,
Castors géants, Tapirs, Pécaris, Eléphants, Daims, Bisons, Lapins, Lièvres, Skungs et
Loups, auxquels il faut ajouter des Chevaux. Mais, à la fin de cette période interglaciaire,
le climat redevient sec, aride, des vents soufflent des grandes plaines désertiques de
l’Ouest et déposent un loess abondant surtout dans l’Illinois et le Iowa. C’est de nouveau
un paysage de steppes et de toundras.

La troisième glaciation Nord-Américaine est l’illinoien. Très étendue, à partir de


l’inlandsis du Labrador vers le fleuve Ohio au Sud-Ouest, et au delà du Mississipi dans
l’Iowa et le Missouri, elle est également fort bien développée dans l’Illinois d’où elle
empiète sur l’Est de l’Iowa et du Wisconsin. Enfin elle couvre le Nord de la Pennsylvanie,
presque tout 1 ‘Etat de New-York où elle se heurte aux Montagnes appalachiennes qui la
font dévier vers le Sud-Ouest. Les moraines sont un peu moins argileuses et un peu plus
125

chargées en graviers que celles des glaciations précédentes. Les matériaux les plus fins
étaient charriés loin, vraisemblablement dans le delta du Mississipi et de là au Golfe du
Mexique. On ne peut dire si cette glaciation a été aussi forte dans les régions dépendantes
du centre de Keewatin, mais la glace recouvrant l’Iowa et venant certainement de ce
centre a repoussé le cours du Mississipi largement à l’Ouest de sa position actuelle. Le
troisième interglaciaire est celui de Sangamon. Comme au cours des « interludes »
précédents, s’est formé un gumbotil couvert de fondrières et de marécages. Les Insectes
des pays tempérés y prospéraient parmi les plantes qui furent ensevelies plus tard dans les
tourbes : ce sont des Conifères appartenant à des espèces septentrionales (Sapin et Pin),
des Hêtres, la Cigu et des Mousses, puis des prairies et des chênaies indiquant un climat
plus tempéré. De grands dépôts de loess sont édifiés par les vents, portant de vastes
plaines steppiques où prospère le Mammouth.

Enfin s’installe la quatrième glaciation, celle de Wisconsin qui est la,mieux connue
de toutes et qui a modelé la physionomie définitive de l’Amérique du Nord, équivalent de
la 4erne glaciation européenne. L’inlandsis de cet âge provenant des « centres» du
Labrador et du Keewatin a recouvert des centaines de milliers de miles carrés sur
l’emplacement du Canada et des Etats-Unis jusque dans le haut cours du Mississipi ; il
transportait d’énormes blocs erratiques pesant plusieurs tonnes et les abandonnait à des
altitudes plus élevées de 1000 m que leur lieu d’origine. Mais cette glaciation elle- même
a subi des allées et venues qui ont permis de la subdiviser en sous-étages l’Iowien,
correspondant à la première avancée des glaciers wisconsins qui, dans l’Iowa, atteignent
leur limite Sud à cette époque ; ses dépôts sont ceinturés puis recouverts par du loess,
formant l’étage Peorien, coiffé par endroits de forêts d’Ifs, de Sapins, de Pins, de Mélèzes,
au sol couvert de Mousses et de Cigu, parmi lesquels vivaient de nombreux Hélicidés. Au
bord de ces forêts et dans les clairières où poussait l’herbe vivaient le Mammouth, le
Bison et le Boeuf Musqué. Cet ensemble biologique suggère un climat plutôt froid,
analogue à celui des forêts subarctiques qui prospèrent aujourd’hui en des lieux situés à
moins de 40 de latitude plus au Nord. Une nouvelle avancée des glaciers (Tazewili) s’est
faite dans le Nord-Est de l’Illinois, l’Indiana central, puis vers l’Est jusque dans l’Etat de
New-York à travers l’Ohio ; elle fut suivie par un nouveau dépôt de loess et de tourbe,
ainsi que par l’installation de grandes forêts de Pins et de Sapins. Ensuite survint un
nouvelle avancée glaciaire, celle de l’étage de Cary qui s’étendit sur le Michigan, le
Wisconsin, le Nord de l’Ohio, se continua vers l’Ouest dans le Minnesota et vers l’Est
jusque dans le Nord de l’Etat de New-York, mais dont l’épaisseur de glace fut plus mince
que dans les étages antérieurs. Après quoi, durant l’intervalle de Two Creeks (Nord-Est du
Wisconsin), s’installèrent des lacs, des tourbières, des forêts de Pins, de Sapins et de
Bouleaux, des tapis de Mousses et des Hélicidés : c’est le climat qui règne actuellement à
30 de latitude plus au Nord dans le Minnesota. Finalement le principal lac formé fut
repoussé par l’avancée ultérieure des glaces. Au même moment, dans le Sud du
Wisconsin, prospérait une forêt un peu plus tempérée de Pins, de Chênes, de Frênes, de
Tilleuls, de Cèdres et de Tamaracks avec toujours un épais tapis de Mousses. Enfin, une
126

dernière avancée des glaces, celle de l’étage de Mankato, s’étend des Grandes Plaines
canadiennes aux Adirondacks près de New-York en passant sur les Dakotas, l’Iowa et les
Grands Lacs. Ses dépôts furent recouverts par une forêt de Sapins blancs, de Pins, de
Bouleaux, de Tamaracks et de Sapins noirs, analogue à celle que l’on rencontre de nos
jours à 300 km au Nord de Minneapolis.

C’est surtout durant cet âge de Mankato que s’est écrite l’histoire des Grands Lacs
en Amérique du Nord, histoire qui a débuté à l’âge de Cary. Au retrait de l’inlandsis d’âge
Wisconsin, les glaciers encaissés dans de profondes vallées comportaient une plus forte
épaisseur de glace et formaient de grands lobes effilés. Ce sont ces lobes qui creusèrent
l’assiette des Grands Lacs nord- américains : ce fut d’abord un lac unique et digité, le Lac
Algonquin, qui atteignit 500 m de profondeur et recouvrit environ 250000 km2, et sur les
plages duquel vivaient des Unios appartenant aux mêmes espèces que celles du Mississipi.
Il était bordé par des forêts de Sapins, de Cèdres, de Peupliers et de Chênes abritant le
Daim rouge et un Eléphant (Mammuthus Columbi). Le climat était peu différent de ce
qu’il est à présent. C’est à ce moment que naquirent les chutes du Niagara entre le Lac
Erié et le Lac Ontario. Au Lac Algonquin a succédé un ensemble plus proche des Grands
Lacs actuels, mais entièrement drainé vers l’Est par le fleuve Ottawa, avec lequel ils
faisaient leur jonction vers North Bay on leur donne alors le nom de Lacs de Nipissing. La
disparition de cette connection et l’enchaînement des lacs par le seul canal du Lac Saint-
Clair (près de Détroit) a donné aux Grands Lacs leur physionomie actuelle. Ajoutons que
c’est aux mêmes phénomènes de la fin du Pléistocène que l’on doit la formation des
nombreuses étendues d’eau douce situées à l’Ouest et au Nord des Grands Lacs, ainsi que
la submersion par la mer de la Baie d’Hudson, qui était alors une grande dépression
glaciaire. Cette région continue de se relever lentement, si bien qu’on peut penser qu’elle
finira par émerger.

La succession des phénomènes en Europe occidentale est parallèle à celle que nous
venons de voir en Amérique du Nord. En Angleterre, le dépôt du Red-Crag, qui succède à
celui du Coralline-Crag, est franchement continental, deltaïque : c’est l‘Icénien qui, en
Belgique, a pour équivalent le Scaldisien. Sur le bord de la Mer du Nord, les plages
renferment des coquilles à affinités franchement arctiques ; sur la terre ferme vivent les
Mammifères du Villafranchien. Finalement, le Sud de la Mer du Nord se transforme en un
grand delta construit par un fleuve venant de l’Est et qui deviendra le Rhin, mais dont l’un
des principaux affluents est la Tamise : la GrandeBretagne est alors rattachée à l’Europe
occidentale, la Manche étant fermée par l’isthme de Boulogne-Douvres. Sur ce delta s’est
installée une forêt analogue par ses essences à celles qui végètent sous les mêmes latitudes
aujourd’hui, c’est ce qu’on appelle la Forêt de Cromer dans laquelle vivent Mammuthus
meridionalis, Rhinoceros etruscus, Equns tenonis, des Hippopotames et peut-être le Bœuf
musqué, curieux mélange des faunes chaudes qui demeuraient là auparavant et de faunes
froides qui commençaient de s’y implanter. On pressent donc l’approche de plus en plus
manifeste des glaces, approche qui finit par se traduire par une flore polaire et l’arrivée de
glaciers (Artic fresh water beds) qui n’ont peut-être pas encore l’ampleur de la calotte
127

glaciaire des avancées ultérieures. De cette première glaciation on retrouve les traces sur
les hauts sommets, en particulier dans les Alpes, où il s’agit du Calabrien. Plus au Sud, le
premier abaissement de température auquel correspond cette glaciation nous paraît être la
cause principale des caractères froids du Calabrien en Méditerranée les Mammifères
terrestres sont les fossiles caractéristiques du Villafranchien. Cette glaciation est
contemporaine de la glaciation nebraskienne de l’Amérique du Nord.

Dans les régions non atteintes par les glaciers durant cette première glaciation, il est
fort difficile de distinguer un glaciaire et un interglaciaire, la faune étant essentiellement
en voie de refroidissement, aussi a-t-on considéré parfois la forêt de Cromer comme
interglaciaire. La deuxième glaciation, qui est en fait le premier bien connu, est nommée,
en Europe du Nord, la glaciation de l’Elster. L’inlandsis s’est étendu sur l’Allemagne et la
Pologne, recouvrant l’ensemble du craton scandinave, et s’avançant en Saxe, en Thuringe
et dans la région du Weser plus loin que ne feront les glaces ultérieures. En Grande-
Bretagne, elle recouvrait le Pays de Galles et la région d’Oxford (Berrocien d’Arkell).
Dans les Alpes, cette période froide correspond vraisemblablement à l’établissement des
glaciers du Mindélien. C’est l’équivalent de la glaciation kansienne d’Amérique du Nord.
Le deuxième interglaciaire a causé la fonte des glaces précédentes. La mer s’avançait en
un golfe jusqu’au Sud-Est de Hamboug : c’est la mer du Holstein ; elle transgresse aussi
légèrement sur le Danemark, où, au Nord de l’île de Sylt, à Esbjerg, se déposent des
argiles à Yoldia arctica, espèce arctique, puis à Tellina calcarea, Lamellibranche de mer
plus tempérée. En Allemagne, sur l’emplacement des glaciers fondus, s’installent des
marécages où vivent des Mollusques d’eau douce Corbicula fluminalis et Viviparus
diluvianus. Ailleurs, comme en Westphalie, c’est la steppe parsemée naturellement de
lacs, et habitée par des Mammouths. Dans les Alpes, c’est alors que se sont creusées les
vallées où s’amoncelèrent immédiatement des cailloutis. Une partie de ces vallées
coïncident avec les vallées actuelles.

La troisième glaciation, nommée glaciation de la Saale, présente en Allemagne du


Nord à peu près la même répartition que la précédente, mais elle s’étend très largement
sur la Russie jusqu’à Molotov (Perm). En Grande-Bretagne, elle semble correspondre au
Catuvelaunien d’Arkell où l’inlandsis partant de deux centres principaux, l’un en Irlande,
l’autre sur les Highlands d’Ecosse, recouvrait l’ensemble du pays sauf la Cornouaille et
l’isthme de Douvres. Deux fleuves sous-glaciaires drainaient le front du glacier: la Tamise
qui coulait vers l’Est et la Severn grossie de l’Avon qui coulait vers l’Ouest. La Tamise se
jetait dans un lac (hypothétique), limité par l’inlandsis et l’isthme de Douvres. Il semble
que la calotte glaciaire se soit continuée vers l’Ouest par une banquise, génératrice
d’icebergs. Dans les Alpes, comme ailleurs, cette glaciation, qui correspond au Rissien,
est la plus étendue ; peut-être est-ce l’époque où ont commencé de se dilater les glaciers
façonneurs des lacs suisses et jurassiens. Hors des zones glacées s’installe la steppe
balayée par les vents froids issus de la banquise. Ces vents apportent avec eux des
poussières impalpables, d’origine bien difficile à déterminer, qui s’accumulent dans la
périphérie des glaciers ce sont les loess anciens que l’on observe par exemple en Alsace
128

(Achenheim) et sur toute l’Europe jusqu’en Russie. Peut-être est-ce à cette époque, qui
marque le maximum des glaces, qu’il faut placer l’entrée en Méditerranée de la faune
sicilienne, que nous avons vue être franchement froide.

S’instaure alors une troisième période interglaciaire, nommée Eemien en Hollande


et en Allemagne. Les glaces fondues sont remplacées par des tourbières et des lacs dans
lesquels un plancton riche en diatomées est à la base d’une formation de kieselguhr. Dans
les marais tourbeux s’installent des végétaux tempérés (Brasenia, Dulichium, Trapa)
tandis que parfois reparaît la toundra à Bouleaux nains. La Mer du Nord, qui cette fois
sépare l’Angleterre de la France, après submersion de l’isthme de Douvres, forme un long
golfe partant de la Hollande (Sud du Zuyderzée) jusqu’en Poméranie, déposant des vases
à Tapes eemiensis à son entrée, tandis qu’au Nord-Est du Danemark se succèdent, sur une
même verticale, des biotopes vaseux à espèces de plus en plus arctiques 1° Turritella
terebra ; 2° Abra nitida (espèce des côtes danoises actuelles) 3° Yoldia (Portiandia) artica
(espèce des mers arctiques actuelles). Vers le Sud de ces régions, près de Weimar, dans
une forêt où prospère le Thuya, vit l’Homme de Néanderthal, côte à côte avec l’Eléphant
antique et Rhinoceros mercki. En Méditerranée c’est peut-être l’époque de la faune
chaude tyrrhénienne.

Enfin, reviennent les glaces, au cours de la quatrième glaciation ou glaciation de la


Vistule qui est, dans son ensemble, moins étendue que les précédentes. La Manche et la
Mer du Nord séparent toujours l’Angleterre de la France. Mais surtout, comme nous
avons eu l’occasion de le remarquer également durant la glaciation américaine du
Wisconsin qui est du même âge, cette glaciation a subi des avançées et des reculs
successifs. En Grande-Bretagne, la calotte glaciaire n’atteint plus le Sud de l’Irlande et
dégage peu à peu le Yorkshire et le Norfolk. Après l’Aurignacien, une nouvelle avance
s’installe sur l’île de Man et le Pays de Galles jusqu’à Hereford, à l’Est, et Swansea, au
Sud. Puis les glaciers se restreignent à l’Ecosse et au Nord de l’Irlande. Enfin, ils se
cantonnent au Nord du Firth of Forth. Les reculs successifs de la calotte glaciaire nord-
européenne sont indiqués par des lignes de moraines concentriques indiquant le même
retrait global qu’en Grande-Bretagne. C’est la succession suivante : 1° la moraine de la
Warthe ; 2° la moraine de Brandebourg ; 3° la moraine de Frankfort-Posen ; 4 la moraine
de Pornéranie; 5° la moraine Scanienne, connue près de Copenhague et dans le Sud de la
Suède ; 6° enfin, la dernière moraine qui ceinture seulement le craton Scandinave, passant
au Sud d’Oslo et de Stockholm, et au Nord d’Helsinki, moraine dite Bothnienne, figurée
sous le nom de « Salpau Selkt» sur les cartes géographiques de Finlande. L’extension
maxima des glaces pléistocènes en Eurasie est soulignée par les moraines externes et les
blocs erratiques. Cette limite était la suivante : le comté d’York, la région de Leyde, le
bord septentrional des monts de Westphalie, du Harz, de la Saxe et de la Lusace, le flanc
Nord-Est des Sudètes, la Porte de Moravie, les pentes Nord des Beskides ; puis, en Russie,
cette limite formait deux grands caps : celui du Dniepr (qui atteignait presque
lekaterinoslaw), et celui du Don (à moins, de 200 km de Stalingrad), enfin, la limite
remontait vers le Nord, passait à l’Ouest de Molotov (Perm) et n’atteignait l’Oural que
129

dans sa partie septentrionale. On peut se demander pourquoi une telle remontée vers le
Nord, la réponse nous paraît évidente parce que, à l’Est du Cap du Don, les vents de
l’Ouest ayant passé sur les grandes étendues de terres de l’Europe septentrionale,
n’apportaient plus assez d’humidité pour pouvoir édifier des masses de glaces
permanentes. Tandis que, dans les régions situées à l’Est de l’Oural, qui recevaient les
vents issus de l’Océan Arctique, la glaciation formait une avancée entre le 65° et le 92° de
longitude Est.

Dans les Alpes également, la glaciation du WUrmien est en retrait par rapport à la
précédente. A l’entour se dépose le loess récent. Comme en Amérique du Nord, cette
dernière glaciation est génératrice du modelé actuel des régions qu’elle a recouvertes. Le
poids des glaces, dans l’ultime phase de la dernière glaciation, a enfoncé l’Ecosse d’au
moins 30 m, phénomène homologue de celui qui a été si bien étudié sur le craton
Scandinave. En ce qui concerne cette dernière unité, comme pour les Grands Lacs
américains, le retrait progressif a d’abord formé au Sud de la calotte restante un lac,
correspondant au Sud de la Baltique. Nous verrons que, durant l’Holocène, cette
disposition a évolué considérablement. Ajoutons qu’en Europe, une dernière phase de
plissements affecte les régions alpines, c’est la phase Wallache, postérieure au
Villafranchien. L’Afrique du Nord est une des régions les moins influencées par les allées
et venues des glaciers. Le plus souvent, les terrains quaternaires anciens y ressemblent à
ceux que l’on voit se former aujourd’hui. Cependant, il faut souligner qu’à la suite du
dépôt du Villafranchien continental, des plissements, correspondant sans doute à la phase
Wallache, se sont produits en Oranie et en Tunisie. Bien plus, dans ce dernier pays, on
connaît des points où les couches à Strombes du «monastirien» sont également déformées,
ce qui donne tout lieu de penser à des mouvements orogéniques plus récents encore.

Il est évident qu’il a existé des glaciations en Sibérie les deux dernières
certainement. Cependant, on a longtemps hésité à établir leur parallélisme, avec les
glaciations européennes ; cette indécision n’est plus guère admise, car l’on peut admettre
maintenant que ces phénomènes ont été synchrones. D’autre part, depuis les dernières
périodes glaciaires, il y a des régions de la Sibérie dont la terre n’a jamais eu l’occasion
d’être dégelée et c’est à ce maintien de température dans un frigidaire naturel que l’on doit
la découverte de cadavres parfaitement conservés de Mammouths et de Rhinocéros à
narines cloisonnées (embouchure de la Léna). Ajoutons que les deux dernières glaciations
ont été repérées également dans bien des chaînes péri-asiatiques telles que le Caucase
(Elbourz) ; on en connaît trois dans les Monts de Verkhoïansk ; enfin, beaucoup de
sommets des chaînes nord-sibériennes ont dû être maintenus constamment sous les glaces.
Dans ces régions, la principale glaciation a été la troisième, correspondant peut-être au
Rissien, tandis que la quatrième était moins étendue. Comme en ce qui concerne l’Alaska,
les glaces étaient plutôt moins continues dans la région des Monts d’Anadyr et d’Anjuj
(Ouest des précédents) parce que les précipitations de neiges y étaient moins fortes
aujourd’hui elles ne sont que le tiers ou au plus la moitié de celles du Kamchatka. Enfin,
130

comme lors des grandes périodes de régression, un pont continental reliait la Sibérie à
l’Alaska.

Passons à l’Asie Centrale : la glaciation fut intense au Pamir; dans l’Himalaya,


quatre glaciations et trois interglaciaires ont pu être distingués, que l’on a essayé de
paralléliser avec ceux des régions alpines. Il paraît en avoir été de même dans l’Est du
Tibet qui reçoit encore les vents humides de la mousson, tandis que ses régions
occidentales sont sèches et steppiques. La Corée, également soumise à la mousson,
semble avoir été dans les mêmes conditions. Durant le Pléistocène, toutes les régions
périglaciaires de l’Asie, comme celles de l’Europe, ont reçu d’abondants apports de loess.
Aujourd’hui encore, bien que le climat, qui ne correspond pas à celui d’une glaciation, ne
permette guère la formation de nouveau loess, les paysages de steppes proviennent en
grande partie des sols qu’il a formés dans le Nord de la Sibérie, entre la Caspienne et le
lac Balkhash (Steppe de la Faim), au Nord des massifs du Pamir, de l’Altaï et du Tien-
Shan, ainsi que dans le bassin de Minusinsk au Sud de Krasnoyarsk, dans l’aire définie
par le Wiliui et la Lena, ainsi que le long de l’Aldan (affluent de droite de la Lena). Tout
le monde sait que le loess est très développé en Chine.

Enfin, l’Asie était reliée par des isthmes formant ponts continentaux à Sumatra, Java
et Bornéo. Rappelons que c’est durant le Chelléen que, en même temps à Java et dans le
loess de Chine, ont vécu les Préhominiens qui ont dû passer d’un pays à l’autre par ces
terres temporairement émergées. Une calotte glaciaire s’est étendue sur les parties les plus
élevées de l’Australie et l’on croît pouvoir y reconnaître les trois dernières glaciations
européennes avec des épisodes interglaciaires durant lesquels s’installaient des tourbières.
De grands glaciers s’étalaient aussi sur la Nouvelle-Guinée, malgré sa proximité de
l’Equateur, comme il en existe d’ailleurs aujourd’hui sur les hautes montagnes de cette île
(le Ngga Poeloe dépasse 5000 m), surtout à cause de l’humidité excessive de
l’atmosphère. Du loess est connu dans l’île Sud de la Nouvelle-Zélande. Les vents
humides du Pacifique venaient déposer des neiges sur les chaînes méridionales de
l’Amérique du Sud, tandis que vers le Nord les vents humides étaient issus de l’Atlantique
et de l’Amazonie. On a reconnu deux glaciations au Pérou et les 4 étapes de la quatrième
glaciation dans le Sud de l’Argentine. Au Nord de 1’ inlandsis ainsi constitué a été
déposé, en Argentine et en Uruguay, une grande quantité de loess (entre 30° et 40° de
latitude Sud).

IV.27. Holocène (780 ka à nos jours)

Le début de l’Holocène ou époque actuelle est caractérisé par la fusion (les inlandsis
pléistocènes qui, tels la peau de chagrin, se restreignent peu à peu à leurs contours actuels
: on a même quelques raisons de penser que cette fusion continue encore, puisqu’on
assiste de nos jours au retrait marqué des glaciers alpins Bossons, Vallorcine, glacier du
Rhône, etc. Mais il est possible qu’un tel retrait ne corresponde qu’à un bref épisode entre
deux périodes de crue, ne faisant elles-mêmes qu’indenter une courbe de décroissance
générale. C’est ensuite la reconquête, par la flore et la faune, des espaces ainsi libérés. En
131

Amérique du Nord, l’immobilisation d’énormes masses d’eau à l’état de glaces eut pour
conséquence l’abaissement du niveau des mers et le poids de ces glaces sur les terres eut
pour autre résultat l’enfoncement de celles-ci. Lors de la fonte des glaces, le niveau des
mers s’éleva plus rapidement que ne s’effectua le retour des terres à leur position
d’équilibre : il s’ensuivit que la mer transgressa sur les terres basses, au nombre
desquelles se place la péninsule de Gaspé, à l’Est de l’embouchure du Saint-Laurent, et
celle du Champlain, à l’Est des Adirondacks. Ces terres basses se relevèrent ensuite. Deux
transgressions se sont ainsi produites au début de ce relèvement, auxquelles on donne les
noms de mer de Champlain et de mer d’Ottawa.

Dans le reste de l’Amérique du Nord, la barrière des chaînes occidentales, où


l’orogenèse continue de jouer et où se font sentir séismes et volcans, entrave l’action des
vents humides venant du Pacifique, sauf sur le liséré occidental, caractérisé, du Nord vers
le Sud, par des climats humides de mousson. Indépendamment de cette bordure, le climat
est continental, comprenant, du Nord vers le Sud, une série de climats secs. A peu près au
niveau du 30° Nord, s’est même formé un véritable désert, particulièrement désolé sur le
Nouveau-Mexique et le Mexique où il est parsemé de Cactées, steppique sur l’Arizona et
l’Utah, dans le Nord duquel se place le Grand Lac Salé (résultat de la réduction et de
l’évaporation d’un lac d’eau douce plus étendu, le lac de Bonneville, Gilbert). Ce désert
passe à une savane humide dans la Californie proche de la mer, qui est soumise à des
vents saisonniers de type mousson. Enfin, sur la côte orientale, aux entours de la Floride
qui ferme partiellement le golfe du Mexique, règne le même climat chaud et relativement
peu humide, générateur de maquis, que l’on rencontre autour de la Méditerranée : c’est la
fameuse région des Everglades.

En Europe, au niveau de l’Inlandsis scandinave, le lac d’eau douce qui s’était formé
au Sud, à la fin du Pléistocène, est entré en communication avec la mer du Nord, car la
terre encore affaissée par le poids des glaces qu’elle avait supportées, était très basse au
Sud de la Suède. Cet envahissement marin, que l’on peut attribuer, en partie au moins, au
début de l’élévation du niveau des mers à la suite de la fusion des glaces, a transformé le
lac d’eau douce en une mer caractérisée par l’abondance d’un Lamellibranche taxodonte
auquel elle, doit son nom de Mer à Yoldia (Portiandia arctica). Dans cette mer peu salée,
la sédimentation, semi-glaciaire, semi-marine, subissant des variations saisonnières,
formait des argiles finement litées, les varves, dont les premières dateraient de -8 ka.
Mais, les glaces ont continué de fondre sur le centre de la Suède, et le craton Baltique
libéré a commencé de se relever graduellement il s’ensuivit que le Danemark s’est soudé à
la Suède et que la mer à Yoldia ainsi coupée de l’Atlantique fit place à un nouveau lac
d’eau douce alimenté par les fleuves sous-glaciaires, à Gastéropodes Limnéidés, Ancylus
fluviatilis, c’est le lac à Ancylus qui date de -7 à -6 ka. Cependant, l’enfoncement de la
Scandinavie sous le poids des glaces avait eu pour contrepartie isostatique la surélévation
lente de la zone méridionale de son pourtour, en particulier celle de l’Allemagne et du
Danemark. Sa libération totale des glaces qui la surchargeaient entraîna la remise en place
isostatique de ces pays qui furent donc soumis à un véritable jeu de bascule. Or, la fusion
132

des inlandsis pléistocènes fut telle qu’on a calculé une élévation notable et rapide du
niveau des mers (50 à 150 m). Il résulte de la combinaison de ces deux phénomènes que
s’établit peu à peu une communication entre le Lac à Ancylus et l’Atlantique, celui-ci
submergeant le Nord de l’Europe (régions flamande et baltique) en une véritable
transgression localisée, la transgression Flandrienne. Le lac à Ancylus fut remplacé par
une mer peu profonde, la mer à Littorina littorea dont l’extension maximum date
d’environ -4 ka. Cette mer franche a donné naissance à la Baltique actuelle que nous
avons vue recevoir de nombreux apports d’eau douce, si bien qu’elle est devenue le type
des mers saumâtres. Comme nous l’avons remarqué pour la Baie d’Hudson, le relèvement
du craton autrefois recouvert par l’inlandsis n’est pas encore terminé de nos jours, aussi la
mer Baltique risque-t-elle fort d’être à nouveau isolée de l’Atlantique, auquel cas elle
redeviendra rapidement un lac d’eau douce, ses régions les moins salées renfermant déjà
des Limnéidés. Peut-être alors assistera-t-on à quelques adaptations comme nous en avons
vu se produire dans les régions levantines durant le Miocène, en particulier parmi les
Lamellibranches limicoles qui ont suivi leurs fonds de prédilection jusque dans la mer
dessalée (Mya, Cardium) ; déjà Mya a immigré en Baltique.

Pour le reste de l’Europe, les climats se répartissent de la manière suivante l’Europe


occidentale est sous l’influence de l’Atlantique, qui lui donne un climat humide et
tempéré, l’Europe méridionale est sous l’influence de la Méditerranée et sa végétation
prend la forme de maquis, l’Europe centrale et orientale subit un climat continental. Les
régions roumaines (Mer Noire) et Aralo-Caspienne continuent d’être des mers fermées à
limans et forte évaporation. En dehors de la Sibérie qui possède le même climat froid,
voire polaire, que le craton Scandinave et le craton Canadien, l’Asie centrale et le Sud de
l’Asie occidentale connaissent des climats semi-arides ou désertiques. En effet, on voit s’y
installer plusieurs déserts, au sein des étendues continentales ou même méditerranéennes,
et certains d’entre eux sont même salés, par exemple le Dacht-i-Kévir dans le Nord-Est de
l’Iran ; on voit les mers intérieures constituer de vastes dépôts d’évaporites comme sur les
bords de la Caspienne et les lacs se sursaler comme la mer Morte : c’est l’analogue des
lagunes levantines du Miocène et du Pliocène. Des dunes sableuses s’installent dans les
plaines entre l’Arabie, le Turkestan et la Mongolie, indiquant un climat aride où les vents
ne contiennent guère d’humidité. Il s’avère certain que le climat désertique gagne du
terrain, non seulement à l’échelle chronologique de la géologie, mais même à celle de
l’Homme ainsi, des cités prospères aux temps des Romains, dans l’Asie Mineuse et le
Proche-Orient, comme Palmyre dans le désert de Syrie, sont aujourd’hui en pleine aridité
(Tadmor).

En Asie méridionale, Inde, Indo-Chine, Indes Néerlandaises, auxquels il faut


adjoindre la bordure Nord de l’Australie, dominent les vents chauds et humides venant de
l’océan Indien et du Pacifique équatorial : c’est la zone des moussons. L’importance de la
mousson est considérable au point de vue de la biosphère comme de la pure géologie. Au
Sud de l’Indus, le Rann du Cutch, dont la superficie dépasse 5000 km2, s’est affaissé de 4
à 5 m depuis le début du XIXel siècle. Pendant que la mousson souffle vers la côte, il est
133

envahi par une nappe d’eau issue de la mer arabique, tandis qu’il s’assèche
progressivement aux autres moments de l’année, périodes durant lesquelles c’est une
plaine marécageuse où se dépose du sel et dont la vase fine garde l’empreinte des pas et
des gouttes de pluie. Ailleurs, c’est la jungle et la forêt vierge où vivent le Tigre et
l’Eléphant. En Extrême-Orient, le climat méditerranéen s’est installé sur les bords de la
mer de Chine et au Sud du Japon. Au Sud de la zone influencée par la mousson,
l’Australie est occupée par de vastes déserts chauds encadrant le Tropique du Capricorne
(Grand Désert de Sable, Désert de Gibson, Désert de Victoria, etc.) et le Sud Australien se
partage entre des steppes desséchées à lacs temporaires dans lesquelles prospèrent les
Cyanophycées (biscuits d’eau), et un maquis de type méditerranéen.

A un liséré de maquis méditerranéen que l’on observe au Nord de l’Atlas tellien,


succède vers le Sud un climat de steppe isolé des influences marines par les chaînes
côtières, bien caractérisé dans les hauts plateaux d’Algérie avec leur végétation d’alfa et
leurs chotts temporaires où l’évaporation joue activement, lacs salés dus en grande partie à
des remontées par capillarité de l’eau précipitée sur les bassins versants, tandis que des
vents secs transportent des poussières siliceuses et gypseuses. Sur les hauts plateaux
également s’est formée et se forme encore la croûte (caliche), dépôt calcaire, gypseux ou
ferrugineux, venant à la surface par capillarité, et qui est l’indice d’un climat semi-aride.
L’existence même de cette croûte aggrave d’ailleurs l’aridité du sol puisqu’elle y entrave
la végétation. Ce climat désolé gagne également sur des régions habitables, comme nous
l’avons vu en Syrie et, en Algérie, la ville atlasienne de Boghari, naguère florissante,
éprouve un climat de plus en plus aride.

Plus au Sud, encadrant le Tropique du Cancer sur 10° de latitude, c’est l’immense
désert Saharien qui touche la Méditerranée dans le Nord de l’Egypte et du Sinaï. La
sédimentation éolienne, dunes (ergs) et regs, y domine, avec cependant des oasis et
quelques vallées fluviales drainant les rares chutes de pluie ; l’une des vallées les plus
importantes, venant du Soudan, est celle du Nu. Plus au Sud encore, nous retrouvons la
steppe; sur les plateaux, l’altération météorique intense donne naissance à de grands
placages rouges de latérites, terres silico-alumineuses prenant naissance sur toutes les
roches. De grands lacs, certains temporaires, certains en voie d’assèchement, abritent des
Dipneustes ; l’isolement géographique y a donné lieu à des spéciations nouvelles de
Mollusques (exemple : le Lac Tanganyika). Au Sud encore, après la savane humide, c’est
la forêt vierge équatoriale dont l’humidité abondante provient des vents atlantiques non
freinés par une côte à mangroves, particulièrement basse, celle du Sénégal et du Golfe de
Guinée. La succession des climats se retrouve en sens inverse entre l’Equateur et le Cap :
là se place l’important désert de Kalahari dont nous avons vu se former l’esquisse au
Pliocène.

En Amérique du Sud, la climatologie est, si l’on peut dire, inverse de celle de


l’Amérique du Nord. En effet, dans ce continent, les vents chauds et humides viennent de
l’Est, par l’Océan Atlantique, sur des côtes basses, ayant favorisé l’installation de forêts
134

vierges sur le Brésil (Amazonie) et sur le Paraguay, forêts coupées de savanes humides
(sertao) où s’établissent des lacs temporaires (à gâteaux de Cyanophycées) et sillonnées de
longs et larges fleuves, par exemple l’Amazone qui, prenant sa source dans les Andes,
traverse tout le continent dans de larges plaines alluviales où ses affluents et lui déposent
des boues fines souvent encombrées de dépôts charbonneux et réducteurs issus des forêts
voisines. La partie Est offre des maxima dans la distribution des pluies 1/2 cm à Rio de
Janeiro, 330 cm à Cayenne. Mais la Cordillère des Andes forme une barrière
infranchissable à ces vents orientaux, et le liseré côtier, par exemple au Chili, baigné par
l’océan Pacifique que refroidissent des courants venant du Sud (courants de Humboldt),
est occupé par de véritables déserts.

IV.28. Fluctuations récentes et le climat du futur

La mesure de la composition isotopique (oxygène et carbone) des carottes


océaniques et des carottes de glace de l’Antarctique, ainsi que les analyses polliniques
montrent que dans l’interglaciaire qui sépare les deux dernières glaciations (Riss et
Würm), la Terre n’a connu le climat actuel que pendant 15 ka de -130 à -115 ka
entrecoupé cependant par deux événements froids. Ensuite, s’est développée la dernière
glaciation (Würm) qui comprend plusieurs fluctuations climatiques rapides dues
probablement aux modifications des circulations atmosphériques et océaniques, et atteint
son paroxysme vers -18 ka. A ce moment la teneur en C02 de la glace antarctique était
inférieure de 30% à sa teneur actuelle car la solubilité du C02 augmente dans l’eau froide.
Par suite de la mobilisation de l’eau dans les calottes glaciaires, le niveau de la mer se
situait alors environ à 100 m. La déglaciation est ensuite rapide (élévation de température
de 9°C en 20 ans vers -15 ka, fusion de 50 millions de km3 de glace avec un eustatisme
positif de 1 m par siècle) et presque achevée vers -10 ka. A ce moment l’excentricité (2%)
et l’obliquité (24° 12’) étaient plus élevées qu’aujourd’hui (respectivement de 1,7% et
23°27’) si bien que la Terre était plus près du Soleil en été, Les hautes latitudes de
l’hémisphère Nord recevaient alors 10% de plus de rayonnement solaire qu’à l’heure
actuelle. Les derniers résidus glaciaires de l’hémisphère Nord (excepté le Groenland)
fondent au cours de l’optimum climatique entre -6 et -5 ka où les températures moyennes
étaient supérieures de 1 à 2°C aux températures actuelles. Un nouveau redoux survint
entre 800 et 1200 de notre ère au cours duquel Eric le Rouge découvre une péninsule qu’il
appelle « Terre Verte » (Gron1and) ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. En revanche, de
1,35 à 1,85 ka survient le «Petit âge glaciaire » où la langue des glaciers du massif du
mont Blanc atteint le fond de la vallée de l’Arve aux environs de Chamonix.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Depuis le milieu du siècle dernier la température moyenne


s’est élevée de 0,5°C, ce qui a pour conséquence l’élévation du niveau marin de 1,5 mm
par an environ. Ce réchauffement qui, s’il se poursuivait jusqu’à la fusion totale des
inlandsis provoquerait une élévation (catastrophique pour l’homme) de 80 m du niveau
des mers (alors que les trois quart de l’humanité vivent à moins de 25 m) se maintient
dans l’hémisphère Sud, alors que depuis trente ans la tendance semble s’inverser dans
135

l’hémisphère Nord où les glaciers alpins progressent d nouveau. Une discussion s’est
engagée sur «l’effet de serre », une des caractéristiques de l’ère industrielle due au rejet de
poussières et de C02 dont la teneur est passée de 0,028% en 1860 ; 0,029% en 1900 à
0,034% en 1980 soit 410 millions de tonnes en plus, continue à s’élever malgré l’effet
tampon de sa dissolution dans l’eau de mer. L’écran ayant un double rôle aux effets
inverses : diminution du rayonnement solaire (vapeur d’eau et poussières) et
ralentissement du refroidissement nocturne (absorption du rayonnement par le C02 et la
vapeur d’eau), il n’est pas possible de prévoir pour l’instant, avec certitude les effets à
long terme. A l’action du C02 s’ajoute celle du méthane produit par les rizières, les
marécages, les dépôts d’ordures et les intestins en particulier ceux des ruminants. En
revanche le soufre rejeté par les industries et les volcans, générateur des « pluies acides »
forme des aérosols qui réfléchissent les rayons solaires et masquent ainsi l’effet de serre.

Qu’en sera-t-il demain?


136

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1
CHAPITRE I. TRAITS PERMANENTS DE LA PHYSIONOMIE TERRESTRE ............................... 2
I.1. Structure et composition du globe terrestre .................................................................................. 2
I.2. Principaux ensembles morphologiques de la croûte ..................................................................... 3
I.2.1. Océans .................................................................................................................................... 3
I.2.2. Rifting (océanisation) ........................................................................................................... 10
1° Faillage continental .............................................................................................................. 10
2° Accrétion océanique ............................................................................................................. 11
I.2.3. Chaînes de montagnes .......................................................................................................... 12
I.2.4. Transgressions et régressions marines ................................................................................. 15
I.2.5. Unités chronostratigraphiques .............................................................................................. 24
I.2.6. Climats et Snowball carth model ......................................................................................... 25
I.2.6.1. Climats .......................................................................................................................... 25
I.2.6.2. Paramètres orbitaux ....................................................................................................... 26
I.2.6.3. Snowball earth............................................................................................................... 27
I.2.7. Cycle des Supercontinents ................................................................................................... 28
a) Rodinia .................................................................................................................................. 29
b) Gondwana ............................................................................................................................. 29
c) Pangea................................................................................................................................... 30
I.2.8. Milieux de vie des principaux organismes ........................................................................... 30
Chapitre II. FORMATION DE LA CROUTE ET EVOLUTION DU MANTEAU ............................. 34
II.1. Origine de la Terre ..................................................................................................................... 34
II.1.1. Observations astronomiques ............................................................................................... 34
II.1.2. Données planétologiques .................................................................................................... 36
II.1.3. Données géologiques : protoplanète hadéenne ................................................................... 37
II.2. Croissance des continents .......................................................................................................... 39
II.2.1. Apports de la géochimie ..................................................................................................... 39
II.2.2. Lithologie des terrains archéens ......................................................................................... 40
II.2.3. Tectonique archéenne ......................................................................................................... 41
II.2.4. Passage de l’Archéen au Protérozoïque .............................................................................. 42
II.3. Evolution de la croûte continentale ........................................................................................... 42
II.4. Etat du manteau actuel ............................................................................................................... 43
Chapitre III. EVOLUTION DE L’ATMOSPHERE ET DE LA BIOSPHERE .................................... 45
III.1. Formation de l’atmosphère et de l’hydrosphère ....................................................................... 45
III.1.1. Origines ............................................................................................................................. 45
III.1.2. Extraction du CO2 et accumulation de l’O2 ....................................................................... 45
III.2. Origine de la vie ....................................................................................................................... 46
III.3. Interactions atmosphère, hydrosphère, biosphère..................................................................... 48
Chapitre IV. PALEOGEOGRAPHIE GENERÀLE .............................................................................. 50
IV.1. Terreneuvien (541-521 Ma) ..................................................................................................... 50
IV.2. Cambrien moyen (521-509 Ma) ............................................................................................... 51
IV.3. Cambrien supérieur (509-485,4 Ma) ........................................................................................ 52
IV.4. Ordovicien inférieur (485,4-470 Ma) ....................................................................................... 54
137

IV.5. Ordovicien moyeu (470-453 Ma) ............................................................................................. 56


IV.6. Ordovicien supérieur (458,4-443,4 Ma) ................................................................................... 58
IV.7. Silurien inférieur (443,8-433,4 Ma) ......................................................................................... 59
IV.8. Silurien supérieur (427,4 -419,2 Ma) ....................................................................................... 60
IV.9. Dévonien inférieur (419,2-393,3 Ma) ...................................................................................... 61
IV.1O. Dévonien moyen (393,3-382,7 Ma) ...................................................................................... 63
IV.11. Dévonien supérieur (382,7-358,9 Ma) ................................................................................... 64
IV.12. Carbonifère (358,9-298,9 Ma) ............................................................................................... 65
IV.13. Cisouralien (298,9-272,3 Ma) ................................................................................................ 72
IV.14. Guadaloupien (272,3-259,8 Ma) et Lopigien (259,8-254,2 Ma)............................................ 74
IV.15. Trias (252,2-201,3 Ma) .......................................................................................................... 76
IV.16. Jurassique inférieur (201,3-174,1 Ma) ................................................................................... 80
IV.17. Jurassique moyen (174,1-163,5 Ma) ...................................................................................... 82
IV.18. Jurassique supérieur (163,5-145,0 Ma) .................................................................................. 84
IV.19. Crétacé inférieur (145,0-100,5 Ma)........................................................................................ 88
IV.20. Crétacé supérieur (100,5-66,0 Ma) ........................................................................................ 95
IV.21. Paléocène (66,0-56,0 Ma) .................................................................................................... 104
IV.22. Eocène (56,0-33,9 Ma) ......................................................................................................... 106
IV.23. Oligocène (33,9-23,0 Ma) .................................................................................................... 109
IV.24. Miocène (23,0-5,33 Ma) ...................................................................................................... 114
IV.25. Pliocène (5,33-2,59 Ma) ....................................................................................................... 119
IV.26. Pléistocène (2,59 Ma-780 ka)............................................................................................... 122
IV.27. Holocène (780 ka à nos jours) .............................................................................................. 130
IV.28. Fluctuations récentes et le climat du futur ........................................................................... 134
TABLE DES MATIERES................................................................................................................... 136
ANNEXE : ECHELLE STRATIGRAPHIQUE INTERNATIONALE .............................................. 138
138

ANNEXE : ECHELLE STRATIGRAPHIQUE


INTERNATIONALE
139
140
141

Vous aimerez peut-être aussi