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UNIVERSITE DE KINSHASA
Faculté des Sciences
Département des Géosciences
Laboratoire de pédologie
Décembre 2020
INTRODUCTION GENERALE
Le sol est une ressource essentielle, en grande partie non renouvelable, qui est soumise à
des pressions croissantes. Il constitue un support substantiel de la vie végétale en tant que
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L’objectif du cours de pédologie est de donner les bases de connaissances des sols, de
leurs propriétés environnementales et agronomiques et introduire les notions de
couvertures pédologiques ou chaînes de sol. Au début du vingtième siècle, dans les
établissements d’enseignement agricole des pays occidentaux, la science du sol était
intégrée dans une discipline plus large, la “chimie agricole”. Le sol était considéré
comme un milieu statique, dont les principales propriétés dites “fonctionnelles” (celles
qui influencent la croissance des plantes) étaient essentiellement héritées du matériau
d’origine (substratum géologique).
Cependant, à la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion du Dokutchaev, l’école russe avait
déjà lancé la notion nouvelle de pédologie (de pédon, sol en grec ; logos, science),
autrement dit science de la pédogenèse : signifiant la formation et l’évolution du sol dans
le temps, à partir du matériau d’origine (matériel parental).
Le sol est donc un milieu très compliqué, très complexe, ne pouvant être étudié ni
uniquement de façon locale, ni uniquement par une branche scientifique (chimie minérale
ou organique, abiotique, i.e. physico-chimique ou biologique, statique ou dynamique).
C’est un carrefour multifonctionnel propice à une analyse pluridisciplinaire. A cet effet,
l’étude du sol repose actuellement sur une approche globale de la surface terrestre (sol-
végétation-environnement), dont les utilisations sont multiples : production de biomasse
végétale et animale, système épurateur, milieu tampon à l’égard des immiscions acides,
milieu protecteur des nappes phréatiques comme de l’atmosphère à l’égard d’une
pollution de plus en plus agressive, base de la production alimentaire permettant de
nourrir l’humanité, inépuisable réservoir pour une biomasse interne encore plus
importante et plus variée que celle qui recouvre sa surface. Le sol joue également un rôle
dans l’aménagement du territoire ; il constitue l’infrastructure des voies de
communication terrestres ou aériennes, des zones urbanisées, industrielles ou sportives.
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Le cours est subdivisé en trois chapitres correspondants aux trois modules respectifs de
son intitulé. Il s’agit précisément de :
notions de pédologie ;
relations sol-plante ;
La première partie du cours est focalisée sur l’étude du sol. A cet effet, après une
approche très globale de l’objet du sol (concepts, définitions et classification), destinée à
en montrer la complexité et sa situation de carrefour au sein de l’écosystème, les
constituants du sol sont décrits pour commencer, qu’ils soient minéraux (argiles p. ex.),
organiques (humus), liquides (solution du sol) ou vivants, ici particulièrement les
animaux du sol. Ces constituants interagissent et donnent des propriétés au sol, explorées
dans un deuxième temps ; il s’agit notamment de la texture, de la structure, de la couleur,
du régime hydrique ou encore de la capacité d’échange cationique et de la fertilité. Mises
ensembles, ces propriétés engendrent une pédogenèse, durant laquelle un sol se forme
puis évolue sous l’influence de facteurs comme le climat, la roche-mère ou les êtres
vivants. La deuxième partie du cours décrit de manière exhaustive les mécanismes
d’absorption des nutriments par les plantes et leurs rôles dans celles-ci. La rhizosphère en
tant que mince couche du sol sous l’influence directe des racines de plantes, où
s’effectue la quasi-totalité des échanges sol-plante y est également mise en exergue. La
troisième partie concerne les relations sol-métaux lourds-plantes. Elle tente d’illustrer
le rôle des plantes hyperaccumulatrices (métallophites) en prospection géobotanique ou
dans la dépollution des sols.
Le cours théorique doit être complété par les travaux de terrain et les exercices
numériques ou travaux dirigés.
2. les principaux mécanismes d’absorption des nutriments (K, N, P, Ca, etc.) par la
plante à partir du sol, et les rôles joués par ces éléments dans la croissance optimale
de la plante ;
4. l’intérêt pratique des plantes hyper accumulatrices des métaux lourds (métallophytes)
en prospection géobotanique et dans la dépollution de l’environnement (sol).
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A. ECOLE GRECQUE
1°) Un contemporain d’Hippocrate (460 – 380 av. J.C) énonce les propositions
suivantes :
- la terre (sol) est l’estomac des plantes auxquelles elle procure une nourriture sous
une forme prête à la digestion ;
- la fertilité et l’infertilité du sol dépendent de la carence ou de l’absence de
l’humidité (eau) ;
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- les caractéristiques d’un sol qui conditionnent sa fertilité varient d’un endroit à un
autre.
2°) Théophrastos (371 – 286 Av. J.C), un élève d’Aristote, donne au sol le nom
« d’édaphos » pour le distinguer de la terre en tant que corps cosmique. Il reconnait une
succession de différentes couches du sol à savoir :
- une couche de surface de teneur en humus variable ;
- une couche de profondeur fournissant les éléments nutritifs aux racines des herbes
et gazons ;
- un substratum nourrissant les racines des arbres ;
- un tartarus de propriétés peu connues.
En plus de la description des plusieurs propriétés de sol affectant la croissance des
plantes, Théophrastos a réalisé la distinction de six groupes de sols appropriés pour
différentes sortes de cultures.
B. ECOLE ROMAINE
1°) Cato (234 – 149 Av. J.C) a développé une classification des sols arables basée sur
l’utilité agricole. Il distingue ainsi 9 classes principales de sol subdivisées en 31 sous-
classes. Il a insisté sur l’utilité agricole des sols ainsi que sur leurs productivités
quantitatives potentielles.
3°) Columella a concentré son attention sur les propriétés physiques des sols.
4°) Plenius a étudié avec une attention soutenue, les roches et minéraux en tant que
matériaux parentaux des sols.
Les connaissances anciennes des sols étaient très extensives et la terminologie pédologie
avait faiblement influencé la littérature agricole pendant plusieurs siècles. Avec la chute
de Rome, la Science du sol stagnât, et on ne compte que quelques recherches publiées
jusqu’à la moitié du 19ème siècle.
A la fin du 19ème siècle, il n’y avait pas de discipline appelée « science du sol ». En
effet, le sol était généralement étudié par d’autres sciences telles que la Géologie
(géologie dynamique), la Géographie, la Géomorphologie, la Botanique, la Chimie, la
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Climatologie, etc. en tant que sous-sujet en relation avec leurs domaines d’étude. Des
classifications conséquentes ont été proposées :
L’école de Thaer a, dans le résumé de ses travaux présenté en 1821, insisté sur les
constituants du sol et une caractérisation plus précise de leurs aspects physique et
chimique ; souligné les variations de la composition chimique et physique, dégagé les
principes fondamentaux de la classification physico-chimique des sols et établit une
nomenclature basée sur la composition du sol.
Il est généralement admis que les travaux de Fallou de 1862 ont constitué l’une des
fondations les plus solides à partir de laquelle une « Science du Sol » indépendante s’est
développée. Fallou a remarqué que toutes les classifications antérieures étaient liées à
l’agriculture, au moment où les sciences naturelles, au sens strict, ne s’occupaient pas
véritablement du sol. Il a souhaité fournir une base scientifique pour l’étude des sols et
est devenu le fondateur de l’école « Géologico-pétrographique » de Pédologie. Selon
cette conception, les sols sont classés suivant leurs caractères pétrogéniques.
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A. ECOLE RUSSE
En 1879, Dokuchaev établit que le sol est un produit qui s’autocrée, d’origine spécifique
et très distinct de la roche mère. Il indique que les sols résultent de la combinaison de
l'activité des facteurs suivants : les plantes et animaux vivants ou morts (matière
organique) ; la roche-mère ; le climat ; le relief (topographie).
En 1886, il étend et améliore son constat en définissant le sol comme étant constitué des
couches superficielles de la roche qui ont subi des changements naturels par l'action
combinée et complexe de l'eau, de l'air et des organismes vivant et morts de différentes
sortes. Il prend aussi en considération la durée pendant laquelle la roche a été soumise
aux processus de changement (c'est le facteur « temps » qu'on considère comme le 5 ème
facteur important).
Glinka, dans ses écrits en 1927, considère le sol comme étant toute la couche de la croûte
terrestre où les processus de formation du sol se manifestent nettement.
Les concepts développés en Russie étaient essentiellement «morphogénétiques», et
considéraient le sol comme le produit de sa propre histoire. Ils se sont répandus lentement
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à cause de la langue, mais les concepts de Dokuchaev ont été, ultérieurement, admirés et
acceptés dans le monde entier.
B. ECOLE AMERICAINE.
En 1892, Hilgard, écrit sur les interactions du matériel parental et du climat sur les
formes et la distribution de la végétation.
Plus tard, en 1906, il résume les résultats de plusieurs années de travail de terrain dans un
livre « classique » sur les sols. Il préconise que le sol est, d'une manière générale, un
matériel plus ou moins meuble et friable dans lequel les plantes trouvent leur support et
leur nourriture ainsi que d'autres conditions de croissance. Le sol ainsi défini, constitue
la couche superficielle de la terre et peut être considéré comme un produit résiduel de la
désintégration physique et la décomposition chimique des roches en présence d'une petite
quantité de résidus organiques.
Marbut (1922) a introduit le concept de « sols mûrs ». Il a indiqué que le sol est un
corps naturel, développé par des forces naturelles, agissant par des processus naturels sur
des matériaux naturels. C'est pourquoi la nature d'un sol ne peut être déterminée que par
l'étude d'un « sol naturel on vierge».
Le concept de sol ou profil mûr a été amélioré par Kellog (1936 &1937) qui parle de «sol
normal » fonctionnellement relié aux facteurs de formation du sol.
En fait, le sol connaît deux sortes de cycles, à savoir : le cycle circadien ou quotidien
pendant lequel changent par exemple la température, la pression de CO2 reliée à la
respiration des plantes, l’activité microbiologique et faunistique, etc., et le cycle
saisonnier ou annuel pendant lequel l’humidité, la température, le pH, la concentration
de la solution du sol subissent des variations telles que l’état final de ces variables à la
fin du cycle est assez voisin de leur état initial. C’est en cela que les pédologues disent
que le sol est vivant. Il ne s’agit pas d’affirmer que le sol contient des êtres vivants, ce qui
est vrai, mais de prendre en compte dans la définition du sol et dans les études
pédologiques le caractère vivant cyclique ou pseudo-cyclique de toute une série de
variables du sol.
profil du sol est défini par une série spécifique de couches des sols, appelées horizons, à
partir de la surface jus qu’au matériel parental non altéré (Figures 1 et 2).
PEDON
La plus petite unité représentative d’un corps sol est appelé pédon. Un pédon a trois
dimensions et est comparable dans une certaine mesure à l’unité cellulaire d’un cristal.
D’après J. Boulaine (1969), le pédon est un volume élémentaire nécessaire et suffisant
pour définir à un instant donné l’ensemble des caractères structuraux et des constituants
matériels du sol.
Le pédon était au départ le plus petit volume du sol possible. Il était identifiable à un sol.
Actuellement, c’est une unité d’échantillonnage, commode pour l’observation, la mesure,
et le raisonnement, mais un sol peut nécessiter l’étude de plusieurs pédons. Le pédon,
unité très artificielle, relève de la technique et non plus du concept de sol. C’est un
volume élémentaire artificiellement et conventionnellement découpé dans la couverture
pédologique. Les dimensions de ce volume sont adaptées à nos techniques d’étude.
Un sol est constitué de plusieurs petits pédons contigus. Ce groupe de petits pédons
contigus dans un sol est appelé polypédon. Le polypédon ou sol est borné dans tous les
cotés par d’autres pédons de caractéristiques différentes.
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PROFIL ET HORIZONS
Le mot profil a des multiples significations. Entre autres, celle dans la langue parlée des
pédologues français, de “portion de sol que l’on observe”. C’est ainsi que Duchaufour
(1977) dans la première page de son traité dit que l’ensemble des horizons constitue le
profil.
L’adoption de la notion de pédon par les auteurs de la langue anglaise et son refus, ou
tout au moins le peu d’usage de ce concept par les auteurs français, viennent
vraisemblablement du sens du mot profil tel qu’il est utilisé en pédologie par les deux
groupes d’auteurs.
Pour les Anglo-Saxons, le profil n’a pas d’épaisseur : “if we were to cut a section
downward this soil… Such a section is called a profile and the individual layers are
regarded as horizons” (Buckman and Brady, 1972). Ils définissent le profil comme : A
vertical section of the soil through all its horizons and extending into the parent material.
Un concept bidimensionnel du profil était utilisé par les pédologues belges : le profil
pédologique est une coupe verticale de la pellicule superficielle de la terre (Boulaine,
1980).
Définition 3. Profil : Séquence d’observations réalisée sur la face verticale d’un pédon
et orientée de haut en bas : profil pédologique, profil cultural, profil hydrique, profil
calcaire, etc. Il en résulte qu’on ne doit pas dire description du profil, mais : profil
pédologique, ou du profil du pédon. Le pédon est un mot qui désigne une réalité concrète
(un volume élémentaire du sol), alors que le profil désigne une réalité abstraite (la
séquence d’observation ou de mesure faite dans un but déterminé).
Chaque profil de sol (Figure 3), s’étendant de la surface vers le bas jusqu’au matériel
parental, est composé de plusieurs horizons. Les horizons sont des couches
grossièrement parallèles à la surface du sol, dont l’existence est reconnue par
l’observateur, qui manifestent l’anisotropie verticale du sol, et qui sont différentes les
unes des autres par leurs constituants, leur organisations et leur comportement.
Le profil du sol caractérise le pédon ; il identifie le sol. Les horizons renseignent plus sur
les propriétés du sol ; ils fournissent les informations sur la couleur, la texture, la
structure, la perméabilité, le drainage, l’activité biologique, et d’autres attributs
nécessaires pour la caractérisation, la formation et la fertilité du sol, la production
agricole, la gestion et l’ingénierie. Six groupes principaux d’horizons, appelés horizons
majeurs (principaux), ont été identifiés. Ils sont désignés par les symboles O, A, E, B,
C et R, respectivement.
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(1) Les horizon O sont des dépôts organiques composés des matériels végétatifs morts,
partiellement et/ou fortement décomposés. Cet horizon, situé sur la surface au-dessus de
l’horizon minéral, est dans beaucoup de cas très mince, et seulement dans les sols non
perturbés couverts de la végétation où il est supposé avoir une épaisseur considérable.
(2) Horizons A sont des horizons minéraux de surface situés en dessous de l’horizon O.
Ils sont composés de grandes quantités des matériaux inorganiques intimement associés à
la matière organique humufiée, par exemple, le sable, l’argile et le limon. A cause de la
teneur en matière organique, l’horizon A est habituellement de couleur plus sombre que
les horizons inférieurs. En l’absence de l’horizon O, l’horizon A est fréquemment
l’horizon de surface. Si les propriétés de l’horizon A proviennent du labourage ou des
autres activités humaines relative au labourage, l’horizon A est désigné par le symbole
Ap (p = plow).
(3) Horizons E sont des horizons minéraux situés sous l’horizon A. Ils sont des zones de
lessivage ou éluviation maximum ; zones d’enlèvement des constituants des sols (argiles,
humus, composés d’Al et de Fe). Les horizons E sont blancs, pâles ou de couleur claire.
Les horizons A gravant aux horizons E sont des horizons transitionnels et portent le
symbole AE, ceux se ressemblant plus aux horizons B sous-jacents sont désignés par le
symbole EB.
référés comme sous-sols, sont des zones d’illuviation (accumulation) des matériaux
enlevés des horizons A et/ou E. La concentration illuviale des argiles silicatées (Al, Fe)
ou de l’humus seul ou combiné peut être présente. Les horizons transitionnels entre B et
C sont désignés BC.
(5) Horizons C sont des horizons situés en dessous des horizons B, et sont considérés
comme des matériels parentaux des sols. Ils sont des mélanges des roches altérées et
des minéraux. Ces matériels peuvent se reposer sur les roches à partir desquelles ils ont
été formés, ou ils peuvent s’étendre sur une formation géologique non liée.
(6) Horizons R sont des formations rocheuses solides sous-jacentes avec une faible
évidence d’altération.
Pour les profils les plus évolués, il y a généralement transfert de matière : les horizons A
sont appauvris et les horizons B sont enrichis en certains éléments. Cela avait conduit à
subdiviser les horizons A en Ao (horizon organique), A1 ou Ah (horizon organo-minéral),
A2 ou Ae (e = éluvial, appauvri, de couleur claire) ; et à distinguer deux formes d’horizon
B, les uns montrent seulement une altération ou une structure particulières désignés par
(B) ou Bw (w = weathered, altéré), les autres enrichis par illuviation, désignés par B
accompagné d’une minuscule indiquant la nature de l’illuviation (t = argile, “ton” en
allemand, h = humus, s = sesquioxydes).
A. Système américain
La classification américaine (Soil Taxonomy : Soil Survey Staff, 2006) utilise, pour la
définition des unités principales, les horizons diagnostiques, définis avec une grande
précision, par leurs caractères morphologiques, chimiques et physiques. Le concept de
profil, qui est une coupe plane du sol, est remplacé par celui de pédon, considéré comme
un volume, dont les horizons forment les couches superposées. Le pédon se subdivise en
deux horizons diagnostiques principaux, l’un de surface (horizon A), généralement
humifère (epipedon), l’autre de profondeur à un Bw d’altération ou un B illuvial (Bt, Bh,
ou Bs).
En dehors des horizons diagnostiques principaux, qui servent à identifier les ordres
(équivalents de classes), plusieurs horizons diagnostiques secondaires permettent de
caractériser certains groupes particuliers.
ochrique : peu coloré, clair, peu humifère (cet horizon n’existe plus depuis la
parution du dernier volume de USDA Soil Taxonomy (2006) ;
(b). Les horizons diagnostiques secondaires : albique (E), calcique (Ca : accumulation
de calcium), gypsique (accumulation de CaSO4), natrique (argillique et sodique),
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(c). Ordres
Les unités sont désignées à l’aide des racines grecques et latines : le suffixe rappelle
l’ordre ; un premier préfixe donne le sous-ordre, un second préfixe le groupe. Voici ci-
dessous quelques ordres utilisés dans la classification américaine et leurs suffixes
correspondants :
1. Entisols : sols peu évolués sans horizon diagnostique (sols alluviaux, régosols,
lithosols) (suffixe ent) ;
7. Alfisols : sols à Bt argillique, peu altérés, peu désaturés (sols lessivés) (suffixe
alf) ;
Les sous-ordres sont, le plus souvent, définis par le pédoclimat. Exemple : ordre des
alfisols, Aqualf, hydromorphe ; Udalf, tempéré humide ; Ustalf, chaud ; Cryalf, gelé ;
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Xeralf, sec.Un second préfixe désigne le groupe. Exemple : fragi-udalf, sol lessivé
humide, à fragipan.
Les qualificatifs principaux : ils rappellent, par leur désignation, le groupement auquel
ils se réfèrent. Exemples vertisol calcique (intergrade calcisols) ; ferralsol acrique
(intergrade acrisols, présence d’un horizon Bt). D’autres qualificatifs se réfèrent à
l’acidité ou au taux de saturation : eutrique (S/T > 50 %) ; dystrique (S/T < 50 %) ; alique
(sol riche en Al3+ échangeable).
Les qualificatifs secondaires : ils font allusion à une particularité du profil qui ne
masque pas le processus principal. Ces propriétés particulières, mises ainsi en vedette,
sont pratiquement les mêmes que celles utilisées dans le référentiel français : ainsi,
certaines désignent la présence d’horizons spéciaux : fragique (à fragipan), grumique (Ah
grumeleux). D’autres font allusion à la coloration liée à l’état de fer : xanthique (jaune),
rhodique (rouge), ferrique (à concretions), albique (déferrifié) et également aux
caractères hérités du matériau : calcarique (calcaire), fluvique (alluvial), arénique
(sableux), gypsique (gypseux).
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Les sols sableux du plateau des Batéké (RD Congo), hérités des sables de recouvrement
du type Kalahari, d’origine fluviatile et/ou fluvio-lacustre et d’âge fin Tertiaire à
Pléistocène, ont été classifiés récemment (Koy Kasongo, 2009) comme : Rubique
Ferralique Arénosols (Dystrique) (WRB, 2006) et Quartzipsamment Ustoxique
Isohyperthermique selon la classification américaine (Soil Survey Staff, 2006)
(explication, voir exposé oral).
La phase gazeuse joue un rôle important par les échanges de l’oxygène, de dioxyde de
carbone et autres gaz entre la surface et l’atmosphère.
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La phase aqueuse est une phase qui représente une faible quantité des éléments
chimiques hormis H et O. Cependant, elle est le carrefour presque obligé de la plupart des
changements d’état de la matière, des échanges d’éléments chimiques entre phases et des
échanges entre domaines abiotiques et le système racinaire ou les micro-organismes.
Enfin, la phase solide représente une extraordinaire diversité. Lorsque l’on exclut les
phases organiques, cette diversité est telle qu’il devient impossible de les décrire de
manière exhaustive.
Les sections suivantes s’attacheront donc à présenter quelques traits généraux sur les
constituants les plus fréquents du sol.
Les autres minéraux de la roche mère sont altérés. Leur dissolution enrichit la solution
du solen éléments dissous. La solubilité par rapport à d’autres minéraux peut être alors
dépassée, ces derniers précipitent et s’accumulent. Les minéraux qui se sont formés dans
le sol sont dits secondaires. Les éléments chimiques qui les composent peuvent provenir :
d’un apport des zones extérieures, par des circulations latérales de l’eau et dons
des éléments dissous.
Certains minéraux peuvent exister dans la roche mère, être dissous, puis précipiter lors de
l’histoire de la formation du sol. Ces minéraux sont secondaires et coexistent avec des
minéraux primaires de même composition chimique. Ainsi par exemple, dans un sol se
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développant sur une roche mère calcaire, un calcaire ancien bien cristallisé, le sol brun
calcaire se développant à partir cette roche contiendra :
Figure 4 : Structure de l’acide humique : (a) Kononova et al. (1961) et (b) Orlov (1985)
De même, les minéraux argileux peuvent fixer les composés organiques xénobiotiques
(pesticides, herbicides ainsi que certains produits de dégradation). Les argiles sont donc
chimiquement très réactives tant du point de vue de la chimie minérale que de la chimie
organique.
Figure 5: Projection schématique des phyllosilicates 2/1 et 1/1 dans le plan b-c : kaolinite
(en bas) et smectite (en haut)
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La plupart des minéraux argileux se caractérisent par un déficit de charge positive dans
leur cristal ; ils portent par conséquent, une charge négative qui est permanente ou
variable. La charge permanente (négative ou positive) est la charge structurale causée par
la substitution isomorphique lors de la formation du minéral, alors que la charge
variable (négative ou positive) est celle qui se développe principalement sur la surface de
groupement hydroxyle par libération ou fixation de proton (protonation-déprotonation,
Figure 7). Pour compenser ce déficit, des cations de la solution du sol sont adsorbés. Ces
cations peuvent à leur tour être échangés contre d’autres cations lors que la composition
de la solution du sol change. La Figure 6 montre une représentation schématique de la
double couche en contact avec la solution du sol ; les ions (cations) de la surface (chargée
négativement) des argiles, se déplacent par diffusion, et peuvent être échangés avec
d’autres ions de la solution du sol.
L’humus possède également des sites d’échange anioniques. Certains éléments plutôt
présents sous forme anionique comme les phosphates peuvent aussi être adsorbés sur la
CEC grâce à des ponts calciques. Ainsi, H2PO4- peut former un complexe avec le Ca2+ :
H2PO4- + Ca2+ ↔ Ca H2PO4+ (complexe)
Ce complexe étant chargé positivement, il peut être adsorbé par le complexe argilo-
humique (complexe argile-humus).
Lors de processus d’oxydoréduction dans les sols, la composition chimique du cristal
peut évoluer. Ainsi, pour les argiles contenant du fer ferrique dans le cristal, le passage à
l’état ferreux altère la balance électrique du cristal et augmente la CEC. Pour certains sols
soumis à des fortes variations d’aération ce phénomène peut être très important.
Il faut également préciser que la CEC dépend de type d’argile dans le sol. Les kaolinites
qui ne présentent pas de déficit de charge, développent une CEC faible, alors que des
argiles de type 2/1 telles que les montmorillonites ont des valeurs de CEC importantes.
La présence d’argile dans le sol influe fortement sur des nombreuses caractéristiques
physiques (réserve en eau, distribution de la taille des pores, plasticité à l’état humide,
cohérence à l’état sec, …). La garniture cationique des argiles renseigne sur les
caractéristiques du sol :
en sol acide le taux de Al3+ et de H+ échangeable renseigne sur le risque de
toxicité aluminique ;
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Les oxydes et les hydroxydes développent des phénomènes de sorption. Ils sont capables
d’adsorber des éléments tels que certains métaux lourds ou éléments toxiques non
métalliques comme As. Les phosphates peuvent être adsorbés par ces minéraux (Figure
8) ; cette fixation augmente la CEC.
Les propriétés adsorbantes des oxydes et hydroxydes sont dépendantes du pH. En effet
selon le pH de la solution du sol, certains sites d’échange ou de sorption sont libérés ou
non, ce qui fait varier la CEC (Figure 9). Les oxydes et hydroxydes jouent un rôle de
ciment ente les autres minéraux, contribuant ainsi à augmenter la stabilité structurale du
sol, au même titre que la matière organique.
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I.3.3.1. DEFINITIONS
La matière organique fraîche (M.O.F.), fraction organique encore peu transformée,
d’origine végétale ou animale, s’oppose à l’humus, fraction organique colloïdale plus ou
moins foncée, qui contracte des liens étroits avec l’argile et les oxydes libres. La M.O.F.
constitue la matière première de l’humus : les débris végétaux et animaux de toute nature
se superposent au sol minéral (litières forestières), ou lui sont incorporés (milieux
cultivés). Les molécules complexes de la matière organique fraîche subissent d’abord une
décomposition microbienne, c'est-à-dire une transformation, qui libère des composés
simples, le plus souvent solubles : une partie subit le processus de minéralisation, c'est-
à-dire se transforme en composés minéraux solubles ou gazeux (CO2, par exemple), c’est
la minéralisation primaire, assez rapide dans les milieux biologiques actifs, certains de
ces composés pouvant d’ailleurs, à l’inverse, être réorganisés au cours de l’humification.
Une autre partie échappe à la minéralisation et sert à l’édification des molécules
nouvelles, de plus en plus complexes, de nature colloïdale et de couleur foncée dont
l’ensemble constitue l’humus, au sens strict : c’est l’humification. Ces composés
humiques se minéralisent à leur tour, mais plus lentement que la matière organique
fraîche (minéralisation secondaire) (Figure 10).
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Si le turnover est rapide pour un apport déterminé de litière, le stock d’humus incorporé
au sol reste faible, le taux de minéralisation annuelle étant élevé (cas des humus actifs des
sols bruns faiblement acides).
Si le turnover est lent, le stock d’humus incorporé est beaucoup plus élevé et le taux de
minéralisation est faible (cas des humus carbonatés et andiques).
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Dans les deux cas, une même quantité de CO2 est libérée par unité de surface, elle
équilibre les apports annuels de carbone organique, et assure la permanence du profil
humique en forêt.
(a). Les humus peu actifs, mor, et à degré moindre, moder, offrent des horizons L
(litières) et O composés de M.O.F. peu transformés, superposés au sol minéral. L’horizon
O est généralement divisé en deux parties : la partie F dite de fragmentation (débris
végétaux grossiers) et la partie H noire formée de matière organique fine (débris végétaux
fins et boulettes fécales de diamètre ≤ 100 μm). L’humification étant très faible, il ne se
forme pas d’agrégats argilo-humiques en Ah. La transition OAh, progressive dans le
moder, est brutale dans le mor.
Le dysmorder, est un humus de transition entre moder et mor : c’est un moder à horizon
H bien développé, mais plus actif et moins acide que le mor.
(b). Les humus actif, dits mull, sont caractérisés par une décomposition rapide des
litières : l’horizon O est plus souvent réduit à la litière L. L’humification est importante,
elle engendre une structure aérée, en agrégats de différentes dimensions, qui constituent
l’horizon mixte Ah, bien distinct de l’horizon L (litière).
Une représentation schématique des humus actifs et peu actifs est donnée à la Figure 11.
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Figure 11 : Morphologie des principaux types d’humus actifs-peu actifs : mull, mor et
moder
La classification des divers types d’humus des forêts tempérés proposée par Belotti
(1994), Graefe et Belotti (1999) et Bonneau et Souchier (1994) (Duchaufour, 2004),
considère plusieurs types de mull, à savoir :
Mull eutrophe (pH > 5,5), Mull mésotrophe (pH 5 à 5,5) : ils sont regroupés
en raison de l’analogie de leur structure et de leurs propriétés. Les litières
disparaissent très vite; elles sont divisées et incorporées profondément par
l'action des lombrics anéciques: la structure est grumeleuse et stable à l’eau :
la biomasse microbienne est variée et importante ;
Mull acide (pH < 5, Flachmull) : sont divisés par les lombrics épigés et
endogés, mais imparfaitement incorporés au sol minéral ;
(c). Les humus formés en présence d’un excès ou d’un manque d’eau : dans les deux
cas, la décomposition de la MOF et l’humification sont ralentie : le préfixe “xéro”
désigne l’humus formé en milieu sec, le préfixe “hydro”, ceux formés en présence d’un
excès d’eau (aération insuffisante). On a ainsi, les xeromoder, les hydromull, etc.
33
Concernant l’extraction des composés humiques, tous les laboratoires utilisent, depuis
longtemps, les solutions alcalines (pyrophosphates de Na 0,1M). On obtient ainsi une
solution foncée, qui, après acidification, donne un précipité floconneux brun (acides
humiques, AH, dont la structure probable est présentée à la Figure 5), alors que les acides
fulviques (AF) restent solubles. Les méthodes modernes, pyrolyse, RMN, marquage aux
isotopes, ont permis de préciser leur structure et leur composition.
Il existe plusieurs méthodes dont aucune n’est pleinement satisfaisante : seules les trois
plus efficaces ont brièvement décrites ici :
Méthode rupture des agrégats par élimination des cations, Ca, Fe, Al (HCl-
dithionate). Après dispersion complète, on utilise une combinaison de procédés
physiques (ultrasons, tamisage, sédimentation) et chimiques (réactifs alcalins)
pour obtenir trois fractions : (i) MOF et humine héritée ; (ii) composés
extractibles (assimilables aux AH et AF dans un sens large) ; (iii) humines
évoluée ;
le paysage. C’est ainsi que les approches fractales de l’organisation des sols ont été
tentées dans les années 1990, avec succès divers. L’organisation du sol en entités
tridimensionnelles (profil, pédon, horizon) étant largement discutée dans les sections
précédentes, cette section portera essentiellement sur la structure, la texture ainsi que la
couleur des sols.
Les plus traditionnelles sont basées sur les lois de l’hydrodynamique. Le mélange
violemment agité est laissé au repos ; les grains sédimentent d’autant plus vite qu’ils sont
plus grossiers. Des prélèvements à temps et profondeur du mélange bien choisi
permettent de déterminer après séchage et pesée, la fraction granulométrique.
Les méthodes plus modernes reposent sur la diffraction laser d’une suspension eau/grains
agitée ou bien agitée ou bien un équivalent par conductimétrie. Dans ce dernier cas, une
cellule conductimétrique enregistre le passage d’un grain par diminution de la
conductivité électrique, sa taille est fonction de la chute de conductivité.
Les triangles des textures (FAO-USDA et Belge) sont donnés aux Figures 12 et 13. Il faut
noter qu’il existe plusieurs autres types de triangles utilisés en France.
36
La méthode de pipette de Köhn (Köhn, 1929) est actuellement utilisée dans beaucoup
de laboratoires de pédologie. En voici ci-dessous l’essentiel du protocole :
Après destruction de la matière organique par l’eau oxygénée (H2O2 à 30%) et traitement
préliminaire à l’acide chlorhydrique dilué (HCl 0,01N), la fraction sableuse est séparée
par tamisage (crible à trous de 50 µm). La fraction argile –limon est déterminée par la
méthode de pipette de Köhn, après dispersion à l’aide de la solution
d’hexamétaphosphate de Na à 5 %. La fraction sableuse est divisée en 5 sous fractions
par tamisage à travers des cribles à trous (tamis) de 100, 250, 500, 1000 et 2000 µm de
diamètres. Les différentes fractions sont identifiées selon le triangle textural de l’USDA
(USDA textural triangle) ou autre, selon le choix, et exprimées en pourcentage poids.
38
I.4.2. STRUCTURE
La structure du sol est relative au mode d’agencement macroscopique des grains entre
eux. En fait, il est possible d’étudier ce mode d’arrangement à différentes échelles. Avec
les lames minces de sol solidifié par une résine, il est possible d’étudier l’arrangement au
microscope comme on le ferait pour une lame mince d’une roche. On peut alors y étudier
la structure du plasma, la matrice argileuse, ainsi que la distribution des grains sableux
dans cette matrice.
Enfin, si la texture d’un sol ne peut être modifiée que par un apport de matériau de
texture différente à celle du sol, en revanche, la structure d’un sol peut être fortement
modifiée par de nombreuses actions anthropiques (labours, terrassements, passage
d’engins chargés comme les remorques ou les tracteurs, piétinement de troupeaux, …).
La texture peut donc être dégradée par l’action humaine.
(a). Structures massives cohérents : il s’agit d’un assemblage de grains soudés en une
masse continue (Figure 14), par exemple lors de phénomènes de cimentation
(cristallisation des substances solubles, CaCO3 (horizon pétrocalcique), précipitation de
goethite : cuirasses ferrugineuses) ou par fusion (sables argileux compacts). Cette
structure est peu favorable aux transferts d’eau et d’air.
(b). Structures particulaires : c’est une coexistence de grains sans relation entre eux
(juxtaposition des particules libres sans aucun lien). Cette non structure est
habituellement assez fragile mais perméable aux fluides du sol. La structure particulaire
est liée à la texture sableuse ou sablo- limoneuse (Figure 15). Cette structure est meuble,
relativement favorable à l’agriculture (bon enracinement), mais trop filtrant (risques de
carence en eau).
(d) Structures fragmentaires par fissuration : elles sont causées par les processus de
gel-dégel (climat périglaciaire) et d’hydratation-déshydatation (argiles gonflantes) dans
les horizons profonds des sols. Ceci conduit à la formation des agrégats à allures
polyédrique, prismatique et lamellaire (Figure 16) :
1. structures polyédriques : les agrégats ont des surfaces planes séparées par des
arêtes assez vives. On les rencontre souvent dans des horizons argileux. La taille
des agrégats est variable, et la perméabilité est plus importante lorsque la structure
est fine, nettement moins bonne lorsqu’elle est grossière. Parfois, la structure
polyédrique est incluse, comme sous structure, dans une structure prismatique ;
(d) Structure schisteuse : il s’agit d’une structure horizontale, comme pour la structure
laminaire, mais de faible extension latérale. Cette structure est héritée des débris de roche
mère schisteuse non ou peu altérée. Elle moins opposée aux transferts d’eau et de gaz.
En général, la couleur des horizons de surface reflète une forte emprunte des processus
biologiques, notamment ceux influencés par l’origine écologique de la matière organique
(MO). En effet, plus la teneur en MO est élevée, plus sombre est la couleur du sol.
La couleur de sol de profondeur (sous-sol) reflète plus fortement dans la plupart des sols,
l’emprunte des processus physico-chimiques. En particulier, le statut redox du Fe, et dans
une certaine mesure celui de Mn, influence sensiblement la grande variation trouvée dans
la couleur du sous-sol.
(1) “Hue ” (ton de couleur ou tonalité) : c’est la couleur dominante : une couleur pure
(red (rouge), yellow (jaune), green (verte), blue (bleu) et purple (pourpre) ou un mélange
des couleurs pures. Chaque cercle horizontal de Munsell est divisé en cinq couleurs
(hues) principales : Red (R), Yellow (Y), Green (G), Blue (B), et Purple (B), ensemble
avec 5 hues intermédiaires (milieux) entre les principales hues adjacentes. Chacune de
ces 10 étapes (cercles) est ensuite coupée en 10 sous étapes, donnant 100 valeurs de
Munsell hues. Deux couleurs d’égal value et chroma, situées sur les côtés opposés d’un
cercle de hue, sont des couleurs complémentaires, et mélangées additivement au gris
neutre de même valeur. Le diagramme ci-dessous (Figure 20) montre 40 Munsell hues
également espacées avec des compléments verticalement alignés.
44
(3) “Chroma” (degré de saturation) est la quantité particulière de hue ajoutée au gris ou
la pureté relative de hue. Le chroma est mesuré radialement à partir du centre ; le faible
chroma étant moins pure (plus délavé).
Les couleurs du sol sont données dans l’ordre hue, value, chroma. Par exemple, 2.5 YR
4/2, décrit un sol avec hue de 2.5 ; value de 4 et chroma de 2.
Un peu partout dans le monde, l’inventaire et la cartographie des types de sols sont bien
avancés. Mais le travail reste à faire concernant les systèmes pédologiques : travail
45
indispensable pour comprendre les distributions et les fonctionnements des sols, les
relations entre les milieux et les sociétés humaines.
La couverture pédologique : cette expression permet de rappeler que le sol est un milieu
continu, une couche continue qui recouvre les roches sous-jacentes. Il n’y a pas
“d’individu sol” rappelant l’individu animal ou l’individu végétal. Pour exprimer ce que
c’est le sol d’un lieu donné, d’une parcelle, d’un versant, on ne peut pas se contenter de la
description verticale du sol en un seul point (observation à la tarière ou dans une fosse) :
il faut décrire et comprendre les variations latérales (des couleurs, des structures, …) qui
ne sont jamais aléatoires.
La porosité est occupée par les fluides, en général la phase aqueuse et la phase gazeuse
dont les volumes respectifs sont Ve et Vg. Dans certains cas rares, cette porosité est aussi
occupée par d’autres fluides (hydrocarbures lors de la pollution des sols par ces produits).
Dans des nombreuses situations le volume de la porosité est constant. Ainsi, les deux
fluides sont en compétition. Tout volume occupé par l’eau n’est pas accessible aux
échanges gazeux. Les sols dont la porosité est saturée d’eau se caractérisent par une
faiblesse des échanges gazeux avec l’atmosphère, ce qui se traduit souvent par des états
anodiques plus ou moins marqués.
Cet indice est aussi appelé humidité volumique (noté thêta), qu’il ne faut pas confondre
avec l’humidité pondérale Hp (Hp = poids d’eau/poids de sol).
L’indice de solide ls = 1 - lp
On définit la densité apparente sèche Da, comme la masse la masse volumique du sol sec
divisé par 1 (masse volumique de l’eau), la masse volumique du sol sec étant égale au
rapport du poids du sol sec sur le volume total.
Da = Pds sec/Vt
Alors que la densité réelle (Dr) du sol est la masse volumique des phases solides divisée
par 1. Il s’agit de la moyenne pondérée des masses volumiques des solides du sol (Figure
20).
Dr = Da x lp
47
Enfin, il est important de rappeler qu’en fonction de la taille des pores, il existe trois
types de porosité : macroporosité (200 – 8 μm), microporosité (8 – 0,2 μm) et porosité
matricielle (< 0,2 μm).
1. Elle tapisse la surface des solides, qui sont en général hydrophiles, en une surface
très fine représentant deux à trois couches moléculaires. Ceci représente très peu
d’eau pour les sols sableux, mais pour les sols argileux qui développent une
grande surface spécifique, de l’ordre de 100 m2 par gramme, l’eau adsorbée est
loin d’être négligeable ;
2. Elle remplit les plus petits pores qui lui sont offerts. C’est l’eau capillaire. Pour
des raisons de physiques capillaires, l’eau est retenue avec une énergie d’autant
plus importante que le diamètre du pore est petit. La relation est inversement
proportionnelle. Ainsi, extraire l’eau des petits pores, il faut apporter une énergie
très importante. En revanche, pour les pores les plus grossiers, les forces
capillaires sont insuffisantes pour empêcher l’eau de s’échapper sous l’effet de la
seule gravitée.
Lorsque toute la porosité est remplie d’eau, le sol est dit saturé en eau. Alors, l’indice
d’eau est égal à l’indice d’eau = lp. En fait il reste un peu d’air piégé et cette égalité n’est
pas strictement respectée.
48
Lorsqu’un sol saturé se ressuye, l’eau contenue dans la porosité grossière s’échappe. Il
s’agit de l’eau de gravité. Les pores les plus fins retiennent l’eau par capillarité.
L’humidité se stabilise vers une valeur appelée capacité au champ (Field capacity : FC).
transpiration, c'est-à-dire, prélèvement par les végétaux qui conduisent cette eau
en surface où ils la vaporisent,
l’humidité diminue. L’eau abandonne les pores les plus grossiers pour se cantonner aux
plus fins. A partir d’une certaine valeur d’humidité l’eau présente est retenue avec des
forces capillaires importantes qui empêchent les plantes de l’extraire. Les végétaux
flétrissent, si la situation se prolonge, le flétrissement est permanent. L’humidité est alors
appelée : point de flétrissement permanent (Permanent wilting point : PWP).
La réserve en eau dans le sol est définie par : eau à la CP – eau au PWP= eau utile
Comme le but des cultivateurs n’est pas de conduire les plantes au point de flétrissement
permanent, c'est-à-dire à la mort, on définit la Réserve Facilement Utilisable, R.F.U.
avec RFU = (2/3) RU, RU = réserve utile ou eau utile,
La loi de Jurin, qui établit la relation entre le diamètre des pores et l’énergie de l’eau
(hauteur d’ascension capillaire, ce qui revient au même) permet d’établir un diagramme
de la porosité selon un diamètre équivalent. Ce type de diagramme est très important,
mais dans le détail, il critiquable car la tension qui préside à la désorption d’eau n’est pas
liée au diamètre des pores, mais au diamètre le plus petit par lequel l’eau doit sortir, ce
qui est très différent pour certains types de porosité.
1 bar = 1000 cm (pression exercée par une colonne d’eau de 10 m). Le pF est égal au
logarithme décimal du potentiel matriciel (Ψ) : pF = Log10 Ψ
Selon Landon (1991), l’eau disponible (eau utile) est la quantité d’eau obtenue en faisant
la différence entre l’eau à la capacité au champ (FC) et l’eau au point de flétrissement
permanent (PWP) (voir RU).
Tenant compte de la perte en quantité significative d’eau par évaporation en région
tropicale, la détermination de la capacité au champ in situ est généralement difficile sans
couvrir la surface du sol. Dans ce cas, l’humidité au potentiel matriciel de -33 kPa (pF
2,52) est souvent considérée comme l’humidité à la capacité au champ (Boyer, 1982).
Le point de flétrissement permanent est généralement considéré comme la quantité d’eau
retenue à la pression matricielle de – 1500 kPa (pF 4,2) (Boyer, 1982; Landon, 1991).
En général, la capacité au champ équivaut à pF variant de 3 à 2,1
Pour un sol saturé, pF = 0.
50
Pour déterminer la courbe pF, on fait subir à un échantillon de sol saturé en eau, une
pression de plus en plus grande dans 1 presse (méthode de colonne d’eau avec un
appareillage à bac de sable et/ou à l’aide de chambres à pression) et, on mesure sa perte
en eau (Figure 22) (détail voir exposé oral).
Ah1 0-10 10 8 3 2 0 6 60
Ah2 10-45 35 5 1 2 0 3 30
ABh 45-78 33 5 0 2 0 3 30
Bws1 78-151 73 4 1 2 0 2 20
Bws2 151-210 59 7 1 5 1 2 20
ET = écart-type de moyenne de trois répétitions.
1.5.3. PERMEABILITE
La perméabilité k d'un sol est définie par la vitesse d'infiltration de l'eau; Ks est mesuré
par loi de Darcy (Figure 23). C’est une loi phénoménologique très utilisée car son
domaine de validité est très large. Cette loi stipule que le flux d’eau est proportionnel au
gradient de pression qui le génère.
Figure 23 : Schéma illustrant l’infiltration d’eau dans une colonne de sol de section s
(Loi de Darcy)
Pour les sols non saturés (pluies faibles, air présents dans les pores du sol), Ks est
beaucoup plus faible (0,1 mm/heure pour un limon) et varie avec l’humidité.
Habituellement, cette variation est très importante. Une diminution de quelques pourcent
d’humidité engendre une diminution de 1 ou 2 ordres de grandeurs de la conductivité
hydraulique.
Une couche est réputée imperméable pour des valeurs de Ks de l'ordre de 10 -9 m/s. L'eau
qui tombe à la surface du sol commence à humidifier la partie supérieure du sol (quelques
centimètres). Le profil hydrique change. Cette augmentation de la teneur en eau en
surface ne détermine pas automatiquement un transfert en profondeur: l'eau peut rester
retenue dans le sol par les forces de capillarité. Lorsque la capacité de rétention du sol en
eau est dépassée, l'eau descend sous l'effet de la gravité et humidifie les couches
inférieures. Si l'humidification du sol continue, l'eau finalement atteint la nappe par
infiltration: ce phénomène est très lent et peut demander plusieurs mois. En zone
tempérée, la quantité d'eau infiltrée jusqu'à la nappe est estimée à 300 mm/an, soit 10 l/s
par km2.
Si la pluie est forte, le sol ne peut pas absorber toute l'eau tombée, la partie supérieure du
sol devient saturée mais le transfert vers la profondeur n'est pas assez rapide. Une
pellicule d'eau s'accumule en surface et s'écoule selon la pente: c'est le ruissellement.
L'eau qui s'écoule arrache des particules puis se rassemble en chenaux de plus en plus
important (cours d'eau). Lorsque la surface du sol est imperméable (roche imperméable,
route ou zone urbaine bitumée), le ruissellement apparaît sitôt que les dépressions du sol
ont été remplies. La végétation favorise l'infiltration et s'oppose ainsi au ruissellement.
des risques de pertes par lessivage et pourront être échangés au sein du C.A.H. pour être
mis à disposition des végétaux. Le C.A.H. par ses propriétés d’adsorption et d’échange
des ions présente un double avantage :
L’état du complexe adsorbant et ses modifications éventuelles par échange d’ions, offrent
une importance considérable dans la mesure où ils régissent, par l’intermédiaire du pH,
l’activité biologique, la structure et la fertilité minérale des sols.
Les minéraux insolubles du sol à charges positives (par exemple des oxyhydroxydes),
retiennent, retiennent les anions (PO43-, SO42-) : ils constituent un complexe anionique
caractérisé par les propriétés d’échange anionique.
Les ions échangeables du complexe adsorbant sont en équilibre avec les solutions du sol :
toute modification de la composition de solution du sol provoque un changement de cet
équilibre par échange : certaine ions du complexe passent en solution (désorption) et
sont remplacés par d’autres ions, qui étaient auparavant en solution (adsorption).
55
Le pH est en outre une indication du niveau général du sol en éléments chimiques assimilables
(Figure 26). Le pH du sol se trouve en relation directe avec les cations et les anions échangeables.
C’est la propriété chimique du sol qui est la plus mesurée à l’heure actuelle. Le pH des sols acides
se situe généralement entre 4 et 7 tandis que le pH des sols alcalins se situe habituellement entre 7
et 10.
pH = - Log10 [H+]
Le pH est mesuré sur une échelle logarithmique de 0 à 14. Un pH de 7,0 est considéré
comme neutre. Plus la valeur du pH est élevée, moins le sol est acide (plus il est alcalin) ;
plus le pH est bas, plus le sol est acide (Figure 26). Selon l’échelle logarithmique, un pH
de 6,0 est dix fois plus acide qu’un pH de 7,0, et un pH de 5,0 est 100 fois plus acide
qu’un pH de 7,0.
La plupart des cultures de poussent le mieux dans un sol dont le pH se situe entre 5,5 et
7,0. Pour les régions arides et semi-arides, le pH des sols (sols salins) varie entre 6,5 et
9,0, alors que la région humide est caractérisée par une gamme de pH variant de 5,0 à 7,0.
Les pratiques agricoles ont tendance à faire baisser progressivement le niveau de pH des
sols, les rendant plus acides. La baisse de pH est attribuable aux facteurs suivants :
Figure 26 : Gammes de pH extrêmes pour la plupart des sols minéraux et gammes dans
les régions humides et régions arides des sols (Brady et Weil, 2008).
Le pH du sol influe sur l’efficacité de la croissance d’une culture dans un sol, car il
affecte :
Figure 27 : Relations existant dans les sols minéraux entre le pH et la disponibilité des
éléments nutritifs pour les végétaux (Brady et Weil, 2008).
58
L’acidité active est définie comme l’activité des ions H+ dans la solution du sol. Cette
acidité active est l’acidité mesurée avec un pH mètre. Ce dépôt d’acidité est très petit
comparativement aux dépôts d’acidité échangeable et d’acidité résiduelle. Cette acidité
est toutefois très importante puisqu’elle détermine la solubilité de plusieurs substances et
fournit le milieu de solution du sol dans lequel les racines des végétaux et les
microorganismes sont exposés.
L’acidité échangeable ou de sel remplaçable est d’abord associée avec les ions
d’aluminium et d’hydrogène échangeables qui sont présents en grande quantité dans des
sols très acides. Ces ions peuvent être libérés dans la solution du sol par l’échange de
cations avec un sel non saturé, comme le KCl, selon l’équation suivante :
L’acidité résiduelle est généralement associée avec les ions aluminium et hydrogène
(incluant les ions hydroxydes d’aluminium) qui sont liés dans des formes non-
échangeables par la matière organique et les argiles. Lorsque le pH augmente,
l’hydrogène lié se dissocie et les ions d’aluminium liés sont libérés et précipitent dans la
forme amorphe Al(OH)3↓. Ces changements libèrent alors des sites d’échange de cations
négatifs et augmente la capacité d’échange cationique. La réaction avec un matériau
chaulant (ex. Ca(OH)2) montre que l’hydrogène et l’aluminium peuvent être libérés :
59
B. Détermination du pH
Il y a deux méthodes directes de détermination du pH : les méthodes potentiométriques et
les méthodes colorimétriques. Les méthodes potentiométriques sont plus fréquemment
utilisées car plus précises.
Avantage :
les erreurs dues au potentiel de jonction (pH plus faible que l’activité réelle des
ions H+) sont minimisées du fait que les suspensions de sol sont floculées.
Protocole expérimental
Il faut noter que le rapport sol/eau ou sol/sel (KCl 1N) varie largement d’un laboratoire
à l’autre : les rapports 1/1 ; 1/2,5 ; 1/5 voire même 1/10 sont souvent utilisés.
la dilution du sol entraîne une hausse légère de la valeur du pH. Cet effet est
particulièrement prononcé quand on utilise de l’eau ou du KCl ;
L’échange cationique ou anionique consiste dans la fixation de cations ou anions sur les
particules solides des sols (complexe argilo-humique) et leur libération subséquente dans
la solution du sol. Les cations échangeables dominants sont : Ca2+, Mg2+, K+, Na+, Al3+
et Al(OH)2+, H+, Mn2+ et Fe2+. Les 4 premiers cations sont appelés bases échangeables
ou cations basiques. Dans les sols acides, les cations suivants dominent : Ca2+, Mg2+, K+
et Al3+ selon le type de sites d’échanges, le pH et leur abondance relative. Dans les sols
calcaires, Ca2+, Mg2+ dominent tandis que dans les sols salins, c’est le cas du Na+. La
capacité d’échange cationique est habituellement exprimée quantitativement en
62
dosage des cations échangeables extraits (Ca2+, Mg2+, Na+, K+) absorption
atomique (AA) ou par source ionisante au plasma d’argon (ICP).
(méq/100 g)
Kaolinite 3 -5 g
Halloysite 5 – 50
Montmorillonite 8 – 150
Illite 10 – 40
Chlorite 10 – 40
Pour définir l’état actuel du complexe adsorbant d’un sol acide, il est préférable de
mesurer la valeur de la capacité d’échange effective, au pH du sol (CECE par utilisation
de la solution non tamponnée) : on obtient alors des valeurs de la CECE nettement plus
faibles (souvent de moitié) pour les sols acides. L’état du complexe adsorbant s’exprime
alors par l’équation : CECE = S + Al + H (exprimé en cmolc.kg-1 de sol) ;
S : est la somme des cations basiques (bases échangeables) = ∑ (Ca2++ Mg2++ Na+ +
K+).
A égale concentration dans les solutions du sol, les différents cations ne sont pas adsorbés
de façon équivalente. D’après les lois d’adsorption des cations sur les surfaces chargées
64
SB 100
T= % ; SB = Somme des bases ou S ; CEC ou CECE.
CEC
Le taux de saturation (T) varie, selon que l’on prend en compte la capacité d’échange
effective ou potentielle ; pour les sols acides, il est plus élevé dans le premier cas que dans
le second cas : seule, la valeur du taux de saturation établie au pH du sol, rend compte de
l’état actuel du complexe adsorbant.
Pour un sol saturé, S = T, et S/T = 100 % (pas d’ion acide) : cas des sols à forte réserve
calcique (chernozems). En pratique, un sol est dit saturé si T ≥ 80 -90 % (sols bruns
eutrophes). Dans les sols désaturés, le taux de saturation est faible et une partie du
complexe d’adsorption est occupée par les ions acides Al3+ et H+.
Selon WRB (2006), les sols à taux de saturation (T) inférieur à 50 % sont qualifiés de
“dystrique” ou sols moins fertiles avec faible saturation en bases.
On préfère généralement mesurer la CEC au pH du sol dans le cas des sols acides et à pH
fixe dans le cas des sols alcalins.
La réaction de réduction peut être représentée par : Fe3+ + e- = Fe2+, où le fer ferrique est
réduit en fer ferreux par le gain d’un électron.
L’utilité des mesures est manifeste pour les formes réduites et oxydées de fer en
concentrations modérées. Il est toutefois difficile de relier la valeur de Eh mesurée à celle
dérivée de l’équation de Nernst (théorique).
L’utilité des diagrammes Eh-pH utilisés dans les études théoriques de l’équilibre
oxydation-réduction est toutefois bien établie. C’est une indication simple et claire, pour
l’évaluation du comportement chimique d’éléments multivalents dans présents dans le
sol.
On utilise parfois le terme pF qui est le logarithme négatif de l’activité de l’électron (e-).
Ceci représente l’intensité des conditions de réduction et d’oxydation comme Eh. La
valeur pF à 25 ˚C et à une atmosphère est Eh / 0,0592 volts. L’utilisation de pF simplifie
les valeurs d’équilibre dans certains cas.
66
Les plantes interviennent en profondeur (sous-sol) par leurs racines et, au-dessus par
leurs organes aériens et influencent ainsi le sol par les processus actifs de leurs parties
vivantes, leur nécromasse et leur litière. Elles échangent avec le sol, de façon
permanente, l’eau et des substances dissoutes, absorbées ou évacuées par sécrétions et
excrétions.
Il existe plusieurs activités de la plante en relation avec les processus pédologique qui
peuvent influer sur l’équilibre présenté dans le schéma ci-après (Figure 28).
Ce schéma montre que, par rapport aux ions présents dans la solution du sol, les colloïdes
des racines sont des systèmes compétitifs. Comme les racines produisent les ions H+ et
HCO3-, l’équilibre est continuellement déplacé.
L’espace libre (AFS = apparent free space) : est constitué d’une membrane, du volume
intercellulaire et une partie du cytoplasme : les cations y restent échangeables.
L’espace interne (IS = inner space) : est une partie de la cellule de racine dans laquelle
les ions ne pénètrent pas par simple diffusion. Pour qu’un ion y pénètre, une barrière
d’énergie doit être franchie. La plante doit pomper les ions de l’AFS dans les vacuoles
67
Le pouvoir d’adsorption des racines est lié à leur capacité d’échange, la production des
ions échangeables et la propriété des tissus pour conduire l’air aux racines où l’oxygène
est utilisé pour produire de l’énergie.
Le flux d’ions vers l’intérieur des tissus de plantes est accompagné par un flux d’eau,
nécessaire comme un constituant des tissus participant aux réactions de synthèse
organique, assurant le transport dans la plante et accompagnant des pertes d’eau par
évaporation et transpiration (évapotranspiration).
Les molécules d’eau peuvent passer le cytoplasme dans les deux directions. Comme la
concentration à l’intérieur de la cellule (vacuole) est supérieure à celle de la solution des
nutriments, l’absorption d’eau par les plantes est un processus osmotique (Figure 29).
L’absorption osmotique de l’eau par la cellule cause une pression du cytoplasme contre la
paroi (membrane) cellulaire, appelée turgescence (turgor).
Cette relation montre qu’une substance dissoute cause une pression osmotique, laquelle
est égale à la pression qu’elle exercerait comme gaz parfait dans un même volume. En
effet, une grande pression osmotique (grande concentration dans la vacuole), conduit à
une plus grande absorption et rétention d’eau (plante). Ainsi, les traitements de K
conduisant à une augmentation de la concentration en K dans la cellule, donne aux
plantes plus de résistance aux conditions de sécheresses (faible évaporation et plus d’eau
absorbée).
Lorsque la pression osmotique est la même, la solution extérieure est dite isotonique, et
l’absorption d’eau est stoppée.
• V = (Vm .C)/(K m + S)
Ces deux paramètres (Vm et Km) peuvent être graphiquement déterminés à partir de
l'équation suivante:
Le transport passif est insuffisant pour assurer les besoins en P (qui sont 20 à 30 fois plus
élevés que ce qui est permis par le transport passif puisque P migre peu dans la solution
du sol) et en K (4 à 10 fois ; K étant plus mobile en solution de sol que P mais son
mouvement vers les racines est insuffisant pour satisfaire aux besoins de la plante) alors
qu'il est largement suffisant pour Ca (une quantité 10 à 20 fois supérieure au besoin de la
71
plante migre vers les racines) et Mg (une quantité 2 à 3 fois supérieure au besoin de la
plante migre vers les racines). Tous les mécanismes de l'absorption passive peuvent alors
être indispensables à la satisfaction des besoins (absorption par diffusion, interception et
flux de masse).
La nutrition azotée, selon ses deux formes, ammoniacale ou nitrique, est un bon exemple
de cet échange de protons H+ entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule. La nutrition
ammoniacale seule n'est pas intéressante pour la plante malgré l'économie d'énergie
qu'elle procure; la croissance reste chétive et la production de biomasse est faible. Le
NH4+ s'accumule sous cette forme dans la vacuole (souvent il y a toxicité ammoniacale)
sans qu'il y ait de transformation en acides organiques comme pour le cas d'une nutrition
nitrique (les voies métaboliques sont différentes). Avec une nutrition purement
ammoniacale, la cellule ne peut être turgescente que lorsqu'il y a un détournement des
acides organiques de leur lieu d'utilisation pour la synthèse de macromolécules
biologiques vers la vacuole. Ce détournement fait perdre à la plante l'opportunité de
biosynthèse et de production de biomasse.
II.3. LA RHIZOSPHERE
Elle peut être définie, de manière simple, comme la zone d’influence de la racine sur le
sol. Certains la définissent aussi comme la zone de sol qui reste la plus solidement
accrochée à la racine lorsqu’on arrache une plante. Elle représente une interface
essentielle et active entre la plante et le sol grâce à la présence des microorganismes,
bactéries, champignons ainsi que celle de leurs prédateurs, et dépend du type de plante,
de son stade et de son activité mais aussi du type de sol et de sa fonctionnalité. Dans
72
certains cas, comme sous une prairie, le sol peut être considéré comme presque
totalement rhizosphérique. En fait cette zone de sol entourant la racine est déterminée par
la racine elle-même. C’est elle qui organise « sa » rhizosphère en modifiant les propriétés
physico-chimiques de cette dernière et sa composition biologique à travers deux
mécanismes majeurs : l’acidification via l’émission de protons (ions H+) et
l’exsudation racinaire. Celle-ci correspond à la sécrétion, par la racine, de composés
organiques qui diffusent dans le sol. Ceux-ci ont une importance cruciale.
Ces exsudats racinaires sont constitués de deux fractions majeures, en plus des cellules
exfoliées de la coiffe :
Les exsudats, carburant de la vie biologique des sols ont trois rôles majeurs :
la protection de la coiffe de la racine, zone fragile comportant, comme nous l’avons dit
plus haut, les cellules du méristème apical, à l’origine de l’élongation de la racine ;
retour, ceux-ci stimulent l’exsudation racinaire, faisant de ce milieu une zone dynamique
où l’activité biologique y est intense. En effet, à partir des exsudats racinaires, se forment
de véritables chaînes alimentaires avec, comme premiers acteurs, les bactéries (plus
rapides à se multiplier) puis les champignons. Viennent ensuite les consommateurs de ce
premier niveau alimentaire comme les nématodes, les protozoaires ou les collemboles et
ainsi de suite… Tous les genres ne sont pas attirés par les mêmes compositions
d’exsudats.
le biocontrôle (protection contre les pathogènes ou, à l’inverse, attaque des racines) ;
la fixation d’azote atmosphérique par des bactéries spécifiques chez les légumineuses
(mode de fixation symbiotique) ou la fixation libre par d’autres bactéries, comme le genre
Azotobacter.
En résumé, la rhizosphère est une mince couche de sol qui entoure les racines
absorbantes et dont la composition est profondément modifiée : elle diffère de la masse
du sol par son pH, son Eh, par l’abondance et la composition de la matière organique, et
enfin par sa forte activité microbiologique qui se traduit par une teneur élevée en
carbone organique. En effet, la rhizosphère est caractérisée par :
une matière organique : les racines exsudent des mucilages (polysaccharides), qui
permettent à l’édification d’agrégats, peu stables et augmentent l’activité
biologique.
Par ses organes aériens (feuilles et tiges encore vertes), la plante absorbe le gaz
carbonique de l'air à partir duquel elle photosynthétise des substances de réserve. La
plante absorbe aussi de l'oxygène nécessaire à sa respiration, de l'eau et même des sels
minéraux.
Par ses racines, la plante absorbe de l'eau, des substances minérales qui y sont dissoutes
ou sous forme d'ions, de l'oxygène et d'autres gaz présents dans l'atmosphère du sol
(azote, CO2, hydrogène, méthane, ammoniac, etc.).
Par ses racines, la plante absorbe aussi des substances organiques. Longtemps réfutée par
les tenants de la fumure exclusivement minérale (travaux de Liebig), personne ne doute
plus maintenant de cette capacité d'absorption des substances organiques par les plantes.
Une des sources essentielles pour les substances organiques est l'humus. Les polyphénols
75
et les quinones que les humus libèrent sont connus comme étant des facteurs de
croissance indispensables aux plantes. Mais les plantes absorbent aussi des acides
aminés, des vitamines et des antibiotiques élaborés au niveau de la rhizosphère,
principalement par l'activité bactérienne et fongique. On a aussi découvert que les plantes
étaient tout à fait capables d'absorber des macromolécules organiques qui joueraient un
rôle important dans la résistance au parasitisme.
(a) Les éléments majeurs sont : C, H, O, N, S, comme cations : K+, Mg2+, Ca2+, Na+, et
comme anions : Cl-, SiO44-.
(b)Les éléments mineurs parce qu’ils sont en très faible quantité dans les cellules des
êtres vivants, mais sont indispensables pour une vie normale et entrent dans la structure et
cofacteur enzymatique. Ces éléments sont : Fe, Mn, Cu, Mo, Co, W, Ni, B.
Les bioéléments peuvent être dans le milieu en abondance causant ainsi la toxicité, alors
que la carence en bioéléments est indiquée par leur présence en faible quantité par
rapport au seuil normal dans le milieu.
Consommation de luxe : est l’absorption d’ions en excès par une plante sans qu’ils ne
servent à la croissance ni qu’ils soient toxiques.
76
La consommation de luxe n’est pas fréquente car le rapport coût/bénéfice est très
mauvais : la plante dépense de l’énergie pour l’absorption et la translocation d’u n ion qui
ne lui sert à rien dans les conditions actuelles. En revanche, la consommation de luxe
peut s’avérer un investissement à long terme, car elle permet de constituer des réserves
facilement utilisables en cas de soudaine nécessité.
(1) L'azote.
L'azote est le constituant principal des protéines (chaînes d'acides aminés). L'azote est
absorbé sous forme nitrique ou ammoniacale (NO3- ou NH4+). Ces formes chimiques
s'associent aux sucres et aux acides élaborés au niveau des feuilles pour former des acides
aminés.
L'azote favorise la croissance des plantes, la multiplication des chloroplastes (une plante
carencée pâlit ou jaunit), la synthèse des sucres et des réserves azotées dans les fruits et
les graines. L'excès d'azote allonge la période végétative des plantes. Il est donc un
facteur retardant la maturité. En outre, il a été montré que les excès d'azote sensibilisaient
les plantes aux maladies cryptogamiques et aux attaques des parasites. Enfin, l'excès
d'azote est un facteur important, mais non exclusif, pour expliquer la verse des céréales
ou leur sensibilité au gel.
(2) Le phosphore.
est plus abondant que dans les organes plus âgés. Le phosphore est fondamental pour les
processus de floraison, la mise en graine ou en fruit des plantes.
Enfin, la présence de phosphore dans les plantes joue un rôle crucial pour les animaux qui
les consomment. Il est possible, par exemple, que les variations démographiques
observées chez les lemmings soient une conséquence des carences en phosphore
observées chez les plantes qui poussent sur la toundra arctique.
(3) Le soufre.
Le soufre est le constituant essentiel des acides aminés soufrés (méthionine et cystine)
que la plupart des animaux ne savent pas synthétiser et qu'ils trouveront dans les plantes
qu'ils consommeront. Certaines plantes comme les liliacées, les légumineuses ou les
crucifères sont riches en ces acides aminés soufrés, et plus généralement en produits
soufrés.
(4) Le potassium.
Le potassium est l'ion principal des solutions cytoplasmiques. Le potassium joue un rôle
fondamental dans les processus d'échanges transmembranaires passifs et actifs dans les
cellules. On ne sait pas bien précisément comment le potassium favorise la
photosynthèse, ni comment cet élément améliore la synthèse des protéines. On ne sait pas
bien non plus pourquoi les carences comme les excès de potassium augmentent la
sensibilité des plantes aux parasites.
(5) Le magnésium.
(6) Le calcium.
79
Le calcium est un élément fondamental des parois cellulaires des plantes. C'est lui qui
donne leur résistance tissulaire aux membranes pectiques.
Le calcium favorise aussi la formation et la maturation des fruits et des graines. Enfin, ce
sel possède un rôle important dans les échanges transmembranaires.
(a) Le fer, bien qu'il ne soit pas un constituant de la chlorophylle, est indispensable à sa
formation. Sa carence provoque la chlorose. Le fer participe à la constitution de
nombreuses enzymes d'oxydation.
(c) Le zinc, outre son rôle dans de nombreuses enzymes d'oxydation, participe à la
fabrication des auxines de croissance.
(e) Le bore et le manganèse entrent dans la composition d'enzymes. Leurs rôles sont
encore mal connus.
(f) Le chlore est surtout connu pour les effets négatifs qu'il induit quand il est en excès.
(g) Le cobalt n'est peut-être pas indispensable aux végétaux, mais cet élément se révèle
indispensable aux bactéries et aux champignons de la rhizosphère et plus encore aux
bactéries fixatrices d'azote atmosphérique, symbiotes des légumineuses (Rhizobium).
80
Constitution de la chlorophylle et de
Magnésium la pectine ; Intervient sur la régulation Même effets que les carences
Mg des métabolismes ; Plasmolyse ; en potassium
Chlorose
pollution des sols, et cette accumulation des métaux lourds dans l’environnement peut se
répercuter sur la santé des êtres humains et des animaux.
Par ailleurs, l'excès d'un élément peut être un guide en prospection géobotanique. On
peut se contenter ici de relever le site des plantes qui ne croissent qu'en un milieu
possédant de hautes teneurs en un élément comme le font Viscaria alpina, Equisetum sp.
et Salix sp. sur les dépôts cupro-ferreux ou encore étudier les cendres de certaines
plantes. Ces plantes sont appelées plantes accumulatrices des métaux lourds et jouent
actuellement un rôle stratégique dans la dépollution des sols. Leur présence dans un sol
constitue ainsi un indicateur important de l’étude des gisements de métaux lourds.
D’un point de vue physique, le terme « métaux lourds » désigne les éléments métalliques
naturels, métaux ou dans certains cas métalloïdes (environ 65 éléments), caractérisés par
une forte masse volumique supérieure à 5 g.cm3 (Figure 32).
D’un autre point de vue biologique, on en distingue deux types en fonction de leurs
effets physiologiques et toxiques : métaux essentiels et métaux toxiques.
Les métaux essentiels sont des éléments indispensables à l’état de trace pour de
nombreux processus cellulaires et qui se trouvent en proportion très faible dans
les tissus biologiques. Certains peuvent devenir toxiques lorsque la concentration
dépasse un certain seuil. C’est le cas du cuivre (Cu), du nickel (Ni), du zinc
(Zn), du fer (Fe). Par exemple, le zinc (Zn), à la concentration du millimolaire,
est un oligo-élément qui intervient dans de nombreuses réactions enzymatiques
(déshydrogénases, protéinase, peptidase) et joue un rôle important dans le
métabolisme des protéines, des glucides et des lipides (Kabata-Pendias et Pendias,
2001).
Les métaux toxiques ont un caractère polluant avec des effets toxiques pour les
organismes vivants même à faible concentration. Ils n’ont aucun effet bénéfique
82
connu pour la cellule. C’est le cas du plomb (Pb), du mercure (Hg), du cadmium
(Cd).
Le terme métaux lourds, « heavy metal », implique aussi une notion de toxicité. Le terme
« éléments traces métalliques » est aussi utilisé pour décrire ces mêmes éléments, car ils
se retrouvent souvent en très faible quantité dans l’environnement. Dans ce contexte, le
terme « métaux lourds » est utilisé dans le sens de l’impact toxique sur les humains et les
environnements.
Figure 33 : Origine des métaux lourds dans le sol (D’après Robert et Juste, 1999)
Les métaux lourds, comme tout minerai, sont présents dans les roches, et sont diffusés
avec l'érosion pour constituer le fond géochimique. Les métaux lourds en surface ne
viennent cependant pas tous de la roche, puisqu'il peut y avoir cumul entre ce qui vient du
sous-sol et ce qui est apporté par l'air, qui peut provenir de très loin (plomb dans les
glaces des pôles).
En règle générale, les métaux sont fixés dans les roches sous deux formes. Il y a d'une
part, les oxydes et silicates, peu altérables en climat tempéré. Les oxydes sont libérés de
la roche par érosion et transportés tels quels dans les sols et sédiments. Il y a d'autre part,
les sulfures et carbonates, très altérables, qui seront attaqués chimiquement. Les métaux
changeront de support. Une partie soluble sera évacuée avec l'eau, vers les sols, les
sédiments ou la nappe phréatique. Une partie sera piégée dans les argiles et sédiments de
ruisseau.
Ces métaux lourds sont répartis sur l'ensemble de la surface du globe, y compris en en
RD Congo. Une concentration anormale d'un métal peut signifier la présence d'un
84
B. Origine anthropique
Cependant, la source majeure de mobilisation de métaux lourds dans le sol est d’origine
anthropique. Au cours des décennies dernières, l’apport de métaux lourds au sol dans le
monde s’est étendu ; à l’heure actuelle on l’estime à 22000 tonnes de cadmium (Cd),
939000 t de cuivre (Cu), 783000 t de plomb (Pb), et 1350000 t de zinc (Zn) (Singh et al.,
2003). Les principaux types de pollutions anthropiques responsables de l’augmentation
des flux de métaux, sont la pollution atmosphérique (rejets urbains et industriels), la
pollution liée aux activités agricoles et la pollution industrielle.
Le rôle des pratiques industrielles et agricoles dans la contamination des sols doit être
pris en compte : cela concerne une grande partie du territoire. Leur accumulation et leur
transfert constituent donc un risque pour la santé humaine via la contamination de la
chaîne alimentaire, mais aussi pour le milieu naturel dans son ensemble.
Figure 34 : Schéma illustrant la mobilité des métaux lourds (D’après Shallari, 1997)
86
A. La teneur en argile
Les argiles, de par leurs propriétés physico-chimiques, jouent un rôle très important dans
la disponibilité des métaux lourds. Li et Li (2000) ont montré que les métaux lourds
peuvent être absorbés et immobilisés par les minéraux argileux ou également être
complexés par la matière organique du sol en formant alors un complexe
organométallique (Lamy, 2002). En effet, la charge électronégative des argiles les rend
aptes à contracter des liaisons électrostatiques avec toute entité chargée positivement,
comme les cations métalliques. Ces liaisons sont réversibles et les cations fixés sont
échangeables : ils peuvent être remplacés par d’autres cations présents dans la phase
aqueuse du sol. Cette capacité d’échange de cations (CEC) exprimée en milliéquivalents
pour 100 g est une caractéristique importante de chaque argile qui conditionne
grandement la biodisponibilité d’un métal dans le sol.
B. Le pH
Le potentiel redox (Eh) permet de caractériser les échanges d’électrons entre les espèces
chimiques. Ainsi, les faibles valeurs d’Eh favorisent la dissolution des hydroxydes et
entraînent une augmentation de la concentration des métaux associés avec des
composants (Chaignon, 2001). De plus, la modification du degré d’oxydation des ligands
ou des éléments se liant avec le métal influence indirectement la solubilité des métaux
lourds. Par exemple, en conditions réductrices, les sulfates sont réduits en sulfure qui
piègent volontiers les éléments métalliques tels que Pb, Cd, Zn. Bien que l’influence des
conditions oxydoréductrices du sol semble très importante au regard de la mobilité des
éléments métalliques, il n’en demeure pas moins que ce facteur apparaît souvent comme
87
secondaire par rapport au pH. En effet, pour un sol donné l’Eh varie en fonction inverse
du pH, il augmente quand le pH diminue.
D. L’activité biologique
aussi sur milieu liquide : on parle alors de rhizofiltration dans le cas des stations
d'épurations où l'on utilise la phytorémédiation.
La plupart des plantes ont la capacité d'absorber et de concentrer dans leurs parties
récoltables (c'est-à-dire les feuilles et les tiges) les métaux lourds polluants contenus dans
le sol et l'eau. Toutefois, on a observé que certaines espèces toléraient mieux et
accumulaient de plus grandes quantité de métaux lourds toxiques. On les appelle les
plantes "hyperaccumulatrices". On distingue ensuite deux types de phytoextraction :
ensuite être retraitée, puis réutilisée. On pourra renouveler la culture jusqu’à obtenir
des taux acceptables de métaux lourds dans les sols.
-La phytoextraction induite qui se fait par ajout de chélateurs .La Figure 37 montre
que tant que les chélateurs n'ont pas été appliqués, la plante ne prélève pas les métaux du
sol, contrairement au cas des plantes hyperaccumulatrices qui réalisent une
phytoextraction continue. C'est lorsque la plante atteint un certain niveau de croissance
(biomasse maximale) que les chélateurs synthétiques appropriés sont appliqués au sol. Le
prélèvement de métaux est dés lors intense mais réduit en durée.
La plante accumule les métaux polluants dans des parties récoltables. On procède à la
récolte pour extraire les métaux en question.
90
Plus ce coefficient est élevé plus l'accumulation des métaux est importante.
Trois types de comportements des plantes ont pu donc être déterminés dans un milieu
contenant des métaux lourds :
Les affleurements naturels de roches métallifères les plus répandus à la surface de la terre
sont des affleurements serpentiniques riches en nickel (Ni), en fer (Fe) et en
magnésium (Mg) répartis sur les différents continents de la planète. Les affleurements de
roches ferrifères sont aussi très répandus, par exemple au Sud-Est du Brésil, dans l’Etat
du Minas Gerais, le Quadrilatero Ferrifero représente la zone métallifère la plus
importante de la planète. On trouve aussi des affleurements de manganèse (Mn), de
cuivre (Cu), de cobalt (Co), d’or (Au)et d’autres minerais rares. Ils induisent très souvent
des modifications des paysages au niveau de la végétation. En effet, la toxicité des
métaux lourds opère une sélection très poussée, en éliminant de nombreuses espèces
qui, toutes autres conditions égales, devraient croître en ces lieux. De manière très
caractéristique la croissance des espèces ligneuses est inhibée, ce qui aboutit au
développement de groupements végétaux purement herbacés ou faiblement arbustifs
particulièrement remarquables dans une région forestière.
du sol existant avant la pollution, la nature du ou des minerais exploités, des procédés
industriels… ils constituent un ensemble très hétérogène.
Dans le cas des sites à serpentine, par exemple, le sol issu de l’altération de minéraux
naturellement riches en métaux de transition porte une flore spécifique adaptée aux fortes
teneurs métalliques. La caractéristique principale de ces sols est une inversion du rapport
calcium/magnésium, associée à de très fortes teneurs en Fe, Ni, Cr (Faucon, 2009). Bien
souvent, les affleurements serpentiniques apparaissent dénudés et arides et présentent une
végétation clairsemée souvent chétive et au port décombrant (Figure 39). Beaucoup de
scientifiques à travers le monde se sont intéressés à la flore serpentinique ; en Toscane,
Italie ; dans le sud de la Zambie, dans le sud-ouest de la France, dans les collines du
Zimbabwe, dans les Alpes d’Italie, en Californie, au sud-est de l’Afrique du Sud (Morrey
et al. 1989), en Australie. De même que pour la flore serpentinique, Jacobi et al. (2007)
montrent une végétation remarquable et spécifique des affleurements de fer au Brésil. Au
Katanga (République Démocratique du Congo), les affleurements manganifères,
calaminaires, cobaltifères et cuprifères présentent des formations végétales particulières
au sein du paysage katangais mais réalisant des toposéquences semblables d’un
affleurement à l’autre (Faucon, 2009). Remarquons que les divers types d’habitats
métallifères présentent une végétation hautement originale et unique. Les conditions
écologiques extrêmes de ces différents types de sols métallifères ne permettent que
l’installation d’espèces présentant des traits particuliers et entraînent la constitution
de phytocénoses originales.
96
Les végétations des différents types d’habitats métallifères présentent des caractéristiques
communes :
La flore des sites métallifères comprend des groupes écogéographiques distincts définis
sur base de l’affinité au substrat métallifère. Deux classifications ont été établies, l’une
97
présente une forte connotation écologique et l’autre plus simplifiée est essentiellement
chronologique. Nous retiendrons la classification de Lambinon et Auquier (1963 in
Faucon, 2009) : métallophytes absolus pour les taxons endémiques des sols métallifères
et pseudométallophytes pour les espèces présentes sur sols métallifères et non
métallifères.
De fois, on utilise le terme « métallophyte » pour désigner toutes les plantes qui se
développement exclusivement sur sol métallifère ou qui y montrent une fréquence et une
abondance particulièrement élevées.
Les cuprophytes
La tolérance au cobalt est très peu connue ; elle été mise en évidence de manière
formelle uniquement chez Silene cobalticola. Duvigneaud (1959 in Faucon, 2009)
soulevait une affinité particulière pour le cobalt chez quelques espèces de la flore des
affleurements de Cu et Co du Katanga (cobaltophytes), notamment Crotalaria
cobalticola et Silene cobalticola.
Les affleurements de roches cuprifères sont assez peu répandus sur la surface de la
planète. Les seuls connus se situent dans les zones montagneuses et arides de l’Arizona
aux USA, au Pérou, au Chili, en Australie et dans la zone subtropicale d’Afrique dans la
province du Katanga en République Démocratique du Congo. Parmi les affleurements
naturels de cuivre, seuls les affleurements cuprifères du Katanga semblent présenter
des endémiques cuprophytes (cuprophytes absolues) (Figure 40).
plantes tolérantes au cuivre. Signalons aussi que certains affleurements de Ni, de Zn, de
Pb présentent une contamination naturelle élevée en Cu où seules quelques espèces
adaptées à ces milieux s’y développent : au Botswana, en Indonésie, au Sri Lanka, en
Indonésie, en Macédoine (Grèce), au sud-est du Missouri (USA) (Adams & Hood 1976).
Au Katanga, Duvigneaud et collaborateurs montrent que seuls les affleurements de
roches cuprocobaltifères présentent des espèces spécialistes de ces milieux. A ce jour,
aucune espèce endémique des affleurements de roche riche en Mn, Pb et Zn du Katanga
n’a été recensée (Faucon, 2009). Les affleurements de roches cuprifères du Katanga
constituent donc un modèle original pour l’étude des processus écologiques et évolutifs
opérant au cours de la colonisation végétale d’un milieu aussi extrême (Brooks &
Malaisse 1985 ; Brooks & Malaisse 1990).
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