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Sol (pédologie)

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Pour les articles homonymes, voir Sol.

Le sol recèle un trésor vivant insoupçonné qui représente 50 % de la biodiversité


spécifique sur la terre1. En région tempérée, chaque mètre carré (sur 20 cm de
profondeur) abrite en moyenne 10 000 espèces animales (dont un millier d'espèces
d'invertébrés constitués de près de 50 % d'acariens) comprenant, en les distinguant
par leur taille, la microfaune, la mésofaune et la macrofaune2. Une cuillère à café
de sol, soit environ un gramme, héberge en moyenne 100 arthropodes, 1 000 à 2 000
nématodes, des millions de protozoaires et près d'un milliard de cellules
bactériennes, issues de plus de 1 million d'espèces3. Cette même cuillère contient
200 m de mycélium de champignons correspondant à 100 000 champignons, issus de
plusieurs milliers d'espèces fongiques saprophages4,5.

La couleur des sols est déterminée par référence à un code international de


couleur, la charte Munsell6. Les teintes plus ou moins claires ou sombres, plus ou
moins jaunes ou rouges dépendent de trois composants principaux : des calcaires
(clairs), des composés organiques (sombres, carbone résiduel des plantes) et de la
quantité de fer (sous forme d'oxydes et d'hydroxydes qui constituent les ocres de
couleur jaune, rouille, brun rougeâtre à brun foncé)7.

Nous sommes incapables d'imaginer l'importance du microbiome du sol et qu'en


moyenne, un tiers de la biomasse des plantes est sous terre sous forme de racines
mycorhizées. Au total, un sol de champ abrite une dizaine de tonnes de biomasse
souterraine vivante par hectare (l'équivalent d'un petit troupeau de vaches), qui
se répartissent en 3 à 6 tonnes de racines mycorhizées, 3,5 tonnes de champignons,
1,5 tonne de bactéries et 1,5 tonne d'animaux8. Au bilan, la matière organique des
sols représente entre 50 et 75 % de la biomasse vivante des écosystèmes terrestres,
et entre 60 et 90 % de leur biomasse totale (vivante ou morte)9.

Le sol est le support des cultures mais aussi pour partie leur produit, tout
particulièrement l'humus dont la perte fragilise le sol.

La nature et la qualité du sol, ainsi que son degré de végétalisation contribuent à


sa plus grande vulnérabilité ou résilience face aux phénomènes érosifs.

Exemple de profil de sol : B latérite, régolithe; C saprolite, régolithe moins


météorisé puis croûte terrestre ou roche-mère

Différentes étapes de la formation d'un sol (pédogénèse) : de la météorisation de


la roche mère à l'évolution de l'enrichissement en humus et de la pédofaune.
Le sol est la partie vivante de la géosphère, constituant la couche la plus externe
de la croûte terrestre, résultant de l'interaction entre la lithosphère,
l'atmosphère, l'hydrosphère et la biosphère. Il résulte de la transformation de la
couche superficielle de la roche-mère, dégradée et enrichie en apports de matières
organiques par les processus vivants de pédogenèse. Hors des milieux marins et
aquatiques d'eau douce, il est ainsi à la fois le support et le produit du vivant.
L'humus est la partie du sol la plus riche en matière organique.

On différencie le sol de la croûte terrestre par la présence significative de vie.


Le sol est aussi un des puits de carbone planétaires, mais semble actuellement
perdre une partie de son carbone, de manière accélérée depuis au moins 20 ans[Quand
?]10. Il peut contenir et conserver des fossiles11, des vestiges historiques12 et
les traces d'anciennes activités humaines13 (anthropisation, voir aussi anthrosol,
archéologie) ou d'évènements climatiques11. Ces éléments influent à leur tour sur
la composition floristique13.

Le sol est vivant14 et constitué de nombreuses structures spatiales emboîtées


(horizons, rhizosphère, macro- et micro-agrégats, etc.). Cette dimension fractale
autorise la coexistence de très nombreux organismes de tailles très diverses et
fait du sol un réservoir unique de biodiversité du sol microbienne, animale et
végétale15. Il est nécessaire à la grande majorité des champignons, des bactéries,
des plantes et de la faune. La biodiversité du sol est le fruit de l'action d'un
ensemble de facteurs, naturels (par exemple pédogenèse) et anthropiques (occupation
des sols, pratiques de gestion…) agissant sur de longues périodes.

Tous les sols qui prennent ou ont pris naissance à la surface de la lithosphère
forment la pédosphère.

La science des sols est la pédologie.

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a


déclaré 2015 comme étant l'année internationale des sols, avec comme phrase clé «
Des sols sains pour une vie saine »16.

Définitions des sols


Il existe plusieurs définitions du sol. Les définitions des sols sont liées à leurs
utilisations.

Le sol des écologues


Pour l'écologue, le sol est un habitat et un élément de l'écosystème qui est le
produit et la source d'un grand nombre de processus et interactions chimiques,
biochimiques et biologiques17. On a d'ailleurs de plus en plus tendance à
considérer le sol comme un écosystème à part entière, et non plus comme une
composante d'un écosystème dont la base serait la végétation18.

La science des sols


La science qui étudie les sols, leur formation, leur constitution et leur
évolution, est la pédologie. Plus généralement, aujourd'hui, on parle de science du
sol, englobant ainsi toutes les disciplines (biologie, chimie, physique) qui
s'intéressent pro parte au sol.

De nombreux processus, autrefois considérés comme purement physico-chimiques, sont


aujourd'hui attribués à l'activité des êtres vivants, comme l'altération des
minéraux19 ou la mobilisation du fer par les sidérophores bactériens.

Le sol des pédologues


Les pédologues estiment que la partie arable ne constitue que la partie
superficielle du sol. Le pédologue et agronome Albert Demolon a défini le sol comme
étant « la formation naturelle de surface, à structure meuble et d'épaisseur
variable, résultant de la transformation de la roche mère sous-jacente sous
l'influence de divers processus, physiques, chimiques et biologiques, au contact de
l'atmosphère et des êtres vivants »20.

Le sol des agronomes


Les agronomes nomment parfois « sol » la partie arable (pellicule superficielle)
homogénéisée par le labour et explorée par les racines des plantes cultivées. On
considère qu'un bon sol agricole est constitué de 25 % d’eau, 25 % d’air, 45 % de
matière minérale et de 5 % de matière organique21. Le tassement et la semelle de
labour peuvent induire une perte de rendement de 10 à 30 %, pouvant aller jusqu'à
50 %22.

Le sol de l'aménagement du territoire


L'aménagement du territoire distingue des catégories d'occupation du sol, avec les
« sols agricoles », les« sols boisés », les « sols bâtis » et les « autres sols ».

Une base de données contenant des données géographiques d'occupation du sol existe,
au niveau de l'Union européenne : il s'agit de Corine Land Cover. Des données plus
précises sont recueillies par le GMES ; la base de données les contenant est «
Urban Atlas »23.

Le sol du génie civil


Pour un ingénieur civil, le sol est un support sur lequel sont construites les
routes et sont fondés les bâtiments.

Pour un ingénieur d'assainissement, le sol est un récipient d'égouts domestiques et


municipaux.

Pour l'hydrologiste ou l'hydrogéologue, le sol est un manteau vivant et végétalisé


permettant le cycle de l'eau.

Statut juridique
Le statut du sol a beaucoup varié selon les époques et les lieux, mais le sol était
autrefois plutôt un bien commun ou la propriété de rois ou de seigneurs, ou encore
de religieux.

Depuis quelques siècles, de manière générale le sol et le foncier ont été de plus
en plus privatisés.

Les sols, des biens communs


Après l'échec du projet de « directive-cadre pour la protection des sols » en
Europe, certains auteurs se demandent si la valeur des sols en termes de services
écosystémiques et puits de carbone, notamment, ne devrait pas justifier qu'ils
soient à nouveau considérés comme un bien commun et gérés comme tels24.

Description des sols


Constituants des sols

Classiquement, les pédologues distinguent trois phases dans un sol : la phase


solide (constituants organiques et minéraux), liquide (eau du sol, solution du sol)
et gazeuse (atmosphère du sol).
Fraction solide
Le sol est constitué d'une fraction solide (composée de matières minérales et de
matières organiques, cette fraction est caractérisée par sa nature et sa texture)
et d'une fraction fluide (fraction liquide ou solution du sol contenant les
éléments minéraux sous forme d'ions ou de molécules d'eau, et fraction gazeuse) qui
jouent un rôle primordial au niveau de l'agrégation des constituants du sol, de la
stabilité de la structure du sol et des propriétés physiques qui en découlent
(porosité, aération…).

La composition idéale d'un sol agricole comporte en volume25 : 25 % d'air, 25 %


d'eau, et 50 % de solides (45 % d'éléments minéraux — argile, limon, sable —, et 5
% de matière organique)26.

La phase solide (constituée à de plus de 95 % par la fraction minérale) occupe 40 %


(sol très fragmenté) à 70 % (sol très compacté) du volume du sol, le reste
correspondant à la phase fluide (liquide et gazeuse). Les proportions des phases
gazeuse et liquide dépendent de l'hydratation du sol27. La fraction minérale solide
représente 93 à 95 % du poids total du sol28.

Fraction minérale
La fraction minérale représente l'ensemble des produits de l'altération physique
puis chimique de la roche mère.

On peut les classer par diamètres décroissants (granulométrie) :

les graviers et cailloux (> 2 mm) ;


les sables (20 μm-2 mm) ;
les limons (2 μm-20 μm) ;
l'argile granulométrique (< 2 μm).
Article détaillé : Granulométrie.
Tous ces éléments constituent le « squelette » du sol.

La fraction minérale est composée d'une fraction grossière et d'une fraction fine :

fraction grossière, les particules ont un diamètre supérieur à deux micromètres :


les graviers et cailloux, les sables, les limons. Cette fraction est sans intérêt
immédiat pour les plantes, mais est primordiale pour garder l'eau en réserve dans
le sol (macroporosité). Il s'agit du squelette du sol, qui finira par se
transformer en fraction fine par altération ;
fraction fine : les particules sont inférieures à 2 μm. Cette fraction est
biologiquement et chimiquement active. Elle est composée de colloïdes minéraux.
La fraction minérale est principalement constituée de silicates (il en existe près
de 1 000 connus, représentant 95 % des constituants de l'écorce terrestre), de
carbonates, d'oxydes et d'hydroxydes métalliques (notamment l'oxyde et l'hydroxyde
de fer)29. Les silicates les plus souvent rencontrés sont les tectosilicates (le
groupe des feldspaths représente environ 60 % de la masse de l'écorce et celui de
la silice — quartz essentiellement — 10 à 13 %) et les phyllosilicates, parmi
lesquels les minéraux argileux30.

Fraction organique
La matière organique du sol (en) (MOS) est la matière organique provenant à 99 % de
la décomposition et du métabolisme d'êtres vivants végétaux, animaux et microbiens
(fongiques, bactériens), le % restant correspondant à des organismes vivants25. Le
terme MOS est préféré à humus depuis la fin du xxe siècle (ce dernier sous-tendant
une théorie fausse, la théorie de l'humus) pour désigner ces constituants
organiques végétaux, animaux et microbiens fortement décomposés ou non par
l'humification31.

Elle est composée d'éléments principaux (carbone-C, hydrogène-H, oxygène-O et


azote-N), d'éléments secondaires (soufre-S, phosphore-P, potassium-K, calcium-Ca et
magnésium-Mg), ainsi que d'oligo-éléments. Le carbone organique du sol (COS)32 qui
comprend notamment les substances humiques est le principal constituant de cette
matière organique. Il représente deux fois plus de carbone que celui actuellement
contenu dans l'atmosphère et trois fois plus que celui dans la végétation
terrestre33. Cette matière organique dont la vulnérabilité relève de sa nature, de
sa composition et de son état de liaison avec la fraction minérale, joue un rôle
important dans les sols qui « sont devenus l'une des ressources les plus
vulnérables du monde33 ».

Cette fraction se répartit en quatre groupes[réf. souhaitée] :

la matière organique vivante, animale (faune du sol), végétale (organes souterrains


des plantes) et microbienne (bactéries, champignons, algues du sol), qui englobe la
totalité de la biomasse en activité ;
les débris d'origine végétale (résidus végétaux ou litière, exsudats racinaires),
animale (déjections, cadavres) et microbienne (cadavres, parois cellulaires,
exsudats) appelés matière organique fraîche ;
des composés organiques intermédiaires, appelés matière organique transitoire
(évolution de la matière organique fraîche) ;
des composés organiques stabilisés, les matières humiques ou humus, provenant de
l'évolution des matières précédentes.
La végétation fournit des débris végétaux qui constituent la litière ou horizon
organique. Sa décomposition se fait sous l'action de la microflore et de la faune
du sol, et produit l'humus et des composés minéraux. Les deux processus de
décomposition sont d'une part la minéralisation (produisant des composés minéraux
tels que le dioxyde de carbone (CO2), l'ammoniac (NH3), les nitrates et les
carbonates) et l'humification (polymérisation oxydative sous la forme de composés
organiques amorphes qui migrent ou se lient aux argiles et aux hydroxydes
métalliques). Le processus d'humification aboutit à la formation de l'humus.

En milieu peu actif, la décomposition des litières est lente, l'horizon organique
OH est épais, brun noir, fibreux et acide. On parle de mor ou terre de bruyère.
En milieu biologiquement plus actif mais sans bioturbation, l'horizon OH est moins
épais et constitue un moder.
En milieu biologiquement très actif, la décomposition est très rapide, l'horizon
OH] disparaît et apparaît un horizon A grumeleux, composé d'agrégats argilo-
humiques à fer et aluminium. On parle de mull.
Selon l'acidité du sol, sous climat tempéré, l'humus prendra la forme de mull,
moder ou mor (sur substrat siliceux) ou mull, amphi ou tangel (sur substrat
carbonaté)34,35.

Les deux tiers du carbone organique des écosystèmes terrestres sont contenus dans
les sols36. Contrairement à une idée répandue qui veut que le poids global des
plantes « visibles » représente la majorité de la biomasse totale de la terre (en
réalité, la biomasse végétale — composée des champignons dans le sol, des racines37
et des plantes « visibles38 » en surface — constitue 50 % de la biomasse
terrestre)39, 75 % de la biomasse terrestre est dans le sol (champignons et
bactéries constituant l'essentiel de la biodiversité du sol)40.

La perte de la matière organique du sol dans les systèmes d'agriculture intensive41


participe à l'émission de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, principal gaz à
effet de serre dont l'augmentation de la concentration est l'un des facteurs à
l'origine du réchauffement climatique. « Des études, menées en Inde et en
Australie, ont pu montrer que, sous la végétation forestière naturelle, le contenu
en matière organique atteint un état stationnaire au bout de 500 à 1 000 ans de
fonctionnement de l'écosystème. Tout défrichement à des fins de culture entraîne de
23 à 50 % de perte de carbone organique du sol42 ». Pour stopper cette perte de
carbone qui altère la durabilité de la production agricole et menace la sécurité
alimentaire, et cette augmentation de la concentration de CO2 qui affecte le
climat43, la France présente en 2015 lors de la COP 21, un projet international de
séquestration du carbone dans le sol, dénommé « 4 pour mille », et qui « consiste à
accroître chaque année le stock de C dans les 30 premiers cm des sols de 0,4 %
(quatre pour mille), et ce à l'échelle planétaire44 ».

Fraction liquide

Les trois états de l'eau dans le sol.


La fraction liquide est constituée d'eau et d'éléments dissous. L'eau est sous
trois états dans le sol : l'eau gravitaire (dite aussi eau de saturation, eau de
percolation ou eau libre) qui circule dans la macroporosité, l'eau capillaire (dite
aussi eau pendulaire) qui occupe essentiellement la mésoporosité et l'eau
pelliculaire (dite aussi eau liée) qui occupe la microporosité45.

L'eau capillaire et l'eau pelliculaire forment l'eau de rétention (eau retenue dans
tous les horizons pédologiques), le ressuyage consistant à éliminer l'eau
gravitaire46. Cependant, seule l'eau capillaire correspond à la réserve utile en
eau d'un sol, l'eau pelliculaire étant inutilisable par les plantes car retenue
très énergiquement (phénomène d'adsorption) sous forme de films très minces autour
des particules de terre45.

Fraction gazeuse

Composition comparée de l'atmosphère du sol et de l'atmosphère extérieure (tableau


simplifié)47.
L'air du sol est constitué de gaz libres et dissous qui occupent les pores
abandonnés par l'eau lors de son retrait. Il a une composition toujours assez
voisine de celle de l'air atmosphérique avec lequel il est en contact permanent.
Les variations de la composition de l'air du sol, dues aux processus de
transformation de nature biochimique se produisant dans le sol, tendent en effet à
être compensées par le biais d'échanges avec l'atmosphère. Les pédologues observent
cependant des différences, une plus forte concentration en dioxyde de carbone et
une moindre concentration en oxygène. Ces différences sont imputables
essentiellement à la respiration microbienne (dans une moindre mesure à la
respiration des racines et de la flore aérobie) qui se traduit par la consommation
d'oxygène, prélevé dans le sol, laquelle s'accompagne de la production de gaz
CO248. Les bactéries et microchampignons du sol produisent les 2/3 de CO2, en
moyenne 15 tonnes/ha/an49.

Le tableau ci-dessous établit une composition comparée entre l'air du sol et l'air
atmosphérique extérieur50.

Constituant Air du sol (%) Atmosphère extérieure (%)


Azote 78,5 à 80 78
Oxygène 18 à 20,5 en sol bien aéré
10 après une pluie
2 en structure compacte
0 dans des horizons réduits 21
Dioxyde de carbone 0,2 à 3,5
5 à 10 dans la rhizosphère 0,03
Vapeur d'eau Généralement saturé Variable
Gaz divers Traces de H2, N2O, Ar
en anoxie NH3, H2S, CH4 1
(surtout Ar, autres en traces)
Texture du sol
Article détaillé : texture du sol.

Triangle des textures.


Une des caractéristiques des sols est la taille des éléments minéraux qui le
composent.

Les cailloux ou blocs sont les éléments de taille supérieure à 2 mm.


Les éléments de taille inférieure à 2 mm sont définis par leur classe de texture
(sables, limons et argiles), les argiles étant de par leur taille des particules
colloïdales).
Ces minéraux appartiennent aux groupes des silicates ou des carbonates.

Des ions (Ca2+, Mg2+, K+, NH4+, NO3-…) arrivent dans le sol en solution dans l'eau
d'infiltration, à partir des pluvio-lessivats, de la décomposition de la litière ou
bien encore des processus d'altération, et peuvent se fixer aux particules
colloïdales citées ci-dessus, formant le complexe absorbant.
D'autres ions, comme les sulfates (SO42-) ou les iodures (I-) sont apportés par les
précipitations atmosphériques.
Les particules colloïdales chargées négativement peuvent se présenter à l'état
dispersé ou floculé.
À l'état dispersé, les particules se repoussent en raison de leur polarité, et
occupent tous les interstices du sol, où elles peuvent s'accumuler (colmatage du
sol) ou bien migrer (lessivage du sol). Dans le premier cas le sol devient
asphyxiant, et l'eau ne s'y infiltre plus, le sol est difficile à travailler. Dans
le second cas il se forme un niveau d'accumulation d'argile en profondeur, pouvant
entraîner la formation d'une nappe perchée.
À l'état floculé, les particules colloïdales sont neutralisées électriquement par
les ions métalliques chargés positivement, et s'agglutinent avec ceux-ci. Les
flocons formés laissent un espace lacunaire, perméable à l'eau et à l'air. C'est un
sol avec une bonne structure.
En agriculture, une bonne analyse de sol est nécessaire afin de corriger
d'éventuelles anomalies. Les sols argileux, souvent qualifiés de « lourds » ou «
collants », retiennent bien l'eau mais sont asphyxiants et difficiles à travailler
car trop plastiques quand ils sont humides et trop durs quand ils sont secs. Les
sols limoneux plus légers requièrent moins de puissance de travail mais ils ont une
instabilité structurale élevée (en raison du faible taux en colloïdes), une
tendance à devenir plastiques à l'état humide et une tendance marquée, en séchant,
à former une « croûte de battance ». Les interventions doivent donc s'effectuer sur
un sol convenablement ressuyé sous peine de le compacter fortement. Les sols
sableux sont bien drainants (ce qui favorise l'aération) mais « brûlent » la
matière organique (non protégée par le complexe argilo-humique, elle est facilement
dégradée) et sont sensibles au risque érosif. Enfin, « les sols équilibrés de type
limono-argilo-sableux présentent une très bonne aptitude à la mise en valeur mais
ils s’avèrent les plus sensibles au risque de compaction lors du passage des roues
des engins agricoles51 ».

Structure du sol
La structure du sol est l'arrangement des particules minérales du sol en agrégats
sous l'effet de liaisons par des colloïdes (minéraux argileux, substances humiques)
ou des hydroxydes de fer ou d'aluminium. Cette structure peut être particulaire (ou
absence de structure), comme pour le sable meuble ; fragmentaire ou grumeleuse (cas
le plus courant), les constituants étant rendus solidaires par le complexe argilo-
humique qui forme des agrégats (sol à structure sphérique, angulaire, lamellaire)
et des mottes52 (éléments structuraux formés par les actions de fragmentation et de
compactage des outils) ; massive (ou continue) comme le limon « battant », les
argiles53. La description précise de cette structure est difficile d'autant qu'elle
varie souvent d'un emplacement à l'autre. Si l'analyse structurale à l'échelle des
mottes est possible (état interne et mode d'assemblage)54, cette difficulté a
conduit les pédologues à caractériser la structure par des données mesurables
(stabilité structurale, porosité et perméabilité, rétention en eau, indice de
battance…)55.

Profil du sol

Les profils de sol (ou fosses pédologiques) permettent d'étudier les horizons du
sol et l'activité biologique.

Profil de sol montrant les horizons principaux (d'après United States Department of
Agriculture56).
Pour décrire un sol, il est nécessaire de l'observer en tranches parallèles à la
surface, appelées horizons. Deux types d'horizons se superposent habituellement :
une suite d'horizons humifères, reposant sur des horizons minéraux (voir le profil
de sol pour plus de précisions).

Les horizons humifères sont les horizons les plus riches en êtres vivants
(pédofaune et microflore). On les observe surtout en forêt.

O (ou A0) comprend la litière fraîche et les matières organiques qui en dérivent,
en cours de transformation :
OL - litière fraîche - comprend l'ensemble des débris bruts (feuilles mortes, bois,
fleurs et fruits, cadavres d'animaux) qui tombent au sol et s'accumulent en surface
tout en restant reconnaissables ;
OF - horizon de fragmentation (parfois appelé à tort horizon de fermentation), avec
une température et une humidité optimales (en raison de l'isolation fournie par la
litière fraîche), de nombreuses racines fines en croissance,souvent mycorhizées,
horizon où l'activité biologique est à son optimum ;
OH - horizon d'humification - horizon composé en majorité de matière organique
morte transformée par les organismes du sol, avec de nombreuses boulettes noires ou
brun foncé observables (issues de la défécation des animaux du sol et responsables
de la couleur sombre de cet horizon), ainsi que des racines vivantes et mortes
(rhizodéposition), ces dernières étant à leur tour en voie de transformation ;
A - horizon mixte, composé d'éléments minéraux et d'humus, dont la structure dépend
de l'incorporation plus ou moins rapide de l'humus et du mode d'agrégation des
particules minérales et organiques.
Les horizons minéraux sont les moins riches en organismes vivants :

E - horizon de lessivage, drainé par l'eau s'infiltrant et transportant composés


solubles et particules colloïdales (lixiviat), ce qui le rend pauvre en ions,
argiles, composés humiques et hydroxydes de fer et d'aluminium ;
B - horizon d'accumulation, horizon intermédiaire apparaissant dans les sols
lessivés, riche en éléments fins (argiles, hydroxydes de fer et d'aluminium,
composés humiques), arrêtant leur descente à son niveau lorsqu'ils rencontrent un
obstacle mécanique lié à la porosité (frein à la diffusion lorsque la porosité
devient plus fine) ou une modification de l'équilibre électrostatique ou du pH57 ;
S - horizon d'altération, siège de processus physico-chimiques et biochimiques
aboutissant à la destruction des minéraux du sol (altération minérale) ;
C - roche-mère peu altérée ;
R - roche-mère non altérée, couche géologique dans laquelle se sont formés les
sols.
Chaque profil de sol a une histoire, que les pédologues tentent de retracer grâce
aux caractéristiques et à l'agencement des différents horizons.

La répartition des grands types de sols dans l'Union européenne (à 12).

Autre exemple de cartographie : grands types de sols tels que définis par la base
de référence mondiale pour les ressources en sols (WRB)58

Carte, très simplifiée, de sensibilité naturelle des sols à la compaction (sols


limoneux fragiles en général), en 4 catégories. La dernière des catégories colorées
(« pas d'évaluation possible ») représente les sols urbains ou des sols marécageaux
plus ou moins drainés ou des sols perturbés par l'homme59.

Carte de richesse en nématodes (moyenne par pays, évaluation d'après les données
fournies par les pays à l'Agence Européenne pour l'Environnement, initialement
publiées 2010-12-08)

Les efforts de diminution des émissions et retombées acides ont porté leurs fruits
(pour SO2, NOx, COV et NH3). Les dépassements de la « charge critique » de
retombées acides sont en diminution (unité : eq ha-1a-1). Attention, sur cette
carte de l'Agence Européenne pour l'Environnement, les valeurs pour 2010 sont les
valeurs-cibles prévues par l'adhésion à la mise en œuvre de la directive NEC. Ces
cibles ne sont peut-être pas atteintes partout60
Types de sols
Il existe un grand nombre de types de sols, parmi lesquels les sols bruns, les
podzols, les sols hydromorphes (à gley ou pseudo-gley), les sols rouges, les sols
isohumiques, les sols ferralitiques, les sols ferrugineux. Voir la Classification
française des sols pour plus de détails.

Cartographie des types de sols en France


En 2019, une carte de France métropolitaine descriptive des grandes familles de
sols est éditée par le Groupement d’intérêt scientifique sur les sols (GIS Sol)61.
Les données du GIS Sol sont associées aux données du Réseau mixte technologique
Sols et territoires (RMT Sols et territoires) afin de consultation sur une carte en
ligne via Géoportail et permet de visualiser les différents types de sols dominants
en France métropolitaine62.

Odeur du sol
L'odeur de la terre fraîchement labourée, ou mouillée après une période sèche, est
due (entre autres) :

au pétrichor, un liquide huileux sécrété par certaines plantes, puis absorbé par
les sols et roches argileux pendant les périodes sèches ;
à la géosmine, un composé aromatique (terpène) produit par différents micro-
organismes et responsable du goût de terre humide de certains vins63.
Pour bien comprendre ce phénomène il faut se rendre compte que la pluie, venant
après une période de sécheresse, chasse l'air du sol, qui vient alors se répandre
dans l'atmosphère. L'odeur du sol après la pluie nous donne donc un aperçu de
l'atmosphère dans laquelle vivent les organismes du sol, ce monde aveugle où la
communication chimique via des composés volatils tient un rôle prépondérant dans
les interactions entre individus64 et entre espèces65,66,67.

Les sols forestiers où la matière organique s'accumule en surface (humus de type


moder) possèdent une odeur particulière (moder smell), due à l'excrétion de
composés aromatiques par les champignons68.

Services écosystémiques
Ce n'est que depuis le début xxie siècle que les chercheurs étudient activement les
nombreux services écosystémiques fournis par les sols69. Leurs travaux se sont en
effet d'abord focalisé sur les écosystèmes forestiers et les agrosystèmes, les sols
opaques ayant longtemps été connotés très négativement comme le montrent leur
association à la saleté, dans la culture occidentale moderne au moins (on y enterre
les excréments, les déchets, les morts, sa couleur ainsi que sa matière nous
paraissent sales) et de nombreuses expressions, plutôt à consonance péjorative («
s’enterrer quelque part », « être terre à terre », « mettre un genou à terre », «
cul-terreux »…)70. Ainsi, selon les critères du Service d'Information des Sols
Africains (ASIS) du Centre International d'Agriculture Tropicale (CIAT), un sol est
considéré comme sain lorsqu'il parvient à la fois à71 :

héberger un écosystème (le sol)18, lui-même fonctionnellement fortement lié aux


écosystèmes terrestres et parfois aquatiques via notamment les symbioses à l'œuvre
dans la rhizosphère et parce que le sol abrite de nombreuses espèces qui y
effectuent une partie de leur cycle de vie (hibernation ou estivation notamment).
Les plantes non-aquatiques dépendent fortement du sol au travers de biofeedbacks
complexes et nombreux72,73.
produire des récoltes (les sols contribuent, directement et indirectement, à 95 %
de la production alimentaire74 mondiale)75.
stocker le carbone et l'azote de l'atmosphère76,
retenir les eaux de pluie et de ruissellement77.
Par sa capacité à retenir les eaux de ruissellement, un sol doté d'une bonne
structure permet de lutter contre l'érosion, notamment l'érosion en nappe78. Les
sols de qualité limitent également les risques de salinisation79.

Le sol est un acteur-clé des cycles biogéochimiques du carbone, de l'azote, du


potassium, du calcium, du phosphore, des métaux80.
Le sol joue aussi un rôle très important dans la fixation, la dispersion et la
biodégradation des polluants81.

Par la richesse de ses fonctions, la diversité des formes de vie qu'il abrite et
les services écosystémiques qu'il assure, le sol est considéré comme un patrimoine
essentiel dont la conservation est le garant de la survie de l'humanité82. En 2014,
Costanza et al. estime la valeur de 17 services écosystémiques à l'échelle mondiale
entre 125 000 et 145 000 milliards de dollars (pour un PNB mondial de 60 000
milliards de dollars). La perte de services écosystémiques due au changement
d'usage des sols entre 1997 et 2011, est évaluée entre 4 300 et 20 200 milliards de
dollars83.

Sol et cycle de l'eau


Parmi les services écosystémiques assurés par le sol figure son rôle majeur dans le
cycle de l'eau84.

Grâce à sa porosité le sol retient une quantité considérable d'eau, qui en son
absence et selon la nature du terrain (pente, rugosité, porosité de la roche)
rejoint immédiatement la nappe phréatique ou s'écoule en nappe, ruisselle,
provoquant inondations et érosion. La quantité d'eau retenue dans le sol, appelée
réserve utile, permet la croissance des plantes au cours de la saison de végétation
et l'eau du sol alimente les réservoirs naturels (mares, tourbières) ou artificiels
(retenues collinaires) situés dans les déclivités du terrain ainsi que les systèmes
d'irrigation. La présence de matière organique améliore considérablement la
capacité du sol à retenir l'eau, notamment en surface, grâce à sa grande capacité
d'adsorption, notamment lorsque la matière organique est humifiée. Il en est de
même pour les particules minérales les plus fines que sont les argiles. D'une
manière générale, plus la texture du sol est grossière (cailloux, graviers, sables
grossiers), moins il est capable de retenir l'eau.

L'eau du sol passe dans les plantes par l'intermédiaire de l'absorption racinaire
et effectue son ascension sous l'influence conjointe de la poussée radiculaire et
de la transpiration. Une partie de l'eau est directement évaporée à la surface du
sol, sous l'influence du soleil et du vent mais aussi du simple différentiel de
concentration de la vapeur d'eau entre le sol et l'atmosphère (diffusion).
L'ensemble de ces processus constitue ce que l'on appelle l'évapotranspiration.
L'évapotranspiration potentielle ou ETP, déterminée par le climat régional et la
position topographique, est calculée à l'aide de modèles mathématiques tenant
compte d'une couverture végétale "idéale". Elle permet de cartographier les
potentialités hydriques des sols et les besoins en irrigation à l'échelle locale,
nationale ou mondiale85. En cas de sécheresse prolongée les capacités du sol à
fournir de l'eau aux plantes (Sa réserve utile en eau) et aux autres organismes
peuvent atteindre leurs limites - on parle de stress hydrique - comme en Europe
occidentale lors de la sécheresse de 197686.

Sols et puits de carbone

Stocks de carbone dans le sol et en forêt dont par la biomasse, (en MtC =
mégatonnes de carbone, = millions de tonnes de carbone)87,88
Le protocole de Kyoto a mis en avant l'importance du sol comme puits de carbone,
surtout en zone tempérée. Les enjeux sont très importants, car le CO2 émis par les
microbes constitue l'essentiel du flux de dioxyde de carbone (CO2) émis de la
surface du sol vers l'atmosphère10, et le second flux de carbone terrestre le plus
important. Les plantes émettent du CO2 la nuit, mais la plupart du temps cette
émission est très largement compensée par la photosynthèse le jour10. Les sols
mondiaux contiennent, selon la profondeur considérée, entre 1 500 et 2 400
gigatonnes de carbone organique (provenant de la dégradation des résidus végétaux
et animaux), soit deux à trois fois plus que le carbone contenu sous forme de CO2
dans l'atmosphère89.
La fonction puits de carbone est encore mal cernée car elle varie fortement dans
l'espace et dans le temps, selon les conditions biogéographiques, agro-
pédologiques, voire de pollution du sol. La respiration du sol est facile à mesurer
localement mais ses variations locales et saisonnières rendent les bilans globaux
difficiles. De plus, aucun instrument de télédétection ne peut aujourd'hui la
mesurer à l'échelle de vastes territoires90.
Des modèles doivent donc être construits sur la base d'extrapolations, calés et
vérifiés avec les données du terrain. À ce jour les modèles et les études de
terrain laissent penser qu'un réchauffement climatique, même d'un ou deux degrés,
devrait fortement perturber la biodiversité du sol et donc le cycle du carbone10.
Sur la base d'un gradient latitudinal de la distribution des formes d'humus
forestières, et avec toutes les réserves associées à ce type de calcul qui ne tient
pas compte de la capacité de dispersion des invertébrés terrestres, on peut prévoir
que l'activité des vers de terre va s'accroître de plus en plus, une augmentation
de température de 1 °C faisant décroître l'Humus Index (indice traduisant
l'accumulation de matière organique en surface)91,92 de 0,3 unité93. Mais
l'incorporation par les animaux fouisseurs de la matière organique accumulée en
surface ne signifie pas pour autant que le sol va déstocker son carbone, car la
matière organique résiste mieux à la biodégradation lorsqu'elle est liée à la
matière minérale et/ou incluse dans les agrégats du sol94.
Le bilan respiratoire du sol et son évolution commencent à être mieux approchés. Le
bilan correspond à la somme des flux de CO2 et de vapeur d'eau libérés par le
métabolisme des bactéries, des animaux du sol, des racines des plantes et des
champignons du sol. Une méta-analyse (Nature, mars 201010) a porté sur 439 études.
Sur la base des 50 années de données d'émissions des sols recueillies sur 1,434
points de données répartis sur toute la planète, les auteurs ont conclu que les
sols du monde entier ont encore augmenté leurs émissions de CO2 entre 1989 et 2008,
probablement à cause de l'augmentation de l'activité microbienne induite par
l'accroissement de température et l'eutrophisation, résultant en une biodégradation
de l'humus. Les changements de comportement du sol sont lents, mais se traduisent
par des effets globaux très significatifs. Selon cette méta-analyse l'expiration
des organismes du sol vers l'atmosphère a augmenté d'environ 0,1 % par an (0,1 Pg
C/an) de 1989 à 2008, pour atteindre en 2008 environ 98 milliards de tonnes de
carbone (98 ± 12 pg C), soit 10 fois plus de carbone que ce que les humains
injectent dans l'atmosphère annuellement. Le réchauffement climatique est le
facteur explicatif qui semble dominant, via l'accroissement de la vitesse de
décomposition de la matière organique du sol, cependant, selon Eric Davidson,
biogéochimiste au Woods Hole Research Center, à Falmouth, Massachusetts, il faut
tenir compte des incertitudes qui existent dans l'équilibre entre l'augmentation de
la production végétale (donc des apports de matière organique au sol) et
l'augmentation de la vitesse de décomposition de cette matière organique95. Les
auteurs de cette méta-analyse ont à cette occasion posé les bases d'un observatoire
mondial de l'expiration des sols, appuyé sur une base de données actuelles jumelée
à une base de données météorologiques historiques, de haute résolution96. Des
données déjà disponibles, après prise en compte des moyennes climatiques annuelles,
de la surface foliaire, des dépôts d'azote et des changements des méthodes de
mesure du CO2, se dégage une tendance à l'augmentation, avec des flux de CO2
effectivement corrélés aux anomalies de la température de l'air (anomalies par
rapport à la moyenne des températures de la période 1961-1990). Il reste à
différencier la part du carbone anthropique issu de l'atmosphère et reperdu, et
celle anormalement perdue ou émise par la matière organique du sol à la suite d'une
perturbation des processus pédologiques. Ce CO2 ajoute ses effets à ceux du méthane
qui semble également en augmentation à partir de la fonte des pergélisols97. Une
très petite part du CO2 expiré par les sols peut aussi provenir des bactéries
méthanotrophes. Mais ce CO2 serait, en termes de bilan, moins nuisible pour le
climat comparé au méthane, considéré comme un gaz à effet de serre plus puissant.
Les auteurs de la méta-analyse concluent des données disponibles qu'elles sont
compatibles avec une accélération en cours du cycle du carbone terrestre, en
réponse au dérèglement climatique.
L'importance du sol comme puits de carbone (et pour la biodiversité, notamment pour
les sols prairiaux et forestiers98,99) est mieux reconnue100. Une conférence
européenne, Puits de Carbone et Biodiversité, qui s'est tenue à Liège (Belgique) du
24 au 26 octobre 2001, a rappelé l'importance des relations entre puits de carbone
et biodiversité101. On peut également citer l'initiative 4p1000 qui prône le
stockage de carbone dans le sol102.
Enjeu pour la lutte contre l'effet de serre : selon le groupe de travail du
Programme européen sur le changement climatique (PECC) consacré aux puits de
carbone liés aux sols agricoles, les sols agricoles de l'UE présentaient à eux
seuls un potentiel équivalant à 1,5 à 1,7 % des émissions de CO2 de l'Union
européenne, potentiel qui devra peut-être être revu à la baisse avec le
réchauffement103.
Biodiversité / Sol vivant, support et milieu de vie
Article détaillé : Biodiversité du sol.
Végétaux, animaux et micro-organismes profitent de la désagrégation des roches de
la croûte terrestre et y contribuent, coproduisant le sol et y puisant l'eau et les
nutriments14. À l'échelle moléculaire, les champignons et leurs métabolites104, le
mucus (des vers de terre notamment105) et les exopolysaccharides (dextrane,
xanthane, rhamsane, succinoglycane) sécrétés par les bactéries106 jouent un rôle
important dans la formation et la conservation des sols par leur capacité à agréger
les particules minérales et organiques, créant ainsi une structure stable
permettant l'aération et la circulation de l'eau, et protégeant le sol de
l'érosion107.

Biota des sols


Le biota des sols est un terme plus spécifique que biodiversité des sols. Le biota
du sol se réfère à la communauté complète à l'intérieur d'un système sol donné,
comme le biota du sol d'une prairie108.

De nombreux organismes trouvent dans le sol un abri, un support ou un milieu


indispensable à leur vie14. Pour les animaux du sol, on parle de microfaune (< 0,2
mm), mésofaune (de 0,2 à 4 mm) et macrofaune (> 4 mm). À titre d'exemple, rien que
pour la microfaune, un seul mètre carré de prairie permanente bretonne abrite dans
ses trente premiers centimètres jusqu’à 260 millions d'organismes animaux/m²
(ind./m²), appartenant à plusieurs milliers d’espèces109. Cette biomasse animale
correspond au minimum à 1,5 t/ha ou le poids de deux vaches. Le labour de cette
prairie et sa mise en culture diminuent de 20 à 90 % le nombre de vers de terre en
trois ans, surtout avec un travail mécanisé du sol et avec des pesticides110.

Le sol était autrefois considéré comme un élément abiotique, résultant de facteurs


physico-chimiques tels que la géologie, le climat, la topographie. Il est
maintenant démontré que l'ensemble des éléments abiotiques constituant le sol sont
mobilisés par les êtres vivants, et en particulier par les micro-organismes, qui
recyclent également la nécromasse (biomasse morte) et les excréments des animaux,
constituant ainsi la base trophique des écosystèmes terrestres73. Le sol est donc à
la fois un produit de la vie et un support de celle-ci111.

La rhizosphère est l'interface complexe entre le monde végétal, le monde microbien


et le monde minéral, lieu et niche écologique où se nouent des relations étroites
entre les processus biotiques et abiotiques qui régissent la formation des sols et
la nutrition minérale des végétaux (altération minérale, décompaction, lessivage,
formation des complexes argilo-humiques, échanges ioniques, symbioses), qui
influencent les cycles du carbone, de l'azote, du phosphore et impactent les cycles
biogéochimiques112.

En plus des virus, ce sont jusqu'à 100 millions de microorganismes qui vivent dans
un gramme de sol14.
Identification des menaces
Les pesticides et le labour sont deux facteurs d'érosion et de perte de sol. Ces
deux pratiques culturales, communes en agriculture conventionnelle, en dégradant la
structure par la disparition de l'activité des organismes fouisseurs (vers de
terre)113, favorisent le départ des particules fines (limons, argiles) sous
l'influence de l'eau et du vent114. Le surpâturage entraîne une réduction de la
biodiversité et de la capacité du sol à résister au stress hydrique, en diminuant
la macroporosité, notamment en zone subtropicale (Argentine par exemple)115. La
dégradation des sols peut aussi être aggravée par la monoculture de quelques
espèces (dont celles destinées à produire des agrocarburants)116,117. Les
réflexions se portent désormais plus sur la réutilisation de déchets verts118 ou de
plantes dédiées (voir Biocarburant). La production d'agrocarburants est en effet
une nouvelle vocation proposée pour certains sols. L'intérêt et le bilan écologique
de ces carburants sont cependant très discutés119, notamment en raison du risque de
détournement des sols de cultures vivrières vers des productions commerciales dans
les pays les plus pauvres (Changement d'affectation des sols), et en raison d'un
bilan global neutre, voire négatif en termes de bilan carbone et effet de serre120.
Selon la Cour des Comptes en 2012121 « Le bilan environnemental des biocarburants
est fort loin d’être à la hauteur des espoirs placés en eux. Si l'on intègre (ainsi
qu’il a été fait dans les dernières études d'impact environnemental) le changement
d'affectation des sols indirects (CASI), on obtient pour l’EMHV des émissions de
gaz à effet de serre qui sont doubles de celle du gazole ».

Connaître et observer pour agir


Le pédologue peut repérer des sols favorables ou défavorables à certains organismes
et produire des cartes de pédopaysages. Le botaniste et le phytosociologue peuvent
également, au moyen de plantes bioindicatrices, identifier les caractéristiques de
certains sols, par exemple les plantes de milieux calcaires secs, notamment les
pelouses et prairies de fauche calcicoles au sein desquelles on pourra repérer
quelques orchidées emblématiques122.

Connaître pour mieux protéger, restaurer et gérer les sols nécessite d'identifier,
localiser et cartographier leur biodiversité, leur niveau de dégradation, de
pollution, leur degré de vulnérabilité, leur isolement écologique et leur degré de
résilience face aux usages par l'homme ou face au dérèglement climatique. Cela
permettra aussi de mieux identifier certains enjeux (production alimentaire,
protection de l'eau, puits de carbone, biodiversité, etc.).

Une recherche plus active


La « richesse microbienne globale » peut maintenant être évaluée par la biologie
moléculaire, via la mesure de la diversité de l'ADN microbien d'un sol123. Par
exemple, les communautés microbiennes ont été étudiées en 2006 et 2007 sur 2 200
échantillons de sols de France métropolitaine, prélevés selon une grille de 16 km
de côté dans le cadre du Réseau de mesure de la qualité des sols (Programme ECOMIC-
RMQS)124, travail poursuivi dans le cadre du Programme européen Envasso visant à
trouver des bio-indicateurs pertinents pour les sols et à mieux comprendre le
déclin de la biodiversité dans les sols125,126.

L'approche est globale pour la microflore (fumigation/extraction, quantification de


l'ADNa), ou taxonomique (avec identification des espèces ou au moins des genres)
pour la faune. Le RMQS-BioDiv vise à établir un référentiel de la biodiversité des
sols en Bretagne, en lien avec les caractéristiques du milieu (pédologie, usages
des sols)127,128. La cartographie nationale de la diversité bactérienne des sols a
montré en France que « certaines pratiques agricoles sont assez agressives et
délétères sur le patrimoine biologique. Il s’agit des pratiques viticoles, des
forêts monospécifiques de résineux et de certaines pratiques conventionnelles en
grandes cultures céréalières qui sont actuellement mises sous surveillance »111.
Les sols français les plus pauvres en diversité bactérienne sont la grande pinède
des Landes, mais les zones enrésinées méditerranéennes sont également très pauvres
de ce point de vue.

Un état des lieux toujours plus complet


L'Observatoire National de la Biodiversité a retenu l'évolution de la biomasse
microbienne des sols en métropole comme l'un de ses indicateurs129. La première
valeur de référence a été estimée à 61 µg d'ADN microbien/g de sol pour 2000-2009
(On trouve de 2 à 629 μg d’ADN par gramme de sol, mais dans 75 % des échantillons,
ce taux est de 10 à 100 μg, le reste se répartissant équitablement au-delà de ses
deux limites). Mi-2019, la France a adossé à son plan biodiversité un nouvel
outil : l'Observatoire national de l'artificialisation des sols.

Pour mieux comprendre l'écologie des sols, on commence à approcher leur diversité
biologique128 : par la mesure de la diversité des ADNs présents, par certains
indices tels que l'abondance en micro-organismes, nématodes, enchytréides ou
lombrics, réputés être de bons bioindicateurs de la qualité biologique des sols, en
particulier de leur diversité fonctionnelle. Un indicateur synthétique de qualité
biologique des sols agricoles de Bretagne a été proposé dans le cadre du programme
RMQS-Biodiv127. Des programmes spécifiques portent sur ce thème (ex BIODEPTH,
Nouvel atlas européen du Centre Commun de Recherches (JRC) qui porte notamment sur
la biodiversité des sols en Europe et fait apparaître certaines menaces auxquelles
elle est exposée ; il montre que le Royaume-Uni, la Belgique, le Luxembourg, les
Pays-Bas et le nord de la France ont particulièrement dégradé leurs sols et que la
biodiversité du sol y reste plus menacée qu'ailleurs).

Une communication ciblée sur les enjeux


En 2010, l'UE a publié son Atlas de la biodiversité des sols130 et organisé une
conférence de mise au point et d'information sur le sujet131 où a eu lieu une
présentation de l'étude Soil biodiversity: functions, threats and tools for policy
makers132 et du rapport destiné à préparer la conférence mondiale sur la
biodiversité de Nagoya (2010)133.

Qualité d'un sol


La qualité du sol (en) concerne l'aptitude d'un sol à remplir ses fonctions
pédologiques (en) de production agricole, sylvicole ou écologique et sa résilience.
Différents chercheurs134,135 ont développé un indice de qualité du sol (soil
quality index) qui est représenté par trois composantes principales : productivité,
santé et environnement (capacité d'atténuer les contaminants du sol, les agents
pathogènes et les dommages extérieurs). Ces indices utilisent des mesures telles
que la profondeur du sol, sa teneur en matière organique, ses composantes
biologiques (indice biotique de qualité des sols), sa fertilité, son état sanitaire
(au sens large), par comparaison avec un stade dit climacique ou "idéal", qui varie
selon la zone biogéographique, l'altitude et le contexte considérés136. La tendance
moderne est de mesurer les risques environnementaux portant sur l'eau et l'air et
les risques liés aux inondations/sécheresses, nitrates, pesticides, aérosols, etc.
On différencie les impacts de polluants biodégradables (nitrates, hydrocarbures
aromatiques polycycliques ou HAPs) de polluants non dégradables (éléments traces
métalliques ou ETMs, polluants organiques persistants ou POPs), et on s'intéresse à
leurs voies de dissémination ou aux synergies qu'ils peuvent développer avec
d'autres polluants ou éléments du système sol137.

Un Réseau de mesure de la qualité des sols est mis en place en France en 2001.

Quelques normes ISO concernant la qualité des sols :

ISO 10381-6:2009, Qualité du sol - Échantillonnage - Partie 6: Lignes directrices


pour la collecte, la manipulation et la conservation, dans des conditions aérobies,
de sols destinés à l'évaluation en laboratoire des processus, de la biomasse et de
la diversité microbiens138 ;
ISO 10390:2005, Qualité du sol - Détermination du pH139 ;
ISO 10694:1995, Qualité du sol - Dosage du carbone organique et du carbone total
après combustion sèche (analyse élémentaire)140 ;
ISO 11268-1:2012, Qualité du sol - Effets des polluants vis-à-vis des vers de terre
- Partie 1: Détermination de la toxicité aiguë vis-à-vis de Eisenia fetida/Eisenia
andrei141 ;
ISO 11269-2:2012, Qualité du sol - Détermination des effets des polluants sur la
flore du sol - Partie 2: Effets des sols contaminés sur l'émergence et la
croissance des végétaux supérieurs142 ;
ISO 11274:1998, Qualité du sol - Détermination de la caractéristique de la
rétention en eau - Méthodes de laboratoire143 ;
ISO 11465:1993, Qualité du sol - Détermination de la teneur pondérale en matière
sèche et en eau - Méthode gravimétrique144.
De nombreuses autres normes ISO relatives à la qualité des sols existent, elles
sont au nombre de 167 à la date du 10 juillet 2016145 et leur nombre ne cesse
d'augmenter, suivant l'avancée des recherches en écotoxicologie et le
perfectionnement des méthodes d'analyse physiques, chimiques et biologiques. Elles
sont revues tous les 5 ans et certaines sont en préparation dans le cadre d'examens
inter-laboratoires chargés d'en établir la précision et la reproductibilité.

Une revue critique de ce concept de qualité du sol a été réalisée en 2018 par Else
K. Bünemann et al.146.

Les menaces
Articles détaillés : Régression et dégradation des sols et Surface imperméabilisée.
Article connexe : Directive cadre pour la protection des sols.

La France, avec l'Espagne et l'Allemagne, fait partie, selon l'Agence européenne


pour l'environnement des vingt pays européens qui ont en dix ans perdu le plus de
sols agricoles (transformés en routes, immeubles, zones d'activité, …), selon la
carte européenne d'occupation des sols Corine Land Cover
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)147
.

Cet autre graphique met visuellement en évidence le fait que la perte de terres
agricoles due à l'urbanisation et à l'artificialisation (routes…) est
proportionnellement beaucoup plus importante dans les petits pays très peuplés (Les
Pays-Bas étant un exemple typique). Ici, la France, bien qu'elle compte parmi les
trois pays qui perdent le plus de sols agricoles, paraît moins touchée en raison de
la taille de son territoire (données estimées à partir de la mise à jour de
l'occupation du sol Corine Land Cover)
Le sol est une ressource naturelle, peu ou lentement renouvelable, globalement en
voie de dégradation (surtout dans les pays pauvres, où elle n'est pas compensée par
les hausses de productivité actuellement permises par la mécanisation, les engrais
et les pesticides). Ce patrimoine est aussi en régression quantitative selon l'ONU
(FAO), organisation essentiellement consacrée à l'agriculture, à la sylviculture et
aux écosystèmes mais aussi et de plus en plus aux « établissements humains »
(villes, habitations, zones d'activité, parkings, etc.)148.

Dans les régions forestières, le sol perd autant de matière par


solubilisation/transport qu'il en gagne par déconstruction de la roche mère. Le
système est alors en équilibre, c'est-à-dire que le sol se reconstitue à sa base
aussi vite qu'il s'use à son sommet. Il s'enfonce donc dans le paysage sans changer
d'épaisseur. Sur un sol cultivé, le travail mécanique de la terre renforce
l'érosion, le système n'est plus en équilibre ; le sommet du sol descend donc plus
vite que sa base, le sol s'amincit. Ainsi, dans l'Hérault, on trouve les traces de
villages néolithiques dans des garrigues où la roche affleure partout, de sorte que
la terre de culture est totalement absente. La disparition des sols fertiles peut
entrainer des déplacements de population149. Cependant il ne faut pas oublier que
la sylviculture dégrade aussi les sols, non en exportant de la matière solide mais
des nutriments, absorbés par les racines des arbres et ensuite exportés via le bois
au cours des coupes successives, un processus aggravé dans le passé par des
pratiques telles que l'essartage et le soutrage et dans le présent par la
dynamisation de la sylviculture150. Les seuls sols en équilibre sont donc ceux qui
restent intouchés par l'homme.

Menaces autres que les pollutions


De grandes quantités de sols sont imperméabilisées ou plus généralement
artificialisées par l'urbanisation et la périurbanisation (habitats,
infrastructures pour les transports, parkings, etc.)151.

Le dérèglement climatique menace également les sols des régions chaudes et


tempérées, avec notamment selon le GIEC le risque croissant d'aridification
estivale des sols et de phénomènes érosifs accrus en hiver ou à la suite des pluies
d'orage et des modifications probables des communautés de microorganismes qui
participent à la production et à l'entretien de l'humus152. Le réchauffement des
sols pourra aussi nuire à leur capacité à séquestrer le carbone, et dégrader la
sécurité alimentaire153. La distribution verticale du carbone dans le sol et les
boucles de rétroaction puits de carbone - climat pourraient en être perturbées154.

Certaines pratiques agricoles induisent en outre diverses formes de régression et


dégradation des sols :

une diminution des taux de matière organique (due au labour et en particulier au


labour profond, aux cultures intensives, à l'usage d'engrais chimiques et de
pesticides, etc.)155 ;
la compaction du sol et l'asphyxie, et en zone de labour l'apparition d'une semelle
de labour156 ;
l'acidification, la salinisation et éventuellement la désertification ;
l'érosion (hydrique ou éolienne)…
Dans les basses terres, ils peuvent aussi être menacés de submersion marine (cf.
montée des océans et soumis à des risques accrus de surcote), en particulier dans
la perspective d'une fonte des glaciers et calottes glaciaires.

Un autre problème est la dispersion dans le monde d'espèces invasives de vers plats
(Plathelminthes terrestres) dont certains sont d'importants prédateurs des vers de
terre (20 % des vers de terre auraient disparu des zones du Royaume-Uni où
plusieurs de ces espèces ont été introduites)157.

Sols pollués
Article détaillé : Sols pollués.
Les retombées atmosphériques, les boues d'épuration, certains engrais (phosphates
riches en cadmium en particulier), les pesticides et parfois les eaux d'irrigation
apportent dans les sols des quantités significatives de métaux lourds (non
dégradables, bioaccumulables)158 et de divers polluants ou contaminants microbiens,
parfois pathogènes159.

Les sols agricoles contiennent souvent des micropolluants qui ont pour origine le
fonds géochimique160, les séquelles de guerre, ou plus souvent les retombées
atmosphériques (45 000 t/an de zinc et 85 000 t de plomb/an estimés dans les années
1990 pour l'Europe des 12161) et parfois les eaux d’irrigation162.

En France, l’INRA a étudié sept métaux lourds (Cd, Cr, Co, Cu, Ni, Pb et Zn) dans
460 horizons de sols agricoles, et trouve un taux médian de 0,22 mg/kg, contre 0,10
en sols forestiers équivalents163. Dans une région industrielle (Nord de la
France), P. Six (1992, 1993) confirme ces résultats dans le département du Nord:
sur 1000 horizons labourés, n’ayant pas subi d’apports de boues d'épuration, la
valeur médiane des teneurs en métaux lourds est de 0,37 mg/kg164. Hormis dans le
cas d'espèces métallophytes, l'exportation naturelle par les végétaux est faible
(moins d'un % des apports de boues résiduaires dans les récoltes étudiées sur
quinze à dix ans).

Certains sols forestiers, exposés à des retombées de polluants ou en contenant


naturellement, s’avèrent cependant mieux conserver certains de ces polluants que
les sols labourés: c’est le cas des radionucléides165. Les polluants sont plus ou
moins biodisponibles selon les sols. Ils le sont généralement plus (jusqu’à cent
fois plus) dans les sols acides166.

Protection en tant que ressource

Répartition mondiale des sols selon la taxonomie des sols de l'USDA. 4,8 milliards
d'hectare (38 %) sont des terres agricoles167 dont la perte de fertilité et
l'érosion des sols sont des enjeux majeurs ; les forêts qui occupent 4 milliards
d'ha (31 %) sont marquées par la déforestation des sols ; les quatre derniers
milliards d'ha restants (31 %) correspondant à des zones urbaines (l'urbanisation
s'accompagnant d'une artificialisation des sols), des roches, des glaces, des
déserts, des lacs168…
En France, le Grenelle de l'Environnement a proposé en 2007 les concepts de trame
verte et de remembrement environnemental, qui pourraient tous deux contribuer à
restaurer les sols. Un bail environnemental a été créé en application de la Loi
d'orientation agricole (LOA) du 6 janvier 2006 (décret de mars 2007169). Ce bail ne
vaut cependant que dans certaines zones géographiques précisées par le décret et
pour des bailleurs privés, si leurs parcelles sont situées dans des espaces
naturels sensibles et si les clauses conformes au document de gestion officiel sont
en vigueur dans ces zones. Ce bail permet d'imposer une liste limitative de
pratiques culturales susceptibles de protéger l'environnement. Leur non-respect par
le repreneur du bail peut entraîner sa résiliation.
En 2017 le sol est identifié comme ressource stratégique dans le Plan de
programmation des ressources qui est l'un des éléments de la stratégie nationale de
transition vers l'économie circulaire.

Dans l'Union européenne, on attend toujours des mesures de lutte contre la


régression et la dégradation des sols à l'échelle européenne, une urgence soulignée
par l'Agence Européenne de l'Environnement170. La Directive cadre pour la
protection des sols, proposée par la Commission européenne le 22 septembre 2006 et
adoptée en première lecture le 14 novembre 2007 par les députés européens171, n'a
jamais pu être adoptée définitivement en raison de l'opposition de certains pays,
dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l'Autriche et la France172. Elle a
finalement été officiellement retirée par la Commission européenne le 21 mai
2014173. Cependant, La Commission européenne a décidé le 27 juillet 2016
d'enregistrer l’initiative citoyenne européenne People4Soil, portée par un réseau
d’ONG européennes, d’instituts de recherche, d’associations d’agriculteurs et de
groupes environnementaux174, qui selon la législation en vigueur devra recueillir,
à partir de septembre 2016 et sur une durée de 12 mois, un million de signatures
avec un minimum venant d'au moins un quart des pays membres, pour la convertir en
proposition d’acte juridique.

Le sol dans l'art


Avant la Renaissance, le sol est représenté schématiquement par de simples lignes
ou une simple surface. À la Renaissance, sa représentation s'affine mais reste
standardisée175.

Le land art est une forme d'art contemporain, pratiquée en plein air et utilisant
le sol (la terre) comme support et souvent comme matériau d'œuvres d'art par nature
éphémères, mais maintenues dans les mémoires grâce à la photographie, notamment les
photographies aériennes.
Le soil art, utilisant de façon symbolique les couleurs de la terre pour attester
son importance dans notre vie, est un domaine de l'art contemporain qui s'est
spécialisé sur ce sujet176. La pédothèque, collection d'échantillons de terre dont
la couleur est classée selon le nuancier de Munsell), de l'artiste Kôichi Kurita en
est une des illustrations177.

Le sol est également très présent dans la poésie. Francis Ponge a été décrit comme
un poète du sol178. Eugène Guillevic publie en 1942, la même année que Le Parti
pris des choses de Francis Ponge, un recueil de poèmes, Terraqué, dont le titre
affirme son enracinement dans la terre de son pays natal, la Bretagne.

Représentation du sol dans l'art assyrien


Représentation du sol dans l'art assyrien

Sol dans une peinture médiévale


Sol dans une peinture médiévale

Sol à la Renaissance
Sol à la Renaissance

Exemple de land art


Exemple de land art

Actions internationales des sols


Nations Unies
Partenariat mondial sur les sols
En décembre 2012, le Partenariat mondial sur les sols "The Global Soil Partnership
(GSP)" est créé179. Ce partenariat entre divers intervenants est destiné à
améliorer la collaboration et les efforts de synergie, avec comme principal
objectif d'améliorer la gouvernance et la promotion de la gestion durable des sols,
aussi bien auprès des utilisateurs des terres que des décideurs politiques180.

Le 20 décembre 2013, à la suite de la demande de l'Organisation des Nations Unies


pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l’Assemblée générale de l'ONU
(A/RES/68/232) proclame le 5 décembre 2015, Journée mondiale des sols "World Soil
Day (WSD)" et année internationale des sols (AIS) " the International Year of Soils
(IYS)"181.

Année internationale des sols

Le logo de l'Année internationale des sols


La FAO est désignée pour mettre en œuvre l'Année internationale des sols 2015, dans
le cadre du Partenariat mondial sur les sols182 et en collaboration avec les
gouvernements et le secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte
contre la désertification.

L'AIS vise à accroître la sensibilisation et la compréhension de l’importance des


sols pour assurer la sécurité alimentaire et permettre aux écosystèmes terrestres
de remplir leurs fonctions essentielles, appelées services écosystémiques.

Journées mondiales des sols


Lors de cette même assemblée de décembre 2013, l'ONU proclame que les journées
mondiales des sols « The World Soil Day » sont organisées chaque 5 décembre dès
2014 par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO). L'objectif de ces journées sont de sensibiliser les populations, les
organisations et les gouvernements du monde entier à s'engager pour améliorer la
santé des sols. Au centre de cette action se trouve l'importance de maintenir
sainement aussi bien les écosystèmes que le bien-être humain183,179.

Sensibiliser les enfants


Ces journées permettent aussi de sensibiliser les enfants à travers de petites
expérimentations simples à exécuter pour échantillonner et observer simplement :

le sol et faire un profil du sol ;


l'érosion du sol par l'eau ;
la rétention d'eau dans le sol ;
l'air dans le sol ;
La séparation du sol et l'estimation de la texture du sol ;
la bioturbation par les vers de terre dans le sol.
Ces petites expériences permettent d'enseigner aux enfants pourquoi «Prendre soin
de la planète commence par le sol», un des principaux objectifs de la Journée
mondiale des sols 2017184.

Europe
Article détaillé : Directive cadre pour la protection des sols.
Directive Sols
En 2006, l'Europe définie sa stratégie thématique en faveur de la protection des
sols dans un cadre européen pour la protection des sols à destination des États
membres dans une directive dénommée Directive cadre pour la protection des sols, ou
Directive sols185.

Guide de la vie sous terre


Document complet de référence sur la vie des sols, à destination des chercheurs,
décideurs politiques, enseignants mais aussi tous les curieux de la vie sous terre,
l'Atlas européen de la biodiversité des sols est la contribution de la Commission
européenne à l'Année internationale de la Biodiversité 2010.

Cet atlas permet de cartographier les dégradations et menaces pesant sur la


biodiversité des sols dans l'Union Européenne. Il inclut aussi la biodiversité au-
delà des frontières européennes et s'intéresse à la biodiversité des sols tropicaux
et les milieux extrêmes tels que les déserts chauds et froids.

Il est le résultat d'une collaboration entre la Commission européenne, des


universités, l'industrie et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO) ainsi que la Convention sur la diversité biologique (CDB).
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), l'Institut
National de la Recherche Agronomique (INRA) et le Ministère de l'Écologie du
Développement Durable et de l'Énergie sont chargés de sa version française108.

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