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Géologie des combustibles solides

Objectifs du cours :

 Amener les étudiants à connaitre les différents types de combustibles fossiles ;


 Faire une distinction entre combustibles solides et liquides ;
 Déterminer les caractéristiques des différents combustibles fossiles.

Spécifiques

- Déterminer les composants macroscopiques des charbons ;


- Déterminer les constituants microscopiques des charbons ;
- Classifier les microlitotypes ;
- Déterminer les différents bassins de charbons de la RDC.
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CHAPITRE I : GENERALITES
I.1. Définitions

La combustion est une réaction chimique d’oxydation d’un combustible par un


comburant. Les produits de combustion s’appellent aussi gaz brulés ou fumés. La
combustion fournit de l’énergie calorifique et émet généralement de la lumière. Le
développement de la société industrielle moderne et la sauvegarde de
l’environnement se fondent sur la maitrise de cette réaction de combustion.

Dans un phénomène de combustion, les corps en présence sont les suivants :

- Le combustible – le comburant – le produit de combustion.

Les combustibles sont des corps susceptibles de se combiner à l’oxygène par une
réaction d’oxydation exothermique. L’oxydation doit être assez vive pour se
poursuivre normalement après amorçage.

Il existe trois catégories de combustibles :

 Combustibles solides ;
 Combustibles liquides ;
 Combustibles gazeux.

Cependant, quelle que soit la nature du combustible, la réaction de combustion


proprement dite ne peut avoir lieu que lorsque les réactifs sont sous forme gazeuse.
Si le combustible n’est pas à l’état gazeux, il se vaporise ou se sublime préalablement
(éventuellement après décomposition chimique).

Les combustibles solides :

Tous les combustibles solides sont d’origine végétale à l’exception des propergols
(carburants pour les fusées). L’uranium et les autres corps radioactifs, qui produisent
de l’énergie par fission nucléaire, ne sont pas des combustibles au sens précis du
terme car, lors de leur utilisation, ils ne participent à aucune réaction de combustion.
Les principaux combustibles solides sont :

- Le bois : encore largement utilisé dans le monde sous sa forme brute, le bois
est par ailleurs un des facteurs de la désertification surtout dans les zones
subsahariennes ;
- Le charbon désigne les combustibles solides résultant de la décomposition et
de là, on distingue : - la tourbe (matière encore très humide et au pouvoir
calorifique peu élevé (résultat d’une décomposition sommaire), - la lignite, - la
houille, -l’anthracite.
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Les comburants

Les plus fréquemment utilisés sont :


- L’air qui comprend principalement l’oxygène, l’azote, de la vapeur d’eau et du
CO2 ;
- L’oxygène pur.

Ils peuvent être incorporés préalablement au combustible soit sous forme d’alliage
chimique ou sous forme d’air ou d’oxygène liquide comme par exemple dans les
explosifs et dans les carburants pour fusées.

La composition de l’air est la suivante :

NOM FORMULE PROPORTION


Diazote N2 78,08% mol
Dioxygène O2 20,95% mol
Argon Ar 0,934%mol
Dioxyde de Carbone CO2 0,04% mol (400ppmv)
Néon Ne 18,18 ppmv
Hélium He 5,24 ppmv
Monoxyde d’Azote NO 5,00 ppmv
Krypton Kr 1,14 ppmv
Méthane CH4 1,7 ppmv
Dihydrogène H2 0,5 ppmv
Protoxyde d’Azote N2O 0,5 ppmv
Xénon Xe 0,087 ppmv
Dioxyde d’Azote NO2 0,02 ppmv
Ozone O3 0 – 0,01ppmv
Radon Rn 6 x 10-14 ppmv
Eau H2O 3,12%mol
Tableau 1 : Composition de l’air atmosphérique (ppmv = partie par million en volume).

Définition : un comburant est un corps chimique qui a pour propriété de


permettre la combustion d’un combustible. Le principal comburant est le
dioxygène. Ou encore, c’est une substance qui se combine avec un combustible,
dans une réaction de combustion.

L’air et l’oxygène sont les comburants les plus couramment utilisés.


I.2. Origine et composition des combustibles
I.2.1. La photosynthèse de la biomasse, genèse des combustibles

L’origine commune de tous les combustibles est la matière organique ou


biomasse, élaborée par les végétaux terrestres et le phytoplancton marin. La
photosynthèse chlorophyllienne qui en est le fondement, implique :
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- D’une part, l’existence de matière première de base, à savoir le carbone,


l’hydrogène et l’oxygène sous forme de CO2 et H2O ;
- D’autre part, la disponibilité d’une quantité d’énergie suffisante et de forme
adéquate, soit un rayonnement lumineux de longueur d’onde comprise entre
400 et 700 nm.

A. La matière première

A l’origine, l’atmosphère terrestre contenait beaucoup de H2O et de CO2. Le


refroidissement de la croute terrestre a entrainé la précipitation de la plus grande
partie de l’eau dans les océans. Quant au CO2, on estime qu’il y a 4,25 Ga,
l’atmosphère en contenait plus de 30%.

Cette teneur dépassait encore 3% il y a 1 Ma, tandis qu’à l’heure actuelle, la teneur
moyenne en CO2 atteint environ 0,0365%.

La plus grande partie du CO2 de l’atmosphère initiale s’est fixée sous forme de
carbonates dans les roches sédimentaires et les sédiments marins. On estime à
47500x1012 tonnes la quantité de carbone ainsi fixée, à comparer aux 37x1012 tonnes
présentes dans les océans sous forme de bicarbonates et d’acide carbonique, aux
2,5x1012 tonnes de matière organique morte et aux 4x1012 à 16x1012 tonnes de
combustibles fossiles présents dans le sol et les océans, et enfin aux 0,7x1012 tonnes
présentes dans l’atmosphère.

Le réservoir atmosphérique, de capacité relativement faible est donc, directement ou


indirectement, en communication avec des réservoirs beaucoup plus importants,
susceptibles de tamponner les variations de la teneur en CO 2 atmosphérique. Il est
cependant à noter que depuis le début de l’ère industrielle, cette teneur n’a cessé
d’augmenter, passant d’environ 280 ppm à 365 ppm en moins de 200 ans, avec un
taux de croissance actuel de plus de 0,35%/an.

Le niveau de CO2 atteint ainsi est inégalé dans l’histoire des 400.000 dernières années
de la Terre, au cours desquelles il a fluctué entre 180 et 300 ppm, en relation avec la
périodicité des glaciations.

De plus, son évolution actuelle est cent fois plus rapide que celle des dernières 20.000
années.

B. La source d’énergie

C’est essentiellement le rayonnement solaire, qui peut être considéré comme stable à
l’échelle séculaire, est la source d’énergie de la photosynthèse. Au rayonnement
solaire intercepté par la terre, différence entre le rayonnement incident et sa fraction
réfléchie, s’ajoutent l’énergie géothermique et celle prise à la lune.

L’ensemble des termes sources s’élève ainsi à :


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- 172.500 TW de rayonnement solaire incident ;


- -50.000 TW de rayonnement solaire réfléchi ;
- 30 TW de géothermie et d’énergie prise à la lune
- 122.530 TW de terme source à la surface de la Terre

Cette puissance se répartit comme suit :

- 41.400 TW sont absorbés par l’atmosphère ;


- 65.400 TW sont absorbés par les océans ;
- 15.600 TW sont convertis en matière organique par photosynthèse ;
 75 TW dans les océans ;
 55 TW sur les terres émergées.

Après de multiples échanges et transformations, toute cette énergie est finalement


renvoyée dans l’espace sous forme de rayonnement infrarouge de grande longueur
d’onde, correspondant à la température superficielle de la Terre. L’opacité relative de
l’atmosphère au rayonnement infrarouge régit le niveau moyen de la température
nécessaire à cette réémission.

Cet effet de serre est principalement dû à la présence dans l’atmosphère des gaz
hétéroatomiques, dont les principaux sont H2O et CO2.

(1 TW = 1.000.000 MW mégawatt).
C. Le mécanisme de la photosynthèse

Le phénomène de la synthèse chlorophyllienne, mis en évidence par Priestley (1771),


comporte deux stades :

- La phase lumineuse, au cours de laquelle a lieu le captage de l’énergie solaire


par la chlorophylle, entraînant diverses réactions biochimiques, dont la
phytolyse (= toute réaction chimique dans laquelle un composé chimique est
décomposé par la lumière) d’eau avec émission d’oxygène ;
- La phase obscure, au cours de laquelle sont synthétisés des sucres avec
absorption de CO2 ; la chaine de réactions fait intervenir de l’eau et diverses
substances organiques contenant entre autres du phosphore ; pour qu’une
molécule de CO2 puisse être absorbée, la plante doit disposer de 450 à 600
molécules d’eau.

Le produit principal de la photosynthèse est le glucose :

6CO2 + 6H2O → C6H1206 + 6O2


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La structure linéaire de cette substance, soit :

a tendance à se modifier en la structure cyclique du glucopyranose.

Le glucopyrannose à son tour, polymérise en cellulose :

6n C6H12O6 → (C6H1005)n + 6n H20

en formant des chaînes de plusieurs milliers d’hexagones enroulées en hélices et


regroupées par centaines disposées en parallèle. Les fibres du tissu cellulaire sont
ainsi constituées selon le schéma de polymérisation suivant, au cours duquel est
libérée de l’eau.
1.2.2. La formation des gisements de combustibles fossiles
A. Mécanismes de la fossilisation

On estime l’âge de la Terre à environ 4,5 Ga. Au cours du Précambrien, d’une durée
approximative de 4 Ma, le refroidissement de la croute terrestre a conduit à la
composition de l’atmosphère y permettant l’apparition des organismes vivants.

L’Ere primaire, dont le début se situe il y a 500 Ma et la fin il y a 200 Ma, a comporté
dans sa seconde moitié, une situation climatique favorable à une activité végétale
intense. Cette activité a créé les conditions d’enfouissement évitant la décomposition
aérobie et le retour à l’atmosphère du carbone végétal, au profit de sa fixation dans le
sous-sol par fossilisation.

La formation des gisements de combustibles fossiles qui en est la conséquence a


conduit à donner à cette période géologique de 50 à 100 Ma, située il y a 300 Ma, le
nom de Période carbonifère.

La transformation de la matière organique des végétaux en combustibles fossiles


comporte deux étapes majeures : une étape biochimique à température modérée,
n’altérant que peu la structure cellulaire de base, et une étape thermochimique
éliminant les fonctions les moins stables, pour aboutir à un cracking terminal.
A.1. Etape biochimique

En milieu anaérobie, l’activité des micro-organismes, tout en modifiant la


composition de la matière organique (émission de CO2 et d’H2O) n’altère que
partiellement sa structure.

 Dans la mer, les fermentations anaérobies concernent la matière organique


dispersée dans les vases et alluvions sous une couverture d’eau d’une
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centaine de mètres, où l’oxygène dissous n’est pas remplacé ; les matières


ainsi altérées sont à l’origine des pétroles ;
 Sur terre, les végétaux subissent une altération analogue à l’abri de l’air
lorsqu’ils sont recouverts d’une épaisseur suffisante de sédiments : ils
deviendront finalement de la houille.

La distinction entre les houilles et les pétroles réside donc essentiellement dans le
degré de dispersion de la matière organique de base.

Les matières laissées par l’activité microbienne qui s’est exercée dans des conditions
de température et de pression modérées, subissent encore une réorganisation
chimique avec polymérisation et condensation donnant naissance à des produits
bruns comparables aux acides humiques et fluviques connus dans les sols, et forment
finalement un résidu organique insoluble (kérogène) (Fig.1).
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Fig.1 : Matière vivante


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Au terme de cette première phase d’évolution, la matière organique a subi déjà un


appauvrissement important en oxygène. Cet appauvrissement étant plus marqué
pour les composés tels que les glucides ou la cellulose, relativement riches en
oxygène.

La matière résiduelle est appelée kérogène à l’état dispersé et tourbe à l’état d’amas. Elle
est composée de noyaux polyaromatiques reliés entre eux par des chaines
aliphatiques et des liaisons hétéroatomiques incluant des groupements fonctionnels.

Dans cette structure relativement hétérogène, les noyaux polyaromatiques


constituent les éléments les plus stables.
A.2. Etape thermochimique

Au cours de l’évolution géologique ultérieure, l’enfouissement se poursuit sous de


nouvelles couches de sédiments pouvant atteindre finalement de milliers de mètres
d’épaisseur. Compte tenu d’un gradient de température de l’ordre de 30°C/Km, il en
résulte un relèvement de température notable, pouvant atteindre plus de 200°C.

Cette hausse de température élimine les parties les moins stables de l’édifice
construit :

- Par élimination des groupes carbonyle O = C et carboxyle O = C – OH, ce qui


abaisse le rapport O/C (abandon de H2O, CO2, produits oxygénés lourds :
résines, asphaltènes) ;
- Par élimination des chaines aliphatiques (hydrocarbures liquides), ce qui
abaisse le rapport H/C.

Si la température est suffisamment élevée, le craquage des molécules hydrocarbonées


donne naissance à des produits gazeux ou à des hydrocarbures légers. Au cours de
cette phase, les noyaux poly aromatiques sont peu affectés, leur agencement se
rapprochant peu à peu d’une structure graphitique.

Comme illustré à la Fig.1, il existe un parallélisme total dans l’évolution conduisant


d’une part, de la tourbe au charbon et au grisou, d’autre part, du kérogène vers le
pétrole et le gaz naturel.

Cependant, une petite fraction de la matière organique initiale (partie supérieure


droite de l’illustration) possède dès le départ une structure proche de celle des
produits pétroliers : il s’agit par exemple d’acides gras d’origine algaire ou d’alcanes
normaux issus d’huiles végétales. Si ces matières sont préservées de la
décomposition microbienne, elles se retrouvent dans les roches mères, telles quelles
ou avec des modifications structurelles mineures.

Alors que les amas de charbon plus ou moins affectés par des accidents tectoniques,
restent exploitables sur le lieu même de leur formation (encore que les produits issus
de leur altération aient souvent migré) les matières provenant de la dégradation du
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kérogène sont pour la plupart restées dispersées dans leurs roches mères, rendant
leur exploitation quasi impossible.

Pour constituer des gisements, ces hydrocarbures doivent migrer vers des réservoirs
poreux et à l’intérieur de ceux-ci, s’accumuler dans des pièges. Ces phénomènes ne
se produisent que dans des conditions rares.

Au cours de sa migration vers les réservoirs, le pétrole subit encore un changement


de composition : les éléments lourds et polaires contenant O, S et N filtrant moins
facilement.

D’autre part, le pétrole peut être ramené par migration au voisinage de la surface, où
il subit éventuellement une dégradation par les micro-organismes aérobies.

Dans ce cas, ce sont les fractions légères qui sont les plus affectées, les composés
lourds (asphaltènes et résines) restant inaltérés. On en arrive ainsi aux sables
asphaltiques.

L’évolution de la matière vivante vers les combustibles nobles entraîne une variation
de sa composition chimique qui peut être suivie sur un diagramme proposé par Van
Krevelen comportant en coordonnées les rapports atomiques H/C et O/C (Fig. 2).

Fig. 2 : Evolution de la matière vivante vers les combustibles nobles en fonction du


diagramme de Van Krevelen.
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Dans tous les cas, on observe d’abord la diminution du rapport O/C par dégagement
de CO2 et H2O. Cette première phase est très importante pour la matière provenant
des végétaux supérieurs (forêts continentales).

Elle est moins marquée pour les matières organiques d’origine marine
(phytoplancton) et est à peine perceptible pour les lipides. Pour les végétaux
terrestres, cette phase aboutit à la formation de la tourbe puis de lignite, alors que le
phytoplancton donne naissance au kérogène.

Ensuite, pour la matière organique d’origine terrestre, on observe la diminution du


rapport H/C par décomposition thermique avec émission d’huiles et formation de
houille grasse (encore riche en hydrogène), puis de gaz combustibles, aboutissant en
finale aux gisements anthraciteux.

Par contre, pour la matière organique d’origine marine, l’effet de filtration associé à
la migration du kérogène des roches mères vers les roches réservoirs conduit à une
concentration en éléments de plus en plus légers, ce qui correspond à un
accroissement du rapport H/C et à la formation des gisements pétroliers. Cet
accroissement s’accentue encore sous l’effet du craquage thermique aboutissant à la
formation de gaz.
B. Structure et composition des combustibles fossiles

La structure des combustibles fossiles a une complexité croissante à mesure que l’on
passe des gaz aux liquides, puis aux solides. L’évolution de la matière vivante vers
les différents combustibles fossiles entraîne une évolution parallèle de leur
composition déjà décrite qualitativement par le diagramme de Van Krevelen. La Fig.
3 apporte des précisions en ce qui concerne le rapport H/C, qui joue un rôle
important dans la préparation des combustibles liquides synthétiques.

D’une part, on y observe la décroissance du rapport H/C pour les combustibles


solides, par rapport à une valeur initiale de l’ordre de 1,45 pour la biomasse de
départ.

D’autre part, on peut y voir qu’au contraire, les produits pétroliers conventionnels et
non conventionnels se situent dans une fourchette nettement plus élevée.
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Fig. 3 : Préparation des combustibles liquides synthétiques.


B.1. Le charbon

La complexité de la structure chimique des charbons est illustrée à la Fig. 4 par un


modèle de structure dû à Kaspers. On y rencontre un grand nombre de noyaux
benzéniques constituant la maille des réseaux qui se sont formés par le processus de
polycondensation.

Quelques noyaux hétéroatomiques y sont intégrés. Ces groupes de noyaux


aromatiques sont entourés de divers radicaux et reliés par des chaines aliphatiques
incluant également des hétéroatomes. Ce modèle rassemble la plupart des groupes
fonctionnels que l’on peut rencontrer en dehors des noyaux benzéniques.

La formation des charbons diffère de celle des hydrocarbures : huile et gaz. Ils sont
issus des végétaux terrestres qui s’accumulent dans les zones anoxiques, comme les
grands marécages.

Ces végétaux sont des produits de la photosynthèse, soit des carbohydrates (carbone,
hydrogène et oxygène) Fig. 4.
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Fig. 4 : Formation des charbons jusqu’à l’enfouissement dans les sédiments (Einsele,
1992)

Progressivement, avec l’empilement et l’enfouissement sous les sédiments, les


volatiles (oxygène, hydrogène et azote) sont libérés et le carbone se concentre. A la
phase où le dépôt contient 50% de carbone, on a la tourbe. Avec la poursuite de
l’enfouissement, le dépôt se tasse, les volatiles s’échappent et le carbone se concentre
de plus en plus. A 72% de carbone, on a la lignite, à 85% le bitume, puis à 93%
l’anthracite, le charbon proprement dit.
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CHAPITRE II : LA MATIERE ORGANIQUE


II.1. Introduction

Du fait de sa chimie particulière et de sa possibilité d’évolution en gisements


exploitables de combustibles fossiles (pétroles, gaz et charbons), la matière organique
est toujours considérée depuis longtemps comme un constituant à part des
sédiments.

Il s’agit, en fait, d’une composante banale des roches, bien que la plupart du temps
qu’elle soit en faible concentration.

Sa granulométrie joue un rôle important ; les sédiments fins présentent


systématiquement, dans tous les environnements, des teneurs plus fortes en carbone
organique total (COT) (Tableau 2) :

COT EN % SABLES SILTS ARGILES


Plates formes 0,73 1,35 2,86
Pente 0,44 0,83 0,85
Talus 0,27 0,37 0,42
Plaines abyssales 0,62 0,92 1,16
Tableau 2 : Teneurs en carbone organique total

Des sédiments carbonatés contenant au moins 0,3 à 0,6% de carbone organique et des
sédiments argileux en contenant au moins 1% sont des roches-mères potentielles de
pétroles.
II.2. Origine de matière organique sédimentaire

Le phénomène fondamental de production de la matière organique (MO) est la


photosynthèse qui produit des molécules de l’énergie lumineuse, de l’H2O et du CO2.

Les processus sont complexes mais peuvent se résumer, en prenant le glucose


comme exemple, par la formule :

6CO2 + 6H2O → C6H12O6 + 602

Energie lumineuse

La production annuelle de MO (production primaire) dans la nature actuelle est


estimée entre 3 et 5x1010 tonnes de carbone organique, réparties en proportion
pratiquement égale entre les continents et les océans (Tableau 3).
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CONTINENTS

PRODUCTION 1.4 à 7.8 x 1010 tonnes de carbone organique / an

Environnements Déserts Prairies Forêts Cultures

Surface 68x106 Km2 26x106 Km2 41x106 Km2 14x106 Km2

Part dans la Production 4% 13% 65% 18%

OCEANS

PRODUCTION 1.5 à 7 x 1010 tonnes de carbone organique / an

Environnements Estuaires, Zones Plates Zones


intertidales, Récifs formes pélagiques

Surface 2 x 106 Km2 84x106 Km2 276x106 Km2

Part dans la production 8% 47% 45%

Tableau 3 : Répartition, en fonction des différents milieux de la production


primaire (Baudin et Herbin, 1989)

La matière organique produite est généralement très rapidement recyclée et moins de


1% de la production est incorporée dans les sédiments.

On distingue deux sous-cycles dans le cycle général du carbone organique :

- Un cycle biologique à rotation rapide où se fait la production de MO


principalement par photosynthèse, sa dégradation par des processus
biochimiques et physico-chimiques, et son recyclage dans les chaines
alimentaires ;

- Un cycle sédimentaire, alimenté par des fuites infimes du cycle biologique (<
1%), à rotation très lente au cours duquel la matière organique de structure
complexe va évoluer, sous l’action de l’enfouissement et de température, vers
un mélange constitué d’un résidu carboné et de molécules simples telles CH4,
CO2, H2O, N2, H2S.

Les pétroles et les gaz naturels sont des sous-produits de ces transformations, tandis
que les charbons et la matière organique des schistes bitumineux en sont des résidus
à différents stades d’évolution.
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De ce fait, les 100 premiers mètres de l’océan sont avant tout le siège du recyclage de
la matière organique et la production primaire, qui est difficile à quantifier, n’a que
peu d’intérêt en géologie.

Les sédimentologistes utilisent le concept de production nouvelle (new production)


pour caractériser la part qui échappe au recyclage (Fig. 5).

Fig.5 : Evolution du flux de carbone organique depuis la production dans la zone


photique jusqu’à l’enfouissement dans les sédiments (Einsele, 1992)

On peut la définir comme le flux de carbone organique présent en dessous de la zone


photique (environ 100 mètres) et elle se mesure assez facilement à partir de la
quantité de particules organiques recueillies dans des pièges.

Les zones où la production nouvelle est importante sont extrêmement limitées ; il


s’agit des ceintures de haute productivité (Equateur, Divergences subpolaires et
Zones d’upwellings côtiers).

Entre 100 mètres et le fond de l’océan, le flux vertical de particules organiques se


réduit car la matière organique est décomposée dans cette tranche d’eau par des
processus physico-chimiques et biochimiques. La proportion de matière organique
résiduelle à une profondeur donnée est appelée production exportée (export
production).

Pour le sédimentologiste, il sera particulièrement important de connaitre la


production exportée sur le fond.
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Enfin, une part importante de la matière organique sera encore détruite, à l’intérieur
du sédiment, dans la zone de bioturbation. Les taux de sédimentation importants, en
limitant la bioturbation, favoriseront donc la préservation de la matière organique
dans les sédiments. En moyenne, il y a un rapport de 1 à 10 entre la production
primaire et nouvelle production et de 1 à 100 entre production primaire et
production exportée sur le fond (Tableau 4).

ZONE COTIERE
OCEANS SANS UPWELLING AVEC
UPWELLING

Production 50 150 250


primaire

Production 5 50 110
nouvelle

Production 0,5 15 30
exportée sur le
(à 5000m) (à 250m) (à 250m)
fond

Carbone 0,01(taux de 3 (taux de 13 (taux de


organique sédimentation : sédimentation : sédimentation :
accumulé 10cm/ka) 100cm/ka)
1cm/ka)
dans les
sédiments

Tableau 4 : Comparaison entre production primaire, nouvelle production,


production exportée sur le fond et accumulation de matière organique dans les
sédiments de différents domaines de l’océan. Les valeurs sont en gramme de
carbone organique/m2/année.

II.3. Méthodes d’études, composition et origine de la matière organique


sédimentaire

La matière organique peut être étudiée par des méthodes optiques ou par des
méthodes physico-chimiques.
II.3.1. Méthodes optiques

Après isolement et concentration (attaque chlorhydrique et fluorhydrique), on peut


étudier la matière organique peu transformée au microscope en lumière transmise.
On détermine alors le palynofaciès, c’est-à-dire la proportion des divers restes
organiques (fragments de tissus végétaux, spores, grains de pollens, etc.) et de
matière organique amorphe.
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Ce palynofaciès permet de déterminer l’origine (continentale vs marine) et la nature


de la matière organique (algaire vs plantes supérieures).

Pour la matière organique évoluée (mature), telle celle des charbons, les composants
organiques (figurés ou amorphes) ne sont plus distinguables au microscope qu’en
lumière réfléchie. On leur donne le nom de macéraux.

L’étude de ceux-ci apporte des renseignements sur l’origine de la matière organique


et aussi sur son degré d’évolution que l’on estime par le pouvoir réflecteur
(réflectance) des macéraux.
II.3.2. Méthodes physico-chimiques

Après destruction de la fraction minérale par les acides, on peut séparer une fraction
(5 à 20%) de matière organique soluble dans les solvants organiques (dont l’extrait
obtenu par évaporation est appelé bitume) et une fraction insoluble appelée kérogène.

Le bitume contient des hydrocarbures solubles non volatiles (c’est-à-dire ayant un


nombre de carbone supérieur à 15) et des produits lourds (résines, asphaltènes)
hétéroatomiques qui, au contraire des hydrocarbures (composés seulement de
carbone et hydrogène), contiennent aussi de l’oxygène, du soufre et de l’azote.

Les sédiments anciens contiennent moins de molécules organiques que les sédiments
récents mais la part de bitume, donc d’hydrocarbures, y est plus grande (de moins de
1% de bitume dans la fraction organique ; elle peut passer à environ 20%).

Le terme kérogène regroupe une série de molécules de structure très complexe et de


masse moléculaire très forte (géopolymères), se formant par remaniement
biochimique (condensation, polymérisation) des débris organiques animaux ou
végétaux (biopolymères) au cours des premiers stades de la diagenèse.

Il semble cependant exister une autre voie de formation du kérogène par


préservation sélective de macromolécules organiques bio-résistantes. C’est ce qui se
passe notamment pour les bogheads (charbons de Botryocococus) où seules les
coques algaires sont concentrées après destruction du reste de la matière organique.

Il existe une méthode indirecte basée sur la pyrolyse de la matière organique


(Pyrolyse Rock Eval) qui a été développée par les pétroliers. Elle consiste à chauffer
100 mg de roche, à raison de 25°C/minute, de 300 jusqu’à 600°C sous atmosphère
inerte puis à oxyder le carbone résiduel.

On mesure le flux d’ions résultant de la destruction de la matière organique lors de la


pyrolyse (pics S1 et S2) et la conductibilité thermique des gaz produits (pics S3 et S4).
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Fig. 6 : Corrélation entre les paramètres Rock-Eval (S0, S1, S’1, S2, et S4) et les
principaux constituants de la matière organique extractible des roches.

Six paramètres de la matière organique peuvent être ainsi évalués (Fig. 6) :

Fig. 7 : Schéma général montrant, selon le type d’appareil utilisé (Rock-Evail II


muni d’un « module de carbone » ou Rock-Eval III « Oil Show Analyser –OSA-),
les différentes fractions étudiées de la matière organique totale des roches, les
paramètres correspondants et leurs enregistrements.

- Le paramètre S1 caractérise la quantité d’hydrocarbures libres (sous forme de


gaz ou d’huile) contenu dans l’échantillon ;
- S2 correspond aux hydrocarbures produits lors du craquage de la matière
organique non extractible (kérogène) ; ce paramètre est donc une évaluation
de la quantité de gaz et d’huile susceptible d’être produite lors de l’évolution
de cette roche ;
- S3 représente la quantité de CO2 issue du craquage du kérogène ;
- S4, la quantité de CO2 provenant de l’oxydation de la matière organique ayant
résisté à la pyrolyse (carbone organique résiduel) ;
- Tmax est la température atteinte dans le four au sommet du pic S2 (c’est-à-dire
lors du maximum de production d’hydrocarbures) ; elle dépend de la nature
du kérogène (c’est-à-dire du type de matière organique) et son degré
d’évolution diagénétique.
~ 20 ~

Le COT (carbone organique total) est obtenu en additionnant le carbone


organique résiduel et celui qui a été pyrolysé (Fig. 7).

Il existe une correspondance approximative entre la composition de la matière


organique (en nombre d’atomes de C) et les paramètres Rock Eval (La Figure 6
montre l’extrait au chloroforme « bitume » qui présente ces hydrocarbures à nombre
de carbone compris entre 15 et 40 tandis que les hydrocarbures constituant le
paramètre S1 de la pyrolyse Rock Eval s’étalent de C1 à C30 environ ; il comporte aussi
des produits lourds supérieurs à C40 qui sont volatilisés et surtout craqués aux
températures plus élevées et participent à la constitution du paramètre S2 de la
pyrolyse Rock Eval).

A partir de ces données, on peut calculer un indice d’hydrogène (IH) qui est égal à
(S2/COT) x100 et un indice d’oxygène (IO) qui est égal à (S3/COT) x100. Ces deux
indices sont respectivement une bonne approximation des rapports H/C et O/C de
la matière organique.

Sur base de ces rapports, Van Krevelen a mis au point un diagramme permettant de
déterminer l’origine de la matière organique (Fig. 8).

Fig 8. : Domaines de compositions de la matière organique (Bordenave et al.,


1993)

Type I : c’est la série des Green River Shales (Eocène) du bassin de l’Uinta, Utah aux
Etats unis ; elle représente la matière organique lacustre ; cette matière organique
riche en lipides d’origine algaire est caractérisée par un fort rapport H/C (donc un
indice IH élevé) et un faible rapport O/C (donc IO bas) ;

Type II : c’est la série liasique du bassin de Paris pour l’origine marine (matière
organique à rapports H/C et O/C intermédiaires) ; cette matière organique dérive
principalement du phytoplancton, du zooplancton et des bactéries ; ce type de
kérogène représente la source principale de pétrole ;

Type III : ce sont les sédiments du Delta de la Mahakam et le Westphalien


(Carbonifère) du Nord du bassin de Paris pour l’origine continentale (matière
organique à l’état dispersé ou sous forme de charbon) ; cette matière organique
~ 21 ~

présente des rapports H/C (donc aussi des IH) faibles et des rapports O/C (et des
IO) élevés ; ce type de kérogène provient principalement des plantes supérieures ; il
ne génère que peu d’huile mais peut produire du gaz lors de l’enfouissement.
~ 22 ~

CHAPITRE III : LES CHARBONS

III.1. Introduction

Les combustibles minéraux sont généralement subdivisés en trois grandes


catégories :

- Les charbons ;
- Les schistes bitumineux et les hydrates ou produits solides, les sables
asphaltiques ;
- Les pétroles (huiles ou produits liquides ou bitumes) ;
- Les gaz naturels.

La période carbonifère se situe entre 355 et 295 Ma à la fin de l’Ere primaire. C’est au
cours de cette période que les continents sont couverts de végétaux ; c’est le cas de la
forêt hercynienne aux arbres géants, aux fougères arborescentes qui couvre de vastes
étendues.

L’eau abondante stagne en marécages. Les affaissements successifs de certaines


zones, une atmosphère humide et chargée de gaz carbonique créent les conditions
(géologiques et climatiques) favorables à la formation des gisements de charbon.

Le charbon est une substance extrêmement hétérogène car elle tire son origine à la
fois de celle des végétaux de départ (algues, champignons, fougères, arbres), de leurs
éléments constitutifs, et de différences dans les conditions de dépôts et de macération
(durée, température, pression, pH, présence ou absence d’O2).

Une diversité supplémentaire est apportée par l’évolution ou « houillification » qui a


conduit successivement des débris végétaux initiaux à la tourbe, lignite, houille,
anthracite et le graphite. Ce sont des roches solides caractérisées par une forte teneur
en carbone (55 à 95%) libre ou combiné en composés organiques directement
combustibles en présence de l’oxygène de l’air.

Les cendres résultant de la combustion sont pulvérulentes et constituées par des


matières minérales dans lesquelles dominent la silice et l’alumine.

L’examen macroscopique et microscopique des charbons permet de déceler la


présence de nombreux restes de végétaux. L’origine de toutes ces roches est
généralement attribuée à des accumulations de matières végétales comme c’est le cas
pour la tourbe qui se forme encore actuellement.

La distillation à haute température ou à température plus basse mais sous pression


réduite permet aux charbons de donner des hydrocarbures surtout gazeux (gaz
d’éclairage), liquides (goudrons, benzol) parfois solides (naphtaline).

Le résidu qui reste peut-être pulvérulent (semi-coke) ou aggloméré (coke =


combustible résultant de la pyrogénation de la houille et qui sert de réducteur lors de
~ 23 ~

l’élaboration de la fonte) et renferme une certaine quantité de carbone qui ne s’est pas
combiné sous forme d’hydrocarbures (carbone fixe) associés aux matières minérales.
III.2. Classification des charbons
Les charbons se divisent en trois groupes génétiques :

- Les charbons humiques : ils sont constitués essentiellement des végétaux


terrestres à forte teneur en hydrates de carbone et correspondent en gros aux
charbons (de la tourbe à l’anthracite) ;
- Les sapropélites : ce sont combustibles formés à partir d’organismes inférieurs,
surtout aquatiques (plancton) dont la matière organique a une forte teneur en
graisse et en protéines, qui ont subi la bituminisation. Les pétroles et les
schistes bitumineux dérivent de roches initiales ou sapropels qui se
transforment en saprocols ou sapropélites.
- Les liptobiolithes : ce sont des résines, cires résultant de la décomposition
complète des végétaux dont seules les résines ont résisté.
III.2.1. Les charbons humiques
Les charbons minéraux peuvent présenter des constitutions très différentes qui
permettent de les grouper en plusieurs catégories. Cette division est fonction du
caractère servant de base.

On y distingue ainsi :
A. Les tourbes

La tourbe est de couleur noirâtre ou brune, matière fibreuse, légère, retenant


fortement de l’eau, de formation quaternaire. La tourbe est une substance d’origine
végétale qui se rencontre dans les formations sédimentaires récentes et qui se
constituent encore de nos jours et sous nos yeux, à partir des formations végétales
bien définies et qu’on appelle « des tourbières ».

Les tourbières d’où elle extraite sont des marais couverts d’une végétation
hygrophile (mousses en particulier). Elle contient peu de carbone (55% de C). Après
dessiccation, sa combustion dégage beaucoup de fumée, peu de chaleur et laisse des
résidus importants.

C’est un combustible médiocre. Les tourbes sont formées des plantes herbacées
(mousses et cypéracées) et des plantes ligneuses.

Les tourbes comportent des variétés qui correspondent à la fois à la nature de leurs
constituants et aussi à leur degré d’évolution. Il existe des tourbes blondes ou brun
clair, où les débris végétaux presqu’intacts forment un tissus lâche, une sorte de
feutrage, tandis que d’autres tourbes brun foncé ou noires sont compactes du fait que
les débris végétaux n’y sont plus que partiellement reconnaissables, du moins à l’œil
nu. Il existe aussi, dans les tourbes, des fragments plus ou moins importants de bois
modifiés de teinte brun foncé.
~ 24 ~

Les caractères physiques et chimiques varient beaucoup. La densité est voisine de 1.


La teneur en carbone total est comprise entre 55 et 65% du poids sec. La teneur en
eau varie entre 65 et 90%. Le pouvoir calorifique varie entre 3.000 et 5.000 calories
(pour une tourbe sèche).

B. Les lignites

Ce sont des charbons de couleur noire, brun noirâtre et parfois franchement brune,
de formation tertiaire ou secondaire. Sa structure fibreuse plus homogène que la
tourbe laisse néanmoins apparaitre des rameaux et de grosses branches. Les lignites
sont formés par des débris végétaux variés. Dans certains cas, les débris ligneux
jouent un rôle capital d’où le nom de « Lignit ».

Les lignites sont parfois fibreux ou feuilletés compacts et de teinte brune mâte (=
brankohle) ou noir mât/noir brillant comme la houille ; mais la poussière est presque
toujours brune. La teneur en carbone total est généralement comprise entre 70 et
75% ; la teneur en eau varie entre 10 et 30 ; la densité est comprise entre 1,1 et 1,3 ; le
pouvoir calorifique est de / 4.000 à 6.000 calories.

Par ébullition dans l’acide azotique dilué à 1/10, les lignites donnent une « coloration
rouge ». Les lignites colorent en brun une solution de KOH à 10% (acides humiques).

Les lignites sont souvent riches en matières volatiles (parfois plus de 50%). Ils
fournissent parfois une proportion notable d’hydrocarbures liquides à température
ordinaire par distillation.

Un critère pour distinguer les tourbes des lignites est fourni par la teneur en cellulose
qui est plus grande dans les tourbes : réaction à la liqueur de Fehling. Le jais (ou
jayet) est une variété noire et brillante.

C. Les houilles

La houille est le charbon le plus ancien. Sa structure fine est composée d’une
multitude d’éléments végétaux : fragments d’écorces, tissus ligneux, feuilles, spores,
cire et résine.

Les houilles se rencontrent principalement dans le Primaire ou au début du


Secondaire. Elles sont compactes, noires, mâtes ou brillantes et tâchant les doigts.
Elles sont souvent zonées (les zones mâtes et les zones brillantes alternent). Les
proportions en matières volatiles (distillant à partir de 960°C) permettent de
distinguer les variétés suivantes :

 Charbon flambant gras : plus de 33% MV ;


 Charbon gras : 20 à 33% MV ;
 Charbon demi - gras : 12 à 20% MV ;
~ 25 ~

 Charbon maigre : 8 à 12% MV.

La houille au sens strict en contient 5% et on la nomme aussi, à tort, charbon


bitumineux pour sa richesse en goudrons (qui ne sont pas des bitumes).

La teneur en carbone totale varie entre 75 et 90% (85% de C pour la houille au sens
large) avec des teneurs variables en matières minérales. La teneur en eau varie entre
2 et 7%. La densité est de 1,2 à 1,5 ; le pouvoir calorifique est de 6.000 à 8.500 calories.

D. L’anthracite

Il est souvent classé à part ; c’est une variété supérieure de la houille ; il est massif,
homogène avec une teneur en matière volatiles très réduite : 0 à 8%. Il est noir et
brillant, et ne tâche pas les doigts. C’est une houille à éclat vitreux, à cassure brillante
conchoïdale souvent renfermant 92 à 95% de C. Sa densité est de 1,4 à 1,7. Il brule
avec une courte flamme bleue et s’allumant d’ailleurs difficilement.

E. Le graphite

Il est le degré ultime de transformation. Il est formé de carbone pur. Il est dû au


métamorphisme.

Le tableau 5 permet de montrer les différentes caractéristiques de tous ces charbons.


~ 26 ~

Rang C H2O MV PRV PC Caractères Genèse


% % % % (CAL.) pétrographiques d’hydrocarbures
TOURBES 60 75 7 0,2 Cellulose libre
débris végétaux
reconnaissables
Zone immature
Tendre 35 6 0,3 400 méthane et gaz
5,6 Absence précoces
Lignite

Mat de
cellulose libre
Brillant 77 8à10 4,3 0,6 7000

Flambant 87 28 1,25 Formation Fenêtre


de à
14 1,90 micrinite huile
Houille

Gras Exinite moins Gaz


10 2,30 8650 houillifiée(plus humides
Brillant claire) que la
vitrinite Gaz
Anthracite 91 8 2,60 Exinite non secs
93,5 4 3,5 différentiable de la méthane tardif
Méta- 100 0 vitrinite
anthracite Disparition
Graphite 100 0 11 Anisotropie de la des
réflectance gaz

Tableau 5 : Evolution des différents paramètres de teneurs en carbone dans la


matière sèche, en eau, en matières volatiles (MV) dans la roche totale, pouvoir
réflecteur de la vitrinite (PRV) et pouvoir calorifique (PC) au cours de l’évolution
diagénétique des charbons. Celle des hydrocarbures est donnée pour comparaison. Il
faut noter que de nombreuses limites sont transitionnelles.

III.2.2. Les charbons sapropéliques


Le mot sapropèle signifie vase ou boue comportant une grande proportion de
matière organique.

Les charbons sapropéliques se subdivisent en :

- Cannel-coals ou gayets (40 à 60% MV) ;


- Bogheads (55 à 60%).

Ces deux groupes sont formés de gitia, c’est-à-dire de la vase composée des débris
d’organismes aquifères du plancton animal (crustacés) et des végétaux (spores,
~ 27 ~

pollens, algues) dans les conditions anaérobiques (sans l’accès de l’oxygène). Ils
contiennent des bitumes constituant une houille minérale (dont la production a
souvent été exploitée).

Les cannel-coals flambent à l’air libre comme une chandelle. Ce sont des charbons
formés presqu’entièrement par des spores, semblables au durain de charbons
humiques.

Les bogheads sont formés entièrement par des colonies d’algues unicellulaires (Pila,
Reinschia) riches en hydrocarbures. Des bogheads sont formés de gisements de
coorongite d’Australie, de n’hangellite qui se rencontre sur les rives de l’Est Africain
(Lac N’Hangel), de torbanite d’Ecosse, etc.

Ce sont des charbons à grains très fins, compacts, sonores, élastiques, difficiles à
briser, à cassure conchoïdale ou sub conchoïdale, brun noir.

III.2.3. Les charbons liptobiolitiques

Ce sont des charbons formés de substances goudronneuses et cireuses. Ils sont


rencontrés dans les lignites comme le charbon résineux, piropissyt et ambre.

III.3. Formation des tourbes et tourbières


Les tourbières sont des formations végétales qui se développent sur des sols humides
ou submergés où la circulation et l’aération des eaux sont assez faibles pour que les
matières organiques puissent s’accumuler en subissant seulement certaines
modifications chimiques plus ou moins importantes au lieu d’être détruites par
oxydation.

On peut aussi les définir comme étant des écosystèmes de zones humides dans
lesquels les conditions écologiques et bioclimatiques permettent l’accumulation en
conditions anaérobies de matières organiques à divers stades de décomposition
(Schéma 1.10). Le facteur primordial de formation de la tourbe est une production
végétale in situ supérieure à la décomposition de la matière organique. Un second
facteur est un bilan hydrique positif (précipitations pluvieuses et neigeuses
supérieures aux pertes par évaporation, transpiration et drainage). Cependant, tout
marécage ne donne pas naissance à une tourbière. Pour mériter le nom de tourbe, le
sédiment devra présenter au maximum 50% de cendres. Au-delà, on considère que
l’on a affaire à des vases organiques plus ou moins silteuses, appelées gyttja. Un
autre élément important est l’épaisseur du dépôt qui doit être au minimum de 30 cm
(40 voire 45 cm pour certains auteurs). En dessous de cette épaisseur, on parle de sol
semi-tourbeux.

La formation de la tourbe requiert donc des situations très diverses suivant :


~ 28 ~

- Des conditions climatiques qui doivent allier précipitations importantes et


températures relativement basses. Ces conditions sont notamment celles de
l’hémisphère Nord entre 50 et 70° de latitude ;
- Des apports en éléments nutritifs qui sont assurés selon les cas par le
ruissellement, par la nappe phréatique ou par les seuls apports
atmosphériques ;
- Une altitude et une topographie ;
- Une nature du substratum, notamment de son imperméabilité mais aussi de
ses caractéristiques chimiques ;
- Une histoire géologique qui autorise ou non la permanence des conditions
d’existence de la tourbière.

Selon le système d’irrigation, on distingue généralement deux grands types de


tourbières (Schéma 1. 11) : les tourbières ombrogènes (du grec ombros qui signifie
pluie) sont alimentées par les précipitations par opposition aux tourbières
topogènes, alimentées par la nappe phréatique ou les eaux de ruissellement. Selon le
substrat, ces dernières peuvent être acides ou alcalines, riches en éléments nutritifs
(eutrophes) ou plus pauvres (oligotrophes). Mais généralement, la riche alimentation
nutritionnelle des eaux phréatiques, lacustres ou de ruissellement et le pH neutre à
légèrement acide de ces milieux conduisent au développement d’une végétation
luxuriante à roseaux, laiches, prêles, mousses, characées, plantes insectivores
(Drosera), voire arbustes et arbres sur les bordures. Ainsi se développent les
tourbières topogènes, dites de bas marais. Suivant leur situation topographique, les
tourbières topogènes sont qualifiées de soligènes si elles se développent en relation
avec un suintement, limnogènes en relation avec une surface d’eau captive (lac ou
étang), fluviogènes en liaison avec une nappe alluviale et thalassogènes dans le cas
des tourbières tropicales se développant en relation avec des mangroves littorales où
eaux douces et salées qui s’interfèrent.

Les tourbières ombrogènes, dites aussi hautes ou bombées, sont les plus pauvres en
éléments nutritifs puisque ces derniers ne proviennent que des précipitations. En
conséquence, ces tourbières au pH très acide (jusqu’à 3,5) présentent une végétation
dépourvue d’arbres et dominée par les sphaignes-bryophyte le plus caractéristique
de ces milieux – et les bruyères.

Les tourbières représentent 3% de la surface des terres émergées (presque 4.106 km2)
mais près de 40% de la masse totale du carbone des sols. Elles se trouvent à 80% dans
les régions tempérées et froides de l’hémisphère Nord, principalement en Russie
(dont l’essentiel en Sibérie), au Canada et en Scandinavie (Schéma 1.13). Les
tourbières tropicales ne représentent que 10% de la superficie totale (essentiellement
en Indonésie, avec près de 250.000 km2), mais pourraient représenter 20% du stock
du carbone des tourbières.

En fonction de la nature de la végétation, on distingue :

- Des tourbières à plantes herbacées exclusives ou dominantes ;


~ 29 ~

- Des tourbières où la végétation arborescente domine sur la végétation


herbacée ;
- Des tourbières paraliques installées le long du littoral dans des anciennes
lagunes en voie de dessalure progressive ;
- Des tourbières limniques à l’intérieur des terres dans des vallées ou des
plateaux marécageux.

III.4. Formation des houilles


III.4.1. Stades initiaux de la « houillification » : tourbes et lignites

Dès qu’une plante meurt, elle pourrit et la matière organique est oxydée et recyclée.
Cependant, cette dégradation est ralentie dans les eaux stagnantes pauvres en
oxygène.

Les composés organiques primaires de végétaux, qui sont soumis à la dégradation


sont :

- La lignine (composé hautement polymérisé à noyaux aromatiques), qui


constitue la charpente et les tissus vasculaires des végétaux supérieurs. Sa
résistance chimique est élevée et elle n’est généralement pas attaquée par les
bactéries ;
- La cellulose qui forme le constituant de la majeure partie des parois cellulaires
(C6H12O6) n. Plus fragiles que la lignine, elle est détruite par les bactéries en
donnant soit de CO2, du CH4, et H2 (milieu oxique), soit des acides humiques
(milieu anoxique) ;
- Les tannins qui imprègnent certains tissus végétaux (écorces, racines), leur
composition, voisine de celle des acides humiques, explique leur résistance à
l’altération ; on peut ajouter les chlorophylles, les huiles, les cires cuticulaires
et les résines.

Il existe deux phases successives de dégradation :

 L’humification correspond à la transformation des composés organiques


en acides humiques selon les conditions du milieu (oxygénation, pH, Eh).

On distingue :

 La tourbification qui se produit en milieu oxique dans les cinquante


premiers centimètres de l’accumulation organique à sec ou en présence
d’eau courante ; dans ce cas, la cellulose est détruite et la lignine se
transforme partiellement en acides humiques ;
 La putréfaction qui s’opère en conditions anaérobies généralement en
eaux stagnantes ; la cellulose donne ici des acides humiques et la
lignine est préservée.
~ 30 ~

C’est à ces deux processus que l’on attribue les variations de


composition des vitrinites (Tableau 6) qui peuvent être plus ligneuses
ou plus cellulosiques.

L’humification se développe au cours du stade des tourbes et elle est


pratiquement achevée au stade des lignites tendres (Tableau 5). Elle conduit, dans les
tourbes, à une concentration en carbone de 50 à 60 (par élimination de l’oxygène) et à
une perte d’eau de 70 à 90 (essentiellement par compaction).

Les tourbes se caractérisent par la présence de cellulose libre qui disparait dans le
premier stade des lignites. Leur accumulation correspond à un équilibre entre la
production végétale et la dégradation organique qui, toutes deux, dépendent du
climat.

La production végétale est maximum dans les zones chaudes et humides, et


minimales dans les zones froides et sèches. La dégradation dépend surtout de la
température.

La majorité des tourbes actuelles se forment en climat frais (50 – 70° Nord) dans les
régions où les précipitations ne sont pas forcément très importantes. En milieu
tropical, des accumulations de tourbes s’observent en Asie du Sud Est, dans les zones
recevant des précipitations annuelles supérieures à 2m et bien réparties dans l’année.

Les lignites sont riches en acides humiques, mais perdent leurs radicaux OH et
COOH en donnant des humines dont la disparition totale marque le passage à la
houille (Tableau 6).

 La gélification marque une seconde phase de dégradation au cours de


laquelle les matières humiques prennent une forme colloïdale. Elle s’effectue
en deux étapes successives : une gélification biochimique, contrôlée par le
milieu de dépôt qui se produit au stade tourbe/lignite tendre et une
gélification géochimique qui marque le passage lignites mat/brillant (Tableau
6). Cette dernière transformation, qui nécessite une évolution thermique ainsi
qu’un certain enfouissement, s’appelle la vitrinisation.

Groupe Macéral Origine Lithotypes


macéral
Vitrinite Tellinite Petits débris végétaux Vitrain
(huminite) (tronc, branches, feuilles, (noir, brillant, cassure
racines) conchoïdale)
Collinite Reprécipitation de la MO Macéral=vitrinite
soluble (gel) ( < 20% exinites)
Vitrodetrinite Fragments résultants de la
dégradation précoce de
vitrinites
Exinite Sporinite Méga et microspores Cannel coal
~ 31 ~

(Liptinite) (noir, terne ou éclat gras)


Macéral=sporinite
Dominant
Cutinite Cuticules
Résinite Résines, cires…
Alginite Algues Boghead coal
Gris ou noir, terne, ou éclat
gras) homogène macéral =
alginite dominant

Liptodétrinite Fragments résultant de la


dégradation d’exinites
Inertinite Sclérotinite Restes de champignons Durain
Micrinite Résidus de dégradation des (gris ou noir, terne, espect
macéraux principalement rugueux)
de type exinite Inertitinies
Macrinite Matériel oxydé amorphe Dominants +
(gel, ciment) Exinites
Inertodétrinite Fragments d’inertitinites
remaniés (redéposition)
Fusinite Tissus ligneux Fusain
oxydés(charbon de bois, (noir, soyeux, tendre et
incendiés) friable)
Semi-fusinite Tissus ligneux Macéral principal=fusinite
partiellement oxydés
Tableau 6 : Comparaison entre les groupes de macéraux et les lithotypes de charbon.
Il faut noter que le contenu macéral d’un lithotype peut être très variable à l’intérieur
même d’un gisement. Le lithotype Clarain ne figure pas dans ce tableau ; charbon
d’éclat moyen, il correspond à des niveaux finement stratifiés de vitrain et de durain
et parfois de fusain ; sa composition macérale est très variable.

III.4.2. Houillification au sens strict : Charbons (houilles et anthracites)


La houillification ou carbonification correspond à un enrichissement en carbone et
une élimination des éléments O, H, N (matières volatiles, MV) sous forme de gaz
(H2O, CO, CH4, N2) depuis la tourbe jusqu’au graphite. Corrélativement, on observe
un accroissement du pouvoir de réflectance des vitrinites (PRV) (Tableau 5).

De ce fait, le rang d’un charbon peut être évalué à partir de l’état des macéraux le
constituant (Fig. 9).
~ 32 ~

Fig. 9 : Evolution sur un diagramme de Van Krevelen de la composition


chimique au cours de la diagenèse des charbons (Tissot et Welte, 1978).

Cependant, l’évolution de la réflectance des macéraux n’est pas régulière. Certains


composants voient leurs propriétés chimiques changer brutalement : ce saut
d’houillification définit un stade (1,2% PRV) avant lequel les durains sont constitués
d’exinite moins houillifiée que la vitrinite, alors qu’au-dessus c’est le contraire.

Un premier saut de houillification existe à la limite lignite/houille (0,6% PR V) qui


correspond à la formation de la micrinite (Tableau 6). La zone intermédiaire entre ces
deux stades est celle de la genèse des hydrocarbures : dans les charbons, elle est
appelée zone de bituminisation, elle coincide avec la fenêtre à huile des pétroles
(Tableau 7).

Tableau 7 :

Les différences chimiques entre les divers macéraux ne sont bien marquées que dans
les stades précoces de houillification, dans les stades ultimes on observe une
homogénéisation chimique des constituants (Fig. 9).
~ 33 ~

En simplifiant, on peut dire que la digenèse conduit à des tourbes et lignites jusqu’à
environ 1.000 mètres d’enfouissement. Les houilles, de plus en plus bitumineuses,
vont se développer jusqu’à environ 5.000 mètres soit à des températures de l’ordre de
100 à 200°C (c’est le domaine de catagenèse), les anthracites apparaitront dans le pré-
métamorphisme (anchizone ou métagenèse). Le métamorphisme conduit au
graphite.

La cokéfaction, réaction à l’abri de l’air, apparait naturellement par contact avec des
dykes volcaniques et montre en général une forte anisotropie en fonction de la
distance à l’éponte du dyke (source de chaleur).
III.4.3. Origine des charbons
Dans les modèles classiques, la tourbe s’accumule dans des marécages situés à
proximité des cours d’eau. Les digitations des couches organiques résultent des
intrusions de sédiments clastiques des dépôts de levées ou de crevasses. La fréquence
des crues est primordiale vis-à-vis du développement des couches exploitables car le
taux d’accumulation de la tourbe est très lent (0,2 à 0,01 mm/an).

On distingue en général deux types d’origine des charbons, en fonction du mode


d’accumulation de la tourbe :

A. Les charbons allochtones (transport des plantes et des résidus sur une distance
certaine) correspondent souvent à l’accumulation, dans des lacs ou des
estuaires, de restes de tourbe en voie de dégradation.
Ils donnent alors des charbons sapropéliques dont peu sont économiquement
exploitables.
B. Les charbons autochtones (accumulation in situ ou avec faible transport de
restes de végétaux, attestée par la présence de racines et de troncs en place)
correspondent à la majorité des charbons ayant une valeur économique.

Suivant les relations avec les apports clastiques, on distingue trois grands types de
tourbières (Fig. 10) :
~ 34 ~

Fig. 10 : Différents types de marécages et leur séquence évolutive conduisant


aux tourbes zonées : A – marécages flottants, B- marécages en contre-bas,
C,D,E – Développement d’un marécage srélevé. On notera l’appauvrissement
de la végétation initiale avec le temps (faible diversité et formes naines).

 Les marécages flottants (floating swamp) s’observent dans les lacs de


faible profondeur ou des chenaux abandonnés (Fig. 10 A).

Lors des périodes sèches, les bulles de gaz produites par la décomposition
de la matière organique s’accumulent dans ces tourbes semi-aquatiques.
Lors de la remontée du niveau du lac, une partie de cette tourbe se gonfle
et se détache de la masse. Ces îlots peuvent dériver, s’accumuler le long
des berges et construire de larges plates-formes. Ce type de marécage ne
conduit pas à la formation de couches de charbon épaisses car elles sont
exposées à la dégradation aérienne.

 Les marécages en contrebas (low moors – low lying swamps) se sont


développés sur une morphologie en creux. Généralement innondés, ces
marécages possèdent une surface supérieure plane (Fig. 10 B).

Ils peuvent donner des accumulations épaisses et de bonne qualité dans les
zones à l’abri des apports clastiques.

 Les marécages surélevés (high moors – raised swamps) présentent une


surface supérieure convexe qui ne reflète pas la topographie
préexistante (Fig. 10 C).

Cette forme courante aussi bien dans les climats frais que tropicaux
suppose des précipitations annuelles supérieures à l’évaporation ; elle
~ 35 ~

conduit à la formation des tourbes zonées. La nappe est proche de leur


surface plane dans la zone centrale et convexe sur les bords.

Leur élévation de plusieurs mètres au-dessus de la plaine alluviale les place à l’abri
des apports détritiques, ce qui explique leur faible teneur en cendres inférieure à 3%.
La morphologie de ces marécages joue un rôle important en stabilisant
l’environnement (divagation réduite des chenaux) et en contribuant ainsi à
l’accumulation d’épaisses couches de tourbe.

La majorité des gisements de charbons sont interprétés comme des systèmes


deltaïques. La comparaison avec la nature actuelle pose problème car la plupart des
deltas modernes donneraient des charbons à teneurs très élevées en cendres.

L’apparente contradiction entre les environnements actuels et anciens suggère :

- Soit une importante réduction de la teneur en cendres au cours de la


diagenèse. Les eaux acides des marécages peuvent facilement assurer cette
réduction par dissolution des minéraux et recyclage dans le cycle végétal des
éléments inorganiques en provenance des plantes. Cependant, les eaux de
tous les marécages ne sont pas acides (présence de coquilles calcaires dans le
charbon).
- Soit une structure de la tourbière qui la place à l’abri des apports détritiques
(marécage surélevé).
- Soit l’existence d’un décalage dans le temps entre l’accumulation de la tourbe
et les apports clastiques.

Enfin, dans les gisements carbonifères européens, on distingue classiquement les


gisements paraliques d’âge westphalien où l’accumulation se fait dans des deltas et
des lagunes en bordure de mer au pourtour de la chaine hercynienne et les gisements
limniques, plus récents (Stéphanien) où l’accumulation se fait dans des lacs à
l’intérieur de cette chaine.

La distribution des charbons au cours des temps géologiques met en évidence une
large répartition tant stratigraphique que paléolatitudinale, avec cependant une plus
grande fréquence aux latitudes moyennes. Il est toutefois difficile de comparer ces
zonations latitudinales avec celles des environnements actuels, potentiellement
susceptibles de produire des charbons, du fait de contextes climatiques et d’une
répartition des continents fort différents.
III. 4. 4. Les composants de la formation houillère

La genèse d’une formation houillère contient des phases de production du charbon et


des phases alioproductives (alios : horizon d’accumulation dans un sol podzolique
donnant un niveau durci par cimentation des grains de sable ou de limon par des
colloïdes) durant lesquelles les sédiments stériles se forment.
~ 36 ~

Le charbon se forme comme un sédiment phytogénique dans un milieu marécageux


à eau douce. Un milieu favorable à la formation du charbon peut être décelé sur base
de certains traits spécifiques :

- Présence des sédiments sableux – argileux à teinte, au moins en partie, grise


ou noire causée par la teneur en houille disséminée sous la forme des petites
particules ;
- Présence dans certains bancs des débris végétaux houillifiés ;
- Présence dans certains sédiments des plantes houillifiées en fonction de leur
vie in situ – tantôt des troncs debout – tantôt des parties souterraines et des
racines caractérisant les sols de végétation fossilisés.

Si une formation houillère contient des ressources importantes de houille suffisantes


pour qu’elle paye une exploitation minière, la carboformation devient un gisement
de charbon. Une formation houillère à valeur industrielle déposée dans une vaste
concavité de roches très anciennes porte le nom d’un bassin houiller.

L’accumulation de charbon à l’échelle d’un corps rocheux distinct peut être d’un
rang différent, d’un lit, d’un banc, d’une veine ou d’une couche.

Un banc élémentaire normal de charbon est l’accumulation de charbon composée


d’un seul genre (lithotype) de charbon à épaisseur normale pour ce lithotype comme
étant une suite d’un processus carboproductif à régime autonome non accidenté par
les forces extérieures.

Un banc normal ou ordinaire de charbon est un ensemble de bancs élémentaires aux


épaisseurs normales pour elles, à un seul banc pour chaque lithotype, arrangés
uniséquemment, c’est-à-dire en une seule séquence évolutive.

Pour la sédimentation houillère contemporaine, l’épaisseur d’un tel banc normal


correspond à la profondeur d’eau maximum, laquelle rend possible l’implantation de
l’association tourboproductive de type jonchère, c’est-à-dire 3m environ.

Pour les lignites, l’épaisseur d’un banc normal semble être voisine d’un mètre et
environ 0,5m pour la houille proprement dite.

L’épaisseur industrielle minimale d’une accumulation de charbon est de 0,8 à 3m


pour les lignites et de 0,4 à 0,8m pour la houille (en fonction du degré de
houillification et de la teneur en cendres). Elle est de même grandeur que le banc
normal de houille.

Un banc anormal de houille est un banc à épaisseur augmentée composé des bancs
élémentaires en une séquence évolutive dont un au moins présente l’épaisseur
augmentée en comparaison avec l’épaisseur normale.

La couche de houille est un lit de houille ou accumulation de houille à l’échelle d’un


corps rocheux distinct à épaisseur très grande et rendant l’exploitation minière
lucrative et, en principe dépassant la mesure de produit d’un cycle normal, plein, de
~ 37 ~

production de la houille ou d’un banc normal de houille, normatif pour la teneur de


la formation en houille.

La couche simple de houille est formée par un ensemble de deux bancs de houille au
moins, non séparés par l’intercalation des sédiments stériles sous la condition qu’un
d’entre eux au moins dépasse le rang de produit d’un cycle normal plein.

La couche composée de houille (ou couche à structure composée) est un ensemble de


bancs de houille interrompu par une intercalation au moins de sédiments stériles.

La couche complexe de houille est un ensemble de bancs et de couches de houille


interrompu par des intercalations stériles très épaisses et très nombreuses au profit
duquel la houille prédomine.

La formation houillère la plus simple est une séquence ordinaire de sédiments


végétaux et des stériles.

Chaque formation houillère complexe à composition stratigraphique cyclique peut


être divisée en cyclothèmes houillers et en cyclothèmes stériles. En dehors de la
cyclité normale, on distingue diverses compositions cycliques.

Ainsi, on a : la mégacyclité composée de plusieurs cycles simples ou cyclothèmes et


mésocyclité de grandeur et de complexité intermédiaire entre les cycles ordinaires et
les mégacycles.

La microcyclité a lieu au cas d’une répétition des intercalations de deux ou plusieurs


genres de sédiments en lits minces. Le plus fréquent est le système : houille – argile,
caractéristique spéciale des schistes houillers. Le rythme de sédimentation cyclique
d’ordre supérieur peut être marqué par des couches guides de houille, par des
faisceaux de couches de houille ainsi que par des bancs de grès, des « tonsteins », des
niveaux faunistiques ou floristiques, etc.

Le « tonstein » est un vocable allemand qui désigne des roches de couleur blanche.

III. 4. 5. Conditions de sédimentation des roches


La sédimentation des charbons est très complexe et varie d’un bassin à un autre.
Toutefois, il est possible de préciser les caractères communs, comparables pour les
charbons fossiles de la plupart des bassins par rapport à ceux qu’on trouve dans les
tourbières.

Les charbons sont stratifiés en couches souvent régulières, d’épaisseur très variable :
de plusieurs mètres, près de 100 mètres mais exceptionnellement jusqu’à moins de
1cm dans des formations sédimentaires essentiellement minérales variées : schistes,
pelites, grès, calcaires, etc. Dans certains cas, les charbons se présentent par des
indentations plus ou moins loin dans les sédiments voisins.
~ 38 ~

Dans les bassins paraliques, les couches de houille sont de manière générale
nombreuses, régulières sur des grandes distances mais peu épaisses ; c’est le cas du
bassin franco-belge.

Dans les bassins limniques, au contraire, les couches sont peu nombreuses parfois
très épaisses mais le plus souvent irrégulières. C’est le cas des bassins intra
hercyniens du massif central français.

Dans tous les cas, on distingue un mur et un toit. Le mur est la formation
sédimentaire supportant la couche de charbon ; le toit est la formation sédimentaire
recouvrant la couche ; il est souvent constitué de schistes (shales) fins, de couleur
sombre, bien stratifiés avec restes de plantes étalées et bien conservées.

Fig. 11 : Disposition d’une couche de charbon.

Fig. 12 : Rhizôme du mur.

Le mur est rarement homogène ; il ne contient pas des débris végétaux bien
conservés, mais il est perforé et taraudé en tous sens par des racines et des radicelles.
Au Carbonifère, ce sont les stigmaris qui sont en réalité des rhizomes de
Lépidophytes.

Pour comprendre les caractères de sédimentation des charbons, il est nécessaire de


tenir compte du fait que les couches de charbon subissent depuis leur dépôt un
tassement les réduisant au 1/10 en moyenne de leur volume initial. Il est fréquent
d’observer les couches de houille qui passent latéralement aux schistes :
~ 39 ~

Fig. 13 : Schistification.

Wash-out : est une couche de houille, au départ, continue mais a été en partie enlevée
par des cours d’eau, puis progressivement remblayée par des sables. De tels « wash-
out » sont fréquents ; leur ampleur va de quelques mètres à une centaine de mètres
de largeur, parfois sur des kilomètres de longueur.

Fig. 14 : Wash-out

Quand une couche ou une lentille de cannel-coal est intercalée dans une veine de
charbon, elle subit une réduction moindre que la houille environnante, d’où une
sorte de gonflement de la veine. Ceci est dû à sa formation précoce, le cannel-coal est
déjà à un état voisin de son état définitif au stade tourbe.

Fig. 15 : Cannel coal.

Stone-dykes : quand le wash-out coupe à la fois le toit, la totalité de la couche et


entame le mur. Des mouvements tectoniques ont interrompu la couche et, entre les
deux lèvres ainsi constituées, il y a eu remplissage postérieur par des sables :
~ 40 ~

Fig. 16 : Stone dyke.

Au cours de l’évolution d’une tourbière, il se serait produit un affaissement


différentiel graduel d’une partie de sa surface, provoquant une sédimentation
minérale (vase ou sables).

A chaque période d’arrêt de cet affaissement, la tourbière a pu se réinstaller pour être


à nouveau enfouie si l’affaissement reprend.

D’où une disposition en cuvette dans la zone où la veine principale est subdivisée en
veines secondaires.

Fig. 17 : Schéma de l’affaissement différentiel d’une tourbière.

III. 4. 6. Constitution des houilles


A. Constituants macroscopiques

Du point de vue macroscopique, on distingue des zones brillantes et des zones mates
dans la plupart des variétés de houille.
Fayol a distingué depuis 1887 un constituant mat et un constituant brillant.

C’est au cours des récentes années qu’on a cherché à définir d’une manière précise
les constituants de la houille. Ainsi, en 1919, Mrs STOPES M.C. a défini clairement
~ 41 ~

pour la première fois quatre constituants essentiels de houille qui sont devenus
classiques.

Cette classification était basée uniquement sur l’examen de houilles grasses,


bitumineuses à savoir :

- Le vitrain ou houille brillante : il est plus ou moins tendre, compact,


homogène parfois clivables en cubes, sans stratification visible ; l’éclat est
vitreux ; sa cassure est conchoïdale, brillante. Il forme des zonules minces (de
2 à 50mm) très continus (étendues) sur une dizaine de mètres parfois et
souvent lenticulaires. Sa limite avec les autres constituants est bien marquée.
- Le clarain ou houille semi-brillante : il se présente aussi en zonules brillantes
mais non homogènes, douées d’une certaine stratification ; il contient
fréquemment des minces filets de durain et de vitrain, d’où un aspect feuilleté
ou rayé ; il se distingue du durain par une cassure lisse, brillante.
- Le durain ou houille mate : il forme des lits de matières mates stratifiées ou
non ; il est dur et compact, mat, à cassure grenue ; son contact avec le clarain
est irrégulier ; des bandes de clarain s’y rencontrent souvent ; il se présente en
bancs assez épais jusqu’à 10 cm.
- Le fusain ou houille mate fibreuse : il se présente en lentilles interstratifiées,
aplaties ; c’est une matière noire pulvérulente et fibreuse tâchant les doigts ; il
rappelle le charbon de bois et est effectivement constitué des tissus ligneux.

B. Constituants microscopiques

L’étude des houilles au microscope s’est effectuée d’abord en lames minces par
STOPS M.C., puis en surfaces polies et attaquées par des réactifs divers (solution
saturée de ClO3K dans NO3H concentré).

C’est en lumière réfléchie, au moyen des microscopes métallographiques avec des


objectifs à immersion qu’on distingue clairement les différents constituants
microscopiques des houilles.

Généralement, on observe un fond homogène ou pâte et des éléments figurés.


B.1. Les éléments figurés

> Tissus lignifiés ou débris ligneux : ce sont d’anciens morceaux de bois, à savoir :
sclérenchyme, fibres ligneuses ; ils existent dans toutes les houilles mais en
proportions très variables alignés suivant la stratification ; ce sont eux qui forment le
fusain ; on reconnait encore nettement leur organisation cellulaire ;

> corps résineux : ils correspondent à la fossilisation du contenu cellulaire des tissus
sécréteurs (résines, essences, etc.) et présentent encore la disposition pluricellulaire
ou unicellulaire des appareils sécréteurs ; ils sont alignés suivant la stratification mais
non aplatis ;
~ 42 ~

> Cuticules de feuilles : elles sont disposées à plat suivant les plans de stratification,
fragmentaires en général et séparés par des parenchymes qui semblent avoir
disparu ; en sections transversales, les cuticules se présentent à la lumière en minces
lamelles empilées ;

> Spores : l’enveloppe de cutine (exine) est seule à avoir été conservée sous forme de
petits sacs sphériques aplatis dans le plan de stratification ; ce sont surtout des spores
de cryptogames vasculaires hétérosporés : microspores mesurant quelques centièmes
de millimètre, très nombreuses dans certaines houilles, et macrospores pouvant
dépasser 1mm de diamètre, beaucoup moins nombreuses que les microspores et
parfois absentes ;

> algues : elles sont très nombreuses dans les bogheads, mais très rares ou absentes
dans les houilles proprement dites ;

> sclérotes de champignons : ce sont des masses globulaires à structure irrégulière


parfois visible ; l’existence de mycéliums de champignons est, par contre, discutable.

Le caractère essentiel de tous ces éléments figurés réside dans leur alignement
suivant la stratification de la houille qui se trouve ainsi mise en évidence, et
l’aplatissement des tissus ou des organes compressibles dans le plan de
stratification :
~ 43 ~

Fig. 18 : Quelques constituants végétaux encore reconnaissables dans les houilles.

B.2. Le fond homogène


Il correspond à une pâte amorphe ou gel provenant de la floculation des solutions
colloïdales. Au microscope ordinaire, le fond homogène a l’apparence d’un gel
colloïdal. Le microscope électronique permet de constater qu’il s’agit d’une purée de
fins débris de cellules et de granules amorphes.

Ce fond existe dans toutes les houilles, parfois très abondant, avec des éléments
figurés disséminés dans la masse, tandis que dans d’autres cas les corps figurés sont
si nombreux et serrés que le fond ne constitue plus qu’une trame très fine qui les
sépare.

On retrouve donc ici l’équivalent de la pâte amorphe des tourbes. Cependant,


certaines observations ont montré que ce fond amorphe peut être confondu avec des
bois gélifiés.
B.3. Les macéraux

Le terme de macéral a été créé de macération de tissus végétaux et de minéral. Le


Congrès de Heerlen en 1935 a introduit dans la classification des charbons celle de
macéral. Dans cette classification, on a fait intervenir les éléments constitutifs
assimilés aux éléments minéraux de roches (éruptives ou sédimentaires) au lieu de
différents types de constituants ou zones de charbons.

Les principaux macéraux sont :


 Groupe de la vitrinite

De couleur grise en lumière réfléchie mais pouvant changer dans le processus de la


carbonification ; on y distingue deux types :

 La télinite : où la structure cellulaire est encore reconnaissable ;


 La collinite : qui ne présente aucune structure cellulaire.
~ 44 ~

La télinite dérive de tissus végétaux, ligneux principalement, qui se sont


gélifiés presqu’entièrement avec réduction du pouvoir réflecteur et de la
couleur.

La collinite dériverait de gels humiques. Ces deux types de vitrinite ont des origines
différentes ; ils ont été réunis à cause de leur resemblance au microscope.

 Groupe de l’exinite

De couleur foncée en lumière réfléchie, l’exinite proprement dite est constituée par
l’ensemble de cutines, d’exines, de spores et de grains de pollens, de cuticules de
feuilles sombres et noires en lumière réfléchie ; elle devient plus pâle et moins visible
pour disparaitre dans les charbons maigres ou anthraciteux.

Dans les charbons riches en matières volatiles, elle devient rouge sombre en lumière
transmise. On y distingue : la sporinite et la cutinite.

L’alginite : corps jaunes des algues telles que Pila, Reinshia, etc.

La résinite dérive de la résine des appareils sécrétaurs (corps résineux). Elle est gris
foncé, en globules ou en imprégnations diffuses dans le vitrain ; elle peut aussi
remplir les cavités de la télinite.

 Goupe de l’inertinite

De couleur blanche en lumière réfléchie, ce sont des éléments plus ou moins inertes à
la cokéfaction. On y distingue :

 La sclérotinite de structure cellulaire irrégulière bien visible de


champignons ; souvent les sclérotes sont en grains arrondis d’assez grande
taille, à contours bien définis, toujours blancs et à fort pouvoir réflecteur ;
 La micrinite se présente en très petits grains blancs, à fort pouvoir
réflecteur dérivant peut-être de mycéliums de champignons, mais
homogène sans cellules reconnaissables ;
 La fusinite est constituée des tissus ligneux à structure cellulaire bien
visible ; ce sont des cellules vides ou remplies de substances minérales,
parfois jaune clair à pouvoir réflecteur élevé ;
 La semi-fusinite est intermédiaire entre la vitrinite et fusinite.

A côté de ces macéraux bien définis, il existe des types de passage de la fusinite à la
vitrinite (cas de la télinite) par des formes de bois de plus en plus gélifiées que
d’autres auteurs appellent : xylain, xylo-vitrain, vitro-fusain, etc.
~ 45 ~

Dans cette nomenclanture de Heerlen, les macéraux ou groupes de macéraux se


groupent et s’associent pour former les lithotypes correspondant aux constituants
macroscopiques ou rock types de STOPES M.C.

Cependant, des difficultés surgissent dans les définitions des constituants


macroscopiques des charbons en fonction de leur teneur en constituants
microscopiques qui est seule bien définie.

On peut toutefois bien schématiser ces groupes de la manière suivante (Tableau 8) :

Rock types : Lithotypes Groupes Macéraux


Vitrain Télinite
Vitrinite
Collinite

Clarain Vitrinite
Essentielles
Exinite

Fusinite
Accessoires
Micrinite

Durain Micrinite
Essentielles
Exinite

Fusinite
Accessoires
Vitrinite
Fusain Fusinite Essentielle
~ 46 ~

Tableau 8 : Répartition des macéraux en fonction des lithotypes.

On voit dans ce tableau que certains macéraux comme la sclérotinite ne jouent qu’un
rôle accessoire.

La classification des microlithotypes se présente de la manière suivante (Tableau 9) :

COMPOSITION MICROLITHOTYPES GROUPE DE


DE MACERAL MICROLITHOTYPES
MONOMACERAL Vitrite ---------- V
C > 95%
T > 95% V > 95% Collite ----------- C
VD > 95% Tellite ----------- T
Vitrodetrite--- VD
S > 95% Sporite --------- S Liptite -------- L
E, L > 95% Cutite ----------- C
C > 95%
(E = Exinite) Resite ----------- R
R > 95% (L= Liptite) Algite ----------- A
Liptodetrite
A > 95%
LD > 95%
M > 95% Macroïte ---------M Inertite --------- I
Sf > 95% Semifusite --------Sf
F > 95% I > 95% Fusite --------------F
Sc > 95% Sclerotite-------- Sc
ID > 95% Inertodetrite---- ID
BIMACERAUX CLARITE ---------- CL
V+S > 95% CL Sporique
V+C > 95% CL Cuticulique
V+R > 95% V+E, L > 95% CL Résinitique
V+A > 95% CL Alginitique
V+LD > 95% (Algoclarite)
Vitrinertite - Vt
V+M > 95% Vt-micrinitique
V+Sf > 95% V+I > 95% Vt- semifusinitique
V+Sc > 95% Vt- sclerotinitique
V+F > 95% Vt- fusinitique
V+ID > 95% Vt - Inertodetrinitique

Durite ----- D
I+S > 95% D-Sporique
I+C > 95% D- Cuticulique
I+R > 95% D- Résinitique
~ 47 ~

I+A > 95% I+E > 95% D- Alginitique


I+ID > 95% D- Liptodetrinitique

TRIMACERAL Trimacérite

V, I, E > 95% Duroclarite


Clarodurite
Vitrinertoclarite

Tableau 9 : Classification des microlithotypes

C. Constitution chimique des charbons

Il est probable que les constituants chimiques des végétaux dont les débris ont formé
par leur accumulation des gîtes de lignites tertiaires ou secondaires et les gîtes de
houille du Primaire et du Secondaire soient des substances initiales des roches mères.

Par analogie, on peut admettre comme substances organiques initiales :

- Divers polysaccharides parmi lesquels les celluloses jouent le rôle essentiel ;


- Un composé complexe à fonction alcool et à noyau aromatique : lignite ;
- Un composé complexe d’acides gras : la cutine, la subérine et la cérine qui
remplacent ou imprègnent la cellulose dans des membranes ou des parois des
cellules externes de certains organes ;
- Les hydrocarbures plus ou moins complexes : essences ou oxydés : résines et
baumes ;
- Les gommes et les mucilages (mélanges des sucres hydrolysables), les
albuminoïdes (substances azotées avec parfois du souffre et du phosphore) ;
- La chlorophylle.

D. Houillification (Carbonification)

D’un point de vue physico-chimique, elle se traduit par un enrichissement relatif en


carbone. Il y a, en même temps, diminution des matières volatiles, de l’hydrogène et
de l’oxygène et augmentation jusqu’à un certain degré du pouvoir calorifique.

Les caractères des macéraux sont modifiés, à savoir : couleur, pouvoir réflecteur,
anisotropie optique, dureté, résistance mécanique, etc.

La composition moyenne des combustibles solides est la suivante (Tableau 10) :

TYPE C H N O
Bois 50,0 6,0 1,0 43,0
Tourbe 59,0 6,0 2,0 33,0
Houille 82,0 5,0 0,8 12,2
~ 48 ~

Anthracite 95,0 2,5 Trace 2,5

Tableau 10 : Composition chimique moyenne des combustibles solides.

Dans les houilles, on peut distinguer :

- Des acides humiques, solubles dans les solutions étendues de KOH ;


- Des humines solubles seulement dans des solutions concentrées de KOH et à
chaud ;
- Des constituants humiques, insolubles dans KOH même à chaud et sous
pression ;
- Des bitumes, c’est-à-dire hydrocarbures plus ou moins complexes et oxydés.

La teneur en acides humiques est très élevée dans les lignites (65 à 70%), tourbe (à
10%) et même 1 ou 2% dans les houilles. Les humines sont abondantes dans les
houilles brillantes (92%), moins dans les houilles mates (83%).

La transformation des débris de plantes en charbon peut résulter de plusieurs


facteurs géologiques :

- L’âge : il y a, le plus souvent, une relation directe entre l’âge d’un charbon et
sa teneur en carbone ; toutefois, il y a des exceptions ;
- La chaleur à laquelle le dépôt a été soumis (liée elle-même à la profondeur
d’enfouissement et au degré géothermique) ;
- La pression résultant des plissements ou de la profondeur d’enfouissement ;
- La chaleur et la pression ensemble.

Le géologue américain Hilt a formulé la loi suivante dite du « Carbon ratio » dans
une série de couches de charbon, le carbone fixe s’accroit avec la profondeur
pendant que la matière volatile décroit.
III. 5. Les charbons de la République Démocratique du Congo
III. 5. 1. Gisements de la RDC

Les principaux gisements de houille découverts et exploités jusqu’à présent dans la


série de Lukuga sont situés au Sud Est de la République Démocratique du Congo,
dans le Katanga.

Ils appatiennent aux assises d’Ecca du système du Karroo de l’Afrique du Sud c’est-
à-dire au Permo_Trias. Ce sont trois bassins d’importance inégale à savoir : le bassin
de Luena, dans le Sud (gisements de Kisulu, Luena, Kaluku, Kalule), le bassin de
Lualaba, plus au Sud et le bassin de la Lukuga près de Kalemie sur le lac Tanganyika.

Dans le bassin de la Lukuga, les réserves totales probables ont été évaluées à un
milliard de tonnes. Il y a cinq couches de houille exploitables de 1,50 à 2 m de
puissance. C’est un charbon de qualité médiocre, non cokéfiable.
~ 49 ~

Le bassin charbonnier de Luena a été découvert en avril 1914 lors du creusement des
tranchées de la voie ferrée près du Km 690. L’exploitation a débuté en 1922, à ciel
ouvert d’abord, puis ensuite par puits et galeries.

Un sondage de 182m a reconnu quatre couches de charbon dans les niveaux à


glossopteris.

Le gisement de Kaluku, en forme de cuvette, est constitué de charbon plus ou moins


schisteux.

Les charbons tout-venants de Luena donnent normalement à l’analyse plus de 35%


de cendres et plus de 10% d’eau ; la teneur en matières volatiles est de l’ordre de
30%, la teneur en soufre des mêmes charbons bruts est de 1,60 à 1,80%.

Le gisement de Kisulu a été exploité en 1949. La tranchée centrale a eu les dimensions


suivantes : largeur au niveau du sol : 50m ; largeur sur le charbon : 40m ; profondeur
jusqu’au charbon : 10m ; ouverture de la couche : 2m.

Les deux charbons sont caractérisés par une très forte proportion d’impuretés
minérales (surtout à Lukuga) et de débris végétaux à structure conservée (semi-
fusinite – fusinite). Les deux charbons proviennent en gros des mêmes proportions
de tissus végétaux et d’éléments de l’exinite mais la vitrinite a un aspect différent à
Lukuga et à Luena.

A Luena, elle présente une structure cellulaire parcourue par un réseau plus ou
moins lâche de petites fissures coïncidant ou non avec les anciennes cavités
cellulaires, ce qui lui confère l’aspect typique des charbons oxydés.

A Lukuga, elle est nettement plus homogène. Les barrés sont des microlithotypes
contenant 20 à 60% d’impuretés minérales et les stériles sont ceux qui en contiennent
plus de 60%.

Les données de microlithotypes et des grains entiers de 701µ sont présentés dans les
tableaux suivants 11 et 12 :
~ 50 ~

Nature des SUR CHARBONS BRUTS SUR CHARBONS SANS LES


grains BARRES ET LES STERILES

LUENA LUKUGA LUENA LUKUGA

Grains de 12 ,67 19,17 15,46 31,53


Vitrite

Grains de 47,48 28,91 57,93 47,55


mélange

Grains de 12,02 5,22 14,66 8,59


Durite

Grains de 9,80 7,50 11,95 12,33


Fusite

Grains de 14,55 21,23 - -


barrés

Grains de 3,49 17,97 - -


stériles

Tableau 11 : Composition en microlithotypes des charbons de la Luena et de la


Lukuga (Pourcentage en poids)
~ 51 ~

CONSTITUANTS SUR CHARBONS BRUTS SUR CHARBONS SANS LES


BARRES ET LES STERILES

LUENA LUKUGA LUENA LUKUGA

Vitrite 23,90 26,39 30,52 43,47

Clarite 2,59 0,28 3,31 0,46

Duroclarite 14,65 6,64 18,71 10,93

Clarodurite 10,47 8,37 13,37 13,78

Durite 9,27 7,50 11,84 12,35

Fusite 17,42 11,54 22,25 19,01

Barrés 15,51 19,07 - -

Stériles 6,19 20,21 - -

Tableau 12 : Compositions pétrographiques des grains entiers de 701µ de charbons


de la Luena et de la Lukuga (Pourcentage en poids).

Les réserves mondiales ultimes possibles des charbons sont estimées à 750 à
1.500 Gtep (1 Gtep = 1G de tonnes d’équivalent pétrole ; 1G = 109 = 1.000.000.000
tep) ; tec = tonne d’équivalent carbone ; 1tec = 0,67tep ; 1tep = 1,5tec ; tep = tonne
équivalent pétrole ; 1tep = 42 gigajoule (GJ) ; Gtec = gigatonne de carbone.

Les réserves énergétiques mondiales représenteraient environ 4.000 Gtep (4.000


milliards de tonnes-équivalent pétrole), réparties de la manière suivante :

a) 800 Gtep de réserves prouvées

Type de ressource Gtep en ressources Année de


prouvées consommation 2000
Charbon (sauf lignite) 500 200
Lignite 110 300
Pétrole 140 40
Gaz naturel 110 55
total 860 100

Tableau 13 : Réserves énergétiques mondiales

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