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Introduction

1. SEDIMENTOLOGIE & PETROLOGIE SEDIMENTAIRE


La sédimentologie est une discipline jeune parmi les sciences de la Terre Si le
terme sédimentologie est relativement neuf et dérive de l'anglais sedimentology
(terme utilisé depuis 1932), on peut néanmoins reconnaître un des pères fondateurs
en Charles Lyell (Ecossais, 1797-1875). C'est en grande part la conséquence de
l'élaboration de son principe des causes actuelles ou plutôt des causes réelles selon
la traduction correcte du terme anglais actual (Principles of Geology, 1834). Ce
principe postule que les causes des changements géologiques n'ont jamais été
autres que celles qui se manifestent de nos jours et qu'elles ne se sont jamais
manifestées avec une intensité plus grande
La sédimentologie au sens strict a pour but l'étude des sédiments. La pétrologie
sédimentaire s'attache quant à elle à l'étude et la reconstitution des
environnements de dépôt anciens des roches sédimentaires. Ceci comprend
l'identification des processus sédimentaires, des milieux de dépôt, l'étude de leur
évolution au cours du temps, la reconstitution de l'architecture des différents
environnements au sein d'un bassin de sédimentation et aussi, il ne faut pas
l'oublier, l'étude de la transformation des sédiments au cours du temps (par
compaction, diagenèse,...).

L'importance de la sédimentologie est considérable: près de 90% de la surface


terrestre est couverte de sédiments ou est constituée de roches sédimentaires, avec
les proportions suivantes: argilites/siltites: 50%; grès: 15%; calcaire et roches
organiques: 12% ; roches volcano-sédimentaires : 22%. Malgré leur grande étendue,
les roches sédimentaires ne représentent cependant que le 1/20e en volume de la
croûte superficielle (16 km d'épaisseur). Leur étude est néanmoins capitale pour les
raisons suivantes:
• elles contiennent le pétrole, le gaz naturel, le charbon et les fertilisants;
• elles représentent un des principaux aquifères;
• elles contiennent les fossiles, sur lesquels reposent notre connaissance de
l'évolution de la vie sur Terre;
• elles sont en relation avec l'atmosphère et l'hydrosphère (cycle du C, etc.);
• elles permettent de reconstituer l'évolution de notre planète par les études
paléogéographiques, paléoclimatiques, depuis l'échelle locale jusqu'à celle des
bassins. L'enregistrement sédimentaire étant continu, cette reconstitution est elle
aussi continue.

Disciplines associées
_ L'étude des caractéristiques chimique, minéralogique, et paléontologique des
roches sédimentaire est la pétrographie sédimentaire ;

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_ L'étude de l'évolution des caractéristiques des roches sédimentaires au cours du
temps est la stratigraphie ;
_ L'hydrogéologie est très liées à la sédimentologie car la majeure partie des nappes
(libre ou captive) court à travers des roches sédimentaires ;
_ Une partie de l'écologie des cours d'eau et des écosystèmes estuariens et marins,
et notamment l'écotoxicologie s’appuie également sur l'étude des sédiments (et
réciproquement).
3 Sédimentologie de faciès
La sédimentologie de faciès est une discipline de terrain principalement. Elle est
basée sur l'observation des figures de dépôt sur les roches à l'affleurement. Ainsi on
peut reconnaître des figures liées à la houle ou à la marée par exemple. Ces figures
sédimentaires, associées aux faciès de la roche, permettent d'effectuer des
reconstitutions paléo-environnementales au temps de la formation de ces structures
(contexte glaciaire, lacustre, marin profond...). Ces figures ou structures se divisent
en deux catégories:
3.1 Les structures primaires
3.1.1 Les structures primaires d'érosions
Elles se manifestent en surface. Ce sont des structures syn-sédimentaires.
Différenciation en fonction de leurs tailles On définit
Les cheneaux, les cuillières, les cannelures ou marmites d'érosion et les figures de
base de banc (sole marks).
Différenciation en fonction de la diagénèse
Traces de courant (Current marks) Traces d'affouillements liées à l'activité directe
d'un fluide en régime turbulent sur le fond. On distingue :
1. Les flûtes (traces d'affouillement en fuseau, flut casts). Elles peuvent être isolées
ou groupées et donnent le sens du courant.
2. Les croissants (crescent marks). Cupules en forme de croissant formées autour
d'un objet immobile. Ils permettent également de donner le sens du courant.
3. Les rigoles (ou gouttières, rill marks)
4. Les crêtes et sillons (rigdes and furrows). Figures parallèles au sens du courant se
terminant en feuilles de chou frondescent. Elles se rencontrent surtout dans les
turbidites.
Traces d'objets ou Tools marks Ces traces sont formées1. Traces continues ou
rectilignes. Ces traces correspondent au trainage d'un objet (groove) donnant une
direction de courant. Parfois sont associés de petits plis latéraux ou chevrons
donnant le sens du courant.

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2. Les traces discontinues simples : Trace de rebond (bounes) en fuseau ou trace de
butée (prods) en coin donnant le sens du courant.
3. Les traces discontinues répétées : trace de roulement (rolls), l’exemple le plus
flagrant et celui d'une ammonite roulant sur le fond sur sa carène ventrale et trace
de ricoché ou rebond répété (skips).
3.1.2 Les structures primaires de dépôt
Correspondent à un volume de sédiment déterminant la stratification.
_ Les remplissages géotropes : d'origine mécanique
_ Des fabriques bien particulières comme les fossiles orientés, les galets cabrés, les
imbrications de galets...
_ Les dropstones qui peuvent résulter :
1. De retombées de projections volcaniques dans le sédiment mou ;
2. D'éléments transportés par une souche d'arbre flottant;
3. D'éléments transportés par de la glace flottante venant à fondre. Il en résulte une
déformation de la stratigraphie sous l'objet seulement.
_ Les autres structures primaires de dépôt qui correspondent à toutes les structures
avec différentes combinaisons de litages. Les feuillets formant ces structures sont
regroupées en faisceaux aussi appelés set.
Les faisceaux à litage plat (flat bedding), traduisant pour la plupart un écoulement
rapide de haute énergie avec une granulométrie fine. Certains de ces faisceaux
traduisent un écoulement lent mais possèdent une granulométrie grossière. Sur
chaque feuillet existent des linéations de délits (parting lineation) qui sont des lignes
parallèle entre elles et parallèles au courant.
Les faisceaux à litage oblique (cross bedding) ou FLO. Ils sont très variés et sont dus à
des courants ou des vagues. Ils ont notamment été étudié par MacKee et Weir
(1953).
Ils se divisent en quatre types :
1. Les FLO simple : très rares.
2. Les FLO plan à base érosive assez plane avec les feuillets en plan incliné.
3. Les FLO arqués (trough cross stratification) à base érosive arquée avec les feuillets
arqués. Allen (1963) en définit 15 types différents.
4. Les FLO mammelonnés (HCS pour Hummocky cross stratification). Se rencontrent
dans les environnements de tempête et prennent leur origine soit dans le
comblement d'une forme d'érosion préexistante ou par l'accumulation de ride au
sens large. Les rides se définissent selon la taille : Il existe donc des rides au sens

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strict (ripples) faisant moins de 5 cm de haut et les dunes qui font plus de 5 cm de
haut. La conservation de ces rides est variable. Elles peuvent être fortement ou
partiellement tronquées par l'érosion, produisant des structures madrées,
lenticulaires ou œillets (lenticular bedding). Lorsque la forme est conservée, la ride
peut prendre plusieurs formes :
Rides à crêtes discontinues avec formes lingoïdes qui sont des rides de courant.
Rides à crêtes continues : se divisant en ride dissymétrique de courant, d'origine
aquatique (granodécroissance verticale) ou d'origine éolienne (ride basse à
granocroissance verticale) et les rides symétriques qui sont des rides d'oscillations
liées aux vagues possédant des feuillets dans les deux sens. Il peut également exister
une interférence des trains de rides d'oscillations formant des rides à double crête
ou à réseau polygonal. La plupart des faisceaux à litage oblique (les plus grands) sont
des indicateurs du sens et de la direction du courant (attention toutefois au
problème du pendage réel et apparent).
3.2 Les structures secondaires
Sont une modification des structures primaires (Déformation essentiellement).
1. Les structures rhéotropiques, liées à des facteurs purement physiques (courant de
dépôt, choc, circulation de fluide interstitiel, la gravité...). Ces structures sont plus ou
moins précoces (parfois synsédimentaires) mais elles sont toujours antélithification.
2. Les structures biogénétiques, résultant de l'action d'êtres vivants (animaux ou
végétaux). On définit les traces d'origine végétale ou rhizolite et les traces d'origine
animale ou ichnite. L'ensemble de ces structures sont regroupées sous le terme de
bioturbation et sont les objets d'études de la paléoichnologie.
3. Les structures physico-chimiques, liées à la cristallisation et/ou à la dissolution de
certains minéraux. Elles renseignent sur la précocité de la diagenèse.
3.2.1 Les structures rhéotropiques
Il existe cinq situations de structures rhéotropiques. Les réarrangements En section
cohésif : on obtient
Des structures typiques de fentes de retrait lorsque le volume de sédiment baisse.
Sous l'eau, ces fentes se nomment fente de synérèse ou fente de dessiccation si elles
se forment sur terre. L'on peut également trouver des traces de gouttes de pluie ou
des traces de cupules (mud curls ou mud chips).
Attention, les fentes de retrait sont différentes des diastases issues de la compaction
différentielle lors de la diagenèse précoce. En section liquéfié, un choc dans le
sédiment liquéfié s’appelle thixotropie. Le litage préexistant est déformé voir
disparu. Lorsque le litage est conservé, on parle de « convolute ». Enfin, lorsque le
litage n'est pas conservé, des filons clastiques se forment par injection (Dike
sédimentaire) lesquels peuvent donner des volcans de boue ou de sable.

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Les échappements de fluide Lorsque le fluide est de l'eau, il se forme des structures
en coupelles (dish structure) avec entrainement de particules fines vers le haut. Si le
fluide est un gaz (air, méthane, H2S...), on parle de « fenestrae ».
Les différences de densité entre sédiments La différence de densité se traduit par
une déformation synsédimentaire entrainant la formation de loadcast et des
structures flammées. Lorsque la déformation s’accentue, le load peut se détacher et
former des pseudo-nodules (load and pillow).
Lorsque la déformation est « post sédimentaire tardive », il se forme des poches de
cryoturbation visibles surtout en domaine périglaciaire.
Les entrainements par gravité Lorsque le sédiment est mou, il se forme des slumps
sur les paléopentes. Si le sédiment est ferme, les entrainements formeront des
loupes de glissements sur les paléopentes. Lorsqu'une faille se forme (faille listrique)
elle prend le nom de faille hydroplastique dans un tel contexte. Les entrainements
par le courant Dans un tel cas, le litage oblique est accentué voir retourné. Pour
obtenir ce résultat, la liquéfaction est nécessaire.
3.2.2 Les structures physico-chimiques
1. Les assemblages de cristaux authigènes, soit displacifs (minéraux bousculant les
autres pour se mettre en place) comme les boules de marcassite ou les fleurs de
pyrite. Soit poecilitique (gypse de roses des sables, calcite dans certains sables).
2. Les moulages de cristaux : assez courant en ce qui concerne les moulages de cube
de halite.
3. Les nodules : souvent isolés avec une structure interne (septaria) ou groupés. Il
existe 2 types de structures:
Les nodules sont jointifs et forment un grillage à poule ou chickenwire. Les nodules
ne sont pas jointifs et forment une structure entérolitique.
1. Certains stylolithes, résultant d'une pressiondissolution avec disparition de
matière
2. Cimentation préférentielle tel que les anneaux de Liesegang (cimentation
ferrugineuse liée à la capillarité).
3.2.3 Structures biogénétiques
Concernant les structures biogéniques fossiles voir l'article paléoichnologie
4 Applications industrielles
La sédimentologie possède des applications en géologie pétrolière et pour la
recherche et l'exploitation de substances utiles. Comme l'exploitation de mines de
potasse, de bauxite, de halite ou sel gemme, de gypse etc.

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