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Chapitre 1 : Métamorphisme ; Facteurs et limites

I. Définition et limites
1. Définition : c’est l’ensemble des transformations structurales et minéralogiques subies par
une roche (où un massif de roches) , à l’état solide, sous l’effet d’un changement des
conditions physiques auxquelles elle est soumise ( P, T).

2. Limites du métamorphisme

Le domaine des transformations métamorphiques est borné par deux limites (début et fin) :

- le métamorphisme commence là où se termine la diagenèse qui regroupe l’ensemble des


processus transformant un dépôt sédimentaire en une roche sédimentaire (compaction,
dissolution, lithification)

- et se termine là où commence l'anatexie pour les hautes températures, où les roches


subissent une fusion partielle.

-En principe, le domaine de métamorphisme s'étend en température de 50°/100°C à


650/700°C

II. Facteurs du métamorphisme


Plusieurs facteurs peuvent intervenir à des degrés variables dans les transformations
métamorphiques, certains dépendent du contexte et du milieu de transformation et d’autre
des propriétés intrinsèques des roches mères.

1.Pression:

La Pression, en général est égale à la force par unité de surface : S.I ( 1 Pa= 1 Newton.m-2).

En géologie, on utilise le CGS ( 1Bar= 105 Pa). Dans les différentes estimations de la pression
que nous allons voir dans le reste du cours on utilisera le Kb (108Pa).

Dans la nature, une roche peut être soumise à trois types de pressions conduisant à sa
transformation :

1.2. Pression lithostatique: pression solide Ps:

C’est la pression exercée sur une roche, par les roches qui la surmontent et dépend de la
densité de ces dernières. La pression lithostatique en un point est la force ρ.g.z appliquée

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par unité de surface par les matériaux surincombants ( avec z ou h= hauteur de la colonne de
roches sus-jacentes, et g= accélération de la pesanteur =9.81.ms-2 ).

Tenant compte de la quasi-homogénéité des roches à des niveaux donnés de la croûte


terrestre de point de vue densité et masse volumique, la pression lithostatique sera donc
exercée de la même ampleur dans les différentes directions sur un volume rocheux en
profondeur. Elle est donc isotrope, c'est à dire homogène dans toutes les directions et
n'engendre donc pas de déformation.

Exemples d’estimations de la Pl:

- Croûte continentale ρ = 2600Kg.m-3, donc vers 10 Km Ps= (2600.10.10000 Pa) =2.6Kb

et vers le Moho Ps= 10kb

- Dans le manteau supérieur ultrabasique : ρ = 3 300Kg.m-3 et Ps est de l’ordre de 30kb vers


100km

2.2. Pression de fluides (Pf)

C’est la pression liée à la présence des fluides ( H2O, CO2 …) dans la roche ; dans les pores
interstitiels, ou à la surfaces des grains ou dans la structure cristalline et libérés lors de
réactions chimiques de déshydratation ou de décarboxylation. La Pf favorise la circulation de
fluides, accélère les réactions de transformations minérales, les échanges de matière et
abaissent la température de début de fusion des matériaux.

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3.3. Pression orientée (déviateur des contraintes)

C’est la pression exercée sur les roches par l'action des forces tectoniques, elle est liée aux
processus orogéniques et à la formations des structures tectoniques (chevauchements, plis ).

À la différence de la Ps, les contraintes tectoniques dans les conditions orogéniques ne sont
pas isotropes, elles produisent une composante anisotrope que l’on appelle déviateur des
contraintes. Elle n'est pas donc homogène dans toutes les directions de l’espace, on dit qu’
elle est orientée ou anisotrope. Elle peut donc engendrer des déformations et conduire à
l'apparition de nouvelles structures à différentes échelles, dont la schistosité et la foliation.

Le déviateur des contraintes est aussi fonction des propriétés des matériaux déformés :
rhéologie, plasticité des matériaux.

3.4.Bilan (Pressions)

- La valeur du déviateur des contraintes et très faible par rapport à celle de la pression
lithostatique. Elle est généralement de l’ordre de quelques centaines de bars.

-lorsqu’on parle de l’estimation des conditions P, T d’un assemblage minéralogique c’est de


la Ps (profondeur où les roches ont subis de transformations) qui est estimée.

-La Pression lithostatique est la responsable de la genèse des minéraux et la Pression


tectonique (contraintes tectoniques) est responsable de l’orientation des minéraux (
alignement des minéraux, schistosité…)

L’importance des fluides (l’eau) dans les transformations métamorphiques est multiple:

- Ce sont des vecteurs de chaleur

- Ce sont des vecteurs de matière

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-le fluide est un catalyseur!! des réactions

-la présence d’un fluide (l’eau par exemple) diminue le point de fusion des roches qui
peuvent atteindre plus tôt l'état fondu (anatexie)

N.B: les différentes pressions peuvent intervenir dans la transformation d’un même volume
rocheux. Le schéma suivant résume quelques aspects des effets des Pressions sur une roche:

2.Température
la T est mesurée en Kelvin ou en dégrée Celsius : T(K) = T(°c)+273.

Comme nous l’avons déjà vu en S2 la température augmente avec la profondeur selon un


gradient dit « gradient géothermique ». Celui-ci est en relation avec l’évacuation de la
chaleur interne de la terre, issue de ses parties profondes ou, générée essentiellement par la
désintégration d'éléments radioactifs (U, Th, K) très présents dans la croûte continentale.

Le géotherme n’est pas uniforme dans toutes les couches de terre, dans la croûte
continentale stable il est de l’ordre de 30 °C /Km, on parle dans ce cas d’un gradient
géothermique normale. On considère que la température est de l'ordre de 800°C à la base
de cette enveloppe supérieure de la terre.

À l’échelle du globe, le gradient géothermique est variable selon le contexte géodynamique.


Il est très élevé dans les rifts et au niveau des dorsales et faible dans les zones de
subductions.

Dans les transformations métamorphiques, l’effet de la température sur les roches réside
dans les perturbations qui peuvent affecter le gradient géothermique normal ou leurs
conditions thermiques dans lesquelles elles sont stables: addition ou perte de chaleur.

Les perturbations thermiques les plus communes sont liées à différentes sources de chaleur:
intrusions magmatiques, source profonde ou gradient géothermique.

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3- Facteur temps

Tout comme dans le cas des autres paramètres, liés à des processus et phénomènes
géologiques, le temps joue un rôle important dans les transformations métamorphiques. La
plupart des minéraux sont métastables, et donc peuvent se maintenir sans modifications
remarquables en dehors de leur domaine de formation : c'est cette propriété qui permet
d'observer à l'affleurement des assemblages minéralogiques d'origine profonde.

La perturbation des conditions P et T dans un laps de temps ne peut pas donner lieu à des
réactions de transformations métamorphiques complètes et ne peut pas affecter de grandes
régions.

Par contre un volume rocheux solide, soumis à une perturbation de P et T de longue durée
aura le temps à chercher l’équilibre et la stabilité dans les nouvelles conditions et donc le
développement de réactions métamorphiques plus ou moins complètes sur des étendues
régionales.

Inversement, pour le trajet retour vers la surface (exhumation), une remontée rapide
conservera les transformations réalisées en profondeur. Malgré que les réactions de
formation des minéraux sont généralement Réversibles, les réactions rétrogrades (sens
inverse de l’évolution des conditions de transformations, caractérisant le retour des roches
vers la surface (exhumation) ne se produisent pas ou à des vitesses extrêmement faibles.

4. Facteur chimique

L’un des facteurs qui interviennent dans les réactions métamorphiques est la « Force
chimique » représentée par le « gradient de concentration ». C’est ce dernier qui contrôle la
diffusion des éléments chimiques.

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Le chimisme et la nature de la roche mère influencent la composition minéralogique et la
nature de la roche qui en résulte par transformation métamorphique (séquence
métamorphique).

En plus de la nature de la roche mère, dans certains cas les fluides peuvent apporter des
éléments chimiques au cours des transformations métamorphiques, on distingue entre deux
types de transformations:

4.1.Métamorphisme topochimique ou isochimique:

Dans ce genre de transformations métamorphiques (métamorphisme sens strict) la


composition chimique reste inchangée (à l'exception des teneurs en H2O et CO2) :on parle
donc de transformations isochimiques qui ont lieu en "système fermé.

Exemple :

NaAlSi3O8 ----------> NaAlSi2O6 + SiO2

Albite ----------> Jadéite + Quartz

4.2.Métamorphisme allochimique:

Dans ce cas la composition chimique initiale est sensiblement modifiée par apport
d'éléments chimiques (Si, Al, Na, K, etc...). On dit que les transformations sont allochimiques

exemple :

3 CaMg(CO3)2 + 4 SiO2 + H2O --------> Mg3Si4O10(OH)2 + 3 CaCO3 + 3 CO2

dolomite + quartz --------> talc + calcite

Dans ce dernier cas, les fluides jouent un grand rôle : apport d'eau et départ de dioxyde de
carbone. C’est souvent le cas dans le cadre de conditions de P et T peu élevées. Dans le
métamorphisme prograde, l'eau est chassée des assemblages minéralogiques et des fluides
minéralisés sont ainsi extraits des roches.

4.3.Notion de séquences métamorphiques.

Comme nous venons de l’exposer précédemment, la minéralogie d’une roche


métamorphique est fonction de la pression, température et aussi de sa composition
chimique, c’est-à-dire de la nature du protolithe (la roche originelle ou roche mère).

Tenant compte de la nature du protolithe, les roches métamorphiques sont regroupées, en


fonction de leurs compositions, en quatre séquences : la séquence pélitique, la séquence
quartzo-feldspathique, la séquence basique (et ultrabasique) et la séquence carbonatée.

Définition: Une séquence métamorphique rassemble l'ensemble des roches

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métamorphiques, de degré variable, issu d'un même type de roche originale, caractérisée
par une composition chimique donnée.

Roches originelles Métamorphisme

Chimie Minéraux index


De
Séquences Sédimentaires Magmatiques Régional
contact

Argilo-pélitique Minéraux argileux Schiste,

(bons marqueurs Micas Schiste, Micaschiste


pétrographiques Argile Al2O3
Silicates d'alumine Cornéenne Gneiss
de l’évolution
métamorphique) Cordiérite - Grenats Granulite

Quartzo-
SiO2 - Phyllites
feldspathique Granite (
Grès Al2O3 Quartzite
granitoïdes) Grenats Quartzite
(médiocre
Grauwacke NaO2 - Gneiss
marqueur de Rhyolite Quartz - Feldspaths
K2O
métamorphisme)

Calcaire
Calcite ,Dolomite
Calcschiste
Dolomie Marbre
CaO - Epidote , Grenats Ca
Carbonatée Marbre
Marnes ( MgO Cipolin
Diopside, plagioclase
carbonates Cipolin
(Ca)
détritiques )

Schiste
Actinote,
Basalte - Gabbro CaO -
Epidote, Amphiboles, Amphibolite
Basique Andésite - MgO - glaucophane Cornéenne
FeO Pyroxénite
Diorite
Pyroxènes - Olivine
Eclogite

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