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COMPOSITION CHIMIQUE INITIALE (PROTOLITHE) ET NATURE DU

SYSTEME

La minéralogie d’une roche métamorphique est fonction de la pression, température et de sa


composition chimique, c’est-à-dire de la nature du protolithe (Tab. 2) la roche originelle, Fig.
13). Des roches très différentes, telles qu’un basalte, une pélite, un calcaire donnent des
roches métamorphiques aux minéralogies très contrastées : dans le faciès Amphibolite, le
basalte est transformé en amphibolite qui contient essentiellement de la hornblende verte et du
plagioclase; la pélite est transformée en un micaschiste à biotite, muscovite, quartz, souvent
du grenat et un silicate d’alumine; le calcaire est transformé en marbre.
Pour tenir compte de la nature du protolithe, les roches métamorphiques sont cataloguées, en
fonction de leurs compositions, en quatre séquences: la séquence pélitique, la séquence
quartzo-feldspathique, la séquence basique (et ultrabasique) et la séquence carbonatée (Tab.
2).
Ainsi, la minéralogie des roches métamorphiques est clairement contrôlée par de faibles
variations de la composition chimique du protolithe. Il est nécessaire de distinguer ces
modifications minéralogiques de celles liées à la variation des paramètres intensifs du
métamorphisme (P, T, fluides). La règle des phases nous indique qu’il existe une relation
entre le nombre de minéraux d’une roche et le nombre de constituants chimiques de cette
roche (Fig. 13 & Tab. 3)

On considère, en première approximation, que le processus est isochimique, c’est-à-dire qu’il


se fait sans changement de la composition chimique, à l’exception, toutefois, des fluides.
Lorsqu’il y a modification significative de la composition chimique de la roche initiale, dite
aussi protolithe, on parle de métasomatose ou métasomatisme.

Nous considérons, en première approximation, que le métamorphisme est isochimique, à


l’exception des fluides. Mais dans ce cas, les fluides et, tout particulièrement, l’eau qui circule
n’est, sans aucun doute, pas pure, mais dissout de nombreux éléments ! Quelques
observations montrent que le métamorphisme n’est pas strictement isochimique. En voici
deux exemples :

Les « schistes des Cévennes » constituent une importante formation schisto-gréseuse dans le
sud-est du Massif central, métamorphisée durant l’orogène paléozoïque hercynienne. Ceux-ci
sont faiblement métamorphisés dans les conditions du début du faciès Schistes verts et
montrent des lentilles de quartz d’exsudation. Ces lentilles sont globalement disposées dans le
plan de schistosité. Mais elles sont parfois plissées ou bien obliques à la schistosité et la
stratification. Ceci prouve que ces lentilles ne sont pas d’origine sédimentaire et qu’elles se
forment de façon continue au cours de la déformation. Dans les conditions du faciès Schistes
verts, l’eau libérée par les métapélites est abondante. Elle remonte depuis la profondeur vers
la surface. En profondeur, cette eau a dissous certains éléments comme la silice. En effet, la
solubilité des éléments dans l’eau augmente avec la température et la pression (c’est-à-dire, la
profondeur).
Ceux-ci sont faiblement métamorphisés dans les conditions du début du faciès des schistes
verts et montrent des lentilles de quartz d'exsudation. Ces lentilles sont globalement disposées
dans le plan de schistosité, comme on le voit bien en s'approchant un peu plus de
l'affleurement :

LE TEMPS
Toute réaction chimique demande un certain temps pour être complète. Certaines réactions
demandent un temps très long. C’est le cas précisément des réactions qui se produisent au sein
des roches dans les conditions du métamorphisme. Jusqu’à maintenant il n’existe pas de
moyen précis pour déterminer combien de temps une roche métamorphique a été maintenue à
une température et une pression donnée. Cependant, l’expérimentation en laboratoire montre
qu’à haute température et à haute pression un temps de réaction très long produit de gros
grains. Il est, dès lors, possible de tirer une conclusion générale et intéressante: les roches
métamorphiques à gros grains sont généralement formées dans des conditions de haute
température et de haute pression qui ont duré longtemps (peut être des millions d’années).
D’autre part, des roches métamorphiques à grains fins se sont formées à plus basse
température et pression et durant des temps plus courts.

Qu’est-ce que la vitesse de réaction ?

Nous savons que les réactions chimiques ne se réalisent pas spontanément : il ne suffit pas de
mélanger de l’hydrogène et de l’oxygène pour que se réalise la réaction produisant de l’eau :
H2 + ½ O2 = H2O. Il faut fournir de l’énergie. La réalisation de la réaction dépend d’un état
transitoire entre réactants et produits appelé « complexe d’activation ». Celui-ci a une énergie
libre supérieure à celle des réactants et, a fortiori, des produits dont l’énergie est plus faible
que celles des réactants. La différence d’énergie entre l’énergie du complexe d’activation et
celle des réactants est appelée l’énergie d’activation Ea ou barrière d’énergie. La vitesse de
réaction dépend, entre autres choses, de la facilité de franchissement de cette barrière
d’énergie. Une expression simplifiée de la vitesse de réaction peut être donnée par l’équation
(de type Arrhenius) suivante : Vr = Ae– Ea/RT avec R : constante des gaz parfaits, T : la
température et A : le facteur pré-exponentiel dépendant essentiellement de la variation
d’entropie de la réaction DS. La vitesse de la réaction est élevée lorsque DS et T sont élevés et
lorsque la barrière d’énergie Ea est faible. Remarquons que la barrière d’énergie des réactions
de déshydratation est faible, tandis que la variation d’entropie de ces mêmes réactions est
élevée : ces réactions ont des vitesses élevées, contrairement aux réactions ne faisant
intervenir que des phases anhydres.

Quels sont les facteurs qui contrôlent une réaction ?

Pour qu’une réaction se réalise, il faut tout d’abord qu’il y ait dissolution des phases
réactantes et ensuite migration des éléments vers le site de recristallisation. Ceci suppose une
diffusion intracristalline à travers le milieu solide cristallin et intercristallin à la frontière des
cristaux, avec ou sans phase fluide. Le regroupement des ions sur le site de recristallisation
constitue le complexe d’activation. La nucléation permet l’arrangement des atomes en nucléii
des minéraux et la croissance, par nourrissage des nucléii, produit les néocristaux. Chacun de
ces processus a une vitesse variable en fonction des éléments mis en jeu, des minéraux dont la
nucléation est plus ou moins aisée, de la présence de fluides, lesquels favorisent la diffusion et
le transport des éléments. C’est le processus qui a la vitesse la plus faible qui contrôle la
vitesse de la réaction. Pour une réaction donnée, il n’est pas possible de définir un facteur
limitant, d’autant que celui-ci peut changer au cours de la réalisation de la réaction.

La vitesse de diffusion

Considérons, à titre d’exemple, l’un de ces processus : la diffusion chimique. La vitesse de


diffusion est gouvernée par le coefficient de diffusion qui diffère de manière significative
selon l’élément et le minéral considérés. Elle est très faible dans le solide (diffusion
intracristalline), en milieu anhydre et très dépendante de la température. À 400 °C, une
couronne minéralogique d’une épaisseur millimétrique, entre deux minéraux réactants se
forme en 1 million d’années environ. Il faut environ 100 fois moins de temps si la température
est de 800 °C. De telles valeurs sont raisonnables pour expliquer les textures coronitiques de
métagabbros peu hydratés. La diffusion à travers la couronne devient rapidement le facteur
limitant la vitesse de réaction lorsque la couronne s’épaissit et que la température est basse (<
700 °C).

L’influence de la phase vapeur

En présence d’eau, et a fortiori, si celle-ci se déplace (infiltration), la vitesse de diffusion (et


de transport) devient très grande avec une « pénétration » des éléments de plusieurs
kilomètres à 400 °C en quelques millions d’années. Il est démontré expérimentalement que la
réaction MgO + SiO2 = forstérite se réalise 108 fois plus vite en présence d’eau à 450 °C
qu’en conditions anhydres, à 1000 °C. L’eau est aussi un solvant très efficace qui facilite la
dissolution des phases réactantes. réactionnelles dans les micaschistes, roches hydratées et
perméables, dans lesquelles les réactions se réalisent complètement et rapidement. Le
métamorphisme de contact permet d’apprécier la vitesse des réactions. Ce métamorphisme se
réalise dans un délai relativement bref, inférieur au million d’années, estimé dans quelques
cas à quelques centaines de milliers d’années. Dans ce délai bref, les réactions
métamorphiques atteignent généralement l’équilibre. L’infiltration d’eau a un contrôle
important sur la vitesse de réaction, en particulier à basses températures. Rubie (1990) écrivait
que le moment où une réaction se réalise n’est pas le moment où cette réaction est croisée
dans l’espace P-T, mais lorsque les fluides sont disponibles sur le site de la réaction. Il peut se
passer des dizaines de millions d’années entre les deux événements ; la réaction peut être
franchie durant un premier cycle géologique et se réaliser au cours d’un deuxième. Parmi les
différents fluides qui interviennent dans la nature, l’eau est celui qui contribue le plus à une
augmentation significative de la vitesse de réaction. Sa dilution par du CO2 provoquerait une
diminution significative de la solubilité des minéraux et de la concentration des éléments en
solution, ce qui réduit d’autant la capacité du fluide à transporter ces éléments.

L’influence de la déformation sur la recristallisation et, par voie de conséquence, sur la


cinétique de réaction. Ainsi, la déformation :
•permet et maintient la juxtaposition des grains réactants entre eux. En contexte statique, en
l’absence de déformation, lorsque la couronne du minéral néoformée s’épaissit, la diffusion
intercristalline nécessaire pour la traverser, ralentit significativement la cinétique de la
réaction. La déformation diminue les distances entre les minéraux réactants en disloquant la
couronne qui les blinde.
• réduit la taille des cristaux réactants et augmente leur énergie libre, favorisant ainsi le
franchissement de la barrière d’énergie.
• facilite grandement la diffusion intergranulaire en favorisant la circulation des fluides dans
les plans de foliation.

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